Notes
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Professeur des Universités, Université Louis Pasteur Strasbourg.
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Ce terme issu du droit romain définit un père détenteur d’une puissance sur l’enfant au sein de la famille, variable en son principe selon les époques historiques.
« La génération de Mai 68 n’est pas une génération sans héritage, mais une génération du refus d’héritage »
2008, quarante ans après : Comment entendre ce qui s’est passé pour la paternité et les fonctions du père en 1968 ?
1Le parti que je prends résolument ici pour répondre à cette question, est de distinguer des registres ou encore des « points de vue ». Chacun d’eux permet de saisir sous un angle spécifique cette question. Il n’y a pas « une vérité » de Mai 68 (et de la question du père) mais des projecteurs et des grilles de lecture qui, braqués sur cette période en éclairent un aspect et donnent la mesure de sa complexité. Pour le thème qui est le mien « les fonctions du père », je distinguerai des registres de la paternité. De quoi parle-t-on quand on parle du père ? Quelles sont ses fonctions ? (point 1).
2Quelle approche et quelles données permettent « d’entendre » quelque chose des fonctions du père en Mai 68 ? L’approche que je mets en œuvre est issue de la psychanalyse : il s’agit de travailler à partir de matériaux constitutifs de la subjectivité, c’est à dire de faits de langage et de paroles. Donc travailler à partir d’énoncés écrits ou oraux. Deux ensembles de données me semblent pertinents pour explorer cette question. Ce sont d’abord les slogans scandés lors des manifestations et les écrits qui étoilent les murs des universités et des entreprises : ces murs se mettent alors à parler et à chanter. Ils attaquent avec force toutes les formes d’autorité, tout ce qui se trouve dans le paradigme du père.
3Ce sont surtout les énoncés écrits des lois concernant pères, mères et enfants. Ils ouvrent à une dynamique historique et concernent aussi les sujets de la parole en tant qu’ils « font bordure » au réel pour ces sujets en délimitant l’institution de la paternité.
4J’interrogerai ces données en tenant compte de la temporalité des événements en aval et en amont de 1968. Quarante ans après… Mais du coup cette période est à situer aussi en fonction d’une autre temporalité, celle des événements qui l’ont précédée et qui la préfigurent. C’est donc en la situant entre deux temporalités que j’interrogerai ce que fut Mai 68. Le concept « d’après-coup » (« nachträglichkeit ») élaboré par Freud (1896) à propos des traumatismes me semble un bon guide dans cette exploration, dans la mesure où il rend compte du surgissement du sens d’un événement dans un temps postérieur à celui de sa première inscription.
5D’où trois questions :
6– Que fut Mai 68 pour les fonctions du père ? (point 2).
7– De quel « après-coup » a-t-il surgi ? (point 3).
8– Quarante après, quelle organisation historique nouvelle de la paternité ? (point 4).
9Le fil directeur que je suivrai pour élaborer cette exploration est que Mai 68 est un « temps de passage », bref, inattendu et explosif, mettant en scène la mort de la dernière figure historique du Paterfamilias. Il ne s’agit pas de « la fin des pères », mais de la fin d’une certaine institution des pères de type patriarcal, et de l’ouverture à des formes nouvelles de paternité et de parentalité dans des liens familiaux à caractères démocratiques et égalitaires. Toutes les fonctions des pères tant sociales que psychiques en sont bouleversées car inscrites dans une organisation historique nouvelle caractérisée par l’émergence d’une démocratie dans le rapport à l’enfant et aux femmes.
1 – De quoi parle-t-on lorsqu’on parle « du père » ? : définitions et problématiques
10Autrement dit : quelle est la réalité que j’explore ?
11Qu’appelle-t-on « le père » ? Et de quoi parle-t-on quand on parle de ses fonctions ? Je distinguerai à la suite des anthropologues et des psychanalystes, trois réalités que recouvre le terme de « père » (Hurstel, 1996) : celle de « l’institution » de la paternité, celle des fonctions des pères, celle des hommes-pères. Chacune de ces réalités soulève des questions spécifiques quant à ce qui change de la paternité en Mai 68.
1.1 – Le « père » est une institution
12J’appelle « institution » de la paternité les échafaudages juridiques écrits et coutumiers qui définissent ce qu’est un père et qui sont les pères.
13En Mai 68, en France, le père est un homme, chef de famille nanti de l’autorité paternelle. Il est désigné selon une seule modalité, celle de la « présomption de paternité » qui fait du mari de la mère, le père de tous les enfants. La seule filiation reconnue est celle dite « légitime », c’est-à-dire des enfants nés dans le mariage. L’institution du père est de ce fait complètement liée à l’institution matrimoniale. Une image collective du père est produite par cette institution : le père est vu comme un Paterfamilias.
14Que devient cette institution après Mai 68 ?
1.2 – Le « père » est un ensemble de fonctions
15- Les anthropologues distinguent trois composantes fonctionnelles de la paternité que l’on retrouve, organisées de façon spécifique en chaque société ou à chaque période historique : la composante généalogique ou « père légal » qui reconnaît l’enfant et lui transmet le nom ; la composante biologique ou « père géniteur » qui fournit les spermatozoïdes et une partie du patrimoine génétique ; la composante domestique ou « père éducateur » qui élève, éduque, aime et transmet.
16En 1968 c’est un seul homme qui assume ces trois composantes au sein de la famille et exerce ces trois fonctions. Les tests génétiques n’existant pas, la présomption de paternité, comme son nom l’indique, « présume » que le père et mari est le géniteur.
17Qu’en est-il de ces fonctions après Mai 68 ?
18- La psychanalyse comme théorie et comme pratique nous a appris à distinguer, depuis S. Freud et J. Lacan, sous le terme de « père » des « registres » de la paternité, distinctions qui permettent de savoir de quel père on parle.
19Un premier registre qui est celui auquel en général on réduit la paternité, celui du père au quotidien, des pères de famille, ceux que les enfants appellent « papa ».
20Un deuxième registre est celui auquel chacun de nous confronte ce « papa » en le critiquant en particulier à l’adolescence ; on le mesure alors à un père que l’on fantasme comme étant parfait, « un père imaginaire » ou encore « père idéal » dont la particularité est qu’aucun humain ne peut l’incarner si ce n’est dans le fantasme. Fonction intrapsychique, ce père permet l’identification à des figures de maîtrise ou de séduction (chefs, maîtres, héros, vedettes…). Il est le support des idéaux du Moi.
21Le Paterfamilias n’est-il pas le nom de l’un de ces idéaux ? Une des modalités historiques de son incarnation ?
22Un troisième registre est dit « symbolique ». Il est lié au fait que non seulement nous parlons, que nous sommes inscrits et constitués comme êtres psychiques par le langage et la parole mais encore que le « sujet » de l’inconscient est ce qui émerge du langage, ce dont le langage est la cause. Ceci permet de définir le sujet en psychanalyse comme « sujet de la parole et du langage » en le différenciant de « la personne » et de « l’individu ». Selon ce troisième registre le père est un élément du langage, un signifiant, (le Nom-du-Père, Lacan, 1956) dont la fonction est primordiale : car si ce nom vient à manquer d’où le sujet va-t-il tirer son point d’origine ?
23Le père comme « nom » apparaît là comme un point d’origine… Depuis Mai 68 peut-on dire qu’il l’est toujours ?
24J’évoquerai d’emblée à propos de ces définitions une question théorique de fond qui se pose – objet de débats actuels passionnels – à propos des rapports entre l’Institution du père, caractérisée par des mutations historiques, et les fonctions œdipiennes du père appelées encore « La Fonction paternelle » définies en termes structuraux, c’est-à-dire comme un « universel » hors Histoire.
25Abordée par Monique Schneider dans ses travaux sur les fondements idéologiques et fantasmatiques de la psychanalyse (Généalogie du masculin, 2000, et Le paradigme féminin, 2004) cette question de fond traverse les écrits de Michel Tort ; elle est élaborée, argumentée et positionnée de façon décisive dans son ouvrage de 2005 Fin du dogme paternel. Il la formule ainsi lors d’un récent colloque : « Les conceptions de la psychanalyse se développent-elles, motu proprio, en dehors de l’Histoire ? ». Ne « s’agit-il pas de repenser les conceptions psychanalytiques en fonction des nouvelles donnes de la parenté et d’appliquer les instruments de la psychanalyse à ces dispositifs nouveaux » ? (Tort, 2007). En d’autres termes les conceptions psychanalytiques ne peuvent surplomber l’Histoire.
26Cette question des rapports entre approche historique et structures de la subjectivité est au cœur du thème qu’il m’a été proposé de traiter dans le cadre du colloque intitulé « Mai 68 : mythes ou réalités ? » organisé par le Centre d’Étude et de Recherches en Sciences de l’Éducation (CERSE) et de l’École doctorale de l’université de Caen, celui des « Fonctions paternelles en Mai 68 ». C’est ce débat que je reprendrai dans le dernier point de mon exposé.
27— « Les pères » quant à eux, sont à l’interface de l’institution et des fonctions. Ce sont eux qui concrétisent l’institution ; ce sont eux qui assument les fonctions. Ce sont eux aussi qui, présents dans la famille, assument un rôle parental à côté des mères pour les enfants, comme le montrent les sociologues et les psychologues du développement. Ce sont eux, enfin, qui ont à élaborer un travail psychique pour assumer la paternité.
28En Mai 68, ils vont être particulièrement gâtés ! qu’ils soient pères de famille, patrons, chefs d’état, flics, curés ou psychologues (ces derniers étant entendus comme les nouveaux pères spirituels ?)… tous sont mis au pilori, comme représentants d’un ordre patriarcal, inégalitaire et coercitif.
29Ma question ici sera plus subtile… Ces pères ne sont-ils pas attaqués parce que justement ils représentent de façon insuffisante la figure idéale du Paterfamilias et non parce qu’ils en seraient les représentants ?
30Voyons maintenant ce que nous pouvons dire de Mai 68 en nous plaçant du point de vue de la question du père.
2 – Que fut Mai 68 pour les fonctions du père ?
31Ce que j’appelle « déchirure paternelle » (Hurstel, 1996) est une première approche de ces questions, une première tentative de réponse. C’est une notion qui rend compte à la fois des changements affectant l’institution du père depuis plus d’un demi-siècle, à la fois des difficultés (des déchirements) des sujets acteurs et spectateurs de ces changements en tant qu’ils sont indissociablement liés. Cette notion rend compte de ce qui s’inaugure comme nouvelle « organisation psychique historique ».
32Mai 68 constitue la première déchirure qui inaugure une paternité et une famille à caractère démocratique c’est-à-dire une nouvelle organisation qui n’est pas encore véritablement décrite. Elle est surtout la rupture qui clôt la dernière forme du patriarcat familial.
33Ainsi située à l’interface de deux mondes je caractériserai ce qu’on a appelé « les événements » par trois données : c’est le cri d’une génération de fils, c’est une victoire des femmes et mères, c’est la mort d’un Paterfamilias et la fin du patriarcat.
2.1 – Le cri d’une génération de fils
34Ce que fut Mai 68 c’est d’abord l’expression d’une génération (d’étudiants et d’ouvriers) qui revendique la liberté celle de la parole, de l’écrit, de la sexualité, et l’égalité, (dans la famille, dans l’entreprise) en refusant toutes les formes d’autorité. C’est une génération de fils qui se rebellent contre les pères. Comme l’affirme Gérard Mendel (2002) « la génération de Mai 68 n’est pas une génération sans héritage, mais une génération du refus d’héritage ». Ce qui caractérise cette période c’est le style explosif des manifestations étudiantes, la violence des écrits sur les murs sur le thème du rejet des interdits dont le plus célèbre a été le fameux « il est interdit d’interdire » : expression que l’on a rappelée pour critiquer l’éducation donnée à leurs enfants par ces « soixante-huitards » (devenus parents) lorsque lesdits enfants se sont montrés trop indépendants et indisciplinés.
35En fait ce sont toutes les formes de paternalisme et de pouvoir autoritariste qui sont rejetées comme en témoigne un petit recueil intitulé « Les murs ont la parole – Mai 68 – Journal mural » (Besançon, 2007).
36En voici quelques exemples : sur les murs du Palais Universitaire à Strasbourg on pouvait lire « un curé = cent flics » et plus loin « un psychologue = cent curés » !… Ou encore sur un mur de la Sorbonne « Charlot ! nous ne sommes plus des veaux. Nous ne sommes plus dévots devant un général » et dans une même phrase l’Église, l’Armée et le père-président sont désignés comme les oppresseurs. Ce qui m’a frappée dans ces écrits muraux est l’entrelacement de la dimension utopique, ludique et festive avec la dimension politique. Ainsi sur un mur dans la cour du lycée Buffon il est écrit : « Pour un lycée démocratique dans la société sans classe ; pour un lycée sans classe dans la société démocratique » Ou, dans le Hall de Sciences Po « Un bon maître nous en aurons un dès que chacun sera le sien » ou encore « Tout pouvoir abuse, le pouvoir absolu abuse absolument ».
37Le langage des étudiants contraste par son style explosif, attaquant de façon syncrétique tout ce qui est autorité ou pouvoir, avec les slogans de ceux qui, bien que de la même génération, sont déjà au travail et visent des objectifs précis, telle cette banderolle : « Les professionnels du spectacle pour une information libre et l’autonomie de l’ORTF » ou encore sur les murs d’une usine « Les travailleurs occupent l’usine », ou « Imprimerie Lang, grève illimitée, avec occupation des Ateliers pour nos revendications ».
38Quel qu’en soit le style, ce que cette génération crie c’est qu’il n’est plus possible de continuer comme cela : je fais l’hypothèse qu’elle crie une certaine vérité historique refoulée concernant l’autorité, les chefs et les pères vus comme des Paterfamilias. Mais cette vérité concerne d’abord les femmes dans leurs fonctions de mères.
2.2 – Une victoire des femmes et mères
39Le paysage de Mai 68 est borné par deux lois qui toutes les deux concernent de façon majeure le statut des femmes et mères. Juste avant Mai 68, en 1967, la loi dite « Neuwirth » autorise la propagande contraceptive. Juste après Mai 68 c’est la loi de juin 1970 sur « l’autorité parentale » qui inscrit dans le droit l’égalité de la mère et du père au sein de la famille.
40Il y a un lien étroit entre ces deux lois.
41L’anthropologue Françoise Héritier écrit en 2002 à propos de la loi Neuwirth :
« Il s’est passé quelque chose d’essentiel dans le monde occidental ces dernières décennies qui risque de modifier les rapports sociaux de sexe marqués par la domination de l’un sur l’autre ».
43Pour elle cette loi qui reconnaît aux femmes le droit de disposer d’elles-mêmes et de leur corps rend crédible et possible le principe d’égalité entre hommes et femmes tel qu’il s’inscrira au lendemain de Mai 68 dans la loi de 1970. La loi Neuwirth autorisant la propagande contraceptive libère officiellement les femmes de l’obligation procréative. Elles peuvent, certes, choisir de faire un enfant… elles peuvent surtout le refuser. Selon F. Héritier elle est « la marque élémentaire de l’autonomie propre au statut juridique des personnes ».
44Borné par ces énoncés de libération et d’égalité, le paysage de Mai ouvre brusquement un espace nouveau pour les femmes… Brusquement ! Une anecdote rend bien compte de cette non-perception des mutations en cours. L’historienne Anne-Lise Maugue (1987) rapporte qu’en 1945, De Gaulle invité à appeler au moins une femme dans son ministère n’en voyait pas la possibilité sauf à créer pour elle un sous-secrétariat au tricot…! Et pourtant les femmes avaient obtenu en 1945 le droit de vote après avoir été en 1942 reconnues (dans le cas des veuves) « chef de famille » ; depuis 1907 une loi leur avait permis de « disposer librement de leur salaire ». Néanmoins entre 1945 et 1970 il a fallu un deuxième mouvement féministe pour que l’égalité juridique des hommes et des femmes soit reconnue.
2.3 – Mort du Paterfamilias
45C’est en juin 1970 que la « puissance paternelle », ce pouvoir particulier dévolu dont l’origine se trouve dans les lois romaines disparaît du Droit parce que disparu des mœurs. On peut dire avec le juriste Jacques Mulliez (2000) que la loi sur « l’autorité des parents » exercée en commun signe symboliquement la mort du Paterfamilias dans le Droit et constitue la date de naissance d’un père sans autorité, d’un père citoyen comme la mère. Et d’une institution familiale à caractère démocratique.
46Si Mai 68 est ce temps où est réclamée la tête du Paterfamilias, Juin 1970 est le temps de son enterrement officiel. Il s’agit de la part des jeunes générations du rejet d’une forme d’institution familiale et de ses valeurs dont on connaît les liens avec l’ordre patriarcal. Dans ce moment intense et explosif, Mai 68 cristallise un refus, celui d’une famille dont la logique est communautaire, hiérarchique et patriarcale. Les pères en étaient la clé de voûte et les représentants.
47S’ouvre alors un nouvel idéal social de « démocratie familiale » comme modèle de référence, un nouvel espace familial : « des individus libres et égaux par-delà leurs différences (de sexe et de génération) entretenant des relations électives dans le cadre d’une famille régulée par le dialogue » (Neyrand & Rossi, 2004).
48C’est pourquoi j’avancerai que Mai 68 n’est pas une révolution, c’est une révolte qui présente un caractère utopique mais elle n’est pas que cela. Je qualifierai cette période de « révolte à caractère politique ». Car je fais l’hypothèse qu’il s’agit du temps de la cristallisation d’une histoire antérieure qui cheminait en sourdine. Cette histoire se caractérise par une sorte de « porte-à-faux » : alors que la référence à la paternité a été contestée puis perdue comme principe politique avec la Révolution de 1789, c’est à la tête de la famille que, pendant deux siècles, le Paterfamilias a survécu tout en perdant peu à peu ses prérogatives dans la famille. Mai 68 n’est, de ce point de vue, que le temps ultime de la mort du Paterfamilias.
49C’est ce que je montrerai maintenant.
3 – Mai 68 comme « après-coup » de la mort politique du Paterfamilias
50C’est là que le « nachträglichkeit », « l’après-coup » freudien trouve tout son sens à être appliqué aux événements de Mai. Ils sont « l’après-coup » d’un premier temps où la référence à la paternité a été contestée mais comme principe politique. C’est le temps de la Révolution de 1789. Mai 68 « réalise » dans les chaumières, ce que la Révolution française avait déjà réalisé dans le champ du Politique !
51Voyons les faits en trois temps : préfigurations de Mai 68, déconstruction de l’institution du Paterfamilias, fabrication de « pères-fantoches ».
3.1 – Préfigurations
52Deux ensembles de faits sont une véritable préfiguration de Mai 68 :
531) un parricide monarchique, symbole de la chute de l’Ancien Régime.
54C’est dans le cadre d’une Révolution sociale et politique que l’exécution du roi prend forte portée symbolique et installe la première ligne de faille dans le statut et les fonctions sociales des pères. Comme l’écrit H. de Balzac, que l’on ne peut soupçonner de sympathie pour la Révolution, dans « Mémoires de deux jeunes mariées » (Lettre 12, 1814) : « En coupant la tête de Louis XVI, la République a coupé la tête à tous les pères de famille ». Et plus loin il précise que c’est toute la société et la vision que les hommes avaient d’eux-mêmes qui en sont changées : « Il n’y a plus de familles aujourd’hui, il n’y a plus que des individus ».
552) Ce parricide monarchique, acte symbolique et réel tout à la fois fut précédé et suivi d’un spectaculaire Droit révolutionnaire dit « transitoire » : De l’abolition des lettres de cachet en mars 1790 à l’abolition de la puissance paternelle en août 1792, en passant par la réduction du droit de correction paternelle en août 1790 puis à la loi qui tient le mariage pour un contrat – c’est l’introduction du mariage civil (nous sommes en 1792 !)et de ce fait reconnaît le divorce par consentement mutuel en septembre 1792, et jusqu’à l’abolition par la Convention en août 1793 du droit de déshériter leurs descendants, ce droit transitoire (1790 à 1793) est d’une modernité qui préfigure étrangement le droit actuel de la famille, deux cent ans après, inauguré en 1970.
56En 1804, le quatrième et dernier projet du Code civil rétablira à peu près l’ensemble des pouvoirs du père mais dans un contexte économique et social différent. Les hommes ne retrouvent pas l’ancienne puissance paternelle car les références et les valeurs qui ont transféré durant la période révolutionnaire l’autorité des pères à l’État vont se poursuivre. Ainsi l’exercice du pouvoir des pères et maris sur les enfants et sur l’épouse ne dérive plus ni du droit naturel ni du droit divin mais du droit civil, différence fondamentale avec l’ancien régime : dès lors devenir père suppose un engagement, ce n’est plus un acte d’autorité (Rauch, 2007). C’est l’origine de la famille moderne.
57Le pouvoir public s’est interposé entre le chef de famille et ceux qui vivent sous sa dépendance dans l’espace privé… Mouvement qui se poursuivra durant le xixe et le xxe siècle par une déconstruction progressive de l’institution du père. J’en indiquerai schématiquement les principales caractéristiques.
3.2 – La déconstruction de l’institution du Père
58Par paliers successifs à partir de la deuxième moitié du xixe siècle, les enfants puis les femmes par leurs luttes, vont obtenir des droits qui réduisent les pouvoirs des pères.
59Ces lois sont des repères indicatifs commodes sur le chemin de la démocratie : mais sous-jacentes à ces lois, il y a de fortes luttes (telle la Commune de Paris au printemps 1871), des avancées et des reculs que je ne puis évoquer ici.
60Les droits concernant l’enfant sont des droits protecteurs, ceux concernant les femmes sont des droits égalitaires.
61Les pouvoirs du père sont limités à partir du milieu de xixe siècle par les droits des enfants. Rappelons par ailleurs que « le xixe est le siècle d’une désappropriation progressive des prérogatives familiales au profit de l’État, cette mise en tutelle du rapport parents-enfants contribuant en retour à redéfinir la période d’enfance… » (Arveiller, 2006). C’est « une véritable politique de l’enfance » qui se met en place.
62C’est d’abord au nom de l’intérêt de l’enfant qu’en 1841, est votée la loi Villermé limitant le travail des enfants… cette loi ne put jamais être réellement appliquée. En 1874 sont votées les lois Roussel sur la protection des nourrissons, et surtout en 1889, est votée une loi sur « la protection des enfants maltraités », stigmatisant « les pères indignes » et inscrivant « la déchéance paternelle » dans le droit. Pour la première fois dans le Code, des pères sont nommés « indignes ». Ces pères, notons-le, appartiennent pour l’essentiel à la nouvelle classe sociale née avec l’industrialisation : le prolétariat. Ce ne sont pas les bourgeois qui sont visés par cette loi. Ce sont « les mauvais pères » décrits par Elizabeth Badinter dans « L’amour en plus » (1980). Et elle note que « Contrairement à la mauvaise mère qui n’appartient à aucun milieu particulier, le mauvais père est généralement l’homme pauvre et démuni, l’ouvrier ou le petit artisan parqué, déjà à la fin du xixe siècle, dans des appartements trop étroits, l’ivrogne qui se saoule au cabaret et ne rentre chez lui que pour dormir et défouler le trop-plein de violence sur sa femme et ses enfants ».
63En 1935, deuxième palier important, le droit de « correction paternelle » tombe en désuétude. Jusque-là en principe (en fait ce droit n’était plus appliqué depuis 1914), les pères avaient le droit de faire enfermer leurs enfants à leur demande.
64Le troisième palier se situe en 1938 et cette fois-ci ce sont les femmes qui s’affirment comme « sujets du droit » avec la fin de la puissance maritale. En 1945 les femmes obtiennent le droit de vote. Et en 1967, la loi Neuwirth à la veille de Mai 68 (que j’ai évoquée plus haut) est la première des lois libératrices de la procréation pour les femmes. En 1970, enfin, en réponse aux événements de Mai 68, l’abolition de la puissance paternelle et « l’autorité parentale » exercée en commun par les deux parents, inaugurent la paternité et la famille contemporaines.
65Notons que le droit des femmes que je viens d’évoquer brièvement est inauguré en 1907 seulement, par une loi dite « sur les biens réservés de la femme mariée » qui lui permet d’ouvrir un compte en banque à son nom. C’est le début d’un statut social pour les femmes mais il a fallu un mouvement féministe au tournant du siècle entre 1871 et 1914 (Maugue, 1987) pour que ce statut puisse être reconnu.
66Que deviennent les hommes assumant la paternité dans ce temps de déconstruction ? Quels sont les effets de cette égalisation progressive du droit des femmes et des hommes, de la reconnaissance de l’enfant comme sujet du droit ?
3.3 – Fabrication de pères dévalorisés… ?
67L’institution du Paterfamilias s’est peu à peu défaite sans que cela soit explicitement reconnu. Or l’image du Paterfamilias domine encore dans les représentations collectives que chacun se fait de ce qu’est un père (un vrai !). L’anecdote rapportée plus haut en 1945 sur le « sous-secrétariat au tricot » qui serait la seule attribution politique aux femmes montre à quel point encore les femmes sont identifiées à la mère. Et bien entendu ces hommes que sont les pères apparaissent comme n’étant plus à la hauteur de l’idéal du Paterfamilias puisque, de fait, cet idéal n’a plus de fondements ni politique, ni social et seuls quelques éléments juridiques permettent de parler d’un père « chef ».
68C’est cela que j’appelle « fabriquer des pères dévalorisés ». C’est mettre en porte-à-faux les pères en les mesurant à une figure idéale impossible parce que déjà disparue du monde. Dans un chapitre de « l’Histoire des pères et de la paternité » (ouvrage collectif dirigé par les historiens Jean Delumeau et Daniel Roche, 2000), j’ai développé l’idée que devenir père c’était endosser un « pardessus du soupçon ». M’appuyant sur l’étude des images collectives de la paternité je proposais cette hypothèse : la déconstruction progressive de l’institution du Paterfamilias n’a pas été reconnue comme telle c’est-à-dire comme un phénomène politique ayant des implications dans la sphère du privé, et ce sont les pères et les hommes qui ont été mis en accusation, à qui on a intenté un procès au nom de cet idéal d’un Paterfamilias. Ce procès est un « effet idéologique » ou encore « un effet imaginaire » des énoncés des lois. Ces effets sont encore actuels.
69Le principal effet – dès le début du xxe siècle – est une accusation de faiblesse et d’impuissance à l’encontre des hommes : ils ne sont plus à la hauteur de la grande tâche paternelle, ils manquent d’autorité, ils sont faibles et défaillants ; bref pour reprendre la formulation de Claudel dans sa trilogie « Le pain dur », ils sont « humiliés ». Ce sont des pères « carents » ou « démissionnaires » pour reprendre une terminologie encore en vigueur aujourd’hui mais qui concerne depuis les années 1990 les deux parents. Avec l’industrialisation et la généralisation du salariat, les rôles familiaux se transforment et les hommes sont alors absents du foyer : cette absence leur est reprochée comme elle peut l’être encore aujourd’hui alors que les plus récents travaux sur la psychopathologie du travail (Dejours, 1998) mettent en exergue les effets d’aliénation et de souffrances endurées au travail.
70Enfin les accusations les plus actuelles sont celles de « pédophilie » (souvent lors de séparations conjugales) et d’incestes.
71Ce qui permet la pérennisation de ce procès des pères c’est qu’aujourd’hui encore la mort du Paterfamilias n’est pas acceptée. Ce qui n’est pas accepté c’est un père sans l’Autorité, celle qui a été perdue une première fois en 1789 et une deuxième fois en Mai 68. Un père sans autorité c’est le chaos, la fin de la famille et la fin du sujet, c’est le pouvoir illimité des femmes et des mères toute-puissantes, c’est la pédophilie (sans doute parce que les pères s’occupent de trop près de leurs enfants), et c’est le règne de la violence généralisée (dans la mesure où il n’y a plus de chef pour mettre de l’ordre dans tout ça ?). Visions apocalyptiques qu’engendrent chez certains la mort du Paterfamilias et la fin du patriarcat…
72Et si au lieu de dramatiser des changements nous tentions de penser une nouvelle dynamique à l’œuvre dans la société et dans les familles ?
4 – 40 ans après…. comment apprécier l’organisation historique nouvelle de la paternité ?
73Ce que fut Mai 68 pour les fonctions du père c’est essentiellement une ligne de démarcation entre deux périodes historiques, celle de la fin du patriarcat familial, celle du début d’une démocratie familiale.
74En cela on peut dire que la génération qui a voulu la mort du Père n’a pas tué d’abord un père chef de la Horde, selon le mythe freudien, mais un chef historique, une forme de domination des hommes et des pères qui n’en finissait plus de mourir. C’est en cela que j’ai avancé qu’il s’agissait d’une révolte à caractère politique, et pas seulement de l’explosion d’une jeunesse qui veut être enfin « libre » et « libérée ».
75Les choses ne s’arrêtent pas là. Ce qui s’est ouvert en Mai 68 déploie un nouvel espace à caractère démocratique selon des nouvelles valeurs d’égalité et de liberté qui vont changer radicalement la donne paternelle.
4.1 – Une nouvelle donne paternelle : Que vivent les pères… !
76Le mouvement de démocratisation de la famille avec les valeurs nouvelles qui le caractérisent – les principes d’égalité et de liberté – se poursuit selon trois vecteurs principaux : égalisation des statuts des femmes, des enfants et des hommes, individualisation et personnalisation des unions, ouverture à des modes de procréation médicale.
77Il en surgit une famille et une paternité profondément transformées en toutes leurs composantes.
78L’institution du père caractérisée encore en Mai 68 par un homme, chef de famille, nanti de l’autorité paternelle, mari de la mère et, dans le cadre du mariage, père de tous les enfants à naître, devient, dès 1970, un père citoyen égal à la mère. Si le Paterfamilias était le nom d’une des figures du « père idéal » support de l’idéal du moi et modalité historique de son incarnation, les pères ne sont plus les supports d’un tel idéal… Que sont-ils alors pour leurs enfants ?
79Dès 1972, en raison des transformations de la famille (on se marie de moins en moins, on divorce de plus en plus, le taux des concubinages augmente et par là même celui des enfants dits « naturels ») la loi égalise les filiations légitimes (c’est-à-dire des enfants nés dans le mariage) et les filiations « naturelles » (c’est-à-dire des enfants nés hors mariage). Les modes de désignation des pères, de ce fait, se multiplieront : à la « présomption de paternité » dans le mariage, s’ajoute « la reconnaissance » de paternité hors mariage, puis avec les effets du « démariage » (Théry, 1993) et les progrès des sciences biologiques apparaîtront dans le droit deux autres modes de désignation des pères. La preuve biologique de la paternité pourra en cas de contestation désigner qui est le père : les expertises en paternité fondées sur les empreintes génétiques rendent désormais son établissement presque totalement fiable. La notion de « possession d’état » qui est une preuve extrajudiciaire de la paternité légitime, sera utilisée chaque fois qu’un homme (qui n’est ni le géniteur, ni le père légal) élève au quotidien un enfant et en est tenu responsable par la société ; désormais reconnue par le Code civil (art. 311-1), elle souligne la dimension subjective et affective de la paternité par opposition à la vérité objective, telle celle de la paternité biologique. La possession d’état comme mode de désignation des pères est devenue aujourd’hui prévalente : c’est elle qui fonde ce qu’on appelle « la parentalité ». Cette dernière marque une révolution dans le quotidien de la paternité : la problématique de la paternité était liée jusqu’à une époque récente encore à la question de l’autorité des pères et des parents sur les enfants, elle s’est déplacée sur la question de l’amour paternel et des liens qui unissent pères et enfants. Dans « l’incertitude » qui caractérise la famille (le sociologue L. Roussel parle de « famille incertaine »), le père est celui qui noue des liens, liens de paroles, d’amour et de responsabilité, avec un enfant.
80Les composantes fonctionnelles de la paternité sont le lieu, dans ce contexte, d’une véritable mutation anthropologique et sont agencées selon des modalités nouvelles : ainsi plusieurs hommes peuvent assumer chacune des fonctions sociales paternelles (géniteur, père légal, éducateur) et ces fonctions sont ordonnées différemment selon les cas de figure parentaux (adoption, procréations artificielles, recompositions familiales, parenté homosexuelle). Et les fonctions œdipiennes sont à revisiter dans la mesure où le père n’est plus celui qui avait un statut d’exception entre la mère et l’enfant et n’est plus le représentant exclusif de l’ordre symbolique de la parenté.
4.2 – Attaques contre Mai 68 : une révolution conservatrice
81L’antique figure du Paterfamilias est-elle définitivement morte et enterrée dans les caveaux de l’Histoire ? Assurément, mais son fantôme hante désormais l’espace politique. Le Paterfamilias porte dorénavant la défroque du père de la nation, qui à longueur de discours invoque le retour à l’autorité et surtout se drape lui-même en majestueuse figure de l’Autorité. Dans un discours tenu à Perpignan les 14 et 23 février 2007, celui qui était candidat à l’élection présidentielle et qui est désormais président de la république affirme :
« Mai 68 est hélas passé par là. À bas l’autorité. C’était cela le programme de Mai 68. À bas l’autorité le moment était venu de vivre sans contrainte et de jouir sans entraves […]. À bas l’autorité cela voulait dire l’obéissance de l’enfant à ses parents c’est fini démodé ! La supériorité du maître sur l’élève c’est fini ! Ringard ! L’amour de la patrie, la fidélité à la France, à son drapeau, la gratitude vis-à-vis de ceux qui se sont battus pour elle, c’est fini ! […] Et bien je suis venu à Perpignan pour vous dire qu’il est temps de dire non à ce formidable mouvement d’inversion des valeurs ».
83Ces propos de Nicolas Sarkozy sont cités et analysés par le linguiste Damon Mayaffre dans un article passionnant sur le « Vocabulaire et discours électoral de Sarkozy : entre modernité et pétainisme » (2007).
84Ce discours réactionnaire au sens initial du terme n’est pas isolé. Les paroles politiques conjuguées portent toutes les marques de la révolution conservatrice.
85Elles se caractérisent d’abord par l’évocation d’un « déclin », d’un abaissement des valeurs, d’une crise morale, que l’État a pour mission de résoudre aussi bien dans la nation, dans l’éducation, dans la famille. Cette révolution conservatrice se définit aussi par la mise en cause d’événements historiques qui ont provoqué une crise morale : pour Pétain ce fut le Front populaire, pour Sarkozy, Mai 68 (Badiou, 2007).
86Mais ce discours de la Révolution conservatrice, ce discours fantomatique, dispose de savants complices. Ainsi D.R. Dufour dans son dernier ouvrage (« Divin Marché ») énonce que « Les pères ne possèdent plus cette assise au nom de quoi interpeller le sujet […] ils sont devenus des pères dépourvus d’autorité. […] Seule réponse possible, (un tel père) n’est plus un père, c’est un pitre, le père n’est plus qu’un clown ». Cette vision apocalyptique de l’avenir de la paternité, cette sarabande des sonneurs de tocsin, se reflète également chez J.P. Lebrun (La perversion ordinaire), chez Michel Schneider dans Big Mother et chez bien d’autres encore.
87Ces propos politiques réactionnaires, ces ténébreuses prophéties, ces visions catastrophiques sur la famille, la paternité ne sont que la manifestation la plus évidente de l’immense spectre qui hante nos sociétés et dont elles n’ont jamais fait le deuil : la mort du Paterfamilias. Son décès annoncé, porté par les événements de Mai 68, n’est pas encore intégré dans les mentalités et son « avis de décès » inscrit dans les analyses savantes.
88Les « regrets éternels », les pulsions conservatrices (de mort), les mouvements nostalgiques n’y changeront rien. Constater le décès du Paterfamilias c’est ouvrir à la vie, ouvrir à un nouveau, un autre, un irréversible mouvement de reconfiguration, d’invention de nouvelles formes de parentalité, un mouvement inéluctable amorcé depuis Mai 68, vers d’autres formes de démocratie dans la famille.
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- Tort M. « Les parents de la psychanalyse ». Exposé dans le cadre du Colloque de périnatalité « L’enfant dans les nouvelles parentalités », Béziers, avril 2007, (non publié).
Mots-clés éditeurs : paterfamilias, famille, père, démocratie, mai 68
Date de mise en ligne : 17/01/2013
https://doi.org/10.3917/lsdle.413.0095Notes
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[*]
Professeur des Universités, Université Louis Pasteur Strasbourg.
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[1]
Ce terme issu du droit romain définit un père détenteur d’une puissance sur l’enfant au sein de la famille, variable en son principe selon les époques historiques.