La réflexion sur le concept de classe moyenne renvoie d’abord à son lien avec la démocratie et l’illustration paradoxale que présente la région MENA.
Tocqueville (1835 ; 1840) s’inspirant de l’exemple américain, est parmi les premiers à étudier la tendance à l’égalisation des conditions qui caractérise selon lui les sociétés démocratiques. Il considère que les sociétés modernes ont tendance à rapprocher les modes de vie et qu’une vaste classe moyenne partageant des valeurs matérielles devient le principal groupe social.
Moore (1969, 418) s’affirme pleinement en accord avec la thèse marxiste, soulignant qu’une classe moyenne vigoureuse et indépendante de citadins a été un élément indispensable dans la croissance de la démocratie parlementaire. En bref : « Pas de bourgeois, pas de démocratie ».
Dans les économies modernes, l’hypothèse majeure est que la classe moyenne stimule la demande de biens et services privés, mais aussi de services publics, comme l’éducation, la santé et les infrastructures. Les investissements privés et publics dans ces secteurs favorisent une croissance économique durable et inclusive (Banerjee et Duflo 2008). L’enjeu consiste à savoir si cela correspond à l’état et à la dynamique de la classe moyenne dans la région MENA.La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) comprend dix principaux pays appartenant à l’aire géographique du Machrek (Égypte, Irak, Jordanie, Liban, Palestine et Syrie) et du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie et Libye)…