Ce n'est pas par hasard que le président Emmanuel Macron a choisi d'annoncer
la vision stratégique indo-pacifique de la France alors qu'il était en visite à
Sydney et à Nouméa en mai 2018. Outre le fait de cimenter l'alliance
stratégique de la France avec l'Australie, déjà partisane de l'Indo-Pacifique,
Macron a fermement situé la nouvelle perspective stratégique dans le
contexte du lancement du processus de référendum promis de longue date sur
l'indépendance dans le territoire français prééminent du Pacifique, la
Nouvelle-Calédonie.
Pourquoi a-t-il agi de la sorte ? Cet article passera brièvement en revue la
politique de la France dans le Pacifique Sud, où la France détient quatre
possessions : la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française, avec Wallis et
Futuna au centre, et l'île inhabitée de Clipperton au large des côtes mexicaines.
Il décrira comment les enjeux stratégiques pour la France de maintenir une
présence réussie et acceptée ont augmenté, car la région du Pacifique Sud
sous-tend désormais la perspective géostratégique nationale indo-pacifique
de la France. Il fera valoir que, nonobstant les contraintes budgétaires induites
par la Covid, la France doit donc allouer davantage de ressources économiques
et de développement à la région du Pacifique Sud, à la mesure de son
importance accrue. Elle doit également assurer la mise en œuvre complète et
incontestable du processus de référendum sur l'indépendance qu'elle a
engagé en Nouvelle-Calédonie, comme l'attendent ses voisins régionaux,
sans oublier l'effet de démonstration potentiel du résultat de ce processus
pour les autres territoires sous sa souveraineté dans le monde…