L’équation à laquelle on aimerait croire, peut-être parce que nous avons appris à être rassuré·es par cette croyance, est celle qui établit que le genre serait systématiquement et automatiquement en adéquation avec le sexe. Cela reviendrait à considérer que si un individu nait avec le sexe masculin, il sera un homme ; et si c’est avec le sexe féminin, une femme. Et même s’il apparait parfois difficile de se questionner sur ce qui semble évident, naturel, les choses ne sont pas dans la réalité aussi tracées, aussi rigides. D’une part, parce qu’il existe tout un éventail de caractéristiques sexuelles qui dépassent cette binarité : les personnes intersexes. D’autre part, parce que le genre, c’est-à-dire le fait de se sentir femme, homme ou autre, résulte d’un ensemble de mécanismes bien plus complexes que cette logique dichotomique (Détrez, 2015 ; Schneider, 2013). L’identité de genre, la corporalité du sexe et les orientations de la sexualité sont des concepts distincts et leur confusion risque de mener à une mauvaise perception des mécanismes à l’œuvre.
Nous sommes tous·tes des individus genré·es et souvent même avant notre naissance. « C’est une fille ou un garçon ? » n’est-elle pas l’une des premières questions que l’on pose à de futurs parents ? La réponse opère ce que l’on nomme une « assignation de genre » puisqu’elle détermine le genre de l’enfant uniquement sur base de ses caractéristiques sexuelles (Galinon-Mélénec et Martin-Juchat, 2014). Mais alors, quelle souplesse laisse-t-on à l’enfant si le genre qui lui est assigné ne coïncide pas avec son genre ressenti …