La surdité est un domaine peu abordé par les psychanalystes. Françoise Dolto est la première analyste à s’y être confrontée, ce qui constitue un pan de son œuvre peu connu. Ce texte vise à préciser son rôle essentiel, fondateur dans la clinique analytique des enfants sourds, « non-entendants physiques » comme elle disait pour les opposer aux non-entendants psychiques et symboliques qu’elle rencontrait dans sa consultation de Trousseau ou en privé.
Avant elle, Ferenczi et Freud puis Lacan avaient convoqué la figure du sourd pour questionner des points théoriques. La surdité a toujours été un poinçon. Voici un échange de lettres entre Freud et Ferenczi qui font référence au « sourd-muet » car « il n’a pas accès au mot par la perception acoustique » :
Lettre de Ferenczi :
Vous dites que l’investissement Préconscient est essentiellement un investissement verbal des représentations de choses mais l’observation des sourds-muets montre que l’on peut mettre en œuvre des fonctions préconscientes sans symboles verbaux… Il est donc […] peut-être en mesure de se construire aussi à partir d’autres symboles que les symboles verbaux (chez les sourds-muets éventuellement à partir de restes sensibles de l’innervation corporelle mimétique). Sinon, il faudrait se représenter le sourd-muet non rééduqué, à l’instar de l’enfant, comme un être sans Préconscient.
Réponse de Freud :
En ce qui concerne l’investissement verbal chez les sourds-muets […] ce qui se passe chez eux, je ne le sais pas…