Présentation
La question Nietzsche est-elle « réglée », comme on a pu dire jadis que la « question Hegel » l’était ? On est tenté de le croire à en juger par la relative rareté des publications censées commémorer le centième anniversaire de sa mort ; on l’est d’autant plus à lire certaines d’entre elles, lesquelles semblent s’employer à refermer la brêche que celui-ci avait ouverte, à reprofessoraliser une pensée qui avait la professoralité en horreur, à pacifier un rapport au savoir dont il avait voulu faire une guerre, à homogénéiser une pensée qui n’a de chances de rester entière qu’en ne cessant pas de produire de l’hétérogénéité, à reproduire des disciples à partir d’une pensée qui révoque leur possibilité.
L’enjeu est de reformer un Nietzsche « nombreux », divers, épars, protéiforme, paradoxal, impossible, insituable, toujours reperdu, infatigablement recherché, mystique ou philosophe, poète ou musicien, archaïque ou moderne, grec ou européen, rationaliste ou prophétique, philosophe ou philologue, tragédien de sa propre existence ou simulateur des tragédies disparues... Un Nietzsche qui danse !