1L’acculturation constitue l’un des phénomènes globaux les plus marquants de notre temps. S’inscrivant dans le champ de la psychologie interculturelle, notre étude questionne ce processus en vue d’éclaircir la nature des dispositifs à mettre en place pour optimiser l’adaptation des migrants dans une société d’accueil.
2Selon Rudmin (2003), l’acculturation est une expérience humaine ancienne et probablement universelle. La première théorie de l’acculturation a été proposée en 1918 par Thomas et Znaniecki qui ont travaillé sur les valeurs et les attitudes d’immigrants polonais aux États-Unis ainsi que de paysans en Pologne. Par la suite, Redfield, Linton et Herskowits (1936) ont défini l’acculturation comme « l’ensemble des phénomènes résultant du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes, avec des changements subséquents dans les types de cultures originales de l’un ou des deux groupes » (p. 149).
3Parmi les modèles théoriques qui ont été proposés pour étudier l’acculturation, celui de Berry est le plus référencé. Ce modèle bidimensionnel postule que pour les migrants, le processus acculturatif se résume dans le choix entre, d’une part le maintien de leur héritage culturel et de leur identité, et, d’autre part la recherche et le maintien d’échanges avec le groupe d’accueil (Berry, 2005). Quatre stratégies d’acculturation en découlent, à savoir : l’assimilation, l’intégration, la séparation et la marginalisation. Lorsque les migrants adoptent des éléments de la culture d’accueil et s’éloignent de ceux de leur culture d’origine, il s’agit de l’assimilation. On parle d’intégration quand ils maintiennent des éléments de leur culture d’origine tout en empruntant ceux du groupe hôte. La stratégie de séparation consiste à conserver plus ou moins intact leur héritage culturel et à éviter les échanges avec le groupe d’accueil. Enfin, la marginalisation désigne le cas où les migrants n’établissent des relations, ni avec leur groupe d’origine, ni avec le groupe d’accueil. Bourhis et Bougie (1998) préfèrent parler d’individualisme pour souligner la volonté des sujets à se déterminer seuls, en dehors du clivage origine vs accueil. Confrontés à une même pression acculturative émanant de la société d’accueil, tous les individus migrants n’adoptent donc pas les mêmes stratégies d’acculturation, bien que les travaux empiriques montrent que l’intégration est la stratégie la plus pratiquée, et la marginalisation la moins fréquente (Berry et Sam, 1997 ; Pham et Harris, 2001 ; Rudmin, 2003). D’où la nécessité d’analyser les facteurs susceptibles d’expliquer ces stratégies.
4Dans les protocoles de recherche, les stratégies d’acculturation sont généralement associées à des variables de type psychosocial ou sociodémographique qui renvoient respectivement à l’acculturation psychologique et socioculturelle (Berry, 1996). Dans notre étude, quatre dimensions psychosociales sont prises en compte : (a) la satisfaction de vie, (b) l’identité culturelle, (c) l’estime de soi et (d) les valeurs. (a) La satisfaction de vie correspond, selon Diener, Suh, Lucas et Smith (1999), à l’auto-évaluation positive des conditions de vie générales. (b) Selon la théorie de l’identité sociale (TIS) de Tajfel et Turner (1986), la valence de l’identité culturelle influence les stratégies d’acculturation, l’identité étant liée aux appartenances de groupe. (c) Le niveau d’estime de soi apparaît ainsi lié au degré de valorisation de l’endogroupe perçu (Phinney, Chavira, et Williamson, 1992). (d) Étant des «… normes culturelles du jugement social » (Fischer 1990, p. 17) qui constituent ainsi une des instances évaluatives qui orientent les choix comportementaux et de vie des individus (Schwartz, 1994), les valeurs adoptées par les migrants constituent des indices majeurs de leurs orientations acculturatives.
5Nous partons du constat que la littérature classique positionne habituellement les variables psychosociales à la source des stratégies d’acculturation mises en œuvre, comme si l’acculturation était d’abord une question de pré-requis (savoirs) avant que d’être un ensemble de conduites (pratiques). Aussi, dans cette recherche, nous avons adopté un point de vue heuristique différent, dérivé des travaux de Vygotsky (1985), et qui nous permet de poser l’hypothèse inverse. En effet, d’après Vygotsky (ibid.) la construction des savoirs s’effectuerait par la transmission sociale au cours d’interactions avec autrui. Comme dans le cadre d’une pédagogie interactive, cette transmission passerait par une « zone proximale de développement », concept qui exprime l’idée selon laquelle les cognitions émergeraient dans et par l’interaction sociale médiatisée, mettant en jeu les rôles et les fonctions d’un expert et d’un novice. Cette conception de l’apprentissage suppose que c’est à travers l’interaction sociale, lieu propice à une restructuration du fonctionnement intellectuel, que l’apprenant peut construire de nouveaux outils cognitifs. Dans cette perspective, la capacité ne précède plus l’apprentissage en tant que condition pré requise. Au contraire, elle suit l’apprentissage en tant que produit de l’activité de cet apprentissage socialement médiatisé dans une zone de proche développement.
6En définitive, l’activité d’apprentissage (donc les pratiques) éveille toute une série de processus développementaux qui, à un moment donné, ne sont accessibles au sujet que dans le cadre de la communication et de la collaboration avec des « médiateurs sociaux ». Une fois intériorisées, ces acquisitions deviendront une conquête propre du développement de l’apprenant. Accepter cette loi fondamentale du développement comme procès d’intériorisation d’outils psychologiquement, historiquement et culturellement élaborés par le biais d’une médiation sociale revient, pour le psychologue et pour le formateur, à se donner un outil conceptuel utile au pronostic, au diagnostic et à la remédiation (Pasquier, 2004).
7L’importance des pratiques sociales et du contexte social dans le développement des capacités adaptatives est également soulignée par les approches interactionnistes de l’action située, qui insistent sur la création des contextes par un événement focal en cours d’interaction, au gré de la dynamique intersubjective (Beguin et Clot, 2004). Dans ce sens, c’est l’activité, chaque fois singulière, qui doit se mesurer avec les situations, dans leurs composantes matérielles et sociales. En effet, pour les cognitivistes partisans d’une « psychologie de la conscience » comme Piaget, le développement est capital, mais il est endogène ; le milieu n’ayant pour ainsi dire qu’un impact secondaire dans le développement d’un sujet épistémique éloigné des « contenus spécifiques » de l’action et qui « se développerait tout seul » (Pastré, 2000, p. 48). Se référant à la « psychologie des situations » de Wallon (1970, p. 46, 78), Béguin et al. (2004) soutiennent que « c’est dans l’activité elle seule qui rassemble et oppose le sujet et la situation, que se réalise le rapport entre donné et créé, fonctionnement et développement » (p. 45). Ce sont les obstacles, les discordances, les conflits objectifs, subjectifs ou intersubjectifs rencontrés dans l’activité qui génèrent un niveau de tension plus ou moins élevé, et qui invitent le sujet à mobiliser et développer les invariants. De ce fait, « le dialogue est non seulement possible, mais nécessaire, justement quand les hommes ne partagent pas les mêmes significations » (Bender, 1998, p. 193). Dès lors, l’action est nécessaire dans le développement de l’activité pour lui conserver la vertu de la créativité et de l’inventivité ; l’action étant moins située dans le contexte que dans l’activité elle-même (Béguin et al., 2004).
8Appliquées au domaine de l’acculturation, ces analyses permettent de penser que : (a) l’acculturation serait moins une question de pré-requis que de médiation humaine, visant à répondre au besoin des individus d’apprendre des compétences et d’acquérir des qualifications culturelles spécifiques afin de prospérer et survivre dans un contexte culturel donné (Furnham et Bochner, 1986) ; (b) cette médiation opérerait dans ce que l’on pourrait appeler une zone de proche développement acculturatif ou « zone proximale d’acculturation » (ZPA) agissant par le biais d’activités favorables à l’installation de nouveaux schèmes de pensée et de se penser dans un contexte social et culturel dominant ; (c) cette logique valorise la fonction de « médiateur d’acculturation ». Ainsi, le médiateur accompagnerait le novice dans une activité nouvelle et accessible afin que ce dernier puisse en intérioriser les aspects -le programme, le script… – cognitif et méta-cognitif afin de devenir autonome dans cette activité. À partir de là, on peut envisager l’hypothèse implicative suivante : le processus d’acculturation s’alimente de pratiques qui ont lieu dans un contexte donné, et non pas de pré-requis psychologiques ou purement formels. En d’autres termes, l’activité générée par les stratégies d’acculturation précède la mise en place des capacités psychosociales. Cela signifie que si les migrants développent des activités favorables à l’adaptation dans la nouvelle société, activités traduisibles en termes de stratégies d’acculturation, on devrait en observer les effets sur leurs caractéristiques psychologiques. En conséquence, dans cette recherche on s’attend à ce que les stratégies soient le terme premier du processus de développement acculturatif, en l’occurrence des caractéristiques psychosociales.
9En complément, des variables sociodémographiques sont introduites dans l’analyse pour en observer les éventuels effets différenciateurs sur ces processus : (a) le sexe, (b) l’âge, et (c) le statut professionnel. Divers travaux justifient le choix de ces variables. Concernant (a) le sexe, Naidoo (1990), Lacoste-Dujardin, Sekik, Bioualem, Ben Ada (1995), Ataca et Berry (2002), Gaymard (2003), observent un surcroît de difficultés d’adaptation chez les femmes migrantes par rapport aux hommes. (b) Cameron et Lalonde (1994), Mokounkolo, Fouquereau et Rioux (2002), Barrette, Bourhis, Personnaz, et Personnaz (2004) associent les jeunes migrants à une orientation préférentielle vers l’intégration. (c) Beiser, Johnson et Turner (1993), Lalonde et Cameron (1993), Aycan et Berry (1996) notent qu’un statut socioéconomique dévalorisé augmente les risques de séparation, voire de marginalisation. En revanche, la réussite sociale favorise l’intégration. Notre problématique interroge en définitive le sens de la causalité que l’on établit habituellement entre les stratégies d’acculturation et les variables psychosociales, d’une part, et l’influence des variables sociodémographiques, d’autre part.
Objectifs de la recherche
10Dans le prolongement de cette revue de questions sur l’organisation développementale de l’acculturation et de l’hypothèse générale qui en a découlé, notre étude vise trois objectifs : (a) étudier les liens existant entre les stratégies d’acculturation et certaines caractéristiques psychosociales des sujets ; (b) mettre en évidence d’éventuelles différenciations de ces liens en fonction des caractéristiques sociodémographiques des individus ; (c) tirer les conséquences des constats réalisés au niveau de l’accompagnement des migrants en vue de leur adaptation socioculturelle.
Méthode
Participants
11Notre échantillon est composé de 117 personnes d’origine algérienne vivant en France, âgées entre 16 et 72 ans (m = 31,37 ; ? = 12,07). Les hommes représentent 55% et les femmes 45%. Parmi les répondants, 55 % sont nés en France, 40% en Algérie, et 5% dans d’autres pays du Maghreb. Ils sont 19% à se déclarer de nationalité algérienne, et 81% de nationalité française ou mixte. Par ailleurs, 15% déclarent faire partie d’une association ; 57% ont récemment passé au moins une fois des vacances en Algérie, et 48% se disent musulmans pratiquants. Enfin, tous les répondants habitaient dans la région Centre.
Instruments et procédure
12Les sujets, après avoir renseigné les informations sociodémographiques et leurs pratiques de vie, ont rempli un questionnaire en format de Likert à quatre modalités de réponse (de « Totalement en désaccord » à « Totalement en accord ») comprenant :
- Une adaptation de la Stephenson Multigroup Acculturation Scale (SMAS) qui évalue les orientations acculturatives (Stephenson, 2000) : s’appuyant sur le modèle de Berry, l’échelle originale comprend 32 items couvrant les domaines des comportements et des connaissances. Le premier facteur explique 28% de la variance (? = 0,94) et renvoie à l’immersion dans la culture d’origine. Le second facteur explique 17% de la variance (? = 0,75) et exprime l’immersion dans la société dominante. Dans un premier temps, cette échelle a été traduite en français selon la méthode du double aveugle prônée par Vallerand (1989) par des enseignants d’anglais bilingues du département de Psychologie. Dans un second temps, le contenu a été adapté aux contextes linguistique et culturel français et algérien. Enfin, un travail d’adaptation de la structure de cette échelle a été mené afin de la rapprocher au mieux du modèle de Berry. Il a consisté à sélectionner des paires d’items symétriquement contrastés, exprimant l’immersion dans la culture française (ICF) vs la culture algérienne (ICA) puis à compléter l’instrument avec quelques items pour équilibrer le nombre d’items par bloc symétrique.
Nous avons obtenu un instrument comprenant 30 items avec une structure en six facettes dont trois expriment ICF : l’usage du français LF (2 items), les relations sociales avec les français SF (5 items), et les rapports avec la culture française CF (8 items). Les trois autres, à savoir l’usage d’une langue algérienne LA (2), les relations sociales avec des personnes d’origine d’Algérie SA (5), et les rapports avec la culture algérienne ICA (8) traduisent ICA (cf. questionnaire définitif en annexe 1). - L’Echelle d’estime de soi de Vallières et Vallerand (1990), une adaptation française de la Rosenberg’s Self Esteem Scale (1965) : de structure unidimensionnelle, elle comprend 10 items. D’après les auteurs, elle présente une bonne fiabilité : ? = 0,89 et une bonne fidélité test-retest = 0,84.
- L’échelle Satisfaction With Life de Diener, Suh, Lucas, et Smith (1985) dans sa version française élaborée par Blais, Vallerand, Pelletier, et Briève (1989) : elle comprend 5 items et présente un coefficient de cohérence interne ? de 0,80 et un coefficient de fidélité test-retest de 0,64.
- L’adaptation française du Multigroup Ethnic Identity Measure (MEIM) de Phinney par Dru (2004) auprès de populations migrantes comporte 11 items. De dimension unifactorielle, elle explique 43,20% de la variance totale (? = 0,86 ; stabilité factorielle intergroupe = 0,96).
- Le questionnaire des valeurs adapté de l’American Orientation Scale (AOS) de Lim, Heiby, Brislin et Griffin (2002) : il mesure l’attitude des individus à l’égard de valeurs de la culture d’accueil. Seuls les 21 items relatifs aux valeurs individuelles et sociales (rapports de sexe et rôles sociaux) ont été retenus. Sa traduction en français a été faite par la même équipe que la SMAS. Enfin, des informations concernant le sexe, l’âge, le pays de naissance, la parentalité, l’engagement dans des activités politiques et associatives en France, les pratiques religieuses et les relations avec les parents restés en Algérie ont été récoltées. Les données ont été recueillies auprès de sujets tout venants, par auto-administration. Pour certains adultes ne maîtrisant pas le français, les questions étaient traduites oralement par l’enquêteur qui reportait ensuite les réponses sur le questionnaire.
Analyse quasi-implicative
13Le plus souvent, on peut établir des liens entre variables à l’aide d’indices symétriques comme les coefficients de corrélations ou de ressemblance / dissemblance. Toutefois, ces indices symétriques ne permettent pas d’instaurer un ordre entre les variables reliées ; par exemple si la corrélation entre a et b est de 0,62 la corrélation entre b et a est également 0,62. Si on cherche à donner un ordre signifiant aux variables reliées, il convient de recourir à des indices dissymétriques tels que ceux des approches quasi-implicatives. L’intérêt de ces approches dans le cadre de cette recherche est de pouvoir ordonner les variables (stratégies et caractéristiques psychologiques) dans un ordre séquentiel quasi-implicatif.
14Selon Régis Gras (2007), c’est l’objectif de l’étude qui fera opter pour la symétrie ou l’implication :
« La symétrie doit révéler les ressemblances, les proximités comme le fait par exemple la corrélation. Par contre, la dissymétrie de l’implication permet de formuler des hypothèses de causalité (« Si j’ai de la température, je suis peut-être malade », alors que « je pourrais être malade sans faire de température »). Elle s’impose dans la vie courante lorsque, observant un phénomène, on veut faire un pari sur une conséquence éventuelle. C’est bien l’attitude du médecin. »1
16La hiérarchie cohésitive est une hiérarchie orientée. Des classes de variables sont constituées à partir des implications entre celles-ci ou à partir de méta-règles entre une variable et une classe de variables, ou entre classes de variables. L’algorithme agrège à chaque étape les variables conduisant à la cohésion la plus forte à cette étape. Au premier niveau de la hiérarchie, la classe créée présente une intensité plus forte que tous les autres couples de variables et ainsi de suite. L’algorithme construisant la hiérarchie cohésitive arrête son processus de construction dès que la cohésion entre variables ou entre règles devient trop faible (Couturier, Bodin et Gras, 2005 ; Couturier et Gras, 2005 ; Gras, Kuntz et Briand, 2001).
Résultats
Adaptation de la SMAS
Analyse des blocs d’items2
17Pour commencer, une classification hiérarchique cohésitive a été menée pour vérifier que les blocs d’items de notre outil se regroupaient bien en deux classes correspondantes à l’immersion dans la culture algérienne (ICA) et à l’immersion dans la culture française (ICF) (cf. Figure 1).
Arbre cohésitif des blocs d’item
Arbre cohésitif des blocs d’item
LA : usage d’une langue algérienne ; CA : rapports avec la culture algérienne ; SA : relations sociales avec des personnes originaires de l’Algérie ; LF : usage du français ; CF : rapports avec la culture française ; SF : relations sociales avec les français18L’arbre cohésitif3 (Fig. 1) confirme l’existence de ces deux classes : la première apparaît au niveau 3 de la classification et correspond à ICA, la relation implicative étant : ((LA CA) SA)), avec un indice de cohésion égal à 0,54. L’ordre implicatif des trois blocs montre que la langue se situe en amont de la séquence implicative et implique la culture algérienne, les deux conditionnant les liens avec la société algérienne. Il semble donc que c’est l’acquisition des compétences linguistiques caractéristiques de la culture algérienne qui facilite l’acquisition de la culture algérienne, les deux favorisant les interactions avec les membres de la société algérienne.
19La seconde classe renvoie à ICF. Elle apparaît au niveau 4, la relation implicative étant : ((SF LF) CF)) avec un indice de cohésion de 0,53. La structure implicative diffère de la précédente, puisque le partage d’activités avec les membres de la société française se situe en amont du schème implicatif. Ce sont ainsi les activités sociales avec des français qui conditionnent l’accès à la culture française via la maîtrise du français.
20D’un point de vue implicatif, on retient globalement l’importance des pratiques langagières qui se situent en première et seconde places des deux classes ICA et ICF qui ont néanmoins des voies d’accès différentes : la pratique d’une langue algérienne (LA) pour la première et les activités avec des français (SF) pour la seconde.
Élaboration des deux échelles
21Nous avons calculé un score pour chaque alternative acculturative ICF et ICA par addition des scores des items respectifs de chaque bloc (cf. Tableau 1).
Caractéristiques des échelles ICA et ICF
Caractéristiques des échelles ICA et ICF
22Les deux échelles présentent des valeurs alpha élevées (0,85), leur dispersion étant du même ordre de grandeur. On peut les considérer indépendantes l’une de l’autre (r = -0,07). Par contre, on note un écart de 7,39 points en faveur de l’échelle ICF4, écart de taille notable (d de Cohen égal à 1,02 soit 18% de non recouvrement des distributions). Cette plus forte orientation ICF sans renoncement total à ICA va dans le sens des résultats habituellement observés (Pham et al., 2001 ; Rudmin, 2003).
Constitution des quatre groupes acculturatifs selon le modèle de Berry
23Nous avons dichotomisé les deux sous-échelles ICF et ICA, avec la médiane comme point de césure, pour constituer par la suite quatre groupes correspondant aux quatre styles acculturatifs : intégration, assimilation, séparation et marginalisation.
24L’arbre cohésitif (Fig. 2) montre que la stratégie d’intégration n’est en lien avec aucune variable psychosociale. Ce résultat pourrait sembler surprenant, étant donné que l’intégration est la stratégie dominante dans cette population, à l’instar de ce qu’on trouve généralement dans la littérature. En revanche, et comme attendu, toutes les autres stratégies d’acculturation conditionnent les variables psychosociales qui leur sont associées, faisant apparaître quatre classes : dans la première classe la marginalisation est à la source d’une interrogation sur l’estime de soi, l’association des deux impliquant l’identité culturelle pour former la seconde classe. Dans la troisième, l’assimilation conditionne la satisfaction de vie. Dans la quatrième, enfin, la séparation détermine les valeurs. L’ensemble de cette structure quasi-implicative confirme que ce sont bien les stratégies (les activités) qui conditionnent les caractéristiques psychosociales (les processus mentaux). Nous reviendrons sur tous ces éléments dans la discussion.
Arbre cohésitif des stratégies d’acculturation et des variables psychosociales
Arbre cohésitif des stratégies d’acculturation et des variables psychosociales
25Par la suite, nous avons introduit dans l’analyse les variables sociodémographiques pressenties, comme variables complémentaires. Le graphe implicatif révèle les nœuds implicatifs significatifs de chacune des quatre classes ainsi que les variables sociodémographiques typiques de chacune d’elles. Le noeud le plus significatif se situe au niveau 1. Il est composé par le couple « marginalisation - estime de soi » (indice de cohésion : 0,99), les variables sociodémographiques les plus typiques étant « juniors » avec un risque de 0,15 et « non parent » (risque : 0,22). En d’autres termes, c’est chez les jeunes que la stratégie de marginalisation implique le plus fortement l’estime de soi. Au niveau 2, on trouve la classe « marginalisation, estime de soi et identité culturelle » (indice de cohésion : 0,69). Trois variables sont typiques de cette classe, à savoir « juniors » avec un risque de : 0,20 ; « non parents » avec un risque de 0,28 et « actif » avec un risque de 0,34. Il semble donc qu’en interpellant l’estime de soi, la marginalisation entraîne le questionnement de l’identité culturelle. Ce processus apparaît particulièrement prégnant chez les jeunes, les « non parents » et les non actifs. Le couple « assimilation – satisfaction de vie » est typique du niveau 3 (indice de cohésion : 0,36), avec comme variable typique de cette classe la variable « non actif » (risque : 0,35). Cette configuration laisse penser que l’assimilation détermine la satisfaction de vie générale. Mais paradoxalement, la variable typique de cette classe est l’inactivité professionnelle (le chômage) et/ou sociale (l’absence d’une activité estudiantine ou associative). La classe 4 est caractérisée par le couple « séparation –valeurs » (indice de cohésion : 0,18). La variable la plus typique de cette classe est « actif » (risque : 0,22), « non-parents » (risque : 0,27), « masculin » (risque : 0,32) et « juniors » (risque : 0,34). La stratégie de séparation apparaît associée à une problématique relative aux valeurs, et cela en lien avec l’activité, le fait de ne pas avoir d’enfant, la masculinité et le fait d’être jeune.
26On constate, en définitive, qu’à part l’intégration, les trois autres stratégies d’acculturation sont associées à au moins une des variables psychosociales étudiées. La marginalisation est associée à deux classes impliquant à chaque fois l’estime de soi. Les juniors sont typiques de deux classes qui sont associées à la marginalisation et de celle qui concerne la séparation et aux valeurs.
Discussion et perspectives
27Cette recherche se démarque de la démarche habituelle consistant à poser les stratégies d’acculturation comme les conséquences des variables psychosociales. Elle postule leur primauté sur les caractéristiques psychosociales de migrants, en référence au modèle de la zone de développement proximale (Vygotsky, 1985) et de l’approche interactionniste de l’action située (Béguin et al., 2004). Plus précisément, trois objectifs ont été examinés.
28Le premier a été d’étudier les liens existant entre les stratégies d’acculturation et certaines caractéristiques psychosociales de migrants d’origine maghrébine en France. L’absence de lien entre la stratégie d’intégration et les variables psychosociales étudiées pourrait étonner étant donnée que la prédominance de cette stratégie est dominante chez les sujets. En l’absence d’éléments susceptibles de l’expliquer dans le cadre de cette étude, on peut supposer que ceux qui privilégient l’intégration estiment avoir trouvé un équilibre qui leur permet de se préoccuper moins de leurs caractéristiques personnelles. Il serait donc utile d’approfondir ce point ultérieurement.
29En revanche, les trois autres stratégies impliquent au moins une des caractéristiques psychosociales étudiées. Ainsi, la marginalisation implique l’estime de soi, et leur association renvoie à une problématique relative à l’identité culturelle. On rejoint là le modèle des stratégies identitaires de Camilleri (1990), centré sur l’individu, et selon lequel la dévalorisation de l’image de soi est l’un des deux pôles structurant le processus acculturatif, certains des migrants essayant d’y échapper par diverses manipulations de leur propre identité culturelle. Ainsi, en tant que stratégie individuelle (Camilleri, 1990), la marginalisation exprime le rejet des cultures d’origine et d’accueil (Berry, 2005) ou la volonté d’affirmation de soi ou d’individualisme (Bourhis et al., 1998). D’autre part, cet individualisme qui est dominant dans la culture française d’accueil se confronte au collectivisme qui sous-tend l’identité culturelle algérienne d’origine. Il est par conséquent possible qu’en mettant le sujet face à lui-même, la marginalité réactive la question de l’Ego. Par conséquent, on peut penser que loin d’être systématiquement et/ou uniquement liée aux caractéristiques ethnoculturelles de leur groupe, le processus de marginalisation des migrants peut s’expliquer par d’autres facteurs liés à leur personnalité ou à leurs projets personnels, dans le cadre d’appartenances sociale, politique et/ou économique n’obéissant pas essentiellement à des considérations ethnoculturelles.
30L’assimilation conditionne la satisfaction de vie, confirmant qu’entretenir de bonnes relations avec le groupe d’accueil est une importante source de bien-être subjectif (Diener et al., 1999), puisque ces relations apportent un support social aux migrants qui contribue à réduire leur stress acculturatif et à favoriser leur ancrage social (Thoits, 1992). On peut penser que malgré leur inactivité socioprofessionnelle déclarée, certains sujets peuvent paradoxalement avoir un sentiment (illusoire ?) d’acceptation qui leur octroierait une certaine sérénité, probablement assimilable à la dénégation de la réalité (Camilleri, 1990). La séparation appelle la question des valeurs. Compte tenu du contexte français où l’idéologie dominante est de tendance assimilationniste, on peut faire l’hypothèse d’une exacerbation de la confrontation des systèmes de valeurs français et algériens chez les sujets qui privilégieraient la culture algérienne. Plus prosaïquement, le maintien des valeurs traditionnelles et/ou religieuses algériennes constitue une source de tensions dans une société française dominée notamment par la liberté, l’égalité des droits entre sexes et entre générations, l’individualisme, etc.
31Le second objectif a été de mettre en évidence d’éventuelles différenciations des liens entre les stratégies d’acculturation et les variables psychosociales en fonction des caractéristiques sociodémographiques des sujets. Les résultats montrent que les jeunes, les « non-parents » et dans une moindre mesure les actifs sont les plus préoccupés par la triade « marginalisation, estime de soi et identité culturelle ». Que l’association des trois variables fasse partie des préoccupations des jeunes semble refléter les préoccupations récurrentes de la plupart d’entre eux. L’histoire récente de la France est parsemée d’évènements qui l’illustrent (marche des Beurs, émeutes dans les banlieues, rapports des organisations de lutte contre les discriminations, etc.). Nés de parents immigrés, ils sont souvent victimes de l’assignation résidentielle dans les banlieues défavorisées (Fitoussi, Laurent, et Maurice, 2004) et professionnelle sous la forme notamment d’une « ethno stratification » qui les confine à certaines catégories de métiers ou de postes de travail (Cognet, 1999). L’absence de reconnaissance identitaire (Cohen-Emerique, 1989) affecte d’autant plus leur estime de soi, qu’ils sont nombreux à donner des gages d’insertion dans une société française qui les stigmatise en retour (Sabatier et al., 1994). Il semble pourtant paradoxal que cette configuration concerne particulièrement les jeunes actifs, alors que parallèlement les non actifs se préoccupent de leur assimilation et de leur satisfaction de vie. Parmi les hypothèses envisageables, on peut penser que l’inactivité (et notamment le chômage ainsi que l’absence d’une activité estudiantine ou associative) est susceptible d’inciter certains jeunes à préférer la stratégie individuelle et dépendante d’assimilation à la culture française (Camilleri, 1990). En effet, en se rapprochant le plus possible des standards identitaires français, ils espèrent être mieux acceptés, améliorer leur image sociale et donc trouver une satisfaction de vie générale. On peut par conséquent penser que l’inactivité, en portant atteinte à l’estime de soi du sujet, est susceptible de favoriser chez eux une stratégie de réussite et de satisfaction individuelles. Le travail est en effet le premier domaine de discrimination en France, et l’origine ethnoculturelle sa première cause (HALDE, 2006). La séparation qui se trouve liée aux valeurs apparaît en quatrième et dernière position parmi les quatre nœuds significatifs. Cette configuration est particulièrement marquée chez les actifs, les « non-parents », les hommes et les jeunes. Il est probable qu’en offrant un maximum d’opportunités d’interactions avec les français, les activités sociales augmentent paradoxalement les risques de confrontation entre les valeurs d’ici et de là-bas. En l’absence de ressources permettant de surmonter la situation, certains d’entre les jeunes, notamment les hommes pourraient alors se réfugier dans les valeurs traditionnelles et notamment religieuses, face aux difficultés à vivre pleinement leur sociabilité et leur citoyenneté françaises. Bien que cette stratégie trouve vite ses limites. Cela explique probablement en partie aussi un certain regain de religiosité chez les jeunes dits de banlieue.
32Il reste néanmoins à expliquer le processus qui aboutit à ce que la marginalisation implique deux classes en association avec l’estime de soi, et que les jeunes soient les plus concernés. Les jeunes semblent opter pour les stratégies de rupture avec la société française, en se démarquant de l’assimilation et de l’intégration. Nés pour la plupart en France, généralement plus revendicatifs et socialement plus engagés que leurs parents, ils sont probablement aussi plus enclins à choisir les stratégies qui expriment le plus radicalement possible leur frustration de sujets « d’entre-deux », quand ils ne se sentent pleinement reconnus, ni par la société des parents, ni par la société française en général. L’enjeu est donc crucial, puisque la stratégie de marginalisation (selon Berry) ou encore d’individualisme (selon Bourhis) exige de la part des sujets suffisamment de ressources psychologiques, sociales et économiques pour réduire les risques d’exclusion sociale. Par ailleurs, ce travail appelle d’autres études notamment pour comprendre pourquoi les jeunes ayant des activités sociales s’orientent paradoxalement vers la séparation dans le domaine des valeurs, alors qu’on aurait pu attendre une stratégie plus conciliatrice de ICA et ICF, comme cela ressort des résultats globaux.
33Le troisième et dernier objectif a été de tirer les conséquences des constats réalisés en vue de faciliter l’adaptation socioculturelle des migrants. En dépit de sa dominante exploratoire, notre recherche nous semble ouvrir quelques perspectives intéressantes sur les plans théorique et pratique. Au niveau théorique, elle contribue à reconsidérer la manière classique de poser la problématique de l’acculturation, et qui consiste à situer préférentiellement les stratégies d’acculturation en amont des caractéristiques psychologiques qui leur sont associées. En montrant que les stratégies d’acculturation conditionnent certaines caractéristiques psychosociales des migrants, les résultats observés contribuent à attester la pertinence du concept de « zone proximale de développement » et de la perspective historicodéveloppementale (Vygotsky, 1985). Le rapprochement avec les concepts d’étayage ou de dispositif de soutien souligne toute la force heuristique et didactique de cette approche (Allal, Cardinet et Perrenoud, 1979). D’où l’intérêt des apprentissages s’élaborant dans des espaces d’expérimentation du changement, visant à faciliter l’actualisation des capacités adaptatives des apprenants. Sur le plan pratique, et conformément à notre troisième objectif, les résultats montrent l’intérêt pour les acteurs sociaux, de fonder l’accompagnement des migrants, moins sur l’exigence de pré-requis dont ils seraient censés devoir disposer a priori, que par des apprentissages effectués dans le cadre d’activités sociales concrètes, exécutées auprès de médiateurs sociaux qui leur offriraient des opportunités de concrétiser leurs propres potentiels dans une mise en situation réelle (Clot, 1999 ; Ghassemzadeh, 2005). Sur le plan théorique, ces résultats conduisent à une lecture critique du modèle de Berry, au moins sur deux points. D’une part, ils montrent que les stratégies d’acculturation ne sont pas figées, bien au contraire, que les migrants peuvent utiliser les stratégies d’acculturation de manière sélective et variable selon les contextes et les domaines : ils peuvent par exemple privilégier l’intégration dans l’activité professionnelle, la séparation dans le contexte familial et, pour leurs enfants, l’assimilation dans le contexte scolaire. D’autre part, à la différence du modèle de Berry qui ne se focalise que sur la pression acculturative exercée sur les migrants, notre démarche met en évidence la nécessité de prendre en compte la dynamique interactive qui sous-tend les processus acculturatifs ce qui implique que les accueillants engagent des actions concrètes, médiatrices de l’acculturation, comme il ressort du modèle d’acculturation interacif (MAI) de Bourhis et Bougie (1998).
34Dans le cadre d’une psychologie appliquée, l’option vygotskienne d’une pédagogie pragmatique de l’accompagnement des migrants par la société d’accueil qui réhabilite ces derniers comme co-acteurs de leur propre adaptation dans leur nouveau lieu de vie. Plus largement, et a contrario d’une simple soumission des migrants aux normes sociopolitiques dominantes, c’est le parti pris de l’apprentissage d’une citoyenneté partagée en actes, d’un vivre ensemble dans le cadre d’activités de proximité (dans l’immeuble, le quartier ou la commune, etc.), qui intègre des initiatives venant des acteurs de terrain (culturel, économique, politique, etc.) et qui renvoie en définitive à une dynamique acculturative fondée sur une logique d’intégration (Berry, 2005) ou encore d’interculturation (Clanet, 1990).
35En définitive, et plus largement, nos résultats confirment que les stratégies d’acculturation des migrants dépendent, pour partie au moins, des signaux concrets que leur renvoie la société d’accueil. Perreault et Bourhis (1999), Verkuyten et Thijs (2002) soulignent que leur adaptation socioculturelle est d’autant plus difficile que le groupe dominant les perçoit comme une menace pour son identité nationale, ou comme un « autre radicalement différent » qu’il faut « éviter de laisser entrer dans le pays ». Mais quand de réelles opportunités d’interactions sociales positives leur sont offertes, leur probabilité d’intégration s’en trouve d’autant augmentée. Le postulat d’une « zone proximale d’acculturation », comme cadre d’étude des stratégies, des potentiels et des vulnérabilités d’acculturation semble donc ouvrir des perspectives de recherche prometteuses. Les prochains travaux devraient contribuer à mieux l’étayer.
Liste des 30 items composant le questionnaire d’acculturation adapté de la SMAS
- Je suis au courant de l’actualité française.
- Je me sens totalement à l’aise avec les français(es) « de souche ».
- Je mange des plats traditionnels algériens.
- J’ai beaucoup de français(es) « de souche » parmi mes connaissances.
- Je suis au courant de l’actualité algérienne.
- Je sais lire et écrire l’arabe ou le berbère.
- Je me sens chez moi en France.
- Je pratique des activités sociales (associatives, sportives, ou de loisirs, etc.) avec des personnes d’origine algérienne.
- Je me sens accepté(e) par les français(es) « de souche ».
- Je parle l’arabe ou le berbère à la maison.
- Je lis régulièrement des journaux ou des magazines algériens.
- Je sais préparer la cuisine française.
- Je connais bien l’histoire de l’Algérie.
- Je lis régulièrement des journaux ou des magazines français.
- J’aime écouter la musique algérienne.
- Je parle français à la maison.
- Je pratique des activités sociales (associatives, sportives ou de loisirs, etc.) avec des français(es) « de souche ».
- Je pense en arabe ou en berbère.
- Je maintiens des contacts étroits avec des membres de ma famille et des proches qui habitent en Algérie.
- Je connais bien les personnages importants de l’Histoire de France.
- Je pense en français.
- J’aime la cuisine française.
- Je me sens totalement à l’aise avec les personnes d’origine algérienne.
- Je mange des plats traditionnels français.
- Je sais lire et écrire le français.
- Je me sens chez moi quand je vais en Algérie (Je me sentirais chez moi, si j’allais en Algérie).
- Je me sens accepté(e) par les personnes d’origine algérienne.
- Je sais préparer la cuisine algérienne.
- J’aime écouter la musique française.
- J’aime la cuisine algérienne.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : Zone proximale d'acculturation, Séquences quasi-implicatives, Zone proximale de développement, Migrants d'origine algérienne, Stratégies d'acculturation
Mise en ligne 28/02/2012
https://doi.org/10.3917/cips.079.0057