Notes
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[1]
Géographe, post-doctorant, Centre d’études et de recherche sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora, Université de Québec, Montréal ; “Jeune Docteur” au Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud (ceias), École des Hautes Études en sciences sociales (ehess) – cnrs. Contact : delonmadavan@gmail.com
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[2]
Cf. MADAVAN, Delon, Jaffna et le conflit intercommunautaire à Sri Lanka, Paris : Éd. PRODIG, 2007, 88 p. ; MEYER, Éric, Sri Lanka, entre particularisme et mondialisation, Paris : La Documentation française, 2001, 183 p.
-
[3]
Cf. HARRISON, Frances, Still counting the dead : survivors of Sri Lanka’s hidden war, London : Portobello Publishers, 2012, 272 p. ; WEISS, Gordon, The cage : the fight for Sri Lanka and the last days of the Tamil Tigers, London : Vintage Books, 2012, 376 p.
-
[4]
Cf. REEVES, Peter (Ed.), The encyclopaedia of the Sri Lankan diaspora, Singapour : Éd. Didier Millet, 2013, 224 p.
-
[5]
Cf. DEQUIREZ, Gaëlle, Nationalisme à longue distance et mobilisations politiques en diaspora. Le mouvement séparatiste tamoul sri lankais en France (1980-2009), thèse de doctorat en sciences politiques, Université Lille-2, 2011, 378 p. ; GOREAU-PONCEAUD, Anthony, La diaspora tamoule : trajectoires spatio-temporelles et inscriptions territoriales en Île-de-France, thèse de doctorat en géographie, Université de Bordeaux 3, 2008, 426 p.
-
[6]
Cf. DEQUIREZ, Gaëlle ; MADAVAN, Delon ; MEYER, Éric ; “Sri Lankans diasporas in France”, in : REEVES, Peter (Ed.), The encyclopaedia of the Sri Lankan Diaspora, Singapore : Éd. Didier Millet, 2013, pp. 126-130 (voir p. 127).
-
[7]
Cf. MADAVAN, Delon, “Géographie des ‘espaces refuges’ des Tamouls jaffnais depuis le début de la guerre à Sri Lanka”, in : MADAVAN, Delon ; DEQUIREZ, Gaëlle ; MEYER, Éric (sous la direction de), Les communautés tamoules et le conflit sri lankais, Paris : Éd. L’Harmattan, 2011, pp. 15-44 (voir p. 27).
-
[8]
Cf. MADAVAN, Delon, “Géographie des ‘espaces refuges’ des Tamouls jaffnais depuis le début de la guerre à Sri Lanka”, art. cité ; HARRISON, Frances, Still counting the dead : survivors of Sri Lanka’s hidden war, op. cit. ; WEISS, Gordon, The cage : the fight for Sri Lanka and the last days of the Tamil Tigers, op. cit.
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[9]
Cf. HOOLE, Rajan ; SOMASUNDARAM, Daya ; SRITHARAN, K. ; THIRANAGAMA, Rajani, The broken Palmyra. The Tamil crisis in Sri Lanka : an inside account, Claremont : Sri Lanka Studies Institute, 1990, 464 p.
-
[10]
Cf. SOMASUNDARAM, Daya, Scarred minds : the psychological impact of war in Sri Lanka, New Delhi : Sage Publications, 1998, 352 p.
-
[11]
Durant les dernières années de la guerre, les Tamouls devaient se présenter au commissariat de leur quartier afin de se faire enregistrer ou de signaler tout nouveau résident tamoul à leur domicile afin d’obtenir un police report. Sans ce document officiel il était impossible pour un Tamoul de vivre à Colombo. Les Cinghalais et les musulmans vivant (ou de passage) à Colombo n’étaient pas tenus de se faire enregistrer au commissariat.
-
[12]
Le pottu (ou bindi) orne généralement le front des femmes. Il est traditionnellement peint avec de la poudre kumkum (ou sindoor) rouge fabriquée à partir d’un mélange de curcuma séché et de jus de citron vert. Il existe aussi du kumkum artificiel et liquide ou encore des pottus autocollants. Au-delà de sa fonction esthétique, le pottu a également une signification sociale et un sens important dans la religion hindoue. Le rouge est traditionnellement porté par les femmes mariées (il signale à tous qu’une femme n’est plus libre). Lorsqu’une femme devenait veuve, la tradition voulait qu’elle cesse de porter un pottu, indiquant ainsi avec son front nu qu’elle était en deuil. Le noir est la couleur portée par les jeunes filles célibataires.
-
[13]
Entretien avec un homme de 32 ans, mécanicien au chômage, réalisé à Dehiwala, Sri Lanka, en mars 2009. Voir MADAVAN, Delon, Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : minorités, intégrations socio-spatiales et citadinités, thèse de doctorat en géo-graphie, Université Paris IV Sorbonne, 2013, 483 p.
-
[14]
Cf. GOREAU-PONCEAUD, Anthony (dossier coordonné par), “Diasporas sri lankaises : entre guerre et paix”, Hommes & Migrations, n° 1291, mai-juin 2011, pp. 3-136.
-
[15]
https://www.facebook.com/RootsofDiaspora?fref=ts
-
[16]
Entretien réalisé à Colombo en mars 2008. Voir MADAVAN, Delon, Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : minorités, intégrations socio-spatiales et citadinités, op. cit., p. 323.
-
[17]
PAARTHIPAN, Let us praise the death and the profession !, nouvelle rédigée en tamoul à la fin des années 1980. Nagaluxmy Sivasamboo a présenté une traduction en anglais du texte d’origine lors de la journée d’étude “Tamil writers in exile”, co-organisée par la Fondation Maison des siences de l’homme et le Centre of South Asian Studies de l’Université de Cambridge, à Paris, le 24 mai 2014. Nous nous sommes appuyé sur cette traduction pour proposer dans la présente contribution une traduction en français.
-
[18]
Entretien réalisé à Paris en août 2012. Voir MADAVAN, Delon, Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : minorités, intégrations socio-spatiales et citadinités, op. cit., p. 329.
-
[19]
Cf. MANTOVAN, Giacomo, “‘Faire parler’ : réflexions autour de l’écriture des récits de vie pour la demande d’asile des Tamouls sri lankais”, in : MADAVAN, Delon ; DEQUIREZ, Gaëlle ; MEYER, Éric (sous la direction de), Les communautés tamoules et le conflit sri lankais, Paris : Éd. L’Harmattan, 2011, pp. 183-212.
-
[20]
Entretien réalisé à Paris le 27 septembre 2013. Voir MADAVAN, Delon, Les populations d’origine sud-asiatique à Paris et le non-recours aux droits sociaux, Paris : Délégation de la politique de la ville et de l’intégration, mairie de Paris, 2014, 67 p. (cf. p. 46).
-
[21]
Le coût de cette migration illégale, qui peut dépasser 10 000 €, reste exorbitant pour les familles sri lankaises même aisées. Pour financer leur passage, les candidats à l’exil mobi-lisent les ressources habituelles : bijoux mis en gage, vente de terrain, aide de compatriotes à l’étranger, puis ils s’endettent ou se mettent au service de trafiquants.
-
[22]
Entretien réalisé au Centre d’action sociale du 10e arrondissement de Paris le 13 décembre 2013. Voir MADAVAN, Delon, Les populations d’origine sud-asiatique à Paris et le non-recours aux droits sociaux, op. cit., p. 42.
-
[23]
Entretien réalisé à Épinay-sur-Seine le 10 août 2013. Voir MADAVAN, Delon, Les populations d’origine sud-asiatique à Paris et le non-recours aux droits sociaux, op. cit., p. 47.
-
[24]
Un groupe d’études sur “le peuple tamoul” où la Maison du Tamil Eelam (structures liées à l’ancienne organisation du ltte), très présent, s’est constitué à l’Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr/qui/xml/organe.asp?id_organe=/14/tribun/xml/xml/organes/686380.xml
-
[25]
Le court métrage (11 mn) Shadow of silence, de Pradeepan Raveendran, a été selectionné pour la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes de 2010. Pour plus d’informations sur ce jeune réalisateur et ses films, voir http://slkdiaspo.hypotheses.org/630
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[26]
Cf. GOREAU-PONCEAUD, Anthony, “Expériences de racinements au sein de la migration tamoule sri-lankaise”, Hommes & Migrations, n° 1297, mai-juin 2012, pp. 56-66.
1 Le conflit intercommunautaire au Sri Lanka [2], qui aurait probablement fait une centaine de milliers de victimes [3], a été à l’origine d’une importante émigration politique [4]. En effet, depuis le début de la dégradation de la situation politique dans les années 1970, de nombreux membres de la minorité tamoule ont préféré quitter leur île pour fuir la guerre opposant l’État sri lankais aux séparatistes du mouvement des Tigres de libération de l’Eelam tamoul (ltte). La France, et surtout Paris, deviennent, dès les années 1980, les principales destinations où ces exilés cherchent refuge. La reconnaissance, après quelques années d’hésitation, de leur qualité de réfugié par l’Office français de pro-tection des réfugiés et apatrides (ofpra) a permis l’installation durable de Tamouls sri lankais en France.
2 Les chercheurs estiment généralement que le nombre de migrants tamouls sri lankais et de leurs descendants en France serait aujourd’hui compris entre 80 000 et 100 000 personnes [5]. Ils seraient ainsi la première communauté d’origine sud-asiatique présente à Paris et en France métropolitaine. La constitution d’un quartier commercial tamoul sri lankais, à La Chapelle, dans le 10e arrondissement de Paris, la procession annuelle en l’honneur du dieu Ganesh qui se déroule dans les rues de ce quartier et la forte concentration démographique de Tamouls sri lankais dans les villes de la banlieue nord-est de Paris (figure 1) les rendent de plus en plus visibles.
Figure 1 : Répartition des associations tamoules sri lankaises en région parisienne selon la localisation du siège social [6]
Figure 1 : Répartition des associations tamoules sri lankaises en région parisienne selon la localisation du siège social [6]
3 De nombreux travailleurs sociaux, notamment les assistantes sociales, et différentes institutions publiques, comme la mairie de Paris, tentent de comprendre les difficultés rencontrées par les membres de cette communauté pour mieux les aider. Mais très souvent, les Tamouls sri lankais ne sont considérés que comme des étrangers qui doivent leur mal-être et leurs difficultés à s’intégrer à leur non-francophonie, à l’absence de proximité culturelle avec la société du pays d’accueil et à leur déclassement social dû à l’obligation d’accepter des emplois peu qualifiés. Or, il ne faut pas oublier que ce sont surtout des réfugiés qui ont dû faire face à de multiples traumatismes. Dans la présente contribution, nous allons dresser un tableau des différents traumatismes auxquels doivent faire face les exilés tamouls sri lankais présents en France.
4 Nous verrons ainsi, dans un premier temps, qu’ils ont été victimes de traumas liés à la guerre qui a meurtri leur pays d’origine de 1983 à 2009. À cela s’ajoutent d’autres traumatismes liés à leur parcours migratoire les conduisant en Occident. Enfin, nous verrons qu’une fois en France, ils sont confrontés à de nouvelles difficultés.
Les traumatismes psychologiques dus à la guerre
5 Lorsque les exilés tamouls sri lankais arrivent en France, ils ont déjà vécu plusieurs traumatismes dans leur pays d’origine. C’est notamment le cas des différentes discriminations politiques, économiques, sociales ou culturelles dont ils ont été victimes à cause de leur ethnicité. À cela s’ajoutent des facteurs de déracinement particulièrement puissants (pogrom anti-tamoul de 1983, puis la guerre de 1987 à 2009) qui les ont décidés à quitter leur île afin de garantir leur sécurité physique et s’émanciper de l’autorité de l’État sri lankais.
Tableau 1 : Les grandes étapes du conflit
Tableau 1 : Les grandes étapes du conflit
Figure 2 : Situation géopolitique du Sri Lanka en 2000 [7]
Figure 2 : Situation géopolitique du Sri Lanka en 2000 [7]
6 La guerre qui a opposé de juillet 1983 à mai 2009 l’armée sri lankaise aux militants séparatistes tamouls du ltte a entraîné des déplacements massifs de population à l’intérieur de l’île [8] — plus de 600 000 personnes sur une population de 20 millions — et a provoqué une hécatombe de combattants et de civils, probablement une centaine de milliers de victimes, laissant des traces profondes dans la société de l’île.
7 Les conséquences psychologiques liées à la guerre sont importantes. Les Tamouls de la province Nord ont dû faire face à un quotidien très difficile de privations et surtout à un environnement dans lequel la violence était omniprésente. Ils ont pu se trouver pris dans des affrontements armés entre les belligérants ou dans des zones bombardées, ou encore ont dû vivre enfermés dans des camps de détention. La population civile a été confrontée à un État de non-droit où règne une barbarie totale. Certains Tamouls ont été blessés, violés, torturés ou ont dû faire face à la mort de leurs proches [9]. La perte subite et brutale de membres de la famille a conduit beaucoup d’entre eux à s’interroger sur le sens de leur vie. En effet, nombreux sont ceux qui ont préféré abréger leur souffrance, considérant que la vie n’avait plus aucun sens, privés des êtres tant aimés. Pour ceux qui ont eu le courage de vivre, ils ont le plus souvent été hantés par les souffrances dans lesquelles leurs proches ont été tués. La population civile tamoule ressort donc gravement affectée psychologiquement par la guerre [10].
8 Les civils devaient également faire attention à ne pas être soupçonnés d’être pro-ltte pour ne pas être arrêtés par les forces sri lankaises et, en même temps, ils devaient veiller à ne pas apparaître comme anti-ltte pour ne pas être critiqués comme traîtres à la cause tamoule par les séparatistes. Les Tamouls sri lankais ont ainsi vécu dans un contexte d’insécurité et de peur pour leur vie ou celle de leurs proches. C’est ce qui ressort du témoignage d’un Tamoul originaire de Jaffna qui s’était réfugié dans la capitale :
9 — « Quels sont les problèmes auxquels les Tamouls doivent faire face à Colombo ?
10 — « Le problème, c’est tout simplement d’être tamoul ! Être tamoul, c’est être condamné à vivre dans la peur. Vous avez constamment peur d’être interpellé par des policiers ou des militaires qui vous accusent d’être un Tigre. Dans cette ville, ce ne sont pas les occasions qui manquent d’ailleurs. C’est simple : tous les 300 mètres vous avez un point de contrôle où il faut montrer aux forces de sécurité qu’on s’est bien enregistré au commissariat de police. Il n’y a que les Tamouls qui vivent dans cette peur. Les Cinghalais et les musulmans n’ont pas besoin de montrer de police report [11]. Ils peuvent venir et aller comme ils veulent. Nous, si on n’a pas ce maudit police report, ils nous arrêtent comme si on était des étrangers, des indésirables ; et c’est pire quand on ne parle pas cinghalais. Chaque jour on prie Dieu pour qu’Il nous sauve. Du coup, on évite dans la mesure du possible de montrer qu’on est tamoul. Les femmes ne portent plus leur pottu [12] ; elles se lâchent les cheveux et portent des jupes pour essayer de passer pour des Cinghalaises. En plus, comme si la situation n’était pas déjà assez difficile, maintenant vous avez de plus en plus d’enlèvements de Tamouls, du coup on a encore plus peur de sortir » [13].
11 Cette personne révèle ainsi qu’elle craint pour sa sécurité et qu’elle ne se sent pas intégrée à la nation.
Les traumatismes liés aux parcours migratoires
La demande d’asile sri lankaise tamoule en France
12 La guerre au Sri Lanka est à l’origine de l’émigration massive, y compris en France, de Tamouls, principalement de la province Nord [14]. Les premiers demandeurs d’asile qui arrivent à la fin des années 1970 sont dans une situation précaire car le conflit sri lankais est méconnu et l’ofpra rejette leurs demandes de reconnaissance de la qualité de réfugié.
13 Au milieu des années 1980, après des campagnes d’information menées par des associations et des avocats, La France, alors gouvernée par les socialistes, adopte une politique migratoire moins hostile, contrairement à Margaret Thatcher au Royaume-Uni, devenant ainsi une destination privilégiée pour les Tamouls du Sri Lanka. Le pogrom anti-Tamoul de 1983 puis la guerre opposant le gouvernement aux séparatistes tamouls provoquent une émigration de refuge des membres de la principale minorité du pays. L’ofpra prend conscience de la dimension du drame qui se joue dans l’île sud-asiatique et reconnaîtra plus facilement la qualité de réfugié aux Tamouls (tableau 2). En 1995, les ressortissants sri lankais constituent le premier groupe national à se voir reconnaître cette qualité.
14 La politique restrictive des gouvernements français, surtout après le cessez-le-feu de 2002 au Sri Lanka et même après sa rupture en 2006, a rendu plus difficile pour les migrants l’obtention de papiers.
15 La reprise de la guerre s’est traduite par une augmentation des dossiers de demande de reconnaissance de la qualité de réfugié jusqu’en 2008. En revanche, la victoire finale de l’armée sri lankaise en 2009 a entraîné une chute du nombre de demandes d’asile. Toute-fois, l’ofpra reçoit encore des demandes d’asile de Tamouls sri lankais qui ne se sentent pas en sécurité dans leur pays d’origine. La procédure de regroupement familial de femmes ou d’enfants de réfugiés ou le mariage d’un Français d’origine sri lankaise avec un conjoint vivant dans le pays d’origine participent aussi à l’arrivée d’autres Tamouls en France.
Tableau 2 : La demande d’asile sri lankaise en France, 1981-2013
Tableau 2 : La demande d’asile sri lankaise en France, 1981-2013
Les parcours migratoires de réfugiés tamouls sri lankais
16 L’étude des parcours migratoires des réfugiés tamouls sri lankais révèle que ces parcours peuvent également être à l’origine de trau-matismes psychologiques.
17 Le départ clandestin apparaît comme la seule solution pour quitter le pays. Dès lors, la capitale sri lankaise est le point de passage incontour-nable pour les candidats au passage en Occident, les formalités administratives devant être entreprises à Colombo. Avant de pouvoir prendre l’avion, les Tamouls qui comptent quitter illégalement l’île doivent souvent patienter plusieurs semaines, voire plusieurs mois, que leurs faux documents soient prêts et attendre ensuite l’appel télépho-nique des passeurs. Ils ne connaissent généralement que quelques jours avant leur départ la route que les passeurs vont leur faire em-prunter. Celle-ci peut aussi bien passer par l’Europe de l’Est que par Madagascar, l’Afrique de l’Ouest ou encore l’Asie du Sud-Est [15].
18 Le parcours de vie d’un candidat à l’exil de 35 ans qui a été expulsé de France en 2007 est significatif : « J’ai décidé d’aller clandestinement à Londres. J’ai mis un an pour arriver à Londres. Les passeurs m’ont d’abord fait prendre l’avion jusqu’à Moscou en novembre 1997. Par la suite, je suis passé par voie terrestre en Ukraine, en Slovaquie, en République tchèque, en Pologne, où j’ai été arrêté puis réexpédié en République tchèque. De là, j’ai gagné l’Allemagne, traversé la France et je suis enfin arrivé à Londres en 1998. Après avoir traversé l’Europe, j’ai passé six ans en Angleterre. Ma demande d’asile ayant été rejetée, je suis allé en France en 2003. Suite au rejet de ma demande d’asile par l’ofpra en 2006, j’ai essayé de retourner clandestinement à Londres. Les contrôles de papiers y sont très rares et surtout je n’étais pas confronté au problème de la langue. Malheureusement, j’ai été arrêté à Calais et on m’a expulsé en 2007 » [16].
19 Le voyage pour gagner l’Europe n’est pas de tout repos, les Tamouls étant parfois obligés de franchir plusieurs frontières, avec la peur d’être arrêtés, voire expulsés par les autorités locales dans les pays de transit. Par ailleurs, ceux qui arrivent à destination doivent réussir à obtenir l’asile politique pour s’établir de manière permanente ou, dans le cas con-traire, retenter leur chance, en repartant de zéro, dans un autre pays.
20 En outre, le voyage pour gagner l’Europe occidentale n’est pas sans risque, comme en témoigne cet extrait d’une nouvelle écrite par un exilé tamoul sri lankais vivant en Allemagne [17]. Il s’agit ici d’une conversation téléphonique :
21 — Qui est-ce ?
22 — C’est Siva qui parle !
23 — Quel Siva ? ?
24 — Raanki Siva !
25 — Quelles sont les nouvelles ?
26 — Tu sais, comme Punitha n’a pas donné tout l’argent comme convenu, nous l’avons laissée dans l’hôtel, n’est-ce pas ?
27 — Qu’est-ce qui lui est arrivée ? Vous l’avez abandonnée dans le quartier rouge ou quoi ?
28 — Elle est morte. La police a trouvé son corps sur une route secondaire.
29 — Ont-ils trouvé des documents ?
30 — Comment ça pourrait être possible ! Nous lui avons pris tous ses docu-ments, y compris sa carte d’identité ! Aucun document n’a été laissé pour qu’ils puissent l’identifier. Et la police russe ne perd pas non plus son temps à enquêter sur ça.
31 — [Il est soulagé par cette réponse] Et alors, pourquoi m’appelles-tu ?
32 — Tu sais... Quoi qu’il en soit... Elle est de notre village... Nous devrions peut-être en informer anonymement ses parents ? ?
33 — Putain ! Tu n’as rien dans la tête ! Au lieu de déconner, continue ton travail !
34 Les candidats à l’exil se retrouvent pour certains dans des situations d’une extrême vulnérabilité. Le risque d’être agressé physiquement, sexuellement ou de mourir à cause de la dureté des conditions de mi-grations (faim, conditions climatiques, etc.) laisse des séquelles indélébiles.
35 Dans certains cas, les clandestins sont embarqués à bord d’un vol pour un pays européen. Il arrive également que les passeurs utilisent des voies légales pour amener leurs clients en Europe, comme l’illustre le témoignage d’une Tamoule, mère de famille, dont le mari a disparu et qui est arrivée illégalement à Paris en 2009 :
36 — « Quand et comment êtes vous arrivée en France ?
37 — « Je suis arrivée à Paris en 2009. J’ai pris l’avion de Colombo pour Rome avec un visa professionnel de huit mois pour travailler comme femme de ménage en Italie. Arrivée à Rome, un de mes oncles, qui habite à Naples, est venu me chercher et m’a accompagnée à la gare ferroviaire pour prendre un train pour Milan. À Milan, un de mes cousins qui habite ici [Paris] est venu me chercher pour me conduire chez mon oncle à Paris.
38 — « Mais est-ce que la personne qui vous a recrutée pour le travail savait que vous n’alliez pas rester en Italie ?
39 — « Oui, c’est un ami de la famille. Il m’a dit que si je voulais il pourrait s’arranger pour m’obtenir un visa de travail pour l’Italie pour 8 000 €. Il était au courant que je souhaitais venir en France.
40 — « Quelle est votre situation actuellement ?
41 — « J’ai obtenu le statut de réfugié en 2010. Cela m’a permis de faire venir légalement mes enfants qui étaient restés à Colombo » [18].
42 Dans ce dernier cas, la traversée peut sembler plus simple, mais elle n’en reste pas moins éprouvante à plus d’un titre : c’était la pre-mière fois que cette femme, qui ne parle que le tamoul, prenait l’avion. Mais surtout, elle a dû se forcer à confier ses trois enfants mineurs à sa mère handicapée, en espérant obtenir l’asile en France et ainsi pouvoir faire venir ses enfants et les mettre définitivement à l’abri. Les différents traumatismes liés à la migration s’ajoutent ainsi à ceux liés au contexte politique dans le pays d’origine.
Intégration en France et traumatismes
43 Arrivés en France, les demandeurs d’asile tamouls sri lankais sont confrontés à de nouvelles difficultés.
La méfiance vis-à-vis des administrations françaises
44 Les échanges avec les administrations françaises, en particulier les premières auxquelles sont confrontés les Tamouls sri lankais (la pré-fecture et l’ofpra), expliquent souvent la réticence de ces derniers à se lancer dans des procédures jugées lourdes. Dans le cas des de-mandeurs d’asile, ils doivent convaincre l’ofpra de la véracité de leur histoire pour se voir reconnaître le statut de réfugié [19]. La psychologue Nisha Kirpalani a rappelé combien cette situation peut-être difficile à supporter pour des personnes qui doivent déjà faire face à de multiples traumatismes :
45 — « Quels sont les problèmes spécifiques auxquels sont confrontés les demandeurs d’asile ?
46 — « Lorsque ces personnes arrivent en France, elles ont déjà vécu plusieurs traumatismes. Il y a déjà le traumatisme lié au contexte politique dans leur pays d’origine. C’est notamment le cas des différentes discriminations politiques, sociales ou culturelles auxquelles elles ont eu à faire face là-bas. Il faut aussi ajouter le traumatisme personnel. Certaines personnes ont été blessées, violées, torturées ou ont dû faire face à la mort de proches. Ces personnes ont pu se retrouver prises dans des affrontements armés ou ont dû vivre dans des camps de réfugiés. Vous avez aussi le trauma lié à la migration. Elles sont arrivées comme clandestines et doivent donc se cacher. Elles ont pu être escroquées par des passeurs. Elles ont parfois été exploitées par des employeurs peu scrupuleux. Il y a aussi le trauma lié à la découverte d’une société allogène. Il peut en découler un sentiment de solitude, d’acculturation ou encore d’être entre-deux, en ne trouvant sa place ni là-bas ni ici. Enfin, il s’ajoute l’incertitude d’obtenir le statut de réfugié par l’ofpra car les demandeurs d’asile doivent prouver qu’ils ne mentent pas. Mais ce n’est pas toujours facile d’avouer qu’on a été sexuellement abusé... » [20].
47 Les traumatismes vécus par ces personnes sont ainsi un véritable problème pour de nombreux membres de cette communauté dans leurs interactions avec les administrations publiques ou les travailleurs sociaux. Une maîtrise partielle ou la non-maîtrise du français est un autre facteur nourrissant un mal-être chez certains Tamouls.
La non-maîtrise du français
48 Dans la majorité des cas, les primo-arrivants sri lankais n’ont jamais appris le français dans leur pays d’origine. Si certains maîtrisent l’anglais, pour d’autres, qui ne parlent que leur langue maternelle dont l’alpha-bet n’est pas latin, l’apprentissage du français n’est pas aisé.
49 Dans le cas des sans-papiers, ils subissent des conditions de vie et de travail difficiles, n’ont pas de protection sociale ni de salaire mi-nimum. Pour survivre, ils utilisent les réseaux d’entraide et de solida-rité communautaires. Les membres de la famille déjà installés en France ou les compatriotes sont souvent d’une grande aide pour trouver un logement ou un travail. N’ayant pas de titre de séjour, ne maîtrisant pas le français, en situation irrégulière au regard du séjour, ils sont le plus souvent employés (voire exploités) illégalement dans des niches profes-sionnelles ethniques (restauration, bâtiment, etc.). Dans ces secteurs d’activité, ils travaillent souvent avec d’autres compatriotes et une maîtri-se sommaire du français peut suffire. Ces sans-papiers sont aussi dans la nécessité de travailler pour gagner de l’argent afin de rembourser la dette contractée pour leur « voyage » [21] à destination de la France et aider leur famille restée dans le pays d’origine.
50 Par la suite, malgré la régularisation de leur situation administrative, les réfugiés tamouls n’ont pas toujours le temps d’étudier le français, comme l’explique une assistante sociale : « Le problème de la langue n’est pas spécifique aux immigrés arrivés très récemment. On se rend compte que des gens qui sont là depuis longtemps, qui ont leurs papiers, qui ont un logement, ont encore de gros problèmes à parler et à com-prendre le français. Très souvent, ces personnes n’ont pas le temps d’apprendre le français parce qu’elles travaillent énormément, et puis elles circulent dans un milieu qui reste non francophone » [22].
51 En outre, certains primo-arrivants ressentent comme une humiliation leur impossibilité de communiquer en français avec les agents admi-nistratifs des différentes institutions publiques. Une Sri Lankaise, âgée de 50 ans, femme au foyer habitant à Cergy, nous a ainsi confié : « Je ne suis vraiment pas à l’aise lorsque je dois rencontrer des agents administratifs. Dès la réception, on voit à leur regard qu’ils ont compris qu’on ne parle pas français. Quand j’essaie de parler, malgré mes efforts, ils ne me comprennent pas toujours et cela accroît mon malaise. En plus, je ne connais pas les procédures et je ne comprends pas toujours ce qu’ils me disent. Dans ces moments-là, je me sens inférieure à cause de la langue » [23].
52 La honte de se trouver dans l’impossibilité de lire et de comprendre le français amène certains primo-arrivants à ne solliciter de l’aide pour la traduction auprès d’un proche ou d’un compatriote que pour les démarches jugées essentielles. En effet, le sentiment d’être un poids pour ses proches ou encore de se retrouver dans une situation de dépendance et de dette symbolique expliquent aussi que des primo-arrivants ne s’aventurent pas à entreprendre des démarches administratives s’ils ne les considèrent pas indispensables.
Le cas des femmes abandonnées (ou divorcées)
53 Il faut aussi signaler le cas spécifique des femmes sri lankaises abandonnées (ou divorcées) qui peuvent parfois être totalement sub-mergées par le poids de la séparation et des conséquences multiples qu’elle entraîne. Il leur faut faire face au jugement de la communauté et apprendre à vivre sans leur mari. Ces femmes doivent aussi assumer l’éducation de leurs enfants, les nourrir et se confronter soudainement et brutalement à un monde qui leur est étranger et apprendre le français. Si toutes les femmes primo-arrivantes n’arrivent pas toujours à venir à bout de ces obstacles, d’autres ont réussi à relever ces défis. Le travail, les liens créés avec le voisinage ou l’implication dans la vie associative de quartier ou au sein d’une communauté religieuse ont favorisé l’apprentissage du français et une meilleure intégration.
En guise de conclusion
54 Les réfugiés tamouls sri lankais ont eu de multiples traumatismes très rarement pris en charge et doivent y faire face. En effet, qu’il s’agisse des conséquences psychologiques liées à la guerre au Sri Lanka, à leur parcours migratoire ou celles liées aux difficultés auxquelles ils doivent faire face une fois arrivés en France, les demandeurs d’asile et les réfugiés tamouls sri lankais ont dû continuer à avancer et surtout à soutenir financièrement leurs proches qui les ont rejoints en France ou qui sont restés dans leur pays d’origine.
55 Toutefois, les différents traumatismes vécus par ces réfugiés n’en restent pas moins présents et peuvent se raviver à différentes occasions. Ainsi, malgré la distance, la peur concernant la sécurité des membres de la famille et des amis restés au Sri Lanka ou l’anxiété qui accompagne les tentatives de proches pour gagner clandestinement l’Occident ravivent les blessures des réfugiés vivant à Paris. Les appels des militants séparatistes à se mobiliser pour demander à la communauté internationale et à leur pays d’accueil qu’ils condamnent les atrocités commises par l’ancien président Rajapaksa et son armée à l’encontre du « peuple tamoul » [24] font que le conflit sri lankais continue de peser sur la vie des exilés tamouls malgré la fin de la guerre. Le sentiment que l’existence même de la communauté et de l’identité tamoule est mise en danger par l’État sri lankais dans leur île natale est un autre traumatisme avec lequel les réfugiés présents à Paris continuent de vivre.
56 Enfin, il y a aussi le trauma lié à la découverte d’une société allogène. Il peut en découler un sentiment de solitude ou encore d’être dans un entre-deux, en ne trouvant sa place ni là-bas ni ici. Le court métrage du réfugié tamoul Pradeepan Raveendran, Shadow of silence (L’ombre du silence), illustre bien ce mal-être qui peut conduire certains réfugiés à tenter de se suicider [25]. L’art devient ainsi un espace où des exilés rompent avec le silence habituel sur ce sujet douloureux pour provoquer des discussions au sein de la communauté et sensibiliser la société d’accueil sur leurs problèmes [26].
Notes
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[1]
Géographe, post-doctorant, Centre d’études et de recherche sur l’Inde, l’Asie du Sud et sa diaspora, Université de Québec, Montréal ; “Jeune Docteur” au Centre d’études de l’Inde et de l’Asie du Sud (ceias), École des Hautes Études en sciences sociales (ehess) – cnrs. Contact : delonmadavan@gmail.com
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[2]
Cf. MADAVAN, Delon, Jaffna et le conflit intercommunautaire à Sri Lanka, Paris : Éd. PRODIG, 2007, 88 p. ; MEYER, Éric, Sri Lanka, entre particularisme et mondialisation, Paris : La Documentation française, 2001, 183 p.
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[3]
Cf. HARRISON, Frances, Still counting the dead : survivors of Sri Lanka’s hidden war, London : Portobello Publishers, 2012, 272 p. ; WEISS, Gordon, The cage : the fight for Sri Lanka and the last days of the Tamil Tigers, London : Vintage Books, 2012, 376 p.
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[4]
Cf. REEVES, Peter (Ed.), The encyclopaedia of the Sri Lankan diaspora, Singapour : Éd. Didier Millet, 2013, 224 p.
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[5]
Cf. DEQUIREZ, Gaëlle, Nationalisme à longue distance et mobilisations politiques en diaspora. Le mouvement séparatiste tamoul sri lankais en France (1980-2009), thèse de doctorat en sciences politiques, Université Lille-2, 2011, 378 p. ; GOREAU-PONCEAUD, Anthony, La diaspora tamoule : trajectoires spatio-temporelles et inscriptions territoriales en Île-de-France, thèse de doctorat en géographie, Université de Bordeaux 3, 2008, 426 p.
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[6]
Cf. DEQUIREZ, Gaëlle ; MADAVAN, Delon ; MEYER, Éric ; “Sri Lankans diasporas in France”, in : REEVES, Peter (Ed.), The encyclopaedia of the Sri Lankan Diaspora, Singapore : Éd. Didier Millet, 2013, pp. 126-130 (voir p. 127).
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[7]
Cf. MADAVAN, Delon, “Géographie des ‘espaces refuges’ des Tamouls jaffnais depuis le début de la guerre à Sri Lanka”, in : MADAVAN, Delon ; DEQUIREZ, Gaëlle ; MEYER, Éric (sous la direction de), Les communautés tamoules et le conflit sri lankais, Paris : Éd. L’Harmattan, 2011, pp. 15-44 (voir p. 27).
-
[8]
Cf. MADAVAN, Delon, “Géographie des ‘espaces refuges’ des Tamouls jaffnais depuis le début de la guerre à Sri Lanka”, art. cité ; HARRISON, Frances, Still counting the dead : survivors of Sri Lanka’s hidden war, op. cit. ; WEISS, Gordon, The cage : the fight for Sri Lanka and the last days of the Tamil Tigers, op. cit.
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[9]
Cf. HOOLE, Rajan ; SOMASUNDARAM, Daya ; SRITHARAN, K. ; THIRANAGAMA, Rajani, The broken Palmyra. The Tamil crisis in Sri Lanka : an inside account, Claremont : Sri Lanka Studies Institute, 1990, 464 p.
-
[10]
Cf. SOMASUNDARAM, Daya, Scarred minds : the psychological impact of war in Sri Lanka, New Delhi : Sage Publications, 1998, 352 p.
-
[11]
Durant les dernières années de la guerre, les Tamouls devaient se présenter au commissariat de leur quartier afin de se faire enregistrer ou de signaler tout nouveau résident tamoul à leur domicile afin d’obtenir un police report. Sans ce document officiel il était impossible pour un Tamoul de vivre à Colombo. Les Cinghalais et les musulmans vivant (ou de passage) à Colombo n’étaient pas tenus de se faire enregistrer au commissariat.
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[12]
Le pottu (ou bindi) orne généralement le front des femmes. Il est traditionnellement peint avec de la poudre kumkum (ou sindoor) rouge fabriquée à partir d’un mélange de curcuma séché et de jus de citron vert. Il existe aussi du kumkum artificiel et liquide ou encore des pottus autocollants. Au-delà de sa fonction esthétique, le pottu a également une signification sociale et un sens important dans la religion hindoue. Le rouge est traditionnellement porté par les femmes mariées (il signale à tous qu’une femme n’est plus libre). Lorsqu’une femme devenait veuve, la tradition voulait qu’elle cesse de porter un pottu, indiquant ainsi avec son front nu qu’elle était en deuil. Le noir est la couleur portée par les jeunes filles célibataires.
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[13]
Entretien avec un homme de 32 ans, mécanicien au chômage, réalisé à Dehiwala, Sri Lanka, en mars 2009. Voir MADAVAN, Delon, Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : minorités, intégrations socio-spatiales et citadinités, thèse de doctorat en géo-graphie, Université Paris IV Sorbonne, 2013, 483 p.
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[14]
Cf. GOREAU-PONCEAUD, Anthony (dossier coordonné par), “Diasporas sri lankaises : entre guerre et paix”, Hommes & Migrations, n° 1291, mai-juin 2011, pp. 3-136.
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[15]
https://www.facebook.com/RootsofDiaspora?fref=ts
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[16]
Entretien réalisé à Colombo en mars 2008. Voir MADAVAN, Delon, Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : minorités, intégrations socio-spatiales et citadinités, op. cit., p. 323.
-
[17]
PAARTHIPAN, Let us praise the death and the profession !, nouvelle rédigée en tamoul à la fin des années 1980. Nagaluxmy Sivasamboo a présenté une traduction en anglais du texte d’origine lors de la journée d’étude “Tamil writers in exile”, co-organisée par la Fondation Maison des siences de l’homme et le Centre of South Asian Studies de l’Université de Cambridge, à Paris, le 24 mai 2014. Nous nous sommes appuyé sur cette traduction pour proposer dans la présente contribution une traduction en français.
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[18]
Entretien réalisé à Paris en août 2012. Voir MADAVAN, Delon, Les minorités tamoules à Colombo, Kuala Lumpur et Singapour : minorités, intégrations socio-spatiales et citadinités, op. cit., p. 329.
-
[19]
Cf. MANTOVAN, Giacomo, “‘Faire parler’ : réflexions autour de l’écriture des récits de vie pour la demande d’asile des Tamouls sri lankais”, in : MADAVAN, Delon ; DEQUIREZ, Gaëlle ; MEYER, Éric (sous la direction de), Les communautés tamoules et le conflit sri lankais, Paris : Éd. L’Harmattan, 2011, pp. 183-212.
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[20]
Entretien réalisé à Paris le 27 septembre 2013. Voir MADAVAN, Delon, Les populations d’origine sud-asiatique à Paris et le non-recours aux droits sociaux, Paris : Délégation de la politique de la ville et de l’intégration, mairie de Paris, 2014, 67 p. (cf. p. 46).
-
[21]
Le coût de cette migration illégale, qui peut dépasser 10 000 €, reste exorbitant pour les familles sri lankaises même aisées. Pour financer leur passage, les candidats à l’exil mobi-lisent les ressources habituelles : bijoux mis en gage, vente de terrain, aide de compatriotes à l’étranger, puis ils s’endettent ou se mettent au service de trafiquants.
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[22]
Entretien réalisé au Centre d’action sociale du 10e arrondissement de Paris le 13 décembre 2013. Voir MADAVAN, Delon, Les populations d’origine sud-asiatique à Paris et le non-recours aux droits sociaux, op. cit., p. 42.
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[23]
Entretien réalisé à Épinay-sur-Seine le 10 août 2013. Voir MADAVAN, Delon, Les populations d’origine sud-asiatique à Paris et le non-recours aux droits sociaux, op. cit., p. 47.
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[24]
Un groupe d’études sur “le peuple tamoul” où la Maison du Tamil Eelam (structures liées à l’ancienne organisation du ltte), très présent, s’est constitué à l’Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr/qui/xml/organe.asp?id_organe=/14/tribun/xml/xml/organes/686380.xml
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[25]
Le court métrage (11 mn) Shadow of silence, de Pradeepan Raveendran, a été selectionné pour la quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes de 2010. Pour plus d’informations sur ce jeune réalisateur et ses films, voir http://slkdiaspo.hypotheses.org/630
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[26]
Cf. GOREAU-PONCEAUD, Anthony, “Expériences de racinements au sein de la migration tamoule sri-lankaise”, Hommes & Migrations, n° 1297, mai-juin 2012, pp. 56-66.