Notes
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[1]
Cf. Mathias Friedel, Der Volksbund für Frieden und Freiheit (VFF). Eine Teiluntersuchung über westdeutsche antikommunistische Propaganda im Kalten Krieg und deren Wurzeln im Nationalsozialismus, St. Augustin, Gardez!-Verl., 2001; Klaus Körner, ‘Die rote Gefahr’. Antikommunistische Propaganda in der Bundesrepublik 1950-2000, Hamburg, Konkret Literatur Verl., 2003 ; Bernard Ludwig, « La propagande anticommuniste en Allemagne fédérale. Le ‘VFF’ pendant allemand de ‘Paix et Liberté’», Vingtième Siècle. Revue d'Histoire, n° 80, 2003, p. 33-42.
-
[2]
Cf. Éric Duhamel, « Jean-Paul David et le mouvement Paix et Liberté, un anticommunisme radical », in Jean Delmas, Jean Kessler (dir.), Renseignement et propagande pendant la guerre froide, 1947-1953, Bruxelles, Éd. Complexe, 1999 ; Bernard Ludwig, « Le Comité européen et international « Paix et Liberté » (1950-1970). « Internationale » ou réseau de l’anticommunisme ? », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, n° 20 (Automne), 2004. Pour une version détaillée, je me permets de renvoyer à ma thèse de doctorat, « Anticommunisme et guerre psychologique en République fédérale d’Allemagne et en Europe (1950-1956). Démocratie, diplomatie et réseaux transnationaux », Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne (dir. Robert Frank), 2011.
-
[3]
Philippe Buton, Laurent Gervereau (dir.), Le couteau entre les dents, Paris, Chêne, 1989 ; Nicolas Lebourg, Mort aux bolchos ! Un siècle d'affiches anticommunistes, Paris, Ed. Les Echappés, 2012 ; Deutschland im Kalten Krieg 1945-1963. Eine Ausstellung des Deutschen Historischen Museums, 28. August bis 24. November 1992 im Zeughaus Berlin, édité par Dieter Vorsteher, Berlin, Argon-Verl., 1992.
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[4]
Cf. Gerhard Paul, Visual history. Ein Studienbuch, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006 ; Laurent Gervereau, Images, une histoire mondiale, Paris, Nouveau Monde Éd., 2008 ; Christian DELPORTE, Images et politique en France au XXe siecle, Paris, Nouveau Monde Éd., 2006.
-
[5]
Cf. Michael Geyer, « Cold War Angst. The Case of West German Opposition to Rearmament and Nuclear Weapons », in Hanna Schissler (dir.), The Miracle Years, Princeton, Princeton Univ. Press, 2001 ; Bernd Greiner, Christian Th. Müller, Dierk Walter (dir.), Angst im Kalten Krieg, Hamburg, Hamburger Edition, 2009 ; Patrick Bormann, Thomas Freiberger, Patrick Bormann, Judith Michel (dir.), Angst in den Internationalen Beziehungen, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2010 ; Hans Braun, « Das Streben nach “Sicherheit” in den 50er Jahren. Soziale und politische Ursachen und Erscheinungswesen », Archiv für Sozialgeschichte, n° 18, 1978, p. 279-306 ; Eckart Conze, « Sicherheit als Kultur. Überlegungen zu einer "modernen Politikgeschichte" der Bundesrepublik Deutschland », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, n° 3, 2005, p. 357-380 ; Eckart Conze, Die Suche nach Sicherheit, Eine Geschichte der Bundesrepublik Deutschland von 1949 bis in die Gegenwart, München, Siedler, 2009.
-
[6]
Cf. Philippe Buton, « Le pacifisme communiste de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide », in Maurice Vaïsse (dir.), Le pacifisme en Europe des années 1920 aux années 1950, Bruxelles, Bruylant, 1993 ; Philippe Buton, « Les communistes et la paix. Regard d'un historien sur deux affiches du PCF », Matériaux pour l'Histoire de notre temps, n° 2, 1991, p. 98-102 ; Philippe Buton, Laurent Gervereau (dir.), Le couteau entre les dents, op. cit. not. p. 83-97.
-
[7]
Ce terme ne préjuge, ici, pas de la qualité « défensive » ou « offensive » donnée par l’URSS à cette campagne.
-
[8]
Cf. Philippe Buton, « Le Mouvement des Partisans de la Paix », in Saki Dockrill, Antonio Varsori, Georges-Henri Soutou, Robert Frank (dir.), L'Europe de l'Est et de l'Ouest dans la guerre froide 1948-1953, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2002.
-
[9]
Ibid., p. 233.
-
[10]
Olivier Le Cour Grandmaison, « Le mouvement de la paix pendant la guerre froide : le cas français (1948-1952) », Communisme, n° 18-19, 1988, p. 120-138, p. 127-128 et Philippe Buton, « Le pacifisme communiste de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide », op. cit., p. 322.
-
[11]
Sur ce contexte, voir Irwin Wall, L'Influence américaine sur la politique française, Paris, Balland, 1989, p. 273-275.
-
[12]
Vingt personnes furent arrêtées et jugées pour leur participation à une manifestation contre un convoi ferré d’armes.
-
[13]
Voir Alain Ruscio, Les communistes français et la guerre d'Indochine 1944- 1954, Paris, Éditions L'Harmattan, 1985, p. 266-287. Des intellectuels comme Jean Cocteau, Jean-Marie Domenach, Vercors ou Jean-Paul Sartre s’engagèrent dans cette campagne. Cf. L’affaire Henri Martin, documents rassemblés et commentés par J.-P. Sartre, Paris, Gallimard, 1953.
-
[14]
NARA (National Archives and Records Administration, College Park, Maryland), RG 59, CDF 1950-54, box 3872, 762A.001/7-1950, télégramme USPOLAD Heidelberg (Robert F. Corrigan) au département d’État, 30 juillet 1950, confidentiel, accompagné du rapport « The Communist Peace Front », 23 juin 1950, confidentiel.
-
[15]
MAE (Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve), Europe 1944-60, Allemagne, vol. 288, lettre n° 501/POL d’Arnaud d’Andurion de Maytie, observateur français à Hambourg, à l’ambassade de France, 25 juin 1950.
-
[16]
NARA, RG 59, CDF 1950-54, box 3846, 762A.00/8-450, télégramme du HICOG (McCloy) au secrétaire d’État, 4 août 1950, restreint.
-
[17]
MAE, Europe 1944-60, Allemagne n° 289, lettre n° 558 de Daniel Pepy, observateur adjoint en Bavière au haut-commissaire, 8 septembre 1950, confidentiel.
-
[18]
« By the same token “peace policy” of the Soviet Union, described at a Party Congress as “a more advantageous form of fighting capitalism”, is a device to divide and immobilize the non-Communist world, and the peace the Soviet Union seeks is the peace of total conformity to Soviet policy », Ernest R. May, American Cold War Strategy Interpreting NSC 68, Boston, Bedford Books of St. Martin’s Press, 1993, p. 28.
-
[19]
NARA, RG 59, Lot File 53D47, IIA, box 12. Ce journaliste (1906-2002), fin connaisseur des relations internationales, avait travaillé pour United Press à Londres (1929-1931), à Paris (1931-1934) et à Genève (1934-1939) où il avait suivi l’activité de la Société des Nations, avant de diriger le bureau de l’Office of War Information (OWI) à Londres entre 1942 et 1944 puis de devenir directeur-adjoint des opérations européennes de l’OWI. Carroll fut également consultant pour l’armée américaine sur les questions de guerre psychologique entre 1947 et 1952.
-
[20]
The cold war is over: the struggle for peace has now begun.
-
[21]
BDIC (Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine), Q pièce 5390 et dans une forme légèrement différente – mentionnant le PCF – BDIC, Dossier France, Paix et Liberté 1951-1952, F° delta 189, n°27.
-
[22]
AdsD (Archiv der sozialen Demokratie, Bad Godesberg), dossier VFF 2, lettre d’Erwin Kohl [Taubert] à Thomas, 20 avril 1950.
-
[23]
Reproduction dans « Antikomintern. « Taube nagt am Kohlstrunk », Der Spiegel, 42, 18/10/1950, p. 15.
-
[24]
Cf. Maria Eleonora Guasconi, L'altra faccia della medaglia. Guerra psicologica e diplomazia sindacale nelle relazioni Italia-Stati Uniti durante la prima fase della guerra fredda (1947-1955), Soveria Mannelli, Rubbettino, 1999 ; Gianni Flamini, I pretoriani di Pace e libertà. Storie di guerra fredda in Italia, Roma, Editori riuniti, 2001 ; Mario Del Pero, L' alleato scomodo. Gli USA e la DC negli anni del centrismo (1948-1955), Roma, Carocci, 2001; Tullio Contino, L'operazione Pace e libertà di Edgardo Sogno : una pagina dimenticata della storia politica italiana : 1953-1958, Collegno, R. Chiaramonte, 2004.
-
[25]
Voir Paul Koedijk, « De Koude Burgeroorlog in Nederland », Vrij Nederland, 18/07/1992, p. 24-32 ; Paul Koedijk, « Van 'Vrede en Vrijheid' tot 'Volk en Verdediging': veranderingen in anticommunistische psychologische oorlogvoering in Nederland, 1950-1965 », in B. Schoenmaker, J.A.M.M. Janssen (dir.), In de schaduw van de Muur, Den Haag, Sdu Uitgevers, 1997, p. 57-81.
-
[26]
Rudy Van Doorslaer, Etienne Verhoeyen, L'Assassinat de Julien Lahaut : une histoire de l'anticommunisme en Belgique, Anvers, EPO, 1987 (1ère éd : Leuven, Kritak, 1985, rééd. L'Assassinat de Julien Lahaut, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 2010).
-
[27]
« Das Europäische Comité für Frieden und Freiheit hat sich zum Ziel gesetzt, die Anstrengungen zu vereinigen, die bisher von den verschiedenen nationalen Comités im Kampf gegen den Bolschevismus und für die Verteidigung des Friedens und aller Freiheiten der Menschen, die vom sowjetischen Imperialismus bedroht werden, getrennt gemacht wurden », BA (Bundesarchiv, Koblenz), B 137, vol. 2609, lettre de R. Junges à Jakob Kaiser (BMG), 1er septembre 1951. Cet objectif est confirmé par la « première déclaration du comité européen Paix et Liberté », BA, B 136, vol. 1765, en annexe à la lettre du VFF (Taubert) à Dr. Mai, 5 septembre 1951.
-
[28]
Éric Duhamel, « Jean-Paul David et le mouvement Paix et Liberté, un anticommunisme radical », op. cit., p. 200. Le journaliste du New York Times Magazine pensait même que cette affiche avait attiré une « attention mondiale ». David Schoenbrun, « The Posters that go Boom! », New York Times Magazine, 27/05/1951, p. 6-7, 10-11, 22, 48.
-
[29]
Alfred Friendly, « New Campaign of Ridicule Is Hurting French Reds », The Washington Post, 17/02/1952, p. 1,7 ; Van Doorslaer, Verhoeyen, L'Assassinat de Julien Lahaut : une histoire de l'anticommunisme en Belgique, op. cit., p. 151. Pour les timbres, voir BDIC-Musée d’histoire contemporaine (Paris) et Princeton University (NJ), Mudd Library, Paix et Liberté Papers, box 1, Folder 1.
-
[30]
Pacifius [pseud. d’Eberhard Taubert], Die trojanische Taube, Gelsenkirchen, Ruhr-Verlag [= Schriften zum Zeitgeschehen 1], 1950, 48 p. Reproduction de la couverture dans KÖRNER, « Kalter Krieg und kleine Schriften », Aus dem Antiquariat, n° 9, 1991, p. 329-340, p. 335. Le livre fut certainement publié vers le mois de septembre 1950 et l’affiche fut, quant à elle, éditée vers le mois de novembre 1950 sur une idée de David Schoenbrun, « The Posters that go Boom! », New York Times Magazine, 27/05/1951, p. 6-7, 10-11, 22, 48.
-
[31]
Herunter mit der Maske ! Entlarvt die kommunistischen « Friedens »- Agenten !, BA, Plak 005-045-008 et consultable sur http://www.bild.bundesarchiv.de Cette campagne de fin 1950 et début 1951 fut conçue comme une réponse à la loi pour la protection de la paix en RDA (Gesetz zum Schutz des Friedens, 15 décembre 1950).
-
[32]
Voir LHKo (Landeshauptarchiv Koblenz), Bestand 714 vol. 3439, lettre du VFF-Landesbeauftragter Rheinland-Pfalz (H. Hermes) au Regierungsrat Gustav Wolff, Innenministerium Abt. IV K, 18 septembre 1952.
-
[33]
Faute d’évocation dans les sources, il est difficile de les dater. Elles sont néanmoins reproduites en quatrième de couverture de Défendre la Vérité, n° 12, 12 janvier 1952.
-
[34]
Affiche originale dans NARA, RG 59, CDF 1950-54, box 2554, 556.00/ 1-2252, dépêche n° 1267 de l’ambassade des États-Unis à La Haye (Marshall W.S. Swan, Public Affairs Officer) au département d’État, 22 janvier 1952, secret [FOIA à l’auteur], reproduction dans la publication de Paix et Liberté (France), Défendre la Vérité, n° 5, 17 novembre 1951.
-
[35]
Aussi pour la visite d’Eisenhower à Rome, voir : NARA, RG 59, CDF 1950-54, box 3941, 765.00/3-2252, Memorandum of Conversation De Marzio/ Knight, 22 mars 1952, top secret.
-
[36]
Philippe Martial, Anne Gavois (dir.), Dictionnaire des parlementaires français. Notices biographiques sur les parlementaires français de 1940 à 1958, Paris, Documentation Française, 1994 [consultable surhttp://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/IVRepublique/david-jean-paul-14121912.asp].
-
[37]
Solution à l’échec de la ratification de la CED par la France (30 août 1954), les accords de Paris (23 octobre 1954) organisaient le réarmement de la RFA dans le cadre de l’OTAN et de l’UEO et lui conféraient une souveraineté pleine et entière hormis pour Berlin et pour la question de l’Allemagne dans son ensemble (l’unification). Ils consacraient ainsi l’intégration de l’Allemagne occidentale dans la communauté internationale et renforçaient la défense européenne et celle du camp occidental. Voir Georges-Henri Soutou, « La France, l’Allemagne et les Accords de Paris », Relations internationales, n° 52, 1987, p. 451-470 ; Georges-Henri Soutou, « Les Accords de Paris. Une étape diplomatique traduisant les mutations européennes des années cinquante », in Rainer Hudemann, Hélène Miard-Delacroix (dir.), Mutations et intégration. Le rapprochement franco-allemand dans les années 50, München, Oldenbourg, 2005, p. 41-52.
-
[38]
BA, B 145, vol. 1613, lettre du VFF (Cramer, Taubert) à Forschbach (BPIA), 25 juillet 1955.
-
[39]
Après la conférence de Berlin en février 1954, la conférence de Genève (18-23 juillet puis 27 octobre-16 novembre 1955) renouait avec les tentatives de quatre puissances victorieuses de l’Allemagne à trouver une issue à la question allemande et à la sécurité en Europe dans le contexte de la détente, Voir Günter Bischof, Saki Dockrill (dir.), Cold war Respite. The Geneva Summit of 1955, Baton Rouge (La), Louisiana University Press, 2000.
-
[40]
BA, B 145, vol. 1613, note du service L Inland (Dr. Harald Oldag) pour le service D, 30 juillet 1955 ; BA, B 145, vol. 1613, note du service L Inland (Dr. Wolfgang Glaesser) pour le service D, 1 août 1955.
-
[41]
Cf. Kenneth Osgood, Total Cold War. Eisenhower's secret propaganda battle at home and abroad, Lawrence (Kansas), University of Kansas, 2006, p. 74.
-
[42]
Jean-Paul David, « L’offensive de paix : simple manœuvre dans la guerre froide ? », Défendre la Vérité, n° 74, 25 avril 1953, p. 24-26.
1 La méprise qu’il put y avoir en RFA sur la Ligue populaire pour la Paix et la Liberté (Volksbund für Frieden und Freiheit, VFF) [1], une association anticommuniste dont le nom fit penser à certains qu’elle était communiste, montre à quel point la rhétorique communiste autour de la paix avait marqué les esprits des débuts de la Guerre froide. Pour la contrer, des associations anticommunistes Paix et Liberté, structurées en réseau à travers l’Europe et particulièrement actives en France, s’attachèrent à faire de la paix un élément important de leur propagande [2]. Les affiches de ces organisations traduisent au mieux l’impact de la campagne communiste et la mobilisation des anticommunistes [3]. Ces sources qui participent à l’élaboration d’une histoire visuelle [4] de la Guerre froide sont surtout le reflet d’une culture (politique) de Guerre froide ainsi que des mentalités et des imaginaires des sociétés européennes à peine sorties de la Seconde Guerre mondiale et touchées par l’affrontement Est-Ouest – la peur d’une nouvelle guerre et le besoin de sécurité, notamment [5].
Paix et liberté, Appel national lancé par le Mouvement Paix et Liberté le 8 septembre 1950, Paris, Coll BDIC
Paix et liberté, Appel national lancé par le Mouvement Paix et Liberté le 8 septembre 1950, Paris, Coll BDIC
LA PAIX : UN THÈME IMPOSÉE par la propagande communiste
2 En 1950, le communisme semblait, plus que jamais, défier les sociétés du monde libre. Depuis la révolution bolchevique, la paix avait été un des thèmes principaux et porteurs de la propagande communiste. Jouant sur les aspirations traditionnelles des sociétés d’après-guerre, les communistes n’hésitèrent donc pas à le réactiver après 1945 [6]. Déjà fortement mobilisé à la conférence fondatrice du Kominform à Sklarska Poreba – camp de la paix soviétique contre camp de la guerre américain – à l’automne 1947, ce thème le fut plus encore dans les années suivantes. Ceci fut d’autant plus facile que de nombreux intellectuels s’engagèrent volontiers dans ce juste combat, conscients ou non de son instrumentalisation par le bloc soviétique. Du Congrès mondial des intellectuels pour la paix et la libre circulation des inventions et découvertes, réuni à Wroclaw, en août 1948, au premier congrès du Mouvement mondial des partisans de la paix – une émanation du PCF – à Paris et à Prague, en avril 1949, l’offensive [7] propagandiste communiste fondée sur le pacifisme gagna rapidement du terrain, surtout au sein des sociétés européennes [8]. Avec le rapport Souslov sur « la défense de la paix et la lutte contre les fauteurs de guerre » lors de la 3e conférence du Kominform, en novembre 1949, c’est tout le mouvement communiste international qui faisait de la paix un « axe stratégique majeur » décidé par Moscou [9]. L’apothéose fut incontestablement obtenue le 19 mars 1950 par l’« appel de Stockholm » que le Mouvement de la Paix lança de la capitale suédoise. Le texte exigeait « l’interdiction absolue de l’arme atomique », son utilisation étant désormais considérée comme « non seulement un crime de guerre, mais un crime contre l’humanité ».
3 Le succès de cet appel pour la propagande communiste fut de deux ordres. D’une part, l’engagement en sa faveur d’intellectuels de premier plan et de compagnons de route lui conférait le prestige recherché. C’était particulièrement le cas grâce à l’implication du prix Nobel de chimie (1935) et membre du PCF, Frédéric Joliot-Curie, qui présidait le Mouvement, mais aussi grâce au peintre Pablo Picasso qui, en 1949, avait dessiné pour l’affiche du congrès de Paris une colombe devenue l’emblème du Mouvement. D’autre part, l’appel recueillit, sous forme de pétitions en sa faveur, un grand nombre de signatures – entre 9,5 millions (O. Le Cour Grandmaison) et 12 millions (P. Buton), soit bien plus que la base électorale du PCF de 4,5 millions d’électeurs [10]. Évidemment, chaque succès en la matière était dûment exploité par la propagande communiste et les chiffres mirobolants des signatures faisaient régulièrement la une des organes du Parti. Dans toute l’Europe, en effet, les partis communistes autant que des groupements de la société civile, le plus souvent para-communistes, sollicitèrent leurs concitoyens pour signer les pétitions en faveur de cet appel. Le Mouvement de la Paix, dont l’audience était restée modeste jusqu’alors, enregistra ainsi un succès sans précédent. En France, l’agitation pacifiste se manifesta également par des actions concrètes contre la fabrication, le transport et le chargement de matériel de guerre à destination de l’Indochine qui se multiplièrent à partir du début de l’année 1950 [11]. Les grèves, les débrayages et les manifestations, parfois émaillés d’incidents, touchèrent la plupart des grands ports français et s’accompagnèrent d’intenses campagnes de propagande (tracts, affiches, presse…). Des procès retentissants l’alimentèrent, comme celui des « vingt de Roanne [12]» en août 1950 ainsi que « l’affaire Henri Martin », un marin et ancien FTP particulièrement actif dans la propagande contre la guerre d’Indochine, d’où il était revenu en décembre 1947, qui fut arrêté en mars puis jugé en octobre 1950 [13].
4 En RFA également, afin de mettre en œuvre les directives du parti visant à « renforce[r] le front de la paix » (Stärkt die Front des Friedens), les communistes formèrent des comités de paix, tinrent des conférences pour la paix dans les Länder et collectèrent des signatures pour la paix mondiale, c'est-à-dire pour l’appel de Stockholm. Selon le service de renseignement de l’armée américaine (CIC), les résultats étaient peu satisfaisants [14]. De même, l’observateur français à Hambourg remarqua que la désignation des délégués pour le Congrès de la Paix avait été « extrêmement laborieuse » et que la collecte des signatures n’avait « progressé […] qu’avec une sage lenteur [15]». Cependant, les rapports des diplomates pointèrent aussi les succès de la campagne, notamment lors de l’anniversaire d’Hiroshima, le 6 août [16]. L’observateur français en Bavière pointa même le trouble qu’elle produisit : « Les partis politiques de Bavière essaient maintenant de lutter directement contre le KPD. Dans des affiches ou des réunions publiques, les militants de la CSU et du FDP demandent aux Allemands de ne pas signer les manifestes pour la paix en raison de leur caractère communiste. Mais cette action reste encore très localisée et relativement peu efficace, certains militants de la CSU se laissent même, paraît-il, séduire par l’appel de Stockholm [17].»
Paix et liberté, La colombe qui fait boom, auteur anonyme, affiche, 1950, Coll. BDIC
Paix et liberté, La colombe qui fait boom, auteur anonyme, affiche, 1950, Coll. BDIC
5 Cette réussite du camp communiste participa considérablement à la perception chez les Occidentaux – notamment chez les décideurs américains – que le communisme était à l’offensive et qu’il fallait y répondre. Apparemment, avec le combat pour la Paix, doublé d’un mouvement antinucléaire, le camp soviétique avait trouvé un thème mobilisateur et relativement consensuel et ce, malgré quelques contradictions flagrantes, puisque l’Union soviétique venait tout juste d’accéder au rang de puissance nucléaire. Dans le document stratégique NSC-68, les États-Unis mettaient en avant que cet axe, dont ils avaient décrypté le caractère avantageux pour les Soviétiques, visait justement à « diviser » et à « immobiliser » le monde non-communiste, pour instaurer, à terme, une pax sovietica [18]. Pour y faire face, les États-Unis et leur camp prirent pour objectif de dépasser la coopération internationale pour créer une solidarité transnationale fondée sur des valeurs communes au monde occidental, comme l’avait déjà essayé la propagande du plan Marshall.
6 Cette solidarité transnationale anticommuniste, en partie exprimée par la notion de communauté atlantique, s’amalgama principalement autour du thème de la Liberté. Ainsi était mise en avant une notion qui, dès ses débuts, avec le discours de Winston Churchill à Fulton en mars 1946, avait cristallisé les camps et la rhétorique (occidentale) de la Guerre froide dans laquelle un monde libre s’opposait à un « bloc » sous domination soviétique. Tandis que le qualificatif « libre » avait déjà incontestablement gagné ses galons lors de premières crises, notamment lors du blocus de Berlin (1948-1949), la Liberté devint plus que jamais, en 1950, la valeur de ralliement de la croisade contre le communisme et une sorte de contre-valeur étendard à celle de la Paix des communistes. La dialectique binaire et manichéenne de la Guerre froide ainsi que les simplifications entraînées par la propagande reléguèrent même la Paix au second plan derrière la Liberté dans le camp occidental, bien que Wallace Carroll, un expert sollicité par le département d’État, eût proposé de la placer au centre du dispositif stratégique. En juin 1950, ses deux mémorandums secrets intitulés Psychological Pressures – Our Global Objectives et Regaining the Psychological Initiative [19], insistaient sur le fait que les États-Unis devaient regagner les valeurs morales qui leur avaient assuré grandeur et puissance en 1917 et en 1941. Partant du constat que « la Guerre froide [était] terminée [et que] la bataille pour la paix [avait] désormais commencée » [20], Caroll pensait que, pour gagner l’offensive psychologique, il fallait, avec force et constance, mettre en avant que le but principal des États-Unis était la paix. Ces derniers devaient non seulement rappeler cet objectif par la propagande mais aussi par des actes, notamment en proposant des négociations aux Soviétiques sur des questions comme l’Autriche. Cela passait également par un changement de vocabulaire : le concept de « Guerre froide » devait céder la place à celui de « bataille pour la Paix ».
Paix et liberté, La Pelle de Stockholm, auteur anonyme, nd, Coll. BDIC
Paix et liberté, La Pelle de Stockholm, auteur anonyme, nd, Coll. BDIC
Paix et liberté, Jamais ça, auteur anonyme, carte postale, nd, Coll. BDIC
Paix et liberté, Jamais ça, auteur anonyme, carte postale, nd, Coll. BDIC
7 De fait, la Paix demeura très présente dans la propagande occidentale mais le plus souvent de façon implicite, c'est-à-dire dans la dénonciation du caractère guerrier du communisme. Pour la différencier de la Paix communiste, on associa volontiers Paix et Liberté, jusqu’à en faire le nom éponyme du principal réseau anticommuniste en Europe.
UNE CONTRE-PROPAGANDE : démasquer la paix des communistes et la pax sovietica
8 C’est dans ce cadre que deux associations de propagande anticommuniste Paix et Liberté furent fondées en France et en RFA à la fin de l’été 1950. Leur dénomination était un acte militant et identitaire issu du contexte, c'est-à-dire une façon de lutter contre la confiscation de la Paix par la propagande communiste et d’éviter de leur en laisser le monopole. C’est donc naturellement que la paix figura parmi leurs principaux objectifs et était au centre de leur rhétorique, particulièrement de leurs affiches.
9 Alors qu’en France, le lancement de Paix et Liberté par un Appel national repris par la presse était une allusion directe à l’appel de Stockholm qu’il souhaitait combattre [21], en Allemagne, l’impact de l’appel fut plus précoce et plus déterminant encore dans la création de la Ligue populaire pour la paix et la liberté (VFF). Dès avril 1950 en effet, le fondateur de l’association, Eberhard Taubert envoya, au SPD une analyse de la campagne pour la paix des communistes et ses recommandations pour la contrer [22]. Il soulignait que les anticommunistes devaient absolument se réapproprier l’idée pacifiste et démasquer l’Union soviétique et ses sbires comme étant les réels ennemis de la paix. À cet effet Taubert proposa un grand meeting où des pacifistes connus du camp occidental s’évertueraient à pointer du doigt de façon concrète le camp de la guerre avec pour slogan « Pour la paix et la liberté, contre la guerre et le bolchevisme » (Für Frieden und Freiheit, gegen Krieg und Bolschewismus). Il souhaitait accompagner l’événement d’une propagande associant des slogans anticommunistes aux ressorts traditionnels de la propagande pacifiste. Elle comportait des images de mutilés accompagnées de slogans du type « Cela doit-il se reproduire ?! Combattez contre la guerre et le bolchevisme ! », l’image d’un globe terrestre entouré de barbelé avec pour slogan « La terre entière doit-elle devenir un camp de concentration bolchevique ?! Battez-vous pour la démocratie, contre la guerre et bolchevisme ! » ou encore, celle d’un homme derrière des barreaux de prison : « 14 millions de personnes croupissent dans le camp de concentration bolchevique. Pour la Paix ! Pour la liberté ! À bas la guerre et le bolchevisme! [23]». Certains de ces projets, furent réalisés et Taubert mentionna que d’autres propositions devaient suivre conformément à ce qui avait été convenu.
10 Les statuts du VFF maintinrent la référence à la paix, mais dans un style beaucoup plus ambivalent mêlant des arguments des années 1930 et des années 1950. Largement utilitaire, le discours pacifiste dénonçait, par l’euphémisme « l’ennemi de la paix », le communisme et l’Union soviétique. Les revendications d’une « Allemagne libre dans une Europe libre » et d’une « paix honorable pour l’ensemble de la nation allemande » étaient quant à elles autant une incitation à l’unité et à la défense des peuples libres qu’une expression nationaliste du révisionnisme des accords de Potsdam. Certaines tonalités rappelaient aussi le pacifisme de façade des débuts de la politique étrangère et de la rhétorique hitlérienne. De la même façon, le Comité européen Paix et Liberté qui avait vu le jour à San Remo fin août 1951 et regroupait les associations française (Paix et Liberté), allemande (VFF), italienne (Pace e Libertà) [24], néerlandaise (Vrede in Vrijheid) [25] et belge (Comité « Paix et Liberté ») [26] se fixa pour objectif d’œuvrer à la « défense de la paix » [27]. L’alliance se voulait défensive, car contrainte « par le totalitarisme guerrier de l’URSS » et « par sa volonté de conquête, que même sa propagande en faveur de la paix ne peut masquer ». Le comité disait lutter contre la propagande soviétique en tant que « propagande mensongère » et « propagande de guerre/guerrière », spéculant sur l’aspiration au bonheur des hommes pour leur « distiller une idéologie dont le seul but [était] de préparer le terrain à la volonté de domination du Kremlin ». Ainsi, pour faire face à une « énorme menace », celle d’une « guerre », il en appelait à « tous ceux qui voul[aient] défendre les libertés démocratiques », à « tous les hommes libres », à « tous les hommes de la communauté européenne » et les conjurait de s’unir, d’oublier leurs « querelles politiques, religieuses et nationales » afin de défendre « la paix et la liberté de tous les hommes ». Le combat anticommuniste du comité européen Paix et Liberté voyait donc le communisme comme une idéologie utilitaire et instrumentalisée au service de l’hégémonie stalinienne, tandis qu’il se définissait volontiers comme une aspiration à la paix, au bonheur et à la prospérité dans la liberté.
11 Davantage encore que des objectifs constitutifs, la paix fut un des thèmes de la propagande des associations nationales et du réseau européen Paix et Liberté. À ce titre, le motif de la colombe fut l’un des plus largement utilisés. Le message qu’il véhiculait était celui du dévoiement de la paix et son intention celle de rétablir le vrai visage d’une pax sovietica cachant des intentions agressives et assassines, en somme une paix armée, impérialiste et guerrière. En 1950, La colombe qui fait boum, l’une des plus célèbres affiches de l’organisation de Jean-Paul David dont le tirage atteignit 300 000 exemplaires [28], devait prendre le contre-pied de la colombe de Picasso pour le Congrès de la Paix. Transformée en un char d’assaut, la colombe blanche sur fond rouge, tournée vers l’Ouest, représentait la menace communiste venue de l’Est. L’affiche dont le slogan était une déclinaison de celui de Jean Davray pour Perrier « L’eau qui fait pschitt », fut reprise à l’identique par le comité Paix et Liberté de Belgique et peut-être d’autres encore, ainsi que diffusée sous forme de papillons à coller et de timbres [29]. Dès l’automne 1950 et sans forcément avoir été en contact avec David, Taubert avait lui aussi utilisé un motif très similaire, mais plus agressif et grossier, pour l’illustration de son livre intitulé La colombe de Troie. La propagande pacifiste communiste démasquée [30]. En revanche, en 1951 une fois les contacts établis entre Paix et Liberté et le VFF, ce dernier utilisa le motif du dessin français mais le renforça en même temps que le slogan. Le visage schématique d’un bolchevique aux yeux bridés, marqueur de l’Asiate, flanqué du bonnet révolutionnaire imprimé de l’étoile rouge et le slogan « Iwan, retourne d’où tu viens ! Ta colombe fait boum ! » reflétaient les topoï de l’antibolchevisme national-socialiste, encore très présents dans les premières affiches du VFF, de même que les transferts en matière de propagande anticommuniste.
12 Le danger que représentait le travestissement de la paix par les communistes fut encore thématisé dans plusieurs autres affiches. En 1951, celle du petit chaperon rouge faisait référence au célèbre conte en prenant sa phrase emblématique pour slogan, tout en mettant en scène les risques de l’appel de Stockholm. L’affiche du VFF « Bas le masque ! Démasquez les agents de la ‘paix’ communistes » [31] déclinait quant à elle le même thème du travestissement en reprenant le motif du masque abondamment utilisé en Allemagne dans les années 1930. Le dessin montrait de profil un ange – de la paix – aux ailes rouges portant un fusil automatique en bandoulière, dont la cartouchière était marquée du marteau et de la faucille. Un bras et une main, dont l’alignement parfait faisait penser au salut nazi, tirait par les cheveux le masque du visage de l’ange derrière lequel se cachait une tête de squelette, synonyme de mort.
13 Ce qui risquait d’arriver était aussi représenté dans la célèbre affiche de Paix et Liberté, « JoJo la colombe » de 1952 et, plus explicitement encore, celle dessinée en 1950 par Chancel représentant une colombe assassinée par une silhouette rouge tenant un rameau d’olivier dans sa main gauche levée et un pistolet fumant dans sa main droite, le sang de la colombe dessinant sur le sol la faucille et le marteau en 1950. Le VFF déclina un motif similaire avec un papillon qui montrait un garde rouge transperçant une affiche sur laquelle était dessinée une colombe [32].
14 Ces affiches de mise en garde s’accompagnèrent cependant d’affiches plus constructives accompagnant le processus de construction européenne et promotrices de ses principales finalités, la paix et la prospérité, fondées sur un héritage européen.
L’EUROPE UNIE gage de paix
15 La série d’affiches « Europe unie. Gage de Paix », éditées à partir de fin 1951 ou en janvier 1952, exprimait avec vigueur le besoin d’une Europe forte et prospère bâtie sur les héritages d’un passé glorieux [33]. Une première affiche de 1951, distribuée au moins en France et aux Pays-Bas, montrait le mot « paix » au sommet d’une colonne grecque autour de laquelle s’enroulait une banderole protectrice composée de divers pays européens [34]. L’idée qui en émergeait était que la paix était garantie par l’union de l’ensemble de l’Europe, indépendamment des regroupements en cours, puisque les drapeaux nationaux suisse, britannique et suédois côtoyaient ceux de la France et de la Belgique, engagés dans la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) et l’OTAN. Contrairement à la version néerlandaise qui ne comportait pour seul texte que Vrede en Vrijheid [Paix et Liberté] et son adresse, la version française était plus explicite avec son slogan « Europe unie. Gage de Paix ». Une deuxième affiche reprenait le slogan et montrait une petite fille debout au milieu d’une carte de l’Europe, sans frontières, tenant dans les mains un très grand parapluie dont la toile comportait différents drapeaux européens. Ce parapluie devait protéger la prospérité européenne, incarnée par le vert et les fleurs qui parsemaient le fond de carte, d’un orage venant de l’Est dont le nuage était constellé de petits marteaux et de faucilles. Une troisième affiche, également distribuée en Sarre, montrait une barrière frontalière levée, dont l’extrémité était à la fois brisée et garnie d’une branche d’olivier, symbolisant la paix sur un fond de carte de l’Europe.
16 Les affiches de cette campagne suggéraient que la paix et la prospérité de l’Europe étaient menacées et que seule l’union des peuples européens pouvait les défendre, peu importe les formes de l’alliance. Cette propagande venait en soutien des processus d’intégration en cours depuis 1949, comme l’Alliance atlantique et le Conseil de l’Europe, et plus directement encore la CECA dont le traité venait d’être ratifié en avril 1951 et la Communauté européenne de Défense (CED), dont les négociations battaient leur plein depuis le discours du président du Conseil René Pleven en septembre 1950. Hormis Pace e Libertà qui développa des campagnes en faveur de l’OTAN [35], la propagande ne soutenait pas particulièrement l’un ou l’autre projet, mais l’idée d’intégration et d’union en mettant l’accent sur les différents aspects (culturel, militaire, économique) tout en suggérant toujours l’idée de défense de l’Europe et de la paix. Pour la France au moins, cet engagement était celui de Jean-Paul David qui non seulement avait voté pour la ratification du traité instituant la CECA [36], mais soutint également le projet de CED. Proche de Pleven, à l’initiative de Paix et Liberté, David partageait ses convictions européennes et atlantistes et les soutenait grâce à l’outil de propagande qu’ils avaient créé ensemble. Globalement, ces affiches donnaient au processus de construction européenne en cours une dimension clairement anticommuniste et reprenaient l’idée d’une union de l’Europe contre le bolchevisme développée par les discours européistes des années 1920 mais aussi par l’Allemagne nazie et les cercles collaborationnistes. Toutefois, les affiches des années 1950 plaçaient la paix et la prospérité au cœur de leurs objectifs, ce qui était un changement radical et conférait à cette propagande un message en partie positif, pas un simple « anti ».
17 En 1955, la campagne qui mit en avant, davantage encore, l’union, la solidarité et la force des nations libres dans la défense contre bolchevisme et que décida le comité international Paix et Liberté, réuni fin avril 1955 dans la banlieue d’Amsterdam, montrait les réelles aspirations à une paix par la force et à l’union du camp occidental. De fait, les anticommunistes étaient rassurés et revigorés par les accords de Paris [37] entrant en vigueur en mai et dont ils avaient accompagnés le processus par les affiches « Où est le camp de la Paix ? » en 1954. C’est la raison pour laquelle les affiches de Paix et Liberté soulignaient la coopération des peuples libres par rapport à l’URSS et montraient leurs réussites. Sur une première, un ours polaire – l’ours russe – s’enfuyait craintif face aux bannières occidentales coalisées derrière le slogan « L’union fait la force ». Tandis que sur la seconde, une colombe trônait sur le nœud – symbolisant le lien – d’une corde formée par les bannières occidentales ; elle avait, sur un fond bleu, symbolique du camp occidental, pour slogan : « L'union des nations libres fera la paix du monde ». Taubert et le VFF avaient des projets identiques, mais il n’est pas certain qu’ils furent réalisés [38]. Au Service fédéral de Presse et d’Information du gouvernement de la RFA, on trouva ses esquisses – un front de drapeaux – très peu convaincantes. Prétextant des contraintes budgétaires, les autorités ouest-allemandes refusèrent de subventionner un projet dans lequel la primauté du drapeau allemand risquait d’être interprétée et critiquée comme une « arrogance allemande » et qui coïncidait mal avec la conférence de Genève [39], qui tentait de trouver une solution à la question allemande [40].
18 L’évolution du conflit Est-Ouest vers la détente et le succès de l’adaptation des démocraties européennes aux défis de la Guerre froide entraînèrent une remise en cause de ces organisations anticommunistes et de leur place dans la société. Toutefois, l’enjeu pacifiste se polarisa encore davantage. Globalement, l’aspiration des sociétés, en particulier européennes, à vivre en paix et à coexister avec le communisme devint plus forte. Mais la détente ou la « tactique de la paix » (peace tactics), selon la résolution stratégique américaine NSC 5501 du début 1955 [41], contre laquelle les anticommunistes et les cold warriors mettaient en garde depuis la mort de Staline [42], renforcèrent souvent la volonté de lutter contre le communisme.
Paix et liberté, Jo-Jo-la colombe, auteur anonyme, affiche, 1952, Coll. BDIC
Paix et liberté, Jo-Jo-la colombe, auteur anonyme, affiche, 1952, Coll. BDIC
Mots-clés éditeurs : propagande, anticommunisme, Jean-Paul David, Paix et Liberté
Date de mise en ligne : 29/07/2013
https://doi.org/10.3917/mate.108.0039Notes
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[1]
Cf. Mathias Friedel, Der Volksbund für Frieden und Freiheit (VFF). Eine Teiluntersuchung über westdeutsche antikommunistische Propaganda im Kalten Krieg und deren Wurzeln im Nationalsozialismus, St. Augustin, Gardez!-Verl., 2001; Klaus Körner, ‘Die rote Gefahr’. Antikommunistische Propaganda in der Bundesrepublik 1950-2000, Hamburg, Konkret Literatur Verl., 2003 ; Bernard Ludwig, « La propagande anticommuniste en Allemagne fédérale. Le ‘VFF’ pendant allemand de ‘Paix et Liberté’», Vingtième Siècle. Revue d'Histoire, n° 80, 2003, p. 33-42.
-
[2]
Cf. Éric Duhamel, « Jean-Paul David et le mouvement Paix et Liberté, un anticommunisme radical », in Jean Delmas, Jean Kessler (dir.), Renseignement et propagande pendant la guerre froide, 1947-1953, Bruxelles, Éd. Complexe, 1999 ; Bernard Ludwig, « Le Comité européen et international « Paix et Liberté » (1950-1970). « Internationale » ou réseau de l’anticommunisme ? », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, n° 20 (Automne), 2004. Pour une version détaillée, je me permets de renvoyer à ma thèse de doctorat, « Anticommunisme et guerre psychologique en République fédérale d’Allemagne et en Europe (1950-1956). Démocratie, diplomatie et réseaux transnationaux », Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne (dir. Robert Frank), 2011.
-
[3]
Philippe Buton, Laurent Gervereau (dir.), Le couteau entre les dents, Paris, Chêne, 1989 ; Nicolas Lebourg, Mort aux bolchos ! Un siècle d'affiches anticommunistes, Paris, Ed. Les Echappés, 2012 ; Deutschland im Kalten Krieg 1945-1963. Eine Ausstellung des Deutschen Historischen Museums, 28. August bis 24. November 1992 im Zeughaus Berlin, édité par Dieter Vorsteher, Berlin, Argon-Verl., 1992.
-
[4]
Cf. Gerhard Paul, Visual history. Ein Studienbuch, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2006 ; Laurent Gervereau, Images, une histoire mondiale, Paris, Nouveau Monde Éd., 2008 ; Christian DELPORTE, Images et politique en France au XXe siecle, Paris, Nouveau Monde Éd., 2006.
-
[5]
Cf. Michael Geyer, « Cold War Angst. The Case of West German Opposition to Rearmament and Nuclear Weapons », in Hanna Schissler (dir.), The Miracle Years, Princeton, Princeton Univ. Press, 2001 ; Bernd Greiner, Christian Th. Müller, Dierk Walter (dir.), Angst im Kalten Krieg, Hamburg, Hamburger Edition, 2009 ; Patrick Bormann, Thomas Freiberger, Patrick Bormann, Judith Michel (dir.), Angst in den Internationalen Beziehungen, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 2010 ; Hans Braun, « Das Streben nach “Sicherheit” in den 50er Jahren. Soziale und politische Ursachen und Erscheinungswesen », Archiv für Sozialgeschichte, n° 18, 1978, p. 279-306 ; Eckart Conze, « Sicherheit als Kultur. Überlegungen zu einer "modernen Politikgeschichte" der Bundesrepublik Deutschland », Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte, n° 3, 2005, p. 357-380 ; Eckart Conze, Die Suche nach Sicherheit, Eine Geschichte der Bundesrepublik Deutschland von 1949 bis in die Gegenwart, München, Siedler, 2009.
-
[6]
Cf. Philippe Buton, « Le pacifisme communiste de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide », in Maurice Vaïsse (dir.), Le pacifisme en Europe des années 1920 aux années 1950, Bruxelles, Bruylant, 1993 ; Philippe Buton, « Les communistes et la paix. Regard d'un historien sur deux affiches du PCF », Matériaux pour l'Histoire de notre temps, n° 2, 1991, p. 98-102 ; Philippe Buton, Laurent Gervereau (dir.), Le couteau entre les dents, op. cit. not. p. 83-97.
-
[7]
Ce terme ne préjuge, ici, pas de la qualité « défensive » ou « offensive » donnée par l’URSS à cette campagne.
-
[8]
Cf. Philippe Buton, « Le Mouvement des Partisans de la Paix », in Saki Dockrill, Antonio Varsori, Georges-Henri Soutou, Robert Frank (dir.), L'Europe de l'Est et de l'Ouest dans la guerre froide 1948-1953, Paris, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2002.
-
[9]
Ibid., p. 233.
-
[10]
Olivier Le Cour Grandmaison, « Le mouvement de la paix pendant la guerre froide : le cas français (1948-1952) », Communisme, n° 18-19, 1988, p. 120-138, p. 127-128 et Philippe Buton, « Le pacifisme communiste de la Seconde Guerre mondiale à la guerre froide », op. cit., p. 322.
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[11]
Sur ce contexte, voir Irwin Wall, L'Influence américaine sur la politique française, Paris, Balland, 1989, p. 273-275.
-
[12]
Vingt personnes furent arrêtées et jugées pour leur participation à une manifestation contre un convoi ferré d’armes.
-
[13]
Voir Alain Ruscio, Les communistes français et la guerre d'Indochine 1944- 1954, Paris, Éditions L'Harmattan, 1985, p. 266-287. Des intellectuels comme Jean Cocteau, Jean-Marie Domenach, Vercors ou Jean-Paul Sartre s’engagèrent dans cette campagne. Cf. L’affaire Henri Martin, documents rassemblés et commentés par J.-P. Sartre, Paris, Gallimard, 1953.
-
[14]
NARA (National Archives and Records Administration, College Park, Maryland), RG 59, CDF 1950-54, box 3872, 762A.001/7-1950, télégramme USPOLAD Heidelberg (Robert F. Corrigan) au département d’État, 30 juillet 1950, confidentiel, accompagné du rapport « The Communist Peace Front », 23 juin 1950, confidentiel.
-
[15]
MAE (Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve), Europe 1944-60, Allemagne, vol. 288, lettre n° 501/POL d’Arnaud d’Andurion de Maytie, observateur français à Hambourg, à l’ambassade de France, 25 juin 1950.
-
[16]
NARA, RG 59, CDF 1950-54, box 3846, 762A.00/8-450, télégramme du HICOG (McCloy) au secrétaire d’État, 4 août 1950, restreint.
-
[17]
MAE, Europe 1944-60, Allemagne n° 289, lettre n° 558 de Daniel Pepy, observateur adjoint en Bavière au haut-commissaire, 8 septembre 1950, confidentiel.
-
[18]
« By the same token “peace policy” of the Soviet Union, described at a Party Congress as “a more advantageous form of fighting capitalism”, is a device to divide and immobilize the non-Communist world, and the peace the Soviet Union seeks is the peace of total conformity to Soviet policy », Ernest R. May, American Cold War Strategy Interpreting NSC 68, Boston, Bedford Books of St. Martin’s Press, 1993, p. 28.
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[19]
NARA, RG 59, Lot File 53D47, IIA, box 12. Ce journaliste (1906-2002), fin connaisseur des relations internationales, avait travaillé pour United Press à Londres (1929-1931), à Paris (1931-1934) et à Genève (1934-1939) où il avait suivi l’activité de la Société des Nations, avant de diriger le bureau de l’Office of War Information (OWI) à Londres entre 1942 et 1944 puis de devenir directeur-adjoint des opérations européennes de l’OWI. Carroll fut également consultant pour l’armée américaine sur les questions de guerre psychologique entre 1947 et 1952.
-
[20]
The cold war is over: the struggle for peace has now begun.
-
[21]
BDIC (Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine), Q pièce 5390 et dans une forme légèrement différente – mentionnant le PCF – BDIC, Dossier France, Paix et Liberté 1951-1952, F° delta 189, n°27.
-
[22]
AdsD (Archiv der sozialen Demokratie, Bad Godesberg), dossier VFF 2, lettre d’Erwin Kohl [Taubert] à Thomas, 20 avril 1950.
-
[23]
Reproduction dans « Antikomintern. « Taube nagt am Kohlstrunk », Der Spiegel, 42, 18/10/1950, p. 15.
-
[24]
Cf. Maria Eleonora Guasconi, L'altra faccia della medaglia. Guerra psicologica e diplomazia sindacale nelle relazioni Italia-Stati Uniti durante la prima fase della guerra fredda (1947-1955), Soveria Mannelli, Rubbettino, 1999 ; Gianni Flamini, I pretoriani di Pace e libertà. Storie di guerra fredda in Italia, Roma, Editori riuniti, 2001 ; Mario Del Pero, L' alleato scomodo. Gli USA e la DC negli anni del centrismo (1948-1955), Roma, Carocci, 2001; Tullio Contino, L'operazione Pace e libertà di Edgardo Sogno : una pagina dimenticata della storia politica italiana : 1953-1958, Collegno, R. Chiaramonte, 2004.
-
[25]
Voir Paul Koedijk, « De Koude Burgeroorlog in Nederland », Vrij Nederland, 18/07/1992, p. 24-32 ; Paul Koedijk, « Van 'Vrede en Vrijheid' tot 'Volk en Verdediging': veranderingen in anticommunistische psychologische oorlogvoering in Nederland, 1950-1965 », in B. Schoenmaker, J.A.M.M. Janssen (dir.), In de schaduw van de Muur, Den Haag, Sdu Uitgevers, 1997, p. 57-81.
-
[26]
Rudy Van Doorslaer, Etienne Verhoeyen, L'Assassinat de Julien Lahaut : une histoire de l'anticommunisme en Belgique, Anvers, EPO, 1987 (1ère éd : Leuven, Kritak, 1985, rééd. L'Assassinat de Julien Lahaut, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 2010).
-
[27]
« Das Europäische Comité für Frieden und Freiheit hat sich zum Ziel gesetzt, die Anstrengungen zu vereinigen, die bisher von den verschiedenen nationalen Comités im Kampf gegen den Bolschevismus und für die Verteidigung des Friedens und aller Freiheiten der Menschen, die vom sowjetischen Imperialismus bedroht werden, getrennt gemacht wurden », BA (Bundesarchiv, Koblenz), B 137, vol. 2609, lettre de R. Junges à Jakob Kaiser (BMG), 1er septembre 1951. Cet objectif est confirmé par la « première déclaration du comité européen Paix et Liberté », BA, B 136, vol. 1765, en annexe à la lettre du VFF (Taubert) à Dr. Mai, 5 septembre 1951.
-
[28]
Éric Duhamel, « Jean-Paul David et le mouvement Paix et Liberté, un anticommunisme radical », op. cit., p. 200. Le journaliste du New York Times Magazine pensait même que cette affiche avait attiré une « attention mondiale ». David Schoenbrun, « The Posters that go Boom! », New York Times Magazine, 27/05/1951, p. 6-7, 10-11, 22, 48.
-
[29]
Alfred Friendly, « New Campaign of Ridicule Is Hurting French Reds », The Washington Post, 17/02/1952, p. 1,7 ; Van Doorslaer, Verhoeyen, L'Assassinat de Julien Lahaut : une histoire de l'anticommunisme en Belgique, op. cit., p. 151. Pour les timbres, voir BDIC-Musée d’histoire contemporaine (Paris) et Princeton University (NJ), Mudd Library, Paix et Liberté Papers, box 1, Folder 1.
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[30]
Pacifius [pseud. d’Eberhard Taubert], Die trojanische Taube, Gelsenkirchen, Ruhr-Verlag [= Schriften zum Zeitgeschehen 1], 1950, 48 p. Reproduction de la couverture dans KÖRNER, « Kalter Krieg und kleine Schriften », Aus dem Antiquariat, n° 9, 1991, p. 329-340, p. 335. Le livre fut certainement publié vers le mois de septembre 1950 et l’affiche fut, quant à elle, éditée vers le mois de novembre 1950 sur une idée de David Schoenbrun, « The Posters that go Boom! », New York Times Magazine, 27/05/1951, p. 6-7, 10-11, 22, 48.
-
[31]
Herunter mit der Maske ! Entlarvt die kommunistischen « Friedens »- Agenten !, BA, Plak 005-045-008 et consultable sur http://www.bild.bundesarchiv.de Cette campagne de fin 1950 et début 1951 fut conçue comme une réponse à la loi pour la protection de la paix en RDA (Gesetz zum Schutz des Friedens, 15 décembre 1950).
-
[32]
Voir LHKo (Landeshauptarchiv Koblenz), Bestand 714 vol. 3439, lettre du VFF-Landesbeauftragter Rheinland-Pfalz (H. Hermes) au Regierungsrat Gustav Wolff, Innenministerium Abt. IV K, 18 septembre 1952.
-
[33]
Faute d’évocation dans les sources, il est difficile de les dater. Elles sont néanmoins reproduites en quatrième de couverture de Défendre la Vérité, n° 12, 12 janvier 1952.
-
[34]
Affiche originale dans NARA, RG 59, CDF 1950-54, box 2554, 556.00/ 1-2252, dépêche n° 1267 de l’ambassade des États-Unis à La Haye (Marshall W.S. Swan, Public Affairs Officer) au département d’État, 22 janvier 1952, secret [FOIA à l’auteur], reproduction dans la publication de Paix et Liberté (France), Défendre la Vérité, n° 5, 17 novembre 1951.
-
[35]
Aussi pour la visite d’Eisenhower à Rome, voir : NARA, RG 59, CDF 1950-54, box 3941, 765.00/3-2252, Memorandum of Conversation De Marzio/ Knight, 22 mars 1952, top secret.
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[36]
Philippe Martial, Anne Gavois (dir.), Dictionnaire des parlementaires français. Notices biographiques sur les parlementaires français de 1940 à 1958, Paris, Documentation Française, 1994 [consultable surhttp://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/IVRepublique/david-jean-paul-14121912.asp].
-
[37]
Solution à l’échec de la ratification de la CED par la France (30 août 1954), les accords de Paris (23 octobre 1954) organisaient le réarmement de la RFA dans le cadre de l’OTAN et de l’UEO et lui conféraient une souveraineté pleine et entière hormis pour Berlin et pour la question de l’Allemagne dans son ensemble (l’unification). Ils consacraient ainsi l’intégration de l’Allemagne occidentale dans la communauté internationale et renforçaient la défense européenne et celle du camp occidental. Voir Georges-Henri Soutou, « La France, l’Allemagne et les Accords de Paris », Relations internationales, n° 52, 1987, p. 451-470 ; Georges-Henri Soutou, « Les Accords de Paris. Une étape diplomatique traduisant les mutations européennes des années cinquante », in Rainer Hudemann, Hélène Miard-Delacroix (dir.), Mutations et intégration. Le rapprochement franco-allemand dans les années 50, München, Oldenbourg, 2005, p. 41-52.
-
[38]
BA, B 145, vol. 1613, lettre du VFF (Cramer, Taubert) à Forschbach (BPIA), 25 juillet 1955.
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[39]
Après la conférence de Berlin en février 1954, la conférence de Genève (18-23 juillet puis 27 octobre-16 novembre 1955) renouait avec les tentatives de quatre puissances victorieuses de l’Allemagne à trouver une issue à la question allemande et à la sécurité en Europe dans le contexte de la détente, Voir Günter Bischof, Saki Dockrill (dir.), Cold war Respite. The Geneva Summit of 1955, Baton Rouge (La), Louisiana University Press, 2000.
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[40]
BA, B 145, vol. 1613, note du service L Inland (Dr. Harald Oldag) pour le service D, 30 juillet 1955 ; BA, B 145, vol. 1613, note du service L Inland (Dr. Wolfgang Glaesser) pour le service D, 1 août 1955.
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[41]
Cf. Kenneth Osgood, Total Cold War. Eisenhower's secret propaganda battle at home and abroad, Lawrence (Kansas), University of Kansas, 2006, p. 74.
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[42]
Jean-Paul David, « L’offensive de paix : simple manœuvre dans la guerre froide ? », Défendre la Vérité, n° 74, 25 avril 1953, p. 24-26.