Couverture de ETSOC_165

Article de revue

Un républicain en droits de l’Homme : le cas du philosophe-sociologue Célestin Bouglé

Pages 6 à 30

Notes

  • [1]
    Philippe Levillain, « Les protagonistes : de la biographie », in René Rémond (dir.), Pour une histoire politique, Paris, Le Seuil, 1988, p. 121-159 ; Jacques Le Goff et Pierre Nora (dir.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, 1973, t. 1, p. XIII.
  • [2]
    Les dictionnaires de Christophe Charle (Les professeurs de la faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique. 1809-1908, vol. 1, préface Maurice Agulhon, Paris, INRP et Éd. du CNRS, 1985) ou de Jacques Julliard et Michel Winock (Dictionnaire des intellectuels français, Paris, Le Seuil, 1995) ne font qu’évoquer ses combats, malgré les études pionnières de William Logue, « Sociologie et politique : le libéralisme de Célestin Bouglé », Revue française de sociologie, no 1, 1979, p. 141-162, Paul Vogt « Un durkheimien ambivalent : Célestin Bouglé, 1870-1940 », Revue française de sociologie, no 20-21, 1979, p. 123-139. Voir aussi Johan Heilbron, « Les métamorphoses du durkheimisme, 1920-1940 », Revue française de sociologie, 1985/XXVI, p. 203-237. La dernière décennie historiographique est plus prolixe avec les études sur les intellectuels et la République, notamment de Vincent Duclert et Michel Trebitsch. Outre Michel Dreyfus et Emmanuel Naquet, « Célestin Bouglé, un durkheimien gagné à la “cause” », in Gilles Manceron et Emmanuel Naquet (dir.), Être dreyfusard, hier et aujourd’hui, Rennes, PUR, 2009, p. 67-69, voir surtout Thomas Vonderscher, Construire une voie solidaire : une relecture des engagements de Célestin Bouglé. L’apport de la connaissance de l’action d’un intellectuel à une théorie sociale (1898-1914), mémoire pour le Master d’histoire contemporaine, sous la direction de Christophe Charle, ENS Cachan, 2016.
  • [3]
    Voir Jean-Christophe Marcel, « Célestin Bouglé », in Raymond Boudon, Massimo Borlandi, Mohamed Cherkaoui et Bernard Valade (dir.), Dictionnaire de la pensée sociologique, Paris, PUF, 2005 et Le durkheimisme dans l’entre-deux-guerres, Paris, PUF, 2001 ; ainsi que les travaux d’Alain Policar, spécialement Célestin Bouglé : justice et solidarité, Paris, Michalon, 2009 et « Sociologie et morale : la philosophie de la solidarité de Célestin Bouglé », in Gilles Ferréol (dir.), Intégration, lien social et citoyenneté, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998, p. 287-320.
  • [4]
    Voir E. Naquet, Pour l’Humanité. La Ligue des droits de l’Homme de l’affaire Dreyfus à la défaite de 1940, préface Pierre Joxe, postface Serge Berstein, Rennes, PUR, 2014, et nos articles référencés dans l’ouvrage.
  • [5]
    Voir E. Naquet, « L’action de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) entre les deux guerres », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 95, juil.-sept. 2009, p. 53-64.
  • [6]
    Sur celle-ci, l’historiographie est abondante. Voir V. Duclert, L’affaire Dreyfus, Paris, La Découverte, 1ère éd. 1994.
  • [7]
    Le Siècle, 10 janv. 1898.
  • [8]
    Voir ses mémoires, L’Affaire telle que je l’ai vécue, Paris, Grasset, 1978, ainsi que “Dreyfusards !” et autres inédits, Paris, Julliard, 1965 et BnF-Richelieu, département des Manuscrits, Correspondance reçue par Mathieu Dreyfus, NAF 17.386.
  • [9]
    Célestin Bouglé, « Les premières sections. Montpellier », Cahiers des droits de l’Homme [dorénavant CDH], 10-15 juil. 1938, p. 410-411. V. Duclert date l’éveil de cette conscience à l’échange avec Élie Halévy du 16 novembre 1897 (Alfred Dreyfus, L’honneur d’un patriote, Paris, Fayard, 2006, p. 592).
  • [10]
    C. Bouglé, ibid.
  • [11]
    Marie-Adeline, qu’il a épousée le 28 juillet 1894, est également ligueuse.
  • [12]
    C. Bouglé, ibid.
  • [13]
    Voir son dossier personnel à AJ/16/5885.
  • [14]
    La Dépêche de Toulouse, 26 oct. 1929. Plus généralement, Laure Rièse, Les salons littéraires parisiens du Second Empire à nos jours, Toulouse, Privat, 1962, p. 118-119.
  • [15]
    Outre les savants nommés dans notre développement, Célestin Bouglé dialogue avec André Beaunier croisé à l’ENS, Maurice Halbwachs et Paul Fauconnet qu’il côtoie à la Revue de métaphysique et de morale ou à L’Année sociologique.
  • [16]
    Sur leur rôle parallèle mais différent, V. Duclert, « Élie et Daniel Halévy dans l’affaire Dreyfus », in Henri Loyrette (dir.), Entre le théâtre et l’histoire : la famille Halévy. 1760-1960, Paris, Fayard/Réunion des Musées nationaux, 1996, p. 220-235, ainsi que l’introduction d’Eric Cahm à Daniel Halévy, Péguy et les Cahiers de la Quinzaine, Paris, rééd. Pluriel, 1979 et Michèle B. Bramsen, Contribution à une biographie intellectuelle d’Élie Halévy, thèse de 3e cycle pour le doctorat de science politique, sous la direction de Jean-Claude Casanova, IEP de Paris, 1971, p. 72 et s. D’autres figures de l’avant-garde littéraire gravitent autour de cette LDH des origines comme Robert Dreyfus ou Fernand Gregh.
  • [17]
    Lettre du 18 fév. 1898, Revue française de sociologie, 1979, 20-1, p. 41. Voir E. Naquet, « Émile Durkheim et la naissance de la Ligue des Droits de l’Homme à Bordeaux au temps de l’affaire Dreyfus », in Mathieu Béra (dir.), Émile Durkheim à Bordeaux (1887-1902), Bordeaux, Éd. Confluences, 2014, p. 35-50.
  • [18]
    Ainsi, selon Victor Basch, Célestin Bouglé fait adhérer le futur trésorier de la LDH, l’industriel protestant Alfred Westphal (CDH, 10 janv. 1929, p. 3).
  • [19]
    Lettre d’Élie Halévy à Célestin Bouglé, 10 mars 1898, citée par M. Bo Bramsen, op. cit., p. 83 et lettre de Célestin Bouglé à Élie Halévy, 12 mars 1898, FNSP-Archives d’histoire contemporaine, Fonds Lucien Herr, LH 3, dossier 4.
  • [20]
    Lettre de Célestin Bouglé à Lucien Herr, 27 fév. 1898, FNSP-Archives d’histoire contemporaine, ibid.
  • [21]
    Lettre du 21 mars [1898 ?] (IMEC, Fonds Brunschvicg).
  • [22]
    Lettre d’Élie Halévy à Célestin Bouglé, 8 déc. 1898, in Élie Halévy, Correspondance (1891-1937), Paris, Éd. de Fallois, 1996, p. 256.
  • [23]
    C. Bouglé, ibid. Sur Gaston Milhaud, voir la notice d’André Nadal, Revue d’histoire des sciences et de leur application, 1959, no 2, p. 97-110, qui n’aborde nullement son engagement.
  • [24]
    Lettre citée dans Jean-Paul Laurens, « Célestin Bouglé à Montpellier », op. cit., p. 127-144.
  • [25]
    CARAN, F. 7 12.466, « Affaire Dreyfus. Réunions », rapports des 3 et 15 mars 1899 et BnF-Richelieu, département des Manuscrits, Correspondance Bouglé, NAF 28228. Il aborde en particulier les thématiques suivantes : « Tradition nationale et droits du peuple » et « Armée et démocratie ».
  • [26]
    C. Bouglé, « Les premières sections. Montpellier », ibid.
  • [27]
    Correspondance…, op. cit., p. 258.
  • [28]
    Lucien Mercier, Les Universités populaires : 1898-1914. Éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Paris, Éd. ouvrières, 1986, p. 49.
  • [29]
    L. Mercier, op. cit., p. 108.
  • [30]
    C. Bouglé, « Les premières sections… », ibid. et BnF-Richelieu, département des Manuscrits, Correspondance Bouglé, NAF 28228, ainsi que que la lettre de Xavier Léon du 10 avril 1899, qui va dans le même sens. Célestin Bouglé évoque Gustave Planchon, benjamin de dix ans de Jules-Émile, également docteur en pharmacie, et connu pour ses travaux sur le phylloxéra. T. Vonderscher cite la lettre d’un instituteur à Célestin Bouglé lui proposant une autre démarche pédagogique pour davantage intéresser les milieux populaires, notamment « étudier notre époque, rajouter ensuite dans les temps anciens » (op. cit.).
  • [31]
    C. Bouglé, Plaidoyer pour l’enseignement populaire, Montpellier, Imprimerie du Midi, 1900.
  • [32]
    Pour le parcours de Ferdinand Buisson, président de la LDH de 1914 à 1926, voir Samuel Tomeï, Ferdinand Buisson (1841-1932). Protestantisme libéral, foi laïque et radicalsocialisme, thèse pour le doctorat d’histoire sous la direction de Serge Berstein, IEP de Paris, 2004, et Mireille Gueissaz-Peyre, L’image énigmatique de Ferdinand Buisson. La vocation républicaine d’un saint puritain, Villeneuve d’Ascq, Presses du Septentrion, 2002. Pour Gabriel Séailles, vice-président de 1918 à sa mort, en 1922, voir la notice biographique dans la version dactylographiée de notre thèse consultable à http://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/53r60a8s3kup1vc9kd50o6i33. Lucien Lévy-Bruhl est alors professeur d’histoire de la philosophie à la Sorbonne et, non seulement le cousin par alliance d’Alfred Dreyfus, mais aussi l’un des premiers défenseurs de l’officier.
  • [33]
    Lettre du 17 déc. 1902, in É. Halévy, Correspondance…, op. cit., p. 330.
  • [34]
    C. Bouglé, Le bilan des Ligues. Conférence faite par M. Bouglé le 3 avril 1903, Bordeaux, Gounouilhou, 1903, p. 4.
  • [35]
    Sur le premier, voir les travaux de Bertrand Favreau ou dirigés par lui, dont « Ludovic Trarieux », in Derrière la cause isolée d’un homme, Lormont, Éd. de La Presqu’île, 1995, p. 15-34, « Ludovic Trarieux, fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme », in « Le droit, la justice, l’humanité », Bègles, Fabrique du Passant, 2001, p. 13-26, « Ludovic Trarieux et la révision de l’affaire Dreyfus », in Dreyfus réhabilité, cent ans après, Lormont, Éd. Le Bord de l’Eau, 2007, p. 41-60 et sa communication dans G. Manceron et E. Naquet (dir.), Être dreyfusard, hier et aujourd’hui, op. cit. Voir aussi Sandrine Guicheney, Ludovic Trarieux (1840-1904), TER, sous la direction de Jean-Claude Drouin et Bernard Lachaise, Université de Bordeaux 3, 1993.
  • [36]
    Sur le second, Rémi Fabre, Francis de Pressensé (1853-1914), une biographie politique et intellectuelle, dossier pour l’HDR, sous la direction d’André Encrevé, Université de Paris 12, 2002, publié sous le titre Francis de Pressensé et la défense des droits de l’homme et du citoyen. Un intellectuel au combat, préface Madeleine Rebérioux, Rennes, PUR, 2004, qui élargit ses deux articles, « Francis de Pressensé », Le Mouvement social, no 183, avril-juin 1998, p. 61-92 et « Réflexions sur le parcours de Francis de Pressensé », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 72, octobre-déc. 2003, p. 12-16.
  • [37]
    Et encore, puisqu’Elie Halévy lui répond le 7 février 1899 : « Tu dis regretter de n’être pas socialiste parce que les socialistes ont une foi, poursuivent un but… Tu pourrais aussi bien regretter de n’être pas royaliste, clérical ou antisémite. Ceux-là aussi poursuivent des buts. Mais si tu choisis de regretter ceci en particulier, que tu ne sois pas socialiste, c’est donc que tu es déjà socialiste, dans une certaine mesure… » (Jean-René Tréanton, « En quête de correspondances », Revue européenne des sciences sociales [En ligne], XLII-129 | 2004, http://ress.revues.org/439).
  • [38]
    BOLDH, 15 déc. 1904, p. 1569-1619.
  • [39]
    Lettre de Paul Guieysse, 25 déc. 1904 (BOLDH, 15 janv. 1905, p. 15-16). Célestin Bouglé semble hostile à la démission, considérant que « les honnêtes gens […] devraient au contraire y [à la Ligue] rester d’autant plus que tout n’y était pas perdu, qu’il y avait à faire ». Joseph Reinach est remplacé par Anatole France, qui vient de préfacer l’ouvrage d’Émile Combes Une campagne laïque, 1902-1903.
  • [40]
    BOLDH, 1er fév. 1905, p. 86. Albert Vigié est doyen de la Faculté de droit de Montpellier ; Étienne de Rouville est maître de conférences à la Faculté des sciences de Montpellier ; Hyacinthe Loyson est prêtre gallican, devenu membre de l’Église vieille-catholique. Sur le juriste Jean Appleton, professeur de droit à l’Université de Lyon, conseiller juridique de la LDH et président de la section de Lyon, voir les annexes biographiques de notre thèse.
  • [41]
    Charles Péguy, Œuvres complètes en prose, I, Paris, Gallimard-NRF, 1987, p. 1524. À noter que, selon Robert Burac, Péguy n’appartient plus à la LDH depuis 1903, même si sa belle-mère continue de recevoir son bulletin (op. cit., note p. 1860). Le point culminant des attaques de Péguy aura lieu à la veille du conflit, avec L’Argent, suite.
  • [42]
    R. Fabre, « Pressensé et la séparation des Églises et de l’État. Une contribution importante », Jean Jaurès cahiers trimestriels, no 171, janvier-mars 2004, p. 25-34 ; Jean Baubérot, Laïcité 1905-2005, entre passion et raison, Paris, Le Seuil, 2004 ; Jean-Marie Mayeur, La Séparation des Églises et de l’État (1905), Paris, rééd. Éd. Ouvrières, 1991 ; Maurice Larkin, L’Église et l’État en France. 1905, la crise de la séparation, avant-propos Patrick Cabanel, préface J.-M. Mayeur, Toulouse, Privat, 2004. Voir aussi Jacqueline Lalouette, La République anticléricale, XIXe-XXe siècle, Paris, Le Seuil, 2002.
  • [43]
    BOLDH, 15 juin 1903, p. 690.
  • [44]
    Aux protagonistes déjà évoqués pour l’affaire des fiches s’ajoutent l’historien Gabriel Monod, l’économiste Charles Rist – et gendre de Gabriel Monod –, le pharmacien Louis Planchon, le Dr Leenhardt, les avocats Roussy et Augé-Laribé, Randin, président de la section de Pontaix dans la Drôme (BOLDH, 15 juil. 1903, p. 774-776). Hyacinte Loyson n’a pas signé. Sur les protestants, Agnès Rochefort-Turquin, « Les protestants face à la Séparation des Églises et de l’État. Débats et enjeux idéologiques de 1871 à 1905 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 31, juillet-sept. 1984, p. 503-516, et Patrick Cabanel, Les protestants et la République de 1870 à nos jours, Bruxelles, Complexe, 2000, ainsi que Le Dieu de la République. Aux sources protestantes de la laïcité (1860-1900), Rennes, PUR, 2003.
  • [45]
    Cité par J.-R. Treanton, op. cit., p. 334.
  • [46]
    Cité par Romain Vaissermann, « Gabriel Monod-Charles Péguy : vie et mort d’une amitié d’intellectuels. Extraits de leur correspondance inédite (1900-1911) », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle 2002/1, no 20, p. 113-128, citation p. 118-121.
  • [47]
    Aux termes de la lettre d’Élie Halévy à Florence Halévy, 22 avr. 1909, in Correspondance…, op. cit., p. 402.
  • [48]
    La Dépêche de Toulouse, 2 janv. 1908.
  • [49]
    Michel Hérody, Henri Guernut (1876-1943). Un défenseur des droits de l’Homme, député de Château-Thierry, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 9.
  • [50]
    BOLDH, 15 avr. 1913, rapport et citations p. 474-479. Voir aussi son intervention publique à ce congrès (BOLDH, 1er juil. 1913, p. 475-734). Il fait référence au décret du 3 février 1912 qui, au lendemain d’Agadir, instaure la conscription pour les indigènes musulmans algériens.
  • [51]
    T. Vonderscher, op. cit., p. 147 et s.
  • [52]
    E. Naquet, « La Ligue des Droits de l’Homme. De la défense de l’individu à la défense des peuples ? (1898-1919) », Lendemains, no 89, 1998, p. 14-27.
  • [53]
    Voir E. Naquet, « Entre justice et patrie : la Ligue des Droits de l’Homme et la Grande Guerre », Le Mouvement social, no 183, avril-juin 1998, p. 93-109 et « Guerre et droit. L’inconciliable ? L’exemple de la Ligue des Droits de l’Homme de l’avant à l’après 1914 », Mil neuf cent, revue d’histoire intellectuelle, no 23, 2005, p. 93-110.
  • [54]
    E. Naquet, « Victor Basch et la Ligue des Droits de l’Homme. Itinéraire d’un dreyfusard politique (1898-1940) », in Françoise Basch, Liliane Crips, Pascale Gruson (dir.), Victor Basch (1863-1944). Un intellectuel cosmopolite, préface Madeleine Rebérioux, Paris, Berg International Éditeurs, 1999, p. 123-138.
  • [55]
    En ce sens, le témoignage en creux de Célestin Bouglé : « La légende […] veut que notre collègue Basch et moi ne soyons pas toujours d’accord. La légende exagère » (CDH, 5 avr. 1920, p. 20).
  • [56]
    BOLDH, sept. 1916, p. 457.
  • [57]
    À l’arrière, Paris, Delagrave, 1916.
  • [58]
    BDH, 1er-15 mars 1919, p. 256. C’est en 1918 que Célestin Bouglé publie sa brochure « Qu’est-ce que le bolchévisme ? ».
  • [59]
    BOLDH, 1er-15 avr. 1917, p. 323.
  • [60]
    Lettre de Mathias Morhardt à Henri Guernut, 31 janv. 1923 (BDIC, Fonds LDH, F Δ Rés. 798/7). Voir E. Naquet, « La Société d’études documentaires et critiques sur la guerre. Ou la naissance d’une minorité pacifiste au sein de la Ligue des Droits de l’Homme », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 30, janvier-mars 1993, p. 6-10.
  • [61]
    BOLDH, 1er-15 juin 1917, p. 417-428, CDH, 10 nov. 1922, p. 527-528, 10 janv. 1926, p. 11, 10 fév. 1926, p. 59, 30 avr. 1926, p. 253-254. Sur le Bund Neues Vaterland : E. Naquet, « Parce que c’était elle, parce que c’était elle. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et la Ligue allemande des Droits de l’Homme. Quelques remarques sur deux organisations pacifistes et républicaines d’une guerre à l’autre », in Olivier Dard et Nathalie Sevilla (dir.), Le phénomène ligueur en Europe et aux Amériques, Metz, Centre régional universitaire lorrain d’Histoire, 2011, p. 43-58.
  • [62]
    CDH, 25 juin 1921, p. 267-269. Actif avec le littéraire Théodore Ruyssen et l’historien Alphonse Aulard, il considère que « le désir d’une solution juridique des conflits ne naît qu’entre parties qui déjà se sentent unies et ont des raisons de le rester » (cité par Serge Audier, La pensée solidariste. Aux sources du modèle social républicain, Paris, PUF, 2010, p. 336).
  • [63]
    En ce sens, lettres d’Henry Michel, 28 déc. 1900, et d’Élie Halévy, 27 déc. 1900, BnF-Richelieu, ibid.
  • [64]
    Serge Berstein, Histoire du Parti radical, t. 1, Paris, Presses de la FNSP, 1980, p. 85. Élie Halévy est hostile à la deuxième candidature : « Je ne te vois guère dans la politique. Si tu fais du « Millerandisme », tu feras donc du Doumerisme, puisque Millerand et Doumer ont partie liée. Si tu fais du Jaurésisme, tu glisseras dans l’Hervéisme, puisque Hervé est un des directeurs du parti Jaurès. Il n’y a rien de propre à faire en France » (lettre du 11 déc. 1905, Correspondance…, op. cit., p. 372). Ses campagnes sont étudiées par T. Vonderscher, op. cit., p. 159 et s. et p. 195 et s.
  • [65]
    Serge Bertsein, op. cit., p. 35 et s., Serge Paugam, « Introduction. Les fondements de la solidarité », in Serge Paugam, Repenser la solidarité, Paris, PUF, 2011, p. 5-28 et Marie-Claude Blais, La solidarité. Histoire d’une idée, Paris, Gallimard, 2007. La première édition du Solidarisme publié chez Giard et Brière est de 1907.
  • [66]
    Élu au comité central en 1918 et vice-président de 1927 à sa mort en 1932.
  • [67]
    « Syndicalisme et radicalisme », La Dépêche, 20 janv. 1907, ou encore « Les syndicats de fonctionnaires et les transformations de la puissance publique », Revue de métaphysique et de morale, sept. 1907. À côté de l’État arbitre, Célestin Bouglé, à la suite d’Émile Durkheim, refuse les syndicats de fonctionnaires mais admet les associations, à la condition qu’elles soient encadrées par un statut.
  • [68]
    Plus de 500 articles aux côtés de ceux de Georges Clemenceau, Jean Jaurès, Alphonse Aulard. Voir Thomas Vonderscher, op. cit., p. 172 et s. et Henri Lerner, ‘La Dépêche’, journal de la démocratie : contribution à l’histoire du radicalisme en France sous la Troisième République, Toulouse, Publications de l’Université de Toulouse Le Mirail, préface Jacques Godechot, 1978.
  • [69]
    CDH, 5 déc. 1920, p. 13-15.
  • [70]
    C. Bouglé, La Dépêche de Toulouse, 22 juin 1923.
  • [71]
    CDH, 5 avril 1920, p. 20.
  • [72]
    Aux côtés d’autres ligueurs comme Alphonse Aulard, Émile Borel, Justin Godart, Charles Richet, Théodore Ruyssen. Voir Gilles Le Beguec, « La Ligue de la République (1921-1924) », Modern & contemporary France, no 39, oct. 1989, p. 4-11 ; Anne-Laure Anizan, « La Ligue de la République, un pont entre socialisme et radicalisme », in Noëlline Castagnez et Gilles Morin (dir.), Socialistes et radicaux. Querelles de famille, Paris, OURS/Presses de Sciences Po, 2009, p. 63-82 et « La Ligue de la République et la modernité politique », in O. Dard et N. Sevilla (dir.), op. cit., p. 115-133.
  • [73]
    Le congrès national de 1926, Paris, LDH, s. d. [1927], p. 417.
  • [74]
    CDH, 25 juil. 1924, p. 351.
  • [75]
    Lettre à Célestin Bouglé, 16 déc. 1918 (BDIC, Fonds LDH, F Δ Rés. 798/4).
  • [76]
    CDH, 20 nov. 1924, p. 548.
  • [77]
    CDH, 10 janv. 1925, p. 6-10.
  • [78]
    CDH, 25 mars 1925, p. 157-158.
  • [79]
    V. Duclert, « ‘Il y a de l’or dans cette poussière’. L’intellectuel démocratique et la résistance aux tyrannies », Archives Juives, 2005/1, vol. 38, p. 11-42. Voir l’ouvrage d’E. Halévy, préfacé précisément par Célestin Bouglé, L’Ère des tyrannies. Essai sur le socialisme et la guerre, Paris, Gallimard, 1938, rééd. « Tel », 1990.
  • [80]
    Le congrès national de 1926, Paris, LDH, [s. d.] 1926, p. 245 et s.
  • [81]
    A. Policar, « Entre sociologie et philosophie : l’originalité de la pensée de Célestin Bouglé », Anamnèse, no 3, 2007, p. 85-103.
  • [82]
    Marco Bresciani et Diego Dilettoso, « Carlo Rosselli et les cultures françaises des années trente. Entre socialisme, antifascisme et tyrannies », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, 2013/1, no 31, p. 137-157, p. 150.
  • [83]
    Jean-Fabien Spitz, Le moment républicain en France, Paris, Gallimard-NRF, 2005.
  • [84]
    Carlos Miguel Herrera, « Un juriste aux prises du social. Sur le projet de Georges Scelle », Revue française d’histoire des idées politiques, 2005/1, no 21, p. 113-137, p. 127.
  • [85]
    E. Naquet, « L’affaire Dreyfus, entre héritages, champs d’expériences et horizons d’attentes pour la République », in Robert Belot (dir.), Tous républicains ! Origines et modernité des valeurs républicaines, Paris, Armand Colin, 2011, p. 39-48.
  • [86]
    Voir Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, thèse pour le de doctorat d’histoire sous la direction de Maurice Agulhon, Université Paris I, 1991.
  • [87]
    Lettre du 21 juil. 1907, in Correspondance…, op. cit., p. 391.
  • [88]
    Cécile Rol, « Sur la psychologie sociale de l’hostilité. Ou la dernière apparition de Georg Simmel sur la scène sociologique française », L’Année sociologique, 2006/1, vol. 56, p. 137-168, p. 154.
  • [89]
    L’Oeuvre, 14 fév. 1940 et « Bouglé, citoyen », in Célestin Bouglé 1870-1940, Paris, Imprimerie administration centrale, 1940, cité par T. Vonderscher, op. cit., p. 121.

Collection Ligue des droits de l’Homme, Bagneux-Malakoff-Montrouge

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Collection Ligue des droits de l’Homme, Bagneux-Malakoff-Montrouge

1Dans sa contribution sur la biographie en histoire politique publiée dans un livre-programme ou un ouvrage-bilan – c’est selon mais, quelle qu’en soit sa nature, un volume remarqué –, Philippe Levillain souligne, si ce n’est la défaite, à tout le moins, dans les années 1960-1970, le déshonneur d’un genre ramené à de « l’historiette » [1] par Jacques Le Goff et Pierre Nora. Cependant, aujourd’hui, au-delà des plaidoyers et des condamnations, les récits de trajectoire abondent avec, il est vrai, le pire qui côtoie le meilleur, telle ou telle figure ayant sa reproduction textuelle en pied, en buste, en gisant, avec même des portraits de groupe, selon des choix étonnants et même détonants.

2Qu’en est-t-il de Célestin Bouglé dans cette galerie des vénérables ancêtres, ce dreyfusard des origines, intégralement républicain, philosophe-sociologue, laïciste et solidariste, directeur du Centre de documentation sociale de l’ENS, puis de l’École et animateur de l’Institut international de coopération intellectuelle ? Qu’en est-il de ce savant engagé, dreyfusiste par excellence, et singulièrement à la Ligue des Droits de l’Homme (LDH), de 1898 à sa mort, en 1940, membre de son comité central de 1909 à 1927 et vice-président de 1911 à 1927 ? Comme d’autres, voilà un intellectuel quelque peu oublié par les historiens [2] – alors que les sociologues ont travaillé sur l’homme et sa pensée [3] –, et qui n’apparaît qu’aux détours d’approches sur d’autres acteurs, dont son « maître » Émile Durkheim. Là est le paradoxe mémoriel qu’incarne Célestin Bouglé, un visage et une voix pourtant essentiels dans le premier XXe siècle, à l’œuvre réflexive prolixe, novatrice et réactive, au réseau intellectuel qui dépasse le champ professionnel – c’est un passeur entre philosophes et sociologues –, avec des amitiés durables et fortes, aux sphères d’action variées, à la LDH [4] et à la Ligue internationale des droits de l’Homme (FIDH) [5]. Ce sont ces multiples facettes de clerc, à la fois libre et organique, comme cet itinéraire, avec ses postures et ses fonctions, qui donnent à Célestin Bouglé un profil de savant inscrit dans son temps, mais avec une richesse et une durée d’engagement rare, de l’affaire Dreyfus à la Seconde Guerre mondiale ; bref, un intellectuel total, et en même temps spécialiste. Car Célestin Bouglé n’apparaît jamais réductible : certes, il pense après et avec Léon Bourgeois, et développe une approche solidariste éloignée de tout socialisme marxiste ; certes, il agit pour la laïcité à la Ligue de l’enseignement, et contre la guerre à l’Association la Paix par le Droit et à l’Union des Associations pour la SDN ; certes, il se présente aux élections. Mais c’est bien sa défense des droits de l’Homme qui englobe sa vision d’une République sociale, et donne sens à l’ensemble de ses combats pour une démocratie ouverte et moderne, avec toutes les limites du politique au cœur de la politique.

Pour la justice et la vérité

31898. L’affaire Dreyfus bat son plein [6]. Des hommes de l’appareil d’État républicain (le vice-président du Sénat Auguste Scheurer-Kestner, l’ancien garde des Sceaux Ludovic Trarieux ou le député Joseph Reinach), des publicistes (Yves Guyot), des scientifiques (Émile Duclaux, successeur de Pasteur à l’Institut éponyme [7]) ou Mathieu Dreyfus n’arrivent pas à faire éclater la vérité [8]. Face aux errances de la République, des intellectuels quittent donc laboratoires et pupitres, chaires et écritoires, pour donner leur nom aux « protestations ». En l’occurrence, Célestin Bouglé, renseigné par son ami normalien Élie Halévy, « lui-même en liaison avec Bernard Lazare et Scheurer-Kestner » [9], signe le premier texte publié dans L’Aurore, légaliste et révisionniste par rapport à celui du Siècle. Celui du quotidien de Clemenceau n’évoque pas le nom de Dreyfus et se contente d’une brève condamnation : « Les soussignés, protestant contre la violation des formes juridiques au procès de 1894 et contre les mystères qui ont entouré l’affaire Esterhazy, persistent à demander la révision ». A contrario, Le Siècle, dirigé par le libéral Yves Guyot, affirmant représenter « la définition de la liberté, de la propriété, de la légalité, de la paix sociale, de la patrie contre l’anarchie, contre la tyrannie socialiste, contre le collectivisme, contre la guerre sociale et contre l’internationalisme révolutionnaire », en appelle à l’État de droit et extrapole : « Les soussignés, frappés des irrégularités commises dans le procès Dreyfus de 1894 et du mystère qui a entouré le procès du commandant Esterhazy, persuadés d’autre part que la nation tout entière est intéressée au maintien des garanties légales, seule protection des citoyens dans un pays libre, étonnés des perquisitions non moins illégales attribuées à ce dernier officier, émus des procédés d’information judiciaire employés par l’autorité militaire, demandent à la Chambre de maintenir les garanties légales des citoyens contre tout arbitraire ».

4Célestin Bouglé convainc alors Lucien Foubert, agrégé d’histoire, de signer avec lui la première des pétitions, un second collègue, resté inconnu, retirant finalement son nom « en déclarant sa bonne foi surprise ». Il faut dire que les deux enseignants reçoivent une « pluie d’avanies » et que « cela pleuvait ferme », « l’épithète de sans-patrie étant la plus anodine des injures qu’on nous réservait » [10]. La coupure dans les communautés familiales [11] ou amicales, intellectuelles ou professionnelles maintes fois évoquée, Célestin Bouglé l’a vécue et racontée également [12]. Toujours est-il qu’une génération d’intellectuels de 25-35 ans, que l’on retrouvera quelques mois plus tard à la LDH, appose sa signature : l’écrivain Jacques Bizet, le poète et critique Fernand Gregh, l’universitaire André-Ferdinand Herold, le publiciste Pierre Quillard, le poète Georges Pioch, le juriste et économiste Charles Rist, les normaliens Lucien Herr et Charles Andler, l’homme de lettres Mathias Morhardt ou le publiciste Francis de Pressensé. Mais Célestin Bouglé ne fait pas qu’ajouter son nom sur une pétition ; après l’Affaire, une fois à Paris – il est encore à Saint-Brieuc quand il la signe –, il participe à des salons dreyfusards [13]. Certes, il notera a posteriori leur influence déclinante dans la France de ce premier vingtième siècle, « parce que la vie publique déborde les milieux mondains et qu’elle se crée d’autres organes que les salons. Elle a les clubs. Elle a les cafés ou “salons de la démocratie” », tout en soulignant le rôle que « des maîtresses de maison brillantes continuent à exercer ». Et d’évoquer l’esthétique dans celui d’Aline Ménard-Dorian : « On fit de la musique, et de la meilleure. Et l’art tint une place d’honneur […]. Les murs en peuvent témoigner, qui sont couverts de merveilles, que plus d’un musée leur envierait. Artiste jusqu’au bout des doigts – de ces doigts fuselés qui si souvent manièrent eux-mêmes la pâte – Mme Ménard-Dorian aimait à s’y entourer de tableaux, de dessins, de sculptures des meilleurs maîtres contemporains, dont beaucoup furent ses amis : on sait, en particulier, quelle sympathie l’unissait à Carrière, qui fit d’elle un portrait exquis ». Mais le salon d’Aline Ménard-Dorian était aussi politique : « Elle vous convoquait non pour rêver, mais pour agir, pour préparer une action sans cesse élargie. Elle aurait maudit l’art si elle n’avait dû y voir qu’un moyen pour s’évader de la réalité présente, d’oublier l’humanité » [14].

5Si Célestin Bouglé a pu relever de cette agora des élites et cultiver une vraie sociabilité [15], il s’investit surtout dans la création de la LDH, en plein cœur du procès Zola. Son premier et très provisoire secrétaire général, Jean Psichari, est soutenu par le directeur de la bibliothèque de l’ENS, Lucien Herr, par Léon Blum, par le fils du compositeur de Carmen, l’écrivain Jacques Bizet, par Daniel et Élie Halévy, Paul Passy et Célestin Bouglé [16]. Ainsi Élie Halévy intègre-t-il avec son frère « la Ligue dont tu [Bouglé] me parlais “pour la défense des droits du Citoyen” », précisant : « Nous adhérerons à n’importe quoi ». À ses yeux, il « est urgent de donner au public l’impression d’une agitation ininterrompue ». Célestin Bouglé est aussi sollicité par Paul Lapie, connu à Henri IV, qui lui demande si Émile Durkheim lui a bien envoyé les statuts [17]. Reste que cette question de la visibilité du dreyfusisme dans l’espace public taraude également un Bouglé qui se sent bien seul à Montpellier malgré le « comité » fondé, s’interroge sur une possible réunion en dehors de son milieu et se demande si Ludovic Trarieux est la personne adéquate pour prendre la direction de la LDH [18].

6L’engagement n’est pas sans risque. Dans une autre lettre est évoquée « l’exécution de Grimaux » qui doit abandonner son enseignement, un « comble » et un « défi » [19]. Par son article dans La Revue de Paris sur « l’Université et la Justice », Célestin Bouglé met en exergue la mission de « l’Université [qui a] pour charge de répandre […] l’esprit scientifique, l’esprit légal, l’esprit moral » et « [qui] n’a été, en protestant, que logique et conséquente avec sa raison d’être » [20]. Mais si dans ce combat le sociologue retrouve son maître Émile Durkheim, les universitaires dreyfusards rencontrent nombre de déceptions, comme en témoigne Célestin Bouglé à Élie Halévy, qui le rapporte à Léon Brunschvicg [21]. Il faut en effet attendre l’automne 1898 pour que, à l’initiative en particulier de la LDH, Paris devienne « admirable, avec ses curieuses et belles réunions publiques […]. Le cours d’ouverture de Ferdinand Buisson, il y a huit jours, offrait un beau spectacle » [22]. Quarante ans plus tard, Célestin Bouglé raconte – ou reconstruit ? – son arrivée à Montpellier après les deux ans passés au lycée de sa ville natale, Saint-Brieuc. Il vient d’y être nommé maître de conférences à la Faculté des lettres « pour assister le doux et charmant Gaston Milhaud (qu’on appelait le philosophe amphibie parce qu’il était passé des sciences aux lettres) ». Il y trouve « les appuis moraux les plus précieux », enseignants de Lettres, de Sciences, en Droit et au lycée qui étaient « presque tous groupés hors leur ville, dans le quartier de la Pierre-Rouge […] dans un parc rassemblant des maisonnettes sous les pins qu’on appelait l’Enclos Laffoux et que bientôt, naturellement, toute la ville appela l’Enclos Dreyfus ». Dans une héroïsation retrouvée sous d’autres plumes, Célestin Bouglé évoque parmi ces « esprits lucides et cœurs purs », « Max Bonnet, latiniste hors classe, émule de Havet, une tête de lion, éclairée par des yeux bleus d’une douceur inattendue ; Georges [Gaston ?] Meslin le physicien, dont la figure semblait aiguisée comme son esprit, précis, net, tranchant, redoutable dans la discussion ; Jules Bourniol, l’historien fougueux, dont l’argumentation pressante nous entraînait comme un torrent ; Charmont enfin, le juriste, l’auteur de la Renaissance du Droit naturel, Charmont, la modestie, la discrétion, la timidité faite homme, que la passion de la justice devait faire sortir de ses gonds […]. Bientôt le plus mal vu, d’ailleurs, le plus méthodiquement visé de tous. Car si Milhaud était juif et Bonnet protestant, Charmont était catholique classé, respecté comme tel dans tout le vieux Montpellier ». Il connaît et reconnaît aussi ses héros/hérauts : « On ne lui pardonnait pas de tenir tête à la coalition qui était en train de se nouer, entre l’état-major de l’Église et celui de l’Armée. Il releva le défi, prit notre tête, devint notre président. Je le vois encore, lui qui n’eût aimé que s’effacer, se faire oublier, acceptant en effet la présidence du premier meeting que nous avions organisé et se faufilant à la tribune, tout étonné de s’y voir, mais bientôt faisant face au tumulte » [23].

7Car les réunions publiques sont autant d’affrontements, et pas uniquement rhétoriques. Le futur deuxième président de la LDH n’a pas ménagé de sa personne, comme le raconte Célestin Bouglé : « C’était Pressensé qui parlait : Pressensé de retour d’Aix, où il avait été mis assez mal en point par les matraqueurs. “Allez-y, leur criait-on, frappez sur la tête blanche”. La tête blanche, les yeux fermés, les bras croisés, immobile comme une statue – comme la statue d’un commandeur qui aurait personnifié la révolte de la conscience – Pressensé parlait, inébranlable, imperturbable, intarissable. Les démonstrations se succédaient sans arrêt, sans transition, pour la stupeur du public. Parfois une ironie, un coup de patte en passant. Je me souviens de cette petite phrase, allusion à Picquart, je pense : “Un colonel qui avait une conscience, ce qui est rare”. Ce fut l’occasion d’une belle houle dans la salle. […] Ce soir-là, nous avions […] mis dans nos chapeaux, en prévision de coups sur la tête, des mouchoirs tampons… ». Conférence préparée de longue date : « Depuis trois jours, mes codreyfusards et moi, nous sommes préparateurs de réunions publiques […]. Les autres guetteront et cogneront (soyons populaires). C’est là qu’on va voir dans le blanc des yeux les antisémites. J’ai embrigadé mes étudiants qui ont embrigadé des ouvriers. Il est à craindre cependant que les autres soient mieux “organisés” que nous » [24]. Le publiciste Francis de Pressensé, le poète Pierre Quillard, le journaliste Georges Bourdon, l’écrivain Octave Mirbeau, le socialiste Jean Jaurès ne sont pas les seuls à parcourir les villes : Célestin Bouglé prend par exemple la parole à Cette (Sète), à Béziers, à Toulouse, à Nîmes [25]. Il se rend aussi « dans les villages et dans les villes », multipliant les « petites réunions », car il « fallait battre le fer ». C’est ainsi que « les professeurs de l’Enclos Laffoux devinrent des commis-voyageurs en conférences, allant dans tous les coins du département, à travers vignes et garrigues, porter la bonne nouvelle ». Et Célestin Bouglé d’ajouter : « Avec quelle tendresse quasi paternelle, d’un regard à la fois inquiet et fier, me couvait Charmont le président, lorsque, benjamin de la bande, dans les granges comme dans les théâtres, je dénonçais avec la véhémence de la jeunesse les manœuvres obliques de l’État-major ou les sophismes des Antisémites » [26].

8Cet effort permet de pérenniser l’association face à l’opposition et à la concurrence. C’est le sens de la lettre d’Élie Halévy à Célestin Bouglé du 1er janvier 1899 : « Ne te lasse pas de faire de la propagande pour la Ligue des Droits de l’Homme : il lui faut, numériquement, plus de membres qu’elle n’en a. La nouvelle et hypocrite Ligue de la Patrie française (la ligue des mufles après la ligue des poires) nous justifie et doit nous stimuler. Nous avons, je crois, 6.000 membres ; il en faudrait 10.000 » [27]. Cet effort est inséparable du soutien de socialistes et d’anarchistes souligné par Célestin Bouglé et confirmé par Lucien Mercier : « Un petit groupe d’étudiants socialistes de Montpellier, déjà en relation avec les ouvriers de la Bourse, sollicite vers 1898 quelques professeurs pour des causeries hebdomadaires. Le sociologue Célestin Bouglé, nouvellement promu dans cette ville, répond favorablement » [28].

9De la même manière que pour d’autres sections, celle de Montpellier dépend de l’écosystème local et est inséparable du mouvement général des « UP », justifié ainsi par Célestin Bouglé : « La plupart des dreyfusards tenaient à honneur de prouver qu’ils s’étaient mobilisés, non seulement pour la défense d’un homme, mais pour celle de la justice, et qu’ils avaient à cœur, non seulement la justice légale, mais la justice sociale ». Il s’agit, selon le sociologue sollicité par la Bourse du Travail, de « rapprocher intellectuels et manuels » sous la houlette de « Planchon, de la Faculté de Pharmacie, figure souriante et comme épanouie, connu et aimé de tous les viticulteurs de la région, et aussi fameux pour sa jovialité méridionale que pour son courage tranquille ». Mais l’intellectuel qui, au départ, traite d’Ibsen, d’Hugo, de la poésie des « temps modernes », de l’art en général ou de l’astronomie, présente ensuite le socialisme à un public d’ouvriers « ignorants de cette science » [29]. Il est conscient du caractère élitiste d’un recrutement composé de « quelques ouvriers menuisiers ou cordonniers, et de bon nombre de petits bourgeois », même si le succès a pu être au rendez-vous, comme il l’écrit à sa mère, grâce clairement à ses talents d’orateur [30]. On est loin de sa brochure, destinée à la publication, où il dit avoir croisé des « égaux et frères, tant il est vrai que le souci désintéressé de la vérité et de la justice suffit à engendrer une égalité et une fraternité intimes » [31].

10De fait, ces convergences politiques et ces confluences intellectuelles apparaissent dans son cursus honorum : parmi les membres de son jury de thèse, il y a trois dreyfusards et ligueurs, le pédagogue Ferdinand Buisson et les philosophes Lucien Lévy-Bruhl et Gabriel Séailles [32]. Surtout, le philosophe-sociologue prend de l’importance au sein de la LDH, pas encore dans son organigramme. S’il est peu délégué par le comité central – une seule fois, en 1903, pour une conférence à Mazamet –, il est omniprésent dans la région, constamment en butte au journal du monarchisme nationaliste L’Express du Midi, à tel point qu’Élie Halévy lui conseille de se ménager [33]. Sa conférence sur « le bilan des ligues » illustre son inscription dans l’action : « Nous avons voulu sauver non des hommes seulement, mais des idées. Force nous était donc d’adjoindre à notre action judiciaire une action plus générale, et de nous mêler à la vie politique », quitte à s’opposer, précisément pour des raisons politiques, à la direction de la LDH [34].

La liberté de conscience

11En 1903, le président fondateur de la LDH, l’ancien garde des Sceaux Ludovic Trarieux [35], républicain modéré, est remplacé par un autre éminent dreyfusard, proche de Jean Jaurès, Francis de Pressensé [36]. Or, Célestin Bouglé n’est pas socialiste, à la différence de nombre de durkheimiens [37]. Surtout, promouvant une vision éthique de la LDH, il critique le sommet de l’association lors de « l’affaire des fiches ». Qu’en est-il ? Le 28 octobre 1904, le député nationaliste Jean Guyot de Villeneuve interpelle à la Chambre le gouvernement du Bloc des gauches, révélant qu’un proche collaborateur du général André, le commandant Cuignet, a mis sur pied un dispositif permettant de mesurer le degré de républicanisme des candidats à une promotion professionnelle grâce aux informations transmises par le Grand-Orient. Il s’agit bien pour le pouvoir, dans le cadre du combisme, d’épurer la « Grande Muette » à un moment où le Bloc des gauches est en difficulté. Face à cette « délation dans l’armée », le comité central met quatre semaines pour se positionner, et il le fait parce que Charles Rist, président de la section de Montpellier et gendre de Gabriel Monod, le pasteur Louis Comte, secrétaire de la section stéphanoise et apôtre du christianisme social, et Célestin Bouglé le sollicitent. Ce dernier est l’un des plus sévères, qui dénonce un comité central considéré comme « parisien, c’est-à-dire penché sur l’action du moment », et une LDH qui risque de devenir « une annexe de la franc-maçonnerie ». Pour lui, elle doit se placer « au-dessus des partis », œuvrer « pour le relèvement de la moralité publique », pointant le rôle d’un des dreyfusards fondateurs de la LDH, le sénateur de l’Ariège Auguste Delpech.

12En réponse, Francis de Pressensé se place non pas sur le terrain éthique mais dans une perspective politique, contre les « nationalistes » qui « ont feint de croire qu’il y avait là le dossier monstrueux d’une inquisition maçonnique », « l’ont fait croire à quelques esprits droits », et « n’ont eu ni un mot ni un geste pour protester contre les pires scélératesses de l’affaire ». Le président met à part ceux qui, « fidèles à l’inspiration généreuse de nos débuts […] ont gardé au cœur la flamme vivante de l’idéal, tous ceux qui ont vu dans l’Affaire comme le point de départ d’une vie nouvelle ». Mais il en tire les conclusions en termes d’organisation : « Si ces messieurs n’acceptaient pas ces explications et donnaient leur démission, nous leur exprimerions tout le regret que nous éprouvons à les voir secouer sur la Ligue la poussière de leurs pieds » [38]. De fait, Francis de Pressensé plaide la continuité idéologique d’une LDH dont la Déclaration a été la « règle » et la « loi » et, s’il a des regrets, c’est « non d’avoir vu partir certains, dont la place n’était plus [dans l’association], mais de se trouver en divergence avec quelques hommes dont il respecte l’opinion autant qu’il leur demande de respecter la sienne ». Il est vrai qu’un des grands dreyfusards et fondateurs de la LDH, le député des Basses-Alpes Joseph Reinach, quitte la Ligue, suivi de Léon Bourgeois et de l’ancien ministre radical des Colonies Paul Guieysse, pourtant retenu un temps par Célestin Bouglé [39]. Quelques jours plus tard, la crise resurgit avec la publication d’un texte là encore très « protestant », aux deux sens du terme, signé par Célestin Bouglé, Max Bonnet, Jules Charmont, Gaston Milhaud, Gaston Meslin, Albert Vigié, Étienne de Rouville, Hyacinthe Loyson et Jean Appleton. Ceux-ci « regrettent que le comité central n’ait pas cru devoir désavouer par une délibération formelle les pratiques de délation incontestablement introduites dans l’armée, et qu’il ait paru ainsi préférer des intérêts politiques momentanés à l’intérêt permanent de la République et à la défense des droits de l’Homme » [40]. À la vérité, laLDHa condamné le système des fiches lors de son congrès de 1904, mais l’affaire pose la question de la liberté d’opinion et la majorité de la direction, derrière Francis de Pressensé, demeure dans une posture politique, la défense des officiers républicains dans la suite de la révolution dreyfusienne. Au-delà de cette « crise de conscience », l’association renoue avec le dynamisme. Le signe ? Si Célestin Bouglé participe au plan du « dossier » monté par Charles Péguy notamment contre la LDH, il demeure dans l’association [41]. Et cela, malgré d’autres différends lors de l’élaboration et du vote de la loi de Séparation des Églises et de l’État.

13Sans revenir sur le travail de Francis de Pressensé et le rôle de Ferdinand Buisson sur cette disposition législative qui suit l’Affaire et les lois des 1er juillet 1901 sur les associations et du 7 juillet 1904 sur l’interdiction d’enseignement aux congrégationnistes [42], précisons que l’assemblée générale de la LDH du 30 mai 1903 avait soutenu la proposition de Francis de Pressensé, parce que « la séparation des Églises et de l’État est le complément nécessaire et la garantie suprême de l’œuvre de laïcité de la Révolution française » [43]. Clairement, deux conceptions de la place et de la fonction de la Ligue et de la liberté de conscience s’affrontent. Ainsi, le 28 juin 1903, plusieurs dirigeants de l’association dont de nombreux protestants écrivent au vice-président, Louis Havet – Ludovic Trarieux est déjà très malade – pour exprimer leur « vive émotion » quant à l’immixtion de la LDH « dans la lutte politique quotidienne ». À leurs yeux, « elle n’a pas […] à se prononcer en faveur de telle ou de telle loi sur la séparation des Églises et de l’État ou sur l’impôt sur le revenu, ou sur les restrictions à apporter au droit d’association par suite de la lutte contre le cléricalisme » [44]. Les dirigeants majoritaires répondent que « la Déclaration des Droits, en mettant à la base de notre droit public la liberté de conscience, a condamné non seulement le régime des Églises d’État, mais un régime concordataire ». Ils considèrent que c’est « attenter à la liberté de conscience que d’obliger les citoyens à contribuer à l’entretien de confessions » ; qu’en conséquence, la Ligue a non seulement le droit mais le devoir d’achever « l’œuvre de la révolution » et de laïciser la société ». Quelques années avant, Élie Halévy avait écrit à Célestin Bouglé : « Pas à pas, la laïcisation de la société s’accomplit, et je croyais que, de cela, nous étions d’accord pour nous réjouir. Mais tu veux que cela se fasse par évolution spontanée, sans intervention gouvernementale. Pourquoi ? Est-ce parce que tu crois la méthode plus sûre ? Ou bien, au fond, parce que tu n’as pas tout à fait envie que cela se fasse ? Connais toi toi-même » [45]. Et le 29 décembre 1904, c’est l’historien et protestant Gabriel Monod qui cherchera encore et longuement à raisonner Célestin Bouglé, lui disant que la LDH a encore un mandat civique [46].

Entre guerre et paix

14Ces divergences n’empêchent pas le sociologue de progresser dans la hiérarchie ligueuse : candidat proposé par le comité central en 1909, cet « encombré d’engagements universitaires et politiques, pessimiste et joyeux » [47], est élu avec Jean Appleton et devient vice-président en 1912. Il faut dire qu’il rejoint la critique contre Georges Clemenceau : « À l’heure où s’est formé le ministère, le grand ministère, comme nous disions, il semble bien qu’on attendait plus et mieux. Avouons-le. Tout le monde l’avoue. Même chez les “amis”, le désappointement se cache mal. On se demande avec inquiétude si la législature ne restera pas, en effet, en dessous du suffrage universel » [48]. Cette ascension au sein de l’organisation est visible dans son influence, sans doute avec l’historien Charles Seignobos – qu’il a connu comme jeune agrégé lors d’un voyage en Allemagne – et l’économiste Charles Gide, dans la nomination d’Henri Guernut comme secrétaire général en 1912 [49].

15Au vrai, après cette opposition de principe, le poids de Célestin Bouglé au sein de la majorité ne cesse de s’accroître. Il est ainsi de la commission mise en place sur le statut des indigènes en Algérie qui aboutit au rapport de l’avocat socialiste Marius Moutet. Relevant de la pensée de la gauche à cet égard, refusant d’opposer « l’existence des principes à l’existence des colonies », le sociologue reconnaît la colonisation comme « un fait probablement indispensable, et sûrement inévitable », mais veut « insérer progressivement le plus de justice ». Il suggère ainsi « une politique d’association qui, sans brusquer les us et coutumes des indigènes, par le seul accroissement de leurs puissances intellectuelles et économiques, les rende de plus en plus capables d’user eux-mêmes de nos lois en même temps que de nos méthodes ». Tout en reconnaissant « la diversité des circonstances et des différents “âges” de nos colonies » et « l’immensité de la tâche », il en appelle néanmoins à une libération civique de l’ensemble des êtres d’Algérie à qui l’on demande de « payer l’impôt du sang » dans cette colonie qui est « la plus proche […] [et] aussi l’une des plus étendues et des plus anciennes de nos colonies » [50]. Mieux : après avoir été parmi les critiques du tsarisme en Russie [51], il est en première ligne lors des débats de 1913 sur la loi Barthou qui porte à trois ans le service militaire, face au réarmement allemand et au lendemain des crises internationales. Il appose ainsi dans L’Humanité du 13 mars 1913 son nom aux côtés de ceux d’Anatole France, de Charles Seignobos, de Léon Brunschvicg, d’Émile Durkheim, de Félicien Challaye, de Lucien Herr, de Lucien Lévy-Bruhl. Puis, lors du congrès de la LDH au Havre qui porte sur « l’affolement militariste », il se montre favorable à une armée forte et formée, mais hostile à la guerre, contre ceux qui, comme le professeur d’histoire et futur secrétaire général de la LDH Émile Kahn, récusent une loi inefficace, et contre les droites nationalistes. Il insiste donc sur « la pression militaire, là-bas, de l’autre côté de la frontière » et, refusant de condamner le projet, souhaite plutôt une application complète de la loi de deux ans. Ce positionnement médian s’explique par les poussées socialiste et syndicaliste dans les sections, influencées par le pacifisme internationaliste, et donc par les départs de modérés : depuis 1909, la LDH a vu le nombre de ses membres passer de 88 932 à 48 217 et celui de ses sections de 870 à 639 [52].

16Reste que la Grande Guerre rebat les cartes pour une association dirigée après la mort de Francis de Pressensé par Ferdinand Buisson qui a voté la loi de trois ans [53]. Aucun des vice-présidents ne se porte candidat, ni Justin Sicard de Plauzoles, ni Émile Glay, ni André-Ferdinand Herold, ni Célestin Bouglé, élu à ce poste en 1911 après avoir été adoubé au comité central en 1909. Il faut dire aussi que c’est Ferdinand Buisson qui, avec Émile Duclaux et Louis Havet, a assumé la direction de la Ligue pendant la maladie de Ludovic Trarieux. Pourquoi Buisson et non pas Bouglé ou Basch [54] qui participent aux meetings en l’honneur du disparu ? C’est Victor Basch qui a présenté la candidature de Ferdinand Buisson, ce protestant libéral et laïque, proportionnaliste et féministe, député radical de la Seine depuis 1902, souvent en délicatesse avec son parti, qui se rapproche alors du socialisme tout en entretenant des relations complexes avec les socialistes. Osons l’interprétation suivante : Ferdinand Buisson, outre ses qualités et son parcours personnels, est choisi comme personnalité du juste milieu, entre Victor Basch et Célestin Bouglé [55]. Toujours est-il que la Grande Guerre touche l’association, y compris son sommet. Célestin Bouglé, déclaré inapte au service militaire en 1890, est envoyé à sa demande comme ambulancier en octobre 1914 [56]. Il fait part de son expérience sous le pseudonyme de Jean Breton [57]. Puis, à Paris, il prend une part à l’action de vigilance de la LDH lors des Révolutions en Russie. Il est ainsi des plus assidus à la commission d’enquête montée après Octobre-17, qui reçoit témoins et documents. Mais alors que Victor Basch ou Émile Kahn souhaitent continuer l’enquête, Célestin Bouglé pousse à son arrêt. La LDH se déclare l’adversaire du bolchevisme, même « comme système au moins provisoire de gouvernement par la minorité », tout en condamnant une quelconque intervention militaire alliée [58]. Célestin Bouglé appartient également à la majorité de la direction favorable à l’Union sacrée, s’affrontant avec le pacifiste Mathias Morhardt qui lui rétorque, en février 1917, quand le sociologue affirme que « la parole est maintenant au canon » : « La Ligue n’a pas à jeter des coups de clairon » [59]. Il faut dire que Célestin Bouglé n’est pas favorable au maintien des thèses pacifistes au comité central et demande la démission de Mathias Morhardt et la dissolution du groupement d’opposition [60].

17Constamment réélu, Célestin Bouglé travaille par ailleurs à l’internationalisation des droits de l’Homme. Il visite ainsi la Ligue espagnole des droits de l’Homme en 1917, tente la transformation de l’Union of Democratic Control en ligue anglaise, participe à la création de la ligue tchécoslovaque, se rend outre-Rhin avec Aline Ménard-Dorian pour soutenir la ligue allemande, parcourt le Maroc [61]. Au surplus, il s’active à la FIDH, appartenant à sa commission politique dès 1926. Bref, un Bouglé militant du pacifisme juridique comme le montrent sa participation à la direction collégiale de l’Association de la paix par le droit, sa présidence du Comité de la paix par l’éducation puis son travail au sein de la commission « Droit des minorités » de l’Union des associations pour la SDN [62]. Mais ce pacifisme n’empêche pas la fermeté. Ainsi, au congrès de Strasbourg de 1920, Célestin Bouglé pousse au paiement par l’Allemagne des réparations. Selon lui, « soutenir que les imperfections du traité sont dues à la bêtise ou à la volonté d’injustice des dirigeants de la France » correspond à « des affirmations dangereuses, fausses, injustes ». Dans ce « compromis conforme à la stricte justice », qui aurait été beaucoup plus « dur » si l’Allemagne avait été victorieuse, il n’y a eu « ni volonté d’annexion, ni volonté d’annihilation », car Georges Clemenceau n’avait pas la volonté « de détruire l’Allemagne », mais « seulement la mettre dans l’impossibilité de recommencer son agression de 1914 qui renouvelait celle de 1871 ». Et d’ajouter, sous les applaudissements : « On travaillerait beaucoup mieux si on donnait à l’Allemagne l’impression que sur un certain nombre de points essentiels du traité, […] l’opinion française est irréductible. […] Il faut faire comprendre aux Allemands qu’ils doivent changer d’attitude […].Ce qui manque à la paix du monde, c’est, de la part de l’Allemagne, une volonté loyale d’appliquer le traité qu’elle a signé. Nous ne pourrons songer à la révision, tant qu’elle n’aura pas fait preuve de bonne volonté dans l’application des clauses qui ont commencé à jouer ».

Pour une démocratie renouvelée

18Candidat – il a été sollicité et a beaucoup douté – [63] à l’investiture lors d’une législative partielle en 1901, à Nîmes, mais écarté au profit du juriste Charles Mourier, bien implanté et qui sera battu, le « radical » Célestin Bouglé échoue à nouveau, cette fois aux législatives en Haute-Garonne en 1906, puis à Paris en 1914 et en 1924 – ce qui montre que sa candidature est plus que « de principe » [64]. Loin d’être un homme de « l’appareil » radical, même si ses campagnes, difficiles, le montrent très politique – il insiste sur l’impôt sur le revenu, sur la Séparation –, moins solidariste que radical et socialiste, il est l’un des penseurs non du Parti radical, mais du radicalisme. Après la publication de Solidarité en 1897 par Léon Bourgeois, premier ensemble théorique, il a lui-même rédigé en 1907 un ouvrage de vulgarisation intitulé Le Solidarisme[65]. Visant à proposer un consensus dépassant libéralisme et marxisme, s’appuyant notamment sur les travaux d’autres ligueurs, d’Émile Durkheim à Charles Gide [66], le « psychologue social » réfléchit sur les conflits entre l’individu et la société, le rôle des corps intermédiaires – associations, syndicats, coopératives –, la place des droits, du contrat, de l’État [67]. Autant de propositions que l’on retrouve aussi, au-delà des textes de circonstance, dans ses nombreux articles de La Dépêche, à laquelle il collabore partir de 1906 ou de la Revue bleue[68].

19L’après-guerre, à la suite des Révolutions et alors que la guerre civile en Russie n’est pas achevée, est marqué en France à la fois par une effervescence révolutionnaire et une droitisation du paysage politique après l’élection de la Chambre bleu horizon. La scission au sein de la SFIO est à l’ordre du jour après la naissance de la IIIe Internationale. Or, au sein des gauches en recomposition, la LDH, redevenue une force numérique avec près de 88 000 membres revendiqués fin 1919, est sollicitée par le leader de la CGT, Léon Jouhaux, pour participer à des manifestations communes avec la SFIO ; Célestin Bouglé appuie cette demande [69]. Mais en 1920, Célestin Bouglé affirme son souci de l’État de droit quand des rumeurs de dissolution de la CGT et d’arrestation de syndicalistes se font menaçantes : il souhaite défendre la légalité « aussi bien contre les abus du Gouvernement que contre les abus éventuels de certains syndicalistes ». Dans le même registre, quand il faut tirer les conséquences des 21 conditions posées par Moscou, il pousse à une clarification, ne serait-ce que parce qu’il témoigne des pratiques d’obstruction des militants communistes à l’occasion des meetings organisés par la LDH [70]. Cependant, la posture a-organique de Célestin Bouglé par rapport au Parti radical ne l’empêche pas d’agir dans l’ombre associative. Paul Painlevé atteste ainsi du rôle de Célestin Bouglé pour la réélection de Ferdinand Buisson à la Chambre des députés après le conflit [71] et l’on connaît son adhésion à la Ligue de la République, cet interstice politique de gauche [72]. Là réside sans doute l’ambiguïté de Célestin Bouglé car, parallèlement, il fait adopter l’incompatibilité des fonctions gouvernementales avec celles de membre du comité central [73]. En son sein, malgré son autorité reconnue face à un Buisson qui « possède si complètement cette qualité [la tolérance] qu’il lui arrive souvent d’essayer de comprendre surtout ses adversaires » [74], Célestin Bouglé n’est pas choisi en 1926 pour la présidence de la LDH. De toute évidence, sa candidature et celle d’Alphonse Aulard ont retardé l’élection de Victor Basch qui, au demeurant, a plusieurs fois marqué ses désaccords avec la direction collégiale de l’association par des démissions ou des absences : son accession à la direction prend dix semaines, ce qui fut loin d’être le cas de ses prédécesseurs. Célestin Bouglé a-t-il œuvré pour gêner le bouillonnant Victor Basch ? On pourrait le croire à travers cette correspondance, antérieure de six ans, mais décrivant un Célestin Bouglé diplomate voire manœuvrier. Tel est le sens de la confidence d’Henri Guernut à l’intéressé : « Je voulais bien que Basch, qui est un homme extrême, m’appelât Machiavel ou Metternich ; entre nous, cela m’amusait. Mais ce que je vais vous confier vous fera rire. Je serais désolé d’avoir auprès de vous la même réputation. Vous savez bien que de nous deux, le malin, le souple, le renard, comme vous aimez à dire, vous savez bien… que ce n’est pas moi » [75]. Quoi qu’il en soit, après qu’en Henri Guernut ait été poussé au secrétariat général, le trésorier général choisi en 1928 est un de ses élèves. Mais cet échec entraîne son retrait de la vice-présidence – ou son renvoi, sachant que c’est le président qui choisit les vice-présidents… Au reste, il n’assiste plus au comité central à partir de 1927.

20Toujours est-il que, co-président avec Justin Sicard de Plauzoles de la commission de la LDH sur les assurances sociales, il s’inscrit pleinement dans la réflexion d’une association qu’il présente comme un « superministère qui surveille et contrôle les ministères officiels », constituant « une société d’assurances mutuelles contre l’injustice », s’attachant à « la besogne urgente […] de garantir, pour tous, le droit à la Vie, le droit au Travail – ajoutons le droit au Repos, sans lequel le Travail dévore la Vie… » [76]. Mais pas seulement. Définissant la liberté à la fois comme « le maximum d’indépendance » et « le pouvoir de contrôle politique », il ajoute que « l’indépendance civile, et aussi bien la puissance politique, n’est qu’un vain mot pour celui qui est dénué de toute espèce de puissance économique », allant jusqu’à convoquer Jean Jaurès : « Comme vous le savez, on oppose quelquefois individualisme et socialisme, et on nous dit : “Vous, Ligue des Droits de l’Homme, vous êtes normalement, logiquement, du côté de l’individualisme”. Or, nous refusons de choisir entre ces deux tendances, nous disons que l’une se complète par l’autre et que, selon la parole de Jaurès : “Le socialisme, mais c’est l’individualisme, seulement logique et complet” » ; bref, un individualisme démocratique, un individualisme universaliste ; bref, un socialisme libéral [77].

21Mais cette ouverture peut être crispation : la question de l’immigration économique est posée à une France en dénatalité, en reconstruction et en reconversion. La LDH s’interroge alors quant aux critères d’admission des étrangers et Célestin Bouglé propose, par souci d’intérêt national et de défense des ouvriers français des contingentements, face à un Victor Basch, choqué. Le sociologue craint, en effet, la formation « d’îlots » d’étrangers qui viendraient avec « des desseins politiques » pour « chambarder méthodiquement toutes nos institutions » [78]

L’analyse des totalitarismes

22L’apport de Célestin Bouglé à la réflexion collective de la LDH sur la crise du régime parlementaire est important. Il est de ceux qui entendent dépasser la simple mission dénonciatrice de l’association pour en faire une force d’analyse et de propositions, en lien avec la Société française de philosophie et les contributions d’Élie Halévy, de Marcel Mauss, de Dominique Parodi, de Maurice Blondel ou de Raymond Aron [79]. Ainsi, reprenant les reproches des Gentile et autres Rocco selon lesquels la doctrine des droits de l’Homme est un atomisme qui fait de la société une poussière d’individus, le philosophe-sociologue critique le « grand organisme » fasciste : « Les exigences de sa vie doivent tout primer. Or, pour qu’elle vive, pour que sa vitalité se développe, il faut un pouvoir fort, aux réactions rapides, à qui rien ne résiste. Place donc au dictateur qui, guidé par quelque instinct supérieur, comprend ce que veut la nation et se moque de ce que veulent les individus, même ou surtout lorsqu’ils expriment leur opinion par un vote ». En miroir, s’intéressant aux « organes nouveaux » du modèle français, il parle pour les corps intermédiaires de « quatrième pouvoir » qui peut être « utile » voire « nécessaire » de consulter, même si « le dernier mot doit rester au Parlement » et si « le suffrage universel demeure l’arbitre suprême ». En outre, l’étude comparative avec le fascisme, « bureaucratie sous le signe de la matraque », lui permet de souligner que « les syndicats n’y sont point qu’un paravent derrière lequel on voit à l’œuvre un État dont l’arbitraire est l’essence » [80]. « Serions-nous plus heureux avec la Faucille et le Marteau ? », demande l’universitaire qui s’appuie sur les contributions de l’historien Alphonse Aulard et du juriste Boris Mirkine-Guetzévitch, secrétaire général de la Ligue russe des droits de l’Homme. L’acuité du sociologue-philosophe [81] est bien là : alors que Victor Basch et Henri Guernut récusent toute analogie entre le bolchevisme et le fascisme, le second considérant qu’il convient d’attendre pour juger, Célestin Bouglé observe que le bolchevisme a défiguré le marxisme, avec une « liberté écrasée, et pas du tout la prospérité assurée ». Il précise aussi que, s’il se plaçait « sur le terrain des résultats obtenus », c’est « comme socialiste » qu’il en voudrait au bolchevisme. On voit en quoi l’humaniste relève bien d’un « républicanisme humanitaire » [82].

23Somme toute, au regard d’une approche par le prisme de l’engagement, Célestin Bouglé correspond bien à ce type d’intellectuel que l’on peut croiser pour le premier vingtième siècle français, dans ce « moment républicain » [83], un universitaire assumant des fonctions au sein de l’alma alter, engagé dans différentes structures parallèles et complémentaires et sur des champs peu ou prou convergents – les avancées sociales, la laïcité, les droits individuels et les libertés publiques, autant de quêtes et de conquêtes civilisationnelles qui relèvent d’une troisième voie par le consensus, certains parlant d’un « radicalisme social » [84]. En définitive, un philosophe-sociologue en réflexion et engagé en associations, même s’il n’est pas toujours possible de mesurer le bilan de son influence quant aux législations – avant la Grande Guerre sur l’assistance à l’enfance (1904) ou aux vieillards (1905), comme sur la prévoyance (1910) ; après 1918 sur les assurances sociales –, au-delà d’une incontestable audience dans cet écosystème politico-social. À sa façon mais aussi à l’image d’autres clercs comme Victor Basch, Ferdinand Buisson ou Charles Gide, il participe à l’enrichissement et à l’approfondissement de droits de l’Homme déclarés un siècle plus tôt, et rappelés lors de ce sursaut qu’est l’Affaire [85]. D’ailleurs, Édouard Herriot ne s’y trompe pas, qui intitule son éloge funèbre dans Marianne du 28 février 1940 « Un républicain », ajoutant : « Je ne suis pas sûr que le Parti républicain, celui qui veut travailler pour le progrès continu, à égale distance des réactions et des révolutions, ait mesuré déjà tout ce qu’il te doit. La vraie République, celle qui, une fois de plus, lutte pour ces principes, c’est bien, comme tu l’as déclaré, le régime qui concilie les droits de tous avec le respect de chaque personne ».

24On l’aura compris, l’originalité du parcours de Célestin Bouglé en droits de l’Homme se trouve dans son éthique du politique. Bien sûr, il tente de faire de la politique, mais il porte alors une culture politique qui le fait dreyfusiste. Héritier des Lumières, c’est un « honnête homme », selon la formule de Dominique Parodi, ouvert et libre, qui n’est pas dans l’instrumentalisation et préfère moins le Parti radical où, finalement, il ne milite guère [86], que cette « nébuleuse réformatrice » qu’est la LDH, ce pont entre les gauches sein duquel il trouve une souplesse d’engagement. Intellectuel démocratique né avec le paradigme d’engagement de l’Affaire, il cherche à continuer son œuvre de rénovation et même de refondation de la République en pensant l’entre-deux de la société, en dépassant le libéralisme individualiste et le marxisme collectiviste pour faire se rejoindre les libertés et l’égalité, en défendant les Lumières et la Déclaration de 1789, la réforme et non la révolution. Le « citoyen Bouglé », grand lecteur de Saint-Simon, de Tocqueville et de Proudhon, acteur et penseur de la philosophie morale, celle des droits de l’Homme, analyste du quasi-contrat entre l’État et les hommes, prolonge sa recherche et son enseignement par l’engagement, sans être toujours compris par son ami Élie Halévy [87]. Il refuse tout darwinisme social et toute tension entre l’État et la forme moderne de la société individualiste, travaille la dialectique justice sociale/liberté individuelle, considérant que les valeurs républicaines, dont l’égalitarisme, sont des progressismes. En cela, ce néo-kantien partisan du droit supérieur à la force, à la recherche du bien commun qu’est la Cité, promeut la solidarité dans une société laïcisée, aux individus semblables et différents, raisonnables et affranchis, autonomes et égaux. Il le fait à la fois avec lucidité, inquiétude voire scepticisme, mais sans le pessimisme que l’on voit poindre chez certains. On pourrait croire que sa disparition en 1940 lui a évité les tragédies que Léon Brunschvicg ou Emmanuel Levinas ont connues, et permis d’échapper à la crise des valeurs que d’aucuns ont traversée, à l’instar d’un Félicien Challaye ou, d’un Marcel Déat. Sauf à préciser que les errements de certains durant les années d’Occupation puisent largement dans des égarements des années trente que Célestin Bouglé a su éviter. Avec son discours de la liberté sur un demi-siècle, « l’affable barbu », ainsi que l’appelait Vladimir Jankélévitch [88], prouve la vérité et la justice d’un engagement, et éprouve l’expérience et la leçon de l’affaire Dreyfus, y compris avec un grand courage physique. Car ce « noble citoyen » se caractérisait par un « port », des « gestes », une « allure » qui « étaient moins ceux d’un pacifique universitaire que d’un loup de mer de sa Bretagne natale », tant « il aimait la bataille et allait au-devant d’elle » [89].

Notes

  • [1]
    Philippe Levillain, « Les protagonistes : de la biographie », in René Rémond (dir.), Pour une histoire politique, Paris, Le Seuil, 1988, p. 121-159 ; Jacques Le Goff et Pierre Nora (dir.), Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, 1973, t. 1, p. XIII.
  • [2]
    Les dictionnaires de Christophe Charle (Les professeurs de la faculté des lettres de Paris. Dictionnaire biographique. 1809-1908, vol. 1, préface Maurice Agulhon, Paris, INRP et Éd. du CNRS, 1985) ou de Jacques Julliard et Michel Winock (Dictionnaire des intellectuels français, Paris, Le Seuil, 1995) ne font qu’évoquer ses combats, malgré les études pionnières de William Logue, « Sociologie et politique : le libéralisme de Célestin Bouglé », Revue française de sociologie, no 1, 1979, p. 141-162, Paul Vogt « Un durkheimien ambivalent : Célestin Bouglé, 1870-1940 », Revue française de sociologie, no 20-21, 1979, p. 123-139. Voir aussi Johan Heilbron, « Les métamorphoses du durkheimisme, 1920-1940 », Revue française de sociologie, 1985/XXVI, p. 203-237. La dernière décennie historiographique est plus prolixe avec les études sur les intellectuels et la République, notamment de Vincent Duclert et Michel Trebitsch. Outre Michel Dreyfus et Emmanuel Naquet, « Célestin Bouglé, un durkheimien gagné à la “cause” », in Gilles Manceron et Emmanuel Naquet (dir.), Être dreyfusard, hier et aujourd’hui, Rennes, PUR, 2009, p. 67-69, voir surtout Thomas Vonderscher, Construire une voie solidaire : une relecture des engagements de Célestin Bouglé. L’apport de la connaissance de l’action d’un intellectuel à une théorie sociale (1898-1914), mémoire pour le Master d’histoire contemporaine, sous la direction de Christophe Charle, ENS Cachan, 2016.
  • [3]
    Voir Jean-Christophe Marcel, « Célestin Bouglé », in Raymond Boudon, Massimo Borlandi, Mohamed Cherkaoui et Bernard Valade (dir.), Dictionnaire de la pensée sociologique, Paris, PUF, 2005 et Le durkheimisme dans l’entre-deux-guerres, Paris, PUF, 2001 ; ainsi que les travaux d’Alain Policar, spécialement Célestin Bouglé : justice et solidarité, Paris, Michalon, 2009 et « Sociologie et morale : la philosophie de la solidarité de Célestin Bouglé », in Gilles Ferréol (dir.), Intégration, lien social et citoyenneté, Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 1998, p. 287-320.
  • [4]
    Voir E. Naquet, Pour l’Humanité. La Ligue des droits de l’Homme de l’affaire Dreyfus à la défaite de 1940, préface Pierre Joxe, postface Serge Berstein, Rennes, PUR, 2014, et nos articles référencés dans l’ouvrage.
  • [5]
    Voir E. Naquet, « L’action de la Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH) entre les deux guerres », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 95, juil.-sept. 2009, p. 53-64.
  • [6]
    Sur celle-ci, l’historiographie est abondante. Voir V. Duclert, L’affaire Dreyfus, Paris, La Découverte, 1ère éd. 1994.
  • [7]
    Le Siècle, 10 janv. 1898.
  • [8]
    Voir ses mémoires, L’Affaire telle que je l’ai vécue, Paris, Grasset, 1978, ainsi que “Dreyfusards !” et autres inédits, Paris, Julliard, 1965 et BnF-Richelieu, département des Manuscrits, Correspondance reçue par Mathieu Dreyfus, NAF 17.386.
  • [9]
    Célestin Bouglé, « Les premières sections. Montpellier », Cahiers des droits de l’Homme [dorénavant CDH], 10-15 juil. 1938, p. 410-411. V. Duclert date l’éveil de cette conscience à l’échange avec Élie Halévy du 16 novembre 1897 (Alfred Dreyfus, L’honneur d’un patriote, Paris, Fayard, 2006, p. 592).
  • [10]
    C. Bouglé, ibid.
  • [11]
    Marie-Adeline, qu’il a épousée le 28 juillet 1894, est également ligueuse.
  • [12]
    C. Bouglé, ibid.
  • [13]
    Voir son dossier personnel à AJ/16/5885.
  • [14]
    La Dépêche de Toulouse, 26 oct. 1929. Plus généralement, Laure Rièse, Les salons littéraires parisiens du Second Empire à nos jours, Toulouse, Privat, 1962, p. 118-119.
  • [15]
    Outre les savants nommés dans notre développement, Célestin Bouglé dialogue avec André Beaunier croisé à l’ENS, Maurice Halbwachs et Paul Fauconnet qu’il côtoie à la Revue de métaphysique et de morale ou à L’Année sociologique.
  • [16]
    Sur leur rôle parallèle mais différent, V. Duclert, « Élie et Daniel Halévy dans l’affaire Dreyfus », in Henri Loyrette (dir.), Entre le théâtre et l’histoire : la famille Halévy. 1760-1960, Paris, Fayard/Réunion des Musées nationaux, 1996, p. 220-235, ainsi que l’introduction d’Eric Cahm à Daniel Halévy, Péguy et les Cahiers de la Quinzaine, Paris, rééd. Pluriel, 1979 et Michèle B. Bramsen, Contribution à une biographie intellectuelle d’Élie Halévy, thèse de 3e cycle pour le doctorat de science politique, sous la direction de Jean-Claude Casanova, IEP de Paris, 1971, p. 72 et s. D’autres figures de l’avant-garde littéraire gravitent autour de cette LDH des origines comme Robert Dreyfus ou Fernand Gregh.
  • [17]
    Lettre du 18 fév. 1898, Revue française de sociologie, 1979, 20-1, p. 41. Voir E. Naquet, « Émile Durkheim et la naissance de la Ligue des Droits de l’Homme à Bordeaux au temps de l’affaire Dreyfus », in Mathieu Béra (dir.), Émile Durkheim à Bordeaux (1887-1902), Bordeaux, Éd. Confluences, 2014, p. 35-50.
  • [18]
    Ainsi, selon Victor Basch, Célestin Bouglé fait adhérer le futur trésorier de la LDH, l’industriel protestant Alfred Westphal (CDH, 10 janv. 1929, p. 3).
  • [19]
    Lettre d’Élie Halévy à Célestin Bouglé, 10 mars 1898, citée par M. Bo Bramsen, op. cit., p. 83 et lettre de Célestin Bouglé à Élie Halévy, 12 mars 1898, FNSP-Archives d’histoire contemporaine, Fonds Lucien Herr, LH 3, dossier 4.
  • [20]
    Lettre de Célestin Bouglé à Lucien Herr, 27 fév. 1898, FNSP-Archives d’histoire contemporaine, ibid.
  • [21]
    Lettre du 21 mars [1898 ?] (IMEC, Fonds Brunschvicg).
  • [22]
    Lettre d’Élie Halévy à Célestin Bouglé, 8 déc. 1898, in Élie Halévy, Correspondance (1891-1937), Paris, Éd. de Fallois, 1996, p. 256.
  • [23]
    C. Bouglé, ibid. Sur Gaston Milhaud, voir la notice d’André Nadal, Revue d’histoire des sciences et de leur application, 1959, no 2, p. 97-110, qui n’aborde nullement son engagement.
  • [24]
    Lettre citée dans Jean-Paul Laurens, « Célestin Bouglé à Montpellier », op. cit., p. 127-144.
  • [25]
    CARAN, F. 7 12.466, « Affaire Dreyfus. Réunions », rapports des 3 et 15 mars 1899 et BnF-Richelieu, département des Manuscrits, Correspondance Bouglé, NAF 28228. Il aborde en particulier les thématiques suivantes : « Tradition nationale et droits du peuple » et « Armée et démocratie ».
  • [26]
    C. Bouglé, « Les premières sections. Montpellier », ibid.
  • [27]
    Correspondance…, op. cit., p. 258.
  • [28]
    Lucien Mercier, Les Universités populaires : 1898-1914. Éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Paris, Éd. ouvrières, 1986, p. 49.
  • [29]
    L. Mercier, op. cit., p. 108.
  • [30]
    C. Bouglé, « Les premières sections… », ibid. et BnF-Richelieu, département des Manuscrits, Correspondance Bouglé, NAF 28228, ainsi que que la lettre de Xavier Léon du 10 avril 1899, qui va dans le même sens. Célestin Bouglé évoque Gustave Planchon, benjamin de dix ans de Jules-Émile, également docteur en pharmacie, et connu pour ses travaux sur le phylloxéra. T. Vonderscher cite la lettre d’un instituteur à Célestin Bouglé lui proposant une autre démarche pédagogique pour davantage intéresser les milieux populaires, notamment « étudier notre époque, rajouter ensuite dans les temps anciens » (op. cit.).
  • [31]
    C. Bouglé, Plaidoyer pour l’enseignement populaire, Montpellier, Imprimerie du Midi, 1900.
  • [32]
    Pour le parcours de Ferdinand Buisson, président de la LDH de 1914 à 1926, voir Samuel Tomeï, Ferdinand Buisson (1841-1932). Protestantisme libéral, foi laïque et radicalsocialisme, thèse pour le doctorat d’histoire sous la direction de Serge Berstein, IEP de Paris, 2004, et Mireille Gueissaz-Peyre, L’image énigmatique de Ferdinand Buisson. La vocation républicaine d’un saint puritain, Villeneuve d’Ascq, Presses du Septentrion, 2002. Pour Gabriel Séailles, vice-président de 1918 à sa mort, en 1922, voir la notice biographique dans la version dactylographiée de notre thèse consultable à http://spire.sciencespo.fr/hdl:/2441/53r60a8s3kup1vc9kd50o6i33. Lucien Lévy-Bruhl est alors professeur d’histoire de la philosophie à la Sorbonne et, non seulement le cousin par alliance d’Alfred Dreyfus, mais aussi l’un des premiers défenseurs de l’officier.
  • [33]
    Lettre du 17 déc. 1902, in É. Halévy, Correspondance…, op. cit., p. 330.
  • [34]
    C. Bouglé, Le bilan des Ligues. Conférence faite par M. Bouglé le 3 avril 1903, Bordeaux, Gounouilhou, 1903, p. 4.
  • [35]
    Sur le premier, voir les travaux de Bertrand Favreau ou dirigés par lui, dont « Ludovic Trarieux », in Derrière la cause isolée d’un homme, Lormont, Éd. de La Presqu’île, 1995, p. 15-34, « Ludovic Trarieux, fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme », in « Le droit, la justice, l’humanité », Bègles, Fabrique du Passant, 2001, p. 13-26, « Ludovic Trarieux et la révision de l’affaire Dreyfus », in Dreyfus réhabilité, cent ans après, Lormont, Éd. Le Bord de l’Eau, 2007, p. 41-60 et sa communication dans G. Manceron et E. Naquet (dir.), Être dreyfusard, hier et aujourd’hui, op. cit. Voir aussi Sandrine Guicheney, Ludovic Trarieux (1840-1904), TER, sous la direction de Jean-Claude Drouin et Bernard Lachaise, Université de Bordeaux 3, 1993.
  • [36]
    Sur le second, Rémi Fabre, Francis de Pressensé (1853-1914), une biographie politique et intellectuelle, dossier pour l’HDR, sous la direction d’André Encrevé, Université de Paris 12, 2002, publié sous le titre Francis de Pressensé et la défense des droits de l’homme et du citoyen. Un intellectuel au combat, préface Madeleine Rebérioux, Rennes, PUR, 2004, qui élargit ses deux articles, « Francis de Pressensé », Le Mouvement social, no 183, avril-juin 1998, p. 61-92 et « Réflexions sur le parcours de Francis de Pressensé », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 72, octobre-déc. 2003, p. 12-16.
  • [37]
    Et encore, puisqu’Elie Halévy lui répond le 7 février 1899 : « Tu dis regretter de n’être pas socialiste parce que les socialistes ont une foi, poursuivent un but… Tu pourrais aussi bien regretter de n’être pas royaliste, clérical ou antisémite. Ceux-là aussi poursuivent des buts. Mais si tu choisis de regretter ceci en particulier, que tu ne sois pas socialiste, c’est donc que tu es déjà socialiste, dans une certaine mesure… » (Jean-René Tréanton, « En quête de correspondances », Revue européenne des sciences sociales [En ligne], XLII-129 | 2004, http://ress.revues.org/439).
  • [38]
    BOLDH, 15 déc. 1904, p. 1569-1619.
  • [39]
    Lettre de Paul Guieysse, 25 déc. 1904 (BOLDH, 15 janv. 1905, p. 15-16). Célestin Bouglé semble hostile à la démission, considérant que « les honnêtes gens […] devraient au contraire y [à la Ligue] rester d’autant plus que tout n’y était pas perdu, qu’il y avait à faire ». Joseph Reinach est remplacé par Anatole France, qui vient de préfacer l’ouvrage d’Émile Combes Une campagne laïque, 1902-1903.
  • [40]
    BOLDH, 1er fév. 1905, p. 86. Albert Vigié est doyen de la Faculté de droit de Montpellier ; Étienne de Rouville est maître de conférences à la Faculté des sciences de Montpellier ; Hyacinthe Loyson est prêtre gallican, devenu membre de l’Église vieille-catholique. Sur le juriste Jean Appleton, professeur de droit à l’Université de Lyon, conseiller juridique de la LDH et président de la section de Lyon, voir les annexes biographiques de notre thèse.
  • [41]
    Charles Péguy, Œuvres complètes en prose, I, Paris, Gallimard-NRF, 1987, p. 1524. À noter que, selon Robert Burac, Péguy n’appartient plus à la LDH depuis 1903, même si sa belle-mère continue de recevoir son bulletin (op. cit., note p. 1860). Le point culminant des attaques de Péguy aura lieu à la veille du conflit, avec L’Argent, suite.
  • [42]
    R. Fabre, « Pressensé et la séparation des Églises et de l’État. Une contribution importante », Jean Jaurès cahiers trimestriels, no 171, janvier-mars 2004, p. 25-34 ; Jean Baubérot, Laïcité 1905-2005, entre passion et raison, Paris, Le Seuil, 2004 ; Jean-Marie Mayeur, La Séparation des Églises et de l’État (1905), Paris, rééd. Éd. Ouvrières, 1991 ; Maurice Larkin, L’Église et l’État en France. 1905, la crise de la séparation, avant-propos Patrick Cabanel, préface J.-M. Mayeur, Toulouse, Privat, 2004. Voir aussi Jacqueline Lalouette, La République anticléricale, XIXe-XXe siècle, Paris, Le Seuil, 2002.
  • [43]
    BOLDH, 15 juin 1903, p. 690.
  • [44]
    Aux protagonistes déjà évoqués pour l’affaire des fiches s’ajoutent l’historien Gabriel Monod, l’économiste Charles Rist – et gendre de Gabriel Monod –, le pharmacien Louis Planchon, le Dr Leenhardt, les avocats Roussy et Augé-Laribé, Randin, président de la section de Pontaix dans la Drôme (BOLDH, 15 juil. 1903, p. 774-776). Hyacinte Loyson n’a pas signé. Sur les protestants, Agnès Rochefort-Turquin, « Les protestants face à la Séparation des Églises et de l’État. Débats et enjeux idéologiques de 1871 à 1905 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 31, juillet-sept. 1984, p. 503-516, et Patrick Cabanel, Les protestants et la République de 1870 à nos jours, Bruxelles, Complexe, 2000, ainsi que Le Dieu de la République. Aux sources protestantes de la laïcité (1860-1900), Rennes, PUR, 2003.
  • [45]
    Cité par J.-R. Treanton, op. cit., p. 334.
  • [46]
    Cité par Romain Vaissermann, « Gabriel Monod-Charles Péguy : vie et mort d’une amitié d’intellectuels. Extraits de leur correspondance inédite (1900-1911) », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle 2002/1, no 20, p. 113-128, citation p. 118-121.
  • [47]
    Aux termes de la lettre d’Élie Halévy à Florence Halévy, 22 avr. 1909, in Correspondance…, op. cit., p. 402.
  • [48]
    La Dépêche de Toulouse, 2 janv. 1908.
  • [49]
    Michel Hérody, Henri Guernut (1876-1943). Un défenseur des droits de l’Homme, député de Château-Thierry, Paris, L’Harmattan, 2002, p. 9.
  • [50]
    BOLDH, 15 avr. 1913, rapport et citations p. 474-479. Voir aussi son intervention publique à ce congrès (BOLDH, 1er juil. 1913, p. 475-734). Il fait référence au décret du 3 février 1912 qui, au lendemain d’Agadir, instaure la conscription pour les indigènes musulmans algériens.
  • [51]
    T. Vonderscher, op. cit., p. 147 et s.
  • [52]
    E. Naquet, « La Ligue des Droits de l’Homme. De la défense de l’individu à la défense des peuples ? (1898-1919) », Lendemains, no 89, 1998, p. 14-27.
  • [53]
    Voir E. Naquet, « Entre justice et patrie : la Ligue des Droits de l’Homme et la Grande Guerre », Le Mouvement social, no 183, avril-juin 1998, p. 93-109 et « Guerre et droit. L’inconciliable ? L’exemple de la Ligue des Droits de l’Homme de l’avant à l’après 1914 », Mil neuf cent, revue d’histoire intellectuelle, no 23, 2005, p. 93-110.
  • [54]
    E. Naquet, « Victor Basch et la Ligue des Droits de l’Homme. Itinéraire d’un dreyfusard politique (1898-1940) », in Françoise Basch, Liliane Crips, Pascale Gruson (dir.), Victor Basch (1863-1944). Un intellectuel cosmopolite, préface Madeleine Rebérioux, Paris, Berg International Éditeurs, 1999, p. 123-138.
  • [55]
    En ce sens, le témoignage en creux de Célestin Bouglé : « La légende […] veut que notre collègue Basch et moi ne soyons pas toujours d’accord. La légende exagère » (CDH, 5 avr. 1920, p. 20).
  • [56]
    BOLDH, sept. 1916, p. 457.
  • [57]
    À l’arrière, Paris, Delagrave, 1916.
  • [58]
    BDH, 1er-15 mars 1919, p. 256. C’est en 1918 que Célestin Bouglé publie sa brochure « Qu’est-ce que le bolchévisme ? ».
  • [59]
    BOLDH, 1er-15 avr. 1917, p. 323.
  • [60]
    Lettre de Mathias Morhardt à Henri Guernut, 31 janv. 1923 (BDIC, Fonds LDH, F Δ Rés. 798/7). Voir E. Naquet, « La Société d’études documentaires et critiques sur la guerre. Ou la naissance d’une minorité pacifiste au sein de la Ligue des Droits de l’Homme », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 30, janvier-mars 1993, p. 6-10.
  • [61]
    BOLDH, 1er-15 juin 1917, p. 417-428, CDH, 10 nov. 1922, p. 527-528, 10 janv. 1926, p. 11, 10 fév. 1926, p. 59, 30 avr. 1926, p. 253-254. Sur le Bund Neues Vaterland : E. Naquet, « Parce que c’était elle, parce que c’était elle. La Ligue des Droits de l’Homme (LDH) et la Ligue allemande des Droits de l’Homme. Quelques remarques sur deux organisations pacifistes et républicaines d’une guerre à l’autre », in Olivier Dard et Nathalie Sevilla (dir.), Le phénomène ligueur en Europe et aux Amériques, Metz, Centre régional universitaire lorrain d’Histoire, 2011, p. 43-58.
  • [62]
    CDH, 25 juin 1921, p. 267-269. Actif avec le littéraire Théodore Ruyssen et l’historien Alphonse Aulard, il considère que « le désir d’une solution juridique des conflits ne naît qu’entre parties qui déjà se sentent unies et ont des raisons de le rester » (cité par Serge Audier, La pensée solidariste. Aux sources du modèle social républicain, Paris, PUF, 2010, p. 336).
  • [63]
    En ce sens, lettres d’Henry Michel, 28 déc. 1900, et d’Élie Halévy, 27 déc. 1900, BnF-Richelieu, ibid.
  • [64]
    Serge Berstein, Histoire du Parti radical, t. 1, Paris, Presses de la FNSP, 1980, p. 85. Élie Halévy est hostile à la deuxième candidature : « Je ne te vois guère dans la politique. Si tu fais du « Millerandisme », tu feras donc du Doumerisme, puisque Millerand et Doumer ont partie liée. Si tu fais du Jaurésisme, tu glisseras dans l’Hervéisme, puisque Hervé est un des directeurs du parti Jaurès. Il n’y a rien de propre à faire en France » (lettre du 11 déc. 1905, Correspondance…, op. cit., p. 372). Ses campagnes sont étudiées par T. Vonderscher, op. cit., p. 159 et s. et p. 195 et s.
  • [65]
    Serge Bertsein, op. cit., p. 35 et s., Serge Paugam, « Introduction. Les fondements de la solidarité », in Serge Paugam, Repenser la solidarité, Paris, PUF, 2011, p. 5-28 et Marie-Claude Blais, La solidarité. Histoire d’une idée, Paris, Gallimard, 2007. La première édition du Solidarisme publié chez Giard et Brière est de 1907.
  • [66]
    Élu au comité central en 1918 et vice-président de 1927 à sa mort en 1932.
  • [67]
    « Syndicalisme et radicalisme », La Dépêche, 20 janv. 1907, ou encore « Les syndicats de fonctionnaires et les transformations de la puissance publique », Revue de métaphysique et de morale, sept. 1907. À côté de l’État arbitre, Célestin Bouglé, à la suite d’Émile Durkheim, refuse les syndicats de fonctionnaires mais admet les associations, à la condition qu’elles soient encadrées par un statut.
  • [68]
    Plus de 500 articles aux côtés de ceux de Georges Clemenceau, Jean Jaurès, Alphonse Aulard. Voir Thomas Vonderscher, op. cit., p. 172 et s. et Henri Lerner, ‘La Dépêche’, journal de la démocratie : contribution à l’histoire du radicalisme en France sous la Troisième République, Toulouse, Publications de l’Université de Toulouse Le Mirail, préface Jacques Godechot, 1978.
  • [69]
    CDH, 5 déc. 1920, p. 13-15.
  • [70]
    C. Bouglé, La Dépêche de Toulouse, 22 juin 1923.
  • [71]
    CDH, 5 avril 1920, p. 20.
  • [72]
    Aux côtés d’autres ligueurs comme Alphonse Aulard, Émile Borel, Justin Godart, Charles Richet, Théodore Ruyssen. Voir Gilles Le Beguec, « La Ligue de la République (1921-1924) », Modern & contemporary France, no 39, oct. 1989, p. 4-11 ; Anne-Laure Anizan, « La Ligue de la République, un pont entre socialisme et radicalisme », in Noëlline Castagnez et Gilles Morin (dir.), Socialistes et radicaux. Querelles de famille, Paris, OURS/Presses de Sciences Po, 2009, p. 63-82 et « La Ligue de la République et la modernité politique », in O. Dard et N. Sevilla (dir.), op. cit., p. 115-133.
  • [73]
    Le congrès national de 1926, Paris, LDH, s. d. [1927], p. 417.
  • [74]
    CDH, 25 juil. 1924, p. 351.
  • [75]
    Lettre à Célestin Bouglé, 16 déc. 1918 (BDIC, Fonds LDH, F Δ Rés. 798/4).
  • [76]
    CDH, 20 nov. 1924, p. 548.
  • [77]
    CDH, 10 janv. 1925, p. 6-10.
  • [78]
    CDH, 25 mars 1925, p. 157-158.
  • [79]
    V. Duclert, « ‘Il y a de l’or dans cette poussière’. L’intellectuel démocratique et la résistance aux tyrannies », Archives Juives, 2005/1, vol. 38, p. 11-42. Voir l’ouvrage d’E. Halévy, préfacé précisément par Célestin Bouglé, L’Ère des tyrannies. Essai sur le socialisme et la guerre, Paris, Gallimard, 1938, rééd. « Tel », 1990.
  • [80]
    Le congrès national de 1926, Paris, LDH, [s. d.] 1926, p. 245 et s.
  • [81]
    A. Policar, « Entre sociologie et philosophie : l’originalité de la pensée de Célestin Bouglé », Anamnèse, no 3, 2007, p. 85-103.
  • [82]
    Marco Bresciani et Diego Dilettoso, « Carlo Rosselli et les cultures françaises des années trente. Entre socialisme, antifascisme et tyrannies », Mil neuf cent. Revue d’histoire intellectuelle, 2013/1, no 31, p. 137-157, p. 150.
  • [83]
    Jean-Fabien Spitz, Le moment républicain en France, Paris, Gallimard-NRF, 2005.
  • [84]
    Carlos Miguel Herrera, « Un juriste aux prises du social. Sur le projet de Georges Scelle », Revue française d’histoire des idées politiques, 2005/1, no 21, p. 113-137, p. 127.
  • [85]
    E. Naquet, « L’affaire Dreyfus, entre héritages, champs d’expériences et horizons d’attentes pour la République », in Robert Belot (dir.), Tous républicains ! Origines et modernité des valeurs républicaines, Paris, Armand Colin, 2011, p. 39-48.
  • [86]
    Voir Gérard Baal, Le Parti radical de 1901 à 1914, thèse pour le de doctorat d’histoire sous la direction de Maurice Agulhon, Université Paris I, 1991.
  • [87]
    Lettre du 21 juil. 1907, in Correspondance…, op. cit., p. 391.
  • [88]
    Cécile Rol, « Sur la psychologie sociale de l’hostilité. Ou la dernière apparition de Georg Simmel sur la scène sociologique française », L’Année sociologique, 2006/1, vol. 56, p. 137-168, p. 154.
  • [89]
    L’Oeuvre, 14 fév. 1940 et « Bouglé, citoyen », in Célestin Bouglé 1870-1940, Paris, Imprimerie administration centrale, 1940, cité par T. Vonderscher, op. cit., p. 121.
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