Notes
-
[1]
Cf. BANCEL, Nicolas ; BLANCHARD, Pascal ; BOETSCH, Gilles ; DEROO, Éric ; LEMAIRE, Sandrine (sous la direction de), Zoos humains : de la Vénus hottentote aux reality shows, Paris : Éd. La Découverte, 2002, 479 p.
-
[2]
Cf. Lewis, Earl, “La constitution des Africains Américains en minorité”, Annales HSS, vol. 52, n° 3, mai-juin 1997, pp. 569-592.
-
[3]
Cf. Noiriel, Gérard, Le creuset français : histoire de l’immigration, XIXe-XXe siècle, Paris : Éd. du Seuil, 1986, 438 p. ; DEWITTE, Philippe, Les mouvements nègres en France, 1915-1939, Paris : Éd. L’Harmattan, 1985, 416 p.
-
[4]
Cf. Lochak, Danièle, “La race : une catégorie juridique ?”, Mots, n° 33, décembre 1992, dossier “Sans distinction de... race”, pp. 293-294.
-
[5]
Cf. Lewis, Earl, “La constitution des Africains Américains en minorité”, art. cité ; Schnapper, Dominique, La Relation à l’Autre. Au cœur de la pensée sociologique, Paris : Éd. Gallimard, 1998, 562 p.
-
[6]
Ndiaye, Pap, La condition noire. Essai sur une minorité française, Paris : Éd. Calmann-Lévy, 2008, 436 p.
-
[7]
Cf. GREEN, Nancy ; POINSOT, Marie (sous la direction de), Histoire de l’immigration et question coloniale en France. Actes du colloque, Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 28-30 septembre 2006, Paris : La Documentation française, 2008, 280 p.
-
[8]
Guillaumin, Colette, “‘Je sais bien mais quand même’ ou les avatars de la notion de race”, Le Genre Humain, n° 1, automne 1981, dossier “La science face au racisme”, pp. 55-65.
-
[9]
Par exemple Tort, Patrick, “Une argumentation efficace contre le racisme”, Quasimodo, n° 3-4, printemps 1997, dossier “Nationalismes sportifs”, pp. 145-146.
-
[10]
Voir ainsi l’analyse des deux généticiens suisses : Sacco, Francesca ; GrEmion, Gérald, “Le mythe de l’’avantage génétique’ des sportifs africains”, Schweizerische Zeitschrift für Sport-medezin und Sporttraumatologie, vol. 49, n° 4, 2001, pp. 149-152.
-
[11]
Cf. Jobert, Timothée ; FrEnkiel, Stanislas ; Bancel, Nicolas, “L’exception sportive : champions noirs et culture coloniale (1900-1939)”, in : Blanchard, Pascal ; Lemaire, Sandrine ; Bancel, Nicolas (sous la direction de), Culture coloniale en France : de la Révolution française à nos jours, Paris : CNRS Éditions – Éd. Autrement, 2008, pp. 231-246.
-
[12]
Cf. JOBERT, Timothée, Champions noirs, racisme blanc. La métropole et les sportifs noirs en contexte colonial (1901-1944), Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 2006, 230 p.
-
[13]
Cf. Taguieff, Pierre-André, Le racisme, Paris : Éd. Flammarion, 1997, 128 p.
-
[14]
Ibidem.
-
[15]
Cf. Bilé, Serge, La légende du sexe surdimensionné des Noirs, Monaco : Éd. Le serpent à plumes, 2005, 197 p.
-
[16]
Cf. Liauzu, Claude (sous la direction de), Colonisation : droit d’inventaire, Paris : Éd. Armand Colin, 2004, 351 p.
-
[17]
Conte du pêcheur et du démon (nuit 7), Les mille et une nuits, Paris : Éd. Payot, 1996, tome 1, p. 108.
-
[18]
Cf. Blanckaert, Claude, “Paul Broca : des chiffres et des crânes”, L’Histoire, n° 214, octobre 1997, pp. 40-41.
-
[19]
Cf. Dias, Nélia, “Photographier et mesurer : les portraits anthropologiques”, Romantisme, vol. 24, n° 84, 1994, pp. 37-49.
-
[20]
Cf. Fresco, Nadine, “Aux beaux temps de la craniologie”, Le Genre Humain, n° 1, automne 1981, dossier “La science face au racisme”, pp. 107-116.
-
[21]
“Échos”, Revue L’Éducation Physique, vol. 6, n° 2, 31 janvier 1907.
-
[22]
Cf. Jay Gould, Stephen, La mal-mesure de l’homme, Paris : Éd. Ramsay, 1983, 446 p.
-
[23]
Mac AuliffE, Léon, Les tempéraments. Essai de synthèse, Paris : Éd. Gallimard NRF, 1926, 292 p. (voir p. 108).
-
[24]
Heckel (Dr.), “L’athlète est l’homme normal de forme et de fonctions”, Revue L’Éducation Physique, n° 23, décembre 1913.
-
[25]
d’Esme, Jean, “L’homme primitif”, Revue L’Éducation Physique, n° 13, 1923.
-
[26]
Cf. JOBERT, Timothée, Champions noirs, racisme blanc. La métropole et les sportifs noirs en contexte colonial (1901-1944), op. cit.
-
[27]
Mémoires d’outre-mer. Les colonies et la Première Guerre mondiale, Paris : Éd. Les Belles Lettres, 1996. Catalogue d’exposition.
-
[28]
Jobert, Timothée, “Les combattants ‘nègres’ de Paris. Comparaison franco-américaine de l’attitude des ‘Blancs’ à l’égard des pugilistes ‘noirs’ durant la Belle Époque (1907-1914)”, STAPS, n° 71, 2006, pp. 23-36.
-
[29]
Jobert, Timothée, “Le dernier frisson de Paris : la boxe américaine à l’assaut des Français, 1907-1914”, Sport History Review, vol. 39, n° 1, May 2008, pp. 71-83.
-
[30]
Cité par Peeters, Georges, La boxe, “noble art”, Paris : Éd. Vigot frères, 1944, 320 p. (voir p. 255).
-
[31]
Cf. Jay Gould, Stephen, La mal-mesure de l’homme, op. cit.
-
[32]
Fanon, Frantz, Peau noire, masques blancs, Paris : Éd. du Seuil, 1975, 188 p.
1 La présente contribution tente de raisonner la question du corps dans ses convergences, ses enjambements et ses tensions avec le racisme pris à la fois comme pratique, représentation et idéologie. Elle entend précisément déconstruire l’idée d’un “corps noir” à travers une exploration socio-historique de son invention, de ses reconfigurations et finalement de la cristallisation, au milieu du xx e siècle, d’une figure du “corps noir” qui perdure jusqu’à aujourd’hui.
2 L’établissement d’un champ scientifique abordant ce domaine a timidement émergé il y a une quinzaine d’années. Il faut ici relever le rôle précurseur d’un groupe de chercheurs réunis dans l’Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine (achac), en particulier les rôles de Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Gilles Boetsch et Sandrine Lemaire. Après avoir centré dans une perspective critique leurs analyses sur la propagande coloniale, exploitant avec talent l’abondante production iconographique, l’achac a marqué les esprits en faisant paraître un ouvrage au titre provocateur, Zoos humains, qui a permis d’extraire de l’oubli la mise en scène de l’infériorisation de l’Autre (la Vénus hottentote, le Canaque sauvage, etc.) organisée en Occident à partir du xix e siècle et qui participe de la construction de l’altérité jusque dans nos sociétés postcoloniales [1].
3 L’émergence de ce sujet de recherche reste cependant tardif, surtout si l’on prend garde de comparer cette émergence avec celle de la production académique issue des pays anglo-saxons, que l’on pourrait situer avec l’avènement de l’École de Chicago dans les années 1920.
4 Ce décalage n’est pas fortuit. Il révèle le poids des ancrages socio-culturels dans les conditions d’élaboration des recherches sur ce thème. Si aux États-Unis les Africains Américains se sont progressivement constitués en un groupe social structuré en minorité [2], la France présente un visage profondément dissemblable. Elle possède en effet un modèle particulier de relations avec ses minorités hérité de la Révolution française, caractérisé par un refus du “communautarisme” et plus généralement de tout ce qui s’apparente à ce que l’Ancien Régime nommait “les corps intermédiaires”. Le « creuset français » consiste à ne reconnaître que deux partenaires, l’État et l’individu, ce dernier s’intégrant à la nation à travers un processus d’abandon, dans la sphère publique, des caractéristiques saillantes de sa (ses) communauté(s) d’appartenance. Aussi l’expression de particularisme doit-elle rester confinée dans le domaine privé [3], ce qui se traduit concrètement au niveau des recensements. Contrairement aux États-Unis, la France n’a jamais retenu de critères “raciaux”, leur préférant ceux ayant trait à la nationalité, voire récemment à la supranationalité en raison des conditions nouvelles induites par le processus d’intégration européenne [4].
5 Cet écart aboutit à deux situations sociologiquement très différentes qu’il convient de rappeler au préalable car cette distinction constitue le soubassement même de notre réflexion : aux Etats-Unis, les “Noirs” constituent un groupe social à part entière, le groupe des Africains Américains possédant sa propre culture, ses propres codes sociaux et une existence institutionnelle et politique [5], alors que les “Noirs” en France métropolitaine ne forment jusqu’à aujourd’hui, et malgré les tentatives de structuration telles que celles opérées par le Conseil représentatif des associations noires de France (cran), qu’une catégorie de représentation. De ce fait nous nous démarquons sensiblement de la lecture proposée par Pap Ndiaye qui affirme l’existence d’une « minorité noire en France » [6]. Le vocable, longtemps identique de part et d’autre de l’Atlantique (“Noir”, “Black”), masque ainsi une différence ontologique qu’il est souvent bien difficile d’apprécier. Du point de vue de la recherche cela implique de ne pas plaquer sur le cas français les outils d’analyse et l’appareillage théorique issus de la sociologie anglo-saxonne sur les minorités (subaltern studies). Cela rend nécessaire de grandes précautions d’usage vis-à-vis des catégories mobilisées et de préciser avec le plus grand soin le point de vue à partir duquel l’analyse est menée : il s’agira dans les pages qui suivent de suivre le parcours du regard des Français “blancs” de la France métropolitaine sur ce “corps noir”, regard qui n’est pas assimilable à celui de leurs compatriotes au sein des différents territoires coloniaux [7].
6 Lorsque l’on évoque le “corps noir”, cela implique donc que l’on n’évoque pas une réalité biologique mais bien une figure de l’imaginaire contemporain, construite historiquement. En d’autres termes, et pour reprendre la formule de Colette Guillaumin, « la race n’est pas une donnée spontanée de la perception » [8]. L’évidence que nous éprouvons de l’existence d’un “corps noir” est l’expression malheureuse de l’intériorisation d’un mode de pensée racisant. Cette évidence, parfois revendiquée au nom du “bon sens” [9] ou de la poursuite d’une entreprise scientifique [10], révèle le poids structurant de cet imaginaire raciste sur nos consciences. La démonstration régulièrement mobilisée de cette existence à partir des résultats des Jeux olympiques, dont nous avons montré par ailleurs qu’il s’ancre dans le racisme colonial, le souligne [11]. Nous avons nous-même au cours de nos investigations suivi ce chemin qui conduit à déconstruire intellectuellement, puis, plus difficilement, dans les routines du quotidien, ces évidences... qui n’en sont pas. Il s’agit de donner à voir, d’objectiver cette construction pour mieux la mettre à distance.
7 Trois étapes, qui se complètent et opèrent par sédimentation, organisent les pages suivantes de notre contribution. La première éclaire les modalités d’invention du “corps noir” dans le cadre de l’esclavage, puis dans le cadre de l’économie coloniale. La seconde met en exergue l’influence des hommes de science entre le milieu du xviii e siècle et le xx e siècle dans la rationalisation de ce corps, sa légitimation en tant qu’objet de connaissance. La dernière étape souligne la stabilisation au milieu du xx e siècle de la figure du “corps noir” à partir d’une triple présence : celle des soldats issus des colonies ou d’outre-Atlantique, celle des artistes africains américains (Joséphine Baker, par exemple) et enfin celle des sportifs, qu’ils proviennent de l’Empire français ou des États-Unis [12].
L’avènement du “corps noir” dans l’esclavagisme et le colonialisme moderne
8 Dans sa réflexion très féconde sur les frontières du racisme, Pierre-André Taguieff établit un lien entre, d’une part, l’avènement d’une pensée scindant le genre humain en groupes distincts et hiérarchisés et, d’autre part, le processus de l’esclavage qui se met en place au xvi e siècle dans ce que l’on a appelé le “commerce triangulaire” [13]. Reprenant les thèses d’Eric Williams, il montre la fonction essentiellement légitimante de l’idéologie déployée par les Européens vis-à-vis du système esclavagiste. L’objectif poursuivi consiste à justifier le mode de domination et d’exploitation des “Nègres” dans l’économie de la plantation alors même que le servage est proscrit de longue date dans le royaume et que la Genèse postule l’unité du genre humain à partir du couple formé par Adam et Ève. Si certains préjugés peuvent avoir préexisté à ce commerce de l’ébène, il n’en demeure pas moins qu’ils se structurent, prennent une consistance telle qu’ils apparaissent assimilables à une véritable idéologie. Celle-ci prend forme réglementaire à travers le Code noir de 1685. La promulgation de ce texte vise alors à fixer les règles régissant la relation maître-esclaves dans les Antilles et la Guyane. Il entérine la constitution du “corps noir” comme vecteur de mise à distance et d’infériorisation, aboutissant à l’assimilation entre “Noir” et “esclave”.
9 La relation de domination absolue opérée par l’exploitation esclavagiste puis coloniale construit le regard des Français sur le “corps noir” : celui d’un corps servile, un corps qui n’est d’une certaine manière ni habité ni possédé. En creux affleure la croyance dans l’absence de conscience (d’âme), donc de libre arbitre des “Nègres”. Cette vacuité appelle évidemment le rôle tutélaire du maître blanc. Ce dernier guide, encadre et rend productif ce corps “nègre”. Il l’oriente vers des tâches qui donnent à sa mise en mouvement du sens. Le travail sort ici le “Nègre” de son oisiveté naturelle, presque animale, l’humanise, le civilise. Le stéréotype du “Nègre” paresseux trouve ici sa source. Il doit se comprendre comme une justification des conditions de travail dans le monde de la plantation ou des mines aux Amériques. Il faut aussi certainement y voir la marque de la résistance des esclaves eux-mêmes : dans un univers qui dépossède les sujets de leur propre existence et les réduit à un appareil de production, les freins à la productivité constituent une forme de résistance à l’exploitation et d’expression de sa propre liberté.
10 La société esclavagiste comme la société coloniale voient certes l’érection d’une barrière de couleurs séparer “Blancs” et “Noirs”, mais il n’en demeure pas moins que l’intimité de la plantation, la proximité physique du quotidien rendent fragile cette ségrégation raciale. Le durcissement du Code noir en 1724 alors qu’il est étendu à la Louisiane l’exprime, puisque le texte interdit dans son article 6 les mariages interraciaux [14]. On n’interdit ici que les pratiques qui s’avèrent effectives. Les relations intimes entre individus pris dans des rapports de domination inhérents à la configuration coloniale suscitent de multiples écrits soulignant les dangers de souillure générée par ces unions. La question des sangs mêlés, des métis est ici centrale. Cette inquiétude ou ce malaise aboutit à l’idée selon laquelle les hommes “noirs” sont porteurs d’une sexualité débordante, excessive [15]. La société esclavagiste se trouve régulée par une ligne de démarcation raciale qui ne saurait être franchie sans en menacer l’édifice. Aussi la sexualité et la reproduction constituent-elles des piliers de l’ordre esclavagiste.
11 Compte tenu des rapports de pouvoir et de domination entre les sexes dans la société “blanche”, une certaine tolérance s’exerce vis-à-vis des relations sensuelles entre hommes “blancs” et femmes “noires”, et cela pour deux raisons principales : premièrement ces relations participent de l’identité masculine dominante puisque l’homme se trouve alors dans une double situation de conquête, à la fois territoriale et sexuelle, et qu’il a les moyens d’ignorer, s’il le veut, les éventuels “enfants naturels” engendrés par ces rapports. Deuxièmement, les hommes “blancs” jouissent d’une double domination, une domination à la fois raciale et de genre vis-à-vis de leurs partenaires “noires” [16]. À l’inverse, on peut voir dans la stéréotypification sexuelle de l’homme “noir” l’expression fantasmatique d’un tabou, une sorte de mise en garde faite à des femmes “blanches”, “faibles” et “versatiles”. Toute relation sexuelle avec un “Noir” est sévèrement proscrite et punie : la “Blanche” risque d’abord de porter dans son corps l’empreinte d’une souillure qui risque de rejaillir sur l’ensemble du lignage. Ensuite, ces relations portent la menace d’une subversion de l’ordre esclavagiste. Dans ces relations, le rapport de domination racial risque d’être supplanté par le poids des rapports de genre, ce qu’illustre l’un des contes des Mille et une nuits où un esclave “noir” s’adresse en ces termes à une femme mariée : « Tu mens, espèce de putain. Je jure par la virilité des Noirs — et qu’elle soit réduite à n’être plus que celle des Blancs — je jure que si tu t’attardes encore une seule fois, je ne serai plus ton amant et ne mettrai plus mon corps sur le tien. Maudite sois-tu, comment peux-tu me délaisser pour suivre tes désirs, ô puante, chienne, la plus ignoble des Blanches » [17]. Ces propos montrent à l’évidence que le genre surdétermine leurs relations bien plus que leur appartenance raciale.
12 Produit de la société esclavagiste, le “Noir” priapique va trouver un double relais qui étend son emprise dans le temps comme sur les consciences : il est, d’une part, l’objet d’un processus de théorisation scientifique ; d’autre part, son image se diffuse dans la société post-esclavagiste française dans la mesure où l’aventure coloniale déployée par la iii e République perpétue une relation de domination fondée sur une lecture raciste de l’humanité.
La science et la mesure du “corps noir”
13 La modernité est avide de classification et de mesure. Dans ce grand mouvement de sécularisation du monde, l’œuvre de Carl von Linné (1707-1778) joue un rôle clé par son ampleur et sa portée historique, notamment parce que sa classification resitue l’homme dans le règne animal. Dans Le système de la nature (1735) le savant suédois propose un découpage du genre humain sur la base de caractères à la fois phénotypiques (couleur de la peau) et culturels (mœurs, mentalité, organisation sociale...). Le genre humain comprend six sous-classes dont deux sont spécifiques : l’homme sauvage, proche des grands singes anthropoïdes, et l’homme tératologique (anormal, monstrueux) ; les quatre autres sous-classes correspondent aux hommes “normaux” : les hommes “blancs” (les Européens), les hommes “rouges” (les Indiens), les hommes “jaunes” (les Asiatiques) et les hommes noirs (les Africains).
14 Cette entreprise de connaissance de la variabilité des peuples de la terre est renforcée tout au long du xix e siècle par d’innombrables travaux scientifiques, de Buffon (Histoire naturelle,1749) à Arthur de Gobineau (Essai sur l’inégalité des races humaines, 1853), en passant par le fondateur de la Société française d’anthropologie Paul Broca (Sur les proportions relatives du bras, de l’avant-bras et de la clavicule chez les Nègres et les Européens, 1862) [18] ou Alphonse Bertillon (Les races sauvages, 1882). L’anthropologie physique y joue un rôle particulièrement important comme pouvoir instituant et comme justification des conquêtes coloniales. Dans la mesure où tous ces hommes de science sortent encore peu de leur laboratoire, une partie conséquente des données qu’ils mobilisent demeurent indirectes : essentiellement, des traces fournies par les explorateurs, les voyageurs et les missionnaires, qu’elles soient sous la forme d’objets (ossements notamment), de récits, de gravures ou de photos. Nélia Dias montre ainsi comment les hommes de science, soucieux d’avoir un matériel relativement homogène ou à tout le moins exploitable, avaient progressivement construit un mode opératoire pour la photographie en direction des voyageurs éclairés qui les alimentaient [19].
15 L’autre source, qui s’impose au fil du temps dans l’argumentation, repose sur l’observation, la mesure des morphologies humaines, en particulier à travers leurs ossements. La craniométrie, lancée par Johann Friedrich Blumenbach à la fin du xviii e siècle (De l’unité du genre humain et de ses variétés, 1795), prend une place particulière dans cette opération de désacralisation des corps car le crâne constitue le siège de l’esprit, de l’intelligence. Parmi les procédures d’analyse, on peut évoquer, d’une part, la mesure de l’angle facial qui est mobilisé en premier par l’illustre anatomiste Pierre Camper (1722-1789) pour montrer que l’angle va diminuant du “Blanc” au “Nègre” et du “Nègre” au singe [20] et, d’autre part, le volume crânien : selon cette théorie, plus ce volume est grand, plus l’intelligence du sujet est importante. Or, les mesures réalisées tendent à montrer que les cerveaux des “Nègres”, mais aussi celui des femmes, des juifs et d’autres contre-types sont systématiquement de taille inférieure à celle du cerveau des hommes “blancs”. Les travaux du professeur Paul Topinard, l’un des successeurs du docteur Paul Broca, montrent ainsi que le poids moyen du cerveau des “Nègres” est inférieur à celui du cerveau des Européens de près de 80 grammes [21]. Dans La mal-mesure de l’homme Stephen Jay Gould a mis en évidence combien les conditions d’expérimentation avaient façonné les résultats, par exemple secouant et tassant davantage les billes de métal contenues dans les crânes de certains sujets plutôt que d’autres de manière à prouver... leurs préjugés [22].
16 Le docteur Léon Mac Auliffe avance une explication “savante” — et pour nous édifiante — à cette infériorité physique des “Nègres” qui mêle tout à la fois observations physiques et considérations sur leurs mœurs pour justifier in fine le système d’exploitation colonial : « Pour toutes ces races (peu évoluées), la difficulté des communications avec les grands centres de civilisation, l’indigence du milieu social, soit dans un passé récent, soit à l’heure présente encore, n’ont pas permis une évolution rapide du cerveau, et le crâne n’a pas pris son développement habituel [entendre normal]. Au contraire, les mandibules sont d’autant plus grandes, larges et profondes que les aliments sont mal préparés et exigent d’être broyés ou déchirés plutôt que divisés. La vie au grand air étant constante, rien n’est venu arrêter la croissance du cavum et des sinus ; aussi les fosses nasales sont-elles larges, et les narines ouvertes » [23].
17 La démonstration, qui n’a alors rien d’originale, repose sur le concept d’adaptation au milieu, que les évolutionnistes ont mis en évidence dans leurs travaux à partir du milieu du xix e siècle, et se double d’une histoire téléologique de l’humanité, où celle-ci demeure tout entière tendue vers le progrès, la civilisation. La “race noire” est supposée plus proche de la nature, moins émancipée des forces naturelles, en ce qu’elle perpétue un mode de vie similaire à celui que devait mener l’homme préhistorique. Un homme « s’exerçant pour les besoins chaque jour à la marche, à la course, au grimper, au porter de pierre, de proies tuées à la chasse, à la natation indispensable, à la traversée des rivières et des fleuves, à la vie au plein air dans la radiation solaire et, en somme dans les conditions les plus naturelles » [24]. Alors que l’homme civilisé, « oubliant son lien originel avec la terre, a levé ses regards vers les cieux », succombant en particulier à des religions qui tenaient le corps pour le lieu où le péché prend sa source, le “Nègre” a su conserver une existence conforme à celle pour laquelle la nature l’a destiné. Aussi le “Nègre” et « l’homme du quaternaire » présentent-ils une complexion physique « vraisemblablement » identique, « celle d’un être grossier, sauvage sans doute (mais surtout parfaitement beau), robuste, sain, avec des muscles formidables sur une carcasse de félin, une sorte d’athlète superbe de vigueur, hâlé, brûlé par les intempéries, endurcis par les privations et redoutables aux bêtes comme à ses semblables » [25].
18 Un tel raisonnement, outre le fait qu’il situe le “Noir” à mi-chemin entre l’homme “blanc” et les grands singes anthropoïdes, enferme le corps “noir” dans une gangue scientifique et, grâce à cela, l’assujettit.
Une figure redessinée au xx e siècle
19 Comme nous l’évoquions au début de la présente contribution, ces constructions idéologiques et scientifiques ne sont pas balayées par le xx e siècle. La figure du “corps noir” s’élabore à partir d’une sédimentation historique dont les couches les plus basses alimentent les couches plus récentes tout en se transformant. Ainsi peut-on considérer qu’à l’échelle du xx e siècle les modes de raisonnements scientifico-idéologiques qui sous-tendent la fabrication et la légitimation de cette figure ont tendance, dans l’ensemble, d’une part à masquer leur dimension idéologique au profit d’un appareillage rhétorique centré sur la neutralité positive de la science et, d’autre part, à emprunter aux nouveaux référentiels scientifiques en vigueur (biomécanique, génétique, etc.). Le racisme scientifique ne disparaît pas avec la mise au jour de ses errements tragiques (la Shoah) et de sa condamnation officielle notamment à l’unesco (1951,1962). Il sourd de multiples sources, souvent chez des chercheurs bien intentionnés qui ne perçoivent pas cette dimension politique dans leurs travaux. Surtout il se vulgarise pour devenir un instrument de légitimation d’un racisme plus quotidien.
20 Cette transformation au cours du xx e siècle procède très généralement de la mise en présence de ce “corps noir” face aux Français de la métropole. Au risque de simplifier à outrance, il semble que l’on puisse situer trois sources : les soldats de la Première Guerre mondiale, qu’ils viennent des États-Unis ou des colonies ; les artistes, à travers en particulier la musique (du charleston au jazz et jusqu’aux musiques issues de la soul, du funk et du rap), de par les liens qui s’établissent avec la danse et le rythme ; les sportifs, dont on a souvent sous-estimé l’influence historique et qui, dans ce cas particulier, jouent un rôle déterminant [26].
21 Alors qu’à l’aube du xx e siècle les tensions entre puissances européennes s’exacerbent et que les aventures coloniales ne suffisent plus à absorber les concurrences entre nations, laissant percevoir l’éventualité d’un prochain conflit, un militaire français, le général Charles Mangin, lance en 1910 une forte campagne d’opinion pour constituer ce qu’il nomme la « Force noire » et pouvoir recourir à elle. Il désigne ici un fabuleux réservoir de soldats issus des territoires de la France ultramarine. Entre 1915 et 1918 ce sont plus de 134 077 tirailleurs sénégalais qui volent au secours de la patrie en danger, volontairement quand ils se laissent gagner par les promesses assimilationnistes du député sénégalais Blaise Diagne — notamment celle d’un accès à la citoyenneté — ou sous la contrainte d’administrateurs coloniaux soucieux de respecter les quotas exigés.
22 Même si elle reste numériquement modeste au regard des forces engagées, cette contribution à l’effort de guerre introduit une inflexion nette dans la perception des Africains [27] : de “sauvage” l’Africain devient un “bon Noir”, à l’instar du célèbre tirailleur dont le sourire orne les boîtes de chocolat Banania. “Noir” tout de même, donc inférieur, ainsi que le rappelle subrepticement l’emploi d’un langage approximatif dans la bouche du poilu africain : « Y’a bon Banania ». Le corps ici s’adoucit, s’arrondit. Le regard “blanc” se focalise sur des lèvres lippues et l’immense sourire qui dégage une dentition d’une blanche innocence. Le “bon Noir” n’appelle plus la poigne inflexible du militaire pour maîtriser les débordements sanguinaires du “sauvage”, mais la bienveillance paternelle face à de “grands enfants”. Le temps n’est plus à la pacification, mais bien à l’édification de la “Plus Grande France”.
23 Une fois démobilisés, un nombre conséquent de poilus venus d’Afrique souhaite s’installer en métropole. L’État français, qui redoute cette implantation massive, tente de les en dissuader, se montrant oublieux des promesses faites et surtout pratiquant une politique d’incitation au retour. Malgré cela, plus de 3 000 “Nègres” sont présents dans l’Hexagone au début des années 1920, généralement employés dans des fonctions subalternes. Cette présence tend à les banaliser ou, en tout cas, à les sortir du registre de l’extraordinaire. Au point qu’un René Maran (1887-1960) se voit décerner le prix Goncourt 1921 pour Batouala, « véritable roman nègre » qui préfigure la négritude de Léopold Sédar Senghor et d’Aimé Césaire. Le scandale provoqué par cet ouvrage, qui dénonce la pratique des colonisateurs, contraindra cependant ce fonctionnaire antillais à démissionner de son poste dans l’Oubangui-Chari. Cette présence d’anciens soldats issus des territoires coloniaux mais aussi d’Amérique conduit à la rencontre avec les Français de la métropole. Or il convient ici de souligner combien le décalage peut être grand entre la représentation que les individus se font du “Noir” comme figure de l’imaginaire collectif, comme ensemble, et le regard qu’ils vont poser sur une personne en particulier. Les processus d’identification dans les interactions du quotidien ne mobilisent en effet pas uniquement les critères “raciaux”, mais ils se nourrissent aussi abondamment des critères d’appartenance et de trajectoires socioprofessionnelles, des critères de genre et de la maîtrise de codes sociaux en vigueur. Face à un artiste, un sportif ou un entrepreneur célèbre, la dimension “raciale” de l’identification demeure souvent en second plan, quand elle ne disparaît pas complètement.
24 S’il convient de ne pas sous-estimer le rôle des écrivains, il est certain qu’ils contribuent bien moins que les musiciens à redéfinir le “corps noir” dans la mesure où les musiques importées d’Amérique comportent une forte dimension rythmique et sont étroitement liées à la danse qui les accompagne. Des artistes comme Joséphine Baker l’illustrent parfaitement pour l’entre-deux guerres, en proposant, sur un mode qui joue des codes coloniaux, un corps à la fois sensuel, souple et qui de surcroît se trouve mue par une énergie mystérieuse, “ancestrale”, qui évoque la transe, autrement dit une mise en mouvement du corps qui semble incontrôlée. Malgré le succès des “revues nègres”, ce corps est éloigné des canons promus par les classes dirigeantes, toutes tendues vers le redressement des corps (“être droit”) et leur mise sous contrôle (“savoir se tenir”). Reste qu’à travers la diffusion des musiques africaines américaines en France comme le jazz, la soul, le funk, le hip-hop, le rap, etc., s’impose l’association entre musique dansante et mise en jeu du corps, dont témoigne le poncif selon lequel les « Noirs ont le rythme dans la peau ».
25 Le sport reste un vecteur privilégié de transformation de la lecture du “corps noir”. Les champions “noirs”, issus pour l’essentiel d’une Amérique qui leur réserve de maigres possibilités d’ascension socioéconomique, précèdent de quelques années les tirailleurs sénégalais de la Grande Guerre sur le territoire métropolitain. Du champion du monde de cyclisme sur piste 1899, Marshall Walter — dit Major Taylor — à la fameuse « quadrille nègre » de boxeurs composée de Jack Johnson (champion du monde poids lourds), Sam Mac Véa (« l’idole des Français »), Joe Jeannette et Sam Langford (champion du monde mi-lourds) [28], ces champions éclairent les Français de leur talent, les acculturent à la « boxe américaine » [29], tout en hissant Paris au firmament des places sportives mondiales. De ce fait, ils remettent profondément en cause l’idée qui avait longtemps prévalue selon laquelle les hommes “blancs” étaient non seulement plus intelligents, mais qu’ils étaient de surcroît supérieur en force.
26 Incapables de se départir complètement de la logique coloniale de hiérarchisation raciale, durant l’entre-deux-guerres, alors que les succès des Africains Américains se font de plus en plus nombreux, les contemporains vont progressivement édifier l’idée selon laquelle le “Nègre” est supérieur au “Blanc” sur le plan athlétique. Cette croyance raciste se cristallise à l’occasion des Jeux olympiques nazis de Berlin (1936). Le “corps noir” devient alors extraordinaire, hors norme : un corps qui relève de la statuaire antique, un objet de désir et, en même temps, de manière contradictoire, un corps dont la conformation particulière explique sa “performativité”. Ainsi, le docteur Albert Favory, qui préside à partir des années 1930 la commission technique de la Fédération française de boxe, développe une théorie visant à expliquer le succès des Africains Américains dans la boxe, laquelle reprend et enrichit “scientifiquement” des lieux communs du milieu : « Le k.o. produit une sorte de syncope, suivie d’une légère commotion cérébrale qui dure plus ou moins. On s’est demandé pourquoi certains individus étaient plus ou moins sensibles au k.o... Cette différence s’explique très bien si l’on considère le volume du matelas liquide formé par les méninges et le liquide céphalo-rachidien, dans lequel “nage” le cerveau. Si le cerveau est petit et le liquide céphalo-rachidien important, l’amortisseur est plus développé. C’est ce qui se produit chez les individus de race noire » [30]. La démonstration prolonge les stéréotypes esclavagistes et s’appuie clairement sur les travaux craniométriques de l’anthropologie physique [31] afin de souligner le manque d’intelligence des “Noirs”.
27 Des raisonnements du même acabit circulent dans les milieux de l’athlétisme et du football. Tous soulignent le paradoxe suivant : la croyance dans la supériorité physique des “Noirs” advient non seulement dans un espace social en voie de déclassement (le sport a perdu alors sa dimension aristocratique, distinctive), mais s’accomplit surtout à la faveur d’un renforcement de l’expression de leur infériorité intellectuelle. Aux “Noirs” le corps, aux “Blancs” les vertus et compétences de l’esprit qui comptent dans la société civile.
Conclusion
28 Au milieu du xx e siècle, lors d’une enquête réalisée auprès de 500 Européens de “race blanche”, Frantz Fanon note que la plupart d’entre eux établissent les associations libres suivantes avec le mot “nègre” : « Nègre = biologique, sexe, fort, sportif, puissant, boxeur, Joe Louis, Jesse Owens, tirailleurs sénégalais, sauvage, animal, diable, péché » [32].
29 De telles associations montrent l’ancrage du corps dans l’appréhension de ces “Noirs” à travers notamment un triple focus sur les aspects sexuels, sportifs et primitifs. La question de l’actualité de l’ensemble de cette construction du “corps noir” s’inscrit dans les réflexions qui réévaluent l’influence du colonialisme au sein de notre société contemporaine. Celle-ci constitue-t-elle une société postcoloniale ou pas ?
30 Le “corps noir”, tel qu’il émerge ici, constitue indéniablement le produit d’un racisme multiforme qui s’enracine dans l’histoire des relations de domination et d’exploitation, celle de l’esclavagisme, du colonialisme et du post-colonialisme. Ce racisme se prolonge à travers une euphémisation rhétorique qui le rend acceptable et le masque. Le sport y joue un rôle clé en se constituant en conservatoire du racisme au cours de la seconde moitié du xx e siècle.
31 Alors que sous l’effet du choc de la découverte de la Shoah le racisme était mis au ban de l’espace public au moins sous sa forme la plus explicite, le sport continuait de véhiculer “innocemment”, sans heurt, les stéréotypes raciaux issus de l’imaginaire colonial, au point que les plus fervents militants antiracistes ont pu et peuvent encore s’en faire le relais inconscient. Le corps du champion “noir” est ici en première ligne. Qui n’a jamais entendu dire ou dit lui-même que les “Noirs” étaient « les meilleurs en athlétisme » (« regardez le 100 m aux Jeux olympiques ! »), qu’ils étaient « plus athlétiques que les Blancs », des « sportifs nés », qu’ils « possédaient des fibres musculaires différentes de celles des Blancs »... et que, a contrario, ils « n’étaient pas fameux à la natation ou au ski » (ce qu’a su parfaitement mettre en scène le Comité international olympique lors des dernières olympiades), qu’ils « n’avaient pas un grand sens de l’organisation collective en football »... ?
32 L’ensemble de ces stéréotypes racistes, dont nous avons pu retracer la genèse, constitue autant de manières de mettre à distance le “corps noir” (fascination versus infériorisation) par la stigmatisation de l’écart qui le séparerait de la norme dominante (autrement dit “blanche”, occidentale). Par-delà la bonne foi, la bonne volonté des amateurs de sports, par-delà la probité morale de la plupart des éducateurs sportifs, le sport est devenu le vecteur privilégié de perpétuation du racisme. Celui-ci ne sera pas évacué des terrains de sport sans une introspection approfondie sur le phénomène et une prise de conscience du fait que les uns et les autres, malgré toute notre bienveillance, notre tolérance ou notre ouverture à l’Autre, nous pouvons être les véhicules inconscients de ce racisme ordinaire.
33 Le “corps noir” n’existe pas, si ce n’est comme figuration contemporaine d’un racisme postcolonial.
Notes
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[1]
Cf. BANCEL, Nicolas ; BLANCHARD, Pascal ; BOETSCH, Gilles ; DEROO, Éric ; LEMAIRE, Sandrine (sous la direction de), Zoos humains : de la Vénus hottentote aux reality shows, Paris : Éd. La Découverte, 2002, 479 p.
-
[2]
Cf. Lewis, Earl, “La constitution des Africains Américains en minorité”, Annales HSS, vol. 52, n° 3, mai-juin 1997, pp. 569-592.
-
[3]
Cf. Noiriel, Gérard, Le creuset français : histoire de l’immigration, XIXe-XXe siècle, Paris : Éd. du Seuil, 1986, 438 p. ; DEWITTE, Philippe, Les mouvements nègres en France, 1915-1939, Paris : Éd. L’Harmattan, 1985, 416 p.
-
[4]
Cf. Lochak, Danièle, “La race : une catégorie juridique ?”, Mots, n° 33, décembre 1992, dossier “Sans distinction de... race”, pp. 293-294.
-
[5]
Cf. Lewis, Earl, “La constitution des Africains Américains en minorité”, art. cité ; Schnapper, Dominique, La Relation à l’Autre. Au cœur de la pensée sociologique, Paris : Éd. Gallimard, 1998, 562 p.
-
[6]
Ndiaye, Pap, La condition noire. Essai sur une minorité française, Paris : Éd. Calmann-Lévy, 2008, 436 p.
-
[7]
Cf. GREEN, Nancy ; POINSOT, Marie (sous la direction de), Histoire de l’immigration et question coloniale en France. Actes du colloque, Cité nationale de l’histoire de l’immigration, 28-30 septembre 2006, Paris : La Documentation française, 2008, 280 p.
-
[8]
Guillaumin, Colette, “‘Je sais bien mais quand même’ ou les avatars de la notion de race”, Le Genre Humain, n° 1, automne 1981, dossier “La science face au racisme”, pp. 55-65.
-
[9]
Par exemple Tort, Patrick, “Une argumentation efficace contre le racisme”, Quasimodo, n° 3-4, printemps 1997, dossier “Nationalismes sportifs”, pp. 145-146.
-
[10]
Voir ainsi l’analyse des deux généticiens suisses : Sacco, Francesca ; GrEmion, Gérald, “Le mythe de l’’avantage génétique’ des sportifs africains”, Schweizerische Zeitschrift für Sport-medezin und Sporttraumatologie, vol. 49, n° 4, 2001, pp. 149-152.
-
[11]
Cf. Jobert, Timothée ; FrEnkiel, Stanislas ; Bancel, Nicolas, “L’exception sportive : champions noirs et culture coloniale (1900-1939)”, in : Blanchard, Pascal ; Lemaire, Sandrine ; Bancel, Nicolas (sous la direction de), Culture coloniale en France : de la Révolution française à nos jours, Paris : CNRS Éditions – Éd. Autrement, 2008, pp. 231-246.
-
[12]
Cf. JOBERT, Timothée, Champions noirs, racisme blanc. La métropole et les sportifs noirs en contexte colonial (1901-1944), Grenoble : Presses universitaires de Grenoble, 2006, 230 p.
-
[13]
Cf. Taguieff, Pierre-André, Le racisme, Paris : Éd. Flammarion, 1997, 128 p.
-
[14]
Ibidem.
-
[15]
Cf. Bilé, Serge, La légende du sexe surdimensionné des Noirs, Monaco : Éd. Le serpent à plumes, 2005, 197 p.
-
[16]
Cf. Liauzu, Claude (sous la direction de), Colonisation : droit d’inventaire, Paris : Éd. Armand Colin, 2004, 351 p.
-
[17]
Conte du pêcheur et du démon (nuit 7), Les mille et une nuits, Paris : Éd. Payot, 1996, tome 1, p. 108.
-
[18]
Cf. Blanckaert, Claude, “Paul Broca : des chiffres et des crânes”, L’Histoire, n° 214, octobre 1997, pp. 40-41.
-
[19]
Cf. Dias, Nélia, “Photographier et mesurer : les portraits anthropologiques”, Romantisme, vol. 24, n° 84, 1994, pp. 37-49.
-
[20]
Cf. Fresco, Nadine, “Aux beaux temps de la craniologie”, Le Genre Humain, n° 1, automne 1981, dossier “La science face au racisme”, pp. 107-116.
-
[21]
“Échos”, Revue L’Éducation Physique, vol. 6, n° 2, 31 janvier 1907.
-
[22]
Cf. Jay Gould, Stephen, La mal-mesure de l’homme, Paris : Éd. Ramsay, 1983, 446 p.
-
[23]
Mac AuliffE, Léon, Les tempéraments. Essai de synthèse, Paris : Éd. Gallimard NRF, 1926, 292 p. (voir p. 108).
-
[24]
Heckel (Dr.), “L’athlète est l’homme normal de forme et de fonctions”, Revue L’Éducation Physique, n° 23, décembre 1913.
-
[25]
d’Esme, Jean, “L’homme primitif”, Revue L’Éducation Physique, n° 13, 1923.
-
[26]
Cf. JOBERT, Timothée, Champions noirs, racisme blanc. La métropole et les sportifs noirs en contexte colonial (1901-1944), op. cit.
-
[27]
Mémoires d’outre-mer. Les colonies et la Première Guerre mondiale, Paris : Éd. Les Belles Lettres, 1996. Catalogue d’exposition.
-
[28]
Jobert, Timothée, “Les combattants ‘nègres’ de Paris. Comparaison franco-américaine de l’attitude des ‘Blancs’ à l’égard des pugilistes ‘noirs’ durant la Belle Époque (1907-1914)”, STAPS, n° 71, 2006, pp. 23-36.
-
[29]
Jobert, Timothée, “Le dernier frisson de Paris : la boxe américaine à l’assaut des Français, 1907-1914”, Sport History Review, vol. 39, n° 1, May 2008, pp. 71-83.
-
[30]
Cité par Peeters, Georges, La boxe, “noble art”, Paris : Éd. Vigot frères, 1944, 320 p. (voir p. 255).
-
[31]
Cf. Jay Gould, Stephen, La mal-mesure de l’homme, op. cit.
-
[32]
Fanon, Frantz, Peau noire, masques blancs, Paris : Éd. du Seuil, 1975, 188 p.