Notes
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[1]
On trouvera quelques indications dans l’article de Simone Balayé, « Les publics de la Bibliothèque nationale », dans l’Histoire des bibliothèques françaises. Tome 3, Les bibliothèques de la Révolution et du XIXe siècle, 1789-1914, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009.
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[2]
Nous remercions, pour leur accueil et leur aide, Ségolène Blettner et Olivier Siffrin à la Bibliothèque nationale de France, Yann Sordet et Patrick Latour à la Bibliothèque Mazarine, et Nathalie Rollet à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
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[3]
Le registre de prêt de la Bibliothèque du Collège de Sorbonne : 1402-1536 : diarium Bibliothecae Sorbonae, Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3323, éd. et annoté par Jeanne Vielliard, avec la collab. de Marie-Henriette Jullien de Pommerol, Paris, CNRS éd., 2000.
-
[4]
Laffitte (Marie-Pierre), « Le fonctionnement de la bibliothèque de Colbert à partir du registre de prêt des manuscrits pour les années 1679-1731 ». Dans Bibliotheques et lecteurs dans l’Europe moderne (XVIIe-XVIIIe siecles), sous la direction de Gilles Bertrand, Anne Cayuela, Christian Del Vento… [et al.]. Genève, Droz, 2016
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[5]
Simone Balayé, La Bibliothèque nationale des origines à 1800. Genève, Droz, 1988, p. 273-274.
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[6]
BnF, Littérature et Art, Registres de prêt 1 Registre des livres prestez commencé le 13e avril 1735.
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[7]
Les emprunts de Voltaire, Rousseau, Diderot, entre autres, ont été recensés et analysés.
-
[8]
Jean-Jacques Rousseau, Dictionnaire de musique, Paris, Veuve Duchesne, 1768.
-
[9]
Pour la clarté de l’exposé, nous gardons l’appellation Bibliothèque nationale. Évidemment, suivant les régimes, l’ancienne Bibliothèque du Roi porte aussi les noms de Bibliothèque royale et de Bibliothèque impériale.
-
[10]
Eugène-Gabriel Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris, Éd. des bibliothèques nationales, 1936, pp. 139-149.
-
[11]
Parmi de nombreux travaux, on peut citer Jean-Pierre Le Bouler et Catherine Lafarge, « Les Emprunts de madame Dupin à la Bibliothèque du Roi dans les années 1748-1750 », Studies on Voltaire and the XVIIIth century, vol. 182, 1979).
Anthony Strugnell, « Diderot chercheur : du nouveau sur les emprunts faits par Diderot à la Bibliothèque royale entre 1775 et 1782 », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, n° 8, avril 1990, p. 12-19.
Bernard Barbiche, « La pratique du prêt à domicile dans les grandes bibliothèques de Paris sous la monarchie de juillet : l’exemple d’un universitaire : Frédéric Ozanam », Le Livre et l’historien. Études offertes en l’honneur du professeur Henri Jean Martin. Droz, 1997, p. 691-696.
Annie Ubersfeld, « Catalogue des œuvres empruntées par Hugo à la Bibliothèque royale », Romantisme, 1973, n°6, p. 126-131. -
[12]
Catherine Pousset, Le prêt à la Bibliothèque nationale sous l’administration de Jules Taschereau 1858-1874, sous la dir. d’Élisabeth Parinet. 2 vol. Thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe : Paris, Ecole nationale des Chartes : 1997. Nous remercions madame Pousset de nous avoir autorisé à consulter sa thèse.
-
[13]
Certaines bibliothèques ont, à certaines époques, des registres réservés au personnel.
-
[14]
Arsenal, Mss 95002.
-
[15]
Arsenal, Mss 95035 (1), règlement du 12 novembre 1853.
-
[16]
Bibl. Sainte Geneviève, Réserve, 2006/01/ 208.
-
[17]
Ibid. lettre du 15 mai 1813 à l’administrateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève.
-
[18]
Bibl. de l’Arsenal, Mss 95002. Il s’agit d’un brouillon de lettre.
-
[19]
Jean-Antoine Letronne, Rapport adressé à M. le ministre de l’instruction publique sur le chauffage des salles de la Bibliothèque royale destinées à l’étude. Paris, impr Paul Dupont, 1840.
-
[20]
BnF, Mss, Arch mod. 583, brouillon de lettre des conservateurs au Ministre de l’intérieur (20 pluviôse an XII).
-
[21]
Bibl. de l’Arsenal Mss 95035 (2). Lettre de H. de Bezin du 17 décembre 1852. Il n’y a pas d’ouvrage à ce nom au catalogue de la BnF.
-
[22]
BnF Mss, Arch modernes 297, lettre du 4 janvier 1836.
-
[23]
Archives nationales, F 17 /3458.
-
[24]
Pour le Second Empire, les chiffres sont donnés d’après Catherine Pousset, Le prêt à la Bibliothèque nationale, op. cit,, p. 111. Le nombre d’emprunteurs inclut dans ce cas les membres du personnel et doit donc être minoré.
-
[25]
Bibliothèque Mazarine, Registre du prêt des livres 1837-1843.
-
[26]
B. Barbiche, « Le prêt à domicile » …, op. cit. p. 692.
-
[27]
Cf. Bruno Blasselle, Ségolène Blettner, « Lecteurs et emprunteurs à la Bibliothèque royale sous la Monarchie de juillet », Romantisme, n° 177, 2017.
-
[28]
C. Pousset, Le prêt …, op. cit, p. 114.
-
[29]
BnF, Littérature et Art, Reg. de prêt 1.
-
[30]
C. Pousset, « Le prêt … », op. cit.
-
[31]
Sophie Ulliac Tremadeure, Souvenirs d’une vieille femme, Paris, E. Maillet, 1861, p. 5.
-
[32]
S. Ulliac Tremadeure, « Souvenirs … », op. cit. p. 14.
-
[33]
Les principaux règlements de la première moitié du siècle sont regroupés dans : Recueil des décrets ordonnances, arrêtés et règlements concernant le régime de la Bibliothèque royale (an IV-1847), Paris, impr. de Guibaudet et Jouaust, 1848. P. 23-25.
-
[34]
Antoine Coron, « La Réserve, essai d’histoire dans La réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale », numéro spécial d’Arts et métiers du livre, janvier février 1994.
-
[35]
Article 47 du règlement de la Bibliothèque royale.
-
[36]
Bibl. de l’Arsenal, Mss 95002.
-
[37]
Ibid.
-
[38]
Catherine Pousset l’a fait pour le Second Empire.
-
[39]
Léopold Auguste Constantin, Bibliothéconomie, ou Nouveau manuel complet pour l’arrangement, la conservation et l’administration des bibliothèques. Paris, Roret, 1841. 2e éd. P. 68-71.
-
[40]
BnF, Manuscrits, Arch modernes 583.
-
[41]
Recueil des décret, ordonnances, arrêtés, op. cit., p. 23-25.
-
[42]
Le Figaro, 16 avril 1829.
-
[43]
Réforme de la Bibliothèque du Roi, Paris, Techener, 1845. Et Les cent et une lettres bibliographiques à M. l’Administrateur général de la Bibliothèque nationale, Paris, Paulin, 1849-1850.
-
[44]
Paris, ou Le livre des cent et un, Paris, Ladvocat, 1831-1834, 15 vol., in-8.
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[45]
Cité par Charles Dunoyer, La Bibliothèque du Roi, Paris, impr. de Fournier, 1839, p. 11.
-
[46]
Archives nationales F 17/3456-3457. On y trouve notamment les procès-verbaux de la commission de réorganisation de la Bibliothèque.
-
[47]
Prosper Mérimée, Rapport présenté à S. Exc. le ministre de l’instruction publique et des cultes,… au nom de la commission chargée d’examiner les modifications à introduire dans l’organisation de la Bibliothèque impériale : (27 mars 1858.) Paris : Impr. impériale, 1858.
-
[48]
Ibid., p. 13.
-
[49]
C. Pousset, « Le prêt … », op. cit., p. 111.
1Face aux réalités massives que représente dans l’histoire des bibliothèques le destin des collections ou les évolutions architecturales, la connaissance du lectorat semble étrangement lacunaire, comme si l’activité même de la lecture, cœur vivant de la bibliothèque, résistait à l’empire de la trace. C’est probablement faute de sources, en effet, que le public des bibliothèques françaises au XIXe siècle est si difficile à saisir. La construction de grandes salles de lecture dans la seconde moitié du siècle montre pourtant qu’il est de plus en plus présent dans l’enceinte des bibliothèques, et que sa demande toujours croissante est bien entendue.
2Sans doute la nature des collections induit-elle en partie la nature des publics. Mais, dans le cas de la Bibliothèque nationale, la principale d’entre elles, ces collections sont par essence encyclopédiques et composées de documents d’une grande variété. Elles ne nous permettent donc pas de repérer des publics particuliers [1]. L’inscription des lecteurs, l’usage de bulletins de demande pour obtenir les livres, sont des pratiques récentes, à de rares exceptions près, et ne peuvent pas, non plus, constituer pour cette période une ressource.
3L’historien peut s’appuyer sur de rares descriptions littéraires, des récits de voyages, des règlements, des archives administratives, tout cela d’intérêt inégal. Les ouvrages collectifs sur Paris, qui fleurissent à partir des années 1830, incluent souvent des descriptions des grandes bibliothèques mais, à l’affût du pittoresque, ils ne visent pas nécessairement à l’objectivité. La vie quotidienne des lecteurs et leurs lectures restent donc encore chargées d’un certain mystère.
4Cette lacune peut-elle être partiellement comblée par une source déjà connue mais insuffisamment exploitée, les registres du prêt des livres à l’extérieur, que pratiquaient alors la plupart des bibliothèques ? Telle est la piste que nous proposons d’explorer en recherchant des éléments de réponse dans quelques grandes bibliothèques parisiennes [2].
Les registres de prêt, une source abondante et parfois lacunaire
5Le prêt des livres est sans doute consubstantiel à la notion de bibliothèque. Les livres n’y sont rassemblés que pour passer, d’une façon ou d’une autre, dans les mains de lecteurs. Bibliothèques universitaires, princières et royales, au Moyen Âge [3] et à la Renaissance, le pratiquent largement. Dans un article récent, Marie-Pierre Laffitte a fait le point sur le prêt dans les grandes bibliothèques au XVIIe siècle, en étudiant de façon détaillée la bibliothèque de Colbert [4]. À Paris, au XVIIIe siècle, certaines grandes bibliothèques, pas toutes cependant, en font autant, au premier rang desquelles la Bibliothèque du Roi, qui prête livres imprimés et manuscrits, assez libéralement. Simone Balayé l’a signalé [5]. Une série de registres de prêt, qui débute en 1735 [6], est même conservée pour une bonne partie du siècle. Malheureusement souvent incomplète, elle a cependant déjà permis de mesurer le rôle essentiel de la Bibliothèque à l’époque des Lumières et de l’Encyclopédie [7].
6Rousseau dans la Préface de son Dictionnaire de musique ne manque pas de se souvenir de ses bonnes relations avec l’abbé Sallier, le garde des imprimés :
« M. L’abbé Sallier me fournissoit, de la bibliothèque du Roi, les livres et les manuscrits dont j’avois besoin et souvent je tirois, de ses entretiens, des lumières plus sûres que de mes recherches. Je crois devoir à la mémoire de cet honnête et savant homme un tribut de reconnoissance que tous les Gens-de-Lettres qu’il a pu servir partageront sûrement avec moi [8] ».
8La Révolution et l’Empire voient les collections des grandes bibliothèques parisiennes s’accroître considérablement, à la suite des confiscations et des conquêtes militaires. Le prêt ne s’interrompt pas, bien au contraire. Pour notre part, nous avons limité ces premières investigations à quatre grandes bibliothèques (Nationale [9], Sainte-Geneviève, Mazarine et de l’Arsenal), mais l’enquête devrait être encore être élargie.
9Les registres concernant la Bibliothèque nationale sont presque intégralement conservés. Une description détaillée n’en est pas envisageable dans le cadre de cet article. E. G. Ledos leur a d’ailleurs consacré un chapitre de son étude sur l’histoire des catalogues [10]. Pour les trois autres bibliothèques, les séries sont moins complètes, notamment pour le début du siècle, et de qualité inégale. Dans tous les cas, l’exploitation de cette source doit s’accompagner de celle d’autres archives, des correspondances notamment.
Richesses et limites des registres
10La présentation des registres change au fil des années. Les abus souvent dénoncés, les pertes d’ouvrages, ont conduit les bibliothécaires à chercher des formules qui améliorent l’identification des emprunteurs et des ouvrages empruntés, tout en facilitant les recherches rétrospectives. C’est ainsi que, suivant les bibliothèques, et les époques, on rencontre des registres classés par emprunteur, par ouvrage ou par date, accompagnés régulièrement de récapitulatifs d’ouvrages non rendus.
11D’une façon générale, pour les premières décennies du XIXe siècle, la consultation en reste difficile à la Nationale comme dans les autres bibliothèques. Les deux seules informations toujours présentes sont d’une part le nom de l’emprunteur et d’autre part l’identification de l’ouvrage par la cote, le titre ou le nom de l’auteur. Les autres indications, telles que la date d’emprunt, le nombre de volumes, la date prévue de la restitution, la mention de restitution (qui peut faire l’objet d’un registre séparé), l’adresse de l’emprunteur, le nom de la personne qui s’en porte garante, sa signature ou celle de celui qui le représente, sont plus épisodiques. Dans toutes les bibliothèques parisiennes, la qualité s’améliore considérablement au fil du siècle, tant en ce qui concerne la tenue du registre que du point de vue de la quantité et de la fiabilité des informations mentionnées.
12Malgré ces difficultés, de telles sources n’ont pas manqué d’attirer l’attention des historiens. Les correspondances d’écrivains, d’artistes ou d’hommes politiques, contiennent souvent des d’échanges de lettres avec des bibliothécaires à propos d’emprunts d’ouvrages. Le recours aux registres de prêt permet d’éclairer la genèse ou la construction d’une œuvre littéraire [11].
13Il nous semble cependant qu’une autre exploitation de ces sources est possible, ne s’intéressant plus à quelques lecteurs célèbres, mais à la communauté des lecteurs prise dans son ensemble [12]. L’enjeu est évidemment de savoir si une telle étude permettrait de préciser le profil des lecteurs de la bibliothèque à une époque donnée.
14Un tel projet se heurte d’emblée à des difficultés techniques et nécessite des précautions méthodologiques. Nous l’avons dit, les informations notées changent souvent ; ces registres sont, dans les premières décennies, mal tenus, d’une écriture cursive difficile à déchiffrer, compliquée par le fait que les restitutions d’ouvrages ont souvent amené le bibliothécaire à barrer sans légèreté la cote ou le titre du livre. L’identification des ouvrages doit aussi triompher des changements de cotation que les bibliothèques, notamment les plus grandes, ont effectués dans la seconde moitié du siècle.
15On ne peut manquer non plus de s’interroger sur l’exhaustivité des enregistrements. Le désordre du prêt extérieur est souvent dénoncé. Les mentions de retour d’ouvrages ne correspondant pas à des emprunts ne sont pas rares. Les correspondances privées font parfois état de prêts d’ouvrages sans que la trace puisse en être retrouvée. Il y a indéniablement un certain sous-enregistrement.
16Une autre difficulté réside dans l’entremêlement étroit, fréquent mais pas systématique [13], des emprunts faits par les bibliothécaires. Ceux-ci, s’ils sont peu nombreux, ont évidemment une plus grande facilité à emprunter et certains ne s’en privent pas vraiment. Ils peuvent le faire à des titres très divers, pour leurs loisirs personnels ou ceux de leurs proches, pour des raisons professionnelles ou pour des travaux scientifiques. Mais certains jouent aussi le rôle d’intermédiaires pour des personnes qui n’ont pas été agréées ou qui ne sont simplement pas sur place et à qui ils remettront les ouvrages. On voit donc que ce groupe n’est pas homogène et présente un risque de sur-représentation : il doit toujours, quand c’est possible, être distingué des emprunteurs extérieurs.
Devenir emprunteur
17Si la décision d’admettre un lecteur au sein de ce cercle dépend en fin de compte de la direction de la bibliothèque, la consultation du collège des conservateurs est largement pratiquée. À la Bibliothèque royale, après la réorganisation de 1833, la décision s’abrite d’ailleurs derrière une délibération du Conservatoire.
18Les critères sont essentiellement liés, en principe, à la notoriété de l’impétrant et à la confiance que l’établissement peut lui accorder. Chaque règlement le formule à sa façon. Par exemple, à l’Arsenal, le règlement de 1851 rappelle que le prêt ne pourra être accordé qu’aux personnes qui présenteront « les garanties nécessaires de responsabilité morale et matérielle [14] ». Deux ans plus tard, un règlement général rappelle que, s’il faut l’avis du conservatoire, l’Administrateur peut cependant autoriser provisoirement les prêts « selon la nature des livres demandés et le titre ou la position des demandeurs », et que « Le titre de membre d’un corps savant, littéraire, administratif ou politique est de ceux que l’Administrateur doit prendre plus particulièrement en considération pour autoriser le prêt provisoire » [15]. À la Bibliothèque royale, dès 1833, les livres ne peuvent être prêtés « qu’à des personnes d’une solvabilité notoire, connues pour se livrer à des travaux utiles », notion reprise dans les règlements suivants.
19Beaucoup de postulants qui s’estiment suffisamment connus s’adressent directement au ministre de tutelle (ministères de l’Intérieur jusqu’en 1833, puis de l’Instruction publique). Si celui-ci déclare souvent s’en remettre à la direction de la bibliothèque, il n’hésite pas à intervenir directement. En 1813, le ministre explique aux différentes bibliothèques parisiennes que le naturaliste Marcel de Serres de Mesplès (1780-1862), qui revient d’une mission gouvernementale en Allemagne « relative aux sciences et aux arts », a besoin pour la rédaction de son rapport d’« d’obtenir des entrées dans les principales bibliothèques de Paris […] Il serait charmé que je vous engageasse aussi à lui confier sur son reçu les différents ouvrages dont il peut avoir besoin ». Quelques mois après, la bibliothèque Sainte Geneviève, qui n’a pas répondu, se fait rappeler à l’ordre [16].
20Cette pratique ne se démentira pas. Les ministres recommandent ainsi pèle mêle les étrangers dont les demandes arrivent par l’intermédiaire des ambassades, les chercheurs qu’ils ont chargés de quelque mission, leurs propres fonctionnaires, très nombreux dans les registres de prêt, notamment au début du siècle. Bien sûr, les membres des corps constitués sont prioritaires :
« Je vous autorise aussi à prêter d’urgence, et sans attendre un ordre spécial, mais en prenant d’ailleurs toutes les précautions prescrites par mon arrêté du sept janvier dernier, tous les ouvrages dont les Ministres, les membres du Sénat et du Conseil d’État, les Grands Dignitaires, les membres des cours et des tribunaux de Paris, ceux des Administrations publiques, les secrétaires particuliers de Sa Majesté, les commissions établies auprès de Sa Personne, ses bibliothécaires pourront avoir besoin » [17].
Les lettres de demande
22En 1833, une réforme de l’organisation du prêt à la Bibliothèque nationale oblige les postulants à écrire des lettres de demande. Même si beaucoup ne jugent pas utiles d’argumenter longuement, l’étude de ce corpus, bien conservé, permet d’apercevoir l’image qu’ils se font de l’institution, en même temps que l’image qu’ils se font d’eux-mêmes ou même celle qu’ils veulent offrir au regard de l’institution.
23Beaucoup de justifications employées pour obtenir ce qui est bien ressenti comme une faveur ou un privilège, ces mots reviennent sans cesse, relèvent simultanément de considérations objectives et d’explications particulières. À chacun sa stratégie individuelle au sein d’un groupe lié par une communauté d’intérêts.
24L’argument des horaires et des vacances, indiscutable à première vue, est courant. Longtemps fréquentées seulement par un public d’hommes de lettres, les bibliothèques étaient officiellement peu ouvertes au XVIIIe siècle. Mais les relations personnelles du monde savant avec les hommes placés à la tête des départements de la Bibliothèque rendaient cette question peu cruciale. Après la Révolution, le changement de statut de l’établissement, ouvert à un public plus large, dont bon nombre de fonctionnaires ou autres tenus par des activités régulières, place brutalement cette question au premier plan. Les galeries des grandes bibliothèques parisiennes ne sont alors ouvertes que de 10 h à 2 heures de l’après-midi. L’amélioration sera lente à venir : une heure de plus à la Bibliothèque royale en 1833, puis une autre heure encore en 1854. Quant aux vacances, elles aussi objet de nombreuses moqueries dans la presse, elles durent deux mois et ne seront que lentement raccourcies en plusieurs étapes, en 1839 puis en 1858. Il est difficile d’obtenir plus. Il suffit de se reporter au concert de critiques, y compris dans une partie de la presse, quand le ministère met en place des horaires du soir (6 heures - 10 heures) à Sainte-Geneviève. Charles Nodier, bibliothécaire de l’Arsenal, peut se permettre d’écrire à son ministre, Victor Cousin, qui souhaite allonger les horaires d’ouverture :
« La disposition relative aux heures de lecture, que votre Excellence me fait l’honneur de me notifier, n’est point un fait de son Ministère. Ses honorables prédécesseurs me l’ont signifiée deux fois, et deux fois j’ai obtenu de leur bouche l’autorisation formelle de ne rien changer à la pratique établie, en leur démontrant sans effort que cette disposition n’avait aucun objet d’utilité, qu’elle était nuisible et que son exécution était impossible » [18].
26Lire sur place quand on en avait le loisir se heurtait à un certain manque de confort, notamment l’absence, ou l’insuffisance, de chauffage. Cette question n’est résolue qu’à la fin de 1839, par l’administrateur Jean-Antoine Letronne, qui évoque alors l’époque où la température « descendait à zéro ou au-dessous » [19]. Ouvertes aux simples visiteurs deux jours par semaine, car la Bibliothèque était aussi un lieu d’exposition, les galeries où l’on accueille les lecteurs jusqu’à l’ouverture de la salle de lecture en 1833 sont bruyantes :
« Ce n’est point au milieu des distractions inséparables des séances où le public abonde que les gens de lettres peuvent méditer les ouvrages qu’ils consultent. C’est dans la retraite qu’ils habitent qu’ils ont besoin de les examiner, de les comparer aux matériaux qu’ils ont déjà réunis et qu’ils cherchent à compléter » [20].
28À l’impossibilité de se rendre dans les salles sont parfois jointes des considérations financières. On le sait, le prix du livre neuf reste élevé à Paris et ne baissera vraiment que dans la seconde moitié du siècle. On notera que le prix du livre ancien suit une évolution contraire.
29L’exigence de notoriété constitue un handicap pour les candidats jeunes ou pour ceux dont les recherches sont restées confidentielles Ils ont l’impression de se heurter à un monde fermé et injuste.
« Je sais que c’est beaucoup demander pour un homme encore ignoré dans les lettres. Je redouterais cette objection si je n’étais persuadé que vous jugerez ma position avec bienveillance. Depuis seize ans que j’ai quitté les bancs de l’école, j’aurais peut-être pu me faire un petit renom, et, comme tant d’autres, vivre de ma plume. Si je ne l’ai pas tenté, c’est que j’ai préféré consacrer plusieurs années de ma vie, de longs voyages et une bonne partie de mon petit avoir, à essayer de donner à notre littérature un ouvrage sérieux complet et définitif » [21].
31Les refus, plutôt rares, mentionnés dans le registre des procès-verbaux du Conservatoire, ne sont pas accompagnés d’une explication. Mais les secondes demandes éclairent les raisons invoquées. L’avocat et surtout entomologiste Charles Jean-Baptiste Amyot (1799-1866), qui comprend qu’on lui a refusé le prêt « parce qu’il se bornait à demander la communication à domicile de grammaires et de dictionnaires », renouvelle avec succès sa demande six semaines plus tard, en précisant qu’il désire consulter des ouvrages en langue orientale [22]. On touche là à l’ambiguïté du prêt, refusé pour des ouvrages courants et accordé pour des ouvrages rares.
32Comment évaluer la notoriété d’un candidat au prêt ? Ceux qui sont déjà auteurs ne manquent pas, évidemment, de signaler dans leur lettre de candidature leurs publications antérieures, certains même jugeant bon d’en envoyer quelques échantillons. En 1837, ce sont déjà au moins 53 % des emprunteurs qui ont déjà publié un ouvrage. Ce chiffre doit être majoré, car beaucoup d’autres peuvent avoir collaboré à des revues ou à des ouvrages collectifs non repérés dans les catalogues de la bibliothèque.
Aperçus statistiques
33La première interrogation porte sur l’étendue du phénomène et sa place dans le paysage des bibliothèques parisiennes. Un sondage portant sur le nombre d’emprunteurs différents, établi à partir des registres, permet de mesurer l’évolution de la pratique du prêt.
Nombre d’ouvrages prêtés à la Bibliothèque nationale
Année | Nombre | Année | Nombre |
---|---|---|---|
1802 | 1 478* | 1 852 | 4 403 |
1807 | 1 823* | 1 857 | 3 998 |
1812 | 2 908* | 1 862 | 2 349 |
1817 | 3 260* | 1 867 | 2 202 |
1822 | 5 032* | 1 872 | 871 |
1827 | 5 124* | 1 877 | 1 144 |
1832 | 4 506* | 1 882 | 693 |
1837 | 5 558 | 1 887 | 550* |
1842 | 4 467 | 1 892 | 684* |
1847 | 3 366 | 1 897 | 507* |
Nombre d’ouvrages prêtés à la Bibliothèque nationale
* Évaluation34Ce tableau est indicatif pour certaines années. En effet, jusque 1832, les registres ne comportent pas de numérotation des ouvrages empruntés, mais seulement la mention, au jour le jour, de la remise d’un ou plusieurs ouvrages. Le nombre a donc dû être estimé. De même, après 1882, la transaction de prêt, si elle est numérotée, ne tient pas compte du nombre de titres remis. Nous avons donc appliqué dans ces deux cas un coefficient multiplicateur pour estimer le nombre de titres empruntés.
35D’autre part il n’est pas possible pour la totalité du tableau d’en extraire les emprunts faits par le personnel, dont on a vu qu’ils pèsent sur les chiffres. Néanmoins, ce tableau reflète clairement la volumétrie des emprunts et son évolution.
36La moyenne quotidienne des emprunts est, compte tenu des nombreux jours de vacances, d’une vingtaine par jour en 1837. On ne dispose pas pour cette époque de statistique de communication des livres dans les salles de lecture. Les contemporains parlent souvent de 250 à 300 communications par jour. Le prêt pourrait donc alors représenter environ 5 % du total. Cette part diminue par la suite. Au second semestre 1867, Taschereau dénombre 86 851 volumes communiqués en salle de lecture [23], soit une estimation annuelle d’environ 163 000 volumes, alors que le total des prêts recensés pour cette année-là est de 2 202. Même si ce dernier chiffre doit, pour être comparable, être converti en nombre de volumes, on voit que la part du prêt extérieur, proportionnellement, a nettement décru (2 % du total ?) au cours du Second Empire.
37Un sondage précis portant sur le nombre d’emprunteurs différents confirme cette tendance.
Nombre d’emprunteurs à la Bibliothèque nationale
Années | Nombre | Année | Nombre | Années | Nombre [24] |
---|---|---|---|---|---|
an X | 425 | 1837 | 605 | 1860 | 425 |
an XI | 428 | 1867 | 308 | ||
an XII | 409 | 1874 | 160 |
Nombre d’emprunteurs à la Bibliothèque nationale
38Après une apogée sous la Monarchie de juillet, la baisse est continue, plus marquée après l’ouverture des salles de lecture en 1868. À titre de comparaison, un sondage pour l’année 1837 indique 124 emprunteurs au département des manuscrits, 67 à l’Arsenal et 43 à la bibliothèque Mazarine [25].
39Pour ce qui est du nombre d’ouvrages prêtés, la lecture des registres montre de grandes différences d’un individu à l’autre. La distinction entre membres du personnel et emprunteurs extérieurs est ici absolument nécessaire, leurs pratiques étant fort différentes. Pour 1837, à la Bibliothèque royale, le nombre moyen d’ouvrages empruntés est proche de 29 pour les premiers et de 7 pour les seconds. Il y a, à l’intérieur de chacun de ces deux groupes, de fortes disparités. Une statistique fine devrait permettre de distinguer petits emprunteurs n’usant qu’occasionnellement de cette faveur, et gros emprunteurs.
40Évidemment, on peut être emprunteur dans plusieurs lieux simultanément. C’est un cas fréquent, illustré par exemple par Frédéric Ozanam [26]. De 1842 à 1852, l’écrivain emprunte 214 ouvrages dans cinq bibliothèques (Sorbonne, Sainte-Geneviève, Royale, Mazarine et Arsenal). C’était donc déjà un art de jongler avec les différentes dates de vacances, les règlements et les exclusions de certains documents !
Les emprunteurs
41Les registres d’emprunts donnent de rares indications sur les emprunteurs dont l’exploitation se révèle délicate. L’étude de leurs adresses, irrégulièrement mentionnées, permet d’esquisser la répartition géographique dans Paris. Elle se caractérise d’abord, sans surprise, par l’existence d’une fréquentation de proximité, très marquée pour l’Arsenal et Sainte-Geneviève. L’une, située dans un quartier dépourvu d’autre ressource (à l’exception néanmoins de la Bibliothèque de la Ville de Paris, logée dans l’Hôtel de Ville, mais dont les collections sont moins étendues) attire le lycée Charlemagne, l’autre les institutions scolaires et universitaires du Quartier latin, avec, au premier rang bien sûr le collège Henri IV, qui jusqu’à la construction de Labrouste sous la Seconde république, est hébergé dans le même bâtiment. À certaines bibliothèques la rive droite, aux autres la rive gauche. La Seine ne se franchit pas si facilement.
42La remarque est moins vraie pour la Bibliothèque nationale, dont la spécificité apparaît déjà. Ici, la frontière est plutôt Nord-Sud. Une étude portant sur les adresses de 1424 emprunteurs inscrits entre 1833 et 1843 permet de voir que 76 % d’entre eux habitent dans la moitié ouest du Paris d’avant 1860 [27] ! Les étrangers descendent souvent dans les hôtels qui entourent la Bibliothèque, notamment rue de Richelieu.
43L’identification méthodique des emprunteurs apporte d’autres précieux renseignements. La procédure, transitant par les ambassades, étant compliquée, les étrangers représentent une part relativement faible (environ 5 %des emprunts). À l’intérieur de ce groupe, durant tout le siècle, les pays germaniques occupent une place prépondérante, qui atteste de l’étroitesse des liens scientifiques avec la France et de la vitalité bien connue de cette école historique et archéologique.
44L’âge des emprunteurs est, en 1836, relativement peu élevé : sur 356 emprunteurs extérieurs identifiés, 58 % ont, au moment de leur emprunt, moins de 40 ans. Les chiffres trouvés pour le Second Empire sont nettement plus élevés, avec un âge moyen de 53 ans en 1860 [28] contre 39 ans en 1837. Cette évolution nette, qui devra être confirmée, s’explique en partie par la politique beaucoup plus restrictive de l’administration de cette période.
La faible place des femmes
45Les femmes sont peu nombreuses dans l’enceinte de la bibliothèque. Elles semblent cependant avoir été accueillies assez largement au XVIIIe siècle, du moins comme emprunteuses, c’est-à-dire en fait en dehors de la Bibliothèque. Dans le registre de 1735-1739, on en relève plus d’une quarantaine, dont beaucoup de femmes de lettres ou de femmes du monde savant [29].
46Les portes leur sont moins ouvertes au XIXe siècle, du moins proportionnellement. A la Bibliothèque royale, on en dénombre 19 sur 428 individus différents (4,4 %) en l’an XI ; 28 sur 605 en 1837 (4,6 %) ; leur nombre baisse ensuite. Pour la période 1860-1874 [30], elles ne sont plus que 23 sur 947, soit 2,4 %, sans doute légèrement plus si l’on considère que l’échantillon de référence englobe le personnel emprunteur, totalement masculin.
47Il y a parmi elles beaucoup de femmes écrivains. Elles ne se sentent pas toujours à l’aise dans les bibliothèques. Sophie Ulliac Tremadeure (1794-1862) se souvient de l’époque de ses premiers écrits, sous la Restauration :
« Mon père me menait à la bibliothèque Sainte-Geneviève, corvée bien pénible pour moi, car peu de femmes fréquentaient alors les bibliothèques publiques ; il demandait, cherchait les livres qui m’étaient nécessaires » [31].
49Quelques années plus tard, en 1831, Alexandre Duval, administrateur de l’Arsenal (au moment où Nodier en était le bibliothécaire) l’aide dans la préparation d’un livre mis au concours par la Société de l’Instruction élémentaire :
« Venez déjeuner avec nous, mon enfant, chaque fois que vous aurez des notes à prendre à la bibliothèque. Je vous recommanderai à l’un de nos bibliothécaires. Il vous fera porter dans mon cabinet les livres dont vous aurez besoin ; et pendant les vacances prochaines, vous enverrez prendre par un commissionnaire tous les ouvrages que vous jugerez être nécessaires. Vous n’êtes pas encore d’âge à aller seule aux bibliothèques publiques » [32].
51Notons qu’elle a alors 37 ans. Elle comptera aussi au nombre des femmes de lettres qui, en 1837, usent du prêt à la Bibliothèque royale, par exemple Sophie Gay, Laure d’Abrantès, Eugénie Niboyet. Les années suivantes verront venir Flora Tristan ou George Sand.
Les emprunts
52Le corpus des livres empruntés est un vaste domaine à explorer. En théorie, le traitement informatique de ces données, très abondantes (plusieurs milliers de prêts) se présente comme un outil privilégié pour analyser les caractéristiques (sujets, dates, langues, etc.) des lectures et en suivre l’évolution. Cependant, nous avons dit plus haut les difficultés, au moins pour les 30 premières années, de lecture des registres où les références bibliographiques sont souvent absentes ou largement incomplètes et où les cotes, souvent mal écrites, ont été barrées lors des restitutions d’ouvrage. Rappelons que pour la plupart des bibliothèques le système de cotation a changé au cours du XIXe siècle. Même si le même cadre de classement, à savoir la classification dite de Nicolas Clément, adoptée au XVIIe siècle, a alors été conservé, on comprendra que l’identification des ouvrages n’est pas simple. La situation est cependant meilleure à partir de la Monarchie de juillet.
53Certaines catégories de documents sont exclues du prêt, notamment les collections de médailles, d’estampes (malgré les sollicitations), de cartes et plans, de même que « les manuscrits remarquables par leur antiquité, leur importance ou leur singularité ». Quant aux livres imprimés, le prêt présente le double inconvénient de leur faire courir des risques (vol, perte, dommages divers) et d’en priver les lecteurs sur place. Les règlements se sont efforcés avec de plus en plus de précision de retirer un certain nombre de documents du prêt [33]. Celui de 1813 prévoit déjà d’exclure livres rares, éditions de luxe, incunables, livres de gravures. C’est l’époque où les bibliothèques parisiennes commencent à constituer des réserves, comme la Nationale, notamment, sous l’impulsion de Joseph Van Praet [34]. On y regroupe d’abord les incunables (ouvrages du XVe siècle) que les bibliophiles recherchent avec de plus en plus d’appétit, les livres rares, les reliures précieuses.
54Les ouvrages courants sont également interdits de prêt, particulièrement ceux que l’on appelle usuels. Le règlement de 1828 prévoit explicitement d’exclure « les livres élémentaires et les livres usuels ». Cette précaution s’accroît après la création d’une salle de lecture à la fin de 1833, dotée de plusieurs milliers d’usuels. Le règlement précise alors que les ouvrages formant « la bibliothèque de la salle de lecture » (dictionnaires, éditions récentes d’auteurs classiques, œuvres complètes, ouvrages de référence dans les différentes disciplines) ne peuvent pas être prêtés. Cette interdiction s’étend aux journaux littéraires et scientifiques non encore reliés. D’autres ouvrages, notamment ceux considérés comme de loisir, sont concernés, même si le règlement ne l’indique pas toujours. Les romans, les ouvrages de littérature légère ou frivole, les brochures politiques ou de circonstance, ouvrages que n’achètent d’ailleurs pas les bibliothèques – elles en laissent le soin aux cabinets de lecture – ne sont pas communiqués dans les salles de lecture, sauf « à ceux qui les demandent pour un travail littéraire ou historique dont ils indiquent l’objet aux conservateurs » [35]. Cette exclusion s’étend au prêt extérieur. On peut supposer que les ouvrages pratiques le sont également, même si ce n’est pas non plus expressément mentionné.
55Les autres bibliothèques adoptent les mêmes règles. À l’Arsenal, par exemple, le règlement de 1851 précise que « les ouvrages élémentaires, les grandes collections, les recueils littéraires et scientifiques, les livres précieux et les dictionnaires de toutes nature [36] » ne peuvent être prêtés, et celui du 24 mars 1882 écarte « les livres particulièrement précieux, les ouvrages souvent demandés par le public, les dictionnaires, les journaux, les volumes formant collections ou faisant partie d’œuvres complètes, les périodiques, les ouvrages faisant partie de la réserve » [37].
56Les premiers sondages qui ont pu être faits sur la Monarchie de juillet, à partir d’un échantillon de 1108 ouvrages, confirment l’impression générale laissée par les correspondances et la bibliographie des œuvres de beaucoup d’emprunteurs : la Bibliothèque royale est d’abord utilisée pour ses collections d’ouvrage d’histoire, et, particulièrement de l’histoire de France (série L de sa classification) qui représente 30 % des emprunts en 1837 comme sous le Second Empire. Et si l’on y ajoute les autres cotes concernant l’histoire (généralités et histoire des autres pays), ce chiffre est encore plus élevé, passant de 48 à 52 % entre les deux périodes, peut-être au détriment du domaine religieux (de 8 à 4%). Les autres champs disciplinaires offrent une certaine stabilité, environ 15 % pour le domaine littéraire, 5 % pour les sciences naturelles, 5 % pour la philosophie, 4 % pour le droit, etc. Bien évidemment, il serait nécessaire de détailler la part de chaque période de l’histoire de France, et de voir au fil du siècle quelles sont les périodes qui suscitent l’intérêt de ces historiens qui peuplent la Bibliothèque [38].
57Une analyse des dates de publication des ouvrages empruntés montre que les fonds anciens de la bibliothèque ne sont pas aussi utilisés qu’on ne s’y attendrait : la part des ouvrages antérieurs à 1700 est de 20,7 % en 1837 et descend à 13 % sous le Second Empire. A contrario, la part des ouvrages du XIXe siècle est déjà forte en 1837 (49,5 %) et bien sûr encore plus sous le Second Empire (73 %), avec une forte proportion d’ouvrages de moins de dix ans qui devra être précisée. La Bibliothèque joue ici le rôle, que ne peuvent pas jouer les autres bibliothèques à cette époque, d’un établissement de recherche au sens moderne du terme.
58Comme les dates de publication, la langue des ouvrages consultés mérite aussi investigation. L’étude de la part des langues anciennes et des langues étrangères, à croiser éventuellement avec les domaines de la recherche et, pourquoi pas les catégories socio-professionnelles, pourrait se révéler fructueuse.
La remise en cause du prêt
59Longtemps tolérée, la pratique du prêt, évidemment responsable de disparitions d’ouvrages ou de difficultés diverses, est en butte au XIXe siècle à des critiques nombreuses et des remises en cause régulières, en accord avec les rares manuels de bibliothéconomie [39].
60Une première crise se produit sous le Premier Empire quand le ministre Chaptal décide brutalement, le 13 pluviôse an XII (3 février 1804), à la suite d’une vente publique où figuraient des ouvrages de la bibliothèque, d’interdire le prêt extérieur de tous les « objets » [40], ce qui provoque la colère des conservateurs. Ceux-ci prennent ouvertement le parti des emprunteurs et mettent même gentiment le ministre en garde :
« Vous n’ignorez pas que les consuls, les différens ministres, les conseillers d’État puisent journellement dans la bibliothèque les renseignemens dont ils ont besoin pour la rédaction des lois, des arrêtés et des règlements dont le Gouvernement s’occupe avec tant de sollicitude ».
62Il n’en faut pas plus pour que Chaptal prenne l’arrêté contraire quelques semaines plus tard, le 9 ventôse an XII (29 février 1804). La doctrine se précise peu à peu durant les années suivantes. L’arrêté du 7 janvier 1813 [41], pris par le comte de Montalivet (ministre de l’intérieur depuis le 1er janvier 1809) à destination des bibliothèques de Paris, exige la tenue d’un registre, et pose les bases des règlements futurs. Il réserve le prêt à des personnes remplissant des fonctions éminentes, ou se livrant à des études « d’une utilité reconnue ». La durée n’en est pas limitée, pas plus que le nombre d’ouvrages.
63À partir des années 1830, le prêt devient l’objet de vives critiques dans la presse. Les plus percutantes émanent de Paul Lacroix (1806-1884), le Bibliophile Jacob, qui ne cessera de dénoncer les abus de la Bibliothèque. Dans l’un de ses premiers articles, il ironise déjà sur les « domestiques des académiciens, qui viennent processionnellement emporter des piles de volumes, à la barbe du petit monde fort empêché de trouver l’ouvrage qu’il demande et qu’il attend, faisant le pied de grue [42] ».
64Impossible bien sûr de citer toutes ses attaques. Très violentes, elles se concentrent dans ses collaborations au Figaro, au Bulletin de l’Alliance des arts (qu’il dirige) et dans quelques ouvrages [43]. Sa contribution au premier volume de l’ouvrage collectif Paris ou le livre des cent et un [44], publié en 1831, donne le ton :
« Ce grand cabinet de lecture gratuite est considéré comme propriété patrimoniale. Il suffit d’être académicien ou cousin à la mode de Bretagne d’un portier d’académie pour obtenir la permission d’emporter des livres : expression technique. On se pique d’emporter beaucoup mais de rendre peu… Souvent les ouvrages qui ont trait à une histoire, à une biographie ou tout autre sujet spécial, sont confiés à un seul auteur qui les accapare durant des mois, des années, jusqu’à l’achèvement de l’œuvre du monopole […] Je ne sais à quel dépositaire infidèle nous devons l’usage du prêt des livres, sans arrhes ni caution. Les successeurs de ce prodigue de nos biens ont suivi les errements établis, par défaut d’énergie, par peur d’innovation. Je me plais à répandre toute mon indignation contre cette tolérance dilapidatrice ; j’élève haut la tête et la voix, en accusant, puisque j’ai toujours refusé de m’associer au blâme en profitant de la faveur illicite qui me permettrait d’avoir à domicile les livres que le public va feuilleter dans l’enceinte de la bibliothèque […]. Peut-être serait-il juste que les gens âgés et infirmes fussent seuls autorisés à jouir des bibliothèques publiques sans quitter leur cabinet. Peut-être faudrait-il restreindre le prêt des livres aux exemplaires doubles ou imparfaits […] ».
66La verve de Paul Lacroix s’étend sur plusieurs pages. L’administration n’est pas loin de partager ce constat. Un rapport sur l’état du prêt en 1832 [45] reconnaît la misère de ces livres
« qui ne rentraient, pour la plupart, qu’à la volonté de l’emprunteur ; qui demeuraient absents dix, vingt, trente années ; qu’on voyait paraître dans les ventes publiques, ou qu’on retrouvait exposés sur les quais ; qui restaient, de père en fils, dans les bibliothèques particulières où ils avaient élu domicile […] ».
68Dans la séance du Conservatoire du 28 novembre 1832, le directeur du département des Imprimés reconnaît que les plaintes sont très nombreuses. Une telle situation exige des réponses urgentes. Un avis paru dans la presse au début du mois de décembre annonce que le prêt des livres est suspendu pour trois mois à compter du 15 décembre et qu’il sera écrit à toutes les personnes à qui il a été prêté des livres pour les inviter à les rendre avant cette date au plus tard. Il faudra six mois à l’Administration pour effectuer les vérifications nécessaires, ouvrir de nouveaux registres et réinscrire, sur leur demande motivée, les personnes désireuses d’emprunter.
69Cette réforme portera ses fruits. Nous l’avons dit, à partir de cette date, les registres sont mieux tenus, indéniablement. Les statistiques montrent cependant que la pression de la demande reste extrêmement forte. Les critiques perdront en intensité à partir des réformes du Second Empire.
La commission Mérimée
70En 1857, après que la décision ait été prise, à la suite de décennies de débats et de projets de déménagement, de reconstruire sur place la Bibliothèque impériale, Napoléon III nomme une commission chargée de la réformer de fond en comble. Elle est présidée par Prosper Mérimée qui prend cette fonction très au sérieux et mène les séances tambour battant. Tous les sujets doivent en principe être abordés : l’organisation générale des espaces, la gouvernance de l’établissement, le maintien ou non de certains départements, les catalogues, le fonctionnement du dépôt légal, les statuts du personnel, les logements de fonction, etc.
71La question du prêt (non seulement celle de son fonctionnement mais son existence même) est également portée à l’ordre du jour des réunions du mois de janvier 1858. Des personnalités d’avis opposés sont consultées. Paul Lacroix, dont on trouve très épisodiquement le nom dans les registres d’emprunt, pense qu’il faut l’interdire et le réserver aux grandes bibliothèques spécialisées qu’il souhaite voir édifier dans Paris. Jules Taschereau, lui aussi habitué du prêt, mais administrateur adjoint depuis 1852 et partisan d’une sévère remise en ordre, considère le prêt « en dedans », c’est-à-dire fait pour les conservateurs, comme beaucoup plus nocif car très mal enregistré. Le prêt extérieur, qui s’élève à plusieurs milliers de transactions, est beaucoup mieux tenu qu’autrefois et peut être maintenu. Taschereau estime qu’il est d’ailleurs destiné à diminuer, si on réussit à écarter de la Bibliothèque les désœuvrés qui l’encombrent. Il reprend là un thème très fréquent depuis l’ouverture de la première salle publique de lecture en 1833. Le mauvais public chasse le bon. Gustave Rouland, ministre de l’Instruction publique, également membre de la commission, estime nécessaire de maintenir le principe du prêt, ne serait-ce que pour garantir la réciprocité avec les grandes bibliothèques étrangères. En fin de compte, les avis de la Commission sont équilibrés. La voix prépondérante de son Président fait pencher la balance en faveur du prêt « à cause des difficultés, pour les hommes d’étude, de travailler à l’aise dans les salles de lecture » [46]. C’est le même argument qu’au début du siècle. L’objectif avoué est cependant de parvenir à une diminution notable de la pratique du prêt. Le chapitre VI du Rapport final de la Commission [47] est consacré au prêt. Après une comparaison avec le British Museum où « le directeur même, logé dans les bâtiments du Museum, ne pourrait emporter un volumes hors de l’établissement » [48], Mérimée conclut en faveur du maintien du prêt assorti d’un règlement très sévère.
72Taschereau, nommé administrateur, appliquera cette consigne. Les statistiques citées plus haut montrent le déclin régulier de la pratique du prêt. Les chiffres du nombre d’emprunteurs fournis par Catherine Pousset [49] sont éloquents : de 425 en 1860 (voir tableau 2), ils passent à 316 en 1860, 232 en 1868 et 143 en 1870. La question se pose dès lors du public de la nouvelle salle de travail ouverte en 1868 et où devraient se retrouver les lecteurs qui bénéficiaient auparavant du prêt. Cette hypothèse ne pourra se vérifier qu’en étudiant ces lecteurs, qui doivent maintenant être inscrits, pour bénéficier d’un titre d’accès.
73Chemin faisant, il nous a semblé qu’une certaine prudence s’imposait dans l’interprétation de ces archives. La question de la représentativité de ce corpus des emprunteurs ne peut trouver de réponse définitive. Leur usage de la Bibliothèque montre qu’il ne constitue pas un monde à part quant à l’objet de ses recherches. Mais leur demande d’un mode particulier de consultation permet sans doute de pointer vers une pratique de « distinction » telle que l’a évoquée Pierre Bourdieu. On rencontre une communauté sans murs, unie, par-delà les arguments de commodité et les réticences à la promiscuité, par un imaginaire élitiste de la distance et du retrait nécessaires à la pensée.
74Parallèlement, leur position sociale, leur place dans le monde savant, littéraire ou universitaire, leur activité scientifique contribuent à la naissance d’une opinion publique et à la consolidation de la place de la Bibliothèque dans le paysage culturel français. Des recherches menées sur la durée du siècle permettraient d’en préciser les différentes composantes et de distinguer des pratiques propres à chacune.
75Le public des emprunteurs n’a plus de véritable raison d’être à partir de la reconstruction de la Bibliothèque en 1868 et disparaît progressivement. Mais installé dans « sa » majestueuse salle de travail, il peut éprouver le sentiment d’avoir conquis, au moins symboliquement, l’institution.
Notes
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[1]
On trouvera quelques indications dans l’article de Simone Balayé, « Les publics de la Bibliothèque nationale », dans l’Histoire des bibliothèques françaises. Tome 3, Les bibliothèques de la Révolution et du XIXe siècle, 1789-1914, Paris, Éditions du Cercle de la Librairie, 2009.
-
[2]
Nous remercions, pour leur accueil et leur aide, Ségolène Blettner et Olivier Siffrin à la Bibliothèque nationale de France, Yann Sordet et Patrick Latour à la Bibliothèque Mazarine, et Nathalie Rollet à la Bibliothèque Sainte-Geneviève.
-
[3]
Le registre de prêt de la Bibliothèque du Collège de Sorbonne : 1402-1536 : diarium Bibliothecae Sorbonae, Paris, Bibliothèque Mazarine, ms. 3323, éd. et annoté par Jeanne Vielliard, avec la collab. de Marie-Henriette Jullien de Pommerol, Paris, CNRS éd., 2000.
-
[4]
Laffitte (Marie-Pierre), « Le fonctionnement de la bibliothèque de Colbert à partir du registre de prêt des manuscrits pour les années 1679-1731 ». Dans Bibliotheques et lecteurs dans l’Europe moderne (XVIIe-XVIIIe siecles), sous la direction de Gilles Bertrand, Anne Cayuela, Christian Del Vento… [et al.]. Genève, Droz, 2016
-
[5]
Simone Balayé, La Bibliothèque nationale des origines à 1800. Genève, Droz, 1988, p. 273-274.
-
[6]
BnF, Littérature et Art, Registres de prêt 1 Registre des livres prestez commencé le 13e avril 1735.
-
[7]
Les emprunts de Voltaire, Rousseau, Diderot, entre autres, ont été recensés et analysés.
-
[8]
Jean-Jacques Rousseau, Dictionnaire de musique, Paris, Veuve Duchesne, 1768.
-
[9]
Pour la clarté de l’exposé, nous gardons l’appellation Bibliothèque nationale. Évidemment, suivant les régimes, l’ancienne Bibliothèque du Roi porte aussi les noms de Bibliothèque royale et de Bibliothèque impériale.
-
[10]
Eugène-Gabriel Ledos, Histoire des catalogues des livres imprimés de la Bibliothèque nationale, Paris, Éd. des bibliothèques nationales, 1936, pp. 139-149.
-
[11]
Parmi de nombreux travaux, on peut citer Jean-Pierre Le Bouler et Catherine Lafarge, « Les Emprunts de madame Dupin à la Bibliothèque du Roi dans les années 1748-1750 », Studies on Voltaire and the XVIIIth century, vol. 182, 1979).
Anthony Strugnell, « Diderot chercheur : du nouveau sur les emprunts faits par Diderot à la Bibliothèque royale entre 1775 et 1782 », Recherches sur Diderot et l’Encyclopédie, n° 8, avril 1990, p. 12-19.
Bernard Barbiche, « La pratique du prêt à domicile dans les grandes bibliothèques de Paris sous la monarchie de juillet : l’exemple d’un universitaire : Frédéric Ozanam », Le Livre et l’historien. Études offertes en l’honneur du professeur Henri Jean Martin. Droz, 1997, p. 691-696.
Annie Ubersfeld, « Catalogue des œuvres empruntées par Hugo à la Bibliothèque royale », Romantisme, 1973, n°6, p. 126-131. -
[12]
Catherine Pousset, Le prêt à la Bibliothèque nationale sous l’administration de Jules Taschereau 1858-1874, sous la dir. d’Élisabeth Parinet. 2 vol. Thèse pour le diplôme d’archiviste paléographe : Paris, Ecole nationale des Chartes : 1997. Nous remercions madame Pousset de nous avoir autorisé à consulter sa thèse.
-
[13]
Certaines bibliothèques ont, à certaines époques, des registres réservés au personnel.
-
[14]
Arsenal, Mss 95002.
-
[15]
Arsenal, Mss 95035 (1), règlement du 12 novembre 1853.
-
[16]
Bibl. Sainte Geneviève, Réserve, 2006/01/ 208.
-
[17]
Ibid. lettre du 15 mai 1813 à l’administrateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève.
-
[18]
Bibl. de l’Arsenal, Mss 95002. Il s’agit d’un brouillon de lettre.
-
[19]
Jean-Antoine Letronne, Rapport adressé à M. le ministre de l’instruction publique sur le chauffage des salles de la Bibliothèque royale destinées à l’étude. Paris, impr Paul Dupont, 1840.
-
[20]
BnF, Mss, Arch mod. 583, brouillon de lettre des conservateurs au Ministre de l’intérieur (20 pluviôse an XII).
-
[21]
Bibl. de l’Arsenal Mss 95035 (2). Lettre de H. de Bezin du 17 décembre 1852. Il n’y a pas d’ouvrage à ce nom au catalogue de la BnF.
-
[22]
BnF Mss, Arch modernes 297, lettre du 4 janvier 1836.
-
[23]
Archives nationales, F 17 /3458.
-
[24]
Pour le Second Empire, les chiffres sont donnés d’après Catherine Pousset, Le prêt à la Bibliothèque nationale, op. cit,, p. 111. Le nombre d’emprunteurs inclut dans ce cas les membres du personnel et doit donc être minoré.
-
[25]
Bibliothèque Mazarine, Registre du prêt des livres 1837-1843.
-
[26]
B. Barbiche, « Le prêt à domicile » …, op. cit. p. 692.
-
[27]
Cf. Bruno Blasselle, Ségolène Blettner, « Lecteurs et emprunteurs à la Bibliothèque royale sous la Monarchie de juillet », Romantisme, n° 177, 2017.
-
[28]
C. Pousset, Le prêt …, op. cit, p. 114.
-
[29]
BnF, Littérature et Art, Reg. de prêt 1.
-
[30]
C. Pousset, « Le prêt … », op. cit.
-
[31]
Sophie Ulliac Tremadeure, Souvenirs d’une vieille femme, Paris, E. Maillet, 1861, p. 5.
-
[32]
S. Ulliac Tremadeure, « Souvenirs … », op. cit. p. 14.
-
[33]
Les principaux règlements de la première moitié du siècle sont regroupés dans : Recueil des décrets ordonnances, arrêtés et règlements concernant le régime de la Bibliothèque royale (an IV-1847), Paris, impr. de Guibaudet et Jouaust, 1848. P. 23-25.
-
[34]
Antoine Coron, « La Réserve, essai d’histoire dans La réserve des livres rares de la Bibliothèque nationale », numéro spécial d’Arts et métiers du livre, janvier février 1994.
-
[35]
Article 47 du règlement de la Bibliothèque royale.
-
[36]
Bibl. de l’Arsenal, Mss 95002.
-
[37]
Ibid.
-
[38]
Catherine Pousset l’a fait pour le Second Empire.
-
[39]
Léopold Auguste Constantin, Bibliothéconomie, ou Nouveau manuel complet pour l’arrangement, la conservation et l’administration des bibliothèques. Paris, Roret, 1841. 2e éd. P. 68-71.
-
[40]
BnF, Manuscrits, Arch modernes 583.
-
[41]
Recueil des décret, ordonnances, arrêtés, op. cit., p. 23-25.
-
[42]
Le Figaro, 16 avril 1829.
-
[43]
Réforme de la Bibliothèque du Roi, Paris, Techener, 1845. Et Les cent et une lettres bibliographiques à M. l’Administrateur général de la Bibliothèque nationale, Paris, Paulin, 1849-1850.
-
[44]
Paris, ou Le livre des cent et un, Paris, Ladvocat, 1831-1834, 15 vol., in-8.
-
[45]
Cité par Charles Dunoyer, La Bibliothèque du Roi, Paris, impr. de Fournier, 1839, p. 11.
-
[46]
Archives nationales F 17/3456-3457. On y trouve notamment les procès-verbaux de la commission de réorganisation de la Bibliothèque.
-
[47]
Prosper Mérimée, Rapport présenté à S. Exc. le ministre de l’instruction publique et des cultes,… au nom de la commission chargée d’examiner les modifications à introduire dans l’organisation de la Bibliothèque impériale : (27 mars 1858.) Paris : Impr. impériale, 1858.
-
[48]
Ibid., p. 13.
-
[49]
C. Pousset, « Le prêt … », op. cit., p. 111.