Les Études Sociales proposent, à travers ce dossier, un ensemble de recherches situées à l’intersection de deux champs historiographiques en plein renouvellement : celui de l’histoire de l’éducation populaire d’une part ; celui de l’histoire de l’enseignement des savoirs juridiques et économiques de l’autre.
L’histoire de l’éducation populaire, en premier lieu, longtemps cantonnée à une histoire internaliste et mémorielle, s’est peu à peu abstraite de cette dimension militante pour se faire davantage historienne, comme en témoignent des travaux récents. En second lieu, l’histoire de l’enseignement des savoirs juridiques et économiques au sein des facultés de droit a également fait l’objet, ces dernières décennies, de renouvellements décisifs. L’économie politique, matière introduite dans les facultés de droit en 1864 avant son autonomisation progressive, a ainsi fait l’objet d’une thèse pionnière. Cet enseignement peut être saisi à travers la dimension originelle que lui confère Léon Walras, qui s’apparente à « l’étude du mécanisme et des effets de la libre concurrence absolue en matière d’échange, de production, de capitalisation ». Il peut l’être tout autant à travers l’alternative qu’il lui oppose, l’économie sociale, entendue comme la « recherche des principes de justice suivant lesquels doit s’effectuer la répartition de la richesse entre les individus et l’État par la propriété et l’impôt ». Quant à l’histoire de l’enseignement juridique, elle s’est petit à petit détachée de l’histoire des doctrines juridiques et de l’histoire des facultés de droit avec laquelle elle s’était longtemps confondue, pour s’ouvrir à une socio-histoire ayant permis de nombreuses avancées, comme en témoigne la multiplication récente de travaux individuels et de projets collectif…