Couverture de NEG_033

Article de revue

Negociations, concertations et enseignements pour la protection de l’environnement – en souvenir de Laurent Mermet

Pages 25 à 40

Notes

  • [1]
    Dans l’article, « la biosphère regroupe l’ensemble des écosystèmes de la planète », sachant qu’« un écosystème est un système formé par un environnement (biotope) et par la communauté d’espèces qui y vit, s’y nourrit et s’y reproduit (biocénose). L’air, la terre, l’eau et les organismes vivants, y compris les êtres humains, interagissent ensemble pour former un écosystème, c’est la base de l’environnement. Il existe plusieurs écosystèmes qui ne sont pas isolés les uns des autres : une forêt, un étang ou une plage sont différents écosystèmes qui interagissent ensemble », site internet Novethic : https://www.novethic.fr/lexique/detail/ecosysteme.html
  • [2]
    L’article cite également des extraits de deux textes issus de son site internet personnel, consulté pendant l’été 2019 et fermé depuis.
  • [3]
    Fisher Roger et William Ury (1981), Getting to yes—Negotiating agreement without giving in, Londres, Penguin Group.
  • [4]
    Le concept de concertation ainsi brièvement défini sera utilisé dans cet article qui ne s’attache pas à distinguer ni discuter précisément les concepts de concertation et consultation. Pour une telle discussion, voir les articles publiés dans la revue Négociations : Touzard, 2006 ; Mermet, 2006 ; de Carlo, 2007.
  • [5]
    Voir en particulier le rôle joué par les conflits autour du projet de TGV Méditerranée dans l’évolution des processus de décision en aménagement en France : de Carlo Laurence (2006), « The French high-speed Méditerranée train decision process: a large-scale public decision case study », Conflict Resolution Quarterly, 2006/24 (n° 1), p.  3‑30.
  • [6]
    Programme de recherche financé par le Ministère de la transition écologique et solidaire et par l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) de 1999 à 2005 puis de 2008 à 2012 : http://www.concertation-environnement.fr/
  • [7]
    En particulier, les garants de concertations désignés par la Commission Nationale du Débat Public doivent garantir le respect des principes d’indépendance, de neutralité, de transparence, d’égalité de traitement et d’argumentation : https://www.debatpublic.fr/ses-valeurs.
  • [8]
    Laurent Mermet était membre du comité scientifique de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales).
  • [9]
    Simulations de négociation : quels apports pour la recherche et la pratique ?, Négociations, 2014/2 (n° 22).
  • [10]
    Voir aussi le climate apartheid annoncé par le rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme en juin 2019 : https://www.independent.co.uk/environment/climate-change-crisis-rich-poor-wealth-apartheid-environment-un-report-a8974231.html
  • [11]
    A la question « Vous personnellement, en pensant au phénomène du réchauffement climatique, êtes-vous inquiet ou pas inquiet ? », 85 % des personnes de plus de 18 ans interrogées et 93 % des 18-24 ans répondent qu’ils sont inquiets, sur la base d’un échantillon représentatif de la population française (Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, « Balises d’opinion – Les Français et le réchauffement climatique », Octobre 2018).
  • [12]
    Lancé par un groupe d’étudiants de plusieurs grandes écoles et signé par plus de 28 000 étudiants français au 30 septembre 2019 : https://pour-un-reveil-ecologique.fr/
  • [13]
    Lancé par le Shift project et signé par plus de 80 dirigeants d’établissements de l’enseignement supérieur, 1 000 enseignants-chercheurs pour environ 7 500 signataires au 14 septembre 2019 : https://theshiftproject.org/article/soutenez-lappel-pour-former-tous-les-etudiants-du-superieur-aux-enjeux-climatiques-et-ecologiques/
  • [14]
    Proposition de loi « relative à la généralisation de l’enseignement des enjeux liés à la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et aux changements climatiques dans le cadre des limites planétaires » : http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion2263.asp

Introduction

1Le 16 juin dernier disparaissait Laurent Mermet, professeur à AgroParisTech, membre du comité scientifique et auteur de plusieurs articles dans la revue Négociations. A la suite des hommages qui lui ont été rendus dans le dernier numéro de la revue, cet article aborde son approche de la négociation et de la concertation dans le contexte des recherches du champ et du cadre théorique de l’Analyse Stratégique de la Gestion Environnementale (ASGE) qu’il a créé. Une manière de se souvenir d’un collègue connu depuis plus de 20 ans.

2Tout d’abord, cet article rend compte du malaise dans la culture de la négociation soulevé par Laurent : celui causé par l’étendue de sa propre culture, qui incluait tout à la fois psychanalyse et management. La référence à l’ouvrage de Freud n’est pas fortuite. Puis est discutée sa mise en exergue de la dimension distributive des négociations et concertations, de même que son analyse des alarmes environnementales qui se multiplient aujourd’hui. On verra que celle-ci peut être intellectuellement stimulante ou engendrer de l’anxiété. Une réflexion pour l’action en matière d’enseignement et de pédagogie sera proposée afin d’éviter une anxiété potentiellement paralysante chez les étudiants. Enfin, dans le contexte des enjeux majeurs posés par la destruction de la biosphère, l’intérêt des travaux de Laurent sera souligné.

3Pour en savoir plus, le lecteur pourra se référer non seulement aux écrits de Laurent Mermet, mais aussi aux vidéos de conférences et cours qu’il a postées sur Youtube [2].

1 – Un malaise dans la culture de la négociation

4L’approche de la négociation développée par Laurent s’est construite de manière pragmatique : formé tout d’abord à l’écologie, il a constaté les multiples conflits violents dont les projets liés à l’environnement faisaient l’objet aux Etats-Unis dans les années 1970. C’est outre Atlantique qu’il a découvert la médiation environnementale créée pour traiter ces conflits par le dialogue multipartite, puis qu’il a lu les premiers ouvrages sur la négociation édités au début des années 1980, dont le fameux Getting to yes[3]. Il a ensuite progressivement construit un cadre théorique de la gestion de l’environnement à la fois multidisciplinaire et à visée d’action, la première caractéristique permettant la seconde. Pour ce faire, il s’est inspiré de disciplines peu mobilisées dans ce champ et conçues le plus souvent comme relevant de paradigmes opposés : le management et la psychanalyse.

5Pour Laurent, les questions d’environnement relèvent du management :

6

« Paradoxically, environmental management problems are rarely viewed as… management problems. Ecological, social, political, ethical, geographic, cultural, technological problems and so on, yes, but not problems that would belong to management as a discipline. To me, they are essentially strategic management problems, i. e. a problematique of how to achieve a given level of (here, environmental) performance, by leading organised action, while confronted to competition and opposition ».
(site personnel)

7L’action organisée en environnement dont il est question requiert la négociation entre acteurs aux intérêts divergents. Laurent a évoqué (2014 : 148) les réactions de chercheurs en sciences sociales pour lesquels cette conceptualisation interdirait toute lecture critique des processus de décision du fait de son acceptation des relations de pouvoir en place. Or c’est précisément en s’inscrivant dans le champ du management stratégique qu’il a pu proposer une analyse approfondie de la dynamique de ces pouvoirs dans la perspective de la modifier pour préserver l’environnement (site personnel).

8Non seulement l’ASGE a-t-elle émergé des multiples collaborations de Laurent avec des chercheurs aux perspectives différentes (Mermet, 1990), de son ancrage dans les sciences de gestion, mais aussi de sa prise en compte de concepts issus de la psychanalyse : l’ambivalence, la projection et le refoulement ont été structurants pour lui.

9Il a fait de l’ambivalence le cœur d’un article dans la revue Négociations (2014) : « Elle [la négociation] est fondée sur une relation à la fois adversative et coopérative, faite de deux composantes de sens contraire – c’est pourquoi nous parlons ici d’ambivalence » (2014 : 151). Ainsi, Laurent a basé son ASGE sur la conception d’un diagnostic stratégique qui « donne sens à la situation en en proposant une lecture à la fois réaliste et actionnable » (idem), sachant que les dimensions réalistes et actionnables sont également « de sens contraire » : l’une implique la prise en compte de la complexité des phénomènes tandis que l’autre motive à les simplifier pour pouvoir agir.

10Le concept de projection lui a permis d’analyser finement les critiques de la négociation et de ne pas rejeter ses théories par projection :

11

« Et dans le champ de la recherche, lequel n’a jamais été confronté au malaise que suscite souvent la notion de négociation, ou sa pratique elle-même, chez maints chercheurs en sciences sociales ou en gestion ? Perçue tantôt comme inopportunément adversative, tantôt comme une compromission là où s’imposerait la confrontation, la négociation fonctionne parfois comme un écran flou sur lequel certains projettent ce qu’ils rejettent ».
(Mermet, 2014 : 148)

12Par ailleurs, il a intitulé un chapitre d’une conférence « le refoulement du distributif » (2018a) pour désigner un impensé : pour lui, les multiples alertes actuelles sur l’état de la planète éludent le fait que les êtres humains n’agissent pas tous de concert dans un « nous » indéfini. Leurs auteurs refoulent la dimension distributive de la gestion de la catastrophe environnementale qu’ils annoncent.

13On voit que Laurent n’adhérait pas à un « psychologisme » qui réduirait l’être humain à sa dimension individuelle et intrapsychique (de Carlo, 2009). Mais plutôt la reconnaissance des phénomènes intrapsychiques et interactionnels dans une perspective sociopolitique conçue stratégiquement lui a-t-elle permis de proposer une conceptualisation originale de la gestion de l’environnement. En effet, Laurent ne confondait pas individualisme et individuation. Au cours du processus d’individuation, la construction de la subjectivité et la participation à la vie politique d’un individu se construisent toutes deux dans ses relations aux autres (Fleury, 2015). L’intérêt de Laurent pour la négociation, laquelle permet de verbaliser des convergences et divergences dans le cadre de relations humaines structurées, prend ici une dimension épistémique.

14L’originalité de ces références, et de la pensée sur lesquelles elle s’est construite, ont pu ainsi créé un malaise dans la culture de la négociation. Comme Freud dans Malaise dans la civilisation (2010, première édition 1930), Laurent reliait phénomènes sociaux et psychiques sans réduire l’un à l’autre. Comme Freud aussi, il attribuait une place prépondérante à la dimension conflictuelle des relations humaines.

2 – Le rôle majeur joué par la dimension distributive des négociations et concertations

15Pour Laurent, la négociation est fondamentalement à la fois intégrative et distributive. De même pour la concertation, définie comme « le domaine de l’action (de la gestion, de la politique, de la décision, etc.) partiellement négociée, partiellement débattue et délibérée » [4] (2006 : 77).

16En matière de négociation d’abord, Il n’a pas ménagé les approches centrées sur sa dimension intégrative et son processus :

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« […] ces approches centrées sur le processus sont devenues depuis le début des années 90 le paradigme dominant des recherches sur la négociation. […] tendant à devenir trop exclusive, cette domination peut déboucher sur des visions tronquées, voire mystificatrices, de la négociation. Qu’il suffise pour le moment de souligner que ces approches sont porteuses, de façon explicite ou implicite, ne serait-ce que par leurs hypothèses fondatrices et leurs modes d’investigation, d’un message normatif qui peut virer à la ritournelle idéologique. Mal comprises elles peuvent en effet donner à croire qu’un processus approprié de négociation permet de dépasser les asymétries de pouvoir et les stratégies adversatives et distributives ».
(site personnel)

18Il a également souligné la dérive idéologique que le statut accordé aux concertations en aménagement et environnement peut engendrer :

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« Ce qui frappe dans les discours d’acteurs comme dans les recherches sur la concertation au début des années 2000, c’est un horizon d’attente largement partagé, fondé sur deux idées. Premièrement, les innovations en matière de concertation auraient par elles-mêmes une capacité à transformer de façon profonde les processus de l’action publique, et c’est par la voie de la transformation des processus et procédures que l’on espère déboucher sur un changement substantiel du contenu des décisions et de l’action. […] La seconde idée est celle d’une synergie fondamentale entre démocratie participative et action efficace pour l’environnement ».
(site personnel)

20La dimension idéologique qui sous-tend une telle conception de la concertation est propre, selon lui, à instaurer l’illusion de sa toute-puissance pour l’action publique et environnementale. C’est en effet un risque, qui peut être évité en situant la concertation dans une perspective ancrée dans l’analyse des processus de décision sur le temps long.

21Dans cette perspective, la dimension idéologique de la concertation n’est pas considérée comme uniquement négative. Celle-ci peut être assumée dans un premier temps afin de favoriser un dialogue entre parties prenantes visant un impact sur les projets concernés. Il ne s’agit pas de minimiser les autres formes d’action, hors processus de concertation, lesquelles cherchent à équilibrer les rapports de pouvoir, ni d’affirmer l’absence d’intérêts et de représentations différents dans le cadre même des concertations. Mais plutôt de considérer la concertation comme un levier d’action dont la dimension intégrative, qui en fait la spécificité, doit être volontairement mise en avant dans un premier temps, dans le cadre d’une forme d’idéologie assumée. Assumer cette idéologie ne signifie pas viser à tout prix le consensus mais chercher à ce que des parties prenantes aux intérêts divergents échangent en priorité dans le cadre d’un dialogue informé.

22Comme en l’absence de concertations, si celles-ci ne sont qu’instrumentalisées sans effets socio-environnementaux significatifs, les divergences s’expriment dans l’espace public par des oppositions et propositions alternatives [5].

23Laurent adopte d’ailleurs en 2015 cette perspective élargie de la concertation dans la conclusion, rédigée avec Denis Salles, de l’ouvrage présentant les recherches de la seconde phase du programme Concertation, Décision, Environnement[6] dont il a présidé le conseil scientifique:

24

« Au total, si l’on considère (1) les limites intrinsèques de la concertation environnementale confrontée à certains problèmes qu’elle ne peut résoudre, (2) les instrumentalisations stratégiques de la concertation par certains maîtres d’ouvrage et les débordements militants auxquels elles conduisent et (3) les convergences aujourd’hui émergentes entre les injonctions à l’autonomie et des recherches par des collectifs d’alternatives “hors système”, la concertation ne peut plus être ni comprise, ni conduite si on ne la replace pas dans une perspective politique élargie qui inclut ces débordements de diverses natures pour embrasser une vue d’ensemble de l’action collective et des processus de décision en environnement ».
(Mermet et Salles, 2015)

25De plus, la valorisation a priori de la dimension intégrative des concertations prend un sens particulier si la préservation de l’environnement n’en constitue pas le seul enjeu aux côtés du développement économique priorisé par les maîtres d’ouvrage. Le dialogue informé, structuré et garanti qu’elles proposent permet d’inscrire dans les débats l’enjeu de justice sociale et territoriale et les parties prenantes qui le portent, à l’heure où une urgence environnementale conçue comme pensée unique (Mermet et Feger, 2019) pourrait aggraver des inégalités déjà prégnantes.

26Qu’en est-il de la posture des chercheurs du champ quand cette dimension intégrative est ou n’est pas valorisée dans un premier temps ? Quelle posture devraient-ils assumer par rapport aux stratégies distributives des acteurs? Pour Laurent (2005 : 24) :

27

« […] la voie de recherche que nous proposons ici soulève de manière frontale la question du rôle de l’analyste, de ses relations avec la négociation. […] en explicitant ses propres critères d’analyse qui sont aussi, inévitablement, des critères d’évaluation, le chercheur s’éloigne de l’attitude d’effacement et des formes reçues d’impartialité qui sont la norme dans la conjoncture actuelle de « l’empire du sens » (Dosse, 1995), où l’on fait comme s’il ne pouvait s’agir, pour la recherche, que de mieux comprendre les perspectives des acteurs eux-mêmes ».

28Pour Laurent, le chercheur-analyste doit construire et expliciter ses propres critères d’analyse, exhaustifs, sur le modèle de la comptabilité analytique (Mermet, 2005). Ainsi dévoile-t-il les ambivalences et ambiguïtés des relations de négociation étudiées. Or, dès lors qu’il construit un tel cadre d’analyse, le chercheur s’inscrit, de par sa légitimité issue de son expertise en analyse stratégique, dans la maîtrise intellectuelle de l’ensemble des stratégies des acteurs. Quelles que soient ses intentions, le cadre d’analyse qu’il développe prend le statut de connaissance totale par rapport aux négociateurs. Un tel cadre d’analyse peut confronter brutalement les négociateurs détenteurs d’un pouvoir important hors du cadre de la négociation. Il peut ainsi les engager à passer en force, leur pouvoir étant en quelque sorte défié par celui pris par le chercheur-analyste. Le cadre d’analyse pourrait aussi être rejeté de manière défensive par certains négociateurs faute d’avoir été amené au moment opportun dans la dynamique de négociation. D’autant plus que souvent, une fois un cadre d’analyse construit, il apparaît difficilement évolutif du fait que son auteur a tendance à s’identifier à lui.

29Ainsi, pour Laurent, reconnaître les processus ambivalents et ambigus des négociations et concertations (2006 : 78) signifiait que le chercheur les prenne en charge de front pour apporter une contribution essentielle à la recherche (2014 : 158). Cette reconnaissance ne passe pas selon moi par leur dévoilement aux négociateurs sous forme d’un cadre d’analyse exhaustif défini par un chercheur se situant comme une des parties prenantes. Il s’agit plutôt pour le chercheur de les conceptualiser et d’en accepter au moins une partie, dans la perspective de ne pas exacerber la dimension distributive des négociations, au risque qu’elles reproduisent les relations de pouvoir préexistantes hors négociation.

30Ceci ne signifie pas qu’aucune grille d’analyse des négociations et concertations ne doive être construite. En concertation, une ou plusieurs grilles d’analyse peuvent être conçues progressivement avec l’aide d’un tiers légitimé par exemple par une organisation indépendante, i. e. un garant-facilitateur. En négociation, avec celle d’un tiers légitimé par exemple par l’ensemble des négociateurs, i. e. un médiateur. Dans les deux cas, la construction de cette (ou ces) grille(s) d’analyse est réalisée en s’appuyant sur le cadre garanti par le tiers [7] et dans la dynamique des interactions entre et avec les parties-prenantes, dont, le cas échéant, des chercheurs aux modèles d’analyse différents. Il ne s’agit ici ni d’effacement des chercheurs, ni d’action collective idéalisée qui gommerait toute divergence.

31Laurent n’a pas spécifiquement travaillé sur les tiers-garants de concertation. Pourtant, la manière dont ils prennent en charge les ambivalences et ambigüités des concertations influe sur leurs processus et résultats. Garante d’une concertation sur un projet ferroviaire conflictuel, je n’ai pas analysé précisément les stratégies d’opposition au projet développées par des participants en dehors du processus de concertation (de Carlo, 2018). Ces stratégies s’inscrivent selon moi dans l’espace de liberté des participants qui n’a pas à être maîtrisé intellectuellement par le garant d’un cadre hors duquel elles se situent. C’est l’information que j’ai communiquée à ceux qui ont souhaité connaître ma position sur ce sujet. Dans cette perspective, il ne s’agit pas pour le garant de mettre au jour des stratégies qui feraient apparaître des contradictions, mais plutôt d’accepter l’ambivalence des positionnements. Une telle posture paraît particulièrement adaptée dans notre culture imprégnée du principe de non-contradiction aristotélicien (de Carlo, 2009, 2018) pour lequel les contradictions constituent des incohérences à éliminer. Sans qu’un lien de cause à effet ne puisse être démontré, les acteurs locaux opposés au projet hors cadre de la concertation ont fait dans son cadre des propositions étoffées en termes d’enjeux à aborder et de manières de les traiter.

3 – La critique des alarmes environnementales : stimulation intellectuelle ou anxiété

32L’ASGE développée par Laurent a contribué à l’engagement de nombre de ses anciens élèves qui se sont appuyés sur ses travaux pour œuvrer dans le champ de l’environnement. Il leur a fourni des outils conceptuels et méthodologiques pour penser la gestion de l’environnement au service de l’action. Plusieurs d’entre eux exercent des responsabilités à l’IDDRI [8] (Laurans, 2019), dont son directeur Sébastien Treyer avec lequel j’ai coordonné, à l’initiative de Laurent, un dossier spécial dans cette revue [9].

33En particulier, Laurent a formulé une analyse critique des alarmes environnementales actuelles qui suscite la réflexion, y compris dans d’autres contextes. En se référant aux discours de l’astrophysicien Aurélien Barrau, Laurent (2018a, 2018b) met en question le fait que tous les habitants de la planète vont souffrir de sa destruction. Pour lui, c’est une erreur de considérer l’humanité comme un tout, un « nous » qui ne reflète pas les relations de pouvoir et les conflits qui vont s’exacerber quand chacun voudra « s’en sortir », nécessairement au détriment d’autres [10]. Chaque groupe social voudra subir le moins possible et si possible profiter de la catastrophe environnementale. Ainsi, les groupes les plus puissants économiquement et politiquement pourraient le devenir encore plus. Autrement dit, les négociations et concertations en matière d’environnement doivent plus que jamais prendre en compte leur dimension distributive, laquelle n’est pas envisagée dans ces alarmes. D’où la nécessité évoquée plus haut de faire au moins une place à l’enjeu des inégalités sociales et territoriales dans les concertations.

34Laurent (Mermet et Feger, 2019) définit les trois principaux bénéfices secondaires reçus par les alarmistes selon lui: l’illusion d’être utile alors que cet alarmisme ne dispose pas de théorie de l’action et exhorte plutôt celle des seuls pouvoirs publics ; une posture moraliste qui place les alarmistes « du bon côté de la force » sans pour autant qu’ils ne sacrifient quelques avantages significatifs, ou même en leur permettant d’en acquérir de nouveaux, comme une plus grande notoriété, une meilleure rémunération ou un pouvoir accru ; l’impression diffusée ainsi qu’alarmer constitue en soi une action, ce qui en fait la bloque. Son analyse fine invite à l’analogie.

35Des initiatives « bloquantes » donnent l’illusion de provoquer le changement dans d’autres champs, comme celui de l’intrapreneuriat. Fabrice Cavarretta (2019) montre que l’intrapreneuriat dans une grande entreprise demeure le plus souvent prisonnier du paradigme taylorien, sans lien avec celui qu’il nomme « le paradigme de l’effectuation » : un « tourbillon d’activités s’y déroulent», comme par analogie se développent une multitude d’alarmes environnementales, lesquelles « ne conduisent pas forcément à l’émergence de nouvelles activités qui prennent appui sur les forces intrinsèques de l’entreprise », ce qui correspond à l’effet bloquant des alarmes exprimé en termes plus radicaux par Laurent.

36Ces recherches incitent à analyser l’impact de la montée des préoccupations environnementales sur la gouvernance des organisations : que deviennent les forces intrinsèques œuvrant dans la perspective de la protection de l’environnement à l’heure où celle-ci devient un enjeu de pouvoir? Les nouvelles stratégies qui valorisent la protection de l’environnement s’appuient-elles sur leurs compétences et expériences dans le cadre de concertations et négociations ? Ou bien dans quelle mesure ces forces intrinsèques sont-elles marginalisées au profit d’acteurs qui s’emparent d’un nouvel espace de pouvoir et en reçoivent des bénéfices secondaires dans un tourbillon d’activités sans impact significatif sur l’environnement?

37Clément Feger a interrogé Laurent (2019) sur l’impact des alarmes environnementales : les solutions alternatives locales y sont souvent promues. Les discours ne se limitent donc pas au seul appel aux pouvoirs publics. Pour Laurent, ces initiatives locales sont en effet intéressantes, mais les choix à faire et leurs conditions de mise en œuvre demandent une réflexion qui n’est pas proposée par les alarmistes. On peut arguer que les alarmistes ne prétendent pas être des experts à même de proposer une réflexion pour l’action. Ils jouent pourtant un rôle non négligeable pour sensibiliser des publics très variés aux enjeux de la protection de la biosphère. Pour Laurent, la phase de sensibilisation était dépassée. Une analyse sans doute liée au fait qu’il travaillait depuis plusieurs dizaines d’années dans le champ de l’environnement et enseignait à des étudiants déjà tous sensibles au vivant. Il m’apparaît plutôt que cette sensibilisation doit être poursuivie. L’intérêt des multiples alarmes actuelles permet non seulement de sensibiliser de nouveaux publics sur différents enjeux de la protection de la biosphère, mais elles peuvent également devenir la première étape d’une dynamique menant à l’action, comme on le verra dans l’enseignement supérieur.

38Ainsi, cette analyse critique des alarmes environnementales est-elle intellectuellement stimulante. Toutefois cette stimulation intellectuelle est conditionnée. Comme l’évoque Clément Feger (2019), adhérer à la vision de Laurent implique d’assumer une angoisse sans toutefois être bloqué par elle. L’angoisse de la confrontation à une catastrophe environnementale dont l’atténuation est bloquée par les multiples alarmes actuelles et pour laquelle n’existe pas de solution miracle. En effet, nous n’avons pas tous, en tant qu’individus et aux différentes phases de notre vie, la même capacité à assumer une telle angoisse ou même une certaine anxiété. Chez certains étudiants, et pas uniquement, une telle approche peut engendrer une anxiété susceptible de devenir bloquante [11].

39La dimension potentiellement bloquante des enseignements centrés sur la protection de la biosphère met en évidence l’enjeu de leur pédagogie.

4 – Pour une pédagogie de la protection de la biosphère tournée vers l’action

40Il me semble nécessaire, pour échanger avec d’autres, et surtout dans un cadre pédagogique, d’assumer que la catastrophe environnementale n’est pas notre seul avenir, d’autant moins que l’impact des alarmes n’est pas uniquement bloquant, même s’il est limité. Compte-tenu des bouleversements annoncés par le GIEC, une telle posture relève sous certains aspects de l’illusion, assumée. Avec les étudiants qui ont conscience de l’ampleur de ces bouleversements, afin de ne pas risquer qu’un sentiment d’impuissance ne bloque leur capacité de pensée ; avec ceux qui n’y sont pas encore sensibilisés, afin qu’ils ne se détournent pas de manière défensive d’une vision catastrophique qui leur apparaîtrait irréaliste. Assumer une telle illusion nous aide aussi tous à vivre et travailler, tout en étant paradoxalement conscients qu’il s’agit sous certains aspects d’une illusion.

41Cette posture renvoie à la proposition développée plus haut de valoriser dans un premier temps la dimension intégrative des concertations dans le cadre d’une idéologie assumée, et à ce que François Dubet nomme une « fiction nécessaire » (2002 :17) au métier d’enseignant du premier et second degré:

42

« Le travail enseignant participe d’un type général d’activité que l’on peut définir comme un travail sur autrui. […] Cette activité n’est possible que si les acteurs qui l’accomplissent croient à un certain nombre de valeurs ou de fictions qui rendent leur travail possible. En dépit du poids de la culture critique aujourd’hui, ils doivent croire que la connaissance libère quand ils enseignent, […] ils doivent croire à l’égalité fondamentale des élèves… Ils doivent d’autant plus y croire que, sans cela, les élèves n’y croiraient pas eux-mêmes or il est indispensable d’obtenir leur consentement. Même si les institutions ont perdu une large part de leur sacré, elles ne fonctionneraient pas sans une parcelle de magie et de convictions nécessaires au déroulement de l’activité ».

43Les enseignements traitant de la protection de la biosphère dans l’enseignement supérieur requièrent également « une parcelle de magie et de convictions », mais qui se différencie de celle définie par François Dubet pour le primaire et le secondaire. Tout d’abord, les étudiants sont plus âgés, plus mûrs et disposent de plus de connaissances que les élèves. Ensuite, la « fiction nécessaire » porte non pas sur les fondements de l’école, mais sur la vision de l’avenir de la planète proposée en premier lieu aux étudiants. Non pas une catastrophe certaine et inéluctable, mais un bouleversement majeur face auquel il est possible d’agir pour l’atténuer et s’adapter. La « fiction nécessaire » peut être dans un second temps et progressivement abordée au cours de leur apprentissage, en fonction de leurs questionnements à ce sujet. Ceci nécessite que l’enseignant accepte dans un second temps de mettre au jour et de définir l’intérêt et les limites de cette illusion avec ses étudiants quand ils la mettent en évidence. L’enseignant peut aussi susciter des échanges à ce sujet au moment opportun, afin de ne pas bloquer la capacité de réflexion et d’action de certains d’entre eux.

44La posture de l’enseignant se rapproche ainsi de celle du garant-facilitateur d’une concertation, i. e. un acteur non pas surplombant, mais qui assume la définition et la garantie du cadre et des objectifs pédagogiques du cours (de Carlo, 2012), ainsi que ses connaissances spécifiques, et nécessairement limitées sur un thème qui mobilise de multiples disciplines.

45La question de la pédagogie de la protection de la biosphère se pose aujourd’hui de manière accrue. En effet, s’appuyant sur le Manifeste étudiant pour un réveil écologique[12] lancé en 2018 et sur l’Appel pour former tous les étudiants du supérieur aux enjeux climatiques et écologiques[13] qui lui a succédé en 2019, une proposition de loi visant à généraliser l’enseignement des enjeux liés à la protection de la biosphère dans le supérieur a été signée par plusieurs dizaines de députés et déposée le 25 septembre 2019 à l’Assemblée Nationale par Delphine Batho, Matthieu Orphelin et Cédric Villani [14].

46Des connaissances de base sur l’énergie, la biodiversité et le climat peuvent, et doivent, être transmises à grande échelle sous forme de conférences, jeux d’initiation, applications pour smartphones, etc. Mais cette transmission ponctuelle de connaissances ne saurait suffire à permettre aux étudiants de se forger une vision des enjeux de la protection de la biosphère et, s’ils le souhaitent, de l’opérationnaliser dans leur vie professionnelle afin de contribuer à atteindre des résultats concrets pour l’environnement.

47Dans le contexte des écoles de management en particulier, les cours obligatoires dans les disciplines centrales devraient aborder les fondements paradigmatiques des théories, méthodes et indicateurs enseignés et proposer ceux qui incluent la préservation de la biosphère. Ainsi, les étudiants pourront développer leur esprit critique et leur propre vision du monde pour mieux choisir leur mode d’engagement dans la société. De plus, pour ceux qui veulent s’engager plus avant dans la protection de la biosphère, un parcours de formation identifié devrait leur proposer des cours et modules mobilisant à la fois leur esprit critique et leur volonté d’agir et d’innover dans le cadre de leurs futurs métiers ; sans leur donner l’illusion de la toute-puissance grâce à des simplifications abusives, mais également sans susciter de blocage par sentiment d’impuissance, comme abordé plus haut.

48Dans une telle pédagogie, les étudiants sont considérés comme des individus capables de réflexion et d’action, ni tout-puissants ni sans ressource (de Carlo, 2012), inscrits dans un processus d’individuation qui leur permettra de contribuer à préserver la démocratie (Fleury, 2015) et son pluralisme. Il ne s’agit pas de vouloir modifier leurs comportements dans une perspective behavioriste et paternaliste, comme certains outils cherchent à le faire pour l’ensemble des citoyens dans le domaine de l’environnement. Mise en œuvre à grande échelle, sans débat démocratique ni précautions suffisantes, une telle perspective comporte en effet un risque de dérive autoritaire, les citoyens devant s’y conformer à un bien commun défini par d’autres, la protection de l’environnement ici aujourd’hui ou le contrôle social généralisé déjà ailleurs.

49J’ai cherché à mettre en œuvre une telle pédagogie en créant à l’ESSEC en 2009 le cours électif Enjeux de la gestion de l’eau, soutenu par l’Agence de l’Eau Seine Normandie, cours dont le thème a été modifié en 2015 pour devenir Enjeux de la transition énergétique. Après la transmission de connaissances de base, les étudiants y sont accompagnés dans la problématisation de thèmes de leur choix relatifs à la transition énergétique, sous condition de s’inscrire dans la perspective de l’action. Ils mobilisent pour ce faire les connaissances et expériences d’experts et acteurs multiples, dont certains interviennent en cours.

50De tels cours permettent aux étudiants non seulement d’appréhender quelques-uns des principaux enjeux de la préservation de la biosphère et de s’en forger leur propre vision, mais aussi, en se situant par rapport aux experts et acteurs concernés, d’envisager le rôle qu’ils veulent et peuvent jouer professionnellement par rapport à ces enjeux. Ces cours constituent une assise pour développer, pour les étudiants qui le souhaitent, un projet professionnel dans ce champ ou pour enrichir un projet professionnel en y incluant cette dimension ; qu’il s’agisse de créer une structure, start-up ou coopérative, d’assumer un poste dans une entreprise ou de s’engager dans des missions de conseil.

51La dimension pédagogique de la protection de la biosphère, comme les tiers-garants, ne faisait pas partie des thèmes de recherche de Laurent. On voit ici que les principes de la concertation avec tiers-garant peuvent inspirer la conception de pédagogies centrées sur la réflexion pour l’action dans ce domaine. Celle-ci implique d’assumer dans un premier temps une « fiction nécessaire », en analogie avec celle qui conduit à valoriser en premier lieu la dimension intégrative des concertations ; dans une dynamique pédagogique pour l’une, dans celle de l’évolution des modes de décision pour l’autre.

5 – Conclusion : pertinence de l’approche de Laurent Mermet face aux enjeux politiques et environnementaux actuels

52Si l’approche de Laurent est source de discussions, c’est que son originalité suscite la réflexion. Cette originalité persiste encore aujourd’hui à plusieurs titres.

53En effet, il a inscrit les théories de la négociation dans une perspective politique. Pour lui, « le changement d’un système passe avant tout par l’action stratégique d’un acteur sur les autres » (site personnel) contrairement aux approches centrées sur l’action collective. Contrairement à ce que pourrait laisser penser une lecture trop rapide de l’ASGE, ceci ne signifie pas que sa vision du monde était uniquement adversative. Mais bien plutôt qu’il est nécessaire pour l’acteur de changement d’assumer en premier lieu une posture de groupe de pression, soit de partie prenante visant le pouvoir d’agir au profit de l’environnement. Ce faisant, dans un contexte démocratique pluraliste, cet acteur doit reconnaître l’existence d’autres groupes de pression et accepter de dialoguer avec eux afin de prendre ensemble, si possible, des décisions qui protègent l’environnement. La dimension intégrative n’est pas absente mais seconde et conditionnée par l’acceptation du pluralisme dans la perspective politique de l’ASGE.

54Ensuite, si sa critique de l’idéologie intégrative portée par le champ de la négociation et de la concertation peut être discutée comme on l’a fait, elle n’en demeure pas moins une source de vigilance nécessaire par rapport aux multiples instrumentalisations possibles dont les négociations et concertations peuvent faire l’objet.

55De même, si la critique des alarmes environnementales portée par Laurent a été également discutée, elle apparaît particulièrement pertinente si celles-ci sont émises par des acteurs qui disposent d’un pouvoir déterminant dans les organisations et institutions. Dans ce cas, de telles alarmes peuvent remplacer la mise en œuvre de stratégies d’action clairement définies et les choix de décisions et d’investissements cohérents qu’elles impliquent. Ces alarmes conduisent alors à accroître le bruit et le brouillard autour de la destruction de la biosphère et contribuent à engager les organisations et institutions dans de multiples actions incohérentes, coûteuses en temps et en ressources, sans que leurs différents impacts aient été sérieusement identifiés et anticipés dans une perspective stratégique.

56De plus, L’ASGE contribue à faire sortir les théories de la négociation de la seule idéologie néolibérale dans laquelle elles sont enfermées pour de nombreux chercheurs en sciences sociales. Laurent connaissait très bien ces théories, leur histoire et les conditions et contextes de leur émergence. Il a ainsi pu non pas les importer aveuglément en France dans le domaine de l’environnement, mais plutôt en relever les dimensions pertinentes pour la réflexion et l’action dans ce champ, dans l’objectif prioritaire pour lui de préserver la biosphère :

57

« S’agissant de l’ASGE, cette lecture se fonde sur la considération d’un résultat écologique attendu de la gestion (par exemple, des nappes phréatiques propres, la conservation de telle espèce animale ou végétale, de tel type de milieu, etc.), et de la capacité du fonctionnement à délivrer ou non ce résultat attendu ».
(site personnel)

58Enfin, L’ASGE s’inscrit dans une perspective de réflexion et d’action indissociables, ce qui demeure encore aujourd’hui une gageure. Cette double perspective a été rendue possible par la posture spécifique de Laurent, qui concevait la réflexion comme devant être menée aussi bien dans l’analyse que dans l’action stratégique, et la stratégie comme objet à la fois de réflexion et d’action. Cette posture, discutée dans l’article, a le mérite de rappeler l’enjeu de la porosité à développer entre chercheurs et acteurs. Comme Laurent l’a écrit dans cette revue (2009 : 130) :

59

« Par la double valence qui la fonde, à la fois coopérative et adversative, la négociation ne peut être bien comprise et bien menée que si, à tout moment de l’analyse comme de l’action (sic), on garde la pleine conscience des potentialités de l’affrontement autant que de la coopération – bref, de la configuration de composition tout entière ».

60Une approche théorique à diffuser et discuter encore et une posture à promouvoir pour contribuer à ce que les discours et initiatives valorisant la protection de la biosphère s’accompagnent d’effets plus significatifs sur l’environnement dans le contexte, pour leurs auteurs, d’un dialogue avec les porteurs d’autres enjeux, économiques et d’inégalités sociales et territoriales.

Bibliographie

Références

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  • De Carlo Laurence (2007), « Les différentes phases du vocabulaire de la négociation », Négociations, 2007/1 (n° 7), Louvain, De Boeck, p. 89-98.
  • De Carlo  Laurence (2009), « Que peuvent apporter le bouddhisme et la psychanalyse au champ de la négociation ? », Négociations, 2009/2 (n° 12), Louvain, De Boeck, p. 79-91.
  • De Carlo Laurence (2012), “Teaching negotiation through paradox”, Negotiation Journal, 07/2012 (n° 344), p. 351-367.
  • De Carlo Laurence (2018), « Complexité des conflits territoriaux : des oppositions binaires à l’acceptation des paradoxes », dans MORIN Edgar et Laurent BIBARD (ed.), Complexité et organisations – Faire face aux défis de demain, Paris, Eyrolles, p. 114-128.
  • Dubet François (2002), « Pourquoi ne croit-on pas les sociologues ? », Éducation et sociétés, 2002/1 (n° 9), Louvain, De Boeck, p. 13-25.
  • Fleury Cynthia (2015), Les irremplaçables, Paris, Gallimard.
  • Freud Sigmund (2010), Malaise dans la civilisation, Paris, Petite Bibliothèque Payot, première édition 1930.
  • Laurans Yann (2019), « Hommage à Laurent Mermet », site internet de l’IDDRI, 18/06/2019 : https://www.iddri.org/fr/iddri-en-bref/la-vie-de-liddri/hommage-laurent-mermet
  • Mermet Laurent, « A critical management perspective » et « Négociations », site personnel (fermé).
  • Mermet Laurent (1990), « Les chercheurs et l’environnement : Le témoignage d’un itinéraire scientifique », Journal des anthropologues, 09/1990 (n°40-41), p. 105-117.
  • Mermet Laurent (2005), « Et si les « gagnants-gagnants » avaient « gagné-perdu » ? Pour une comptabilité analytique des enjeux de la négociation », Négociations, 2005/1 (n° 3), Louvain, De Boeck, p. 11-26.
  • Mermet Laurent (2006), « La « concertation » : un terme flottant pour un domaine mouvant ? », Négociations, 2006/1 (n° 5), Louvain, De Boeck, p. 75-79.
  • Mermet Laurent (2009), « La négociation comme mode de composition dans les systèmes d’action complexes », Négociations, 2009/2 (n° 12), Louvain, De Boeck, p. 119-130.
  • Mermet Laurent (2014), « L’ambivalence et l’ambiguïté, fondations mouvantes de la négociation », Négociations, 2014/1 (n° 21), Louvain, De Boeck, p. 147-160.
  • Mermet Laurent et Denis Salles (2015), « Conclusion générale », dans Mermet Laurent et Denis Salles (ed.), Environnement : la concertation apprivoisée, contestée, dépassée ?, Louvain, De Boeck Supérieur-Ouvertures Sociologiques.
  • Mermet Laurent (2018a), « Le refoulement du distributif », extrait de la conférence Qui peut agir sur qui pour éviter la fin du monde ? Une réponse à Aurélien Barrau, Youtube, 26/11/2018, vidéo 1 : https://www.youtube.com/watch?v=mdFLZsiRLzc
  • Mermet Laurent (2018b), « Agir face à l’urgence écologique : un nœud gordien », extrait de la conférence Qui peut agir sur qui pour éviter la fin du monde ? Une réponse à Aurélien Barrau, Youtube, 26/11/2018, vidéo 2 : https://www.youtube.com/watch?v=2MCxhTcHzLk&t=5s
  • Mermet Laurent et Clément Feger (2019), Sauver la planète : pourquoi il est urgent de dépasser l’alarmisme bloquant, conférence, Youtube, 24/03/2019, vidéo 3 : https://www.youtube.com/watch?v=xjZuPdstCiw
  • Touzard Hubert (2006), « Consultation, concertation, négociation. Une courte note théorique », Négociations, 2006/1 (n° 5), Louvain, De Boeck, p. 67-74.

Notes

  • [1]
    Dans l’article, « la biosphère regroupe l’ensemble des écosystèmes de la planète », sachant qu’« un écosystème est un système formé par un environnement (biotope) et par la communauté d’espèces qui y vit, s’y nourrit et s’y reproduit (biocénose). L’air, la terre, l’eau et les organismes vivants, y compris les êtres humains, interagissent ensemble pour former un écosystème, c’est la base de l’environnement. Il existe plusieurs écosystèmes qui ne sont pas isolés les uns des autres : une forêt, un étang ou une plage sont différents écosystèmes qui interagissent ensemble », site internet Novethic : https://www.novethic.fr/lexique/detail/ecosysteme.html
  • [2]
    L’article cite également des extraits de deux textes issus de son site internet personnel, consulté pendant l’été 2019 et fermé depuis.
  • [3]
    Fisher Roger et William Ury (1981), Getting to yes—Negotiating agreement without giving in, Londres, Penguin Group.
  • [4]
    Le concept de concertation ainsi brièvement défini sera utilisé dans cet article qui ne s’attache pas à distinguer ni discuter précisément les concepts de concertation et consultation. Pour une telle discussion, voir les articles publiés dans la revue Négociations : Touzard, 2006 ; Mermet, 2006 ; de Carlo, 2007.
  • [5]
    Voir en particulier le rôle joué par les conflits autour du projet de TGV Méditerranée dans l’évolution des processus de décision en aménagement en France : de Carlo Laurence (2006), « The French high-speed Méditerranée train decision process: a large-scale public decision case study », Conflict Resolution Quarterly, 2006/24 (n° 1), p.  3‑30.
  • [6]
    Programme de recherche financé par le Ministère de la transition écologique et solidaire et par l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME) de 1999 à 2005 puis de 2008 à 2012 : http://www.concertation-environnement.fr/
  • [7]
    En particulier, les garants de concertations désignés par la Commission Nationale du Débat Public doivent garantir le respect des principes d’indépendance, de neutralité, de transparence, d’égalité de traitement et d’argumentation : https://www.debatpublic.fr/ses-valeurs.
  • [8]
    Laurent Mermet était membre du comité scientifique de l’IDDRI (Institut du Développement Durable et des Relations Internationales).
  • [9]
    Simulations de négociation : quels apports pour la recherche et la pratique ?, Négociations, 2014/2 (n° 22).
  • [10]
    Voir aussi le climate apartheid annoncé par le rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme en juin 2019 : https://www.independent.co.uk/environment/climate-change-crisis-rich-poor-wealth-apartheid-environment-un-report-a8974231.html
  • [11]
    A la question « Vous personnellement, en pensant au phénomène du réchauffement climatique, êtes-vous inquiet ou pas inquiet ? », 85 % des personnes de plus de 18 ans interrogées et 93 % des 18-24 ans répondent qu’ils sont inquiets, sur la base d’un échantillon représentatif de la population française (Ifop-Fiducial pour CNews et Sud Radio, « Balises d’opinion – Les Français et le réchauffement climatique », Octobre 2018).
  • [12]
    Lancé par un groupe d’étudiants de plusieurs grandes écoles et signé par plus de 28 000 étudiants français au 30 septembre 2019 : https://pour-un-reveil-ecologique.fr/
  • [13]
    Lancé par le Shift project et signé par plus de 80 dirigeants d’établissements de l’enseignement supérieur, 1 000 enseignants-chercheurs pour environ 7 500 signataires au 14 septembre 2019 : https://theshiftproject.org/article/soutenez-lappel-pour-former-tous-les-etudiants-du-superieur-aux-enjeux-climatiques-et-ecologiques/
  • [14]
    Proposition de loi « relative à la généralisation de l’enseignement des enjeux liés à la préservation de l’environnement et de la diversité biologique et aux changements climatiques dans le cadre des limites planétaires » : http://www.assemblee-nationale.fr/15/propositions/pion2263.asp
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