Après une première expérience biographique avec son Joffre en 2014 (Perrin, réédité en 2016 dans la collection Tempus), Rémy Porte, historien militaire que l’on ne présente plus, voulait aborder une biographie moins connue du monde militaire, celle du colonel Edouard Brémond, devenu général après la Première Guerre mondiale. Il avait depuis longtemps croisé le parcours de ce personnage, à travers ses études sur le Proche-Orient (Du Caire à Damas, Français et Anglais au Proche-Orient, 1914-1919, SOTECA, 2008) et noté à quel point cet officier avait été peu ou mal reconnu par son institution, alors même qu’il l’avait servie avec passion et honneur, totalisant à la fin de sa carrière, grâce aux bonifications pour services de guerre, 94 années de campagne (p. 9). Éclipsé par d’autres officiers français, comparé de façon permanente au colonel britannique Lawrence, héroïsé par la presse avant de l’être par le cinéma, le « débonnaire » Brémond, tout en rondeur, ne donnait pas en fin de carrière une image de combattant ardent.
Pourtant, sa carrière avait été brillante : saint-cyrien (1898-1890), école de guerre (1899-1901), officier engagé sur de nombreux théâtres d’opérations coloniaux, comme Madagascar, l’Afrique du Nord, le Hedjaz et la Cilicie, il méritait effectivement une biographie, voire une réhabilitation. Il s’agissait de comprendre la raison pour laquelle il avait eu, un temps une carrière ralentie et pourquoi il était aujourd’hui partiellement oublié et méconnu, y compris dans le milieu militaire…