La question de l’inceste est d’une brûlante actualité. Mise en place en mars 2021 à la suite du mouvement Metoo inceste, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE) a rendu ses conclusions. Alors que la prévalence de l’inceste est aujourd’hui mise en exergue dans le débat public, le repérage et le traitement de l’inceste à des fins préventives ou judiciaires est complexe. Ce volume de Monde commun déplace les regards portés sur l’inceste afin de comprendre les enjeux actuels : il situe les diverses acceptions que revêt l’inceste selon ses contextes d’émergence, des représentations tragiques en Grèce ancienne jusqu’à la justice des enfants aujourd’hui. Si à l’heure actuelle l’inceste désigne une violence sexuelle imposée à un enfant dans la famille, sa signification a varié au fil de l’histoire. Au Moyen Âge, l’inceste renvoyait à la transgression du droit matrimonial ecclésiastique. Associé au péché de la chair, l’inceste désignait les relations sexuelles entre personnes auxquelles le mariage était interdit pour cause de parenté. La prohibition de l’inceste s’étendait aux ascendants et descendants, aux collatéraux, aux consanguins et aux alliés, comme aux parents dits « spirituels » (parrains, marraines et leurs filleul.es, prêtre et sa pénitente, etc.). Dans ce contexte, l’inceste qualifiait, le plus souvent, des relations sexuelles hors mariage entre adultes apparentés et réputés consentants.
Pour ce numéro, nous avons associé l’approche historique à l’approche anthropologique et nous avons inscrit l’inceste dans une perspective plus large que celle du crime et de sa victime…