Notes
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[1]
Georges Pelorson alias Belmont (1909-2008), admis à l’ENS (1928), démissionnaire en 1931, angliciste, animateur de la revue littéraire Volontés qui publie les premiers textes d’Aimé Césaire. Durant l’Occupation, Pelorson rallie le régime de Vichy et travaille au secrétariat à la Jeunesse.
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[2]
« Étudiants » et non « élèves » ou « disciples », ces derniers termes connotant une adhésion au paradigme de Bouglé. Ce qui est loin d’être toujours le cas de ses étudiants.
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[3]
Nous reprenons ici à notre compte l’expression de Cl. Lévi-Strauss (Tristes tropiques, p. 34).
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[4]
In Alain Peyrefitte (textes réunis par), Rue d’Ulm. Chroniques de la vie normalienne (1950), Paris, Flammarion, 1977.
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[5]
Voir Sanda Golopentia, « Romanian sociologists in Paris in the 1930s », Sociologie Româneasca, vol. III, no 1, 2005, p. 72-93, aimablement communiqué par A. Gaghi. Voir aussi Robert Marjolin, Le travail d’une vie. Mémoires 1911-1986, avec une préface de R. Barre, Paris, Robert Laffont, 1986, p. 27-32.
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[6]
Renseignements tirés de son dossier de carrière (AJ/16/5981), aimablement communiqués par Emmanuelle Guey.
-
[7]
M. Mauss (« religions des peuples non civilisés »), Al. Bayet (« histoire des idées morales »), Er. Labrousse (« histoire et statistique économiques »), A. Landry (« histoire des faits et des doctrines économiques »).
-
[8]
L’audience de F. Simiand, décédé en 1935, n’a pas eu, semble-t-il, le même impact sur la formation des apprentis sociologues. On lui connaît peu de disciples directs en dehors de Georges Lutfalla (jeune actuaire au ministère du Travail, secrétaire adjoint des Annales sociologiques), Basile Dalamas et Victor Zoltowski qui fera carrière au CNRS. Jean-Noël Jeanneney reconnaît aussi sa dette à l’égard de Simiand. Voir Philippe Steiner, L’École durkheimienne et l’économie, Genève, Droz, 2005, p. 157.
-
[9]
Ils suppléent A. Landry en 1937 et 1939.
-
[10]
Toutefois, le diplôme, créé en 1925, est supprimé en 1935 en raison de la création d’un certificat d’études supérieures par la Faculté des lettres.
-
[11]
Sur la tension après Durkheim entre sociologie et ethnologie, voir la mise au point de Th. Hirsch (Le temps des sociétés. D’Émile Durkheim à Marc Bloch, Paris, éditions EHESS, 2016, notamment les chap. 11 et 12).
-
[12]
Sur cette promotion féminine, voir Marianne Lemaire, « La chambre à soi de l’ethnologue. Une écriture féminine en anthropologie dans l’entre-deux-guerres », L’Homme, 2011, p. 83-112.
-
[13]
René Maunier (1887-1951), professeur à la Faculté de droit, intervient également à la Faculté des lettres en 1928-1929.
-
[14]
Ludovic Tournès, « L’Institut scientifique de recherches économiques et sociales et les débuts de l’expertise économique en France (1933-1940) », Genèses, 4/2006, no 65, p. 49-70.
-
[15]
Les sciences sociales en France : enseignement et recherche, Paris, P. Hartmann, 1937.
-
[16]
Sur notre enquête, voir la note méthodologique et les sources en fin d’article.
-
[17]
D’ores et déjà, le Répertoire alphabétique annuel des candidats au diplôme d’études supérieures de philosophie, 1906-1938 (AN AJ/16/4954) livre, pour la période 1919-1937, une cinquantaine de noms supplémentaires dont l’exploitation biographique reste à faire.
-
[18]
Cette porosité et cette circulation sont-elles spécifiques des sociologues formés par Bouglé ? Rien ne permet pour l’instant de l’affirmer.
-
[19]
Sur les options de Bouglé qui ont donné lieu à débats parmi ses étudiants, voir, par exemple son interprétation de Proudhon (voir Patrice Rolland, « Le retour à Proudhon, 1900-1920 », Mil neuf cent, no 10, 1992, p. 5-29).
-
[20]
Par exemple, Bouglé collabore régulièrement à L’École libératrice, organe du Syndicat national des instituteurs. Il est, par ailleurs, très impliqué dans l’enseignement de la sociologie aux élèves-maîtres ainsi qu’aux inspecteurs et aux directeurs d’école normale en formation (voir Roger Geiger, « La sociologie dans les écoles normales primaires. Histoire d’une controverse », Revue française de sociologie, XX, no 1, janvier-mars 1979, p. 257-272 et Emmanuelle Guey, Les sciences humaines (pédagogie-psychologie-sociologie) dans la formation des maîtres de l’enseignement primaire (1920-1969) : étude historique sur une institutionnalisation discontinue, thèse pour le doctorat en sciences de l’éducation, sous la direction d’A. Savoye, Paris-8, 2013). Mais cet investissement ne produit guère de sociologues issus du primaire, à quelques rares exceptions près comme Jean Vial, plus proche, cependant, de Dolléans et Halbwachs (voir son Journal de classe 1927-1977, Paris, ESF, 1978, p. 67-78).
-
[21]
Pierre Uri témoigne de cette autorité qui peut aller de pair avec « un bongarçonnisme affecté » (Brasillach) : « Nous avions failli nous trouver vingt élèves de l’École pour prétendre à l’agrégation de philosophie. Le directeur, Célestin Bouglé, en a détourné quelques uns vers les lettres, vers l’histoire ou vers une bourse du tour du monde » in P. Uri, Penser pour l’action, Paris, Odile Jacob, 1991.
-
[22]
Le diplôme d’études supérieures de philosophie institué par l’arrêté du 18 juin 1904 implique la rédaction d’un mémoire sur un sujet choisi par le candidat et agréé par la faculté. Il est examiné par deux professeurs et est nécessaire pour se présenter au concours de l’agrégation. Les universités délivrent des doctorats d’université (DU) ou des doctorats es-lettres (DL ou DE). Ces derniers supposent la soutenance de deux thèses (principale et secondaire) devant des jurys qui peuvent être différents.
-
[23]
S. de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, Paris, Gallimard, 1958 (éd. Livre de poche, p. 368) ; R. Aron, Mémoires, Paris, Julliard, 1983, p. 58.
-
[24]
En 1937, le décompte par pays d’étudiants en lettres à la Sorbonne donne le classement suivant : Grande-Bretagne (161), États-Unis (127), Pologne (119), Allemagne (97), Roumanie (89), Urss (69), Yougoslavie (62), Égypte (59), Hongrie (57) et Chine (52). Auxquels il faut ajouter des effectifs non négligeables d’étudiants venus des colonies, des protectorats ou des pays sous mandat : Tunisie (17), Indochine (16), Syrie et Liban (27).
-
[25]
Voir Martin Jay, L’imagination dialectique. Histoire de l’École de Francfort (1923-1950) (1973), traduction française, Paris, Payot, 1977. Précédemment, Bouglé avait noué des contacts étroits avec le sociologue Gottfried Salomon et appuyé la création des « Rencontres universitaires de Davos ». Voir Pierre Bertaux, Un normalien à Berlin. Lettres franco-allemandes 1927-1933, Asnières, Pia, Université de la Sorbonne Nouvelle, 2001.
-
[26]
Outre l’absence d’étudiants anglo-saxons, celle d’autres nationalités mériterait d’être étudiée de plus près : tient-elle à une faible attractivité du programme incarné par Bouglé ? On note, par exemple, dans les années trente, la quasi-disparition des Roumains et l’absence de Tchécoslovaques. Que D. Essertier ait été longtemps en poste à l’Institut français à Prague, qu’après lui, R. Polin se soit rendu sur place, ne semble pas avoir eu d’effet de recrutement d’apprentis sociologues. De même pour la Roumanie, en dépit de diverses missions confiées à de jeunes chercheurs du CDS (Charon, Gioan) et des bonnes relations de Bouglé avec D. Gusti, relayées par Mircea Vulcanesco.
-
[27]
Cité par M. Jay, op. cit., p. 55.
-
[28]
On ne raisonne ici bien évidemment que sur le contingent d’étudiants en sociologie relevant de la Sorbonne. Le chiffre de 48% est tiré des statistiques publiées dans les Annales de l’Université de Paris.
-
[29]
La valeur des mémoires de DES, du point de vue de la recherche, doit cependant être relativisée dans un certain nombre de cas. C’est du moins le point de vue exprimé par G. Friedmann : « Trop souvent, déjà de mon temps et maintenant plus encore, déclare-t-il devant la Société française de philosophie, il arrive que l’agrégation absorbe, pour ainsi dire, le diplôme d’études ; au lieu que le diplôme d’études soit une initiation scientifique, les candidats se plongent dans le « bachotage » en choisissant un sujet qui ait chance d’être au programme (de l’agrégation, ndr), ou de leur servir directement pour les compositions d’écrits » (séance du 7 mai 1938 consacrée à l’agrégation de philosophie). De fait, les sujets des mémoires de Boivin, Borne, Canguilhem ne sont peut-être pas étrangers à l’inscription de Comte au programme de 1928. Bien que l’intérêt pour Comte, chez les durkheimiens, ne soit pas conjoncturel ; son étude fait partie des « fondamentaux » de l’enseignement de la sociologie. Sujet d’un enseignement de Bouglé en 1912 (alors qu’il supplée Espinas), Comte est encore la matière, trente ans plus tard, du dernier cours d’Halbwachs en Sorbonne (« la statique et la dynamique sociale d’Auguste Comte », 1943).
-
[30]
En introduction de Chez les prophètes socialistes (Alcan, 1918), Bouglé écrit : « En reprenant mon enseignement à la Sorbonne, je publie telles quelles ces études, composées avant la guerre : elles pourront servir d’amorces à des recherches méthodiques qu’il serait plus que jamais indiqué de poursuivre, et qui mettraient en pleine lumière ce qui est dû, tant à nos ‘socialistes’ qu’à nos ‘sociologues’ ».
-
[31]
On sait que, durant la période étudiée ici, Comte et Proudhon, mais aussi Fourier, bénéficient d’un regain d’intérêt auquel Bouglé n’est pas étranger. L’édition des Œuvres complètes de Proudhon est mise en chantier en 1923 et se poursuivra jusqu’en 1959. Elle est placée, au départ, sous la direction d’Henri Moysset et Bouglé. Celui-ci met à contribution leCDSen mobilisant des étudiants (Duveau, Cavaillès, Beaufret) et Mme Poré, la secrétaire, mais aussi l’ENS à travers Meuvret, son bibliothécaire.
-
[32]
Nous incluons ici des données du Répertoire mentionné plus haut note 18, non incluses en annexe.
-
[33]
Dans Chez les prophètes socialistes (1918), Bouglé s’était déjà livré à une analyse minutieuse du rapport entre « marxisme et sociologie » (p. 185-246).
-
[34]
La question de l’immigration intéresse particulièrement Bouglé. Il héberge à l’ENS le Centre d’études du problème des étrangers en France fondé en 1935 à l’initiative du sénateur Henry de Jouvenel et vice-présidé par le raciologue René Martial. Il est membre de son comité de perfectionnement aux côtés de Lucien Lévy-Bruhl, Paul Rivet, Albert Demangeon et Adolphe Landry. Georges Mauco, élève de Demangeon, est son secrétaire général. Ce Centre sera éphémère, semble-t-il.
-
[35]
C. Bouglé, « La sociologie française contemporaine », Arhiva pentru stiinta si reforma sociala, c. 1924.
-
[36]
Voir les contributions de Marine Dhermy-Mairal et Thomas Hirsch dans ce même dossier.
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[37]
Pierre Amandry se souvient : « C’était le temps où se constituait le Front populaire. Au cercle de gauche, Charon alias Jean Nocher en célébrait en termes lyriques la pureté virginale et radieuse, entre deux séances d’épreuves orales du concours où, vêtu d’un slip, il tournait dans les couloirs autour de jeunes personnes en bombant un torse abondamment velu (…) » in A. Peyrefitte, op. cit.
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[38]
M. Déat dit de lui (avec qui il permute, Maublanc prenant ses fonctions au CDS tandis que Déat lui succède comme professeur de philosophie au lycée de garçons de Reims en 1922) : « Il se sent appelé sans doute, avec un grain d’humour qui l’apparente à son ami Jules Romains, à faire dans l’intelligentsia communiste une modeste mais persévérante besogne d’amateur lettré et de fanatique lucide » (Marcel Déat, Mémoires politiques, avec une introduction de L. Theis, Paris, Denoël, 1989, p. 149).
-
[39]
Remarquons, chez les étudiants chinois, un type particulier d’engagement politique : le nationalisme.
-
[40]
Par exemple, Pierre Boutang, entré à l’ENS en 1935, maurassien, ne peut que se tenir à l’écart de Bouglé et de son républicanisme. De même, R. Brasillach, M. Bardèche et J. Talagrand (Th. Maulnier).
-
[41]
Ce qui n’empêchera pas l’adhésion au régime de Vichy d’anciens élèves de Bouglé qu’on a connus sous les couleurs du socialisme (Déat, Bonnafous) ou du frontisme (Gaït).
-
[42]
Co-éditée à partir de 1924 avec Librairie des sciences politiques et sociales de Marcel Rivière.
-
[43]
Elle est officiellement publiée avec le concours du CDS.
-
[44]
D’après Marie-Cécile Bouju, G. Friedmann aurait été écarté de la direction après la publication De la Sainte-Russie à l’Urss (1938) pourtant préfacé par Francis Jourdain, communiste « orthodoxe » (voir Lire en communiste : les maisons d’édition du Parti communiste français 1920-1968, Rennes, Pur, 2010).
-
[45]
Principaux titres et auteurs : Diderot (Luppol traduit par V. et Y. Feldman, 1936) ; Matérialistes de l’antiquité (Paul Nizan, 1936, puis 1938) ; Fourier (Félix Armand et R. Maublanc, 1937, 2 vol.) ; Proudhon (A. Cuvillier, 1937) ; Cervantès (J. Cassou) ; Diderot (J. Luc, 1938) ; Darwin (M. Prenant, 1938) ; Pierre Leroux (H. Mougin, 1938) ; Nietzsche (H. Lefebvre, 1939).
-
[46]
Sur A. Minkowska, sociologue polonaise venue préparer un doctorat à la Sorbonne, voir Kerry Bluglass Kerry, Hidden from the Holocaust. Stories of Resilient Children Who Survived and Thrived, Westport (Connecticut), Praeger, 2003, p. 54. Merci à Irena Milewska, sa fille, pour l’entretien qu’elle nous a accordé.
-
[47]
Voir, dans le présent dossier, l’entretien avec Georges Lefranc lequel a dû continuellement ferrailler avec les hiérarchies de la Sfio et de la Cgt pour faire valoir ses idées.
-
[48]
Le pacifisme clive le milieu familial d’Halbwachs dont la sœur, Jeanne, est, avec son époux Michel Alexandre, une pacifiste irréductible. Voir Annette Becker, Maurice Halbwachs. Un intellectuel en guerres mondiales, 1914-1945, Paris, Agnès Viénot Éd., 2003.
-
[49]
Selon la formule devenue classique de Jean-Louis Loubet del Bayle (1969).
-
[50]
Voir l’article de Thomas Hirsch dans ce dossier.
-
[51]
Voir, par exemple, sa préface à l’ouvrage de Polin et Charon où il appelle à la réalisation d’un « traité de sociologie comparative, appliquée aux faits coopératifs » dont, dit-il, « nous aurions le plus grand besoin » (op. cit., p. VII).
-
[52]
Dû à Jean-Christophe Marcel que je remercie pour cette contribution, ainsi que pour sa lecture attentive et avisée de cet article.
-
[53]
Jean-Baptiste Séverac en fait un compte rendu très élogieux dans Le Populaire (11 juillet 1923).
-
[54]
Il publie aussi Les effets économiques et sociaux de la guerre en Serbie, Paris, PUF, 1930, XII-335 p. Ce travail entre dans le cadre des publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale.
-
[55]
À noter que l’activisme de Bouglé s’exerce aussi dans d’autres cadres, moins directement orientés vers la sociologie. Ainsi, il patronne la collection « Actualités scientifiques et industrielles. Travaux de l’ENS (Lettres) » (éd. Hermann) qui publie des recherches de normaliens (J. Balibar, S. Piobetta, M.-A. Béra, P. Uri) sur « le mouvement pédagogique à l’étranger ». Puis, il dirige le tome XV (« Éducation et instruction ») de L’Encyclopédie française (1939).
-
[56]
Le Centre de documentation sociale, installé rue d’Ulm, est fondé à l’initiative d’Albert Kahn. Il vient compléter le Comité national d’études sociales et politiques fondé en 1916 par le même Kahn. Après la débâcle financière de son fondateur (1929), le CDS sera soutenu par la Fondation Rockefeller. Gustave Lanson, directeur de l’ENS, le décrit comme une « sorte de séminaire ou de laboratoire, où des philosophes et des historiens viennent apprendre à recueillir, classer, interpréter les faits contemporains de l’ordre social et économique et à soumettre cette matière, toujours si difficile à connaître, aux règles de la méthode critique. » (Revue des deux mondes, 1926).
-
[57]
Inventaires I. La crise sociale et les idéologies nationales, Paris, Alcan, 1936 ; Inventaires II. L’économique et le politique, Paris, Alcan, 1937 ; Inventaires III. Classes moyennes, Paris, Alcan, 1939.
-
[58]
Les Annales sociologiques sont constituées de cinq séries donnant lieu des fascicules distincts confiés à une équipe de rédacteurs placés sous l’autorité d’un responsable. Bouglé a en charge la « sociologie générale » (série A), Mauss la « sociologie religieuse » (B), Ray la « sociologie juridique et morale » (C), Halbwachs, après Simiand, la « sociologie économique » (D) et la « morphologie sociale, langage, technologie, esthétique » (E).
-
[59]
Sous-direction en 1927, puis direction en 1935.
-
[60]
Dans les tableaux I et II, pour faciliter leur utilisation, les noms des étudiants sont classés par ordre alphabétique (et non par ordre chronologique des relations avec Bouglé). Figurent en gras le nom des étudiants qui ont eu un engagement politique avéré.
-
[61]
Merci à Thomas Hirsch d’avoir retrouvé plusieurs auteurs de mémoires à partir des archives du rectorat de Paris.
-
[62]
Le titre de la thèse est en italique si elle a été soutenue. La direction (/s) est mentionnée le cas échéant : CB pour Bouglé ; PF pour Fauconnet ; MH pour Halbwachs.
-
[63]
Auteur de « Hommage à Bouglé », Annales de l’Université de Paris, 1940.
-
[64]
En définitive, sera docteur es-lettres pour une thèse intitulée Problèmes humains du machinisme industriel (1947).
-
[65]
Contribue à « Education et Instruction » (C. Bouglé dir., t. XV, L’Encyclopédie française, 1939).
-
[66]
Contribue, tout comme G. Friedmann, à A la lumière du marxisme (Essais) Sciences physico-mathématiques, sciences naturelles, sciences humaines, Paris, Éditions sociales internationales, 1935.
-
[67]
Voir, dans le texte, la notice qui lui est consacrée par J.-C. Marcel.
-
[68]
Probablement pour le Des d’histoire et de géographie. G. Duveau a échoué au Des de philosophie en 1922 avec un mémoire sur la durée chez Spinoza, noté 8.
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[69]
Ajoute Franck à son nom après son mariage avec Rose Marie Franck. Séjourne aux États-Unis en 1935 et en tire L’expérience Roosevelt et le milieu social américain, Alcan, 1937.
-
[70]
Traducteur de Hegel. Participe au séminaire de Koyré (EPHE). Étudie les sciences sociales en Allemagne.
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[71]
Assiste Bouglé pour sa bibliographie de Socialismes français : du socialisme utopique à la démocratie industrielle (1932).
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[72]
Ses recherches antérieures (enquête sur les budgets de familles ouvrières) inclinent à penser qu’A. Minkowska serait plutôt une étudiante d’Halbwachs que de Bouglé.
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[73]
Collabore cependant à « Éducation et Instruction » (dir. Bouglé, t. XV, L’Encyclopédie française, 1939).
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[74]
Merci à Thomas Hirsch d’avoir retrouvé plusieurs auteurs de mémoires dans les archives du rectorat de Paris.
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[75]
Le titre de la thèse est en italique si elle a été soutenue. La direction (/s) est mentionnée le cas échéant : CB pour Bouglé ; PF pour Fauconnet ; MH pour Halbwachs.
-
[76]
Peut-être un Des en histoire et géographie.
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[77]
Publie ses travaux sur la consommation et la psychologie économique dans la Revue de l’Institut de sociologie (1938 et 1939), la Revue internationale de sociologie (1939), la Revue de métaphysique et de morale (avril 1941).
-
[78]
Peut-être s’agit-il, non de Sophie, mais de Simon Posner fondateur vers 1926 de la Banque commerciale de l’Europe du Nord (succursale de la Banque d’État soviétique), militant communiste d’origine russe.
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[79]
Source : Angel Pino (2013).
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[80]
Pour une approche nouvelle de la question, voir Delphine Naudier, Maud Simonet, Des sociologues sans qualités ? Pratiques de recherche et engagements, Paris, La Découverte, 2011. Et sur l’engagement des savants, voir Vincent Duclert, « L’engagement scientifique et l’intellectuel démocratique. Le sens de l’affaire Dreyfus », Politix, vol. 12, no 48, 1999, p. 71-94.
« Après (…) quelques plaisanteries habituelles sur Bouglé, le directeur adjoint qui rêvait d’être le Platon d’une académie de normaliens socialistes barbus et tous sociologues, on en vint au fait. »
1On sait que, durant l’entre-deux-guerres, la sociologie universitaire française a principalement mûri à l’École normale supérieure (ENS) et au Centre de documentation sociale (CDS) qu’elle hébergeait. G. Friedmann, R. Aron, R. Polin, J. Stoetzel y ont fait leurs premières armes sous le patronage de Célestin Bouglé, avant de devenir, à la Libération, les figures de proue d’une discipline refondée. Cette représentation du passé de la sociologie mérite, cependant, d’être complétée. En effet, histoire élitaire, elle part des « vainqueurs » pour reconstituer ce que furent leurs parcours en amont de leur notoriété. Ce faisant, elle restreint le champ de son enquête, négligeant ceux et celles qui furent, dans le moment de leur formation, les condisciples des futurs « vainqueurs ». À l’échelle du milieu universitaire parisien, si on ne se cantonne pas au pôle que forment l’ENS et le CDS, la formation en sociologie apparaît beaucoup plus complexe et diversifiée. Au sortir de la guerre, l’« école française de sociologie », souvent présentée selon l’expression de Mauss comme « décimée » prend de fait un nouvel essor. À la Sorbonne, par exemple, grâce à Bouglé, titulaire de la chaire d’histoire de l’économie sociale (1919), à Paul Fauconnet, Albert Bayet et, enfin, Maurice Halbwachs, elle multiplie les élèves, ouvre de nouveaux champs de recherche et diversifie ses orientations.
2La sociologie universitaire de l’ère post-Durkheim, vue à travers les étudiants, présente donc une ampleur insoupçonnée et son tableau historique mérite d’être sensiblement retouché. Cette tâche implique une enquête vaste et minutieuse. Dans la présente contribution, nous ne faisons que l’amorcer en nous centrant sur ceux que nous qualifions d’« étudiants en sociologie de Bouglé » [2], même s’ils ont pu connaître d’autres influences magistrales. Ces étudiants ont en commun d’avoir été sous l’autorité de Bouglé, d’avoir suivi ses enseignements et poussé leurs études au moins jusqu’au diplôme d’études supérieures. Au sein de ces étudiants – dont le recensement est à poursuivre –, nous distinguons deux sous-ensembles selon leur proximité d’avec le maître. D’une part, son « écurie » [3], composée d’élèves qui cumulent une réussite universitaire (diplôme d’études supérieures, doctorat es-lettres, doctorat d’université, agrégation) avec une contribution aux activités du Centre de documentation sociale et une publication dans un support patronné par les durkheimiens historiques (Année sociologique, Annales sociologiques, Inventaires I, II, III). À ces critères formels s’ajoute, pour certains d’entre eux, une relation familière avec Bouglé. Raymond Polin a témoigné de ce processus d’élection : « Il (Bouglé) initiait même certains de ses élèves qu’il aimait aux charmes du travail en vacances en les incitant à venir s’installer, l’été, au Val-André. C’est ainsi qu’en 1937, en 1938, en 1939, nous nous sommes retrouvés l’été durant, Raymond Aron et sa famille, moi-même avec les miens, et Robert Marjolin dans ce village (…). C’est là que nous avons vécu ensemble la crise de septembre 1938, les péripéties du mois d’août 1939 » [4]. À un niveau de moindre intimité, il arrivait aussi à Bouglé d’inviter des étudiants à partager ses sorties dominicales en famille [5]. Face aux privilégiés de l’« écurie B. », le reste des étudiants, restés en marge, compose le deuxième sous-ensemble.
3Dans les pages qui suivent, après un rappel de l’espace parisien de formation à la sociologie universitaire, nous livrons les premiers résultats de notre enquête sur les « étudiants de Bouglé », résumés en deux tableaux annexés. Puis, en raisonnant sur cet échantillon d’une soixantaine d’individus, nous synthétisons quelques-unes de leurs caractéristiques (formation, nationalité, genre) avant de préciser les orientations de leurs travaux. Nous concluons sur leur engagement public afin d’éclairer comment ces apprentis sociologues de l’entre-deux-guerres ont incarné le lien entre sociologie et politique.
La formation des sociologues universitaires à Paris : un espace concurrentiel
4Bien que cumulant une chaire à la Sorbonne, la direction du CDS et bientôt celle de l’ENS, Bouglé n’a pas, sur la place de Paris, une position monopolistique en matière de formation des sociologues. Il doit compter avec des personnalités concurrentes sinon complémentaires. À la Sorbonne tout d’abord, enseignent également la sociologie P. Fauconnet et A. Bayet, rejoints en 1935 par M. Halbwachs. Nul doute que ceux-ci – que Bouglé retrouve à l’Institut français de sociologie – ont aussi « leurs » étudiants qu’ils orientent selon leurs perspectives de recherches. D’autant que Bouglé se fait suppléer à deux reprises par Halbwachs et même par Bayet (1939) alors qu’il est diminué par le mal inexorable qui l’emportera bientôt. Dans une certaine mesure, à partir de 1935, les « étudiants de Bouglé » sont aussi ceux d’Halbwachs. Il est significatif de cette concurrence/complémentarité que Chloé Owings qui a préparé sa thèse avec Fauconnet soit revendiquée par Bouglé comme ayant fréquenté le CDS. De même, Louise-Marie Ferré, dans l’introduction de sa thèse (1934), dit sa dette à l’égard de Bouglé, mais aussi de Fauconnet, ainsi que de Bayet et Simiand dont elle a suivi les enseignements à l’EPHE.
Deux concurrents directs de Bouglé [6]
Deux concurrents directs de Bouglé [6]
5Bouglé doit aussi compter avec Henri Hauser qui, venu du Conservatoire des arts et métiers, occupe depuis 1920 la chaire d’« histoire économique des temps modernes et contemporains ». L’École pratique des hautes études (EPHE) est une autre institution qui contribue à la formation à la sociologie. Au cours des années trente, les directions d’études de Mauss et Bayet – encore lui – à la section des sciences religieuses, mais aussi d’E. Labrousse et d’Ad. Landry à la section des sciences historiques et philologiques [7] attirent des étudiants qui échappent ainsi au giron de Bouglé [8]. Jacques Soustelle, normalien, agrégé de philosophie (1932), auditeur de Mauss, est de ceux-là, de même que Jacques Margot-Duclot, agrégé de philosophie (1934) qui devient un spécialiste du folklore. C’est aussi partiellement vrai de Robert Marjolin qui, proche de Bouglé, n’en fréquente pas moins les conférences de G. Bourgin, Ed. Dolléans et G. Pirou [9], ou d’Ida Chevant-Berger qu’on retrouve à celles d’E. Labrousse en 1939 et d’Al. Dauzat en 1938. L’Institut d’ethnologie de l’Université de Paris, créé en 1925, peut jouer un rôle similaire, d’autant que son attractivité est grande en raison des missions qu’il subventionne, du diplôme qu’il délivre [10] et des débouchés qu’il procure en direction du Musée d’ethnographie, puis du Musée de l’Homme. Mauss, pilier de l’Institut, concurrence de fait Bouglé sur le marché de l’offre d’enseignement [11]. Il capte définitivement Soustelle, mais aussi de jeunes étudiantes (Denise Paulme, Germaine Tessier du Cros-Dieterlin, Jeanne Cuisinier, par exemple [12]) dont le chemin ne croisera pas celui de Bouglé. Ce jeu de rivalité et de complémentarité peut aussi concerner l’Institut d’urbanisme où Marcel Poëte encadre des étudiants qui, ayant commencé leur cursus avec Bouglé, se sont tournés vers la sociologie urbaine. L’École libre des sciences politiques est également un pôle avec lequel il faut compter. Élie Halévy, ami de longue date de Bouglé, y enseigne l’histoire des doctrines socialistes depuis 1901. Il attire des étudiants qui auraient pu être des éléments durables parmi les disciples de Bouglé. Ainsi, E. Wernert dont É. Halévy dirige la thèse en 1934, a d’abord réalisé, pour le DES, un mémoire sur Renouvier avec Bouglé. Jean-Marcel Jeanneney est dans le même cas qui fut élève de Bouglé jusqu’à la licence avant de passer à Sciences Po et à un doctorat de sciences économiques avec G. Pirou. Car la Faculté de droit où officient René Maunier [13] et René Worms jusqu’à sa mort (1926), constitue également un espace où l’on apprend une sociologie différente de celle prônée par Bouglé. Il y a donc, à la fois, concurrence/complémentarité et porosité des espaces de formation à la sociologie. André Philip, diplômé d’études supérieures en philosophie de la Sorbonne (où il a suivi les cours de Bouglé), de l’École libre des sciences politiques, mais aussi licencié en droit, puis docteur en sciences économiques de la Faculté de droit de Paris en est un bon exemple.
6Sur le plan, non plus des institutions qui forment à la sociologie et diplôment des étudiants, mais des établissements de recherches, on constate une concurrence analogue. Le CDS est directement en rivalité avec l’Institut scientifique de recherches économiques et sociales (ISRES) de Charles Rist, fondé en 1931, qui recrute R. Marjolin [14]. Avec le Centre d’études de politique étrangère (CEPE), créé en 1935 par deux jeunes agrégés d’histoire et de géographie, Louis Joxe et Étienne Dennery, la complémentarité l’emporte. Bouglé qui en est administrateur, y anime le Groupe d’études des sciences sociales en France « constitué pour faire le bilan de l’état actuel des sciences sociales en France » dont il peut concilier l’activité avec celle de son propre centre. Cela débouchera sur une conférence internationale (1937) et un ouvrage collectif [15]. Le Centre international de synthèse, cénacle d’intellectuels chevronnés sous la houlette d’Henri Berr, peut aussi capter des jeunes prometteurs (Valentin Feldman).
Les étudiants en sociologie de Bouglé : insiders et outsiders
« Ma carrière s’est jouée un dimanche de l’automne 1934, à 9h du matin, sur un coup de téléphone. C’était Célestin Bouglé, alors directeur de l’École normale supérieure ; il m’accordait depuis quelques années une bienveillance un peu lointaine et réticente : d’abord parce que je n’étais pas un ancien normalien, ensuite et surtout parce que même si je l’avais été, je n’appartenais pas à son écurie pour laquelle il manifestait des sentiments très exclusifs »
7Notre enquête met en évidence que soixante-dix individus – hommes et femmes – ont été, de manière avérée, étudiants en sociologie de Bouglé [16]. C’est beaucoup plus que la dizaine de noms habituellement cités dans les histoires de la sociologie. Bien que pouvant être enrichi grâce à des recherches complémentaires [17], cet échantillon d’apprentis sociologues des années vingt et trente permet, en l’état, une approche de la dynamique de la sociologie universitaire sous la conduite de Bouglé dans l’entre-deux-guerres. Il révèle, tout d’abord, qui furent les jeunes intellectuels qui ont rallié la sociologie « bougléo-durkheimienne ». Ensuite, à travers les sujets de leur mémoire ou de leur thèse, il informe sur leurs recherches. Enfin, par des aperçus biographiques, il renseigne sur les rapports qu’ont entretenus ces apprentis sociologues avec le champ politique. On constate, en effet, pour nombre d’entre eux, une véritable porosité entre les deux domaines, sociologie et politique, entre lesquels ils circulent sans solution de continuité [18].
8Au sein de cet échantillon d’étudiants, nous avons distingué deux sous-ensembles en fonction de leur plus ou moins grande proximité avec Bouglé et son dispositif de recherche et d’édition (voir tableaux en annexe). Le premier sous-ensemble comprend 39 individus qui ont bénéficié de véritables encouragements de la part de Bouglé. Reprenant l’image qu’en avait Lévi-Strauss, nous l’appelons l’« écurie B. ». Il reflète le mieux, par étudiants interposés, la conception de Bouglé de la sociologie. Le second sous-ensemble rassemble des étudiants et étudiantes au nombre de 31 qui, quel que soit leur mérite, sont restés extérieurs à ce dispositif, soit – première hypothèse – que Bouglé ne les en ait pas jugés dignes, soit – seconde hypothèse – qu’ils n’aient pas voulu être enrôlés dans son entreprise, souvent pour des raisons idéologiques. C’est le cas, par exemple, d’étudiants proches du Parti communiste français peu enclins à épouser le réformisme radical-socialiste du directeur de l’ENS [19].
Un ensemble composite d’élèves de la rue d’Ulm et d’étudiants de la Sorbonne
9Ce premier recensement des étudiants de Bouglé permet, d’ores et déjà, une première investigation sociographique. Sans nous arrêter à des caractéristiques tels que l’âge et l’origine sociale qui mériteraient d’être explorées, on peut pointer, à partir de cet échantillon quelques faits relatifs à la réussite scolaire, à la nationalité et au genre pour dégager un portrait de groupe des étudiants de Bouglé. Le niveau scolaire de ses apprentis sociologues est élevé. Car, si Bouglé n’a jamais négligé d’enseigner la sociologie aux membres de l’enseignement primaire [20], c’est parmi les élèves de l’ENS qu’il cherche, en premier lieu, à susciter des vocations. De fait, dans notre échantillon, les normaliens constituent un fort noyau à hauteur de 36% de l’ensemble. Poussant la sélection un peu plus loin, Bouglé use de sa fonction directoriale à l’ENS pour orienter les élèves de la section Lettres vers telle ou telle agrégation, favorisant ou décourageant, par la même, une vocation de sociologue [21]. En effet, pour lui, la philosophie reste la voie royale qui mène à la sociologie et s’engager dans la préparation d’une agrégation d’histoire, de lettres, de langues ou de grammaire signifie, à ce stade des études, renoncer à un devenir de sociologue. On constate que sur les 27 agrégés de l’échantillon, 23 ont réussi l’agrégation de philosophie, les autres se partageant entre l’histoire-géographie et les lettres. Cependant, la réussite à l’agrégation de philosophie peut avoir des effets contre-productifs pour la formation de sociologues. Le jeune agrégé se retrouve, du jour au lendemain, nommé dans un lycée de province, pour certains (Colmar, Valenciennes, Mont-de-Marsan, Vendôme, etc.) éloignés des villes universitaires. Or, l’orientation vers la sociologie se finalise dans les études universitaires à un haut niveau (diplôme d’études supérieures et, surtout, doctorat), là où la recherche personnelle commence à se manifester. C’est au cours de ce cursus que les vocations prennent véritablement corps. Le moment clé paraît être le passage du diplôme d’études supérieures au doctorat [22]. Parmi les apprentis sociologues, certains confirment alors leur vocation tandis que d’autres, au contraire, bifurquent. Ainsi, des normaliens et des néo-agrégés, attirés un temps par la sociologie, choisissent in fine de poursuivre leur formation à la recherche dans une autre direction. Citons Simon (philosophie), Lévi-Strauss et Soustelle (anthropologie), Schwob (économie), Vignaux (philosophie médiévale). En raison des fluctuations dans le choix de carrière et de spécialité des étudiants, Bouglé ne peut s’attacher une « écurie » stable à l’instar de nos modernes équipes de recherche. Sa composition varie au gré des entrées et sorties de l’ENS, des défections d’élèves pourtant remarqués, mais aussi en fonction d’apports provenant de la Sorbonne. Contrairement au vécu de S. de Beauvoir et de R. Aron, dont l’une dit : « A la Sorbonne, personne ne suivait les cours de sociologie, ni ceux de psychologie, tant ils nous semblaient insipides », et l’autre : « A la Sorbonne, entre 1924 et 1928, Paul Fauconnet et Célestin Bouglé enseignaient la sociologie (…), ni l’un ni l’autre n’éveillaient de vocations » [23], la Faculté des lettres se révèle bel et bien un lieu de recrutement d’apprentis-sociologues. Ainsi, l’écurie B. intègre des non normaliens – qui plus est non agrégés (Golodetz, Klanfer, Marjolin, Rosenstock, Weiss) – passés par la Sorbonne. C’est encore plus vrai pour les outsiders dont la majorité (80%) provient de la Sorbonne.
10L’examen de l’échantillon appelle une autre remarque, relative celle-là à sa dimension internationale. En dépit du poids des ulmiens, forcément nationaux, 30% des étudiants en sociologie sont étrangers. Bouglé doit son attractivité à son poste en Sorbonne où il existe une tradition bien ancrée : celle de l’étudiant étranger venant faire des études supérieures auprès des maîtres de la prestigieuse université. Cependant, on remarque dans cette attractivité des spécificités qui mériteraient d’être expliquées. Ainsi, on ne relève, parmi les étudiants de Bouglé, ni Britanniques, ni Hongrois, pourtant parmi les dix contingents nationaux les plus importants de la Faculté [24]. Par ailleurs, l’origine géographique des étudiants sociologues évolue sur la période étudiée. Durant la décennie 1920, la présence d’étudiants venus d’Europe orientale, d’Amérique du nord ou d’Asie (Lê-van-Kim, Owings, Raléa, Roman, etc.) pour couronner leur cursus par un doctorat, est conforme au rayonnement de la Sorbonne dans l’immédiat après-guerre. Par la suite, au cours des années trente, l’internationalité provient surtout d’étudiant-e-s d’origine germanique (Allemagne et Autriche). Cette sur-représentation d’étudiants venus d’outre-Rhin est particulièrement sensible dans l’écurie B. On peut y voir la marque de la germanophilie de Bouglé (qu’il partage avec Halbwachs) et l’effet de son rapprochement avec l’Institut de Francfort [25]. Elle tient aussi à l’image politique du sociologue-directeur de l’ENS. Pour ceux que la montée des totalitarismes pousse à l’exil en raison de leurs idéaux politiques, Bouglé fait figure de « mandarin de gauche », susceptible d’un accueil intellectuel favorable. En contre-point de cette germanisation, la quasi-inexistence d’étudiants américains surprend alors que le CDS bénéficie, directement ou indirectement, du soutien de la Fondation Rockefeller et qu’il envoie outre-Atlantique – où Bouglé s’est rendu en 1929 – plusieurs de ses membres étudier les réalités sociales du new deal [26] (Marjolin, Rosenstock, Stoetzel). Soulignons que la présence d’étudiants d’origine germanique se révèle profitable pour l’activité du CDS car ceux-ci réalisent des travaux de qualité en un temps record. C’est le fait, en particulier, d’étudiantes : I. Berger, H. Golodetz, H. Weiss. Selon le témoignage de Paul Honigsheim qui est à la tête de l’annexe parisienne de l’Institut de Francfort, cette efficacité n’aurait pas été sans poser des problèmes d’intégration au sein du milieu de la recherche français, moins habitué à travailler d’arrache-pied :
« L’intellectuel français type, qui voulait avant tout la sécurité et un avenir bien tracé pour lui-même et sa famille, trouvait que ces maudits intellectuels allemands représentaient un danger pour son mode de vie, car ils ne passaient pas leur temps à boire des apéritifs avec leurs amis et travaillaient deux fois plus que les Français. Ils travaillaient pour l’amour de Dieu ou, s’ils n’étaient pas religieux, pour l’amour du travail, ce qui est à peu près la même chose pour un véritable universitaire allemand. Par conséquent, loin de les accueillir avec sympathie comme aux États-Unis, les Français voyaient d’un mauvais œil l’implantation d’universitaires allemands dans leur milieu » [27].
12Dernière remarque, dans l’ensemble des étudiants de Bouglé, l’élément féminin occupe une place non négligeable. Cependant, elle est inférieure (32%) à la moyenne générale en Lettres (48% en 1937) [28]. Par ailleurs, la féminisation tient surtout à la présence d’étudiantes étrangères, allemandes et chinoises, plutôt qu’à de jeunes Françaises encore rares (Thibert, Ferré, Doré). La place que prendront, après la Deuxième Guerre mondiale, au sein de la sociologie refondée, Viviane Isambert-Jamati et Andrée Michel, par exemple, n’est pas encore acquise.
La sociologie « bougléo-durkheimienne » : objets et méthodes
13Le relevé des sujets de mémoires (Des) et de thèse (Doctorat d’université ou es-lettres) ainsi que des conférences devant le CDS fait apparaître ce que l’on peut qualifier de programme collectif de formation et de recherche orchestré par Bouglé. En effet, on y lit les domaines sur lesquels celui-ci invite ses étudiants à travailler [29]. Sur vingt ans, apparaissent quatre orientations principales.
La pensée sociale
14Dans la suite des Prophètes socialistes [30] et conformément à l’intitulé de chaire de Bouglé (« histoire de l’économie sociale »), plusieurs étudiants se consacrent à l’étude de la pensée sociale au XIXe siècle. C’est particulièrement vrai au niveau du diplôme d’études supérieures où le travail sur un « grand auteur », dans la tradition de la philosophie, est souvent adopté. Au premier rang de ces auteurs figurent Comte, Proudhon et Fourier [31] (à eux trois ils constituent 38% des sujets de mémoire pour le Des), mais aussi Saint-Simon, Charles Dunoyer, Pecqueur, Considérant (dont le CDS a reçu la bibliothèque en dépôt) et Le Play [32]. Les travaux auxquels ils donnent lieu vont d’une simple communication devant le CDS à des mémoires et des thèses. Ainsi, Raléa et Bouglé en personne s’attachent à Proudhon, tandis que Canguilhem, Abanson, Varney, Boivin, Borne et Luc, entre 1926 et 1934, étudient l’auteur du Système de politique positive. Morris Friedberg et René Maublanc, à dix ans d’écart, se penchent sur Fourier et Raymond Polin planche sur Le Play (1937). La réflexion sur le marxisme, est loin d’être absente [33] (13% des sujets de mémoire de Des). On la trouve chez Lévi-Strauss (1930) ou, plus tard, chez Doré ou Golodetz-Zahn laquelle traite de son application à l’organisation économique (1935). Maublanc, à la fois grand aîné de l’écurie B. et marginal en son sein, confronte, quant à lui, marxisme et sociologie. Remarquons la quasi-absence des sociologues contemporains comme sujet d’étude au niveau du diplôme d’études supérieures. Seuls Durkheim (3), Lester Ward (1), Fouillée (2) et von Wiese (1) font exception. Les recherches des étudiants de Bouglé sont encore loin, sur le plan des auteurs de référence, de refléter son Guide de l’étudiant en sociologie.
Les questions théoriques
15Une deuxième orientation de recherche, évidemment pas toujours nettement distincte de la première, consiste en l’étude de questions théoriques abordées sous un angle philosophique et sociologique. Tour à tour, le jugement de valeur (Déat), l’idée de révolution (Raléa, Doré), la philosophie de l’histoire (Aron) font l’objet de recherches entreprises généralement dans le cadre d’un doctorat.
Les problèmes contemporains
16Les problèmes économiques et sociaux contemporains occupent une place importante dans le programme de recherche. Ils se révèlent, pour ceux qui s’y consacrent, propices ou conciliables avec un engagement politique. Ils requièrent ce que Bouglé nomme la « sociologie inductive » c’est-à-dire une démarche d’enquête. Plusieurs recherches sont centrées sur l’organisation industrielle et sociale en plein bouleversement à travers l’étude des expériences Roosevelt ou de la planification soviétique (Yovanovitch, Schwob, Marjolin, Franck-Rosenstock, Friedmann). Le syndicalisme (Gaït, Franck-Rosenstock, Wou, Posner) et la coopération (Charon, Polin) sont aussi l’objet de la réflexion des apprentis sociologues. Dans les années trente, trois autres questions vives émergent : l’immigration (Wlocewski, Chevant) [34], les classes sociales (Ferré, Mougin, Feldman, Klanfer) et le fascisme (Maget). Certaines de ces recherches font l’objet d’un financement durable de la part du Conseil universitaire de la recherche sociale à partir de 1935.
La sociologie historique
17Plusieurs travaux dénotent combien la perspective historique est présente dans la conception de la sociologie de Bouglé. Peut-être pour faire pièce à une histoire sociale en plein essor – Les Annales d’histoire sociale de L. Febvre et M. Bloch voient le jour en 1929. Outre l’histoire de la pensée sociale mentionnée plus haut, Bouglé encourage des travaux sur des faits du passé dont certains feront date. Par exemple, ceux de Duveau et de Rigaudias-Weiss sur la classe ouvrière. Le féminisme est aussi approché sous l’angle historique, notamment dans ses rapports avec le socialisme (Ferré, Le-Van-Kim, Li, Thibert). Mais aussi le capitalisme (Henry)
18Beaucoup des sujets de thèse ou de mémoire peuvent paraître éloignés des priorités que Durkheim donnait à la sociologie. Certains impliquent des enquêtes directes (que Bouglé qualifie de « sociologie inductive ») qui ne répondent pas à l’impératif d’étudier des « faits sociaux consolidés » énoncé dans les Règles. À travers sa direction de travaux, Bouglé trace donc les contours d’une sociologie originale, sans pourtant rompre, pour l’essentiel, avec le paradigme durkheimien auquel il redit constamment son attachement. Sa conférence reproduite par les Archives de D. Gusti (c. 1924) est très claire sur ce point [35]. De même son Bilan de la sociologie française contemporaine (1935).
Des étudiants politisés
19Si on peut partager les étudiants de Bouglé en insiders et en outsiders, la majeure partie d’entre eux présente une même caractéristique : l’engagement en politique. En effet, la plupart des individus de notre échantillon ne conçoivent pas la sociologie indépendamment d’une action au sein de la Cité. En cela, ils sont bien bougléens [36] même si leur engagement diffère du réformisme de leur maître. Les renseignements récoltés sur leurs engagements (colonne 7 des tableaux I et II) le montrent amplement. On peut y distinguer deux types d’engagement, l’un directement politique, en référence à un parti, l’autre plus social, axé sur des valeurs et combiné avec l’adhésion à un mouvement (pacifisme, jeunisme, féminisme).
À gauche toute !
20L’orientation de gauche des apprentis sociologues de Bouglé est largement majoritaire durant la période allant du Cartel des gauches au Front populaire. Elle se formalise à l’ENS dans l’existence d’un cercle de gauche où l’on sait aussi s’amuser dans la tradition des canulars de l’École [37]. Sur l’éventail des offres politiques, elle va des sympathies pour le frontisme de Bergery (Duveau, Gaït) à celles, plus ou moins orthodoxes, pour le Parti communiste (Friedmann, Luc, Maublanc [38], Mougin, Posner, Weiss, Golodetz) en passant par les différentes nuances du socialisme (Déat, Bonnafous, Boivin, Lévi-Strauss, Klanfer). Il y a aussi des démocrates chrétiens (Simon, Borne) [39]. L’absence de partisans déclarés de la droite ou du fascisme [40] n’est pas une surprise, surtout après la formation du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (1934) qui crée un clivage au sein de l’intelligentsia [41]. Pour la majorité des étudiants de Bouglé, ce « tous de gauche » se concrétise par un activisme favorisé par la montée du Front populaire. S’engager est une évidence aussi bien pour les étudiants socialistes (Boivin, Vaysset) que pour les démocrates chrétiens (Borne, Simon) ou les communistes. Certains vont même jusqu’à briguer un mandat national (Déat, Philip) ou occuper des responsabilités ministérielles (Déat, Gaït, Boivin, Luc). Ce qui vaut pour les Français peut valoir aussi pour d’autres, en particulier les Roumains (Vulcanescu, Raléa).
21Les conflits politiques à l’échelle nationale et internationale ne manquent pas de se réfracter dans le microcosme bougléen où des tensions sont perceptibles entre tenants des différentes sensibilités de gauche. Elles sont visibles au niveau des supports éditoriaux. Bouglé, en tant que publiciste et directeur de collection, affirme clairement sa voie réformiste en matière économique et sociale. Ses multiples interventions dans la presse le signifient à foison. Les collections qu’il fonde et qu’il dirige, hors espace durkheimien, vont dans le même sens, qu’il s’agisse de sa « Bibliothèque d’information sociale » chez Garnier Frères [42] ou de la collection « Réformateurs sociaux » chez Félix Alcan [43].
Bouglé, directeur de collection
Bouglé, directeur de collection
22La parole y est donnée à la « vieille garde » intellectuelle proudhonienne et non à la génération montante, aux « nouvelles relèves » selon l’expression d’O. Dard. Est-ce entièrement de son fait ? Manifestement, certains normaliens sont plus en sympathie avec l’univers communiste des Éditions sociales internationales (Esi) fondées en 1927. G. Friedmann y dirige, à partir de 1935 [44], la collection « Socialisme et culture » [45] qui publie Feldman, Maublanc, Mougin, Luc. G. Friedmann lui-même publie ses Problèmes du machinisme en URSS et dans les pays capitalistes (1934) dans la collection « Problèmes. Essais sur les grandes questions contemporaines ». Après Munich, il collabore à des périodiques « compagnons de route » du PCF comme le quotidien Ce Soir ou la revue Les Volontaires de Renaud de Jouvenel. D’autres étudiants de Bouglé suivent son exemple ; ils interviennent dans la grande presse (L’Oeuvre) ou participent à des revues intellectuelles (Esprit, Commune) dont S. de Beauvoir a dit qu’elles « naissaient et mouraient comme des mouches ». L’engagement en politique est donc, à la fois, unificateur et clivant. Il révèle ce qui sépare Bouglé de nombre de ses élèves et ceux-ci entre eux. Il peut aussi se conclure tragiquement (Klee, Feldman, Cavaillès, Minkowska [46]).
Militants des mouvements sociaux
23À côté de l’engagement dans un parti politique qui implique une relative acceptation d’un cadre hiérarchique et réglementé [47], la fameuse « discipline de parti », il existe, de la part des étudiants de Bouglé, d’autres investissements, plus sociaux que partidaires. On relève trois domaines de pensée et d’action : le pacifisme, le féminisme et le jeunisme. Le premier est le fait d’étudiants (Canguilhem, Laubier, Charon) qui partagent les idées d’Alain, plus que celles de Bouglé. Le pacifisme est un enjeu dans la période qui divise les intellectuels de manière passionnée [48]. Le féminisme est incarné par des étudiantes françaises et étrangères (Thibert, Ferré, Li) qui articulent le combat pour l’égalité des droits à la recherche sociologique. Le jeunisme, enfin, est très minoritaire mais il répond à une attente générale que l’on retrouve chez presque tous, quel que soit leur type d’engagement. En effet, dans une société française enlisée dans ses archaïsmes, les jeunes veulent prendre la parole et participer à la définition de leur avenir. J.-G. Charon, véritable « non-conformiste des années trente » [49], a compris cette attente. Il lui donne forme en fondant le mouvement J.E.U.N.E.S. (Jeunes Équipes Unies pour une Nouvelle Économie Sociale) par son appel du 11 mars 1934. À l’instar de la Revue des jeunes de Robert Garric, mais empruntant une voie beaucoup plus radicale, le mouvement de Charon s’impose comme interlocuteur dans le débat public. Ainsi, les résultats de son enquête auprès de jeunes sont repris dans L’Humanité, tandis que Charon et le groupe « Dynamo » qu’il a fondé se rapprochent de Jacques Duboin et de la Ligue du droit au travail.
24Que le féminisme et le pacifisme figurent parmi les valeurs défendues par les étudiants n’étonne pas quand on sait la place que Bouglé leur donne dans sa sociologie [50]. On est surpris, par contre, que la coopération, à la fois objet de recherche et valeur sociale prônée par Bouglé [51], n’ait pas fait d’adeptes. Ni Marjolin, ni Polin et Charon ne semblent avoir continué dans cette voie de recherche et d’action. De même, le syndicalisme et l’éducation populaire ne mobilisent guère les étudiants de Bouglé, à l’exception de Georges Lefranc mais qui n’est pas, à proprement parler, un élève en sociologie, et de P. Vignaux et F. Henry qui rejoignent la CFTC et animent le syndicalisme en milieu universitaire.
Une compénétration durable ?
25L’engagement vécu à l’époque étudiante s’avère durable pour plus d’un étudiant de Bouglé. Certains deviennent des politiciens professionnels ou des responsables politiques, suspendant pour un temps leur carrière universitaire. Plusieurs cas illustrent cette compénétration du sociologique et du politique. Raymond Aron et Jacques Soustelle sont emblématiques de ce phénomène. Mais aussi Marcel Déat et Max Bonnafous. D’autres, plus obscurs, en sont également représentatifs à leur niveau comme, par exemple, un étudiant de la première génération (cf. Tableau I, période 1), Dragoljub Jovanović (ou Yovanovitch) venu à Paris, préparer une thèse avec Bouglé en vue du doctorat es-lettres. Son parcours (voir encadré ci-dessous [52]) est exemplaire de l’alliage entre sociologie et action politique (ou sociale). En multipliant les vignettes similaires, sorte de carnet de croquis des étudiants de Bouglé, on pourrait ainsi dessiner l’ombre portée de la sociologie sur la société, en France et ailleurs. Ces courtes monographies montreraient que l’acclimatation de la sociologie à la société des années vingt et trente a dépassé les traces consolidées qu’elle a pu laisser dans le champ scientifique stricto sensu. Minorée dans les facultés, la sociologie envahit le débat public où ses représentants, affirmés ou discrets, apprentis ou aguerris, donnent de la voix.
Dragoljub Jovanović (Gnjilan, 1895-Belgrade, 1977)
À l’image de Bouglé, Jovanović n’a jamais dissocié ses intérêts intellectuels de ses activités politiques. Une fois sa thèse soutenue, il retourne en Yougoslavie où il est nommé professeur d’économie politique à la Faculté de droit de Belgrade, spécialisé en politique agraire [54], en même temps qu’il joue un rôle de premier plan dans les groupes de la gauche agraire. Dans les années 1930, il est parlementaire, député du Parti paysan croate. Traduit en justice en 1932 pour son opposition au roi Alexandre, il est condamné à un an de prison en dépit du soutien de la Ligue des droits de l’Homme et de celui, personnel, de Bouglé qui, dans la presse française, « fait l’éloge de l’œuvre scientifique de son élève ». Il perd son poste à la Faculté de droit. Amnistié (1935), il est réélu, puis à nouveau arrêté en 1938, jugé et condamné. Pacifiste, adversaire des idéologies fasciste et nazie, il met en garde, dans ses œuvres et ses discours, contre ce danger, et initie la création du Front populaire de Yougoslavie. Il passe la guerre dans la clandestinité, se cachant à Belgrade ou dans le reste de la Serbie. Après l’occupation du pays par les Allemands, il fait partie des intellectuels serbes qui appellent à coopérer avec le mouvement des partisans, incitant notamment les membres de son Parti national paysan à se joindre au Mouvement de libération nationale. Après guerre, il siège à l’Assemblée nationale de Yougoslavie en tant que représentant du Front populaire, et retrouve son poste à la Faculté de droit (1945). Il travaille un temps avec les communistes, mais rejoint vite l’opposition en critiquant la politique de la Ligue des communistes de Yougoslavie, et notamment le système du parti unique, ce qui lui vaut d’être à nouveau expulsé de la Faculté de droit (1946) et d’être arrêté, puis condamné à 9 ans de prison (1947). Il est accusé de prendre ses ordres auprès de gouvernements étrangers, de tremper dans un vaste complot où sont de même accusés les leaders du Parti paysan croate. On l’accuse aussi d’avoir donné des interviews à des journalistes anglais et d’avoir prophétisé que le gouvernement yougoslave allait s’écrouler à cause de difficultés économiques. Il critique, en effet, la politique agricole qui oblige les paysans à livrer une partie de leur récolte à l’État, décision qui a entraîné une forte baisse de la productivité. On peut déduire ces prises de position des convictions qu’il a pu se forger en lien avec ses intérêts intellectuels en matière d’économie sociale. La collectivisation de l’agriculture était sans doute une aberration au regard des mesures qu’il préconisait pour assurer à la fois rendement et bien-être des travailleurs. A sa sortie de prison (1956), il vit de façon très modeste, sans ressources, et dans l’isolement politique et social. Il est réhabilité en 2009.
Sociologie et politique, deux domaines consubstantiels ?
26L’enquête sur les étudiants apprentis-sociologues de Bouglé amène à conclure que, pour la plupart d’entre eux, dans la ligne de leur maître, l’engagement en politique est consubstantiel de la sociologie. Exercer la sociologie va de pair avec une intervention dans la Cité qui actualise le travail scientifique. Certes, ce désir d’engagement n’est pas propre aux apprentis sociologues. Il est largement partagé au sein de la jeunesse intellectuelle de l’entre-deux-guerres. Mais chez les étudiants de Bouglé, il s’autorise de la conception de la praxis de l’auteur De la sociologie à l’action sociale. Leur engagement apparaît comme un « héritage » de ce dernier : la marque qu’il a laissée sur la sociologie française. On pourrait dire, paraphrasant Clausewitz, que, pour Bouglé et ses émules, la politique est la continuation de la sociologie par d’autres moyens.
ANNEXE (A) : l’échantillon
27Nous avons distingué les étudiants de Bouglé, à ce jour recensés, en fonction de leur participation au dispositif spécifique de recherche et d’édition schématisé dans le tableau ci-dessous. Ce dispositif qui facilite l’essor de la sociologie, complète les enseignements statutaires assurés par Bouglé. Il comprend un volet « recherche », composé d’institutions et de groupes plus ou moins durables, et un volet « publication » qui assure une diffusion sélective des recherches entreprises [55] [56] [57] [58].
28Les étudiants recensés, au nombre de 70, sont rangés dans deux tableaux distincts, l’un intitulé « écurie » (tableau I) composé d’étudiants collaborant au dispositif ci-dessus, l’autre outsiders (tableau II) regroupant les étudiants restés extérieurs au dispositif. Dans chacun des tableaux, nous mettons en regard du cursus d’étude de chaque étudiant (col. 2, 3 et 4) des éléments biographiques relatifs à son engagement politique ou civique (col. 7). Pour ce qui est des étudiants de l’« écurie », nous précisons leur collaboration au dispositif de Bouglé (col. 5 et 6). Le classement est alphabétique.
29L’enquête a porté sur les promotions d’étudiants de la période allant de 1920 à 1940, divisée en deux séquences : 1920-1927 et 1928-1940. La coupure est justifiée par la prise de fonctions directoriales de Bouglé à l’ENS [59] qui marque un tournant dans ses relations avec les étudiants. Elle prend aussi en compte le contexte politique : jusqu’en 1927, la société française est dans l’après-guerre, ensuite s’ouvre une nouvelle période qui conduit au Front populaire tandis que montent les totalitarismes. Durant toute cette période, Bouglé est professeur à la Sorbonne sur la chaire d’histoire de l’économie sociale, mais il se fait suppléer à quatre reprises, par Maurice Halbwachs en 1935-36 et 1936-37, par Albert Bayet en 1938-39 et 1939-40. Ces années-là, il est donc moins directement en contact avec les étudiants.
L’écurie de Bouglé (1920-1940) [61] [62] [63] [64] [65] [66] [67] [68] [69] [70] [71] [72] [73]
ANNEXE (B) : Note sur l’objet, la méthode et les sources de l’enquête
Sur le projet d’identifier les étudiants en sociologie de Bouglé est venu se greffer un questionnement relatif à l’engagement politique des sociologues. Ceux-ci revendiquent, souvent, aujourd’hui, une neutralité axiologique, manière de se dédouaner – sur le mode de la dénégation – vis-à-vis de leur rapport au politique [80]. ments politiques et sociaux ne pourrait-elle pas réactiver cette question et lui redonner une pertinence ? Dès lors, la méthode de cette enquête à deux niveaux, sur les étudiants de Bouglé et sur leur engagement politique, s’est imposée d’elle-même : retrouver un à un (ou une à une) ces étudiants-tes et reconstituer a minima leur biographie relative à un possible engagement politique. Certains individus ont donné lieu à des arbitrages qui restent discutables. Ainsi, Soustelle a-t-il été un étudiant de Bouglé ? Oui par sa scolarité à l’ENS et son diplôme d’études supérieures. Non par son investissement du côté de Mauss et de l’Institut d’ethnologie. La même question se pose pour Chloé Owings, Eugène Schreider ou Henri Pastoureau. Les sources d’une telle enquête, si nous l’avions voulue systématique, auraient dû comprendre prioritairement des archives publiques et privées (listes d’admis à l’ENS, d’inscrits à la Sorbonne, dossiers personnels, correspondance, etc.). Nous avons, pour l’instant, suivi d’autres voies, plus buissonnières et abouti néanmoins à des premiers résultats qui nous semblent, significatifs et surtout susceptibles de servir de base à des développements ultérieurs. Le primat des archives ne doit pas faire oublier la valeur des sources imprimées. Nous les avons largement utilisées pour identifier les étudiants, reconstituer leur biographie et évaluer leur éventuel engagement politique. Le dépouillement de la presse (à commencer par les journaux comme Le Populaire et L’Humanité), ainsi que des collections des Annales de l’Université de Paris et des Annuaires de l’École pratique des hautes études, favorisé par leur mise en ligne (sites Gallica et Persée), s’est révélé très productif. La numérisation de ces périodiques, associée à la fonction recherche de mots clés, a décuplé les capacités d’investigation. De même, la mise en ligne de catalogues de bibliothèques comme celle de l’ENS (site Rubens). Par ailleurs, deux autres catégories de source ont eu une importance dans notre enquête : évidemment les travaux savants sur le monde intellectuel de la période 1920-1940, particulièrement les biographies, mais aussi les mémoires et souvenirs des acteurs grâce auxquels on saisit la réalité subjective et, pour tout dire, vivante. Ajoutons enfin que des incursions dans les archives ont été un complément fort utile : d’une part, nous avons dépouillé le registre des candidats au diplôme d’études supérieures de philosophie de la Faculté des lettres de Paris (1906-1938), mine d’informations en matière de données biographiques élémentaires et de réussite à l’examen, d’autre part, Thomas Hirsch, en fonction aux AN, a eu la gentillesse d’explorer pour nous certaines fiches individuelles d’étudiants, actuellement non consultables.
Notre enquête sur la base de ces quatre types de source a abouti à des résultats que nous synthétisons en deux tableaux. Ceux-ci rendent incomplètement compte de la richesse des données biographiques réunies sur les étudiants de Bouglé. Celles-ci auraient nécessité de multiplier les encarts présentant des individus. Nous n’en donnons qu’un exemple, celui de Dragoljub Jovanović présenté par Jean-Christophe Marcel. Un dictionnaire biographique des étudiants en sociologie de la période (1920-1940) serait envisageable qui restituerait leur diversité, mais aussi permettrait de mieux comprendre quels possibles se sont présentés à la sociologie universitaire et quelles voies, en définitive, ont été privilégiées par ses acteurs.
30Sources et bibliographie :
31• Instruments de recherche et sources primaires :
32Rubens, catalogue en ligne de la bibliothèque de l’ENS.
33Hummel, Pascale, Lejeune, Anne, Peycéré, David, Pour une histoire de l’École normale supérieure : sources d’archives : 1794-1993, Paris, Presses de l’ENS, 1995.
34Collection des Annales de l’Université de Paris (1926-1941).
35Collection du Bulletin de l’Association amicale de secours des anciens élèves de l’ENS, en particulier son Supplément historique, 1990.
36Répertoire alphabétique annuel des candidats au diplôme d’études supérieures de philosophie, 1906-1938, AN AJ/16/4954.
37• Études :
38Azema, Jean-Pierre, Aglan, Alya (dir.), Jean Cavaillès résistant ou La Pensée en actes, Paris, Flammarion, 2002.
39Becker, Annette, Maurice Halbwachs. Un intellectuel en guerres mondiales, 1914-1945, Paris, Agnès Viénot Éd., 2003.
40Bouju, Marie-Cécile, Lire en communiste : les maisons d’édition du Parti communiste français 1920-1968, Rennes, Pur, 2010.
41Brassié, Anne, Robert Brasillach, Paris, Robert Laffont, 1987.
42Dard, Olivier, Le rendez-vous manqué des relèves des années trente, Paris, Puf, 2002.
43Geiger, Roger, « La sociologie dans les écoles normales primaires. Histoire d’une controverse », Revue française de sociologie, XX, no 1, janvier-mars 1979, p. 257-272.
44Giocanti, Stéphane, Pierre Boutang. Indocile, inclassable, inactuel, Paris, Flammarion, 2016.
45Golopentia, Sanda, « Romanian sociologists in Paris in the 1930s », Sociologie Româneasca, vol. III, no 1, 2005, p. 72-93.
46Grémion, Pierre, Piotet, Françoise (dir.), Georges Friedmann. Un sociologue dans le siècle 1902-1977, Paris, CNRS Éditions, 2004.
47Guey, Emmanuelle, Les sciences humaines (pédagogie-psychologie-sociologie) dans la formation des maîtres de l’enseignement primaire (1920-1969) : étude historique sur une institutionnalisation discontinue, thèse pour le doctorat en sciences de l’éducation, sous la direction d’A. Savoye, Paris-8, 2013.
48Heilbron, Johan, « Les métamorphoses du durkheimisme, 1920-1940 », Revue française de sociologie, 26-2, 1985, p. 203-237.
49Hikaru Desan, Mathieu, Heilbron, Johan, « Young Durkheimians and the temptation of fascism : The case of Marcel Déat », History of the Human Sciences, vol. 28 (3), p. 22-50.
50Hirsch, Thomas, Le temps des sociétés. D’Émile Durkheim à Marc Bloch, Paris, éditions EHESS, 2016.
51Israël, Stéphane, Les études et la guerre : les normaliens dans la tourmente 1939-1945, Paris, Éditions rue d’Ulm, 2005.
52Loyer, Emmanuelle, Lévi-Strauss, Paris, Flammarion, 2015.
53Marcel, Jean-Christophe, « Jean Stoetzel élève de Maurice Halbwachs : les origines françaises de la théorie des opinions », L’Année sociologique, 48, no 2, 1998, p. 319-351 ; Le durkheimisme dans l’entre-deux-guerres, Paris, Puf, 2001 ; « Mauss au travail autour de 1925 », L’Année sociologique, no1, 2004, p. 37-63 ; (avec Mucchielli, Laurent), « André Davidovitch (1912-1986) et le deuxième âge de la sociologie criminelle française », L’Année sociologique, 1/2006 (Vol. 56), p. 83-117.
54Michel, Florian, « L’américanisation d’un intellectuel français : le cas d’Yves Simon (1903-1961) », Transatlantica [En ligne], 1 | 2014.
55Montety, Étienne de, Thierry Maulnier, Paris, Perrin, 2013.
56Naudier, Delphine, Simonet, Maud, Des sociologues sans qualités ? Pratiques de recherche et engagements, Paris, La Découverte, 2011.
57Ory, Pascal, La politique culturelle du Front populaire français : 1935-1938, thèse pour le doctorat en histoire, sous la direction du professeur R. Rémond, Université de Paris-X, 1990.
58Pétrement, Simone, La vie de Simone Weil, Paris, Fayard, 1973.
59Pino, Angel, « Ba Jin, autour d’une vie », A contretemps [En ligne], no 45, mars 2013.
60Ponty, Janine, Polonais méconnus. Histoire des travailleurs immigrés en France dans l’entre-deux-guerres, Paris, Publications de la Sorbonne, 2005.
61Racine-Furlaud, Nicole, « La revue Europe (1923-1939). Du pacifisme rollandien à l’antifascisme compagnon de route », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 30, 1993, p. 21-26.
62Roth, Xavier, Georges Canguilhem et l’école française de l’activité. Juger, Agir (1926-1939), thèse pour le doctorat de philosophie, sous la direction de M. Marion et Y. Schwartz, Université d’Aix-Marseille 1, 2010.
63Rubenstein, Diane, What’s Left ? The École Normale Supérieure and the Right, Madison, The University of Wisconsin Press, 1990.
64Salomon-Delatour, Gottfried, Schriften. Herausgegeben von Christoph Henning, Wiesbaden, VS Verlag, 2011.
65Sirinelli, Jean-François, Génération intellectuelle. Khâgneux et normaliens dans l’entre-deux-guerres, Paris, Fayard, 1988.
66Schöttler, Peter, Lucie Varga. Les autorités invisibles. Une historienne autrichienne aux ‘‘Annales’’ dans les années trente, Paris, Cerf, 1991.
67Steiner, Philippe, L’École durkheimienne et l’économie, Genève, Droz, 2005.
68Tournès, Ludovic, Sciences de l’homme et politique. Les fondations philanthropiques américaines en France au XXe siècle, Paris, Éditions des Classiques Garnier, 2011 ; « L’Institut scientifique de recherches économiques et sociales et les débuts de l’expertise économique en France (1933-1940) », Genèses, 4/2006, no 65, p. 49-70.
69Winock, Michel, Esprit. Des intellectuels dans la cité (1930-1950), Paris, Le Seuil, 1996.
70• Témoignages, correspondances et souvenirs :
71Aron, Raymond, Mémoires, Paris, Julliard, 1983.
72Beauvoir, Simone, Mémoires d’une jeune fille rangée, Paris, Gallimard, 1958.
73Bertaux, Pierre, Un normalien à Berlin. Lettres franco-allemandes 1927-1933, Asnières, Pia, Université de la Sorbonne Nouvelle, 2001.
74Bloch, Marc, Febvre, Lucien, Correspondance, édition établie, présentée et annotée par Bertrand Müller, 3 vol., Paris, Fayard, 2003.
75Bluglass, Kerry, Hidden from the Holocaust. Stories of Resilient Children Who Survived and Thrived, Westport (Connecticut), Praeger, 2003.
76Déat, Marcel, Mémoires politiques, avec une introduction de L. Theis, Paris, Denoël, 1989.
77Feldman, Esther, Mon fils Valentin Feldman (1909-1942), 1948.
78Marjolin, Robert, Le travail d’une vie. Mémoires 1911-1986, avec une préface de R. Barre, Paris, Robert Laffont, 1986.
79Maugüé, Jean, Les dents agacées, Paris, Buchet-Chastel, 1982.
80Pastoureau, Henri, Ma vie surréaliste, Paris, Maurice Nadeau, 1992.
81Pelorson, Georges, Souvenirs d’outre-monde, Paris, Calmann-Lévy, 2001.
82Peyrefitte, Alain (textes réunis par), Rue d’Ulm. Chroniques de la vie normalienne (1950), Paris, Flammarion, 1977.
83Uri, Pierre, Penser pour l’action, Paris, Odile Jacob, 1991.
84Vial, Jean, Journal de classe 1927-1977, Paris, ESF, 1978.
L’équipe dirigeante de l’École normale supérieure (1931). C. Bouglé figure au 1er rang, à l’extrême gauche
L’équipe dirigeante de l’École normale supérieure (1931). C. Bouglé figure au 1er rang, à l’extrême gauche
Gaston Jean Charon (alias Jean Nocher) (1908-1967), ENS (1930), journaliste et député (1951-1955)
Gaston Jean Charon (alias Jean Nocher) (1908-1967), ENS (1930), journaliste et député (1951-1955)
Notes
-
[1]
Georges Pelorson alias Belmont (1909-2008), admis à l’ENS (1928), démissionnaire en 1931, angliciste, animateur de la revue littéraire Volontés qui publie les premiers textes d’Aimé Césaire. Durant l’Occupation, Pelorson rallie le régime de Vichy et travaille au secrétariat à la Jeunesse.
-
[2]
« Étudiants » et non « élèves » ou « disciples », ces derniers termes connotant une adhésion au paradigme de Bouglé. Ce qui est loin d’être toujours le cas de ses étudiants.
-
[3]
Nous reprenons ici à notre compte l’expression de Cl. Lévi-Strauss (Tristes tropiques, p. 34).
-
[4]
In Alain Peyrefitte (textes réunis par), Rue d’Ulm. Chroniques de la vie normalienne (1950), Paris, Flammarion, 1977.
-
[5]
Voir Sanda Golopentia, « Romanian sociologists in Paris in the 1930s », Sociologie Româneasca, vol. III, no 1, 2005, p. 72-93, aimablement communiqué par A. Gaghi. Voir aussi Robert Marjolin, Le travail d’une vie. Mémoires 1911-1986, avec une préface de R. Barre, Paris, Robert Laffont, 1986, p. 27-32.
-
[6]
Renseignements tirés de son dossier de carrière (AJ/16/5981), aimablement communiqués par Emmanuelle Guey.
-
[7]
M. Mauss (« religions des peuples non civilisés »), Al. Bayet (« histoire des idées morales »), Er. Labrousse (« histoire et statistique économiques »), A. Landry (« histoire des faits et des doctrines économiques »).
-
[8]
L’audience de F. Simiand, décédé en 1935, n’a pas eu, semble-t-il, le même impact sur la formation des apprentis sociologues. On lui connaît peu de disciples directs en dehors de Georges Lutfalla (jeune actuaire au ministère du Travail, secrétaire adjoint des Annales sociologiques), Basile Dalamas et Victor Zoltowski qui fera carrière au CNRS. Jean-Noël Jeanneney reconnaît aussi sa dette à l’égard de Simiand. Voir Philippe Steiner, L’École durkheimienne et l’économie, Genève, Droz, 2005, p. 157.
-
[9]
Ils suppléent A. Landry en 1937 et 1939.
-
[10]
Toutefois, le diplôme, créé en 1925, est supprimé en 1935 en raison de la création d’un certificat d’études supérieures par la Faculté des lettres.
-
[11]
Sur la tension après Durkheim entre sociologie et ethnologie, voir la mise au point de Th. Hirsch (Le temps des sociétés. D’Émile Durkheim à Marc Bloch, Paris, éditions EHESS, 2016, notamment les chap. 11 et 12).
-
[12]
Sur cette promotion féminine, voir Marianne Lemaire, « La chambre à soi de l’ethnologue. Une écriture féminine en anthropologie dans l’entre-deux-guerres », L’Homme, 2011, p. 83-112.
-
[13]
René Maunier (1887-1951), professeur à la Faculté de droit, intervient également à la Faculté des lettres en 1928-1929.
-
[14]
Ludovic Tournès, « L’Institut scientifique de recherches économiques et sociales et les débuts de l’expertise économique en France (1933-1940) », Genèses, 4/2006, no 65, p. 49-70.
-
[15]
Les sciences sociales en France : enseignement et recherche, Paris, P. Hartmann, 1937.
-
[16]
Sur notre enquête, voir la note méthodologique et les sources en fin d’article.
-
[17]
D’ores et déjà, le Répertoire alphabétique annuel des candidats au diplôme d’études supérieures de philosophie, 1906-1938 (AN AJ/16/4954) livre, pour la période 1919-1937, une cinquantaine de noms supplémentaires dont l’exploitation biographique reste à faire.
-
[18]
Cette porosité et cette circulation sont-elles spécifiques des sociologues formés par Bouglé ? Rien ne permet pour l’instant de l’affirmer.
-
[19]
Sur les options de Bouglé qui ont donné lieu à débats parmi ses étudiants, voir, par exemple son interprétation de Proudhon (voir Patrice Rolland, « Le retour à Proudhon, 1900-1920 », Mil neuf cent, no 10, 1992, p. 5-29).
-
[20]
Par exemple, Bouglé collabore régulièrement à L’École libératrice, organe du Syndicat national des instituteurs. Il est, par ailleurs, très impliqué dans l’enseignement de la sociologie aux élèves-maîtres ainsi qu’aux inspecteurs et aux directeurs d’école normale en formation (voir Roger Geiger, « La sociologie dans les écoles normales primaires. Histoire d’une controverse », Revue française de sociologie, XX, no 1, janvier-mars 1979, p. 257-272 et Emmanuelle Guey, Les sciences humaines (pédagogie-psychologie-sociologie) dans la formation des maîtres de l’enseignement primaire (1920-1969) : étude historique sur une institutionnalisation discontinue, thèse pour le doctorat en sciences de l’éducation, sous la direction d’A. Savoye, Paris-8, 2013). Mais cet investissement ne produit guère de sociologues issus du primaire, à quelques rares exceptions près comme Jean Vial, plus proche, cependant, de Dolléans et Halbwachs (voir son Journal de classe 1927-1977, Paris, ESF, 1978, p. 67-78).
-
[21]
Pierre Uri témoigne de cette autorité qui peut aller de pair avec « un bongarçonnisme affecté » (Brasillach) : « Nous avions failli nous trouver vingt élèves de l’École pour prétendre à l’agrégation de philosophie. Le directeur, Célestin Bouglé, en a détourné quelques uns vers les lettres, vers l’histoire ou vers une bourse du tour du monde » in P. Uri, Penser pour l’action, Paris, Odile Jacob, 1991.
-
[22]
Le diplôme d’études supérieures de philosophie institué par l’arrêté du 18 juin 1904 implique la rédaction d’un mémoire sur un sujet choisi par le candidat et agréé par la faculté. Il est examiné par deux professeurs et est nécessaire pour se présenter au concours de l’agrégation. Les universités délivrent des doctorats d’université (DU) ou des doctorats es-lettres (DL ou DE). Ces derniers supposent la soutenance de deux thèses (principale et secondaire) devant des jurys qui peuvent être différents.
-
[23]
S. de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, Paris, Gallimard, 1958 (éd. Livre de poche, p. 368) ; R. Aron, Mémoires, Paris, Julliard, 1983, p. 58.
-
[24]
En 1937, le décompte par pays d’étudiants en lettres à la Sorbonne donne le classement suivant : Grande-Bretagne (161), États-Unis (127), Pologne (119), Allemagne (97), Roumanie (89), Urss (69), Yougoslavie (62), Égypte (59), Hongrie (57) et Chine (52). Auxquels il faut ajouter des effectifs non négligeables d’étudiants venus des colonies, des protectorats ou des pays sous mandat : Tunisie (17), Indochine (16), Syrie et Liban (27).
-
[25]
Voir Martin Jay, L’imagination dialectique. Histoire de l’École de Francfort (1923-1950) (1973), traduction française, Paris, Payot, 1977. Précédemment, Bouglé avait noué des contacts étroits avec le sociologue Gottfried Salomon et appuyé la création des « Rencontres universitaires de Davos ». Voir Pierre Bertaux, Un normalien à Berlin. Lettres franco-allemandes 1927-1933, Asnières, Pia, Université de la Sorbonne Nouvelle, 2001.
-
[26]
Outre l’absence d’étudiants anglo-saxons, celle d’autres nationalités mériterait d’être étudiée de plus près : tient-elle à une faible attractivité du programme incarné par Bouglé ? On note, par exemple, dans les années trente, la quasi-disparition des Roumains et l’absence de Tchécoslovaques. Que D. Essertier ait été longtemps en poste à l’Institut français à Prague, qu’après lui, R. Polin se soit rendu sur place, ne semble pas avoir eu d’effet de recrutement d’apprentis sociologues. De même pour la Roumanie, en dépit de diverses missions confiées à de jeunes chercheurs du CDS (Charon, Gioan) et des bonnes relations de Bouglé avec D. Gusti, relayées par Mircea Vulcanesco.
-
[27]
Cité par M. Jay, op. cit., p. 55.
-
[28]
On ne raisonne ici bien évidemment que sur le contingent d’étudiants en sociologie relevant de la Sorbonne. Le chiffre de 48% est tiré des statistiques publiées dans les Annales de l’Université de Paris.
-
[29]
La valeur des mémoires de DES, du point de vue de la recherche, doit cependant être relativisée dans un certain nombre de cas. C’est du moins le point de vue exprimé par G. Friedmann : « Trop souvent, déjà de mon temps et maintenant plus encore, déclare-t-il devant la Société française de philosophie, il arrive que l’agrégation absorbe, pour ainsi dire, le diplôme d’études ; au lieu que le diplôme d’études soit une initiation scientifique, les candidats se plongent dans le « bachotage » en choisissant un sujet qui ait chance d’être au programme (de l’agrégation, ndr), ou de leur servir directement pour les compositions d’écrits » (séance du 7 mai 1938 consacrée à l’agrégation de philosophie). De fait, les sujets des mémoires de Boivin, Borne, Canguilhem ne sont peut-être pas étrangers à l’inscription de Comte au programme de 1928. Bien que l’intérêt pour Comte, chez les durkheimiens, ne soit pas conjoncturel ; son étude fait partie des « fondamentaux » de l’enseignement de la sociologie. Sujet d’un enseignement de Bouglé en 1912 (alors qu’il supplée Espinas), Comte est encore la matière, trente ans plus tard, du dernier cours d’Halbwachs en Sorbonne (« la statique et la dynamique sociale d’Auguste Comte », 1943).
-
[30]
En introduction de Chez les prophètes socialistes (Alcan, 1918), Bouglé écrit : « En reprenant mon enseignement à la Sorbonne, je publie telles quelles ces études, composées avant la guerre : elles pourront servir d’amorces à des recherches méthodiques qu’il serait plus que jamais indiqué de poursuivre, et qui mettraient en pleine lumière ce qui est dû, tant à nos ‘socialistes’ qu’à nos ‘sociologues’ ».
-
[31]
On sait que, durant la période étudiée ici, Comte et Proudhon, mais aussi Fourier, bénéficient d’un regain d’intérêt auquel Bouglé n’est pas étranger. L’édition des Œuvres complètes de Proudhon est mise en chantier en 1923 et se poursuivra jusqu’en 1959. Elle est placée, au départ, sous la direction d’Henri Moysset et Bouglé. Celui-ci met à contribution leCDSen mobilisant des étudiants (Duveau, Cavaillès, Beaufret) et Mme Poré, la secrétaire, mais aussi l’ENS à travers Meuvret, son bibliothécaire.
-
[32]
Nous incluons ici des données du Répertoire mentionné plus haut note 18, non incluses en annexe.
-
[33]
Dans Chez les prophètes socialistes (1918), Bouglé s’était déjà livré à une analyse minutieuse du rapport entre « marxisme et sociologie » (p. 185-246).
-
[34]
La question de l’immigration intéresse particulièrement Bouglé. Il héberge à l’ENS le Centre d’études du problème des étrangers en France fondé en 1935 à l’initiative du sénateur Henry de Jouvenel et vice-présidé par le raciologue René Martial. Il est membre de son comité de perfectionnement aux côtés de Lucien Lévy-Bruhl, Paul Rivet, Albert Demangeon et Adolphe Landry. Georges Mauco, élève de Demangeon, est son secrétaire général. Ce Centre sera éphémère, semble-t-il.
-
[35]
C. Bouglé, « La sociologie française contemporaine », Arhiva pentru stiinta si reforma sociala, c. 1924.
-
[36]
Voir les contributions de Marine Dhermy-Mairal et Thomas Hirsch dans ce même dossier.
-
[37]
Pierre Amandry se souvient : « C’était le temps où se constituait le Front populaire. Au cercle de gauche, Charon alias Jean Nocher en célébrait en termes lyriques la pureté virginale et radieuse, entre deux séances d’épreuves orales du concours où, vêtu d’un slip, il tournait dans les couloirs autour de jeunes personnes en bombant un torse abondamment velu (…) » in A. Peyrefitte, op. cit.
-
[38]
M. Déat dit de lui (avec qui il permute, Maublanc prenant ses fonctions au CDS tandis que Déat lui succède comme professeur de philosophie au lycée de garçons de Reims en 1922) : « Il se sent appelé sans doute, avec un grain d’humour qui l’apparente à son ami Jules Romains, à faire dans l’intelligentsia communiste une modeste mais persévérante besogne d’amateur lettré et de fanatique lucide » (Marcel Déat, Mémoires politiques, avec une introduction de L. Theis, Paris, Denoël, 1989, p. 149).
-
[39]
Remarquons, chez les étudiants chinois, un type particulier d’engagement politique : le nationalisme.
-
[40]
Par exemple, Pierre Boutang, entré à l’ENS en 1935, maurassien, ne peut que se tenir à l’écart de Bouglé et de son républicanisme. De même, R. Brasillach, M. Bardèche et J. Talagrand (Th. Maulnier).
-
[41]
Ce qui n’empêchera pas l’adhésion au régime de Vichy d’anciens élèves de Bouglé qu’on a connus sous les couleurs du socialisme (Déat, Bonnafous) ou du frontisme (Gaït).
-
[42]
Co-éditée à partir de 1924 avec Librairie des sciences politiques et sociales de Marcel Rivière.
-
[43]
Elle est officiellement publiée avec le concours du CDS.
-
[44]
D’après Marie-Cécile Bouju, G. Friedmann aurait été écarté de la direction après la publication De la Sainte-Russie à l’Urss (1938) pourtant préfacé par Francis Jourdain, communiste « orthodoxe » (voir Lire en communiste : les maisons d’édition du Parti communiste français 1920-1968, Rennes, Pur, 2010).
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[45]
Principaux titres et auteurs : Diderot (Luppol traduit par V. et Y. Feldman, 1936) ; Matérialistes de l’antiquité (Paul Nizan, 1936, puis 1938) ; Fourier (Félix Armand et R. Maublanc, 1937, 2 vol.) ; Proudhon (A. Cuvillier, 1937) ; Cervantès (J. Cassou) ; Diderot (J. Luc, 1938) ; Darwin (M. Prenant, 1938) ; Pierre Leroux (H. Mougin, 1938) ; Nietzsche (H. Lefebvre, 1939).
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[46]
Sur A. Minkowska, sociologue polonaise venue préparer un doctorat à la Sorbonne, voir Kerry Bluglass Kerry, Hidden from the Holocaust. Stories of Resilient Children Who Survived and Thrived, Westport (Connecticut), Praeger, 2003, p. 54. Merci à Irena Milewska, sa fille, pour l’entretien qu’elle nous a accordé.
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[47]
Voir, dans le présent dossier, l’entretien avec Georges Lefranc lequel a dû continuellement ferrailler avec les hiérarchies de la Sfio et de la Cgt pour faire valoir ses idées.
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[48]
Le pacifisme clive le milieu familial d’Halbwachs dont la sœur, Jeanne, est, avec son époux Michel Alexandre, une pacifiste irréductible. Voir Annette Becker, Maurice Halbwachs. Un intellectuel en guerres mondiales, 1914-1945, Paris, Agnès Viénot Éd., 2003.
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[49]
Selon la formule devenue classique de Jean-Louis Loubet del Bayle (1969).
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[50]
Voir l’article de Thomas Hirsch dans ce dossier.
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[51]
Voir, par exemple, sa préface à l’ouvrage de Polin et Charon où il appelle à la réalisation d’un « traité de sociologie comparative, appliquée aux faits coopératifs » dont, dit-il, « nous aurions le plus grand besoin » (op. cit., p. VII).
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[52]
Dû à Jean-Christophe Marcel que je remercie pour cette contribution, ainsi que pour sa lecture attentive et avisée de cet article.
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[53]
Jean-Baptiste Séverac en fait un compte rendu très élogieux dans Le Populaire (11 juillet 1923).
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[54]
Il publie aussi Les effets économiques et sociaux de la guerre en Serbie, Paris, PUF, 1930, XII-335 p. Ce travail entre dans le cadre des publications de la Dotation Carnegie pour la paix internationale.
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[55]
À noter que l’activisme de Bouglé s’exerce aussi dans d’autres cadres, moins directement orientés vers la sociologie. Ainsi, il patronne la collection « Actualités scientifiques et industrielles. Travaux de l’ENS (Lettres) » (éd. Hermann) qui publie des recherches de normaliens (J. Balibar, S. Piobetta, M.-A. Béra, P. Uri) sur « le mouvement pédagogique à l’étranger ». Puis, il dirige le tome XV (« Éducation et instruction ») de L’Encyclopédie française (1939).
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[56]
Le Centre de documentation sociale, installé rue d’Ulm, est fondé à l’initiative d’Albert Kahn. Il vient compléter le Comité national d’études sociales et politiques fondé en 1916 par le même Kahn. Après la débâcle financière de son fondateur (1929), le CDS sera soutenu par la Fondation Rockefeller. Gustave Lanson, directeur de l’ENS, le décrit comme une « sorte de séminaire ou de laboratoire, où des philosophes et des historiens viennent apprendre à recueillir, classer, interpréter les faits contemporains de l’ordre social et économique et à soumettre cette matière, toujours si difficile à connaître, aux règles de la méthode critique. » (Revue des deux mondes, 1926).
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[57]
Inventaires I. La crise sociale et les idéologies nationales, Paris, Alcan, 1936 ; Inventaires II. L’économique et le politique, Paris, Alcan, 1937 ; Inventaires III. Classes moyennes, Paris, Alcan, 1939.
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[58]
Les Annales sociologiques sont constituées de cinq séries donnant lieu des fascicules distincts confiés à une équipe de rédacteurs placés sous l’autorité d’un responsable. Bouglé a en charge la « sociologie générale » (série A), Mauss la « sociologie religieuse » (B), Ray la « sociologie juridique et morale » (C), Halbwachs, après Simiand, la « sociologie économique » (D) et la « morphologie sociale, langage, technologie, esthétique » (E).
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[59]
Sous-direction en 1927, puis direction en 1935.
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[60]
Dans les tableaux I et II, pour faciliter leur utilisation, les noms des étudiants sont classés par ordre alphabétique (et non par ordre chronologique des relations avec Bouglé). Figurent en gras le nom des étudiants qui ont eu un engagement politique avéré.
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[61]
Merci à Thomas Hirsch d’avoir retrouvé plusieurs auteurs de mémoires à partir des archives du rectorat de Paris.
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[62]
Le titre de la thèse est en italique si elle a été soutenue. La direction (/s) est mentionnée le cas échéant : CB pour Bouglé ; PF pour Fauconnet ; MH pour Halbwachs.
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[63]
Auteur de « Hommage à Bouglé », Annales de l’Université de Paris, 1940.
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[64]
En définitive, sera docteur es-lettres pour une thèse intitulée Problèmes humains du machinisme industriel (1947).
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[65]
Contribue à « Education et Instruction » (C. Bouglé dir., t. XV, L’Encyclopédie française, 1939).
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[66]
Contribue, tout comme G. Friedmann, à A la lumière du marxisme (Essais) Sciences physico-mathématiques, sciences naturelles, sciences humaines, Paris, Éditions sociales internationales, 1935.
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[67]
Voir, dans le texte, la notice qui lui est consacrée par J.-C. Marcel.
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[68]
Probablement pour le Des d’histoire et de géographie. G. Duveau a échoué au Des de philosophie en 1922 avec un mémoire sur la durée chez Spinoza, noté 8.
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[69]
Ajoute Franck à son nom après son mariage avec Rose Marie Franck. Séjourne aux États-Unis en 1935 et en tire L’expérience Roosevelt et le milieu social américain, Alcan, 1937.
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[70]
Traducteur de Hegel. Participe au séminaire de Koyré (EPHE). Étudie les sciences sociales en Allemagne.
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[71]
Assiste Bouglé pour sa bibliographie de Socialismes français : du socialisme utopique à la démocratie industrielle (1932).
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[72]
Ses recherches antérieures (enquête sur les budgets de familles ouvrières) inclinent à penser qu’A. Minkowska serait plutôt une étudiante d’Halbwachs que de Bouglé.
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[73]
Collabore cependant à « Éducation et Instruction » (dir. Bouglé, t. XV, L’Encyclopédie française, 1939).
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[74]
Merci à Thomas Hirsch d’avoir retrouvé plusieurs auteurs de mémoires dans les archives du rectorat de Paris.
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[75]
Le titre de la thèse est en italique si elle a été soutenue. La direction (/s) est mentionnée le cas échéant : CB pour Bouglé ; PF pour Fauconnet ; MH pour Halbwachs.
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[76]
Peut-être un Des en histoire et géographie.
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[77]
Publie ses travaux sur la consommation et la psychologie économique dans la Revue de l’Institut de sociologie (1938 et 1939), la Revue internationale de sociologie (1939), la Revue de métaphysique et de morale (avril 1941).
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[78]
Peut-être s’agit-il, non de Sophie, mais de Simon Posner fondateur vers 1926 de la Banque commerciale de l’Europe du Nord (succursale de la Banque d’État soviétique), militant communiste d’origine russe.
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[79]
Source : Angel Pino (2013).
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[80]
Pour une approche nouvelle de la question, voir Delphine Naudier, Maud Simonet, Des sociologues sans qualités ? Pratiques de recherche et engagements, Paris, La Découverte, 2011. Et sur l’engagement des savants, voir Vincent Duclert, « L’engagement scientifique et l’intellectuel démocratique. Le sens de l’affaire Dreyfus », Politix, vol. 12, no 48, 1999, p. 71-94.