Notes
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[1]
Dans cet article, nous nous référons aux Farc-ep pour désigner spécifiquement la guérilla, et à la Farc pour renvoyer à l’ensemble de sa militance politique, dans le cadre notamment de la formation du nouveau parti Fuerza Alternativa Revolucionaria del Común (Force Alternative Révolutionnaire du Commun). Suite à la deuxième Assemblée Nationale s’étant tenue en janvier 2021, le parti a cependant changé de nom pour « Partido de los Comunes » (parti des Communs).
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[2]
L’élection en 2018 d’Ivan Duquel, représentant du parti du Centre démocratique ouvertement opposé à un accord avec les Farc-ep a constitué un frein brutal à la mise en œuvre de l’accord signé en 2016. La Colombie connaît en outre une recrudescence de violence illustrée notamment par l’élimination ciblée de leaders sociaux (représentants syndicaux, militants écologistes, défenseurs des droits humains) et d’anciens combattants par des groupes armées paramilitaires bénéficiant d’une impunité implicite.
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[3]
Pouvant être traduite en français par « approche intégrée de l’égalité hommes-femmes » le gender mainstreaming consite à prendre en compte systématiquement des effets des politiques publiques de façon à en transformer leurs impacts différenciés selon le genre. Nous utilisons les termes en anglais qui constitue le langage de référence des politiques internationales du genre.
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[4]
Entretien personnel mené le 19 mai 2017.
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[5]
Entretien avec Tanja Nijmeijer alias Alexandra Narño le 05 mars 2017.
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[6]
Entretien avec Tanja Nijmeijer alias Alexandra Nariño, Bogota, 05 mars 2017.
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[8]
Entretien avec Victoria Sandino, Bogota, 19 mai 2017.
Introduction
1En novembre 2016, le gouvernement colombien et les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (Farc-ep [1]) signaient un accord de paix historique mettant fin à un affrontement armé de plus d’un demi-siècle. Bien qu’il n’ait pas sonné le glas de la violence et que plusieurs groupes armés extralégaux sont restés actifs sur une grande partie du territoire national [2], l’accord de paix a signifié un véritable tournant pour la sortie de conflit en Colombie. Document de près de 300 pages issus de quatre ans de négociations à La Havane, il s’articule autour d’une série de points-clefs tels que l’accès à la terre, la participation politique, la substitution des cultures illicites ou encore la justice transitionnelle, pensés comme étant les moteurs d’une transformation profonde et nécessaire de la société colombienne. Si, entre l’engagement sur papier et la mise en œuvre concrète de ces mesures, un gouffre existe, l’accord de paix colombien représente néanmoins bien plus qu’un consensus entre deux parties adverses et est pensé comme une solution aux causes structurelles ayant engendré le conflit.
2Parmi elles, les inégalités hommes-femmes, et plus généralement les discriminations de genre, sont particulièrement débattues au cours des négociations. L’adoption de la résolution 1325 « Femmes, paix et sécurité » par le Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU) en octobre 2000 a en effet ouvert la voie à une plus grande prise en compte des femmes et du genre pour la prévention et la résolution des conflits armés. La question de la participation des femmes aux négociations de paix a dès lors été considérée comme un aspect central et fait l’objet d’expérimentations diverses (Bell, 2018 ; True et Rivero Morales, 2019). L’accord de paix colombien est cependant le premier à adopter le genre comme perspective transversale à l’ensemble des engagements pris par les parties (Salvesen & Nylander, 2017 : 4). Cela a été rendu possible par la mise en place, en septembre 2014, d’une sous-commission pour le genre, dont les objectifs étaient de veiller à la prise en compte et à la participation des femmes dans le processus de paix. Composée par des ex-combattantes représentantes des Farc-ep et de déléguées gouvernementales, la sous-commission avait pour mission de veiller à l’inclusion de la problématique de genre dans les négociations. Sa mise en place répond à une demande croissante de la part des organisations de femmes de la société civile colombienne à ce que les femmes soient mieux représentées et prises en compte dans le processus de paix. Pour les ex-combattantes de la guérilla amenées à y participer, la sous-commission s’est rapidement convertie en un nouvel espace d’action leur permettant d’acquérir une visibilité sans précédent dans les négociations de paix et de négocier leur positionnement sur le nouvel échiquier politique national. Ainsi que l’a souligné Sarai Aharoni dans le cas des négociations israélo-palestiennes à Oslo, les femmes jouent en effet depuis les coulisses, un rôle essentiel de « médiatrices invisibles » et se montrent capables de passer au-dessus des barrières divisant les diverses hiérarchies et sous-groupes formés par les instances de négociation (Aharoni, 2011 : 413). Les liens tissés au travers de leur participation à la sous-commission avec des femmes issues de divers secteurs (représentantes du gouvernement, fonctionnaires internationales, militantes féministes) ont permis aux ex-combattantes des Farc-ep de se constituer un capital social et symbolique qui a pu être réinvesti sur le plan de la participation politique.
3L’objectif de cet article est d’analyser les stratégies adoptées par les ex-combattantes des Farc-ep afin de négocier la paix, mais aussi de promouvoir les idées féministes au sein de leur organisation. Il s’agit ainsi d’observer une double négociation : celle, officielle, avec le gouvernement colombien, mais aussi celle, plus officieuse, avec la haute hiérarchie des Farc. En s’affirmant à la fois (ou tour à tour) en tant que militantes de la gauche révolutionnaire et féministes, les farianas présentent une identité stratégique duale qui leur permet de naviguer entre les différents espaces constituant la « construction de la paix » en Colombie.
4Une première partie de cet article est consacré à l’émergence du sujet « genre » dans les négociations de paix en Colombie. Nous verrons notamment que la création de la sous-commission répond avant tout à une évolution des politiques internationales de la paix favorisant une approche multidimensionnelle et des interventions plus centrées sur la question de la sécurité humaine. La deuxième partie s’intéresse au fonctionnement de la sous-commission sur le genre et plus particulièrement à la façon dont elle a pu donner lieu à une nouvelle forme de militantisme des femmes ex-combattantes. Au travers de la revendication d’un « féminisme insurgé » les farianas parviennent en effet à s’affirmer en tant qu’actrices incontournables de la sortie de conflit et à renverser les stéréotypes de genre. La réflexion conclusive aborde les différents enjeux soulevés par la participation des femmes ex-combattantes aux négociations de paix pour la sortie de conflit en Colombie, interrogeant à la fois ses potentialités et limites.
5Mon propos s’appuie sur des données recueillies entre fin 2015 et fin 2019 en Colombie au travers d’une quinzaine d’entretiens ouverts réalisés avec des ex-combattant.e.s, des fonctionnaires colombien.ne.s et des membres de la communauté internationale, ainsi que d’observations ethnographiques menées dans trois camps de démobilisation des Farc-ep entre février 2017 et septembre 2019. À ces procédés formels s’ajoutent des données recueillies de façon indirecte, par exemple en étant moi-même invitée à intervenir en tant qu’experte auprès de différentes catégories d’acteurs de la coopération internationale, ou encore au travers de conversations informelles et d’échanges collectifs.
1. Que signifie négocier la paix au prisme du genre ? La question du genre dans les négociations de paix en Colombie
1.1 Mise en place et fonctionnement de la sous-commission sur le genre
6La participation effective des femmes à la résolution et prévention des conflits se présente comme un objectif affiché des Nations Unies depuis la quatrième conférence mondiale de Pékin en 1995. Il faut cependant attendre la fin de l’année 2000 et l’adoption par le CSNU de la résolution 1325 pour que soit formalisée une véritable politique de gender mainstreaming pour la paix et la sécurité internationales [3]. Dix autres résolutions ont depuis été adoptées par le CSNU, structurant l’architecture de l’agenda international « Femmes, paix et sécurité » (FPS) servant de cadre à l’élaboration de programmes et de politiques de promotion de l’égalité femmes-hommes dans le domaine sécuritaire.
7Lorsque les négociations de paix entre le gouvernement colombien et la guérilla des Farc débutent à La Havane en septembre 2012, l’agenda FPS est déjà bien consolidé, ayant permis de former toute une génération d’expert.e.s issu.e.s des milieux académiques, diplomatiques ou encore militants dont les réseaux apparaissent bien institutionnalisés. Des leçons ont pu être tirées de précédentes interventions dans le cadre des sorties de conflit, faisant du processus de paix colombien une véritable mise à l’épreuve pour les promoteur.ice.s de l’agenda FPS afin qu’il soit pris en compte sérieusement dans les négociations (Boutron, 2018 :117). Or les femmes restent d’abord résolument absentes de la table des négociations et totalement invisibles au sein des délégations envoyées par les deux parties. Tout au plus apparaissent-elles comme des secrétaires, prenant des notes au cours des réunions sans participer aux discussions (Cespedes Báez & Jarmarillo Ruiz, 2018 : 93). Cette situation évolue grâce à la pression conjuguée des associations féministes colombiennes et de la coopération internationale. En juin 2014, le gouvernement colombien annonce finalement la mise en place d’une sous-commission sur le genre composée de dix membres, cinq pour chacune des deux parties. Autour d’elles gravitent d’autres acteurs (et surtout actrices), représentantes d’organisations féministes, expertes, médiateur.ice.s, diplomates, qui leur apportent un soutien technique, financier et logistique (Salvesen & Nylander, 2017 :3).
8Ayant pour principal objectif une meilleure prise en compte des différentes expériences vécues par les femmes pendant le conflit ainsi que leur plus grande participation au processus de paix, la sous-commission a permis de donner une légitimité à des thématiques généralement traitées en marge des négociations de paix officielle. Sa mise en place se présente comme une victoire pour le mouvement féministe pour la paix colombien, en ayant permis notamment à des représentantes d’organisations très diverses de faire le voyage jusqu’à La Havane pour faire part de leurs expériences et propositions. Ainsi, à trois reprises entre décembre 2014 et mars 2015, la sous-commission organise des réunions au cours desquelles elle a pu échanger avec des déléguées d’organisations de femmes comme l’Association nationale de femmes indigènes et paysannes de Colombie, la Corporation colombienne de théâtre en représentation des femmes « Art et Art dans la paix », ou encore Colombie diverse, principale association de défense des droits des personnes LGBTI. Le mouvement de femmes pour la paix en Colombie est structuré autour d’organisations emblématiques comme la Route pacifique ou l’Initiative des femmes pour la paix, mais aussi d’ONG féministes professionnelles, comme Humanas ou encore la Maison de la femme, qui ont assumé un rôle d’intermédiaires entre les acteurs institutionnels du processus de paix – et particulièrement ceux agissant pour la coopération internationale – et des organisations plus petites et plus régionalisées. Bien qu’il ne soit pas exempt de divisions et rivalités internes, le mouvement de femmes pour la paix en Colombie a su se rassembler autour de ces organisations fédératrices qui ont joué un rôle moteur dans la création de la sous-commission et plus généralement dans la participation des femmes aux négociations de paix.
9L’ensemble de ses participantes et facilitatrices siégeant ou gravitant autour de la sous-commission forment ainsi en réalité un groupe sensiblement hétérogène et concurrentiel, à commencer par les représentantes des deux parties dont les intérêts restent intrinsèquement liés à ceux de leurs délégations respectives.
1.2 Les ex-combattantes à la sous-commission pour le genre : entre alliances contre nature et nouvelles solidarités
10Si la sous-commission pour le genre voit le jour suite à la pression politique exercée par les organisations féministes colombiennes avec le soutien d’acteurs de la communeauté internationale comme ONU Femmes, sa mise en place a effectivement été rendue possible grâce aux discussions informelles s’étant tenues entre les rares femmes présentes au sein des deux délégations. En effet, bien qu’aucune d’entre elles n’occupe de position plénipotentiaire à l’ouverture des négociations en septembre 2012, plusieurs postes clefs au sein des équipes de négociateurs sont occupés par des femmes. Elles exercent ainsi des fonctions de conseillères, communicantes, administratrices ou encore de responsables logistique.
11C’est le cas, par exemple, de la lieutenante de vaisseau Juanita Millán, conseillère du négociateur plénipotentiaire général Jorge Moral Rangel et seule femme militaire présente aux négociations. Parce qu’elle fait partie des rares femmes de la délégation colombienne, mais aussi en raison de son statut de militaire, Juanita Millán parvient à établir des relations privilégiées avec les représentantes des Farc-ep. Ainsi que le souligne la commandante des Farc-ep aujourd’hui sénatrice Victoria Sandino, seule femme à avoir occupée une position en tant que négociatrice plénipotentiaire dans la délégation des Farc, il était plus facile pour les Farc-ep d’échanger avec les militaires présents dans la délégation gouvernementale [4]. Militaires et guérilleros, selon elle, partagent en effet un ensemble de valeurs et de codes qui ont rendu plus aisés les échanges dans les premiers temps des négociations. Cette affirmation a été à maintes reprises réitérée au travers des autres entretiens menés, aussi bien par des hommes que des femmes. Cette entente par les armes entre les représentantes des deux délégations leur a permis d’élaborer une stratégie commune dans le but de convaincre leurs hiérarchies respectives de mettre en place un mécanisme formel de participation et de prise en compte des femmes dans le processus de paix. Ainsi que le souligne l’ex-combattante Tanja Nijmeijer, cette stratégie repose en grande partie sur l’idée de laisser entendre à leurs chefs que « l’autre camp » envisage une telle initiative et que ce serait une grande erreur politique que de « rester à la traîne [5] ». L’argument mobilisé par les ex-combattantes consiste avant tout à présenter la sous-commission pour le genre comme une opportunité politique permettant aux FARC de faire preuve de modernité.
12Les militantes des Farc-ep sont bien placées pour investir la sous-commission. En effet, si elles ne sont pas présentes à la table principale des négociations lorsqu’elles débutent, elles participent activement à l’ensemble des travaux menés au sein des divers comités et groupes de travail internes. Les femmes représentent, dès 2013, jusqu’à 50 % des membres de la délégation des Farc-ep (Paarlberg-Kvam, 2019 : 163). Elles jouent notamment un rôle prépondérant au sein de la Commission de communication de la délégation des Farc-ep où elles assument un certain nombre de fonctions en tant qu’attachées de presse, animatrices de réseaux sociaux ou encore porte-parole auprès des ambassades et représentants diplomatiques (Corporación Huamanas & CIASE, 2017 : 26). L’investissement du secteur de la communication est en réalité une continuité de leurs activités combattantes. Il n’était en effet pas rare, pendant le conflit, que le responsable de l’équipe de communication et de transmission radio soit une femme, cela en raison notamment de la division sexuelle du travail ayant caractérisé la sphère combattante, à l’instar de ce qui a été constaté par Jules Falquet dans l’exemple salvadorien (Falquet, 2002 : 112). Cela leur a permis d’acquérir un ensemble de savoir-faire et de compétences aisément mobilisables pendant les négociations de paix.
13Les ex-combattantes occupent aussi des positions stratégiques au sein de la Commission sur les organisations, dont la principale fonction est de gérer les relations avec les organisations nationales et internationales. C’est dans ce cadre qu’elles échangent avec des représentantes d’associations féministes colombiennes, ainsi qu’avec les institutions internationales engagées dans la promotion de l’agenda FPS. Certaines des militantes Farc, qui avaient jusque-là occupé un rang intermédiaire au sein de la guérilla, accèdent dès lors à de nouveaux espaces d’action et de reconnaissance alors que l’égalité de genre s’impose peu à peu comme un enjeu du processus de paix. Le séjour à La Havane, avant même que la sous-commission soit mise en place, se présente ainsi comme une ouverture vers de nouveaux horizons militants, dont les répercussions sont observées au niveau local : les ex-combattantes contribuent activement à la « pédagogie de paix » élaborée par les Farc dans le but de faciliter l’articulation et les échanges entre les dirigeants du parti et la base. Cela se traduit par des déplacements fréquents de membres de la délégation entre La Havane et les diverses zones de front, mais aussi par une contribution à l’organisation d’événements ayant pour objectif de retisser des liens entre les Farc-ep et les communautés locales.
14La contribution des ex-combattantes à ces différentes activités les met régulièrement en relation avec des représentants de la société civile – dont les organisations féministes – fréquemment consultés dans le cadre de travaux préparatoires de la délégation Farc. Or si ces rencontres peuvent faire l’objet de réunions officielles, elles ont aussi bien souvent lieu dans des couloirs autour d’une pause-café, dans le hall d’un hôtel, voire même dans une salle d’embarquement. Ainsi, tandis que des questions centrales comme la participation politique, la réforme agraire ou encore la lutte contre la culture illicite de coca accaparent l’ensemble de l’attention médiatique, un très grand nombre de discussions, d’échanges, voire de tractations ont lieu à un niveau intermédiaire. Cette « diplomatie de couloirs » permet dans certains cas de dépasser les divisions partisanes et de prendre en compte des intérêts formulés par différents acteurs situés en marge des discussions officielles. Les travaux menés par la sous-commission s’accompagnent ainsi d’un ensemble d’activités satellites plus ou moins formelles (petits déjeuners, entretiens privés, rencontres diverses) ayant permis des échanges et rapprochements entre les membres des deux délégations et les représentantes des diverses organisations de femmes invitées à La Havane.
15La création de la sous-commission sur le genre dans les négociations de paix entre le gouvernement colombien et les Farc se présente comme une illustration de l’évolution du sens donnée à « la paix » qui n’est plus seulement abordée comme la cessation des hostilités mais bien comme l’établissement d’un nouveau contrat social. Dans le cas des négociations entre le gouvernement colombien et les Farc-ep, la prise en compte de la dimension de genre apparaît de prime abord comme quelque chose d’imposée par des acteurs extérieurs à la guérilla : sans la ténacité des organisations féministes et l’intensité de leurs mobilisations dès le début des négociations, les questions de genre seraient restées marginales. La sous-commission pour le genre n’aurait cependant pas pu voir le jour sans l’accord passé entre les représentantes des Farc et du gouvernement colombien afin de faire pression sur leurs propres délégations. En tant que déléguées pouvant directement influencer les négociations, elles se trouvent en effet dans une position avantageuse pour plaider la cause des femmes (Vargas & Días Pérez, 2018 : 403). Si elles peuvent initialement ne pas être sensibles aux questions de genre, elles se convertissent en partenaires stratégiques des organisations féministes (Krause & al., 2018 : 991). Les ex-combattantes ont ainsi acquis la reconnaissance des représentantes de la délégation du gouvernement colombien, dont plusieurs se sont déclarées surprises voire admiratives « de la discipline et du niveau de préparation » de leurs homologues Farc (Trisko Darden & al., 2019 : 68). La sous-commission pour le genre se convertit en effet rapidement en un nouvel espace d’action collective à partir duquel elles négocient leur participation politique en tant que féministes et ex-combattantes.
2. Se faire entendre en tant que féministes et ex-combattantes : émergence de l’identité fariana
2.1 Les négociations de paix comme « école du féminisme » pour les Farc-ep
16Si la mise en place de la sous-commission pour le genre apparaît comme une victoire des organisations féministes mobilisées depuis le début des négociations de paix, elle se présente aussi comme une « école du féminisme » pour les ex-combattantes des Farc-ep. La sous-commission se constitue en effet rapidement comme un espace à partir duquel elles vont tenter d’intervenir de façon critique sur l’orientation politique de leur futur parti de façon à y inclure une posture féministe. Au travers de leurs activités à la sous-commission, les femmes ex-combattantes prennent conscience de la façon dont leur genre a pu influencer leur expérience du conflit. Ainsi que le reconnaît Tanja Nijmeijer, sa participation à la sous-commission lui a permis de prendre progressivement conscience des logiques patriarcales caractérisant l’organisation de la guérilla :
« Avant je pensais que si on ne me laissait pas utiliser la débroussailleuse, par exemple, c’est parce que je venais de la ville, mais maintenant je me rends compte que c’est surtout parce que j’étais une femme et que je n’étais donc pas supposée utiliser ce genre d’outil. Je n’avais pas réfléchi à tout ça avant les négociations de paix, mais lorsque j’ai commencé à travailler à la sous-commission je me suis rendue compte de certaines choses [6] ».
18De nationalité hollandaise, Tanja Nijmeijer est connue du public depuis que son journal intime a été retrouvé par des militaires lors d’une fouille d’un camp des Farc-ep en 2007. Elle fait en outre partie des rares étrangères – européennes de surcroît – à s’être engagée dans la guérilla. Elle est présente à La Havane dès les débuts des négociations, en raison de sa maîtrise de l’anglais qui lui permet d’assurer des fonctions d’interprète et de secrétariat, en compagnie notamment de Victoria Sandino. Lorsque la sous-commission sur le genre est mise en place, Tanja Nijmeijer et Victoria Sandino sont ainsi toutes deux « naturellement » désignées par leurs camarades afin d’y siéger. Victoria Sandino est cependant la seule à avoir participé aux travaux de la sous-commission sur toute la durée de son mandat, tandis que les autres représentantes des Farc-ep sont régulièrement renouvelées. Aussi bien du côté de la délégation gouvernementale que de celle des Farc-ep en effet, la politique est d’en diversifier les membres, ce qui se traduit par de fréquents changements au sein des différentes commissions et groupes de travail formés autour de la table des négociations. La relative volatilité du groupe formé par les ex-combattantes à la sous-commission a pu représenter un frein à l’aboutissement de certains travaux. Mais elle a aussi permis que les questions de genre soient diffusées dans d’autres espaces de discussion au sein de la guérilla, dans la mesure où il n’était pas rare que des ex-combattantes ayant siégé à la sous-commission ou ayant contribué à ses travaux soient par la suite amenées à intégrer d’autres commissions ou exercer d’autres fonctions.
19Les négociations de paix ont en effet représenté une opportunité pour les femmes ex-combattantes de rompre avec les représentations couramment diffusées par les médias et présentant majoritairement les femmes intégrées aux groupes armés comme victimes de recrutement forcé ou de violences sexuelles. La création en 2013 d’une page Web intitulée Mujer Fariana spécifiquement destinée à rendre visible l’histoire et le rôle des femmes dans la guérilla a notamment permis aux ex-combattantes des Farc-ep de gagner en visibilité en tant que femmes et combattantes [7]. Chaque jour de nouveaux contenus sont publiés et on y trouve différents types de textes et documents : des témoignages sur la vie des femmes dans la lutte armée, des éphémérides, des hommages rendus à des féministes internationalement reconnues, ou encore des articles portant sur la lutte pour l’émancipation des femmes en Colombie et dans le monde. Le site internet se convertit ainsi en tribune publique pour les farianas dont l’identité collective est en construction. Présentée au départ comme une rubrique du site internet officiel des Farc-EP, Mujer Fariana devient peu à peu un instrument de participation politique pour les femmes ex-combattantes dont la maîtrise des réseaux sociaux s’affirme à mesure qu’avancent les négociations. Des militantes comme Manuela Marín ou Victoria Sandino n’hésitent ainsi pas à se déclarer féministes sur leurs comptes personnels Twitter et Instagram. Au-delà des effets d’annonce, cet usage des réseaux sociaux permet aux femmes ex-combattantes d’intervenir directement dans le débat public en se passant d’intermédiaire, mais aussi de se faire entendre au sein de leur délégation. En ce sens, les farianas s’adressent aussi bien au public en général qu’à leurs propres compagnons d’armes.
20Derrière la maîtrise des réseaux sociaux, un travail réflexif est engagé par la militance féminine des Farc afin d’élaborer leur propre vision du féminisme en rapport avec la lutte révolutionnaire dont elles continuent de se revendiquer. L’enjeu, en effet, est de créer leur propre positionnement féministe en faisant en sorte qu’il soit intégré dans l’orientation politique du futur parti tout en se dotant d’une identité stratégique leur permettant de se rendre visibles en tant que femmes et actrices du processus de paix. Ainsi que le souligne Victoria Sandino : « Si nous voulons que les femmes colombiennes deviennent des protagonistes de la vie politique du pays, nous (les Farianas) devons être des protagonistes dans notre propre organisation (…) il s’agit donc d’un processus à la fois interne et externe [8]». Les représentantes de la délégation des Farc-ep participant à la sous-commission pour le genre adoptent ainsi un positionnement qui leur est propre à la croisée du féminisme et de la lutte révolutionnaire, ce qui leur permet de se faire identifier en tant qu’actrices à part entière du processus de paix. Ce faisant, les militantes des Farc-ep ont l’opportunité d’influer sur l’élaboration d’une politique de réinsertion des ex-combattant.e.s plus inclusive. En effet, si les différents programmes de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR) mis en œuvre depuis l’adoption de la résolution 1325 ont cherché à intégrer une dimension de genre, peu d’entre eux ont réussi à investir la problématique en tant que moteur de transformation sociale (Mazurana, 2018). Or les négociations de paix de La Havane se présentent comme l’un des seuls cas (si ce n’est le seul) où les femmes ex-combattantes ont réussi à participer directement aux négociations concernant les différents modes de réintégration des ex-combattants.
2.2 Lorsqu’une guérilla marxiste devient féministe : le « féminisme insurgé » et son rôle dans la reconversion politique des Farc.
21Alors que la guérilla reconnaît les femmes comme des combattantes à part entière depuis le début des années 1970, elles n’ont cependant commencé à l’intégrer de façon massive qu’à partir de la décennie suivante. Cette période correspond à une évolution dans la stratégie des Farc-EP, qui cherchaient alors à accroître leurs effectifs et à s’étendre sur l’ensemble du territoire national. L’intégration des femmes a répondu ainsi avant tout à un besoin de main d’œuvre combattante plus qu’à une évolution de leur posture idéologique, qui reste essentiellement centrée sur la lutte des classes. Ainsi, alors que sa progressive féminisation a posé les bases d’une égalité de principe entre les hommes et les femmes, la haute direction de la guérilla est pendant longtemps restée exclusivement masculine (Castrillón Pulido, 2015 : 83). Ce n’est en effet qu’en 2014 – pendant les négociations de paix donc – qu’une femme intègre pour la première fois l’État-major central, l’instance dirigeante des Farc-ep. Intégrer la guérilla impose en outre aux femmes une nouvelle façon d’habiter leur corps, alors qu’elles doivent se soumettre aux mêmes entraînements physiques et militaires que les hommes et que la relative libéralité concernant les relations entre combattants leur permet d’expérimenter plus librement leurs premières expériences sexuelles et affectives. Finalement, si elles n’accèdent pas aux plus hautes positions hiérarchiques, les femmes parviennent néanmoins à exercer des fonctions de commandement intermédiaires, voire à être cheffes de front. Là encore, elles participent au travail militant de leur organisation et accèdent, au même titre que leurs compagnons d’armes, à une conscientisation politique. Les femmes combattantes font dès lors preuve d’une autonomie inédite qui tend cependant à être remise en question lors de leur retour à la vie civile (Barrios Sagobal & Richter, 2019 :760). Les programmes de réintégration proposés aux femmes démobilisées prennent en effet rarement en compte les savoirs et compétences acquises dans la guérilla : en Colombie comme ailleurs, il est le plus souvent attendu des femmes combattantes qu’elles « redeviennent des femmes » et se réapproprient les codes et valeurs traditionnels de la féminité. L’égalité des sexes telle qu’elle est conçue et mise en pratique par les Farc-ep se heurte ainsi à la faible présence des femmes dans ses instances de direction et les injonctions qui leur sont faites de retrouver leur place au sein du foyer.
22C’est à partir de ce double paradoxe que se construit le « féminisme insurgé ». À la croisée des revendications féministes et des luttes révolutionnaires, il est pensé comme un mode d’action collective permettant de réaffirmer les principes révolutionnaires ayant inspiré la lutte armée tout en investissant de nouveaux espaces de mobilisation. Pour les farianas, l’objectif est de créer leur propre vision du féminisme à partir de leur expérience concrète dans la lutte armée, qu’elles considèrent avoir été un instrument d’émancipation féminine. Loin de renier leur participation au conflit, elles revendiquent leur expérience combattante comme une illustration de leur engagement politique. Cette construction d’une identité collective farianas s’appuie sur un travail politique mené au sein des Farc. Le projet de reconversion de la guérilla en parti politique se présente en effet pour les ex-combattantes comme une opportunité de consolider leurs positions nouvellement acquises. Le capital social et symbolique accumulé au travers de leur participation aux négociations leur permet en effet de contribuer activement au débat sur l’orientation idéologique du futur parti. Cette influence est manifeste lors de la tenue de la dixième (et dernière) conférence des Farc-ep en 2016, à l’issue de laquelle sont annoncées un ensemble de mesures visant à améliorer la participation et la représentation des femmes aux postes de direction. En parallèle, les farianas publient un document expliquant la façon dont le « féminisme insurgé » sera intégré dans le futur parti, tant au niveau idéologique que structurel. Présenté comme un moyen de rassembler les diverses luttes contre le patriarcat, le racisme, l’impérialisme ou encore l’homophobie, le « féminisme insurgé » fait en effet l’objet d’une série de réarrangements institutionnels comme la création au sein du futur parti d’un comité pour le genre. Il n’est donc pas simplement un vœu pieu ou une volonté d’affichage mais fait bien partie des engagements militants pris par les Farc dans le cadre des négociations de paix.
23En dehors de son contenu militant et du sincère enthousiasme qu’il suscite parmi bon nombre d’ex-combattants, femmes et hommes, le « féminisme insurgé » se présente avant tout comme une stratégie élaborée par les Farc afin de conserver leur capacité d’action dans le nouveau scénario de la sortie de conflit. L’adoption du « féminisme insurgé » comme posture officielle leur permet en effet d’accéder en tant que collectif aux ressources disponibles dans le cadre du soutien accordé, par divers organismes de coopération, aux femmes ex-combattantes. Mais surtout, le « féminisme insurgé » présente un autre visage de la guérilla, dans un contexte où elle doit faire face à nombre de critiques sur ses politiques sexuelles et reproductives pendant le conflit (Gutiérrez Sanín & Carranza Franco, 2017 : 775). Les Farc-ep sont appelées à répondre à des accusations d’avortements forcés, de viols et de harcèlement sexuel émanant des institutions judiciaires colombiennes, d’organisations de la société civile mais aussi d’ex-combattantes démobilisées. Leur engagement pour l’égalité des genres et pour le respect des diversités sexuelles se présente ainsi comme une stratégie d’influence qui leur permet de conserver le soutien de la communauté internationale en faisant valoir leur contribution dans la mise en œuvre de l’agenda FPS.
24Le « féminisme insurgé » apparaît en outre comme un effort de redynamisation du collectif face à la stratégie gouvernementale d’individualiser le processus de réintégration et de désarticuler les réseaux de solidarité constitués au travers de la vie dans la guérilla. Au-delà de l’effet de « civilianisation » qu’il produit, le « féminisme insurgé » permet de créer des espaces de mobilisation collective au sein desquels se définissent de nouvelles formes de militantisme. Les « ateliers genre » organisés tout au long de l’année 2017 dans différents camps de démobilisation ont par exemple permis de mener une réflexion collective sur la façon de concrétiser la posture féministe au sein du futur parti des Farc, mais aussi sur ses implications concrètes dans la vie quotidienne au sein des communautés formées par les ex-combattant.e.s.
25Ainsi, les femmes ex-combattantes des Farc-ep ont émergé en tant que nouvelle catégorie d’actrices dans le cadre des négociations de paix de La Havane, sans toutefois se désolidariser de leur organisation : en négociant en tant que femmes, mais aussi en tant que vétéranes, elles ont réussi à se positionner comme des intermédiaires privilégiées entre l’ancienne guérilla et l’ensemble des acteurs médiateurs, consolidant ainsi leur capital social et politique.
Conclusion : Potentialités et limites de la participation des femmes ex-combattantes aux négociations de paix
Qui négocie, au nom de qui ? Que négocie-t-on ?
26La création de la sous-commission pour le genre a favorisé une plus grande participation des femmes des deux délégations engagées dans les négociations. Les représentantes des Farc ont su en tirer profit de façon à émerger en tant qu’actrices à part entière du processus de paix. En ce sens, elles participent aux négociations à la fois en tant que membres de la guérilla, à la fois en tant que « femmes ». Les négociations de paix de La Havane ont ainsi vu émerger pour la première fois la catégorie « femmes combattantes ». La nouveauté est que ces actrices négocient à la fois en leur nom (lorsqu’elles réclament notamment un programme de réintégration sensible au genre), à la fois en celui de leur organisation (en tant que membres de la délégation des Farc), mais aussi au nom des femmes colombiennes (lorsqu’elles exercent une pression pour qu’une perspective de genre soit inclus transversalement dans l’accord de paix). En ce sens, elles établissent des alliances diverses parfois contre nature, puisqu’à plusieurs reprises elles s’associent avec leurs adversaires afin de faire pression sur la direction de leur propre délégation.
27La formulation du « féminisme insurgé » en tant qu’effort de théorisation de la posture des Farc face aux revendications féministes se présente comme une illustration de cette « double négociation » à laquelle se livrent les ex-combattantes. Le « féminisme insurgé » apparaît en premier lieu comme le résultat d’une négociation de valeurs à la fois vers l’extérieur, mais aussi en interne des Farc. Tout en s’appuyant sur les connaissances acquises par les ex-combattantes au travers de leur participation à la lutte armée, il permet de réinvestir et de revaloriser l’expérience de la lutte armée de façon à ce qu’elle n’agisse pas en tant que stigmate. Le « féminisme insurgé » se présente par ailleurs comme un élément du répertoire d’action dont dispose les ex-combattantes afin de négocier leur repositionnement sur l’échiquier politique de la sortie de confit en Colombie. Il se veut en ce sens un moteur de leur subjectivation politique. Finalement, le « féminisme insurgé » apparaît comme un moyen pour l’ensemble des Farc de conserver une identité collective mise à mal par la stratégie d’individualisation du processus de réintégration telle qu’elle est pensée par le gouvernement colombien.
Jusqu’où négocie-t-on ?
28Le « féminisme insurgé » en tant qu’expression de la subjectivation politique des femmes ex-combattantes trouve cependant un certain nombre de limites. La première réside dans les difficultés à une véritable réappropriation de ces principes par les bases militantes restées loin de La Havane. La deuxième se réfère aux risques de récupération de la part de différents groupes acteurs, qu’il s’agisse des Farc eux-mêmes ou d’acteurs extérieurs. Parce qu’elles se présentent comme une catégorie d’actrices particulièrement prisées par la coopération internationale, les femmes combattantes apparaissent comme un élément moteur du marché concurrentiel de l’aide internationale accordée pour la mise en œuvre de l’accord de paix.
29Le retour d’une droite opposée à l’accord de paix avec les Farc lors des dernières élections présidentielles de 2018 a constitué un véritable frein à sa mise en œuvre. Dans un tel contexte, le « féminisme insurgé » a quelque peu perdu de sa superbe, alors que les Farc – devenues depuis un parti politique – font face à des défis sécuritaires et économiques liés à la persistance de la violence armée et aux réticences manifestes du gouvernement d’accorder les aides prévues par l’accord.
30Malgré cela, les négociations de paix de La Havane ont permis pour la première fois aux femmes combattantes de s’affirmer en tant qu’actrices politiques de la sortie de conflit, permettant l’introduction de nouvelles thématiques (comme celle du genre), mais aussi la participation d’acteurs « non conventionnels » (comme les organisations féministes). En ce sens, la Colombie crée un précédent qu’il conviendra de suivre sur d’autres scènes.
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Mots-clés éditeurs : Colombie, féminisme insurgé, Farc, genre, négociations de paix
Date de mise en ligne : 01/03/2021
https://doi.org/10.3917/neg.034.0063Notes
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[1]
Dans cet article, nous nous référons aux Farc-ep pour désigner spécifiquement la guérilla, et à la Farc pour renvoyer à l’ensemble de sa militance politique, dans le cadre notamment de la formation du nouveau parti Fuerza Alternativa Revolucionaria del Común (Force Alternative Révolutionnaire du Commun). Suite à la deuxième Assemblée Nationale s’étant tenue en janvier 2021, le parti a cependant changé de nom pour « Partido de los Comunes » (parti des Communs).
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[2]
L’élection en 2018 d’Ivan Duquel, représentant du parti du Centre démocratique ouvertement opposé à un accord avec les Farc-ep a constitué un frein brutal à la mise en œuvre de l’accord signé en 2016. La Colombie connaît en outre une recrudescence de violence illustrée notamment par l’élimination ciblée de leaders sociaux (représentants syndicaux, militants écologistes, défenseurs des droits humains) et d’anciens combattants par des groupes armées paramilitaires bénéficiant d’une impunité implicite.
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[3]
Pouvant être traduite en français par « approche intégrée de l’égalité hommes-femmes » le gender mainstreaming consite à prendre en compte systématiquement des effets des politiques publiques de façon à en transformer leurs impacts différenciés selon le genre. Nous utilisons les termes en anglais qui constitue le langage de référence des politiques internationales du genre.
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[4]
Entretien personnel mené le 19 mai 2017.
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[5]
Entretien avec Tanja Nijmeijer alias Alexandra Narño le 05 mars 2017.
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[6]
Entretien avec Tanja Nijmeijer alias Alexandra Nariño, Bogota, 05 mars 2017.
- [7]
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[8]
Entretien avec Victoria Sandino, Bogota, 19 mai 2017.