Les études sur les conditions juridiques de la femme dans les sociétés arabes ont souvent emprunté une grille de lecture essentialiste et culturaliste, faisant porter au texte religieux et plus particulièrement à l’islam la responsabilité de son exclusion, de son statut discriminatoire et minorisant. Certes l’islam, à travers la consécration de la Charia comme source de législation dans les textes constitutionnels, intègre le système juridique comme cadre « principal » orientant les lois et les réformes, notamment celles qui régissent le statut de la femme. Le fiqh « droit islamique » qui inspire les dispositions relatives aux statuts personnels a un impact direct sur les conditions juridiques des femmes, favorise le maintien de la femme dans une situation d’instabilité et d’infériorité (dépendance par rapport à son tuteur, autorisation de l’époux pour exercer une activité professionnelle…) et consacre légalement une précarité juridique (succession, polygamie, répudiation…).
Toutefois, le processus de codification du fiqh et de ses interprétations est, depuis l’émergence de l’État nation arabe, matière à intervention étatique. Les pouvoirs politiques se sont approprié le domaine de la juridiction comme celui de l’éducation. Certes, l’islam reste le cadre de référence dans les efforts de réforme, d’amendement ou d’interprétation. La mise en œuvre de ceux-ci reste malgré tout soumise au volontarisme politique encadré par les appareils étatiques.
Si les mouvements de contestation du Printemps arabe dans lesquels les femmes ont pris une part active, ont suscité, en raison de la montée des islamismes, l’inquiétude sur leurs droits obtenus sous les régimes nationalistes postcoloniaux, ces derniers ne leur garantissaient pas pour autant l’égalité de traitement dans tous les domaines ; les femmes ont vu dans certains cas leurs acquis juridiques régresser ou remis en caus…