NECTART 2021/1 N° 12

Couverture de NECT_012

Article de revue

Sauver le secteur culturel peut-il tenir lieu de politique ?

Pages 44 à 53

Notes

English version

En réponse à la crise majeure actuelle, les politiques culturelles semblent se borner aux limites du secteur professionnel qu’elles ont fait naître, alors qu’elles auraient l’occasion, comme à la Libération, de repenser le sens politique de leurs interventions à partir des droits culturels.

Figure 1

1Il y a quelque chose de désagréable, presque pénible, à contempler l’implacable déploiement d’un scénario, surtout lorsqu’il s’agit de l’amère mécanique du désenchantement. Concernant les politiques culturelles, ce malaise est difficile à partager tant il est pour partie injustifié. Avant la crise sanitaire actuelle, malgré bien des difficultés et signaux d’alerte, notre pays offrait à sa population et à ses nombreux touristes des équipements et des événements de qualité, dans une relative accessibilité économique et géographique. Les interventions publiques y étaient pour beaucoup, soutenant avec une certaine constance ce qui sans elles n’aurait pu exister. Reste que les observations faites il y a une trentaine d’années, concernant les trajectoires qui commençaient alors à se dessiner, se sont depuis nettement confirmées.

2En 1992, Jean Caune remarquait, « de Vilar à Lang », une courbe inquiétante, celle du « sens perdu ». Quelques années plus tard, Philippe Urfalino repérait, dans un cadre temporel plus restreint (de Malraux à Lang), un mouvement semblable conduisant de l’« invention » à la « dissolution » de la politique culturelle. Il concluait notamment son analyse par ce constat : « L’action du ministère [de la Culture] apparaît clairement pour ce qu’elle est : un système d’allocation de ressources publiques à la vie artistique professionnelle » (Urfalino, 1996, p. 345). Le jeu de forces sociales et politiques alors décrit ne s’est depuis ni inversé ni ralenti, et l’on serait bien en peine d’en identifier les responsables. Il ne s’est pas non plus poursuivi sans rencontrer quelques résistances. Mais comprenons bien que ce qui s’est joué n’est pas un anéantissement. C’est l’effacement progressif d’une substance politique, celle qui, toujours selon Philippe Urfalino, distingue « la » politique culturelle « des politiques publiques à l’égard des arts ». Seule la première traduit « la perception de la culture comme un levier d’action sur la société » [1]. Sa disparition marque donc une transformation fondamentale. Celle par laquelle la gestion d’un secteur vient congédier un projet politique.

3Admettre la force des processus sociaux et la quasi-fatalité des orientations qu’ils prennent, tout comme la vacuité fréquente des volontés politiques affirmées de les réorienter, n’empêche pas les surprises. De ce point de vue, la crise sanitaire actuelle, dont nous éprouvons à l’automne 2020 la seconde vague (ou la deuxième ?), en est une, d’une force insoupçonnée assurément, mais dont les effets confirment et renforcent les trajectoires repérées à l’orée des années 1990. Les raisons ne manquent pas, en effet, pour mobiliser aujourd’hui toutes les ressources disponibles afin de sauver un secteur culturel cruellement touché par deux confinements. Mais, aussi nécessaire qu’il soit, ce sauvetage risque de rendre désormais encore plus difficile la formulation d’une politique.

Jours heureux

4Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, lors de la (re)construction des démocraties et des États-providence, des politiques publiques en matière culturelle ont été fondées au cœur de projets politiques globaux. C’est ce qu’affirmaient autant le préambule de la Constitution française de 1946 que la Déclaration universelle des droits humains de 1948. Les droits culturels prenaient place parmi un vaste ensemble de dispositions dessinant les contours d’une société et d’une époque nouvelles. Celles que le Conseil national de la Résistance (CNR) devait désigner comme « les Jours heureux ». S’agissant de la participation à la vie culturelle, les interventions publiques devaient prendre place dans des transformations visant la réduction de toutes les inégalités. Parallèlement, c’est la perspective de justice sociale et d’égalité croissante qui permettait de penser que ces objectifs culturels étaient atteignables à long terme. On y parlait en outre de la culture d’une façon systématiquement associée à l’éducation. Le CNR se donnait ainsi pour objectif d’assurer « la possibilité effective pour tous les enfants français de bénéficier de l’instruction et d’accéder à la culture la plus développée quelle que soit la situation de fortune de leurs parents, afin que les fonctions les plus hautes soient réellement accessibles à tous ceux qui auront les capacités requises pour les exercer et que soit ainsi promue une élite véritable, non de naissance mais de mérite, et constamment renouvelée par les apports populaires [2] ».

La prise (du) secteur

5Le ministère des Affaires culturelles, construit à partir de 1959 autour de celui qui en reçut la charge, semblait poursuivre cette ambition. Son action participait d’une large restauration du pouvoir d’État et prenait part à la modernisation du pays tout en lui conférant une dimension à la fois civilisationnelle et spirituelle. Le verbe malrucien et la grandiloquence gaullienne permettaient à ce ministère, malgré ses modestes ressources, de revendiquer avec un certain succès un projet pour la société, voire pour l’humanité, tout entière(s) et à échéance millénaire.

6Mais les distances prises presque simultanément à l’égard de l’éducation nationale et de l’éducation populaire, le souci de l’excellence garantie par l’intervention de professionnels, la construction d’administrations et d’équipements dédiés ont amorcé un processus de sectorisation et ouvert de tout autres perspectives : celles par lesquelles les moyens deviennent des fins. L’existence et la survie des instruments d’intervention tendant à devenir des objectifs en soi. Par ailleurs, les États-providence ont été progressivement confrontés à de lourdes difficultés. Les inégalités se sont renforcées, rendant les promesses des politiques culturelles de plus en plus déraisonnables. Comment croire en effet à l’égal accès à « la culture » quand ne cessaient de croître les inégalités de revenu et de patrimoine, mais aussi celles relatives à l’éducation, à l’emploi, au logement, à la santé, etc. ? De leur côté, les démocraties libérales sont loin d’avoir connu l’expansion définitive que Francis Fukuyama annonçait [3]. Fragilisées par les inégalités qu’elles tolèrent, bousculées par des formes insidieuses d’autoritarisme, leur destin paraît également et dangereusement prendre la forme d’une régression [4]. Et pourtant, comme frappées d’inertie intellectuelle, les politiques culturelles semblent conserver les mêmes objectifs dans un contexte sociétal qui les rend de moins en moins réalistes. Comme si leurs échecs en galvanisaient les responsables. Comme si le moindre doute les concernant risquait de leur faire perdre à la fois sens et moyens d’action. Comme si avec leurs pauvres ressources ces politiques pouvaient réussir là où les autres ont échoué.

7De ce point de vue, la destinée sectorielle des politiques culturelles ne leur est pas spécifique. Les contraintes que font peser les logiques de l’action publique (division en organisations et périmètres d’intervention relativement distincts, hiérarchisés et concurrents) constituent une problématique professionnelle et analytique commune. Pierre Muller [5] note d’ailleurs que si toute politique publique s’inscrit inéluctablement dans un secteur qu’elle contribue en même temps à créer, elle appelle par le même mouvement à contester les divisions au sein desquelles elle opère. La sectorisation et sa dénonciation constituent ainsi les deux faces inséparables des dilemmes de l’action publique. Les politiques culturelles n’ont pu échapper ni à l’une ni à l’autre.

À la recherche du sens perdu

8Les débats sur le sens des politiques culturelles (relatifs à leur périmètre ou aux responsabilités des pouvoirs publics) traversent leur histoire. À mesure que leur repli sectoriel devenait sensible, une partie des critiques dont elles faisaient l’objet consistait à plaider pour des perspectives transcendant les « limites » du secteur, des actions plus « intersectorielles », transversales ou territoriales susceptibles de retrouver la dimension politique qu’elles avaient perdue. Dans la continuité de ces controverses, les urgences de 2020 feront-elles du sens de l’action publique une interrogation désormais superflue ? Serviront-elles à se débarrasser de questions politiques au fond bien encombrantes ?

9En mai dernier, le ministère de la Culture [6] estimait la baisse d’activité pour l’ensemble des structures du spectacle vivant à près de 72 % du chiffre d’affaires, soit une perte de 4,2 milliards d’euros. Les visites d’expositions ou de monuments, les industries culturelles, les revenus des artistes-auteurs étaient aussi fortement touchés. Surtout, au-delà des institutions et personnalités emblématiques du secteur culturel, plusieurs dizaines de milliers de structures, sur lesquelles repose une part essentielle mais moins visible nationalement de la vie culturelle du pays, étaient et sont à nouveau particulièrement menacées. Les données rassemblées par l’Ufisc en juin 2020 [7], projetées à l’ensemble du secteur culturel, faisaient alors état de 27 400 associations en situation de risque et 98 300 emplois de permanent.e.s en situation de fragilité (69 900 équivalents temps plein) ; de l’annulation de 681 500 contrats, dont 17 400 CDI, 102 600 CDD, 336 700 CDDU d’artistes et 224 800 CDDU de technicien.ne.s. L’impact des mesures adoptées sur les emplois culturels est donc à la fois violent et probablement durable. Pas plus que d’autres, mais assurément pas moins, ce secteur doit pouvoir bénéficier d’aides publiques pour faire face à une situation aussi grave qu’inédite.

10Les plaidoyers en ce sens ont bien entendu mobilisé le registre du supplément d’âme (que nos sociétés risquent de perdre quand « la culture » – i.e. le secteur culturel professionnel – est menacée). Mais on est surtout frappé par la nette domination d’un discours qui parle franc et pose sans détour l’enjeu comme d’ordre économique et social. Quelles que soient les options préalablement prises sur le sens de ces politiques, les organisations et collectifs mobilisés ont dénoncé une insuffisante prise en considération des milieux culturels par le gouvernement et se sont positionnés sur le terrain des chiffres d’affaires et des licenciements. Depuis plusieurs décennies déjà, l’évocation du nombre d’emplois et des retombées économiques est devenue un argument décisif pour légitimer les dépenses culturelles publiques. La crise sanitaire a permis de franchir en ce sens un palier supplémentaire. L’« exception culturelle » semble loin désormais. La culture n’était pas une marchandise comme les autres, disait-on. Aujourd’hui, les entreprises et emplois du secteur ne doivent pas souffrir d’un traitement économique et social injustement différencié.

11Christophe Blandin-Estournet et Philippe Mourrat, dans cette revue [8], ont été parmi les rares à faire entendre une autre musique en rappelant la nécessité, non seulement de reconstruire le secteur culturel dans le monde d’après, mais aussi de remettre en chantier le travail sur le sens de ce qui s’y accomplit. Survivre aux crises est une chose, mais pour quoi faire ? Encore une fois, le tragique de la situation, notamment pour les structures et emplois les plus fragiles, justifie pleinement l’attention des pouvoirs publics. Mais cette gestion de crise conforte une approche qui a progressivement fait des politiques culturelles, avant toute chose, la gestion du secteur culturel. La question du sens politique de ces interventions s’efface du débat entre ses parties prenantes. À moins que l’occasion ne soit ainsi trouvée d’écarter pour la bonne cause des dimensions politiques difficiles à contester plus frontalement ?

Les droits culturels confinés ?

12Avant cette pandémie, deux lois avaient affirmé que les politiques conjointes de l’État et des collectivités territoriales avaient pour objectif d’assurer le respect des droits culturels énoncés par la Convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles (2005). Les articles 103 (loi NOTRe, 2015) et 3 (loi LCAP, 2016) rappellent en effet en ces termes les engagements internationaux pris par la France. Il est donc réducteur, comme l’écrit Michel Guerrin, de faire des droits culturels « une notion en vogue qui vise à associer les habitants aux décisions et à prendre en compte leurs goûts [9] ». Ces dispositions fixent le cadre politique des interventions culturelles publiques et leur donnent pour sens de veiller à l’une des composantes des droits humains. Ce qui, on en conviendra, a plus d’épaisseur qu’une vogue et restitue à ces interventions la charge politique qu’elles avaient peu à peu abandonnée.

13Pas plus que d’être une « notion en vogue », les droits culturels n’ont pour seul effet d’« associer les habitants aux décisions et [de] prendre en compte leurs goûts ». Il serait aussi faux d’en faire un paradigme orthogonal aux orientations des politiques culturelles telles qu’elles se sont développées depuis le début des années 1960. Ces droits invitent plutôt à réexaminer ce qui a été fait (ou pas) et, ce faisant, à ouvrir de nouvelles perspectives. L’ancrage dans les droits humains fait certainement accomplir un sensible pas de côté dans la mesure où il invite à mettre les relations entre les personnes « au centre ». C’est sans doute là l’écart majeur vis-à-vis de conceptions des politiques culturelles centrées sur les œuvres et les artistes. Envisager la culture non pas comme une collection d’objets, de lieux, de pratiques ou de manifestations à laquelle il serait bon que le plus grand nombre accède, mais comme un « processus interactif par lequel les personnes et les communautés, tout en préservant leurs spécificités individuelles et leurs différences, expriment la culture de l’humanité [10] », va de pair avec la reconnaissance de l’égale dignité des personnes, de ce qui les porte et leur importe. Chacun.e, dans ses relations à l’autre, contribuant ainsi à faire la culture de son temps.

Refaire des politiques culturelles pour la transition ?

14Mais la parole politique est restée sur ce point très discrète, ignorant souvent la portée des droits culturels et préférant réaffirmer que les artistes et créateurs doivent être au cœur des politiques culturelles. Au sein des milieux professionnels, ce changement potentiel de paradigme paraissait clivant, voire, pour certain.e.s, inquiétant, le souci de préserver des acquis et des positions invitant plus à sauvegarder ce qui semblait menacé qu’à renouveler les façons de penser et de faire. La tempête qui s’est abattue en 2020 renforce cette orientation. Sauver le secteur culturel qui tangue dangereusement est désormais un absolu. La traduction concrète du sens que ces lois ont donné aux politiques culturelles pourra attendre… L’urgence commande ? Peut-être, mais dans une situation comparable, un groupe de réflexion « pour imaginer un plan de relance et des appuis structurels » a été créé en octobre dernier par la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles (et membre du parti Écolo), Bénédicte Linard ; il est co-présidé par la juriste Céline Romainville, spécialiste des droits culturels et présentée comme telle…

15Éluder ces questions fondamentales est d’autant plus grave que, comme pour tout secteur d’intervention, un chantier réflexif supplémentaire, d’une tout autre dimension, attend les politiques publiques de la culture. Bruno Latour estimait récemment que « la crise sanitaire […] induit, incite à se préparer à la mutation climatique [11] ». Or, si « la culture » – en réalité le secteur culturel professionnel – est une des principales victimes de la crise actuelle, notre culture, comme ensemble de pratiques, de croyances, de modes de vie, est sensiblement en cause dans ce qui nous conduit à affronter l’urgence climatique. Ce défi, culturel, ouvre donc de nouvelles perspectives pour des politiques culturelles de la transition.

16D’abord, par la multiplication et le renforcement des démarches éco-responsables et le soutien que les collectivités publiques peuvent leur apporter. Le travail en cours du laboratoire d’idées The Shift Project [12] pour un « plan de transformation de l’économie française » en faveur du climat et de la résilience, après avoir souligné que le secteur culturel est « exposé » mais « ne mesure pas les risques qu’il encourt », présente des orientations à adopter pour une « culture décarbonée et résiliente » [13]. Ensuite, si à propos de la crise écologique qui nous impacte déjà nous avons tendance à « regarder ailleurs », les œuvres et la création artistiques peuvent nous aider à (nous) représenter ces transformations. Comme par le passé, quand elles se sont fait l’écho des événements les plus tragiques et ont donné une forme symbolique à des enjeux existentiels. Enfin, si l’évolution des pratiques culturelles et la place du numérique dans nos vies, notamment chez les plus jeunes, menacent le renouvellement des « publics », l’avenir des lieux culturels est assurément de (re)devenir des lieux de vie. Leurs espaces, souvent réduits à des fonctions de consommation, peuvent être des lieux de partage sur les diagnostics des mutations en cours et les pistes de résilience.

17Aux événements sanitaires, sociaux, économiques et politiques que nous vivons, la transition écologique ajoute un nouveau défi d’une ampleur considérable rassemblant et dépassant toutes les dimensions des crises actuelles. La question est donc de savoir si les politiques culturelles peuvent se borner aux limites du secteur professionnel qu’elles ont fait naître ou si elles seront, comme à la Libération, en mesure non seulement d’assurer le respect des droits humains, mais aussi de s’inscrire dans des projets politiques « macro » et de contribuer ainsi aux changements profonds que les limites de la planète nous imposent de mettre en œuvre urgemment.

Mémo

QUELQUES CHIFFRES SIGNIFICATIFS :
  • une baisse d’activité de 4,2 milliards d’euros pour l’ensemble des structures du spectacle vivant, soit 72 % de leur chiffre d’affaires (source : ministère de la Culture).
  • 98 300 emplois (69 900 ETP) de permanent.e.s en situation de fragilité (source : Ufisc).
D’AUTRES RÉPONSES POLITIQUES APPORTÉES À LA CRISE :
  • un groupe de réflexion « pour imaginer un plan de relance et des appuis structurels » a été créé en octobre 2020 par la ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles.
  • le laboratoire d’idées The Shift Project travaille à un « plan de transformation de l’économie française » en faveur du climat et de la résilience.
À LIRE
  • David Irle, Samuel Valensi et Anaïs Roesch, Décarboner la culture. Face au réchauffement climatique, les nouveaux défis pour la filière, Grenoble, PUG/UGA, à paraître.
  • Bruno Latour, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique, Paris, La Découverte, 2017.
  • Jean-Louis Laville et Michèle Riot-Sarcey, Le Réveil de l’utopie, Ivry-sur-Seine, Éditions de l’Atelier, 2020.
  • Philippe Urfalino, L’Invention de la politique culturelle, Paris, La Documentation française, 1996.

Date de mise en ligne : 12/01/2021

https://doi.org/10.3917/nect.012.0044

Notes

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.14.87

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions