Notes
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[1]
Chambre des représentants de Belgique, 2022, « Proposition de résolution relative à la crise de l’accueil des demandeurs d’asile du 9 août 2010 », https://www.lachambre.be/FLWB/PDF/53/0057/53K0057001.pdf (consulté le 18 janvier 2022).
-
[2]
Le corpus a été collecté en décembre 2020.
-
[3]
Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers.
-
[4]
La Wayback Machine (https://archive.org/) est une archive digitale en libre accès répertoriant depuis 1996 des captures HTML des URL internet à travers le temps. Cet outil permet de consulter une page web telle qu’elle figurait sur une URL donnée à une date donnée.
-
[5]
TXM est un logiciel open source co-développé par le laboratoire IHRIM de l’École normale supérieure de Lyon et le laboratoire ELLIADD de l’université de Franche-Comté (Heiden et al., 2010).
-
[6]
de crisis en néerlandais.
-
[7]
de opvangcrisis en néerlandais.
-
[8]
Même si nous n’avons aucune donnée pour Fedasil pour cette période, nous avons identifié que l’Agence faisait plus tard référence à cette période avec cette dénomination. Le rapport de 2012 a été rédigé en 2013 et est donc comptabilisé pour l’année 2013.
-
[9]
accueil en français.
-
[10]
crise en français.
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[11]
de acute opvangcrisis en néerlandais.
-
[12]
asiel en néerlandais.
-
[13]
crisis en néerlandais.
-
[14]
Le pic de Fedasil observé en 2015 représente en réalité une seule occurrence de la crise humanitaire, mise en évidence par la taille relativement petite de ce sous-corpus en comparaison avec les autres sous-corpus.
-
[15]
migration en français.
-
[16]
crise en français.
-
[17]
de zelf-veroorzaakte crisis en néerlandais.
1 La crise de l’asile, la crise migratoire, la crise de la solidarité, la crise de l’humanité, etc. Les dénominations de ladite crise du phénomène migratoire foisonnent depuis 2015 dans les discours des différents acteurs (médiatiques, politiques, institutionnels, associatifs, etc.). Certaines recherches montrent notamment que la dénomination crise de l’accueil renvoie surtout à la situation européenne (Adam et Martiniello, 2013, p. 81), que la dénomination crise migratoire serait plus neutre (Calabrese et Mistiaen, 2018), que la crise des migrants/réfugiés marque une attention particulière aux acteurs. D’autres cherchent à comprendre ce qui caractérise la supposée crise migratoire (Crawley et Duvell, 2017 ; De Cleen et al., 2017 ; Krasteva, 2019), les différents cadrages dont elle est l’objet (Berry et al., 2016 ; De Cock et al., 2019), ainsi que les effets de ces cadrages sur l’opinion (De Coninck, 2020).
2 Le cadrage d’un événement s’observe en effet dès sa nomination. Loin d’être anodin, l’acte de nommer équivaut à « une prise de position à l’égard de la chose nommée qui désigne, en même temps que l’objet nommé, la position prise pour le nommer » (Siblot, 2001, p. 15). La dénomination d’un événement contribue à le faire exister (Ricœur, 1983 ; Calabrese, 2013, p. 10), à le rendre intelligible et à le comprendre (Veniard, 2013b, p. 24). De plus, la circulation des dénominations et les processus de recatégorisation et de décatégorisation (Krieg-Planque, 2012, p. 97) aident à définir l’événement (Veniard, 2013b) et participent ainsi à la construction de la réalité sociale (Moirand et Reboul-Touré, 2015, p. 109). La dénomination de l’événement est actualisée au fur et à mesure qu’elle rencontre de nouveaux co-textes. Certaines modifications ou actualisations se stabilisent et donnent lieu à un nom d’événement qui entre dans la mémoire collective (Calabrese, 2013).
3 Dans le cas des migrations, un impressionnant répertoire lexical d’expressions contenant le mot crise semble être utilisé indifféremment par les politiciens, les institutions et les médias. La crise est une « expression dénominative incomplète », fortement dépendante du contexte, qui nécessite des « coordonnées spatio-temporelles » pour comprendre ce à quoi le terme fait référence (Calabrese, 2013, p. 159-167). Parce que le mot crise présente « une grande diversité référentielle » (Veniard, 2013b, p. 88), son sens est moins déterminé par la description de son référent que par « la construction de l’événement par le discours » (Veniard, 2013a, p. 221). « La crise est façonnée par la société et une grande partie de ce façonnage se fait par le biais de textes et de discussions » (De Rycker et Mohd Don, 2013, p. 5). Les acceptions courantes du mot crise se déclinent donc dans la dimension co-occurrentielle de son sens (Veniard, 2013a, p. 221 ; 2013b, p. 74) et peuvent s’étudier à l’aide des co-occurrents (adjectifs qualificatifs et compléments associés ; Gabrielatos et Baker, 2008) ou des sèmes (programmes de sens actualisés en discours ; Détrie et al., 2017, p. 345-347), afin de mieux comprendre la construction du sens social de l’événement dénommé par le terme crise lorsqu’il concerne le phénomène migratoire. En se fondant sur une analyse des discours médiatiques et littéraires, Marie Veniard (2013a, p. 224-226) a notamment identifié quatre sèmes communs à différentes acceptions : « période », « rupture », « intensité » et « dont on veut voir arriver la fin ».
4 Les différentes dénominations référant à la crise migratoire évoluent au fil de l’actualité, circulent d’un discours à l’autre, sont reprises par différents acteurs ou au contraire se concurrencent, se muant en véritables lieux et objets de lutte de représentations (Krieg-Planque, 2012, p. 41). Ces luttes occupent une place centrale dans la constitution même du phénomène. Elles participent à la médiatisation de la migration, au sens où Simone Bonnafous entend médiatisation, à savoir « le processus complexe résultant de l’interaction entre divers acteurs collectifs et individuels et aboutissant à la présence d’un sujet dans les médias de masse et à des conflits pour l’interprétation et l’attribution de valeurs symboliques » (Bonnafous, 1999, p. 2). Si le discours des médias en tant qu’acteur de cette constitution a déjà fait l’objet de nombreuses recherches (Veniard, 2013a ; 2013b ; Krzyżanowski et al., 2018 ; Angeli Aguiton et al., 2019), le discours des autres acteurs constitue encore un chantier à explorer.
5 En Belgique, la gouvernance de la migration est complexe, « multi-niveaux » et « multi-acteurs » : non seulement les responsabilités en matière migratoire sont partagées entre les différents échelons de pouvoir (fédéral, régional, communal), mais ces différents échelons collaborent avec des acteurs non gouvernementaux (humanitaires, associatifs) auxquels ont été délégués une série de services publics (Mescoli et al., 2019, p. 179-180). En 2011, le poste de secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration est créé et marque l’institutionnalisation de toutes les compétences relevant de la migration, jusque-là partagées entre deux ministères aux politiques parfois divergentes (Van Neste-Gottignies et Mistiaen, 2018, p. 54-55), dans le but de dépasser les blocages d’une gestion bicéphale et de mettre un terme à la « crise de l’accueil des demandeurs d’asile » [1]. L’enjeu de cette institutionnalisation est à la fois d’insuffler une vision politique cohérente en matière migratoire et de donner au secrétaire d’État le pouvoir de l’opérationnaliser (Pleysier, 2011).
6 La présente recherche s’interroge sur l’usage, la production et la circulation en discours des dénominations construites sur la base du syntagme nominal (SN) la crise, ainsi que sur les mécanismes différents d’association de ce SN avec le phénomène migratoire en Belgique, en fonction soit des acteurs, soit de la communauté linguistique (francophone/néerlandophone), soit de la période (de 2011 à 2020). Quels sont les termes associés à crise dans le discours de ces acteurs ? Quels sont, au sein de leur discours, les mécanismes d’association du terme crise au phénomène migratoire ? À quoi crise réfère-t-il exactement, et quels sont les effets et enjeux sociodiscursifs de ses usages ? Le but de la recherche est de comprendre les enjeux de cette mise en mots à partir de l’analyse des co-occurrents et des sèmes du terme crise dans le discours des principaux acteurs de la gouvernance de la migration en Belgique.
7 Après avoir exposé le corpus retenu et la méthodologie utilisée, les résultats de l’analyse de discours sont détaillés et comparés afin de mettre en évidence l’évolution des différents cadrages discursifs de la crise par les acteurs et leurs enjeux. L’analyse met ainsi en évidence les mécanismes discursifs utilisés par les différents acteurs afin d’argumenter leur positionnement par rapport au phénomène migratoire.
Corpus et méthodologie
8 Le corpus (tableau 1) s’étend sur une période qui commence en 2011, année qui a vu la création du poste de secrétaire d’État à l’Asile et la Migration à la suite de la sixième réforme de l’État, et qui se termine juste avant « la crise sanitaire » de la Covid-19, qui constitue un nouveau contexte de crise [2]. Par ailleurs, de 2019 à 2020, le gouvernement belge est en affaires courantes, sans secrétaire d’État à l’Asile et la Migration.
9 L’Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil), créée en mai 2002, se charge de l’accueil des demandeurs de protection internationale et garantit la qualité et la conformité avec la loi des différentes structures d’accueil. Organisme semi-public, celle-ci est juridiquement distincte de l’État, mais reste placée sous la tutelle du secrétaire d’État.
10 La Croix-Rouge de Belgique (CRB) et son homologue néerlandophone Rode Kruis-Vlaanderen (RKV) sont des organisations non-gouvernementales qui accueillent les personnes cherchant à obtenir une protection en Belgique au sein de centres collectifs, le temps de leur procédure d’asile. Elles œuvrent également à sensibiliser et à promouvoir le vivre ensemble et présentent une mission humanitaire bien plus large que Fedasil.
11 Le Ciré [3] et Vluchtelingenwerk Vlaanderen (VWV) sont deux associations sans but lucratif centrales en Belgique francophone et néerlandophone. Elles cherchent à fédérer au sein de leur communauté linguistique la plupart des associations de défense des droits des personnes en migration. En outre, ces associations se sont institutionnalisées et sont devenues en partie responsables de certains services publics, jouant un rôle clé dans la gouvernance des migrations tout en assumant le rôle de contre-pouvoir (Mescoli et al., 2019, p. 180).
12 Ces acteurs, aux rôles et aux statuts différents, sont autant de parties prenantes dans la gestion et l’opérationnalisation de l’accueil en Belgique. Analyser leurs discours respectifs donne à voir leur positionnement discursif et la manière dont ils cadrent ladite crise, participant ainsi à configurer les représentations du phénomène migratoire et ce, à un moment clé de son institutionnalisation en Belgique.
13 Le corpus rassemble toutes les notes de politique générale (NPG) rédigées par les secrétaires d’État à l’Asile et la Migration (SEAM), les rapports annuels des différents acteurs, ainsi que toutes les pages des sites internet officiels de ceux-ci mentionnant le terme crise, de 2011 à 2020. Les NPG sont rédigées en français et en néerlandais, sur la base de l’accord du gouvernement au début de chaque législature et ensuite annuellement. Elles définissent la vision, les actions et les objectifs que le secrétaire d’État entend réaliser avec son administration et servent également à démontrer ce qui a été fait l’année précédente. Les NPG et les rapports annuels les plus récents sont publiés en libre accès sur les sites internet des acteurs étudiés. Les rapports annuels plus anciens ont été obtenus auprès de leurs services de communication. Le reste du corpus a été collecté à l’aide d’une requête utilisant le mot clé crise sur leurs sites internet (et à l’aide de la Wayback Machine [4]).
Tableau 1. Description du corpus
Niveau | Mission | Acteur | Langue | Contenu | Mots | Mots total |
Gouvernemental | Politique | SEAM | Français | 11 notes de politique générale a | 139 698 | 314 676 |
SEAM | Néerlandais | 11 notes de politique générale | 121 990 | |||
Fedasil | Français | 40 textes
b
: -8 rapports annuels -2 présentations de rapport annuel -1 témoignage -29 actualités | 52 988 | |||
Non gouvernemental | Humanitaire | CRB | Français | 34 textes
c
: -6 rapports annuels « accueil des demandeurs d’asile » -25 actualités -3 pages du site | 127 183 | 284 799 |
RKV | Néerlandais | 35 textes
d
: -10 rapports annuels -25 actualités | 157 616 | |||
Associative et militante | Ciré | Français | 84 textes
e
: -28 rapports (y compris 12 rapports annuels) -3 actualités -7 brochures/sensibilisation -38 communiqués de presse -7 commentaires sur les notes de politique générale -1 présentation d’analyse | 584 764 | 740 860 | |
VWV | Néerlandais | 38 textes
f
: -7 rapports annuels -4 présentations de rapport -18 actualités -6 événements -3 pages du site | 156 096 |
Tableau 1. Description du corpus
a. Tirées du site officiel de la Chambre des représentants de Belgique, https://www.lachambre.be (consulté le 10 juin 2020).b. Tirés du site officiel de Fedasil : https://fedasil.be/fr (consulté le 22 décembre 2019).
c. Tirés du site officiel de la Croix-Rouge de Belgique : https://www.croix-rouge.be/ (consulté le 22 décembre 2020).
d. Tirés du site officiel de Rode Kruis-Vlaanderen : https://www.rodekruis.be/ (consulté le 22 décembre 2020).
e. Tirés du site officiel du Ciré : https://www.cire.be/ (consulté le 22 décembre 2020).
f. Tirés du site officiel de Vluchtelingenwerk : https://vluchtelingenwerk.be/ (consulté le 22 décembre 2020).
14 Afin d’analyser l’usage des dénominations de la crise au sein du discours des acteurs de la migration en Belgique de 2011 à 2020, les différentes dénominations du phénomène migratoire comprenant le SN la crise sont d’abord identifiées, pour ensuite analyser la manière dont celles-ci construisent ce référent en discours. Le corpus (mis en forme et balisé) est traité à l’aide du logiciel de textométrie TXM [5]. Cet outil contrastif et longitudinal (Née, 2017, p. 183) permet de comparer les différents sous-corpus des acteurs en fonction de la période (dans le cas présent, l’échelle de temps choisie est l’année). Cependant, il ne permet pas de comparer directement les deux langues. En conséquence, les sous-corpus ont été traités de manière indépendante et ensuite comparés manuellement (Hermand et Thouraud, 2015). Deux fonctionnalités du logiciel nous intéressent particulièrement : le calcul des co-occurrences et le concordancier. La co-occurrence d’un mot réfère à la force d’attraction de celui-ci pour un autre dans le même contexte (Lebart et al., 2019, p. 113). L’indice de co-occurrence « évalue le caractère plus ou moins remarquable de la co-occurrence, d’un point de vue statistique » (loc. cit.). Il mesure l’attraction entre crise et ses différents co-occurrents au sein de chaque sous-corpus (dans une fenêtre de 5 mots à gauche et à droite du mot pivot). Le calcul de co-occurrence permet donc d’observer des associations lexicales récurrentes (Née, 2017, p. 183). Le concordancier offre un accès direct à chaque occurrence de la crise (pivot) en contexte, facilitant l’observation qualitative de son co-texte plus ou moins étendu. Notons que l’analyse des co-occurrents de la crise en néerlandais [6] doit prendre en compte la morphologie de la langue néerlandaise, qui a en effet ceci de particulier qu’elle compose le sens des mots à partir de la juxtaposition d’autres mots (De Haas et Trommelen, 1993, p. 10-13). Cette construction particulière du sens nous contraint à observer une à une les différentes dérivations, et à relever ensuite leurs co-occurrents.
15 D’un point de vue linguistique, une dénomination d’événement est une expression nominale définie (Kleiber, 1981) dont la base est un nom commun d’événement (Calabrese, 2013, p. 146). L’analyse des co-occurrents se concentre sur le SN la crise et ses différentes expansions prépositionnelles ou adjectivales référant au phénomène migratoire. Les autres co-occurrences sont quant à elles autant d’actualisations qui permettent d’identifier les sèmes de crise les plus mobilisés en discours (Veniard, 2013a). Ces usages de la crise par les différents acteurs sont alors comparés au fil du temps afin de mettre en évidence « les conflits pour l’interprétation et l’attribution de valeurs symboliques » (Bonnafous, 1999, p. 2) auxquels ils participent dans la construction du sens social de la crise en discours.
Résultats
16 Le corpus présente des déséquilibres en termes de nombre de mots par acteur. Fedasil est l’acteur comptabilisant le moins de contenu incluant le mot crise alors que les associations – tout particulièrement le Ciré – produisent nettement plus de contenu mentionnant crise que les autres acteurs étudiés (voir tableau 1). Il s’agit essentiellement d’un biais de source : en raison de la refonte du site web de Fedasil, ce sous-corpus ne contient pas d’articles entre 2011 et 2012.
Tableau 2. Dénominations du phénomène migratoire dont le SN la crise est le noyau dans le corpus
Dénomination | Nombre d’occurrences absolues par acteur |
La crise de l’accueil | SEAM (8) Fedasil (7) CRB (8) Ciré (170) |
La crise d’accueil* | SEAM (7) |
La « crise de l’accueil » | Ciré (2) CRB (1) |
La crise de l’accueil des demandeurs d’asile | Ciré (34) |
La « crise de l’accueil » des demandeurs d’asile | Ciré (1) |
La crise aiguë de l’accueil | SEAM (1) |
La crise de l’accueil observée en Belgique de 2008 à 2012 | Fedasil (1) |
La crise de l’accueil rencontrée de 2008 à 2012 | Fedasil (1) |
De opvangcrisis | SEAM (21) VWV (13) Rode Kruis (2) |
De aanspelende opvangcrisis | VWV (1) |
De escalerende opvangcrisis | VWV (1) |
De aanhoudende opvangcrisis | VWV (1) |
De huidige crisissituatie | SEAM (1) |
De huidige opvangcrisis | SEAM (2) |
De recente opvangcrisis | SEAM (2) |
De schrijnende opvangcrisis | VWV (1) |
De acute opvangcrisis | SEAM (1) |
De vluchtelingencrisissen | VWV (3) |
De grote opvangcrisis | VWV (1) |
La crise de l’asile | SEAM (16) Fedasil (6) Ciré (7) |
La crise d’asile* | SEAM (1) |
La crise actuelle de l’asile | Ciré (1) |
La crise de l’asile de l’été 2015 | Ciré (1) |
La crise de l’asile de 2015 | SEAM (3) Fedasil (3) |
La crise d’asile de 2015* | SEAM (1) |
La « crise de l’asile » | Ciré (5) |
La crise européenne de l’asile de 2015 | SEAM (1) |
La crise de l’asile de 2016 | Fedasil (1) |
La crise d’asile de 2016* | Fedasil (1) |
De asielcrisis | SEAM (12) RKV (18) VWV (5) |
De vorige asielcrisis | SEAM (1) |
De «asielcrisis» | VWV (1) |
De asielcrisis van 2015 | SEAM (4) |
De meest recente asielcrisis | RKV (1) |
De Europese asielcrisis van 2015 | SEAM (2) |
De vluchtelingencrisis | VWV (6) RKV (4) |
De Syrische vluchtelingencrisis | VWV (1) |
De grootste vluchtelingencrisis | SEAM (1) VWV (2) |
De bootvluchtelingencrisis | RKV (1) |
De crisis van de bootvluchtelingen | RKV (1) |
De hedendaagse vluchtelingencrisis | VWV (1) |
La crise actuelle des réfugiés | CRB (1) |
La crise des réfugiés | Ciré (6) |
La crise humanitaire | Fedasil (1) CRB (2) Ciré (1) |
La crise humanitaire actuelle en Méditerranée | Ciré (1) |
La crise humanitaire au Parc Maximilien | Ciré (1) |
La crise humanitaire de 2015 | Ciré (1) |
De grootste humanitaire crisis | RKV (1) |
De internationale crisissituatie | SEAM (6) |
De crisis in oktober 2015 | VWV (1) |
De asielzoekerscrisis | RKV (1) |
La crise de 2015 | Fedasil (2) CRB (2) Ciré (3) |
La crise politique de 2015 | Ciré (1) |
La crise de l’été 2015 | Ciré (1) |
La crise de 2015-2016 | Fedasil (2) |
La crise politique de l’accueil des réfugiés de 2015 | Ciré (1) |
La crise politique de la gestion de l’accueil au sein de l’UE | Ciré (1) |
La crise des politiques migratoires | Ciré (1) |
La crise oubliée des sans-papiers | Ciré (2) |
La crise actuelle des migrants | Fedasil (1) |
La crise des migrants | Ciré (2) |
« La crise des migrants » | Ciré (1) |
La crise de la migration et de l’asile | SEAM (1) |
De migratie- en asielcrisis | SEAM (1) |
La crise migratoire | SEAM (4) Fedasil (1) CRB (4) Ciré (4) |
De migratiecrisis | SEAM (2) |
« La crise migratoire » | Ciré (3) |
La crise « migratoire » | Ciré (1) |
La crise migratoire de 2015 | SEAM (1) Ciré (1) |
De migratiecrisis van 2015 | SEAM (1) |
La crise migratoire européenne | SEAM (4) |
De Europese Migratiecrisis | SEAM (4) |
La crise migratoire européenne de 2015 | SEAM (6) |
De Europese (M)migratiecrisis van 2015 | SEAM (8) |
De Europese (M)migratiecrisis van 2015-2016 | SEAM (2) |
La crise de la transmigration illégale | SEAM (2) |
Die [crisis] van illegale transitmigratie | SEAM (2) |
De aanhoudende crisis van de illegale transitmigratie | SEAM (1) |
De aanhoudende crisis van illegale transitmigratie | SEAM (1) |
De nog steeds woekerende crisis van illegale transitmigratie | SEAM (1) |
La crise de l’immigration clandestine de transit | SEAM (1) |
La crise persistante des migrants illégaux en transit | SEAM (1) |
* Cette construction légèrement différente apparaît à quelques reprises dans les NPG. En effet, la crise d’accueil, et plus tard la crise d’asile (de 2015), est mentionnée dans la traduction française de ces dernières. Le fait que ces notes soient discutées et rédigées en néerlandais, la langue maternelle des deux SEAM de notre corpus, pousse à croire qu’il s’agit d’une imprécision de la traduction française. |
Tableau 2. Dénominations du phénomène migratoire dont le SN la crise est le noyau dans le corpus
17 L’analyse des co-occurrents du SN la crise permet d’identifier les différentes dénominations utilisées au fil du corpus (tableau 2). Ces dénominations présentent deux structures sémantico-syntaxiques principales. D’une part, une structure simple où le SN la crise est complémenté par un adjectif relationnel (« la crise migratoire ») qui vient définir la crise. Le SN la crise est plus rarement complémenté par un adjectif qualificatif caractérisant la crise en intensité ou de manière géographique. D’autre part, une structure complexe où le SN la crise est complémenté par un syntagme prépositionnel simple (la crise + préposition + nom, par exemple, « la crise des réfugiés ») ou complexe (la crise + nom + préposition + complément prépositionnel, comme « la crise des réfugiés en Europe »). Le syntagme binominal complexe qui en résulte porte des enjeux sémantiques propres aux séquences SN1 + de + SN2. « Les SN de SN de ce type sont décodés par le sens relationnel établi par les propriétés lexico-sémantiques et argumentales des deux noms du SN lui-même » (Bartning, 1998, p. 168). Cette relation dynamique impliquée par la préposition de (Veniard, 2013b, p. 142) est analysée en contexte pour chacune des dénominations.
18 Dans le but de comparer les usages au fil du temps, les fréquences relatives par année et par acteur ont été calculées pour chacune des dénominations saillantes du corpus, mettant en évidence différents moments discursifs (graphique 1). Ce découpage montre qu’une ou plusieurs dénominations circulent entre les différents acteurs étudiés durant un intervalle plus ou moins déterminé. Soit la dénomination se stabilise et est utilisée par tous les acteurs, comme c’est le cas pour la crise de l’accueil et la crise de l’asile, soit elle est négociée par les acteurs et circule sans se stabiliser (comme la crise humanitaire).
Graphique 1. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) des dénominations les plus fréquentes issues du tableau 2
Graphique 1. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) des dénominations les plus fréquentes issues du tableau 2
19 Afin d’étudier la manière dont la dénomination utilisée sert le cadrage du discours des différents acteurs du corpus, nous avons d’abord analysé la composition lexico-morpho-syntaxique ainsi que la sémantique de la dénomination avant de nous intéresser à l’analyse des co-occurrents et des sèmes de crise actualisés en discours. La circulation de ces dénominations nous a permis d’identifier les différentes luttes entre acteurs en discours.
La crise de l’accueil (des demandeurs d’asile)
Graphique 2. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise de l’accueil/de opvangcrisis par acteur et par année
Graphique 2. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise de l’accueil/de opvangcrisis par acteur et par année
20 La dénomination la crise de l’accueil [7] est utilisée par tous les acteurs du corpus [8] pour référer à la saturation du réseau de l’accueil en Belgique entre 2008 et 2012. Le rapport de l’année 2012 de Fedasil souligne cette stabilisation de la dénomination dans le secteur migratoire belge par la remarque métadiscursive suivante : « C’est une nouvelle dynamique qui anime l’Agence au sortir de ce qui est devenu dans le langage courant “la crise de l’accueil” » (Fedasil, 2013).
21 Le syntagme binominal la crise de l’accueil présente une structure complexe où le SN1la crise est caractérisé par le SN2 prépositionnel simple de l’accueil. La préposition de utilisée exprime un sens relationnel avec le caractérisant. L’article défini l’ a un sens référentiel (Kleiber, 1983, p. 87) et renvoie à l’accueil des demandeurs d’asile en Belgique entre 2008 et 2012. On retrouve d’ailleurs parfois l’expression complète (la crise de l’accueil des demandeurs d’asile) dans le corpus. D’un point de vue discursif, le sens que prend le terme crise dans ce SN complexe est celui d’un état : c’est le réseau d’accueil qui est en crise, contrairement au SN complexe crise de l’asile (voir infra).
22 En néerlandais, la dénomination de opvangcrisis est un nom composé formé des deux noms (De Haas et Trommelen, 1993, p. 10-13) opvang [9] et crisis [10]. Dans cette construction, c’est le deuxième nom qui porte le sens du nom composé : de opvangcrisis signifie littéralement la crise de l’accueil alors que de crisissituatie signifie la situation de crise. Le sens relationnel SN1de SN2 en français correspond donc à celui de N2N1 en néerlandais.
23 Alors que le SEAM, Fedasil, la CRB et RKV utilisent le SN prépositionnel simple de l’accueil, les associations utilisent le SN prépositionnel complexe de l’accueil des demandeurs d’asile. Le Ciré et VWV insistent ainsi sur la dimension humaine de la crise de l’accueil en soulignant les conséquences de la saturation du réseau sur les demandeurs d’asile.
24 Si l’étude des co-occurrents avec un indice supérieur ou égal à 2 montre que les acteurs du corpus sont tous préoccupés par la bonne gestion du réseau d’accueil (« résoudre », « solutions », « réponses », « sortir »), les acteurs ne construisent pas la crise de la même manière. Alors que le SEAM envisage la crise de l’accueil « à court terme », actualisant le sème [+ courte durée], les co-occurrents de la crise de l’accueil dans le discours des associations actualisent le sème [+ longue durée] : la crise « perdure », est « interminable » (Ciré, 2012), se produit « à nouveau », « pour la troisième année consécutive » (VWV, 2012). De manière générale, de nombreux adjectifs qualifient la crise de l’accueil, actualisant le sème [+ intensité] de crise (« la crise aiguë de l’accueil » [11] ; VWV, 2012). Ceux-ci coïncident souvent avec une construction syntaxique au sein de laquelle la crise de l’accueil occupe la place de sujet alors que lorsqu’il s’agit de résoudre cette dite crise, la crise de l’accueil se trouve plutôt en complément d’objet direct des verbes « résoudre » ou « gérer ». Dans les discours des associations, l’intensité de la crise augmente avec le temps : la crise « s’est amplifiée » (Ciré, 2010), elle « prend une tournure dramatique » (VWV, 2012). Ces co-occurrents cristallisent une tension discursive entre maîtrise et non-gestion de la crise. Les sèmes caractéristiques de rupture sont quant à eux presque absents dans les deux sous-corpus.
La crise de l’asile
Graphique 3. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise de l’asile/de asielcrisis par acteur et par année
Graphique 3. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise de l’asile/de asielcrisis par acteur et par année
25 À partir de 2015, la dénomination la crise de l’asile s’impose aux côtés de la crise de l’accueil dans le corpus des discours de tous les acteurs, particulièrement du côté néerlandophone. En discours, celle-ci réfère unanimement à un accroissement du nombre de demandes d’asile en Belgique et est explicitement distinguée de la crise de l’accueil précédente (2011-2012), décrite comme la saturation du réseau belge d’accueil. Si les deux dénominations cohabitent durant cette période, elles désignent des événements différents. La dénomination la crise de l’asile est d’ailleurs elle-même caractérisée par des SN prépositionnels situant la crise dans le temps (« la crise de l’asile de 2015 »).
26 D’un point de vue morpho-syntaxique, la dénomination la crise de l’asile présente une structure similaire à la crise de l’accueil (un syntagme binominal complexe en de). Cependant, d’un point de vue discursif, ce n’est plus la capacité du réseau d’accueil qui est en état de crise, mais bien une crise qui résulte de « la forte hausse du nombre de demandes d’asile au cours de la période de juin à janvier » (NPG, 2016). En néerlandais, la dénomination de asielcrisis, composée des noms asile [12] et crise [13], prend le même sens discursif. Ce réglage de sens a pour effet de déplacer le problème de la capacité du réseau d’accueil à la pression des demandes d’asile, présentées dans les médias comme de plus en plus nombreuses (Sow, 2016).
27 En témoignent les solutions apportées à la crise dans les NPG, qui portent sur la gestion des flux plutôt que sur l’augmentation des places d’accueil. Comme pour la crise de l’accueil, les co-occurrents (« résoudre », « sortir », « réponse », « solution », « leçons ») mettent l’accent sur la gestion de la crise de l’asile, actualisant le sème [dont on veut voir arriver la fin] (Veniard, 2013a). Fedasil insiste aussi sur cette bonne gestion (« faire face à », « gestion de ») malgré « le flux soudain » de demandes. RKV, qui gère des centres d’accueil avec la CRB, utilise fréquemment la dénomination « de asielcrisis » (« la crise de l’asile ») et souligne la « solidariteit » (« solidarité ») des citoyens et volontaires.
28 Le Ciré et VWV utilisent peu la dénomination la crise de l’asile. Le Ciré questionne très tôt cette attention particulière sur le nombre d’arrivées : « Demandes d’asile en Belgique : une crise sans précédent et ingérable ? » (Ciré, 2016). Cette distanciation par rapport au caractère exceptionnel de l’afflux des demandeurs d’asile se traduit par une certaine frilosité à utiliser crise en discours. Dans le corpus, le Ciré utilise la crise de l’asile avec une modalisation par des guillemets (« la “crise de l’asile” ») ou plus simplement des dénominations déictiques situant la crise dans le temps : « cette nouvelle crise », « la crise actuelle », « la crise de 2015 », « la crise de l’été 2015 ». Mais les rapports annuels du Ciré comme ceux de VWV, qui se réfèrent abondamment à la crise de l’accueil entre 2011 et 2014, contiennent, à partir de 2015, peu de dénominations construites sur le SN la crise, qui se retrouvent principalement en titre de ses brochures et interventions dans des conférences.
29 2015 marque un nouveau moment discursif durant lequel il n’y a plus d’unanimité sur le cadrage du phénomène migratoire et où plusieurs autres dénominations émergent et circulent en parallèle de la crise de l’asile : la crise humanitaire (« de humanitaire crisis » en néerlandais), la crise migratoire (« de migratiecrisis » en néerlandais), la crise des réfugiés (« de vluchtelingencrisis » en néerlandais) et la crise des migrants (uniquement en français).
La crise humanitaire
Graphique 4. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise humanitaire/de humanitaire crisis par acteur et par année
Graphique 4. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise humanitaire/de humanitaire crisis par acteur et par année
30 Le SN expansé la crise humanitaire est utilisé à différentes périodes dans le corpus et ne constitue pas à proprement parler une dénomination d’événement. Construit sur base du SN la crise et de l’adjectif qualificatif humanitaire, il réfère à différents événements : « la crise humanitaire syrienne » (CRB, 2012), « la crise humanitaire qui touche aujourd’hui l’Europe et la Belgique » (Fedasil, 2015), « la crise humanitaire actuelle en Méditerranée » (Ciré, 2015), « la crise humanitaire aux frontières de l’Union européenne » (VWV, 2020). Parce qu’il est insuffisant pour référer à lui seul à un événement, il est souvent caractérisé par des SN prépositionnels qui le situent spatio-temporellement, lui conférant le statut de « désignant d’événements occasionnels » qui tend « à perdre une grande partie de sa capacité à référer une fois le moment discursif passé » (Calabrese, 2013, p. 186).
31 Utilisé en particulier par les acteurs humanitaires et associatifs [14], ces désignants mettent l’accent sur les conséquences humaines de la crise en cours (quelle qu’elle soit). Les co-occurrents (« frontières », « international », [États] « membres », « obligation ») montrent que ce cadrage donne une dimension internationale à la crise et en appelle à la responsabilité des États européens, tout en actualisant le sème [+ intensité] (« plus qu’alarmante », « une catastrophe humanitaire », « tragique », « la situation est intenable »).
La crise des réfugiés, la crise des migrants
Graphique 5. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise des réfugiés/de vluchtelingencrisis par acteur et par année
Graphique 5. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise des réfugiés/de vluchtelingencrisis par acteur et par année
Graphique 6. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise des migrants par acteur et par année
Graphique 6. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise des migrants par acteur et par année
32 Les dénominations la crise des réfugiés et la crise des migrants sont des syntagmes binominaux complexes en de, dont le sens relationnel tend à présenter la crise comme résultant des réfugiés ou des migrants. Ces dénominations sont toutes deux peu présentes dans le corpus et surtout utilisées en 2015 et 2016. La dénomination la crise des migrants n’apparaît pas dans le corpus néerlandophone, qui préfère la dénomination la crise des réfugiés. Ce constat se vérifie également dans des corpus médiatiques où l’on observe que les médias belges francophones utilisent beaucoup plus fréquemment la dénomination migrant et relativement moins fréquemment la dénomination réfugié que les médias néerlandophones (Mistiaen, 2021, p. 315). Le Ciré utilise majoritairement la crise des réfugiés sans guillemets et la crise des migrants avec guillemets, témoignant d’une prise de distance quant à la manière même de nommer les protagonistes de la crise, préférant « réfugié » à « migrant », peut-être à la suite de la polémique lancée par la chaîne qatarie Al-Jazeera à propos de ces deux termes (Calabrese, 2018). Plus tard, tant le Ciré que VWV questionneront ces dénominations (voir infra).
La crise migratoire
Graphique 7. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise migratoire/de migratiecrisis par acteur et par année
Graphique 7. Évolution des occurrences (en fréquences relatives 10–5) de la dénomination la crise migratoire/de migratiecrisis par acteur et par année
33 La dénomination la crise migratoire est présente dès 2015 dans le corpus et culmine en 2017-2018. En français, la dénomination est construite à partir du SN la crise caractérisé par l’adjectif dénominal relationnel migratoire (qui peut être remplacé par un complément du nom : de la migration). Ce genre de construction « peut être traduit compositionnellement dans une autre langue par des termes de la forme [N N] » (Harastani et al., 2013, p. 313). En effet, en néerlandais, la dénomination de migratiecrisis est un nom composé des noms migratie [15] et crisis [16], ou littéralement : la crise de la migration. D’un point de vue sémantique, l’adjectif dénominal relationnel migratoire présente une ambiguïté lorsqu’il s’agit de caractériser la crise : la crise peut être le résultat de la migration (relation « agentive », au sein de laquelle la migration est l’agent) ou celle qui agite la migration (relation « objective », au sein de laquelle la migration est l’objet). Cette ambiguïté résulte de la « sous-détermination énonciative » de certains adjectifs dénominaux, entendue comme le fait que ceux-ci « laissent dans un état de sous-détermination la prise en charge énonciative du terme qui leur est sous-jacent » (Krieg-Planque, 2002, p. 103). Cette sous-détermination, ajoutée au fait que l’adjectif porte sur le fait de migrer plutôt que sur les acteurs, en fait un terme plus « neutre » (Calabrese et Mistiaen, 2018), qui ne prend pas position pour ou contre l’un des acteurs.
34 Dans le corpus, la dénomination la crise migratoire est principalement utilisée par le SEAM – le Ciré utilisant cette dénomination exclusivement entre guillemets. Ses co-occurrents les plus fréquents sont « européenne » et « 2015 » (donnant lieu au SN complexe « la crise migratoire européenne de 2015 ») ainsi que « résoudre » et « confronté ». Alors que la crise de l’accueil et la crise de l’asile sont situées géographiquement en Belgique, la crise migratoire est déplacée au niveau européen. L’adjectif européenne, dénominal et relationnel, porte également une ambiguïté sémantique : s’agit-il de la crise migratoire en Europe ou de l’Europe ? Ici, les reformulations en discours permettent de mieux en saisir le sens : « Lors de la crise migratoire qu’a connue l’Europe en 2015 et 2016, le gouvernement et les instances d’asile ont donné le meilleur d’eux-mêmes » (NPG, 2018). Il s’agit bien de la crise migratoire à laquelle a été confrontée l’Union européenne et pour laquelle la Belgique a joué son rôle avec succès. La crise ne réfère plus à une augmentation des demandes d’asile liée à une complexité d’événements, mais bien au phénomène même de la migration.
2018 : le début d’une nouvelle crise ?
35 À partir de 2018, une nouvelle crise émerge en discours. Deux phénomènes sont à l’œuvre dans l’usage des dénominations du phénomène migratoire construites à partir du SN la crise.
36 D’une part, le SEAM produit de nouvelles dénominations construites à partir du SN la crise, telles que « la crise de l’immigration clandestine de transit », « la crise persistante des migrants illégaux en transit », « la crise illégale de la transmigration » : « La crise migratoire européenne de 2015 et la crise de la transmigration illégale qui continue à sévir ont rendu le besoin d’une capacité accrue encore plus préoccupant » (NPG, 2018). Ces dénominations mettent l’accent sur l’illégalité et la clandestinité des protagonistes, imposant une représentation « criminalisée » de ces derniers. Aucune ne semble se stabiliser dans le corpus étudié.
37 D’autre part, les associations discutent et questionnent les dénominations en circulation construites sur le SN la crise. Le déterminant défini la précédant le SN est remplacé par un article indéfini, témoignant d’une négociation sur la dénomination de l’événement. De plus, les co-occurrents les plus fréquents de crise sont les guillemets et le mot crise lui-même, attestant du glissement d’une utilisation en usage à une utilisation en mention :
Non ce n’est pas une « crise des réfugiés », c’est une crise de l’humanité. Juste parce qu’il s’agit d’humains qui devraient protéger d’autres humains de la folie de certains autres humains. (Ciré, 2016)
Ne laissons pas nos représentants nous faire croire à une « crise migratoire » qui n’est rien moins qu’une crise des politiques d’accueil de l’UE et de ses États membres. (Ciré, 2016)
40 VWV recadre quant à lui son discours à l’aide des désignants « une crise de solidarité », « une crise de la solidarité européenne », et même « une crise grecque des droits de l’homme ». Le terme crise est lui-même objet de commentaires métadiscursifs : « Or il ne s’agit pas d’une “crise” migratoire. Parler de “crise” sous-entend que la problématique peut être réglée et solutionnée rapidement et définitivement, alors que la question des migrations et de l’exil existe depuis toujours » (Ciré, 2017). VWV joue, quant à lui, du sème [+ inattendue] de crise en utilisant le désignant « cette crise provoquée » [17] (VWV, 2020). Le réglage de sens de la crise n’a plus pour objet la migration, mais les valeurs que la société veut prôner (« une crise de l’humanité ») et les politiques d’accueil menées en Europe.
41 Cette nouvelle crise n’est pas aussi clairement définie dans le discours de Fedasil, la CRB et RKV. L’actualité relatant les vœux de Nouvel An de l’année 2020 inscrit en effet cette crise dans une continuité : « Pour 2020, de nombreux défis attendent les acteurs de l’asile en Belgique. Sans surprise, la crise ne s’arrêtera pas cette année » (Fedasil, 2020). Le caractère nouveau de la crise ne s’impose pas avec évidence, étant donné qu’il n’y a pas de rupture avec les années précédentes, au contraire : la crise semble s’enliser.
42 À la fois qualifiée de « nouvelle », sans qu’une rupture avec la (les) crise(s) précédente(s) ne soit notée, et définie par la négative (« Ceci n'est pas une crise des migrants » ; Ciré, 2017), la crise présente les mêmes procédés linguistiques observés par Marie Veniard (2013b, p. 146-147) concernant la guerre d’Afghanistan, témoignant de la mise en série d’événements reprenant des éléments communs et assurant une certaine continuité.
43 La crise de l’accueil, la crise de l’asile, la crise migratoire… Le SN la crise est le noyau de différentes dénominations, consensuelles ou discutées, qui circulent dans les discours des différents acteurs de la gouvernance des migrations en Belgique entre 2011 et 2020. Leurs enjeux sont à la fois la définition de l’événement de crise et les mesures à prendre pour la « résoudre ».
44 L’analyse met en évidence plusieurs moments discursifs. En 2011-2012, la dénomination la crise de l’accueil est utilisée par tous les acteurs pour désigner de façon consensuelle la saturation du réseau d’accueil. À partir de 2015, plusieurs dénominations circulent (la crise de l’asile, située en Belgique, et la crise migratoire, la crise des migrants et la crise des réfugiés, qui dépassent les frontières nationales et renvoient à un événement qui se produit en Europe), témoignant de la négociation entre les acteurs qui tentent d’imposer leur cadrage du phénomène migratoire. En 2018, alors que le SEAM produit de nouvelles dénominations (« la crise de la transmigration illégale »), les autres acteurs renoncent à utiliser les dénominations en circulation et les questionnent.
45 Parmi les acteurs étudiés, le SEAM s’avère être un producteur de dénominations, alors que les associations Ciré et VWV sont auteurs de contre-discours visant à déconstruire l’usage des dénominations basées sur la crise (jusqu’à l’usage du mot crise lui-même, qui passe d’usage à mention), mais sans réussir à imposer une alternative stable. Ces deux processus linguistiques à l’œuvre dans la dénomination du phénomène migratoire mettent en lumière la réflexivité langagière de ces acteurs et les luttes symboliques qui se jouent à travers la promotion ou la déconstruction de certaines dénominations.
46 Finalement, l’usage du SN la crise dans la nomination du phénomène migratoire se révèle cyclique, suggérant d’une part que le phénomène migratoire continue d’être construit en discours selon un cadrage de gestion de crise et que la « vision », pourtant annoncée lors de la création du poste de SEAM visant à « institutionnaliser » les compétences migratoires, n’est pas encore aboutie et, d’autre part, que l’usage du mot crise constitue une ressource argumentative qui explique qu’il soit très mobilisé dans le discours des acteurs, que ce soit pour en promouvoir ou en critiquer la gestion.
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- CRB, 2012, La Croix-Rouge de Belgique offre 4 ambulances à la Croix-Rouge libanaise, Bruxelles, Croix-Rouge de Belgique, collecté via la WaybackMachine, https://web.archive.org/web/20131114155405/http://www.croix-rouge.be/actualites/nouvelles/la-croix-rouge-de-belgique-offre-4-ambulances-a-la-croix-rouge-libanaise/ (consulté le 11 mars 2022).
- Fedasil, 2020, Réception de Nouvel An 2020, Bruxelles, Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, https://www.fedasil.be/fr/actualites/accueil-des-demandeurs-dasile/reception-de-nouvel-2020 (consulté le 11 mars 2022).
- Fedasil, 2015, La RTF se mobilise pour vous informer, Bruxelles, Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, https://www.fedasil.be/fr/actualites/la-rtbf-se-mobilise-pour-vous-informer (consulté le 9 juillet 2020).
- Fedasil, 2013, Rapport annuel : accueil des demandeurs d’asile et Retour volontaire 2012, Bruxelles, Agence fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile, https://www.fedasil.be/sites/default/files/rapport_annuel_2012_4.pdf (consulté le 10 mars 2022).
- NPG, 2018, Notes de politique générale Asile et Migration du 26 octobre 2018, Bruxelles, https://emnbelgium.be/fr/nouvelles/note-de-politique-generale-asile-et-migration-2018 (consulté le 11 mars 2022).
- NPG, 2016, Notes de politique générale Asile et Migration Simplification administrative du 27 octobre 2016, Bruxelles, collecté via la WaybackMachine, https://web.archive.org/web/20170930141434/http://www.dekamer.be/doc/FLWB/pdf/54/ 2111/54K2111017.pdf (consulté le 11 mars 2022).
- VWV, 2020, Open brief: breng de kinderen naar hier, Bruxelles, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, https://crm.vluchtelingenwerk.be/nieuws/open-brief-breng-de-kinderen-naar-hier (consulté le 11 mars 2022).
- VWV, 2012, Jaarverslag 2011, Bruxelles, Vluchtelingenwerk Vlaanderen, https://crm.vluchtelingenwerk.be/sites/default/files/Jaarverslag_2011.pdf (consulté le 11 mars 2022).
Mots-clés éditeurs : association, politique, institution, crise migratoire, analyse de discours
Mise en ligne 25/07/2022
https://doi.org/10.4000/mots.29855Notes
-
[1]
Chambre des représentants de Belgique, 2022, « Proposition de résolution relative à la crise de l’accueil des demandeurs d’asile du 9 août 2010 », https://www.lachambre.be/FLWB/PDF/53/0057/53K0057001.pdf (consulté le 18 janvier 2022).
-
[2]
Le corpus a été collecté en décembre 2020.
-
[3]
Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers.
-
[4]
La Wayback Machine (https://archive.org/) est une archive digitale en libre accès répertoriant depuis 1996 des captures HTML des URL internet à travers le temps. Cet outil permet de consulter une page web telle qu’elle figurait sur une URL donnée à une date donnée.
-
[5]
TXM est un logiciel open source co-développé par le laboratoire IHRIM de l’École normale supérieure de Lyon et le laboratoire ELLIADD de l’université de Franche-Comté (Heiden et al., 2010).
-
[6]
de crisis en néerlandais.
-
[7]
de opvangcrisis en néerlandais.
-
[8]
Même si nous n’avons aucune donnée pour Fedasil pour cette période, nous avons identifié que l’Agence faisait plus tard référence à cette période avec cette dénomination. Le rapport de 2012 a été rédigé en 2013 et est donc comptabilisé pour l’année 2013.
-
[9]
accueil en français.
-
[10]
crise en français.
-
[11]
de acute opvangcrisis en néerlandais.
-
[12]
asiel en néerlandais.
-
[13]
crisis en néerlandais.
-
[14]
Le pic de Fedasil observé en 2015 représente en réalité une seule occurrence de la crise humanitaire, mise en évidence par la taille relativement petite de ce sous-corpus en comparaison avec les autres sous-corpus.
-
[15]
migration en français.
-
[16]
crise en français.
-
[17]
de zelf-veroorzaakte crisis en néerlandais.