Süriyeliler gi-de-cek (« Les Syriens vont partir »). Lors de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de mai 2023, cette promesse du départ des réfugiés syriens, inscrite sur les affiches de campagne du candidat de l’opposition Kemal Kılıçdaroğlu, se donne à lire partout dans les villes de Turquie. Plus qu’une promesse, cette prévision annonce un peu hâtivement la victoire de l’opposition unie derrière le président du Parti républicain du peuple (Cumhuriyet Halk Partisi, CHP) qui a axé sa campagne du premier tour sur la nécessité de restaurer l’État de droit et le régime parlementaire en Turquie. La campagne d’entre-deux tours s’est ensuite resserrée autour des enjeux migratoires. L’opposition est malgré tout défaite par le président sortant, Recep Tayyip Erdoğan, lequel promettra, au soir de sa victoire le 28 mai 2023, le retour « demandé par nos citoyens » d’un million de réfugiés en Syrie.
L’élection présidentielle de 2023, année centenaire de la République turque, constitue un moment paroxysmique de politisation de la présence des populations arabes sur le territoire turc, particulièrement des exilés et réfugiés de guerre syriens. Ces populations venues des mondes arabes, caractérisées par leur grande diversité (en termes de classe, de nationalité, de type de mobilité et de statut juridique), avaient été accueillies avec une certaine bienveillance depuis le début des années 2000 et en particulier après le conflit syrien, jusqu’à ce qu’à la fin des années 2010, à la faveur de la crise économique, ne s’instaure une hostilité populaire exprimée notamment à travers des épisodes de violence emblématiques tels que le pogrom dans le quartier d’Altındağ à l’été 202…
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