Couverture de NQF_321

Article de revue

Est-ce que je peux choisir ? Violence contre les femmes et décisions reproductives

Pages 29 à 45

Notes

  • [1]
    World Health Organization.
  • [2]
    En Italie, le taux de fécondité est de 1,3, plus bas que la moyenne européenne ; il est particulièrement bas dans la région de Trieste (Istat, 2008).
  • [3]
    Le groupe est composé de chercheuses universitaires, de gynécologues qui travaillent auprès des services sanitaires, de doctorantes et d’étudiantes de la Faculté de psychologie, avec la collaboration des opératrices du Centre anti-violence local.
  • [4]
    Pour un autre exemple d’interaction entre recherche, intervention sociale et activisme féministe, voir Romito et al. (2004). Une autre conséquence indirecte de ces activités et des relations qui se sont établies entre les femmes du groupe de recherche a été l’établissement, à la Faculté de médecine, d’un cours intitulé « Violences envers les femmes et les enfants : une question de santé publique » (Romito, Grassi et Beltramini, 2012).
  • [5]
    Ce type d’enquête s’appelle « étude de castémoin ».
  • [6]
    Une partie des résultats a été publiée dans des revues scientifiques internationales (Romito et al., 2009a ; Escribà-Agüir et al., 2012).
  • [7]
    Il n’existe pas d’études récentes sur les pratiques et les représentations de l’avortement en Italie. L’Église et le Mouvement pour la vie essaient d’exercer des pressions sur les femmes, mais la situation est très variable selon les régions et selon les hôpitaux (Hanafin, 2009).
  • [8]
    Ces résultats sont présentés en détail dans Romito et al., 2009a.
  • [9]
    Ces résultats sont présentés de façon détaillée dans Escribà-Agüir et al., 2012.
  • [10]
    Le terme anglais agency renvoie à la notion de « capacité d’agir » en autonomie ; il est difficilement traduisible en français.
  • [11]
    Ou, plus récemment et dans les pays industrialisés, en termes de problème de santé publique. Voir, par exemple, les discours autour d’un prétendu syndrome psychotique postavortement, discours par ailleurs démenti par les recherches sérieuses (Vignetta et al., 2008 ; voir aussi l’ouvrage J’ai avorté et je vais bien, merci, Les filles des 343, 2012).
  • [12]
    Citons, à titre d’exemple, les résultats forts intéressants d’une enquête réalisée aux États-Unis sur un large échantillon de femmes : les femmes ayant eu une seule interruption de grossesse faisaient preuve d’une meilleure estime de soi que les femmes qui n’avaient jamais subi d’avortement ou qui en avaient vécu deux ou plus. Les femmes qui présentaient le plus de problèmes de santé mentale étaient celles qui avaient eu des grossesses non désirées (Russo et Zierk, 1992).

1La violence masculine contre les femmes est d’abord une question politique. C’est aussi un grave problème de santé publique, qui a des effets négatifs immédiats, à moyen et à long terme, sur les victimes et sur l’ensemble de la société (WHO [1], 2010). La violence concerne un grand nombre de femmes dans le monde entier, issues de différentes conditions économiques et sociales : une étude menée dans dix pays – tous en voie de développement, excepté le Japon et la Serbie – nous informe que 15 à 71% des femmes interviewées (15-49 ans) ont subi des violences physiques et/ou sexuelles de la part de leur partenaire (WHO, 2005). En Italie, selon les données de l’enquête nationale, 14% des femmes de 16 à 70 ans ont été victimes de violence physique et/ou sexuelle de la part d’un partenaire au cours de leur vie (Istat, 2007).

2La violence peut être présente tout au long de la vie d’une femme ; malheureusement, pas même la grossesse ne met un frein à la violence du partenaire. Dans les pays en voie de développement, 3,5 à 24,5% des femmes subissent des violences physiques de la part de leur partenaire avant ou pendant la grossesse (Garcia et Sharps, 2004) ; les recherches en Europe révèlent un pourcentage plus faible, entre 1,3 et 5,8% (Stenson et al., 2001 ; Saurel-Cubizolles et Lelong, 2005 ; Bowen et al., 2005).

3La violence du partenaire interfère de nombreuses façons dans la vie sexuelle et reproductive d’une femme : imposer, par pressions psychologiques ou par la force, des rapports sexuels non voulus peut être à l’origine de problèmes sexuels, de vaginites, d’un risque plus élevé d’attraper des maladies sexuellement transmissibles et aussi de grossesses non désirées. Les recherches ont montré que les femmes qui vivent avec des partenaires violents ont plus de difficultés à utiliser le moyen de contraception de leur choix, qu’elles ont plus souvent des infections et des douleurs pendant les rapports sexuels, qu’elles ont des grossesses non désirées et qu’elles font plus souvent appel à l’interruption volontaire de grossesse (Coker, 2007). La violence du partenaire pendant la grossesse est aussi associée à de graves problèmes pour la conjointe et pour l’enfant : fausses couches, hypertension, hospitalisations, hémorragies, césariennes, naissance prématurée ou un enfant souffrant d’insuffisance pondérale (Sharps, Laughon et Giangrande, 2007 ; Sarkar, 2008). La violence, pendant la grossesse ou après la naissance de l’enfant, augmente le risque pour la mère de souffrir de dépression : les femmes victimes de maltraitances vivent plus souvent que les autres des dépressions post-partum, avec des conséquences négatives pour elles mais aussi pour l’enfant (WHO, 2012).

4Cet ensemble de recherches nous apprend que la violence du partenaire est également présente durant la grossesse, durant la période qui la précède et qui la suit, qu’elle interfère sur la liberté sexuelle et les choix reproductifs des femmes et qu’elle a de graves conséquences sur leur bien-être psychique et physique et, par conséquent, sur celui des enfants.

5Ces recherches présentent cependant certaines limites, qui réduisent la possibilité d’utiliser les résultats dans les interventions avec les femmes victimes. La plupart ont été effectuées dans le domaine médical : la violence prise en considération est presque toujours uniquement physique, alors que nous savons désormais que la violence psychologique est beaucoup plus fréquente, qu’elle joue un rôle central dans le processus de maltraitance par le partenaire et qu’elle a un impact dévastateur sur l’estime de soi et sur la santé des victimes, même lorsqu’elle est exercée sans sévices physiques ou sexuels (Jaspard et al., 2003 ; Romito et al., 2005). L’accent est mis exclusivement sur la violence du partenaire : bien qu’il s’agisse probablement de la forme de violence la plus fréquente, les femmes, surtout si elles sont jeunes, peuvent également subir des violences de la part d’autres membres de la famille – parents, frères ou sœurs. Les quelques études qui prennent en compte les violences exercées par des membres de la famille montrent que ces violences ne sont pas rares (Gielen et al., 1994) et qu’elles peuvent être aussi source de souffrance, surtout si la femme vient d’avoir un enfant (Leung et al., 2002). Dans l’une de nos recherches (Romito et al., 2009b), nous avons remarqué que la violence de la famille – surtout la violence psychologique – a un impact plus grand sur la dépression postnatale que la violence du partenaire. Malheureusement, il n’y a pas d’études analysant le rôle de la violence intrafamiliale sur les décisions reproductives des femmes.

6En outre, presque aucune des recherches citées n’a été effectuée en Italie. Trieste, la ville où a été conduite l’étude présentée dans cet article, est une ville de taille moyenne, située au nord-est de l’Italie, caractérisée par un très faible taux de fécondité et par de bons services sociosanitaires [2] : il n’est pas du tout certain que les résultats des recherches effectuées en Amérique du Nord ou dans d’autres pays européens, correspondent à ce que vivent les femmes à Trieste et qu’ils soient donc utilisables pour développer des interventions de soutien auprès des victimes de violence.

7À partir de la fin des années 1990, un groupe de travail [3] s’est formé à Trieste, et a effectué, au moyen de méthodes qualitatives et quantitatives, de nombreuses recherches analysant les violences contre les femmes, leur impact sur leur santé physique et psychologique et la réponse des opérateurs sociosanitaires (Romito, 2001 ; Romito et Gerin, 2002 ; Romito, Molzan Turan et De Marchi, 2005 ; Romito et al., 2009b). Les dernières études, dont nous présenterons certains résultats ici, traitent des violences subies avant et pendant la grossesse, et visent à analyser les caractéristiques des femmes concernées, l’impact sur leur santé et sur la décision d’opter pour une interruption de grossesse. L’objectif de ces études n’était pas seulement de contribuer à la recherche scientifique internationale ; nous voulions aussi produire des connaissances et des outils d’intervention et de prévention adaptés à la situation locale et conçus dans une optique féministe. Les données recueillies ont d’abord mis au jour l’urgence de mettre sur pied des formations pour le personnel médical, les forces de l’ordre et les enseignant·e·s, ainsi que d’introduire des modifications dans l’organisation des services médicaux et sociaux. Par exemple, les résultats d’une des premières enquêtes ont montré que 8% des usagères du service social et 9% des patientes des urgences hospitalières subissaient, au moment de l’interview, des violences conjugales, physiques ou sexuelles, alors que le personnel était convaincu que très peu de femmes seulement étaient victimes de violence (Romito et Gerin, 2002). Ces résultats ont été présentés au personnel, ils ont stimulé la création des premiers cours de formation sur les violences, effectués en collaboration avec le Centre anti-violence, et ont montré la nécessité d’interroger les patientes au cours de l’anamnèse de routine [4] sur les violences subies. Il s’agit d’interventions importantes, étant donné que l’une des premières difficultés pour affronter la question de la violence masculine est de lutter contre les stratégies mises en œuvre pour l’occulter et éviter d’en affronter les causes (Romito, 2006).

8L’étude que nous présentons ici avait comme principal objectif d’analyser le rôle des violences – de la part du partenaire mais aussi des membres de la famille – chez les femmes qui ont eu recours à un avortement, en les comparant aux femmes qui ont accouché dans le même hôpital et durant la même période [5]. À partir de ces données, nous avons aussi analysé les relations entre violence, caractéristiques sociales et histoire obstétricale, séparément pour les femmes qui avaient avorté et celles qui avaient accouché [6]. En Italie, depuis 1978 (loi N° 194), les femmes peuvent avorter sur demande, gratuitement, avant la douzième semaine de grossesse ; à Trieste les services sociosanitaires fonctionnent bien, et demander à avorter ne comporte pas de difficultés et n’engendre pas de stigmatisations particulières [7].

9La réalisation de cette étude a soulevé divers problèmes, à la fois méthodologiques (il est difficile de poser des questions sur les violences à une femme qui vient d’avorter, et peut-être encore plus à une femme qui vient d’accoucher) et conceptuels. Bien que pleinement d’accord avec les conclusions des recherches montrant que l’avortement peut représenter pour les femmes, dans certaines circonstances, un choix positif (Fergusson, Boden et Horwood, 2007 ; Lunneborg, 1992 ; Russo et Denious, 2001), il était difficile de se détacher d’une image de l’avortement en termes de « résultat » négatif. L’analyse des données nous a révélé que la réalité est bien plus complexe.

Méthodologie de l’étude

Au cours de la période 2006-2007, nous avons interviewé toutes les femmes qui se sont rendues dans la seule maternité de Trieste, pour un accouchement ou pour un avortement. Le groupe des femmes qui ont accouché (Groupe Post-Partum, GPP) est composé de 438 femmes ; 445 femmes constituent le groupe des femmes ayant avorté (Groupe Avortement, GA).
Toutes les femmes ont été contactées dans leur chambre, pendant un moment de tranquillité, sans présence de visiteurs, au cours de l’après-midi ayant suivi l’avortement ou dans les deux jours ayant suivi l’accouchement. La recherche a été présentée comme une étude sur la santé pendant la grossesse ; la discrétion et la confidentialité ont été garanties. Après avoir accepté de participer, les femmes ont reçu un questionnaire anonyme, à remplir seules. Les intervieweuses, de jeunes psychologues formées sur le thème des violences et en contact avec le Centre anti-violence de Trieste, restaient à proximité pour donner, si nécessaire, informations ou soutien aux femmes. Toutes les femmes ont reçu des informations écrites expliquant les objectifs de l’étude et fournissant les coordonnées du Centre anti-violence et des services sociosanitaires utiles. Dans les deux groupes, 93% d’entre elles ont accepté de participer et ont rempli le questionnaire.
Le questionnaire, identique pour les deux groupes à l’exception de quelques questions spécifiques relatives à la grossesse et à l’accouchement ou à l’avortement, contenait des questions sur les caractéristiques sociodémographiques des femmes et de leur partenaire, sur la santé, l’histoire obstétricale, les décisions relatives à la contraception et sur la violence.
Pour enquêter sur la violence au cours des douze derniers mois, trois questions ont été posées, une pour chaque type de violence (psychologique, physique et sexuelle), en demandant à la femme d’en préciser l’auteur. Les femmes ont aussi été interrogées sur les violences vécues auparavant, à l’âge adulte ou au cours de l’enfance et de l’adolescence.
À partir de ces questions, nous avons construit des indicateurs synthétiques :
Violences au cours des douze derniers mois :
– Violence de la part du partenaire : « Aucune », « Uniquement psychologique », « Physique ou sexuelle ». Un indicateur encore plus synthétique ne présente que deux niveaux : « Aucune violence », « Au moins un type de violence ».
– Violence de la part d’autres membres de la famille. Un seul indicateur : « Aucune violence » et « Violence psychologique et/ou physique » (il n’y avait pas de cas de violence sexuelle).
Violence au cours de l’enfance ou de l’adolescence : un seul indicateur, c’est-à-dire avoir subi au moins un type de violence, indépendamment de l’auteur de celle-ci.
Étant donné la difficulté de reconstruire rétrospectivement une histoire de violence au cours de la vie à travers un questionnaire autoadministré, nous n’avons pas utilisé dans cette analyse les réponses à la question sur les autres violences que les femmes ont pu subir à l’âge adulte avant les douze derniers mois de l’enquête.

Résultats de la recherche : caractéristiques sociales et démographiques des femmes interrogées

10Les femmes qui ont avorté présentent des caractéristiques sociodémographiques très différentes – et moins favorables – par rapport aux femmes qui ont eu un enfant (Tableau 1). Les femmes du GA sont plus jeunes, moins instruites et plus souvent de nationalité non italienne, par rapport à celles du GPP. Elles vivent une situation plus instable, au niveau affectif et économique : elles sont plus fréquemment séparées/divorcées ou célibataires, sans soutien social, sans un emploi régulier et avec des problèmes économiques. Ces tendances correspondent aux statistiques nationales (Istat, 2008) et internationales (Finer et Henshaw, 2006).

Tableau 1

Caractéristiques sociodémographiques des femmes interviewées

Tableau 1
Groupe Avortement Groupe Accouchement n % p n % Ensemble 445 100,0 438 100,0 Âge <26 133 29,9 30 6,8 26-35 189 42,5 284 64,8 >35 123 27,6 124 28,3 <0,001 Nationalité Italienne 328 73,7 391 89,3 Non italienne 117 26,3 47 10,7 <0,001 Niveau d’études ? Université 54 12,2 137 31,3 Lycée ? Collège 198 191 44,7 43,1 <0,001 199 102 45,4 23,3 Statut matrimonial Mariée 165 37,1 319 73,2 Séparée/Divorcée Célibataire 65 215 14,6 48,3 25 92 5,7 21,1 <0,001 Vit seule Non 403 90,6 433 98,9 Oui 42 9,4 5 1,1 <0,001 Soutien social Non 76 17,3 33 7,6 Oui 364 82,7 400 92,4 <0,001 Statut d’emploi Emploi stable E. précaire/chômage/étudiante Femme au foyer 207 177 59 46,7 40,0 13,3 <0,001 283 75 80 64,6 17,1 18,3 Problèmes économiques Non 277 63,2 283 64,6 Oui 161 36,8 75 17,1 <0,001

Caractéristiques sociodémographiques des femmes interviewées

Les expériences de violence

11L’étendue des violences dans le temps différencie également les deux groupes (Tableau 2) : 12% des femmes qui ont avorté disent avoir subi au moins un type de violence de la part de leur partenaire au cours des douze derniers mois, contre 2,8% des nouvelles mères. La violence, presque exclusivement psychologique, des autres membres de la famille a elle aussi été déclarée plus fréquemment (6,2%) par les femmes du GA que par celles du GPP (1,1%). En outre, les femmes qui ont interrompu leur grossesse déclarent avoir subi plus de violence durant leur enfance et leur adolescence que celles qui ont accouché : 17,4% contre 11,7%.

Tableau 2

Femmes ayant déclaré avoir subi des violences, dans les douze derniers mois et dans l’enfance ou l’adolescence

Tableau 2
Groupe Groupe Avortement Accouchement n % p n % Ensemble 445 100,0 438 100,0 Violences durant les douze derniers mois Par le partenaire Aucune 383 88,0 424 97,2 Psychologiques seulement 28 6,4 7 1,7 Physiques/sexuelles 24 5,6 5 1,1 <0,001 Au moins un type de violence Aucune violence 383 88,0 424 97,2 Oui, au moins un type 52 12,0 12 2,8 <0,001 Par la famille Non 411 93,8 431 98,9 Oui 27 6,2 5 1,1 <0,001 Violences (psychologiques, physiques ou sexuelles) dans l’enfance ou l’adolescence Tout auteur Non 360 82,6 385 88,3 Oui 76 17,4 51 11,7 <0 016

Femmes ayant déclaré avoir subi des violences, dans les douze derniers mois et dans l’enfance ou l’adolescence

12Toutes les recherches montrent que les femmes les plus jeunes sont davantage exposées aux violences. Nous avons donc analysé la fréquence des violences dans les groupes Avortement ou Post-Partum séparément pour les femmes de moins de 30 ans (n = 301) et pour les femmes de 30 ans et plus (n = 582). Comme prévu, les femmes jeunes subissent plus de violence de la part de leur partenaire que les femmes plus âgées. Quant à la violence exercée par d’autres membres de la famille, elle existe presque exclusivement parmi les femmes les plus jeunes qui ont avorté : elle touche 14% d’entre elles au cours de la dernière année [8].

Le choix d’interrompre la grossesse : quel rôle joue la violence ?

13Comme nous l’avons constaté, les femmes GA et les femmes GPP diffèrent sur toutes les caractéristiques sociodémographiques et pas seulement sur les expériences de violence. Nous avons donc cherché à comprendre si la violence jouait un rôle dans la décision d’aller au terme de la grossesse ou de l’interrompre, indépendamment de ces caractéristiques sociales. Pour ce faire, nous avons réalisé une analyse multivariée : il s’agit d’une analyse statistique qui permet d’étudier les effets d’un facteur (la violence) sur un fait (l’avortement ou l’accouchement), en neutralisant les effets d’autres facteurs qui lui sont associés, de façon à évaluer le « poids relatif » – donc l’impact – de chacun d’eux sur l’objet analysé (ici l’avortement ou l’accouchement). Étant donné l’importance de l’âge des femmes pour déterminer leur expérience, nous avons construit deux modèles statistiques différents, un pour les femmes de moins de 30 ans et un pour les femmes de 30 ans ou plus.

14L’analyse confirme l’existence d’une configuration différente selon l’âge. Pour les plus jeunes, la violence psychologique du partenaire (mais pas la violence physique ou sexuelle) et la violence (presque exclusivement psychologique) exercée par des membres de la famille restent fortement associées au fait d’avoir avorté : en « contrôlant » statistiquement l’effet des caractéristiques sociodémographiques (donc, toutes choses égales par ailleurs), le fait de subir des violences psychologiques de la part du partenaire ou de membres de la famille augmente d’environ 15 fois la probabilité que la grossesse soit interrompue.

15Chez les femmes de 30 ans ou plus, au contraire, ni la violence du partenaire ni celle de la famille ne semblent corrélées au fait d’avoir avorté (voir davantage de résultats dans Romito et al., 2009a ; Escribà-Agüir et al., 2012).

16Parmi les femmes qui ont avorté, nous avons aussi analysé la relation entre le fait de subir des violences conjugales et les décisions reproductives (Tableau 3). À la question concernant les circonstances qui ont déterminé la grossesse, 4,5% des femmes ont répondu : « Mon partenaire voulait que je reste enceinte » : cette proportion est beaucoup plus élevée (21,7%) parmi les femmes victimes de violence physique ou sexuelle. À la question concernant les raisons qui ont motivé la décision d’avorter, 1,9% des femmes ont répondu : « Mon partenaire voulait la grossesse, pas moi ». Encore une fois, la proportion de femmes qui ont choisi cette réponse est beaucoup plus élevée parmi celles qui subissent des violences, surtout lorsqu’il s’agit de violences physiques ou sexuelles.

17Un partenaire violent peut chercher à contraindre sa conjointe d’entre prendre ou de porter à terme une grossesse comme de l’interrompre (Bajos, Ferrand et le Groupe GINE, 2002). Nos données mettent plutôt en évidence la première tendance et suggèrent que l’imposition d’une grossesse par un homme violent est probablement une manière de garder ou d’établir un contrôle sur sa compagne.

Tableau 3

Violences du partenaire et intentionnalité de la grossesse (seulement les femmes qui ont avorté)

Tableau 3
« Mon partenaire voulait que je reste enceinte » Oui Non n = 23 % p n = 407 % Violences du partenaire Aucune 17 4,5 362 95,5 Psychologiques seulement 1 3,6 27 96,4 Physiques/sexuelles 5 21,7 18 78,3 <0,002 « Mon partenaire voulait la grossesse, pas moi » Oui Non n = 12 % p n = 416 % Violences du partenaire Aucune 7 1,9 370 98,1 Psychologiques seulement 2 7,1 26 92,9 Physiques/sexuelles 3 13,0 20 87,0 <0,002

Violences du partenaire et intentionnalité de la grossesse (seulement les femmes qui ont avorté)

Note : Les pourcentages sont en ligne.

Femmes qui avortent, femmes qui accouchent : différents liens avec la violence du partenaire

18Un deuxième jeu d’analyses a étudié les caractéristiques des femmes en lien avec la violence du partenaire dans les deux groupes [9].

19Comme nous l’avons déjà constaté, les femmes du GA ont des caractéristiques sociales plus défavorables que les femmes du GPP. Cependant, le sous-groupe des femmes qui ont accouché et qui ont un partenaire violent paraît plus désavantagé que le sous-groupe des femmes qui, elles aussi victimes de violences conjugales, ont avorté (Tableau 4). Dans le GPP, les victimes de violence sont, de façon significative, plus souvent non italiennes, peu instruites, sans travail, non mariées, isolées, alors que dans le GA, il n’y a pas de différences parmi les femmes qui subissent ou ne subissent pas de violence. De même, au niveau du soutien social, le désavantage des nouvelles mères victimes de violence est beaucoup plus grand que parmi les femmes qui ont avorté.

Tableau 4

Relations entre violences conjugales, caractéristiques sociodémographiques et histoire obstétricale des femmes interviewées

Tableau 4
Groupe Avortement (n = 445) Sans violence conjugale Avec violence conjugale n % n % Ensemble 383 100 52 100 Âge <26 106 27,7 22 42,3 26-35 169 44,1 19 36,5 > 35 108 28,2 11 21,2 Nationalité Italienne 285 74,4 36 69,2 Non italienne 98 25,6 16 30,8 Niveau d’études ? Université 50 13,1 4 7,7 Lycée ? Collège 176 155 46,2 40,7 19 29 36,5 55,8 Statut matrimonial*** Mariée 150 39,2 10 19,2 Séparée/Divorcée 46 12,0 19 36,5 Célibataire 187 48,8 23 44,2 Vit seule Non 348 90,9 48 92,3 Oui 35 9,1 4 7,7 Soutien social** Non 57 15,1 16 30,8 Oui 321 84,9 36 69,2 Statut professionnel Emploi stable E. précaire/Chômage/Étud. Femme au foyer 183 145 53 48,0 38,1 13,9 22 26 4 42,3 50,0 7,7 Problèmes économiques Non 250 66,3 23 44,2 Oui 127 33,7 29 55,8 Accord du couple sur la contraception * Oui 243 63,4 24 46,2 Non 140 36,6 28 53,8 Enfants mort-nés *° 0 373 98,4 48 94,1 1-2 6 1,6 3 5,9 Fausses couches *° 0 314 83,3 36 72,0 1-4 63 16,7 14 28,0 Avortements ° 0 1+ 265 114 69,9 30 1 34 17 66,7 33 3
Tableau 4
Sans violence conjugale Avec violence conjugale n % n % Ensemble 424 100 12 100 Âge <26 28 6,6 2 16,7 26-35 275 64,9 8 66,7 > 35 121 28,5 2 16,7 Nationalité Italienne 381 89,9 8 66,7 Non italienne 43 10,1 4 33,3 Niveau d’études ? Université 135 31,8 1 8,3 Lycée ? Collège 197 92 46,5 21,7 2 9 16,7 75,0 Statut matrimonial*** Mariée 315 74,6 4 33,3 Séparée/Divorcée 21 5,0 4 33,3 Célibataire 86 20,4 4 33,3 Vit seule ** Non 421 99,3 10 83,3 Oui 3 0,7 2 16,7 Soutien social*** Non 26 6,2 7 58,3 Oui 393 93,8 5 41,7 Statut professionnel* Emploi stable E. précaire/Chômage/Étud. Femme au foyer 277 73 74 65,3 17,2 17,5 4 2 6 33,3 16,7 50,0 Problèmes économiques Non 356 84,0 6 50,0 Oui 68 16,0 6 50,0 Accord du couple sur la contraception ** Oui 322 75,9 5 41,7 Non 102 24,1 7 58,3 Enfants mort-nés **° 0 412 97,9 10 83,3 1-2 9 2,1 2 16,7 Fausses couches *° 0 328 77,7 8 66,7 1-4 94 22,3 4 33,3 Avortements ***° 0 415 98,6 9 75,0 1+ 6 1 4 3 25 0

Relations entre violences conjugales, caractéristiques sociodémographiques et histoire obstétricale des femmes interviewées

*p <0,05, **p <0,01, ***p <0,001
°Auparavant
Note : ce tableau se lit sur les deux pages.

20En ce qui concerne les décisions reproductives (accord avec le partenaire par rapport à la contraception) et l’histoire obstétricale (avoir eu précédemment des fausses couches, des avortements ou des enfants mort-nés), l’impact de la violence dans le GPP semble être plus important que dans le GA. Dans le Tableau 4, les données sont présentées sous forme de pourcentages. Les analyses multivariées nous ont permis d’analyser ces liens en « contrôlant » statistiquement l’influence de conditions comme l’âge de la femme, son niveau d’études, sa nationalité et le nombre d’enfants. À conditions sociodémographiques équivalentes, subir des violences conjugales rend deux fois plus probable le fait de ne pas prendre de décision conjointe avec le partenaire concernant la contraception parmi les femmes du GA, et six fois plus probable parmi les femmes du GPP. De même, dans les situations de violence, le risque d’avoir eu un enfant mort-né est plus élevé dans le GPP que dans le GA. Dans le GPP, les femmes victimes de violence ont une probabilité sept fois plus élevée d’avoir interrompu leur grossesse que celles qui n’ont pas été confrontées à des violences, alors que ce lien n’existe pas pour les femmes GA. La violence du partenaire double le risque d’une fausse couche dans les deux groupes.

21Ces analyses ont révélé une image des liens entre violences conjugales, agency[10] de la femme et décisions reproductives en partie inattendue. Quand elles sont confrontées à la violence de leur partenaire, les femmes qui ont accouché sont celles qui se trouvent dans les conditions les plus défavorables, comparativement à celles qui ont avorté. En d’autres termes, dans une situation de violence conjugale, la femme qui a décidé ou a été contrainte de mener une grossesse à terme est dans une position plus vulnérable et possède moins de ressources – droits liés à la nationalité, instruction, travail, réseau social – que celle qui, au contraire, a opté pour l’avortement.

Discussion et conclusions

22Nos résultats, conformément à ce que dit la littérature, rendent compte de la fréquence et de l’impact des violences sur la vie des femmes, qu’elles aient accouché ou qu’elles aient eu recours à une interruption de grossesse.

23La violence est plus fréquente chez les femmes qui ont avorté : 12% d’entre elles ont subi des violences conjugales au cours de la dernière année, contre 2,8% des nouvelles mamans. Elles signalent aussi plus fréquemment des violences exercées par des membres de la famille (6,2% contre 1,1%) et des violences durant l’enfance et l’adolescence (17,4% contre 11,7%). Comme dans la littérature, les femmes ayant interrompu leur grossesse présentent des caractéristiques sociodémographiques plus défavorisées que celles qui ont accouché.

24L’âge est un élément important de l’analyse : dans les deux groupes, les femmes de moins de 30 ans signalent plus de violences que les plus âgées. L’âge est également une donnée significative dans l’analyse multivariée qui permet de mieux comprendre le rôle de la violence dans les choix reproductifs des femmes. En contrôlant les effets des caractéristiques sociodémographiques, soit, en d’autres termes, à conditions sociales équivalentes, on remarque que la violence psychologique du partenaire ou d’un membre de la famille est fortement liée au fait de choisir l’avortement plutôt que de mener à terme une grossesse, mais uniquement chez les femmes les plus jeunes, pas chez celles qui ont plus de 30 ans. Ces résultats révèlent le rôle de la violence par des membres de la famille – rôle négligé dans les études recensées, qui se concentrent le plus souvent sur les violences conjugales uniquement – et mettent également l’accent sur l’importance de la violence psychologique. Il s’agit, en effet, de la forme de violence la plus fréquente, et c’est la seule qui est liée à la décision d’interrompre la grossesse chez les jeunes femmes. Il est ainsi nécessaire que les futures études visant à comprendre l’impact des violences sur les décisions reproductives des femmes – et plus généralement sur leur santé et leur vie – incluent aussi les violences de la part de la parenté.

25Le partenaire peut exercer des violences sur sa conjointe de nombreuses manières. En ce qui concerne les choix reproductifs, il peut la forcer à entreprendre et à continuer une grossesse non voulue ou au contraire à l’interrompre. Nos données montrent que, parmi les femmes qui ont avorté, les victimes de violences conjugales signalaient plus souvent que les autres que la grossesse était voulue par le partenaire mais pas par elles et que le choix d’avorter découlait du fait que c’était leur partenaire et non elles qui voulaient un enfant.

26Ces données révèlent une image de l’avortement très différente de celle qui circule communément dans les représentations, puisqu’il est encore souvent socialement pensé en termes d’échec [11]. Même s’il s’agit d’une décision difficile, avorter peut représenter, surtout pour une femme qui subit des violences de son partenaire, une action volontaire et autodéterminée (Lunneborg, 1992), et peut être la première décision autonome depuis le début de sa relation avec son conjoint violent. Cette hypothèse est renforcée par les analyses des caractéristiques sociales et de l’histoire obstétricale des victimes de violences conjugales, respectivement dans le groupe des femmes qui ont avorté et dans le groupe de celles qui ont accouché. Bien que, comme nous l’avons déjà dit, les femmes qui avortent soient, dans leur ensemble, plus défavorisées que les autres femmes, les victimes de violences conjugales du groupe GA ne sont pas plus défavorisées que les femmes du même groupe n’ayant pas subi de violence. Dans le groupe des femmes qui ont accouché, en revanche, les victimes de violence sont, de façon significative, plus souvent étrangères, peu instruites, sans travail et isolées. L’impact de la violence conjugale sur l’histoire obstétricale est également plus important pour les femmes qui ont accouché : en particulier, les nouvelles mères qui ont subi des violences conjugales ont un risque sept fois plus élevé d’avoir déjà avorté auparavant, alors que cette différence n’apparaît pas dans le groupe de femmes ayant avorté. En somme, nos données suggèrent que, parmi les femmes qui débutent une grossesse tout en ayant un compagnon violent, celles qui ont de meilleures ressources – en termes de citoyenneté, d’instruction, de travail, de soutien social – ont tendance à l’interrompre, alors que les femmes les plus démunies la mènent à terme. Soulignons que ces résultats s’inscrivent dans un contexte social (celui de l’Italie) caractérisé par un faible taux de fécondité, où la décision d’avoir peu d’enfants ou de ne pas en avoir du tout est culturellement acceptée (Romito et al., 2003), et par un accès plutôt bon aux services permettant l’avortement.

27Cependant les données ne sont qu’une photographie statique de la réalité. Pour comprendre le rôle de la violence et des décisions reproductives dans la vie d’une femme, il faudrait concevoir des études longitudinales ou rétrospectives, caractérisées par une forte approche biographique, auprès d’un vaste échantillon de femmes : il s’agit d’études onéreuses, qui poseraient de nombreux problèmes éthiques et méthodologiques, mais qui sont nécessaires si l’on veut disposer de meilleurs instruments pour comprendre le rôle de la violence masculine dans le parcours de vie des femmes [12].

28Notre recherche présente plusieurs points forts. Elle compte parmi les premières à comparer des femmes qui ont avorté et des femmes ayant accouché, ce qui a permis de mettre en évidence les différences dans les deux groupes par rapport à la place de la violence dans l’histoire conjugale des enquêtées. Elle examine l’impact à la fois des violences conjugales et des violences par d’autres membres de la famille, soulignant l’importance de ces dernières chez les femmes les plus jeunes. Enfin, elle a mis l’accent sur la violence psychologique, montrant combien cette forme moins évidente et éclatante de violence détériore le bien-être des femmes et leurs choix de vie.

29Il nous faut cependant souligner certaines limites. Malgré les précautions méthodologiques prises pour garantir la confidentialité des interviewées (questionnaire autoadministré et anonyme), il est probable que la fréquence de la violence relevée soit sous-estimée. En outre, la construction sociale de la naissance comme étant un « heureux événement » peut avoir contribué à empêcher les déclarations des mères relativement à leur propre histoire de violence. Étant donné que les taux de violence relevés sont faibles, surtout parmi les nouvelles mères, certaines analyses ont été réalisées sur un nombre très faible de personnes, limitant ainsi la fiabilité des résultats. De plus, les difficultés linguistiques ont rendu difficile la participation de certaines femmes étrangères, ce qui a empêché d’explorer de façon approfondie la situation de ces femmes et de recueillir leurs caractéristiques sociodémographiques.

30En conclusion, conformément à ce que la littérature sociologique sur la question révèle, nos données montrent clairement que la violence, sous ses différentes formes et de la part de personnes importantes pour les femmes, a un impact sur leur vie, sur les choix reproductifs et sur leur bien-être général. La violence conjugale peut être à l’origine d’une grossesse non désirée comme de son interruption, de complications plus ou moins graves sur la santé et de conséquences funestes comme un enfant mort-né. Cette violence joue toujours un rôle de contrôle et de pouvoir sur la conjointe, sur son corps et sur la possibilité de vivre une sexualité et une grossesse éventuelle de façon libre et responsable.

31Concernant l’intervention auprès des services de soins, ces résultats mettent au jour la nécessité d’utiliser les contacts que sont les consultations médicales avec les femmes pour pouvoir déceler un éventuel besoin d’aide. Cela est valable surtout durant la période périnatale, pendant laquelle les consultations s’intensifient et que les possibilités d’entrer en contact avec la future mère sans la présence gênante du partenaire augmentent. Il est par ailleurs indispensable d’éviter de penser a priori l’arrivée d’un enfant comme un événement positif ou, au contraire, l’interruption de grossesse comme un événement négatif : il est important que les femmes soient au centre de la rencontre avec les personnels médicaux et puissent raconter leur histoire et ce que signifie cet événement pour elles.

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Notes

  • [1]
    World Health Organization.
  • [2]
    En Italie, le taux de fécondité est de 1,3, plus bas que la moyenne européenne ; il est particulièrement bas dans la région de Trieste (Istat, 2008).
  • [3]
    Le groupe est composé de chercheuses universitaires, de gynécologues qui travaillent auprès des services sanitaires, de doctorantes et d’étudiantes de la Faculté de psychologie, avec la collaboration des opératrices du Centre anti-violence local.
  • [4]
    Pour un autre exemple d’interaction entre recherche, intervention sociale et activisme féministe, voir Romito et al. (2004). Une autre conséquence indirecte de ces activités et des relations qui se sont établies entre les femmes du groupe de recherche a été l’établissement, à la Faculté de médecine, d’un cours intitulé « Violences envers les femmes et les enfants : une question de santé publique » (Romito, Grassi et Beltramini, 2012).
  • [5]
    Ce type d’enquête s’appelle « étude de castémoin ».
  • [6]
    Une partie des résultats a été publiée dans des revues scientifiques internationales (Romito et al., 2009a ; Escribà-Agüir et al., 2012).
  • [7]
    Il n’existe pas d’études récentes sur les pratiques et les représentations de l’avortement en Italie. L’Église et le Mouvement pour la vie essaient d’exercer des pressions sur les femmes, mais la situation est très variable selon les régions et selon les hôpitaux (Hanafin, 2009).
  • [8]
    Ces résultats sont présentés en détail dans Romito et al., 2009a.
  • [9]
    Ces résultats sont présentés de façon détaillée dans Escribà-Agüir et al., 2012.
  • [10]
    Le terme anglais agency renvoie à la notion de « capacité d’agir » en autonomie ; il est difficilement traduisible en français.
  • [11]
    Ou, plus récemment et dans les pays industrialisés, en termes de problème de santé publique. Voir, par exemple, les discours autour d’un prétendu syndrome psychotique postavortement, discours par ailleurs démenti par les recherches sérieuses (Vignetta et al., 2008 ; voir aussi l’ouvrage J’ai avorté et je vais bien, merci, Les filles des 343, 2012).
  • [12]
    Citons, à titre d’exemple, les résultats forts intéressants d’une enquête réalisée aux États-Unis sur un large échantillon de femmes : les femmes ayant eu une seule interruption de grossesse faisaient preuve d’une meilleure estime de soi que les femmes qui n’avaient jamais subi d’avortement ou qui en avaient vécu deux ou plus. Les femmes qui présentaient le plus de problèmes de santé mentale étaient celles qui avaient eu des grossesses non désirées (Russo et Zierk, 1992).
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