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Article de revue

L'Unef et le conflit du Proche-Orient, 1967-1970 : positionnements internationaux et contraintes syndicales

Pages 49 à 58

Notes

  • [1]
    Des AG et corpos, comme celles de Médecine et Sciences à Paris, n’ont pas suivi la scission dite « apolitique » de la Fnef en 1961. Ce n’est qu’en décembre 1968 que les quatre AGE dites « majo » sont exclues pour non paiement de cotisations. Voir plus précisément Alain Monchablon, Histoire de l’Unef, Paris, Puf, 1983, et Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon, Robi Morder (dir.) Cent ans de mouvements étudiants, Paris, Syllepse, 2007.
  • [2]
    Robi Morder (coord.), Naissance d’un syndicalisme étudiant, Paris, Syllepse, 2006.
  • [3]
    Didier Fischer, « L’Unef et les relations internationales étudiantes », Les Cahiers du Germe, spécial n° 2, « Regards sur les internationales étudiantes », 1997.
  • [4]
    Dès avant 1968 et surtout après, les maoïstes de l’UJCML, les étudiants de « Rouge », future Ligue communiste, et de nombreux membres des « comités d’action » ont quitté l’Unef. Quand le PSU abandonne le syndicalisme étudiant en décembre 1969, les tendances et courants « unité syndicale » (AJS) et « renouveau » (UEC alliés à des socialistes, radicaux, chevènementistes) se séparent et tiennent deux congrès. Voir Robi Morder, « La scission de l’Unef », La Revue de l’Université, n° 10, 1997. Sur la période des « années 1968 », Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon, Robi Morder, « Le mouvement étudiant et l’Université : entre réforme et révolution (1964-1976) » in Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Les Années 68. Le temps de la contestation, Paris/Bruxelles, IHTP-CNRS/Complexe, coll. « Histoire du temps présent », 2000.
  • [5]
    Alain Monchablon, Histoire de l’Unef, Paris, Puf, 1983, p. 181.
  • [6]
    Voir les listes des bureaux nationaux, Cahiers du Germe et sur le site du Germe : http://www.germe.info/recherche/prosopographieback.html/.
  • [7]
    Laurent Jalabert, « Aux origines de la génération 1968, les étudiants français et la guerre du Vietnam », Vingtième Siècle, septembre 1997.
  • [8]
    Merci à Pierre Rostini, ancien résistant et qui a présidé le comité préparatoire international de l’UIE après la libération, qui m’avait fourni cette liste des participants à la conférence de Londres pour publication dans Les Cahiers du Germe.
  • [9]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/2/1 — International 1947-1951.
  • [10]
    Entretien avec Jacques Varin, septembre 2008.
  • [11]
    Xavier Baron, Les Palestiniens, genèse d’une nation, Paris, Le Seuil, col. Points histoire, 2003, p. 96.
  • [12]
    Hajjat Abdellali, « Les comités Palestine (1970-1972) », www.europe-solidaire.org/spip.php?article3675/.
  • [13]
    Entretien avec Jacques Varin, septembre 2008.
  • [14]
    Entretien avec Guy Konopnicki, septembre 2008.
  • [15]
    Jean-Francis Held, Le Nouvel Observateur, 5 janvier 1970, p. 43.
  • [16]
    Robi Morder (coord.), Naissance d’un syndicalisme étudiant, Paris, Syllepse, 2006.
  • [17]
    Entretien avec Paul Bouchet, juillet 2008.
  • [18]
    Myriam Soussan, « Face au drame algérien, l’UEJF s’engage (1954-1962) », Cahiers du Germe, n° 27, 2008.
  • [19]
    Gert van Maanen, The International Student Movement. History and Background. Den Haag, Interdoc, 1966.
  • [20]
    Ce que ne fait pas l’UIE. « Quand les chars soviétiques ont écrasé les soviets de Budapest, l’Unef s’est solidarisée avec ceux qui protestaient contre l’Union soviétique, (elle s’est trouvée sur ce point en accord avec ses adversaires les plus farouches). À la même époque nous avions Suez, l’attaque française sur le canal et nous avons été silencieux. Jiri Pelikan a pu sauver la position de l’UIE qui était délicate : “Nous nous taisons sur la Hongrie, alors que l’Unef se tait sur Suez et l’indépendance algérienne”. C’est ce que Jiri Pelikan m’écrivit dans une réponse à une lettre ouverte que je lui avais adressée critiquant le silence de l’UIE sur Budapest. » Pierre Yves Cossé — ancien président de l’Unef, témoignage, Cahiers du Germe, spécial internationales, n°2, 1997.
  • [21]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1964). Compte-rendu du congrès, tome III.
  • [22]
    Dans le même point international, une motion condamne une brochure soviétique fortement teintée d’antisémitisme, et « tombant sous le coup de la loi soviétique ». Seuls HEC et Lille refusent de la voter.
  • [23]
    8ème congrès de Sofia, 28 novembre-9 décembre 1964, BDIC, Archives Unef, 4° delta 1151/2/1 (1964).
  • [24]
    54ème congrès de Bordeaux, 8-19 avril 1965, BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1 151/1 (1965).
  • [25]
    Les mêmes termes sont employés lors de mes entretiens par Jean-Louis Peninou et Mendelson, qui n’ont pourtant pas été responsables internationaux à la même époque.
  • [26]
    Peut-être s’agit-il de François Roussel, vice-président international, forcé de démissionner du BN en janvier 1965 ? Peut-être s’agit-il de la motion du 8ème congrès de Sofia de décembre 1964 qui avait décidé de commémorer le 15 mai la journée de solidarité avec les peuples et étudiants de Palestine ?
  • [27]
    Jean-Louis Péninou, témoignage, Les Cahiers du Germe, spécial internationales, n° 2, 1997.
  • [28]
    Voir le dossier de textes sur le Moyen-Orient de la FGEL, BDIC, Fonds Unef, FGEL, 4° delta, 1174 1/3.
  • [29]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1 151/1 (1966).
  • [30]
    Rapport de la commission internationale au congrès. BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1967).
  • [31]
    Nathan Weinstock, Le sionisme contre Israël, Paris, Maspero, 1969, p. 562.
  • [32]
    BDIC, fonds Unef, 4° delta 1151/2/1 (1966-1967).
  • [33]
    République arabe unie.
  • [34]
    56ème congrès de Lyon, 3-8 juillet 1967, BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1 151/1 (1967-1968).
  • [35]
    Rapport de la commission internationale au congrès de 1967, op. cit.
  • [36]
    Rapport de la Commission internationale de la FGEL, 9 juin 1967.
  • [37]
    Entretien avec Alain Monchablon.
  • [38]
    Dans le dossier FGEL/GEH (BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1174 1/3), on trouve un texte du Matzpen de mai 1967, un tract « Information Israël » réfutant les informations de L’Humanité du 30 mai 1967, un tract d’un « Comité de liaison juif progressiste » intitulé « À bas le sionisme et la réaction ».
  • [39]
    Jean-Louis Péninou, Guy Konopnicki, Alain Monchablon.
  • [40]
    Seules trois ou quatre cartes et six lettres d’injures auraient été reçues au Bureau.
  • [41]
    Le Monde, 7 juin 1967
  • [42]
    Lettre de Jean-Louis Péninou, président de la commission internationale, 16 juin 1967.
  • [43]
    Lettre de Jean-Louis Péninou, président de la commission internationale, 20 juin 1967.
  • [44]
    Renvoi aux positions de l’Unef, inspirées par la FGEL, « La FGEL n’a pas à prendre position pour ou contre l’existence d’Israël », Rapport de la Commission internationale de la FGEL, 9 juin 1967.
  • [45]
    Occupant l’aile droite dans le classement interne, ces « corpos » et AGE « apolitiques » qui n’avaient pas suivi la scission Fnef en 1961 ont un nombre de mandats assez important. Les quatre bastions sont Droit-Sciences-éco, Pharmacie, Médecine et Paris-Sciences. Ils seront exclus en décembre 1968 pour « non paiement de cotisations ».
  • [46]
    Voté à l’unanimité du congrès.
  • [47]
    Compte-rendu du congrès de Lyon édité par les « majos » pour préparer leur réunion nationale en novembre 1967.
  • [48]
    Unef inform n° 4, 17 janvier 1968, BDIC, fonds Unef, 4° delta 1161/1 (1967-1970).
  • [49]
    BDIC, Fonds Unef, conseils d’administration et assemblées générales, 4° delta 1157 (1965-1969).
  • [50]
    BDIC, fonds Unef, GEH Info (1961-1968), 4° delta 1174 1/3.
  • [51]
    Jean Mendelson fait état d’affrontements verbaux sur le sujet dans la cour de la Sorbonne occupée.
  • [52]
    Sauf L’Humanité rouge, qui reste dans l’Unef et appuie encore en 1970 le bureau PSU contre l’UEC et l’AJS.
  • [53]
    La JCR ayant été dissoute en juin 1968, c’est autour du journal Rouge que se regroupent les militants de la future Ligue communiste.
  • [54]
    Entretien avec Jean Mendelson, qui relate qu’au congrès de Pâques 1970, à Orléans, il combat la motion Berg (AJS) sur la Tchécoslovaquie en s’appuyant sur les maoïste de l’Humanité rouge et les étudiants communistes.
  • [55]
    Sur l’impact international de 1968, voir aussi Eithan Orkibi (Université de Tel-Aviv) et Uri Cohen (Université de Tel-Aviv) « Les mouvements étudiants israéliens de la guerre des Six Jours à la guerre de Kippour (1967-1973) : agir et réagir à la lumière des modèles d’activisme étrangers. » Colloque Germe/Caarme/BDIC, Étudiant-E-s en mouvements (Internationalismes et internationales, cosmopolitismes et migrations étudiantes), juin 2006, à paraître aux éditions Syllepse.
  • [56]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1968-1970).
  • [57]
    Selon Pierre Montacié, trésorier de l’Unef en 1968, Luc Barret était intéressé par le sujet. Entretien avec Pierre Montacié, septembre 2008.
  • [58]
    Étudiants de France, n° 5, février 1969.
  • [59]
    Étudiants de France, n° 7, avril 1969.
  • [60]
    L’essentiel des informations provient du rapport international du 58ème congrès de l’Unef, Orléans, 1er-5 avril 1970. BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1968-1970).
  • [61]
    Jean-Francis Held, « Les deux ghettos », Le Nouvel Observateur, 5 janvier 1970.
  • [62]
    Jean Mendelson passe plusieurs mois dans divers pays de la région, et à la même époque ce sont des dizaines de militants d’extrême gauche, du PSU, de la Ligue communiste, de l’Alliance marxiste révolutionnaire, des groupes maoïstes, etc., qui sont invités dans les camps palestiniens.
  • [63]
    On trouve aussi un petit article qui rend compte de ce congrès dans le journal des étudiants du PSU, Lutte socialiste, n° 8, mai 1969.
  • [64]
    La Boussole, nom du journal de l’OSI (Organisation socialiste israélienne), organisation israélienne anti-sioniste ; ce sont essentiellement les courants se réclamant du trotskisme — LC et AJS — qui ont des liens avec les militants de ce groupe qui comporte aussi un courant anarchiste.
  • [65]
    Unef Inform, n° 13, 29 avril 1970. Bilan international du 58ème congrès de l’Unef.
  • [66]
    Unef Inform, 28 mai 1970.
  • [67]
    Ce fut une des « félicitations » adressées à l’auteur lors du colloque, d’avoir « réussi à tenir 20 minutes pour expliquer que l’Unef n’a rien fait ».
  • [68]
    À partir du milieu des années 1960, l’absence de moyens financiers, et donc de personnel administratif, prive l’Unef de compterendu sténographiques intégraux de ses congrès, réunions d’instances et rend la tenue des archives plutôt aléatoire.
  • [69]
    Voir Robi Morder, Caroline RollandDiamond (coord.), Étudiant-e-s en mouvements (Internationalismes et internationales, cosmopolitismes et migrations étudiantes), Paris, Syllepse (à paraître).

1Dans le colloque d’octobre 2008 où il était essentiellement question des forces politiques et des « intellectuels », traiter de l’Unef et du conflit du Proche-Orient de 1967 à 1970 c’est traiter d’une catégorie particulière d’acteurs. En effet, si pour les organisations et mouvements politiques les questions internationales constituent des occasions de prises de position générales et des champs de militantismes actifs, il n’en va pas forcément de même pour les organisations syndicales. Ces dernières regroupant par nature, pour défendre les « intérêts matériels et moraux » de leurs mandants, des adhérents et des courants aux positions « politiques, philosophiques et religieuses » diversifiées, prendre parti sur des sujets aussi politiques que les conflits internationaux n’est pas choses aisée, surtout si la prise de position n’a que peu d’effet sur leur propre gouvernement dès lors que celui-ci n’est pas directement impliqué, notamment par une participation du contingent. Pour les organisations à caractère représentatif d’un milieu, d’une catégorie professionnelle, les questions internationales relèvent plus d’une dimension de relations internationales de type « diplomatique ».

2L’Unef n’échappe pas à cette règle. Même si elle ne regroupe plus en 1967 — à quelques exceptions près [1] — que la « gauche étudiante » (étudiants communistes, trotskystes, maoïstes, libertaires, PSU — qui en dirige le bureau national), il convient de considérer le syndicat étudiant comme une entité spécifique qui ne se réduit pas à l’addition de ses composantes, dont certaines (extrême gauche, PCF) sont traitées dans ce colloque par des contributions particulières.

3L’Unef « refondée syndicalement » à la Libération [2] a été cofondatrice de l’Union internationale des étudiants (UIE) constituée en 1946 à Prague. Avec la Guerre froide, quand des unions étudiantes occidentales quittant l’UIE constituent la Conférence internationale des étudiants (CIE), l’Unef, notamment après 1956, considère que son rôle est de faire le pont entre les étudiants de l’Est et de l’Ouest, se reconnaissant dans une position de « non alignés [3] ». Ainsi, l’Unef participe aussi bien — avec des statuts évoluant selon les moments d’observateur, d’associé ou de membre — aux réunions et congrès internationaux tant de l’UIE que de la CIE.

4Dans la deuxième moitié de la décennie 1960, jusqu’à la scission de janvier 1971, l’Unef est en crise, avec une perte d’adhérents, une concurrence en son sein entre les membres des organisations qui en font partie, et notamment des « groupuscules » issus de la crise de l’Union des étudiants communistes, des crises de direction amenant à des changements fréquents du bureau national [4]. La « gauche syndicale » des Kravetz, Peninou, Griset qui, après avoir « tenu » le bureau national, s’est repliée sur son bastion de la FGEL (Fédération des groupes d’études de lettres de Paris, à savoir essentiellement la Sorbonne puis les extensions de Censier, et Nanterre) et conserve la commission internationale avec le double objectif : mettre sur pied une véritable internationale syndicale étudiante en Europe, et soutenir les mouvements de libération nationale [5]. Un signe ne trompe pas, dans les bureaux élus en avril 1966, janvier, juillet et novembre 1967, décembre 1968 il n’y a plus de vice-président international en titre [6]. Ce sont Jean-Louis Peninou d’abord avant 1968, puis Jean Mendelson, non membres du BN, qui dirigent la commission internationale. En réalité, jusqu’à la guerre des Six Jours, le conflit du Proche-Orient n’apparaît quasiment pas tant au sein de l’Unef que des deux internationales étudiantes. Jusqu’en 1968, c’est d’abord la lutte contre la guerre du Vietnam qui mobilise l’Unef et ses militants [7], Péninou et l’équipe de la commission internationale jouant un rôle important dans l’accueil et les transferts des déserteurs américains.

Couverture du mensuel L’Étudiant de France (février 1970).

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Couverture du mensuel L’Étudiant de France (février 1970).

De 1945 à 1965 : un long silence

5Au Congrès mondial de la jeunesse de novembre 1945 qui se tient à Londres, la liste des participants fait état de trois délégués et quatre observateurs de Palestine : G. Hirsch pour la Council of Youth and Students Organisation, David Miron pour le département jeunesse de l’Organisation sioniste, Ber Kowner pour le Palestinian Progressive Youth, et les observateurs de l’Hashomer Hatzaïr, du Brit Chalutzil Datiim, du Hechalutz et des Jeunes pionniers travaillistes. Seule l’Égypte est présente comme pays arabe, avec trois délégués représentant... le ministre de l’Éducation et l’Association des jeunes musulmans [8]. Jusqu’en 1948, date de la création de l’État d’Israël, il ne ressort pas des documents consultés [9] qu’il y ait eu des débats sur la question. Il est vrai d’une part que l’URSS et les pays de l’Est s’étaient prononcés à l’ONU pour le partage de la Palestine, et surtout qu’en 1948 c’est le conflit avec Tito qui occupe les réunions de l’UIE où les Soviétiques essaient de faire condamner l’Union des étudiants yougoslaves, ainsi que la guerre d’Indochine. Citons le Bulletin d’information de l’UIE de novembre 1948 reproduisant un message de l’Union mondiale des étudiants juifs soutenant la journée internationale des étudiants du 17 novembre, ou la revue de l’UIE, Étudiants du monde de mai 1950 indiquant qu’un meeting pour la paix a eu lieu à l’Université hébraïque de Jérusalem, avec des délégués de Haïfa et de Tel Aviv, à l’occasion duquel a été fondé un « Comité universitaire pour la paix ». Israël a au moins jusqu’en 1950 un « look progressiste [10] ».

6En 1951-1952 le MNÀ se constitue à Beyrouth et au Caire avec Georges Habache et l’Association des étudiants palestiniens, dont un des éléments les plus actifs est Yasser Arafat. La Gups (General Union of Palestinian Students) est fondée en novembre 1959, immédiatement admise à l’UIE [11]. C’est à partir de 1965 que la Gups entame des activités dans les universités parisiennes [12]. La guerre d’Algérie a bien évidemment créé des liens entre militants de l’Unef et militants arabes, regroupés notamment dans l’Aemna (Association des étudiants musulmans nord-africains). Jacques Varin, membre de l’UEC — et aujourd’hui historien — se souvient d’avoir participé à des réunions ouvertes de l’Aemna avec des représentants de la Gups « qui ne parlaient qu’anglais ». Vers 1964-1965, « il y a avait toujours quelqu’un de l’Unef ». L’UEC était aussi en liens avec les Jeunes communistes d’Israël [13]. Elle avait des relations avec la Gups, même si les rapports se distendent après 1968 (la Gups étant jugée trop proche des « maos ») au profit des relations avec le Fatha. De toutes façons, les relations internationales relevaient non de l’UEC, mais du PCF, notamment de Jean Kanapa [14].

7Les relations entre l’Unef et l’UEJF sont bonnes, depuis la création de l’Union des étudiants juifs de France après la Libération. Les membres de l’UEJF sont en général membres du syndicat étudiant au point qu’on parle de l’UEJF comme d’une « succursale de l’Unef[15] ». Unef et UEJF ont été membres ensemble de l’Union patriotique des organisations étudiantes (UPOE) à la Libération [16], soutiennent et participent aux efforts de l’EUI (Entr’aide internationale universitaire) pour la reconstruction des universités et l’appui aux étudiants de l’après-guerre, avec Pax Romana et d’autres mouvements internationaux laïcs et confessionnels [17]. L’UEJF a pris une position proche de celle de l’Unef dans sa lutte contre la guerre d’Algérie et est engagée du côté de la décolonisation [18].

8À l’échelle des organisations internationales, les étudiants israéliens sont en 1953 observateurs à l’UIE. Ainsi, au début des années soixante, la Gups et la Nuis (National Union of Israeli Students) participent toutes deux, avec des statuts divers évoluant suivant les moments (membres, associés, observateurs) à des réunions de l’UIE comme à celles de la CIE.

9En 1956, la CIE — suivant en cela la diplomatie américaine — proteste contre l’intervention franco-anglaise à Suez : « The IUS protest against this foreign invasion and express its sympathy and solidarity with the egyptiants students[19]. » Dans le même mouvement, la CIE proteste contre l’intervention russe en Hongrie [20].

10En 1964, la question de la candidature du Nuis à l’UIE est évoquée au 53ème congrès de l’Unef, à Toulouse [21]. La FGEL, Dijon, Clermont, Lille, Sciences Po, Poitiers s’y déclarent favorables et pensent que les efforts de l’UIE doivent porter sur les coopérations concrètes. Mais le point est saisi comme prétexte pour nourrir une discussion sur les affiliations et relations internationales de l’Unef, et non pour traiter de la situation au Moyen-Orient. Le vice-président international, Étienne Mougeotte, n’y ramène pas. On débat des coopérations anticolonialistes, de la lutte contre la répression et l’impérialisme en Iran, au Portugal, en Espagne [22]. C’est en 19641965 qu’officiellement la question est soulevée à l’UIE qui — en dehors de la traditionnelle journée anti-impérialiste et anti-colonialiste du 21 février — fait du 15 mai une « journée internationale de solidarité avec les peuples et les étudiants de Palestine[23] ». Mais pour le congrès français, à Pâques 1965 [24], le sujet paraît absent. Le point international de l’ordre du jour traite de l’Iran, du Vietnam, du Portugal, de l’Espagne, des conséquences du coup d’État de Boumedienne en Algérie sur l’Union nationale des étudiants algériens, et bien sur des rapports CIE/UIE, puisque l’Unef — membre associé — rentre au comité exécutif.

L’émergence de la question nationale palestinienne, le congrès de 1966

11Jusqu’à la guerre des Six Jours, le problème palestinien est ignoré. Les relations sont plus serrées avec les unions algériennes et marocaines, et avec l’UEJF, héritage de la lutte anticolonialiste contre la guerre d’Algérie. Les liens avec la Gups sont plutôt d’ordre « diplomatique ». Les discours de Choukeiri ne peuvent attirer la sympathie [25] et l’Unef penche vers les Israéliens de gauche. Alain Monchablon se souvient que le responsable international avait été sanctionné pour avoir émis un vote trop défavorable à Israël dans une réunion de l’UIE, mais sans avoir plus de précisions [26]. Toutefois, il commence à y avoir des prises de position. Un appel à la journée de solidarité avec le peuple palestinien pour le 15 mai 1966 est signé par l’AGE de Lyon, les associations d’étudiants arabes, libanais, maghrébins en France, la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), les Ésu (étudiants du PSU), l’Union des étudiants communistes, l’Union des étudiants vietnamiens en France, les unions générales d’étudiants de Tunisie, d’Algérie, du Maroc. La puissante association des étudiants en Lettres de Paris, la FGEL, est dirigée par la gauche syndicale, notamment par Bouguereau, Peninou, Kravetz, qui ont aussi investi la commission internationale (et tentent de constituer une internationale syndicale européenne) [27]; la FGEL dispose de sa propre commission internationale, qui édite des analyses, élabore des propositions. Elle joue un rôle moteur poussant l’Unef à discuter de la question [28].

12C’est en 1966 que l’on peut repérer, tant par les documents que d’après les témoignages, la mise à l’ordre du jour de la question palestinienne. Le 55ème congrès de l’Unef [29] se tient à Grenoble, comme d’usage à Pâques, et y sont comme d’habitude présentes des délégations étrangères. La Gups et les unions nationales du Koweït, de Syrie, du Maroc, d’Algérie, l’Aemna ont présenté une déclaration : une paix juste passe par la reconnaissance d’une communauté nationale arabe palestinienne, c’est un conflit politique et non ethnique, comparable à tout mouvement de libération nationale. La commission internationale du congrès est saisie de ce débat. Dans la séance plénière, présidée par JeanJacques Hocquard, avec le vice-président international Crombecque, il est indiqué que ni la motion ni le rapport sur le problème palestinien n’ont été intégrés au rapport écrit de la commission. Le débat porte finalement sur la motion — discutée mais non adoptée — présentée par la FGEL qui propose que l’Unef prenne position et des dispositions. La FGEL propose la mise en place d’un « groupe de travail » composé de la FGEL, d’un membre du bureau national de l’Unef, de l’UEJF, de trois représentants des unions arabes, dont un du Maroc et un de l’Algérie. La Nuis israélienne demande à participer à cette commission, mais cette requête est rejetée par les unions arabes. Ni la Gups, ni la Nuis ne participeront donc à ce groupe de travail. L’UEJF refuse le terme de « libération nationale » pour les luttes des arabes palestiniens. La discussion étant « impossible » dans le groupe de travail, et « comme il est impossible de résoudre le problème en une soirée », la motion proposée est retirée par les unions nationales. La FGEL présente alors une nouvelle motion, qui ne tranche rien du litige et proposant que mandat soit donné à la commission internationale pour désigner une commission d’enquête. Celle-ci se rendra sur place et travaillera en liaison avec la Gups et la Nuis. La motion reconnaît la Gups comme « seule organisation représentative des étudiants palestiniens », et rappelle que le syndicat étudiant « condamne tous ceux qui de par le monde veulent donner à ce douloureux conflit un contenu ethnique et racial alors qu’il n’est que politique », stigmatisant les impérialistes « peu soucieux d’éteindre au Moyen-Orient un feu de guerre ». La motion est adoptée, seules s’abstenant ou refusant de voter l’Agedesep (droit et économie Paris), Nancy, Strasbourg, Amiens, Sciences Po, le CEST (Cartel de l’enseignement supérieur technique) et Metz. Il n’y aura finalement pas de commission d’enquête qui se rendra sur place, et ce « pour des raisons financières[30] ». En tout état de cause, Jean-Marcel Bouguereau a raison d’affirmer que « c’est la première fois qu’une telle motion est présentée devant le congrès de l’Unef ».

13Le 26 mai 1966, les organisations d’étudiants arabes, lors des deuxièmes journées internationales pour la Palestine qui se tiennent à la Mutualité, adoptent une résolution indiquant que « la finalité de la lutte des patriotes palestiniens n’est pas de jeter les Juifs à la mer ». Certains estiment que c’est une manière implicite de reconnaître un fait national (et non un État) israélien [31].

14Deux réunions internationales se tiennent à l’été 1966, auxquelles l’Unef participe [32].

15La première est le comité exécutif de l’UIE, qui se déroule du 11 au 19 juillet au Caire. Un projet de résolution est discuté sur « la lutte des peuples et des étudiants arabes contre l’impérialisme, le colonialisme, le néo-colonialisme et le sionisme ». La résolution souligne le rôle positif de la RAU [33], stigmatise la tentative d’un « pacte islamique » qui, sous couvert religieux, lierait les peuples arabes à l’orbite impérialiste et aux « gouvernements réactionnaires » de Turquie, Jordanie, Iran, Arabie saoudite, Tunisie, Pakistan... Dans l’ensemble, il n’y a pas de référence à la lutte palestinienne, mais une seule fois l’on évoque le « peuple arabe de Palestine ».

16La deuxième réunion est la conférence de la CIE qui se tient à Nairobi du 17 au 28 août. Un compte-rendu en est dressé par Jean-Louis Peninou. Le gros des discussions tourne autour de la lutte contre la guerre du Vietnam. Toutefois, un débat oppose les délégués israéliens aux délégués des unions arabes, particulièrement de la Gups, avec des incidents en commission. Une résolution est soumise au vote. La Nuis propose des amendements dont le contenu est le suivant : l’État d’Israël existe et doit continuer à exister, et les deux parties (Israël et les pays arabes) doivent s’efforcer de rechercher une solution pacifique au problème des réfugiés palestiniens. La conférence adopte une résolution défavorable aux thèses israéliennes, soulignant que le problème palestinien ne se résume pas à la question des réfugiés, le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes passe par l’établissement d’une entité palestinienne. La résolution regrette le refus par Israël des résolutions de l’ONU.

17Les résultats du vote donnent 15 pour la résolution, 10 contre et 15 abstentions. Il convient de noter que l’USNSA (Union des étudiants américains) « fut le meilleur supporter des unions arabes, contribuant à rédiger la motion et fit un très gros travail de coulisse en leur faveur », les unions africaines, qui se sont tenues loin des débats, s’étant abstenues. La délégation de la Nuis annonce après ce vote qu’elle demandera au congrès de l’Union israélienne de quitter la CIE.

18Dans son rapport, Jean-Louis Peninou souligne la position de plus en plus inconfortable de l’Unef, « de plus en plus difficile à tenir » puisque le représentant de l’Unef doit s’en tenir « au silence obstiné auquel ses mandats de congrès le contraignait », silence remarqué et « largement reproché par les deux camps ». Il constate qu’en tout état de cause les prises de position de la CIE comme de l’UIE en la matière ne sont plus très éloignées, et que la position de l’Unef est minoritaire dans les deux internationales étudiantes.

1967 : de la guerre des Six Jours au congrès de Lyon [34]

19La guerre des Six Jours ne pouvait pas laisser l’Unef dans l’expectative. Le syndicat étudiant connaît alors une crise de direction — plusieurs renouvellements du bureau national en attestent et le congrès traditionnel de Pâques doit même être reporté au mois de juillet. L’Unef aborde donc la crise sans autre mandat que celui du congrès de l’année précédente : « s’en tenir à une attitude prudente de neutralité en attendant le congrès de 1967 », la commission d’enquête n’ayant pas pu être mise sur pied « pour des raisons financières[35] ».

20Lors des AG nationales du syndicat de janvier et mars 1967, comme dans le texte du 13 mai de la commission internationale, il n’y a de point international que sur le Vietnam. Mais quelques jours plus tard, la FGEL — avec la commission internationale — revient à la pointe du débat. Pour elle, « ce qui est en jeu dans la crise du Moyen-Orient, c’est aussi l’avenir du mouvement anti-impérialiste en France[36] ». En Sorbonne, le GEH (Groupe d’études d’histoire) organise le 22 juin une conférence, présidée par Geneviève Dreyfus, avec Maxime Rodinson [37]. Une brochure est éditée avec des textes d’analyse sur la situation au Proche-Orient, le sionisme, les mouvements arabes [38].

21Quand la tension monte à partir de la mi-mai, le bureau national décide de ne pas prendre position. Un BN extraordinaire doit se réunir le 1er juin. Les dirigeants se déclarent alarmés et appellent les étudiants à ne pas accepter « les déclarations racistes et fanatiques de certains dirigeants arabes », ni ceux qui veulent « exterminer physiquement les Juifs israéliens », et ils s’émeuvent de la « renaissance d’un racisme anti-arabe dans la population française ». La reconnaissance d’un fait national israélien ne doit pas faire oublier l’existence d’un fait national palestinien qui ne se réduit pas au sort des réfugiés. Il appelle « la gauche, les antiracistes des deux camps partisans d’un règlement négocié à se réunir ».

Meeting de soutien aux palestiniens à la Mutualité [1968-1970]. Fonds Élie Kagan / MHC-BDIC.

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Meeting de soutien aux palestiniens à la Mutualité [1968-1970]. Fonds Élie Kagan / MHC-BDIC.

22Le rapport souligne que le bureau national a « subi les pressions de l’UEJF, à qui nous sommes liés d’amitié », par une « collaboration de longue date » (référence à leur implication aux côtés de l’Unef sur la question du Vietnam). Jean-Louis Péninou évoque une « rupture psychologique », l’UEJF ayant sombré avec « l’hystérie collective ». Ce terme « d’hystérie » revient dans les textes de l’époque et souvent encore chez les témoins quarante ans après [39]. Une rencontre des bureaux de l’Unef et de l’UEJF s’avère sans résultats. Lors d’un meeting tenu à la Mutualité, l’UEJF demande à ses adhérents de renvoyer leurs cartes syndicales au siège du syndicat puisque l’Unef n’a pas pris une position reconnaissant le droit à l’existence de l’État d’Israël [40]. Le journaliste du quotidien Le Monde souligne les « inquiétudes à l’UEJF » : l’Unef n’a pas pris position, le Parti communiste attaque Israël, le gouvernement discute de l’embargo, le dialogue avec les étudiants arabes a cessé et la « gauche arabe » n’a rien fait pour éviter la guerre [41]. L’UEJF cherche toutefois à se démarquer de la droite : « Vive Israël, pas de racisme anti-arabe », tel est le titre du tract sorti après l’incendie de la synagogue de Tunis. L’UEJF se prononce également pour les droits de « la communauté nationale palestinienne ».

23Le bureau national de l’Unef prend position pour condamner le racisme, « qu’il se manifeste au Caire ou au Quartier Latin » (référence aux manifestations respectivement antijuives et anti-arabes). Il dénonce ainsi les déclarations racistes et exterminatrices de certains dirigeants arabes, autant que « l’union sacrée » des bellicistes pro-israéliens en France qui prennent ainsi « leur revanche sur Suez et l’Algérie ». L’Unef rappelle sa position pour la reconnaissance du double fait national palestinien et israélien, et pour un règlement qui soit fondé sur des bases anti-impérialistes.

24Au niveau international, si le secrétariat de l’UIE se prononce pour qu’Israël se replie sur les frontières de 1949, et met en place un « fonds de secours aux victimes de l’agression israélienne », l’Unef fidèle à son mandat de 1966, et dans l’attente de son congrès en juillet, demande à adhérer aux deux comités d’intellectuels, celui dit de Maxime Rodinson, Berque et Buron [42], et le « Comité des intellectuels pour la solution négociée du conflit israélo-arabe » (dit comité Revault d’Allones, Sartre, Schwartz, Naquet, comité qu’on dit plutôt plus proche d’Israël), et ce « malgré nos désaccords avec le premier appel[43] ». Revault d’Allones répond le 26 juin en prenant note « avec intérêt et sympathie » de la démarche de l’Unef, tout en rappelant qu’il est « illusoire de parler de solution négociée » s’il n’y a pas de reconnaissance par les États arabes de l’État (souligné par l’auteur de la lettre) d’Israël, « à l’exclusion de toute formule ambiguë du type de “fait” ou “communauté nationale israélienne” »... c’est-à-dire de la formulation de l’Unef [44].

25Le congrès de Lyon de l’Unef se tient ainsi un mois après la guerre des Six Jours. Les enjeux du congrès sont bien loin des préoccupations moyen-orientales. Les gauches sont divisées (étudiants communistes, maoïstes, trotskystes des divers courants, « gauche syndicale ») ce qui permet aux « majos[45] » d’espérer redevenir majoritaires... L’union sacrée les en empêche. Quant au point international du rapport moral, il concerne essentiellement la lutte contre la guerre du Vietnam. et le départ de la CIE à la suite des révélations sur son financement par la CIA [46].

26Sur la question du Proche-Orient, le rapport moral du président Van Den Burie stigmatise la position ambiguë de l’Unef. Le débat, « s’il attira beaucoup de monde, ne fut pas passionné[47] ». Le rapport de la commission internationale se conclut par « il faut admettre qu’il existe une nation palestinienne dont les droits à l’existence ont été bafoués depuis vingt ans », et le caractère de « lutte de libération nationale » de ce peuple. « Quels que soient les jugements que l’on porte sur le sionisme et le projet de constitution d’un État juif, il faut admettre comme un fait l’existence d’une communauté nationale juive en Palestine, et, conséquemment, la légitimité de ses droits nationaux. Il y a donc un double fait national. »

27Des délégations des unions arabes sont présentes, et demandent au congrès de condamner l’agression israélienne et le sionisme. La Nuis, présente également au congrès, diffuse des textes d’information, et son représentant, quelque peu chahuté, expose sa position en indiquant qu’elle n’est pas exactement celle du gouvernement israélien : il prône un dialogue entre étudiants arabes et israéliens qui ne se confonde pas avec un dialogue entre les gouvernements. Le délégué israélien demande à l’Unef de servir d’intermédiaire entre les différentes unions étudiantes.

28Les AGE de Saint-Étienne et Montpellier — animées par les militants de l’Union des étudiants communistes — présentent une motion prônant le droit à l’existence pacifique des pays arabes et d’Israël.

29La motion finalement adoptée estime que « si le rejet des Israéliens à la mer ne saurait être envisagé, l’Unef pense qu’il n’est pas juste de poser comme préalable juridique à toute discussion la reconnaissance de l’État d’Israël comme institution juridique et politique déterminée ». Abandonnant sa position de « neutralité ambiguë », le congrès « condamne l’agression impérialiste d’Israël ». La motion fut adoptée par 98 mandats pour, 73 contre (essentiellement les étudiants communistes) et 93 ne prennent pas part au vote (les « majos » refusant de participer aux votes suite aux invalidations de certaines de leurs délégations). Il n’empêche, la non reconnaissance de l’État juif mécontente l’Union israélienne, et les unions arabes reprochent la reconnaissance du fait national juif en Palestine.

30L’été 1967 passé, la rentrée syndicale étudiante se passe sous le double contexte national et international : la lutte contre la réforme Fouchet à l’Université, et la lutte contre la guerre du Vietnam. Les comptes-rendus des AG, CA, bureaux, commission internationale sont éloquents de silence sur la Palestine... Pas de trace dans le compte-rendu de l’AG des 25 et 26 novembre 1967, ni dans le rappel du stage international consacré au Vietnam [48]. L’AG des 13 et 14 janvier 1968 débat des problèmes internes et des réorganisations. En février 1968 sont publiés dans un dossier international consacré au Vietnam, « des textes plus anciens sur le conflit israélo-arabe », en fait des textes de 1967 [49]. Dans GEH Infos de la rentrée 1967-1968 qui présente le bilan d’activité aux nouveaux arrivants historiens à la Sorbonne [50], il n’est même pas fait mention de la conférence de Maxime Rodinson donnée en juin.

1968 : radicalisations politiques et relativisations syndicales

31La crise de mai et juin 1968, crise à la fois universitaire, sociale et politique, produit des effets contradictoires. En politisant et radicalisant des masses importantes d’étudiants, elle donne un large écho aux thèmes politiques anti-impérialistes, et donc à la question palestinienne, véhiculés par les forces politiques [51]. D’un autre côté, cette politisation fragilise encore plus l’Unef, qui a du mal à trouver sa place en tant que syndicat sur cette question éminemment politique. Dirigée par le PSU depuis janvier1967, l’Unef est après mai 1968 abandonnée par des fractions militantes, l’UJCML et les « maos [52] », forts actifs sur la question arabe, les comités d’action et les étudiants de « Rouge [53] ». La France redevient le théâtre des premières préoccupations des révolutionnaires, et les universités celle des syndicalistes, avec bien évidemment la crise de l’Unef qui achève son éclatement en janvier 1971. La gestion de l’Unef, dirigée par le PSU, avec deux tendances l’une dite « renouveau » (animée par les militants du PCF), l’autre dite « unité syndicale » (animée par les militants de l’AJS, dits « lam-bertistes ») est donc spécifique et distincte de l’analyse des positions des forces politiques ellesmêmes. La distinction n’est pas toujours évidente, et il n’est pas facile de savoir à quel titre des membres des organisations politiques, qui sont aussi militants syndicaux, voyagent à Cuba, au Moyen-Orient, etc.

32À l’été 1968, de nombreux militants européens se trouvent à Cuba. C’est à cette occasion, explique Jean Mendelson, que les Français découvrent « la violence des charges anti-israéliennes » chez des militants allemands du SDS. D’après lui, il y a une évolution lente de la direction PSU de l’Unef. Pour certains, la question palestinienne permettait d’éviter de parler de la Tchécoslovaquie, sujet « gênant » puisque les Cubains avaient condamné le Printemps de Prague et approuvé l’intervention des troupes du pacte de Varsovie [54].

33Pour l’Unef, La rentrée 1968-1969, sur les questions internationales, demeure marquée par le Vietnam et les protestations contre les massacres des étudiants à Mexico avant l’ouverture des Jeux olympiques [55].

34Le congrès de Marseille de décembre 1968 [56], tourné vers la redéfinition de l’Unef et sa (sur)vie interne, ne semble pas avoir consacré de temps à d’autres sujets. C’est encore du sommet, de quelques responsables [57], que viennent les impulsions, le véritable militantisme de base sur la question étant celle de courants politiques, ou de comités ad hoc, comme les comités Palestine. L’Unef publie dans Étudiants de France, une déclaration du Fatah [58], puis une interview de la même organisation [59]. Le bureau national participe à des réunions ou à des meetings unitaires. Le 15 mai 1969 et le 14 janvier 1970, ce sont deux meetings de soutien au peuple palestinien [60]. Au collectif national du 25 janvier 1970, des critiques sont émises à l’encontre de ceux qui auraient privilégié le Fatah dans ces initiatives, en excluant les autres composantes (notamment le FDPLP). De même l’Unef participe avec d’autres organisations d’extrême gauche et le PSU à « l’autodéfense contre les attaques fascistes de groupes sionistes de droite », qui avaient mené des actions violentes (faculté de médecine en décembre 1969, début février 1970 à Censier) aggravant la tension [61]. L’Unef a mené des campagnes contre l’expulsion de France de militants de la Gups. Plusieurs membres du bureau ont été arrêtés, interrogés, perquisitionnés en novembre 1969. La diplomatie internationale uné-fienne continue. Elle est présente au comité exécutif de l’UIE en Bulgarie, en février 1969, qui adopte trois résolutions appuyant le combat des étudiants jordaniens, des étudiants palestiniens, et des peuples et étudiants arabes. Les dirigeants de l’Unef cherchent à recueillir des informations sur la réalité militante et les positions des unions d’étudiants arabes et à ce titre des militants sont envoyés sur place pour nouer des contacts, participer aux congrès [62]. Ainsi, au cinquième congrès des étudiants palestiniens, l’Unef se félicite d’avoir mis en échec les « manœuvres ouvertes de la délégation soviétique[63] ». Le bilan fait au congrès de l’Unef d’avril 1970 est que des relations ont été établies avec l’Union syrienne, l’Union égyptienne, l’Union libyenne, l’Union yéménite, les deux unions jordaniennes. N’ayant plus de rapports depuis 1967 avec l’union étudiante israélienne, le congrès de 1970 mandate le bureau pour améliorer ses relations avec le Matzpen [64]. À ce congrès de 1970, le salut de la Gups se conclut par « vive la lutte des Juifs antisionistes et anti-impérialistes de par le monde[65] ». Le Fatah écrit à l’Unef le 12 mai 1970 une lettre prenant une position nette contre « une résurrection du fléau antisémite [qui] ne sert que les intérêts de ceux qui veulent que les européens d’origine juive quittent leur pays » et soulignant le « caractère antiraciste de la révolution palestinienne[66] ».

Affiche de l’UGEP [1970]. Coll. MHC-BDIC.

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Affiche de l’UGEP [1970]. Coll. MHC-BDIC.

35Les massacres de « Septembre noir » n’ont que peu de suites dans l’Unef paralysée dans les divisions internes du dernier acte avant la scission. Elle est pourtant encore représentée au séminaire de l’UIE qui se tient en Yougoslavie à Dubrovnik (15-25 août 1970) dans lequel trois camps se dessinent toujours à l’occasion d’un débat sur une motion de soutien à la « révolution palestinienne » signée par l’Unef. Votent pour la FEANF, le « Movimiento studentesco » de Rome, les unions d’étudiants de Belgrade, de Grèce, les Belges du Mubef, les Kényans, Portugais, Marocains, Syriens, Yéménites, Irlandais, les délégués du Zimbabwe. Le camp des pays de l’Est vote contre (Roumanie, Hongrie, Pologne, RDA, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Conseil des étudiants d’URSS) ainsi que l’Iraq, la RAU, l’Aemna... S’estimant non mandatés, les Danois, les Écossais, Anglais, Norvégiens, Néo-Zélandais et Suédois s’abstiennent.

36Une dernière fois, l’Unef aura tenté une « troisième voie » indépendante des intérêts des États d’Occident et des pays de l’Est.

Conclusion

37Peut-on conclure que c’est bien beaucoup de lignes pour expliquer que l’Unef n’a rien fait en la matière ? [67] En réalité, les militants étudiants ont beaucoup agi sur le terrain, que ce soit à l’université ou dans les quartiers, les foyers, mais en général c’est sous leurs autres appartenances, la plupart du temps partisanes. De plus, les sources écrites peuvent s’avérer incomplètes [68], insuffisantes et un travail de récolte de témoignages, de croisement entre différents champs (politiques, syndicaux, confessionnels) permettrait d’en savoir plus, nous nous sommes limités ici aux prises de position nationales.

38En tout état de cause la question palestinienne, comme la plupart des questions internationales, est un problème politique auquel un syndicat, par nature pluraliste, par essence agissant avec un certain pragmatisme, ne peut répondre avec toutes les précisions de l’analyse et de la prise de position que les différents camps souhaitent lui faire prendre. Il est intéressant de comparer ce que fut l’attitude des syndicats professionnels de salariés face au conflit.

39La question palestinienne est toutefois spécifique pour le syndicat étudiant français. Comme on l’a vu, elle renvoie pour les étudiants de 1967 qui en font souvent référence à la fois à la place de l’antisémitisme dans la société française (affaire Dreyfus, occupation et déportation) et à l’investissement des Juifs progressistes dans le mouvement ouvrier et étudiant français, comme aux relations nouées par l’Unef avec les étudiants arabes, celle-ci bénéficiant du prestige hérité de son opposition au colonialisme de son propre gouvernement, à la guerre d’Algérie.

40Place originale que celle de refuser de s’aligner sur les grands « camps », organisation étudiante indépendante de son gouvernement (ce qui n’était pas le cas, loin de là, de beaucoup d’organisations étudiantes des pays de l’Est ou des pays arabes), l’Unef était condamnée à une certaine forme de paralysie... en jouant sur l’arène diplomatique, fut-elle la diplomatie des relations internationales étudiantes [69]. R. M.

SOURCES

Outre les entretiens et autres articles et ouvrages cités, et quelques documents personnels, l’essentiel des sources proviennent du fonds Unef à la BDIC (voir l’inventaire en ligne http://www.germe.info/guide/inventaires/unefbdic.htm#3 ). J’y ai essentiellement consulté l’ensemble des dossiers de la période 1967-1970 pour les catégories : Congrès, AG-CA-CN, Activités, International, FGEL. Aux Archives nationales, au CAC de Fontainebleau, (http://www.germe.info/guide/inventaires/unefcac.htm#13 ) il y a des dossiers plus importants de la vice-présidence internationale, mais jusqu’en 1967/1968. On y repère un dossier Union générale des étudiants arabes pour 1962 (46AS97) et un dossier Union des étudiants israéliens 1952-1965 (46AS98). Des archives de la CIE ont pu être en grande partie sauvegardées à l’Institut d’histoire sociale d’Amsterdam (http://search.iisg.nl/search/search?action=transform&col=archives&xsl=archives-detail.xsl&lang=en&docid=10751883_EAD) mais on ignore le sort de celles de l’Union internationale des étudiants qui étaient à Prague et qui ont sans doute subi pour le moins les vicissitudes de l’UIE après 1989. Sur l’éclatement des archives étudiantes, je renvoie à la lecture des actes co-édités par l’AAF, la BDIC et le Germe, « Archives et mémoires étudiantes, état des lieux », (Jean-Philippe Legois coord.), La Gazette des Archives, n° 193, 2002 et au travail mené désormais dans le cadre de la Cité des mémoires étudiantes (http://www.citedesmemoires etudiantes.org/)
Sans aucun doute, l’on trouverait à la lumière de nouvelles sources — archives, témoignages — de quoi préciser, nuancer, ou contester mes propos. On ne peut qu’encourager la poursuite de ce travail).

Notes

  • [1]
    Des AG et corpos, comme celles de Médecine et Sciences à Paris, n’ont pas suivi la scission dite « apolitique » de la Fnef en 1961. Ce n’est qu’en décembre 1968 que les quatre AGE dites « majo » sont exclues pour non paiement de cotisations. Voir plus précisément Alain Monchablon, Histoire de l’Unef, Paris, Puf, 1983, et Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon, Robi Morder (dir.) Cent ans de mouvements étudiants, Paris, Syllepse, 2007.
  • [2]
    Robi Morder (coord.), Naissance d’un syndicalisme étudiant, Paris, Syllepse, 2006.
  • [3]
    Didier Fischer, « L’Unef et les relations internationales étudiantes », Les Cahiers du Germe, spécial n° 2, « Regards sur les internationales étudiantes », 1997.
  • [4]
    Dès avant 1968 et surtout après, les maoïstes de l’UJCML, les étudiants de « Rouge », future Ligue communiste, et de nombreux membres des « comités d’action » ont quitté l’Unef. Quand le PSU abandonne le syndicalisme étudiant en décembre 1969, les tendances et courants « unité syndicale » (AJS) et « renouveau » (UEC alliés à des socialistes, radicaux, chevènementistes) se séparent et tiennent deux congrès. Voir Robi Morder, « La scission de l’Unef », La Revue de l’Université, n° 10, 1997. Sur la période des « années 1968 », Jean-Philippe Legois, Alain Monchablon, Robi Morder, « Le mouvement étudiant et l’Université : entre réforme et révolution (1964-1976) » in Geneviève Dreyfus-Armand, Robert Frank, Marie-Françoise Lévy, Michelle Zancarini-Fournel (dir.), Les Années 68. Le temps de la contestation, Paris/Bruxelles, IHTP-CNRS/Complexe, coll. « Histoire du temps présent », 2000.
  • [5]
    Alain Monchablon, Histoire de l’Unef, Paris, Puf, 1983, p. 181.
  • [6]
    Voir les listes des bureaux nationaux, Cahiers du Germe et sur le site du Germe : http://www.germe.info/recherche/prosopographieback.html/.
  • [7]
    Laurent Jalabert, « Aux origines de la génération 1968, les étudiants français et la guerre du Vietnam », Vingtième Siècle, septembre 1997.
  • [8]
    Merci à Pierre Rostini, ancien résistant et qui a présidé le comité préparatoire international de l’UIE après la libération, qui m’avait fourni cette liste des participants à la conférence de Londres pour publication dans Les Cahiers du Germe.
  • [9]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/2/1 — International 1947-1951.
  • [10]
    Entretien avec Jacques Varin, septembre 2008.
  • [11]
    Xavier Baron, Les Palestiniens, genèse d’une nation, Paris, Le Seuil, col. Points histoire, 2003, p. 96.
  • [12]
    Hajjat Abdellali, « Les comités Palestine (1970-1972) », www.europe-solidaire.org/spip.php?article3675/.
  • [13]
    Entretien avec Jacques Varin, septembre 2008.
  • [14]
    Entretien avec Guy Konopnicki, septembre 2008.
  • [15]
    Jean-Francis Held, Le Nouvel Observateur, 5 janvier 1970, p. 43.
  • [16]
    Robi Morder (coord.), Naissance d’un syndicalisme étudiant, Paris, Syllepse, 2006.
  • [17]
    Entretien avec Paul Bouchet, juillet 2008.
  • [18]
    Myriam Soussan, « Face au drame algérien, l’UEJF s’engage (1954-1962) », Cahiers du Germe, n° 27, 2008.
  • [19]
    Gert van Maanen, The International Student Movement. History and Background. Den Haag, Interdoc, 1966.
  • [20]
    Ce que ne fait pas l’UIE. « Quand les chars soviétiques ont écrasé les soviets de Budapest, l’Unef s’est solidarisée avec ceux qui protestaient contre l’Union soviétique, (elle s’est trouvée sur ce point en accord avec ses adversaires les plus farouches). À la même époque nous avions Suez, l’attaque française sur le canal et nous avons été silencieux. Jiri Pelikan a pu sauver la position de l’UIE qui était délicate : “Nous nous taisons sur la Hongrie, alors que l’Unef se tait sur Suez et l’indépendance algérienne”. C’est ce que Jiri Pelikan m’écrivit dans une réponse à une lettre ouverte que je lui avais adressée critiquant le silence de l’UIE sur Budapest. » Pierre Yves Cossé — ancien président de l’Unef, témoignage, Cahiers du Germe, spécial internationales, n°2, 1997.
  • [21]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1964). Compte-rendu du congrès, tome III.
  • [22]
    Dans le même point international, une motion condamne une brochure soviétique fortement teintée d’antisémitisme, et « tombant sous le coup de la loi soviétique ». Seuls HEC et Lille refusent de la voter.
  • [23]
    8ème congrès de Sofia, 28 novembre-9 décembre 1964, BDIC, Archives Unef, 4° delta 1151/2/1 (1964).
  • [24]
    54ème congrès de Bordeaux, 8-19 avril 1965, BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1 151/1 (1965).
  • [25]
    Les mêmes termes sont employés lors de mes entretiens par Jean-Louis Peninou et Mendelson, qui n’ont pourtant pas été responsables internationaux à la même époque.
  • [26]
    Peut-être s’agit-il de François Roussel, vice-président international, forcé de démissionner du BN en janvier 1965 ? Peut-être s’agit-il de la motion du 8ème congrès de Sofia de décembre 1964 qui avait décidé de commémorer le 15 mai la journée de solidarité avec les peuples et étudiants de Palestine ?
  • [27]
    Jean-Louis Péninou, témoignage, Les Cahiers du Germe, spécial internationales, n° 2, 1997.
  • [28]
    Voir le dossier de textes sur le Moyen-Orient de la FGEL, BDIC, Fonds Unef, FGEL, 4° delta, 1174 1/3.
  • [29]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1 151/1 (1966).
  • [30]
    Rapport de la commission internationale au congrès. BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1967).
  • [31]
    Nathan Weinstock, Le sionisme contre Israël, Paris, Maspero, 1969, p. 562.
  • [32]
    BDIC, fonds Unef, 4° delta 1151/2/1 (1966-1967).
  • [33]
    République arabe unie.
  • [34]
    56ème congrès de Lyon, 3-8 juillet 1967, BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1 151/1 (1967-1968).
  • [35]
    Rapport de la commission internationale au congrès de 1967, op. cit.
  • [36]
    Rapport de la Commission internationale de la FGEL, 9 juin 1967.
  • [37]
    Entretien avec Alain Monchablon.
  • [38]
    Dans le dossier FGEL/GEH (BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1174 1/3), on trouve un texte du Matzpen de mai 1967, un tract « Information Israël » réfutant les informations de L’Humanité du 30 mai 1967, un tract d’un « Comité de liaison juif progressiste » intitulé « À bas le sionisme et la réaction ».
  • [39]
    Jean-Louis Péninou, Guy Konopnicki, Alain Monchablon.
  • [40]
    Seules trois ou quatre cartes et six lettres d’injures auraient été reçues au Bureau.
  • [41]
    Le Monde, 7 juin 1967
  • [42]
    Lettre de Jean-Louis Péninou, président de la commission internationale, 16 juin 1967.
  • [43]
    Lettre de Jean-Louis Péninou, président de la commission internationale, 20 juin 1967.
  • [44]
    Renvoi aux positions de l’Unef, inspirées par la FGEL, « La FGEL n’a pas à prendre position pour ou contre l’existence d’Israël », Rapport de la Commission internationale de la FGEL, 9 juin 1967.
  • [45]
    Occupant l’aile droite dans le classement interne, ces « corpos » et AGE « apolitiques » qui n’avaient pas suivi la scission Fnef en 1961 ont un nombre de mandats assez important. Les quatre bastions sont Droit-Sciences-éco, Pharmacie, Médecine et Paris-Sciences. Ils seront exclus en décembre 1968 pour « non paiement de cotisations ».
  • [46]
    Voté à l’unanimité du congrès.
  • [47]
    Compte-rendu du congrès de Lyon édité par les « majos » pour préparer leur réunion nationale en novembre 1967.
  • [48]
    Unef inform n° 4, 17 janvier 1968, BDIC, fonds Unef, 4° delta 1161/1 (1967-1970).
  • [49]
    BDIC, Fonds Unef, conseils d’administration et assemblées générales, 4° delta 1157 (1965-1969).
  • [50]
    BDIC, fonds Unef, GEH Info (1961-1968), 4° delta 1174 1/3.
  • [51]
    Jean Mendelson fait état d’affrontements verbaux sur le sujet dans la cour de la Sorbonne occupée.
  • [52]
    Sauf L’Humanité rouge, qui reste dans l’Unef et appuie encore en 1970 le bureau PSU contre l’UEC et l’AJS.
  • [53]
    La JCR ayant été dissoute en juin 1968, c’est autour du journal Rouge que se regroupent les militants de la future Ligue communiste.
  • [54]
    Entretien avec Jean Mendelson, qui relate qu’au congrès de Pâques 1970, à Orléans, il combat la motion Berg (AJS) sur la Tchécoslovaquie en s’appuyant sur les maoïste de l’Humanité rouge et les étudiants communistes.
  • [55]
    Sur l’impact international de 1968, voir aussi Eithan Orkibi (Université de Tel-Aviv) et Uri Cohen (Université de Tel-Aviv) « Les mouvements étudiants israéliens de la guerre des Six Jours à la guerre de Kippour (1967-1973) : agir et réagir à la lumière des modèles d’activisme étrangers. » Colloque Germe/Caarme/BDIC, Étudiant-E-s en mouvements (Internationalismes et internationales, cosmopolitismes et migrations étudiantes), juin 2006, à paraître aux éditions Syllepse.
  • [56]
    BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1968-1970).
  • [57]
    Selon Pierre Montacié, trésorier de l’Unef en 1968, Luc Barret était intéressé par le sujet. Entretien avec Pierre Montacié, septembre 2008.
  • [58]
    Étudiants de France, n° 5, février 1969.
  • [59]
    Étudiants de France, n° 7, avril 1969.
  • [60]
    L’essentiel des informations provient du rapport international du 58ème congrès de l’Unef, Orléans, 1er-5 avril 1970. BDIC, Fonds Unef, 4° delta 1151/1 (1968-1970).
  • [61]
    Jean-Francis Held, « Les deux ghettos », Le Nouvel Observateur, 5 janvier 1970.
  • [62]
    Jean Mendelson passe plusieurs mois dans divers pays de la région, et à la même époque ce sont des dizaines de militants d’extrême gauche, du PSU, de la Ligue communiste, de l’Alliance marxiste révolutionnaire, des groupes maoïstes, etc., qui sont invités dans les camps palestiniens.
  • [63]
    On trouve aussi un petit article qui rend compte de ce congrès dans le journal des étudiants du PSU, Lutte socialiste, n° 8, mai 1969.
  • [64]
    La Boussole, nom du journal de l’OSI (Organisation socialiste israélienne), organisation israélienne anti-sioniste ; ce sont essentiellement les courants se réclamant du trotskisme — LC et AJS — qui ont des liens avec les militants de ce groupe qui comporte aussi un courant anarchiste.
  • [65]
    Unef Inform, n° 13, 29 avril 1970. Bilan international du 58ème congrès de l’Unef.
  • [66]
    Unef Inform, 28 mai 1970.
  • [67]
    Ce fut une des « félicitations » adressées à l’auteur lors du colloque, d’avoir « réussi à tenir 20 minutes pour expliquer que l’Unef n’a rien fait ».
  • [68]
    À partir du milieu des années 1960, l’absence de moyens financiers, et donc de personnel administratif, prive l’Unef de compterendu sténographiques intégraux de ses congrès, réunions d’instances et rend la tenue des archives plutôt aléatoire.
  • [69]
    Voir Robi Morder, Caroline RollandDiamond (coord.), Étudiant-e-s en mouvements (Internationalismes et internationales, cosmopolitismes et migrations étudiantes), Paris, Syllepse (à paraître).
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