Couverture de NRP_030

Article de revue

Quand l’équipe fait bloc. Contenance ou violence institutionnelle ?

Pages 169 à 182

Notes

  • [1]
    La Protection judiciaire de la jeunesse, un centre médico-psychopédagogique, l’Aide sociale à l’enfance…
« Curieuses institutions qui pourraient donner l’impression qu’elles ne fonctionnent pas à partir de la mission sociale qui leur est attribuée, mais qu’elles sont organisées par les techniques de survie des professionnels qui y sont employés. »
Fustier (1999, p. 104)

1Nous souhaitons ici revisiter le fonctionnement des structures à caractère éducatif ou social en étudiant les raisons pour lesquelles le projet ayant présidé à la fondation de certaines peut s’évanouir dans les faits. On observe effectivement un écart entre le fonctionnement de certaines institutions et le rôle qui leur est attribué. Un fossé existerait entre la pratique quotidienne des acteurs et les missions qui leur sont assignées en regard du projet institutionnel. Plus qu’un écart entre la théorie et la pratique, il s’agirait de l’effet même de cette dernière. Tandis que l’institution se donne pour tâche de transformer l’usager, dans l’idée de l’accompagner vers du mieux, il arrive que ce soit lui qui la transforme. À force de composer avec certaines formes d’expression mortifères de la souffrance du public, les professionnels incorporeraient à leur pratique des fonctionnements destinés à les en protéger. Cette dynamique défensive influencerait l’esprit d’équipe, en les éloignant imperceptiblement de leur tâche primaire. Ainsi, cet article vise à témoigner du fait que le « déclin de l’institution » (Dubet, 2002) n’est pas seulement lié à une dérive de ses finalités ou à un affaiblissement de ses missions fondatrices, mais résulte aussi de mouvements collectifs inconscients produits par la rencontre entre le public et les professionnels qui ont pour mission de s’en occuper. L’analyse des mouvements inconscients que cette rencontre produit s’appuiera notamment sur les concepts de René Kaës concernant la groupalité psychique, mais plus encore sur la pensée de Paul Fustier. En appui sur ses travaux nous étudierons un phénomène aussi commun que difficilement observable. Nous questionnerons les processus inconscients pouvant conduire les membres d’une équipe à s’unir défensivement contre le public qu’ils sont censés accompagner.

2À partir d’une clinique issue de supervision d’équipes évoluant au sein de maisons d’enfants à caractère social (mecs), nous analyserons « l’imaginaire collectif » (Giust-Desprairies, 2009) qui conduit insensiblement les intervenants à se cramponner derrière un désir de « faire bloc » contre les jeunes. Nous verrons que, lorsque les acteurs sont principalement mobilisés par des nécessités de survie (Fustier, 1999), ils ne parviennent plus à discriminer les différents registres de violence qu’ils vivent. Ils adoptent alors des postures rigides, souvent justifiées par l’idée qu’il faut apporter les limites qui feraient défaut aux jeunes, désignés comme trop « durs » ou trop « lourds ». Leur supposé besoin d’autorité serait cependant à nuancer. Même si elle est souvent légitime, la rigueur affichée par les professionnels peut néanmoins répondre à leurs propres angoisses. Ils chercheraient à se préserver des dangers fantasmatiquement encourus au contact du public. Au risque de perdre une suffisante et nécessaire sensibilité à ce public.

Une violence toute en nuances

3Qui fréquente les structures accueillant des enfants et des adolescents relèvera que les professionnels qui y officient se plaignent de vivre des difficultés croissantes. Un hiatus existerait entre les missions pour lesquelles ils ont été formés et les tâches qu’ils accomplissent, entre les fonctions idéalisées et les fonctions réalisées. Cette cause de souffrance s’associe fréquemment à la nature du lien aux usagers, qui seraient de plus en plus récalcitrants, de plus en plus violents… De quelle violence s’agit-il donc ? Quelques clarifications s’imposent concernant ce vocable ô combien polysémique. Des phénomènes très hétérogènes étant englobés dedans, il importe de procéder à une clarification, à un débroussaillage sémantique.

4Jean Bergeret (1984) a pris soin de distinguer violence et agressivité en stipulant que cette dernière correspond à une démarche affective moins primitive. Il est question d’un plaisir pris à nuire à l’autre, qui renvoie au sadisme. Quant à la violence, elle intervient dans une relation où l’autre est conçu comme hostile (ibid.). Elle n’a donc pas pour but de produire de la souffrance chez autrui, mais de prémunir contre la dangerosité qui lui est prêtée. La violence vise à protéger le sujet de la menace qu’il ressent au contact des autres. On comprend mieux dès lors le comportement de certains adolescents, réputés violents, qui répondent à la logique du « moi ou lui » (ibid.), pour qui il s’agit préventivement de dominer l’autre avant d’être dominé. Mais cette conception éclaire aussi certains fonctionnements institutionnels. En effet, lorsque les professionnels œuvrant au sein de structures médico-sociales sont dans une logique de survie, le lien devient synonyme de rapport de forces, ils agissent avec la conviction que « c’est soit le jeune soit nous ». Le danger ressenti au contact de l’usager n’est cependant pas forcément lié à sa violence agie. Son opposition à la prise en charge peut être vécue comme une violence. Ce qui est fréquent à l’adolescence. Plus un adolescent est vulnérable, plus il considère avec méfiance l’aide qui lui est offerte. Elle le renvoie en effet à ce contre quoi il se défend : une fragilité vécue comme une faiblesse le mettant à la merci d’autrui. L’offre de soutien sera donc attaquée, dans un anti-étayage féroce (Pinel, 2007) prenant généralement la forme de déroutants « Lâche-moi ! ». Ce refus de la prise en charge peut aussi prendre la forme de fugues. Celles-ci surviennent fréquemment après que la construction d’un lien s’est esquissée. Le sujet se sent démuni pour avoir « baissé sa garde ». Les fugues adviennent ainsi au moment où l’équipe se réjouit des avancées réalisées avec tel ou telle jeune. Les professionnels déchantent alors brutalement et peuvent se sentir attaqués par cet adolescent qui brise leur espoir quant au projet qu’ils avaient fondé sur lui. De douloureux sentiments d’échec, de perte de maîtrise, voire d’inutilité, étreignent alors le groupe. Ces affects font souvent écho à ceux que le sujet porte en lui. On sait que le « partage d’affect » est une finalité inconsciente de l’acte (Roussillon, 2005), mais la souffrance que le sujet diffuse inconsciemment chez les professionnels donne lieu à une inquiétante sidération. Des mouvements défensifs émergent alors en retour. Les professionnels s’accommoderont, par exemple, de l’idée qu’il faut suivre la procédure et se contenter de signaler les fugues du jeune auprès des autorités compétentes pour se couvrir. Le sujet, dès lors traité comme un dossier, se retrouve progressivement évacué des préoccupations de l’institution (Dobrzynski, 2019). Le désinvestissement de la relation préserve défensivement les professionnels d’une situation qui n’est pas nécessairement qualifiée de violente. Il s’agit néanmoins d’une violence subjectivement vécue. Celle-ci n’est pas objectivement sanctionnable, cela ne l’empêche pas d’être psychiquement condamnée, par le jeu de subtils mouvements de rejet. Le sujet ne sera pas mis à l’écart, « réorienté », au motif qu’il fait souffrir l’équipe, il le sera au prétexte (cachant un motif inconscient) qu’il est en échec, qu’il ne parvient pas à atteindre l’objectif fixé par son « projet individuel ».

5Les dynamiques défensives ainsi mises en place par le groupe concernent donc souvent des registres de violence non désignée comme telle. Il peut s’agir de celle que font vivre les sujets dont le mal-être se communique en deçà des mots. Tel l’adolescent qui se scarifie (quelque chose de la souffrance se voit) ou celui dont les attitudes laissent présager la possibilité d’un suicide (ça inquiète). La compassion suscitée masque fréquemment l’angoisse d’être contaminé, altéré par la souffrance qui émane du sujet. On entend fréquemment les professionnels dire humoristiquement qu’ils « ramènent du travail à la maison » ; la douleur de l’un glisse en effet imperceptiblement jusqu’au psychisme de l’autre. C’est là la tragédie de l’empathie. Il est dit que, pour se protéger, il faut savoir mettre la bonne distance. Or, il arrive que cette distance devienne un impératif professionnel, qu’elle soit érigée en loi. À travers elle, les acteurs se protègent du malaise qu’ils vivent au contact de l’usager et, parfois, de l’usager lui-même. Celui-ci devient la menace contre laquelle il faut lutter. Les jeunes seront par exemple comparés à des « fauves », des « monstres », des « sauvageons » destructeurs. Les personnes accueillies sont perçues comme pouvant « faire exploser » l’institution.

L’institution cassée

6Parfois les choses sont si confuses, il y a une telle homomorphie entre pathologie individuelle et problématique institutionnelle qu’il devient difficile de savoir si c’est le sujet qui est violent ou si c’est son environnement qui provoque de la violence chez lui. Le public réverbère en effet parfois les dysfonctionnements qu’il pressent à travers de violents passages à l’acte. C’est fréquemment le cas lorsqu’il y a beaucoup de turnover dans une équipe et que les nouvelles recrues sont « jetées en pâture aux jeunes » sans avoir le temps de s’imprégner du fonctionnement institutionnel. Nous avons ainsi donné l’exemple d’une mecs dans laquelle l’anarchie prévalait (Chapellon et Grange-Ségéral, 2018). L’ancien directeur avait été licencié et son successeur jugeait très négativement le travail de l’équipe éducative. Ce dernier semblait ne pas faire confiance aux éducateurs. Il contredisait fréquemment leurs décisions, en levant notamment les sanctions posées à l’endroit des pensionnaires. En retour, ceux-ci ne manquaient pas de solliciter du directeur ce qu’ils n’obtenaient pas des éducateurs. Une éducatrice ayant refusé à une jeune fille une sortie au cinéma pour cause de résultats scolaires trop faibles s’était notamment vue contrainte de l’y accompagner contre son gré. Ce climat de défiance avait provoqué des démissions en cascade. Les nouveaux professionnels recrutés n’ayant pas le temps de s’agréger aux anciens, ils connaissaient rarement le règlement intérieur. Ainsi, les membres de l’équipe agissaient de façon disparate.

7Dans ce contexte ayant valu à un psychologue d’être sollicité pour un travail de supervision, il devint perceptible que les professionnels se méfiaient des jeunes. Ces derniers étaient perçus comme des adversaires qui avaient le pouvoir de les faire tomber. Il était en effet fréquent qu’un membre de l’équipe soit convoqué par le directeur après la plainte d’un jeune. Se sentant détenteurs d’un pouvoir, ou tout au moins d’une immunité vis-à-vis des membres de l’équipe éducative, les jeunes ne leur obéissaient plus. Rien ne semblait pouvoir les contenir. Les issues de secours de la structure étaient devenues de simples portes par où les jeunes entraient et sortaient à leur guise. Noyés dans ce brouhaha quotidien, certains professionnels en venaient aux mains, imposant par le corps la contenance que leur parole échouait à produire. Ceci dans un cercle on ne peut moins vertueux où la violence montait crescendo. Tandis que les démissions pleuvaient, les jeunes les plus « difficiles » étaient assez systématiquement réorientés sous le motif qu’il n’était plus possible de les prendre en charge. Les professionnels, dépassés, étaient accaparés par la crainte de perdre le contrôle et de malmener les jeunes ou d’être malmenés par eux. La fameuse « loi du eux ou nous » s’appliquait donc au fonctionnement de cette équipe dont les membres étaient animés par des préoccupations très primitives de survie.

S’unir pour survivre

8Dans des configurations institutionnelles aussi chaotiques que celle-ci, les différenciateurs générationnels sont abolis et les adultes ne parviennent plus à contenir l’excitation des adolescents. Ne se sentant plus en sécurité, ces derniers attaquent physiquement ce par quoi ils se sentent menacés psychiquement. Lorsque l’institution n’offre pas suffisamment de « répondant » (Kaës, 2012), la violence des sujets monte proportionnellement à leurs angoisses. Laissés seuls face à leur destructivité et se sentant donc abandonnés, ils attaquent en retour l’objet-groupe. L’institution est prise d’assaut ! De prime abord, on pourrait penser que les jeunes désirent détruire les adultes, mais en réalité ils ont profondément besoin de les tester. Apparemment désireux d’avoir le dessus sur leurs aînés, ils vérifient inconsciemment leur capacité de contenance (Chapellon et Vicente, 2019). C’est là le paradoxe du processus dit en « détruit-trouvé » (Khan, 1974) : l’environnement du sujet, pour être réellement trouvé, doit offrir suffisamment de résistance à sa destructivité.

9Lorsqu’un dispositif institutionnel se révèle trop friable, les sujets provoqueront donc en son sein du désordre en excès. Ils sont animés par l’espoir inconscient de se confronter à un cadre qu’ils n’aient pas la capacité de détruire. Il importe donc que les professionnels survivent aux attaques qui leur sont portées. Pour donner véritablement hospitalité aux adolescents les plus vulnérables, il convient de survivre à leur destructivité. Cela nécessite que les professionnels restent cohérents dans leurs postures et leurs interactions. Or, cette cohérence est mise à mal lorsque, comme dans l’exemple précédent, il y a trop de turnover et que les acteurs peinent à appliquer des règles communes. En général, la solidité d’une équipe est menacée lorsque ses membres adoptent des stratégies d’accompagnement divergentes. Ils doivent donc s’accorder suffisamment les uns aux autres.

10Cette cohésion, qui renforce, peut néanmoins être problématique. C’est notamment le cas lorsque les professionnels se solidarisent dans l’unique but de ne pas être détruits. Quand les acteurs se vivent menacés par le public, ils se tournent en effet parfois vers une recherche forcenée de solidarité. Le rôle dévolu à l’équipe consiste alors avant tout à protéger ses membres. Elle n’est plus là pour les aider à penser (Fustier, 1999), au contraire. Des alliances inconscientes se forment pour préserver les professionnels. Se voulant incassable, l’équipe se soude et fait bloc contre la menace que le public fait vivre. Désirant se « serrer les coudes », les acteurs développent des pratiques rigides donnant alors lieu à des interactions qui le sont tout autant. Envahis par le souci de rester indemnes, ils se centrent sur leur propre autoconservation (ibid.), au risque de dénier la fragilité du public.

Faire corps

11Au sein d’une même structure, les professionnels nourrissent des conceptions très variées de ce qui est attendu d’eux, au niveau tant de l’équipe que du public. Pour s’adapter aux besoins particuliers des usagers, certains s’efforcent d’apporter des réponses individualisées. Leur volonté de s’adapter à chaque individu les conduit à privilégier l’action autonome, quitte à négliger parfois le cadre et à faire des entorses au règlement. Particulièrement ému par la situation d’une adolescente, un éducateur l’autorisera ainsi à téléphoner exceptionnellement à sa mère bien que l’équipe ait décidé du contraire. Cette décision individuelle peut s’avérer bienvenue dans un contexte précis. Cependant, elle peut placer le professionnel en porte-à-faux avec le reste du groupe. Ceci est fréquent chez les « nouveaux ». Moins identifiés au projet collectif, ils sont plus enclins à s’en écarter (Chapellon, 2019).

12À l’occasion de l’arrivée d’une nouvelle recrue ou d’un stagiaire, il est fréquent que les professionnels les plus « aguerris » lui prodiguent des conseils du type : « Il faut mettre plus de distance » ; « Ne te laisse pas bouffer » ; « Si tu es trop tendre ils te mangeront ! » Le professionnel prendrait-il un risque en s’attachant aux jeunes ? Il se met en danger, mais peut-être moins par rapport au public que vis-à-vis de l’équipe. En investissant un sujet particulier, le professionnel peut imperceptiblement se désaffilier du groupe l’assimilant à une sorte de « transfuge » : un adulte qui ne serait plus tout à fait dans le camp des adultes du fait de sa trop grande proximité avec « les jeunes ». Les professionnels émettant ce type de jugement privilégient le collectif et sont davantage attentifs à ce que les initiatives individuelles ne mettent pas en péril le groupe. À leurs yeux, la pratique des premiers introduit de l’arbitraire (Gaillard, Pinel et Diet, 2009). Les prises en charge ne seraient opérantes que si elles se réfèrent au groupe, à ses règles et à son idéologie. L’action individuelle ne serait efficiente que si elle s’accorde aux attentes du groupe. Dans cette conception, les réponses apportées aux besoins singuliers de chaque individu sont perçues comme dangereuses, car pouvant porter préjudice au travail d’équipe. La règle générale ne saurait être remise en cause par une faveur particulière. Il est vrai qu’il est souvent primordial d’agir à l’unisson et de ne pas particulariser les pratiques. Dans la clinique précédente, il était par exemple malvenu que le directeur autorise à une adolescente la sortie au cinéma qu’une éducatrice avait refusée. Ce type de contradiction entre professionnels peut mettre l’équipe en danger. Toutefois, il n’est pas interdit de s’enquérir des raisons pour lesquelles un collègue pense différemment des autres et intervient apparemment à l’encontre de leurs préconisations.

13Il importe que les membres d’une équipe puissent trouver des espaces et des temps pour échanger autour de leurs inévitables divergences. À un moment donné, un éducateur transgressera ainsi une règle fixée en équipe pour s’adapter au besoin singulier d’un sujet. La règle n’empêche pas les exceptions, il paraît même que les exceptions font la règle... Or, parfois la rigueur attachée au respect du fonctionnement commun empêche toute exception. La recherche excessive de cohérence finit par interdire toute initiative individuelle. Paul Fustier (1999, p. 145) parle de « solidarité obligée » : chaque professionnel doit se conformer aux décisions de ses collègues, quelles qu’elles soient et quel qu’en soit le prix. Si un écart se creuse, si une différence de positionnement advient, ceux-ci sont vécus comme une rupture, voire une trahison. L’équipe se doit d’être unie pour être sans faille, sans faiblesse. Pour résister aux menaces qui planent sur eux, les professionnels se soudent et font « bloc ». Progressivement l’institution se transforme en une forteresse impénétrable (ibid., p. 146). En désirant résister à la violence qu’ils anticipent de la part de l’usager, en se voulant intouchables, les professionnels se ferment sans y prendre garde à la possibilité de la rencontre. Finalement, ce qui les menace et dont ils se protègent, ce n’est plus la violence mais le sujet lui-même. S’arrimant à la fantasmatique en vigueur dans ce type de configuration, les professionnels se désidentifient de lui. Dans l’imaginaire groupal, il ne sera pas simplement conçu comme un être différent (plus fragile, notamment), il sera perçu comme étant radicalement et seulement autre (ibid.). Un adolescent pourra, par exemple, être conçu moins comme un sujet que comme un « jeune placé », voire un « jeune violent », catégories dans lesquelles les professionnels l’enfermeront sans y prendre garde. Ils percevront plus difficilement cette « communauté d’espèce » qui fait que l’adolescent placé dans l’institution, même s’il est bigrement violent, reste un humain comme moi, fait de la même pâte que moi (ibid.).

14Quand l’institution fonctionne sous l’action de ce fantasme faisant de l’usager un être à part, une économie psychique particulière régit le fonctionnement des professionnels. La distance affective devient un impératif, si ce n’est une valeur : il faut savoir mettre « la bonne distance ». Est alors conçu comme « professionnel » tout ce qui s’oppose à « l’affectif ». La professionnalité devient synonyme de neutralité. Les fameuses « limites » sont érigées en remparts, aussi immuables qu’impénétrables. Les professionnels se réfugient dès lors derrière la stricte application du règlement. Faute d’en questionner le sens, ils risquent de perdre la créativité relationnelle qui fait l’intérêt de leur métier, pour eux comme pour l’usager.

15Lorsque le souci de se protéger prime, les règles sont utilisées comme des mesures défensives. La rigidité devient synonyme de cécité : la problématique de l’usager n’étant plus perceptible autrement que comme une menace, toute manifestation de sa fragilité est refoulée. Inconsciemment, les professionnels perçoivent davantage les symptômes que leurs causes : un adolescent en difficulté devient un adolescent difficile. On conçoit qu’il soit récalcitrant sans pouvoir accepter que son comportement puisse être l’indice d’une fragilité cachée. Dès lors, les exclusions pleuvent. Un sujet nécessitant trop d’attentions particulières, épuisant donc potentiellement le groupe, sera vécu comme le mettant à mal, ce qui conduira du coup à sa réorientation. Celle-ci ne sera pas forcément entendue comme une sanction, car elle sera justifiée par le bien-être de l’usager. « C’est pour son bien » qu’il serait renvoyé ! Cependant, une fois ce choix acté, on s’aperçoit que les professionnels qui ont justifié de sa valeur éducative expriment généralement un soulagement : « Ouf ! » Ce soulagement qui s’exprime discrètement dans des moments informels représente l’après-coup des angoisses ayant présidé à cette décision. Il signale le relâchement des mécanismes défensifs qui ont empêché une prise en charge plus en détail. Les professionnels sont en effet quelquefois empêchés de percevoir certains détails d’apparence anodins qui auraient pu « réanimer » la prise en charge.

16Nous souhaitons ici questionner ce que ces détails, souvent négligés, peuvent « dire » à travers l’analyse d’un temps de travail réalisé avec l’équipe d’une mecs. L’équipe dont il est question se décrivait comme en difficulté, les professionnels vivant assez mal les tensions qui persistaient entre plusieurs d’entre eux. Au départ, le psychologue a été interpellé pour venir en aide à cette équipe décrite comme divisée. Là encore, les arrêts maladie et les démissions étaient fréquents. Ils étaient davantage le fait de professionnels nouvellement recrutés. Les « nouveaux » semblaient en effet difficilement s’agréger aux « anciens », pourtant qualifiés de « piliers ». Du côté des jeunes pensionnaires, les réorientations étaient fréquentes. Cependant, les décisions présidant à ces réorientations apparaissaient très peu discutées, car elles suscitaient des conflits (le choix de réorientation ne faisant jamais l’unanimité). Il en résulte que les décisions présidant à une réorientation étaient opaques et qu’elles apparaissaient brutales quand elles étaient actées. Les participants du groupe se plaignaient ainsi fréquemment de ne pas avoir été avertis du départ de tel ou tel jeune. Il était donc rare qu’une fête soit organisée à cette occasion, malgré l’importance que revêt ce rituel.

17Par ailleurs, durant les séances les professionnels s’attachaient à faire le bilan des incidents observés en cherchant à savoir en présence de quel collègue ils ont eu lieu. Il s’agissait de connaître l’identité du fautif : celui ou celle suspecté(e) d’avoir négligé d’appliquer les règles fixées par l’équipe. Le passage à l’acte d’un jeune amenait donc systématiquement à la remise en cause des adultes chargés de l’encadrer. Autant dire que les échanges prenaient souvent une teneur inquisitrice, les membres de l’équipe se jaugeant dans leur capacité à faire appliquer les règles. Toute entorse au règlement (malgré tout fréquente) apparaissait disqualifiante. Notons une autre caractéristique de ce groupe : le repli. Les partenaires extérieurs (composant le réseau institutionnel [1] formé autour d’un enfant ou d’un adolescent) étaient dépréciés dans leur action, souvent décrite comme inaction. De plus, les problèmes rencontrés au sein de la structure avaient tendance à être tus. Quand un événement grave se produisait et qu’une plainte aurait légitimement due être déposée auprès des autorités compétentes, le statu quo prévalait. Ainsi, lorsqu’un éducateur était suspecté d’avoir malmené un jeune, il était entendu par la direction tandis que sa présumée victime était orientée vers le psychologue de l’établissement. Idem concernant les violences (sexuelles notamment) entre coreligionnaires. Le matériel qui revenait le plus abondamment durant ces séances de groupe concernait cette violence : entre jeunes, sur les jeunes ou envers les adultes. Les professionnels avaient coutume de comparer « la jeunesse d’aujourd’hui » à celle de leur époque pour évoquer leur sentiment d’insécurité. Voilà posés succinctement les éléments participant au climat délétère qui régnait.

18Or, vint un moment où l’Aide sociale à l’enfance cessa de placer des enfants. Le foyer se trouva rapidement dépeuplé. Il n’y avait plus que cinq pensionnaires dans cette structure conçue pour en recevoir jusqu’à vingt. L’équipe se trouvait donc dans un moment particulier. Les professionnels estimaient que le travail était devenu moins pesant, « plus cool ». Ils « couraient moins » et avaient « plus de temps ». Dans ce contexte, la tournure de ce travail de groupe prit une allure nouvelle, inattendue. Les membres de l’équipe éducative se mirent à débattre d’une situation a priori anodine : fallait-il, ou non, accepter qu’une adolescente puisse amener avec elle son téléphone portable durant son stage en entreprise ? Suzanne utilisant de manière compulsive cet objet de télécommunication devenu chez beaucoup objet d’addiction, il avait été décidé de l’en sevrer à travers des règles strictes. Confisqué durant la majeure partie de la journée, son téléphone portable ne lui était restitué qu’en soirée, une heure avant le coucher. Or, le stage professionnel réalisé par cette jeune fille de 15 ans aurait subitement modifié la donne : elle allait mieux. Depuis onze mois que Suzanne était placée dans ce foyer, ses comportements, initialement perturbants et outranciers, s’étaient améliorés. Le fait d’exercer des responsabilités et de s’être acquis la confiance du directeur de l’entreprise aurait conduit à un changement chez Suzanne. Forte de ce mieux-être, elle avait sollicité son éducatrice pour demander un assouplissement de la règle : Suzanne désirait reprendre son téléphone ! Cette demande a suscité un vif débat au sein de l’équipe. Selon ceux qui estimaient qu’il n’était pas bon de défaire la règle, Suzanne allait « se griller » sur son lieu de stage si elle se mettait à utiliser son téléphone de manière pathologique, comme elle le faisait au foyer. Cependant, la jeune fille avait invoqué un motif professionnel : dans l’entreprise, elle n’arrivait pas à expliquer pourquoi elle n’avait pas de téléphone quand on lui demandait de passer des appels. Le fait d’être privée de téléphone stigmatisait ainsi cette adolescente dans sa situation d’enfant placée. Ce motif était convaincant pour une bonne partie des membres de l’équipe. De plus, beaucoup s’accordaient à rappeler que de toute façon Suzanne n’allait pas passer toute sa vie dans la structure : « Lorsqu’elle partira, elle sera seule avec son portable et personne ne pourra l’empêcher de l’utiliser. » De ce point de vue, il semblait préférable de le lui restituer dès maintenant afin qu’elle apprenne à se réguler. Autant qu’elle commence à se sevrer pendant que l’équipe était là pour l’y aider ; c’était l’idée défendue par certains. Cependant, leurs contradicteurs estimaient préférable de continuer à maintenir la règle. Selon les partisans de cette option, il importait de « tenir bon », c’était une question de crédibilité. Or, si certains affirmaient que c’était par souci de cohérence éducative qu’il fallait maintenir cette règle (« On ne va pas encore revenir sur ce qu’on a dit », dit l’un d’entre eux), d’autres s’inquiétaient davantage des conséquences que la levée de cette limite aurait sur le bien-être de l’adolescente. La règle, soulignaient-ils, avait pour but d’aider cette jeune fille décrite comme « accro ». Les parties en désaccord étaient mues par un objectif commun : aider Suzanne. Or, c’est ce désir commun qui les opposait car ils n’étaient pas d’accord quant à la conduite à tenir. Une éducatrice intervint pour dire que ce débat lui était pénible et que le groupe perdait son temps à tergiverser : « On chipote sur des détails, mais à quoi ça sert quand les choses vont si mal ! » Un de ses collègues lui répondit que de toute façon, « comme d’habitude », une partie de l’équipe appliquerait la règle pendant que les autres « s’en foutent ». Il lui fut rétorqué : « On ne s’en fout pas ; on n’est pas d’accord, on a le droit, non ? »

19Ce « détail » autour duquel l’équipe s’était mise à « chipoter » était nouveau. D’habitude, l’équipe ne faisait pas dans le détail. Des préoccupations vitales amenaient ses membres à fonctionner sur un mode opératoire privilégiant l’action. Tant est si bien qu’il était devenu difficile, si ce n’est impossible, de discuter en détail de la prise en charge des usagers et des désaccords qui allaient inévitablement de pair. J’en pris conscience à cette occasion. S’il était si souvent question de l’ambiance délétère qui régnait entre adulte et enfant, n’était-ce pas parce que cela évitait au groupe de se confronter à ses propres impensés ? Autour de l’exposition des divergences de points de vue relatifs à cette prise en charge, l’équipe se redécouvrait. Les professionnels se découvraient la possibilité de penser différemment.

20L’éducatrice référente de Suzanne dit qu’habituellement elle avait peur d’être jugée, mais qu’aujourd’hui il fallait qu’elle « avoue » qu’elle n’arrivait pas à faire tenir une autre règle relative à l’alimentation de Suzanne. Pour aider cette adolescente à contrôler des comportements alimentaires qualifiés de boulimiques, il avait été décidé de la surveiller de près pendant les repas afin de vérifier qu’elle ne se resserve pas. L’éducatrice expliqua qu’ayant elle-même un lien compliqué avec la nourriture elle n’arrivait pas à lui refuser du « rab ». Elle se doutait que ses collègues éventuellement au courant voyaient ça d’un mauvais œil. L’un d’eux dit qu’effectivement il s’était rendu compte que, lorsque sa collègue était de service, l’adolescente passait par elle pour contourner ladite règle. « Encore une fois, c’est moi le “méchant” et toi la “gentille” », dit-il à sa collègue.

21Cette séance mit donc en lumière des désaccords. Elle a été l’occasion d’exposer les différentes manières de voir et d’évoquer des divergences d’opinions et de méthodes sans en mourir. Cela était sans doute impossible avant. Pris dans le flot d’arrivées de nouveaux pensionnaires et le départ d’autres et bien souvent occupés à stopper des bagarres ou à poursuivre des ados en cavale, les professionnels étaient en effet dépassés. L’action prenait le pas sur la pensée, et ce même en séance d’analyse de pratiques où il était fréquent qu’une « urgence » empêche certains participants d’être présents. Le fait de moins courir, d’avoir plus le temps avait fait que tous pouvaient finalement se pencher plus en détail sur les questions induites par la prise en charge des jeunes. Autrement dit, ce point de détail relatif à la prise en charge de Suzanne ramenait finalement au sens que chacun donnait aux gestes du quotidien. C’est la raison pour laquelle les membres du groupe en vinrent à parler de leurs divergences.

22En matière de positionnement éducatif, on ne peut pas être en accord sur tout. La seule manière de l’être étant finalement de parler de choses vagues, de ce qui fait consensus (Fustier, 2012). Là où les gens parlent de la pluie et du beau temps pour éviter de parler de choses qui pourraient fâcher, les membres de cette équipe s’étaient accordés sur le fait qu’ils avaient en commun d’être victimes de l’agitation des jeunes. L’évocation répétitive d’un climat morose avait valeur de consensus, c’était un point d’accordage, l’occasion d’une alliance. N’est-il pas plus aisé de s’unir contre quelqu’un, de faire bloc face à l’adversité que de s’unir autour d’un sujet ? L’union fait la force, dit-on… Ici, cependant, cette union qui donne de la force semblait devenue une finalité en soi. Il ne fallait pas se désunir, cela aurait été trop dangereux.

23Notons qu’à l’occasion de la séance suivante l’éducatrice de Suzanne expliqua que l’adolescente était spontanément venue lui dire qu’elle acceptait finalement de laisser son portable entre les mains des professionnels. Un des participants rétorqua que tous s’étaient « cassé la tête pour rien ». Vraiment ? Si Suzanne a finalement accepté cette règle, c’est sans doute parce qu’elle s’est par ailleurs sentie contenue. Elle avait été psychiquement investie par des professionnels abordant son cas en détail. Pour remplir pleinement sa fonction de contenance, une équipe doit accepter de vivre les conflits que la prise en charge d’un sujet fait émerger en elle. Encore faut-il que ses membres se sentent suffisamment en sécurité pour s’autoriser à parler de tout, et donc de ce qui peut les désunir. Pour prendre en charge la souffrance du sujet, une équipe doit être en capacité de tolérer qu’il la déplace sur elle, qu’il la transfère sur le groupe. Cela implique qu’une conflictualisation des échanges soit possible. Accepter la conflictualité au sein d’un groupe nécessite que les individus qui le composent ne se sentent pas trop menacés par elle. En travaillant sur leur altérité, sur ce qui diffère dans leurs conceptions et leurs modes d’intervention, les acteurs opèrent alors un « réglage » vital.

En guise de conclusion

24Nous avons cherché à montrer qu’une équipe n’est pas seulement à concevoir comme un réservoir d’expériences accumulées (Gaillard et Pinel, 2011), mais est aussi le réceptacle de traumatismes qui s’amassent en elle. « Faire équipe » peut impliquer de s’accoutumer collectivement aux vécus douloureux qui traversent le groupe (Mellier, 2012). Pour pouvoir accueillir véritablement le sujet, il importe que le groupe puisse héberger sa problématique psychique sans être disloqué par elle. Il importe que les professionnels soient suffisamment unis. Ressentie par les usagers, leur cohésion aura pour vertu de les sécuriser. Cependant, le dispositif institutionnel n’offrira véritablement hospitalité au sujet que s’il est centré sur lui. La cohésion du groupe doit avant tout naître de la volonté des acteurs d’élaborer ensemble les situations qu’ils vivent séparément. Il s’agit donc moins d’uniformiser les procédures que d’y puiser collectivement du sens. Or, nous l’avons vu, quand ils se vivent comme débordés et qu’ils sont animés par des préoccupations de survie, les professionnels peuvent s’unir défensivement. L’union qu’ils forment alors les soude autour d’un commun besoin de dénier les affects vécus au contact du public pour se préserver des souffrances endurées. Dans cette solidarité obligée, les pratiques tendent à se scléroser. Les manifestations de la souffrance du public seront davantage perçues comme un danger dont l’équipe aurait pour fonction de protéger ses membres. Au risque que, finalement, les intérêts de l’institution aillent à l’encontre de ceux des personnes qu’elle accueille. Voilà le paradoxe que nous nous sommes efforcé de traiter ici.

25Il importe, pour terminer, de stipuler que ce travail est loin d’épuiser la diversité des contextes dans lesquels il est possible de repérer de telles configurations de lien. Plus une institution s’affaiblit dans sa capacité à étayer ses membres, moins leurs pratiques trouvent à être pensées et plus elles se rigidifient. La bureaucratisation du travail social est une conséquence assez peu explorée des processus auxquels nous nous sommes intéressés. Cependant, il va sans dire qu’elle n’en est pas le seul symptôme. Nous avons abordé comme en passant la question de l’exclusion des usagers ; il existe une institution où cette question de l’exclusion demeure aussi présente qu’elle paraît peu pensée : l’institution scolaire. Sans doute serait-il intéressant de s’intéresser à son fonctionnement pour pouvoir envisager plus en profondeur les défenses groupales pouvant présider aux renvois de certains collégiens.

26De surcroît, les modalités d’alliance mises en évidence ici ne sont pas spécifiques aux institutions accueillant des adolescents. Peut-être nos analyses contribueront-elles à ouvrir une plus large réflexion concernant les institutions œuvrant à l’accompagnement des publics. La bureaucratisation du fonctionnement, avec la rigidification des relations qu’elle implique, n’est-elle pas une problématique qui touche beaucoup de structures d’accompagnement et de soin ? Le présent travail ouvrira peut-être des pistes pour appréhender certaines impasses institutionnelles hâtivement traduites en termes de carences.

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Mots-clés éditeurs : angoisses collectives, Rigidification des liens institutionnels, mecs, violence vécue

Date de mise en ligne : 18/12/2020

https://doi.org/10.3917/nrp.030.0169

Notes

  • [1]
    La Protection judiciaire de la jeunesse, un centre médico-psychopédagogique, l’Aide sociale à l’enfance…

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