Notes
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[1]
Denise Weill, psychanalyste, insiste sur les mécanismes de survie : comment ces enfants-là sont-ils devenus ces adultes-là ?
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[2]
L’association The Hidden Child est devenue une fondation internationale sous l’égide de l’ADL (Anti Defamation League).
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[3]
Raphaël Delpard, Les Enfants cachés, Paris, Jean-Claude Lattès, 1993.
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[4]
Ce qui explique la création des premiers groupes de parole organisés conjointement par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) et le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC).
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[5]
Impulsée notamment par la secrétaire générale de l’association, Irène Savignon.
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[6]
Citons entre autres, Danielle Bailly (dir.), Traqués, cachés, vivants, des enfants juifs en France 1940-1945, Paris, L’Harmattan, 2004.
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[7]
Cf. Ruth Klüger, Refus de témoigner, Paris, Viviane Hamy, 1992.
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[8]
Déborah Dwork, Children with a Star. Jewish Youth in Nazi Europe, New Haven, Yale University Press, 1991.
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[9]
Je remercie Betty Saville qui m’a considérablement guidée pour le choix et le dépouillement des témoignages.
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[10]
Mouvement de jeunesse sioniste religieux du Misrahi.
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[11]
Gaston Lévy, Souvenirs d’un médecin d’enfants à l’OSE en France occupée et en Suisse, novembre 1945, Paris / Jérusalem, manuscrit non publié. Le brave et infatigable abbé avait été surnommé “marche ou crève”.
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[12]
Aucune étude exhaustive n’a été entreprise sur le sujet.
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[13]
L’exemple de Bernard montre un type de filière de l’UGIF, une convoyeuse et une nourrice dans la Sarthe.
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[14]
Une partie de ces enfants sont arrêtés en juillet 1944. Cf. Michel Laffitte, Un engrenage fatal. L’UGIF 1941-1944, Paris, Liana Levi, 2004.
-
[15]
Parallèlement, elles mettent sur pied leur propre circuit clandestin, le circuit Garel pour l’OSE, le circuit autonome dit « Marcel » de Moussa Abadi, en lien avec l’OSE, la « Sixième » pour les EIF et « Éducation physique » pour le Mouvement de la jeunesse sioniste ( MJS).
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[16]
Elle était à la tête d’une des quatre régions du circuit Garel.
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[17]
Dont 1 500, tous circuits confondus, passeront la frontière suisse.
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[18]
En juin 1945, l’OSE reconnaît avoir encore 1 200 enfants en placement familial ou en institutions non juives.
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[19]
Le judaïsme anglais parle de 750. Pour l’OSE, seule une cinquantaine d’enfants serait en véritable danger de conversion, une broutille au regard des 10 500 enfants menacés d’extermination et sauvés.
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[20]
Les ministères, l’Office des pupilles de la nation, l’Assistance publique, les différentes administrations.
-
[21]
Jules Isaac dénonçant « l’enseignement du mépris » n’est pas encore passé par là. Cf. André Kaspi, Jules Isaac, historien, acteur du rapprochement judéo-chrétien, Paris, Plon, 2002.
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[22]
En l’occurrence le Joint américain qui va financer jusqu’à 60 % les maisons.
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[23]
Article d’Adam Rayski dans la Naïe Presse du 13 février 1947.
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[24]
Cf. Katy Hazan & Eric Ghozlan, Les Enfants de Buchenwald du shtetl à l’OSE, Paris, Le Manuscrit.com, 2005.
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[25]
Une statistique de l’ONAC (Office national des anciens combattants) distingue parmi les 168 000 Pupilles de la Nation, 3 500 enfants de déportés dont 556 sous tutelle directe des offices départementaux, pour les crédits de 1949. Arch. Hôtel des Invalides, non classées, compte rendu du comité d’administration du 20 décembre 1949.
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[26]
La difficulté est de constituer de nouveaux conseils de famille d’autant que le parent est souvent éloigné, qu’il a besoin d’un visa s’il est à l’étranger et que les œuvres ne sont pas sur place lorsque le litige est en province. Il faut donc, ensuite, aller jusqu’au procès.
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[27]
Cf. Katy Hazan, Les Orphelins de la Shoah, Paris, Les Belles Lettres, rééd. 2003, pp. 80-100.
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[28]
Assertion non vérifiée, que l’on trouve seulement mentionnée par Jacob Kaplan dans le livre de Pierre Pierrard, Le Grand Rabbin Kaplan, justice pour la foi juive, Paris, Le Centurion, 1977, p. 78.
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[29]
Elle est envoyée aux préfets et aux organisations s’occupant de victimes de guerre : « Les enfants doivent être soustraits à toute pression morale tendant à porter atteinte à leurs croyances ou à mettre obstacle à la pratique de leur culte. Pour s’assurer de cette situation, un inspecteur qualifié des diverses confessions peut être autorisé à visiter tel ou tel établissement hébergeant des enfants. »
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[30]
AIU, Arch. OSE, boîte XXIV, compte-rendu succinct et circonstancié de Ralph Feigelson, le dépisteur responsable de la région de Marseille du 16 au 24 août 1948.
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[31]
Voici la position officielle de la congrégation, dans une note datée de janvier 1946 : « Nous avons accueilli pendant la guerre 450 enfants juifs, œuvre d’occasion remplie de tout cœur. La plupart a été rendue aux familles. Il en reste 30, spécialement confiés par les familles et pour lesquels nous cherchons les ressources nécessaires dans tous les milieux. » Arch. AJDC, New York, Children 314, note officielle de Notre Dame de Sion. Ces chiffres concordent avec ceux du registre du père Devaux : sur les 460 enfants du registre, 28 sont répertoriés jusqu’en 1946 voire 1947.
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[32]
Arch. Yivo, New York, Colonie Scolaire, 636 RG 343, enquête de Mme Averbouh sur les religieuses de Petit-Bourg, à Evry dans l’Essonne, du 6/11/1945.
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[33]
Archives OSE, 1950.
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[34]
Réponse en date du 5 avril 1946 de l’Office de Montpellier à l’OSE au sujet du placement de la jeune Hélène M. Ni la circulaire sur la liberté de conscience, ni le regroupement des trois frères et sœurs ne sont des arguments recevables.
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[35]
Procès-verbal de la réunion du conseil de direction du 26 novembre 1947.
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[36]
Témoignage de Daniel Bessmann, janvier 1999 : « L’inten-tion était bonne, pas le résultat. »
-
[37]
Citée par Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Paris, Plon, 1992, p. 383.
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[38]
Arch. du Vaad-Hatzala, Yeshiva University, New York, VD collection, Box 23, Folder 18/24.
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[39]
Commission centrale de l’enfance auprès de l’UJRE, organe des Juifs communistes.
1Enfants cachés pendant la guerre, enfants retrouvés ou recherchés dans l’immédiat après guerre : ce sujet pose d’emblée une question de terminologie. Qu’est-ce qu’un enfant caché ? La question n’est pas simple. Pour ceux qui ont vécu l’événement, tout enfant juif pendant la guerre est « un enfant caché, et un survivant de la Shoah ». Nous utiliserons néanmoins des critères plus restrictifs. Au sens littéral du terme, sont cachés les enfants sortis de leur milieu familial pour être mis à l’abri des rafles dans un milieu étranger. Cette action volontaire, qui suppose au préalable un changement d’identité, peut être le fait des parents eux-mêmes ou d’organisations d’entraide. Entrent également dans cette catégorie les enfants ou adolescents restés seuls à Paris et devant assumer leur survie face à l’occupant.
2Forment-ils un groupe spécifique ? Rien ne le démontre, sinon une succession d’histoires individuelles dans lesquelles chacun d’entre eux peut se reconnaître. Toute généralisation apparaît donc dangereuse, enfermant l’individu dans un statut de victime et le groupe dans une concurrence victimaire. C’est au nom de cette hiérarchie que, face aux déportés, les enfants cachés n’ont pu parler au lendemain de la guerre, ni être questionnés. Or, on sait maintenant que l’impact de la violence sur le psychisme de l’individu est sans rapport avec ce qu’elle représente pour le monde extérieur [1].
Enfants cachés : généralité des traumatismes et singularité des situations
Bref historique des associations d’enfants cachés
3C’est en mai 1991 qu’est organisée à New York la première rencontre internationale des « ex-enfants cachés pendant la Seconde Guerre mondiale ». Ils sont 1 500 participants. Un film réalisé en 1980 par Myriam Abramovicz et Esther Hoffenberg, Comme si c’était hier, retraçant l’histoire de la résistance belge au service des enfants juifs, en a été le détonateur [2]. Lors de cette rencontre, sont décidées des commissions de travail par pays et une nouvelle rencontre l’année suivante à Jérusalem. Deux objectifs sont définis : se rassembler pour libérer une parole qui n’était pas possible auparavant, témoigner au nom des 1 500 000 enfants assassinés.
4L’année suivante, en 1992, Ruth Croitoru, déléguée pour la France, fonde avec Charlotte Helmann de l’OSE et Betty Saville (qui deviendra la présidente), l’Association des enfants cachés en France, tandis que le journaliste Raphaël Delpard tente, dans un livre pionnier, de définir les contours du groupe et pose la question du silence [3]. En effet, bon nombre d’enfants cachés ne s’étaient jamais exprimés ni en privé avec leurs proches, ni devant un tiers [4].
5En 1994 est créée l’Association israélienne des enfants cachés en France pendant la Shoah, Aloumim, qui se dote d’un bulletin, Mémoire vive. Rompre le silence pour rendre hommage aux sauveteurs, tel est l’autre but des associations.
6Dix ans après, que devient l’association française ? L’opération médiatique de Paroles d’étoiles a incontestablement donné une autre dimension à l’association, mais on a l’impression qu’elle est arrivée à l’acmé de quelque chose et qu’elle est à la recherche d’un second souffle avec l’objectif de la transmission dans les écoles [5].
7Aux États-Unis, l’association The Hidden Child a orienté son travail sur l’enregistrement de témoignages. Un « rassemblement international des enfants survivants de l’Holocauste et de leurs familles » a été organisé à Washington. En fait, il s’agissait d’une opération purement américaine, destinée aux enfants cachés américains, mais les ateliers étaient groupés par pays d’origine. L’orientation actuelle de l’association est de fonctionner comme une amicale qui se réunirait tous les ans.
8Si toutes les associations d’enfants cachés se sont créées quasiment en même temps, dans la décennie 1990, aux États-Unis, en France et en Israël, avec le succès que l’on connaît, c’est bien pour libérer une parole qui ne pouvait s’exprimer auparavant.
9Sociologiquement, les enfants cachés sont maintenant à la retraite et ils veulent témoigner pour leurs petits-enfants. La production est très abondante et questionne la société française d’hier [6].
10Mais, s’il est impossible de se taire, il est difficile de parler.
11Le silence d’après-guerre a des causes multiples, il est individuel et collectif. Il est en demi-teinte, celui de toute une société et de toute une génération.
12Pour ceux qui retrouvent des parents revenus des camps, il est difficile de se plaindre. D’ailleurs, personne ne leur demande ce qu’ils ont vécu. Les orphelins n’osent guère parler puisqu’ils ont la chance d’être en vie, alors que leurs parents sont morts. C’est en tout cas le message des éducateurs.
13Sur le moment, c’est-à-dire dans l’immédiat après-guerre, il faut regarder devant soi et construire sa vie. Ce que ces jeunes ont fait avec beaucoup de courage. Ils ont su, suivant les mots de Denise Weill à propos d’un groupe de survivantes, « mettre entre parenthèses, refouler, cliver, en tout cas s’accorder un moratoire pour vivre ». Dans cette perspective, le silence sur la Shoah a été constructeur, même si à un moment donné il est important de pouvoir le rompre [7]. Il a permis aux enfants de grandir, de se construire, à l’abri d’un savoir d’une violence inouïe : le trajet de la déportation de leurs parents, de Drancy à Auschwitz.
Une expérience de la clandestinité
14On peut établir une première distinction entre les enfants effectivement dissimulés à la vue des regards et les enfants cachés qui sont restés visibles [8].
15Dans les ghettos des pays occupés à l’Est, les enfants disparaissent littéralement du monde, cachés pour survivre dans un grenier, une cave, un placard, des égouts ou un bunker. Mais ces situations, courantes en Pologne, ont existé dans des cas extrêmes et plus limités dans le temps, en France, ou en Belgique, au moment des rafles. Des enfants cachés dans un placard ont pu être oubliés pendant plusieurs jours.
16Quant aux autres, le but n’est pas de dissimuler leur présence physique, mais leur identité juive. Séparés de leurs parents souvent de manière brutale et sans comprendre pourquoi, ils se sont sentis perdus, abandonnés comme s’ils étaient punis pour un motif incompréhensible. Mentir, adopter une nouvelle identité, une nouvelle personnalité, devenir autre : l’exercice est difficile. Mais là encore tout dépend des circonstances et de l’âge par rapport à la séparation d’avec leurs parents, ce moment où tout a basculé pour eux. Toute la palette des histoires individuelles se décline.
17Dans cette expérience inédite, il n’est pas exclu de parler de moments de joie. Les enfants cachés ont pu être heureux, chez des nourrices accueillantes, dans des familles non juives, avec les convoyeuses, ces jeunes filles de l’OSE ou des EI qui venaient leur rendre visite dans leurs caches, qui les sortaient le dimanche, qui prenaient soin d’eux. Là encore, malheureusement, les situations extrêmes existent : maltraitance, agressions sexuelles, conversions plus ou moins forcées.
18L’étude de quelques cas, pris parmi les 350 témoignages recueillis par l’association en France, permet un classement des situations vécues pendant la guerre [9].
19Séparés de leurs deux parents, la plupart de ceux qui ont entre huit et treize ans sont ballottés de cache en cache pour fuir les dangers qui se rapprochent entre la zone Nord, la zone Sud, et la zone italienne. Les plus conscients ont eu l’impression d’avoir joué à cache-cache avec la mort. D’autres, de n’avoir rien compris. Chose peu connue, ils continueront à être ballottés après la guerre.
20Bernard, déjà orphelin de père, se trouve à l’hôpital Lariboisière à Paris lorsque sa mère est déportée en 1942. Il a sept ans et demi, il est seul au monde. Il est accueilli dans un orphelinat de l’Assistance publique à Denfert-Rochereau. Une dame qui s’avère être Mme Clément de Lépine le conduit chez des paysans dans la Sarthe quelques mois, puis il retourne à Paris dans les maisons de l’UGIF – Lamarck, Guy Patin – puis de nouveau dans une famille en Seine-et-Oise, dans une ferme. Il se souvient d’avoir eu faim, partout. L’errance continue après la guerre. En 1945, il passe quelques mois dans la maison d’enfants de la WIZO à Cailly-sur-Eure. Lui qui avait rêvé d’un oncle en Amérique, le frère de son père, est adopté par une grand-tante dont le mari est menuisier à Belleville. Après sa Bar-mitsva, il passe quelques mois à la yeshiva d’Anvers, puis à celle de Brunoy. On est en 1947-1948, il retourne au lycée Voltaire. La rencontre avec le Bné-Akiba [10] lui permet de trouver sa voie : il devient profondément religieux et sioniste. En 1951, il décide de partir en Israël, l’errance s’arrête là, il a vingt ans.
21On pourrait multiplier les exemples.
22Autre situation : beaucoup d’enfants dès l’âge de dix, onze ans et a fortiori les adolescents se sont débrouillés seuls. Les familles se séparent volontairement si elles n’y sont pas obligées, car « tout seul, on a plus de chance de s’en sortir ». Les frères Kanovitch, issus du milieu yiddishophone parisien, quittent leur mère qui, en mars 1942, décide de les faire partir pour rejoindre leur jeune oncle à Châteauroux. Ils ont onze et dix ans. Celui-ci, à peine démobilisé, ne peut les héberger : « À compter de maintenant, vous êtes responsables de vous-mêmes » leur dit-il. Une chambre mansardée et la gentillesse de l’épicière qui les nourrit, le lycée de Châteauroux jusqu’à la fin de l’année scolaire. Puis une ferme dans la région de Migné, une famille nombreuse et chaleureuse, mais qui ne peut les garder que quelques mois. L’errance continue, ils remontent vers la Normandie, où l’oncle se cache, les bombardements de Vimoutiers entièrement détruite. Une autre cache, comme garçons de ferme, dans un autre petit village de Champosoult avec la bataille de Chambois qui dure quarante-huit heures, quatre jours dans un grand placard normand (dont on sortait par un autre côté) car les SS avaient établi leur quartier général dans cette ferme, jusqu’à ce que vienne une unité canadienne. Puis le retour à Paris. Le conseil de famille.
23Une enfance, une tranche d’histoire. Rien de sordide, mais ce qui domine, c’est la peur et la dissimulation, apprendre à mentir tout le temps, faire semblant.
24Les histoires de solitude se succèdent et ne se ressemblent pas.
25Claudine a quatorze ans, une grande, fille de parents roumains très pauvres. Le père est dans un camp de regroupement à Chalut en Haute-Vienne. Elle va le rejoindre avec un petit frère de dix-huit mois, après l’arrestation de sa mère. Elle travaille comme bonne pour payer la nourrice du bébé. Beaumont de Lomagne, lieu d’assignation à résidence de Juifs, mais également lieu de résidence d’une compagnie de SS revenus de Russie. Elle habite dans la même maison qu’eux. Hémorragies, péritonite, un couvent près de Montauban, un havre de paix. Elle est obligée de retourner à Beaumont pour s’occuper du petit frère qui s’est cassé une jambe. De nouveau les SS, elle est dénoncée, va à la Kommandantur, mais le camion qui a emmené tous les Juifs est déjà parti, on la menace de la fusiller, puis elle est relâchée. Entre temps son père est arrêté, interné au Vernet, elle va lui porter à manger toutes les semaines, 100 kilomètres, fouille corporelle toute nue, toutes les semaines pendant trois mois jusqu’en 1944. À la libération, elle part chez sa tante à Lyon, les Jacobson, un grand appartement à la Croix-Rousse, personne ne lui demande rien. Au bout de quelques mois, elle repart à Paris, ses frères lui manquaient, elle rêve de reprendre des études. Mais personne ne l’attend, son père s’est remarié. Pour elle, l’enfer continue.
26Troisième exemple : la rencontre avec la campagne, milieu protecteur mais étranger et étrange. Là encore toute la palette des situations existe. Les enfants juifs, qui sont en majorité des citadins de la région parisienne, découvrent la campagne, milieu à la fois hostile et fascinant. Les garçons et les filles apprennent très vite à traire les vaches, mais tout le monde a peur des dindons. Les uns travaillent dur et remplacent les bras manquants pour les travaux des champs, d’autres n’interrompent pas leur scolarité.
27Beaucoup de filles ont été maltraitées physiquement et moralement. Le cas extrême est celui de Suzanne Spitzer qui a été battue avec sa sœur, affamée, une blessure non soignée, un œil sanguinolent pendant plusieurs jours, qu’elle finit par perdre. Son père, revenu seul de déportation, les retrouve. Horrifié par leur état, il porte plainte : la nourrice est condamnée à de la prison ferme.
28Ailleurs c’est l’inverse. Rachel Zylberberg, cinq ans en 1942, se retrouve après bien des péripéties dans un hameau de Corrèze à Gennilliers. C’est sa mère qui la dépose chez une dame d’aspect austère qui accepte de cacher une enfant juive. Et c’est une vraie rencontre, une petite-fille et sa grand-mère. Cette dame, veuve depuis 1941, faisait marcher la ferme toute seule avec sa sœur et se prend d’affection pour la petite fille. Elles vivent ensemble au rythme de la ferme, comme si Rachel était la fille de la maison. Elles travaillent dur. La dame lui enseigne tous les gestes de la campagne, y compris le cardage de la laine, Rachel lui apprend à compter en yiddish. Les contacts sont maintenus après la guerre, chaleureux et réguliers. À la mort de la grand-mère, sa maison est vendue. Le reste de la famille lui donne un chèque : « Comme c’était aussi ta maison, on t’en donne une partie. »
29Quatrième situation que les enfants doivent affronter : l’expérience des couvents – protection et/ou viol de conscience ?
30Les couvents s’ouvrent pendant la guerre et l’on connaît les positions courageuses de quelques évêques, comme Mgr Saliège et Mgr Théas. Ils sont à l’origine des caches pour les enfants du circuit Garel.
31Nombre de prêtres se sont lancés dans des actions de sauvetage : l’abbé Glasberg, le père Chaillet, l’abbé Rémilleux… Le témoignage de Gaston Lévy sur l’abbé Bengel est loin d’être unique [11]. Dans le Limousin, cet abbé non seulement se mit à la disposition de l’OSE pour trouver des placements chez des paysans, mais il eut à cœur de communiquer à ses petits protégés des prières hébraïques retranscrites par lui en caractères latins. Il faut souligner la complexité des attitudes [12].
32On baptise à tour de bras et souvent à la demande des parents qui pensent (à tort d’ailleurs) protéger ainsi leurs enfants. Mais la protection, bien souvent, devient du prosélytisme, ce que l’on ne trouve pas dans les circuits protestants qui se sont également mobilisés.
33La complexité : c’est aux sœurs du couvent Saint-Vincent de Paul, rue de l’abbaye à Saint-Germain-des-Prés, que la petite Rosette, âgée de six ans, est confiée par sa mère. Elles lui ont beaucoup parlé de Jésus, de sa bonté, de la grâce d’être catholique. Mais elles l’ont sauvée. Le chanoine de l’église Saint-Roch, lui, refuse son aide à Léa Warek, résistante de vingt ans qui cherche à sortir ses neveux des maisons de l’UGIF : « Convertissez-vous avec les enfants et je les sauverai. »
34Il reste que tous les témoignages concordent, même s’il faut être prudent et se garder de toute généralisation : malgré les contraintes, voire les sévices parfois, malgré des pressions qui peuvent s’apparenter dans certains cas à un viol de conscience, tous témoignent leur reconnaissance aux institutions catholiques qui leur ont sauvé la vie.
Des réactions communes
35Voici un extrait du témoignage de l’un des participants, Abraham Foxman, qui fut élevé en catholique polonais durant toute la guerre, à la toute première réunion à New York : « Nous sommes arrivés à un moment où nous pouvons regarder en arrière et où nous éprouvons le besoin :
- de nous libérer d’un sentiment de culpabilité mal défini par chacun dans sa solitude ;
- de nous libérer du malaise de nous sentir différents des autres, d’avoir perçu nos parents qui ont survécu comme étant différents des autres parents ;
- de nous libérer d’un sentiment de honte à cause de conversions plus ou moins réelles ;
- de nous libérer enfin de notre ressentiment contre le monde, contre les hommes, contre Dieu, à cause d’une enfance inexistante. »
36Tout d’abord un sentiment d’étrangeté, un enfant caché reste caché toute sa vie. Il est toujours l’étranger, celui qui n’est jamais vraiment là. Parce qu’il continue à garder enfoui quelque chose, à dissimuler un secret : une douleur secrète, une souffrance intériorisée, ou une obligation de silence. « J’ai toujours dû ou voulu cacher quelque chose, d’autant qu’après la guerre, j’ai changé trois fois d’identité, c’est-à-dire trois fois de nom et de prénom », dit l’un d’entre eux, Ehud Loeb, un de ces enfants qui vient du Bade Palatinat, sorti de Gurs par l’OSE, caché, adopté après-guerre en Suisse par de la famille lointaine. Il vit maintenant en Israël et se sent libéré d’être « avec des Juifs ». Car, « après la guerre, on a continué à se cacher derrière une identité qui n’était pas la nôtre ».
37Ce sentiment d’étrangeté réapparaît, dans les plus grands moments de joie, comme le mariage des enfants par exemple, note Ehud Loeb – « peut-être ne sait-on pas ce que c’est que recevoir. »
38Deuxième caractéristique : le sentiment d’avoir eu son enfance volée avec la séparation des parents. « Mon enfance est morte à Gurs, dit encore Ehud Loeb, lorsque j’avais sept ans, et elle n’a jamais pu ressusciter. » « J’ai grandi d’un seul coup, j’ai vieilli sans m’en rendre compte, en accéléré », constatent-ils tous.
39« Ce n’est qu’en devenant formatrice de jardinières d’enfants que j’ai comblé quelque chose de l’enfance » nous a dit Claudine Bineck, qui anime un groupe de parole à Jérusalem.
40Cette enfance volée a généré un sentiment de révolte, celui d’« en vouloir à la terre entière ». Ce sont des enfants turbulents, renfermés, en apparence méfiants, sinon agressifs contre tous les adultes, notent les éducateurs de maisons d’enfants d’après-guerre. « Des forteresses assiégées », comme se dépeint l’un d’entre eux, car pour beaucoup, leur vraie guerre commence après la guerre.
41Ce sentiment est à rattacher au sentiment d’abandon, plus ou moins fort suivant l’âge. Bien souvent, ils comprennent seulement maintenant, avec beaucoup de culpabilité, que l’« abandon » de leurs parents les a sauvés. C’est à l’âge adulte que Benjamine Gerbal, confiée par ses parents à une nourrice à l’âge de quatre ans, s’est rendu compte que sa sœur aînée partie en déportation avec ses parents n’était pas forcément la préférée.
42Le sentiment de culpabilité prend aussi la forme d’une interrogation qui est celle de tous les survivants : pourquoi moi ? Question sans réponse mais qui taraude Robert Frank, qui a treize ans lorsqu’il est séparé de sa famille réfugiée avec lui en Dordogne. Lui seul reste, grâce à un certificat de naturalisation, tandis qu’il voit partir ses parents, sa sœur de huit ans, ses frères de six et quatre ans. Il passe du sentiment d’abandon au déchirement de la séparation, à l’attente et à l’incertitude, puis au refus de la réalité et à l’impossibilité de faire un quelconque travail de deuil, sinon très tardivement. Tout est pour lui sentiment de culpabilité, ou interrogation sans fin.
43Dernier trait : celui du désordre dans la filiation. Les enfants cachés sont toujours restés quelque part des enfants, enfants de leurs parents sublimés lorsqu’ils sont restés orphelins, enfants sans modèle parental lorsqu’ils sont devenus eux-mêmes parents. Il leur a fallu inventer le métier de parents et de grands-parents, l’absence de modèle expliquant leur difficulté. Ce qui dans certains cas se répercute à la génération suivante. Leurs enfants se vivent dans une position inversée. L’impératif d’être solide, de protéger ses parents, l’obligation d’être « à la hauteur », d’être « parfait » pèse sur la troisième génération, du moins dans certains témoignages.
Comment les enfants juifs ont-ils été cachés et par qui ?
44La grande majorité des enfants juifs ont été sauvés par leurs parents qui ont eux-mêmes trouvé des planques avec la complicité active des associations juives et de non juifs. Mais 10 000 enfants ont été sauvés par les œuvres juives qui ont monté des réseaux de sauvetage avec l’aide de non juifs.
45Les organisations ne sont pas structurées de la même manière, car le poids de l’occupant diffère en fonction des zones et des périodes et oblige à varier les stratégies. La zone Nord, occupée dès l’armistice, la zone Sud « dite libre » jusqu’en novembre 1942 et la zone italienne, zone refuge jusqu’en septembre 1943, ont fonctionné comme des vases communicants.
46C’est dans la zone occupée que se trouve la majorité des enfants, car la région parisienne est le lieu de concentration principal des populations juives immigrées. La plupart des familles disperse les enfants par leurs propres moyens en essayant de trouver des nourrices à la campagne.
47À Paris, surtout après 1942, il existe plusieurs lieux où s’adresser pour cacher des enfants : les bureaux de l’UGIF en particulier, le Service d’aide à l’enfance dirigé par Juliette Stern (WIZO) et Joséphine Getting (c’est typiquement le parcours de Bernard), les bureaux de l’OSE dirigés par une petite équipe avec le Dr Eugène Minkowski, le comité de la rue Amelot, et les EIF.
48À partir de 1943, toutes ces structures ont mis en place des réseaux clandestins cloisonnés, mais travaillent avec les mêmes assistantes sociales non juives et les mêmes convoyeuses – l’objectif étant de mettre le plus d’enfants en sûreté chez des nourrices qu’il a fallu trouver, payer et surveiller [13].
49La situation est différente pour les enfants dits « bloqués », c’est-à-dire sortis officiellement des camps de la zone Nord (Drancy, les camps du Loiret, Poitiers etc), confiés directement par les Allemands à l’UGIF et susceptibles d’être déportés à tout moment [14]. D’autres circuits clandestins, comme l’Entraide temporaire, la « Sixième » (organe clandestin des EI) et les groupes Solidarité proches des Juifs communistes, interviennent et tentent de sauver les enfants en les faisant disparaître à la barbe de l’UGIF. Dans certains cas, ce sont des particuliers comme cette jeune femme, Léa Warek, qui se débrouille pour avoir le droit de promenade pour ses neveux et qui les subtilise, ou encore les trois filles Nowodworski qui organisent elles-mêmes leur sortie grâce à un rendez-vous chez le dentiste et débarquent chez une tante. Elles venaient de Beaune-la-Rolande, arrêtées à Montargis avec leur mère, qui, elle, est déportée, malgré un bébé de quelques mois. Elles ont treize, dix et sept ans. Une convoyeuse les conduit à Limoges, puis elles retrouvent leur père au centre de GTE de Séreilhac.
504 000 enfants ont été sauvés grâce à cette nébuleuse où les œuvres juives se sont appuyées sur toute une multitude de bonnes volontés qui se sont mobilisées en prenant des risques.
51En zone Sud, où se trouvait la majorité des enfants cachés par les œuvres, la résistance juive fait du sauvetage l’une de ses principales activités. Chacune de ces organisations met en place ses propres circuits [15], mais elles sont amenées à œuvrer en commun au fur et à mesure que le danger se précise, en particulier lors de la dispersion des enfants des maisons.
52Intégrées dans l’UGIF, elles ont gardé leurs structures et leur liberté d’action. L’OSE est rattachée à la 3e Direction santé et les EI à la 4e Direction jeunesse, jusqu’en janvier 1943 où elle est dissoute.
53L’histoire de Bernard Kawibor est emblématique du travail de sauvetage des œuvres juives. Il est né à Metz en 1932, de parents polonais. La famille se désagrège en 1940, lorsque les Allemands occupent la ville. Le père est envoyé dans un camp de travail, le reste de la famille évacué avec d’autres à Lyon, dans un camp improvisé au Palais de la Foire, puis dans un camp de réfugiés ouvert en Haute-Savoie, à Castellane, près de Digne, ensuite dans le camp d’Agde, près de Montpellier, pour finir à Rivesaltes fin 1941. Une internée volontaire de l’OSE persuade la mère de lui confier le petit Bernard (dix ans), qui entre dans le circuit des maisons de l’OSE tandis que sa sœur plus âgée est confiée aux EIF. À la fermeture des maisons, l’enfant doit changer d’identité, il devient Bernard Keller. Au début de l’année 1944, il est placé à Limoges, dans une petite chambre du bâtiment de la Croix-Rouge. Une assistante sociale de l’OSE, Pauline Gaudefroy [16], vient occasionnellement lui rendre visite, pour rencontrer d’autres enfants et lui donner des nouvelles des parents. Cette jeune femme non juive a eu un destin tragique. Bernard assiste d’ailleurs [17] à son arrestation par la Milice, lors d’un goûter dans un café avec cinq enfants. Tout le monde est embarqué à son domicile où les miliciens découvrent des fausses cartes d’alimentation et surtout une liste d’enfants que Pauline avale devant eux. Bernard est raccompagné à la Croix-Rouge et part chez des paysans dans la Creuse. Pauline Gaudefroy, affreusement torturée, réussit à s’échapper des mains de la Milice. On sait maintenant qu’elle a été fusillée par les maquisards qui l’ont prise pour quelqu’un d’autre.
54En 1943, environ 6 000 enfants de moins de seize ans sont éparpillés en zone Sud.
À la recherche des enfants juifs après guerre
55La recherche des enfants est un devoir pour les œuvres qui les avaient cachés et qui ont à cœur de les récupérer, estimant – à tort ou à raison – qu’elles sont les seules dépositaires des orientations supposées des parents disparus. Mais c’est aussi un défi pour l’ensemble du judaïsme devant l’ampleur de la catastrophe.
56Si les enfants dispersés par les œuvres elles-mêmes sortent sans difficulté de leurs cachettes, y compris des couvents [18], la grande inconnue reste les enfants dispersés par les parents avant leur déportation, remis à des voisins, confiés à des nourrices ou à des institutions religieuses et en danger de conversion. Au lendemain de la guerre, on pense, de manière tout à fait arbitraire, que 3 000 enfants juifs restent ainsi éparpillés [19].
57Combien sont-ils en réalité ? L’impossibilité d’arriver à un chiffrage exhaustif et l’attitude réservée sinon fermée des institutions catholiques, accusées de prosélytisme, alimentent bien des supputations.
Sur le terrain, les œuvres juives rassemblent les enfants dispersés
58À la libération du territoire, les œuvres juives se livrent à une véritable course de vitesse dans la recherche des enfants et les premières maisons rouvrent très vite. À la fin de l’année 1945, l’OSE est en mesure de faire fonctionner vingt-cinq maisons.
59Le SERE (Service d’évacuation et de regroupement des enfants, ancêtre de l’OPEJ) ratisse systématiquement les établissements religieux du Sud-Ouest et ouvre la première maison à Toulouse dans les locaux de la Gestapo. Son but est de faire partir les enfants en Palestine. Il cherche par tous les moyens à récupérer des listes, soit les listes du CGQJ, soit, pour la région parisienne, les listes fournies par Léa Raich de la WIZO qui travaillait avec Juliette Stern au bureau de l’UGIF. Munies de ces listes, des soi-disant assistantes sociales font du porte-à-porte pour récupérer les enfants et les envoyer dans les maisons de Cailly-sur-Eure ou de Montmorency.
60Dans la région lyonnaise, le SERE obtient l’aide du commissaire de la République Yves Farge, dont le cabinet contresigne des ordres demandant à tous les maires des communes de signaler les enfants juifs qui ont été recueillis par leurs administrés.
61À Nice, dès la Libération, le COSOR dirigé par le père Chaillet, dont le vice-président n’est autre que Moussa Abadi, responsable du circuit Marcel pendant la guerre, travaille avec l’OSE pour rassembler les enfants dispersés dans la région. Dans la Haute-Loire, au Chambon-sur-Lignon, le lieutenant André (Bass) entreprend le même travail. Dans ces deux cas, grâce à des listes tenues à jour, les enfants sortent des pensionnats religieux sans aucune difficulté.
62Or le problème revêt un triple aspect, politique, religieux et social.
63Revendiquer le retour des enfants au sein du judaïsme, en cet immédiat après-guerre, est incompris des autorités de tutelle [20] et de l’opinion publique qui accuse les Juifs de pratiquer du « racisme à l’envers ». Il est vrai que cette attitude va à l’encontre des pratiques républicaines de laïcité. Quel langage adopter et que revendiquer ? Peut-on faire partir des enfants en Palestine, par exemple ?
64L’aspect religieux est tout aussi difficile à démêler. La revendication de récupérer à tout prix des enfants en danger de conversion fait l’unanimité des œuvres juives, mais ensuite, à qui les confier ? Le judaïsme est pour le moins multiple sinon profondément divisé.
65De l’autre côté, l’emprise catholique est bien plus puissante dans les années 1950 que maintenant et les relations judéo-chrétiennes infiniment moins apaisées [21].
66L’aspect social enfin : que faire des orphelins ? Familles d’accueil ou collectivités ? Qui va financer les dites collectivités ? Les œuvres privées [22] ne peuvent pas tout supporter, et l’État a sa part de contribution, mais également de contrôle. Ce qu’il va assumer en légiférant. De plus, il réclame sur ces questions un interlocuteur unique, qu’il n’obtiendra jamais.
Les tentatives d’union : le Conseil supérieur de l’enfance juive
67Au cours de l’année 1945, la mobilisation en faveur de l’enfance juive reflète les rapports de force politiques à l’intérieur du monde juif, mais constitue somme toute une question annexe. La création du Conseil représentatif des Israélites de France (CRIF), ses rapports avec le Consistoire et sa position vis-à-vis du sionisme constituent les principaux enjeux du moment.
68En ce qui concerne l’enfance, on est passé en trois mois, de mars à mai 1945, du Comité de protection de l’enfance abandonnée, agrégat des œuvres qui s’étaient occupées du sauvetage des enfants pendant la guerre, à une intervention du CRIF qui voudrait être l’interlocuteur des pouvoirs publics, enfin à un organisme – le Conseil supérieur de l’enfance juive – contrôlé par le Consistoire.
69Le CRIF a du mal à sortir de ses limbes, paralysé par les dissensions et la volonté de mainmise des communistes. Il aurait pu négocier avec l’État la question de la prise en charge des enfants juifs, au niveau social.
70Le Consistoire, lui, est mieux placé pour dialoguer avec les autorités religieuses, mais pose la question des enfants juifs sur le seul terrain confessionnel.
71Enfin le Joint, lié aux sionistes, a créé en France, dès mai 1943, un comité chargé de répartir l’argent qui reste le nerf de la guerre. Quel a été réellement le rôle de ce Conseil ? Difficile à dire puisque par ailleurs, chaque organisation mène sa propre politique, cherche à se démarquer des autres et que la méfiance reste la règle.
72Les Juifs communistes veulent que cet organisme se limite à la recherche et à la récupération des enfants et dénonce bien vite la volonté du Consistoire d’imposer une éducation religieuse [23]. Le Consistoire, lui, attaque violemment l’OSE, l’accusant d’être une œuvre antinationale car sioniste, en particulier par sa mainmise sur les enfants juifs réfugiés en Suisse, et antireligieuse, en prétendant qu’elle abandonne à leur sort les enfants placés en milieux catholiques. Or, à la même époque, l’OSE est en pleine négociation avec le ministère Fresnay pour l’arrivée et la prise en charge de 426 jeunes rescapés de Buchenwald [24].
Une législation pour les orphelins
73Les enfants dont les parents ont été déportés de France sont sous tutelle provisoire des offices départementaux des Anciens Combattants [25]. Ils bénéficient donc des dispositions relatives aux Pupilles de la Nation, grâce à l’ordonnance du 25 avril 1945. Cette tutelle provisoire était jusqu’alors inconnue en droit français.
74Le tuteur est nommé par le conseil de famille convoqué, soit sur la réquisition et la diligence du subrogé tuteur, de parents ou d’amis du mineur ; soit d’office et à la poursuite d’un juge de paix. Il est donc assez facile de se faire nommer tuteur en constituant un conseil de famille plus ou moins factice ; tout aussi facile de casser la tutelle et de refaire un conseil de famille, à la demande d’un parent collatéral d’un enfant.
75La plupart des cas litigieux tournent autour de ce problème [26].
76En 1949 on dénombre 556 tutelles directes des offices départementaux. De leur côté, les directeurs de maisons d’enfants, pour avoir les mains plus libres dans les questions d’émigration, se sont fait remettre des tutelles légales. D’un point de vue administratif, l’obligation de constituer des conseils de famille a permis de faire cesser l’anonymat du placement.
Les commissions de dépistage
77Ce n’est qu’en 1948 que le Joint finance une commission de dépistage permanente. Prévue pour six mois, elle est reconduite jusqu’en mars 1949. Elle apparaît d’autant plus nécessaire qu’aucun travail systématique de recherche n’avait été effectué (hormis l’enquête du rabbin Chneerson) et que chaque œuvre travaille dans son coin en essayant de trouver des solutions au coup par coup.
78La commission a pour consigne de ne s’occuper que des dossiers nouveaux, laissant à la charge des institutions les cas déjà connus.
79Les résultats de la commission de 1948 sont néanmoins surprenants : moins d’une centaine d’enfants ont été repérés [27]. Ce qui montre que la grande majorité des orphelins avait été retrouvée par les œuvres elles-mêmes, en particulier dans les régions où elles étaient bien implantées pendant la guerre.
L’attitude de l’Église
80On ne connaîtra jamais le nombre d’enfants restés dans les institutions religieuses.
81L’Église n’a pas de position officielle et oppose un mur de silence aux enquêtes sur le nombre réel d’enfants juifs vivant dans des institutions catholiques. Il semble qu’une directive des évêques de zone Sud ait interdit le baptême d’enfants juifs, demandant d’attendre un an après la Libération [28].
82La circulaire du 25 juin 1945 de l’Office national des Pupilles de la Nation au sujet de la liberté de conscience des enfants de déportés [29] ne semble pas avoir influencé les institutions qui, d’une manière générale, ne tiennent pas à restituer les enfants, en particulier ceux qui ont été baptisés et qui ne sont donc plus considérés par l’Église comme juifs [30].
83À la fin de la guerre, les institutions catholiques ont une position de principe : ne rendre les enfants qu’à des parents proches. Notre Dame de Sion semble la plus réticente [31]. Pendant la guerre, bon nombre d’enfants ont été sauvés de manière désintéressée par le père Devaux qui gère la maison-mère de Paris. Mais l’attitude des religieuses à qui sont confiés ces enfants n’est pas exempte d’arrière-pensées. Le sauvetage des vies est vite devenu un sauvetage des âmes, surtout pour les enfants dont les parents ne sont pas revenus.
84Dès juillet 1945, le Conseil supérieur de l’Enfance juive fait une demande auprès du nonce – restée sans réponse – pour essayer de les récupérer.
85En septembre 1945, la Colonie scolaire, de son côté, dénombre encore 125 enfants dans les mains d’institutions catholiques et lance ses propres assistantes sociales dans des enquêtes longues et délicates, auprès des religieuses de Petit-Bourg, près d’Évry, se heurtant au silence hostile des institutions et à la réticence des gens des villages à répondre aux questions [32].
86Un exemple précis, connu de l’OSE, montre l’impuissance ou les blocages : le cas des trois enfants W. qui sont dans le couvent des sœurs de Saint Vincent de Paul, rue de l’Abbaye à Paris. Ils avaient été confiés par leur mère, avant sa déportation, à une voisine très catholique nommée subrogée tutrice. Le tuteur, ami du père, paye la pension régulièrement jusqu’en 1947, puis se désintéresse du problème. Malgré l’intervention de l’OSE qui recherche une tante à Shanghaï, et même du Grand rabbin de France, le tuteur néglige de faire sortir les enfants. Il arrive souvent, dans de tels cas, que les enfants grandissent et n’aient plus aucun lien avec le judaïsme [33].
Les cas litigieux
87Quitter leur famille d’adoption constitue l’un des drames des enfants cachés à qui l’on ne demande d’ailleurs pas leur avis. Les déchirements sont d’autant plus douloureux que les parties se disputent âprement.
88Sur soixante cas traités par Me Bernheim, l’avocat de la commission de dépistage, ou par Me Muller, celui du Vaad Hatzala, la plupart concernent des demandes de changement de tutelle en faveur d’un membre de la parentèle des enfants, oncle, tante ou cousins qui ensuite soit récupère lui-même les enfants soit les confie à une œuvre juive. Les cas deviennent dramatiques lorsque les familles d’accueil ne veulent pas rendre les enfants, que ce soit par conviction religieuse ou parce qu’elles s’y sont attachées.
89Les procédures sont longues car elles doivent tenir compte des plaintes, puis des enquêtes sociales et judiciaires, et la voie civile est préférable.
90Dans ce cas, le juge des référés statue après présentation d’un huissier dans la famille d’accueil. Souvent, la justice se trouve bien embarrassée pour trancher. Ainsi l’office des Pupilles de la Nation se voit confier la tutelle d’Henriette, âgée de quinze ans, qui, interrogée par le juge de paix, refuse sa tante comme tutrice, l’accusant d’être intéressée par l’héritage de ses parents. Cette affaire, moins exceptionnelle qu’il n’y paraît, est symptomatique de relations conflictuelles entre ces enfants et leur famille proche.
91En général, les organisations juives cherchent à tenir compte de l’intérêt des enfants, non sans avoir au préalable essayé de les convaincre ou de leur faire connaître le judaïsme par le biais de colonies de vacances juives. Dans ce type de cas, les parrainages ou les vacances peuvent servir de lien même ténu avec une quelconque judeïté.
92La logique des œuvres juives est aux antipodes de celle des structures étatiques. Pour l’Office des Pupilles, une famille même non juive est toujours plus bénéfique qu’un placement en institution. C’est ce qui ressort de toutes les réponses [34]. En 1948 il y aurait, selon Melle Schonberg, spécialiste des questions juridiques à l’OSE, une cinquantaine d’enfants placés sous tutelle de l’Office et complètement éloignés du judaïsme.
93En vertu de la circulaire d’avril 1945, les organisations juives cherchent à récupérer ces enfants, quel que soit leur âge, tandis que l’État réaffirme toujours son droit de regard.
94Ces prétentions indisposent les autorités, surtout lorsque les familles d’adoption portent plainte, arguant d’un attachement réciproque de l’enfant et de la famille. Il existe des droits moraux qui priment sur les droits légaux, plaide la direction du ministère de l’Intérieur. Devant la multiplicité des litiges, l’OSE décide de n’intervenir que dans le cas des enfants dont elle s’est elle-même occupée pendant la guerre [35].
95Les méthodes peuvent être plus expéditives comme dans le cas du petit P., dix ans, que Daniel Bessmann, éducateur à la CCE, puis journaliste à Droit et Liberté, est chargé d’enlever à la demande d’une tante rescapée de la Shoah, en 1949. L’enfant vit chez des paysans normands qui se sont attachés à lui et qui ne veulent pas le rendre malgré plusieurs interventions de l’organisation. Les autres frères et sœurs ont été récupérés par la CCE en 1945. Daniel est chargé d’enlever l’enfant à la sortie de l’école communale, ce qui se fait sans encombre. Cinquante ans après, le petit P, menuisier de son état, « révèle la déchirure que fut pour lui cette séparation brutale d’avec les bonnes gens qui l’avaient reçu, caché puis élevé comme leur fils avec leurs propres enfants. Il ne s’est jamais senti chez lui dans les maisons d’enfants. Sa famille d’accueil pendant la guerre était vite devenue le foyer dont la chaleur ne s’est jamais démentie. Les liens se sont renoués, indéfectiblement, dès sa liberté totale recouvrée [36] ».
96D’une manière générale, le cas de ces enfants se règle à l’amiable, ou dans le silence, à savoir qu’une des parties abandonne.
97Dans les années 1950, l’Œuvre des orphelins israélites de la guerre a encore une dizaine de dossiers portés devant les tribunaux.
98Si l’affaire Finaly paraît simple, car tous les protagonistes sont identifiés, l’histoire de la petite Berthe-Dora est plus compliquée et difficile à démêler :
99Berthe-Dora D., née le 10 août 1937, adoptée le 20 avril 1944 par les époux P. dont elle porte désormais le nom, est elle aussi l’objet d’une enquête. Le 5 juillet 1946, le COJASOR signale son cas par une lettre envoyée au Consistoire. Après enquête, il ne pense pourtant pas devoir retirer l’enfant du climat familial dans lequel elle se trouve. Il fait état d’un élément important qui n’avait pas été mentionné dans la pré-enquête : les parents avaient confié Berthe-Dora à l’âge de deux mois à cette famille, s’engageant à payer une certaine somme tous les mois. Un jour, ne pouvant plus payer, ils ont proposé aux époux P. de reprendre le bébé. La famille s’est alors engagée à élever l’enfant sans recevoir d’argent. L’assistante sociale s’est entretenue avec la petite Berthe. Elle sait qu’elle est juive mais ne veut pas quitter une famille qui refuse d’être indemnisée et s’engage d’autre part à l’envoyer dans sa famille naturelle aux États-Unis quand elle aura dix-huit ans. Le cas de Berthe-Dora est donc abandonné [37].
100À New York, nous avons retrouvé trace des démarches de la tante de Berthe-Dora, Mme G., qui a vécu cette histoire de manière plus dramatique que ce récit ne le laisse entendre [38]. En 1946, après avoir retrouvé la trace de sa nièce en Saône-et-Loire, elle cherche à la récupérer et décide de venir en France. En treize semaines, elle ne réussit à la voir qu’une seule fois. Le rapport fait état d’une enfant hagarde, mal vêtue, malgré les colis envoyés d’Amérique. Après de multiples tractations et contrairement à son mari, la nourrice semble prête à rendre l’enfant pour 1 000 dollars. Ne parlant pas le français, Mme G. reconnaît avoir des difficultés à communiquer et à se faire une idée réelle des vœux de l’enfant. Quoi qu’il en soit, lors de sa deuxième visite, la famille avait disparu.
101La réponse de l’avocat expose les difficultés de cette délicate affaire : 1) la famille P. s’est volatilisée et doit être retrouvée par une enquête auprès des voisins et relations ; 2) l’opinion d’une organisation juive (sans doute l’OPEJ qui avait en charge le dossier) est que l’enfant est dans de bonnes mains ; 3) l’adoption de l’enfant qui est passée par la justice doit être révoquée par un autre juge, ce qui nécessite un conseil de famille pour nommer un nouveau tuteur.
102En 1950, l’affaire n’est toujours pas réglée, elle est à la cour de cassation, gagnée en première instance et perdue en appel. Pendant ce temps, l’enfant grandit.
103Comment sortir de la grande histoire pour vivre ? Comment dire et vivre l’absence ? Telles sont les questions auxquelles ont été confrontés les enfants cachés. Le travail de Serge Lask, artiste peintre, symbolise quelque chose de cette histoire.
104Né en 1937, enfant caché lui-même, ayant perdu sa mère en déportation, il grandit dans une maison d’enfants de la CCE [39], son père s’étant remarié. En 1995, il envoie à sa sœur une page blanche en guise de lettre. Puis, il se met à recopier, inlassablement, des caractères yiddish en refusant obstinément d’en comprendre le sens. Enfin, il superpose les lettres en grattant les premières, avant de les raturer. Telle est la matière première et le cadre de son œuvre. En allant à la recherche de l’absence, il voulait écrire une lettre d’amour à sa mère.
Notes
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[1]
Denise Weill, psychanalyste, insiste sur les mécanismes de survie : comment ces enfants-là sont-ils devenus ces adultes-là ?
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[2]
L’association The Hidden Child est devenue une fondation internationale sous l’égide de l’ADL (Anti Defamation League).
-
[3]
Raphaël Delpard, Les Enfants cachés, Paris, Jean-Claude Lattès, 1993.
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[4]
Ce qui explique la création des premiers groupes de parole organisés conjointement par l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) et le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC).
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[5]
Impulsée notamment par la secrétaire générale de l’association, Irène Savignon.
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[6]
Citons entre autres, Danielle Bailly (dir.), Traqués, cachés, vivants, des enfants juifs en France 1940-1945, Paris, L’Harmattan, 2004.
-
[7]
Cf. Ruth Klüger, Refus de témoigner, Paris, Viviane Hamy, 1992.
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[8]
Déborah Dwork, Children with a Star. Jewish Youth in Nazi Europe, New Haven, Yale University Press, 1991.
-
[9]
Je remercie Betty Saville qui m’a considérablement guidée pour le choix et le dépouillement des témoignages.
-
[10]
Mouvement de jeunesse sioniste religieux du Misrahi.
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[11]
Gaston Lévy, Souvenirs d’un médecin d’enfants à l’OSE en France occupée et en Suisse, novembre 1945, Paris / Jérusalem, manuscrit non publié. Le brave et infatigable abbé avait été surnommé “marche ou crève”.
-
[12]
Aucune étude exhaustive n’a été entreprise sur le sujet.
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[13]
L’exemple de Bernard montre un type de filière de l’UGIF, une convoyeuse et une nourrice dans la Sarthe.
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[14]
Une partie de ces enfants sont arrêtés en juillet 1944. Cf. Michel Laffitte, Un engrenage fatal. L’UGIF 1941-1944, Paris, Liana Levi, 2004.
-
[15]
Parallèlement, elles mettent sur pied leur propre circuit clandestin, le circuit Garel pour l’OSE, le circuit autonome dit « Marcel » de Moussa Abadi, en lien avec l’OSE, la « Sixième » pour les EIF et « Éducation physique » pour le Mouvement de la jeunesse sioniste ( MJS).
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[16]
Elle était à la tête d’une des quatre régions du circuit Garel.
-
[17]
Dont 1 500, tous circuits confondus, passeront la frontière suisse.
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[18]
En juin 1945, l’OSE reconnaît avoir encore 1 200 enfants en placement familial ou en institutions non juives.
-
[19]
Le judaïsme anglais parle de 750. Pour l’OSE, seule une cinquantaine d’enfants serait en véritable danger de conversion, une broutille au regard des 10 500 enfants menacés d’extermination et sauvés.
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[20]
Les ministères, l’Office des pupilles de la nation, l’Assistance publique, les différentes administrations.
-
[21]
Jules Isaac dénonçant « l’enseignement du mépris » n’est pas encore passé par là. Cf. André Kaspi, Jules Isaac, historien, acteur du rapprochement judéo-chrétien, Paris, Plon, 2002.
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[22]
En l’occurrence le Joint américain qui va financer jusqu’à 60 % les maisons.
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[23]
Article d’Adam Rayski dans la Naïe Presse du 13 février 1947.
-
[24]
Cf. Katy Hazan & Eric Ghozlan, Les Enfants de Buchenwald du shtetl à l’OSE, Paris, Le Manuscrit.com, 2005.
-
[25]
Une statistique de l’ONAC (Office national des anciens combattants) distingue parmi les 168 000 Pupilles de la Nation, 3 500 enfants de déportés dont 556 sous tutelle directe des offices départementaux, pour les crédits de 1949. Arch. Hôtel des Invalides, non classées, compte rendu du comité d’administration du 20 décembre 1949.
-
[26]
La difficulté est de constituer de nouveaux conseils de famille d’autant que le parent est souvent éloigné, qu’il a besoin d’un visa s’il est à l’étranger et que les œuvres ne sont pas sur place lorsque le litige est en province. Il faut donc, ensuite, aller jusqu’au procès.
-
[27]
Cf. Katy Hazan, Les Orphelins de la Shoah, Paris, Les Belles Lettres, rééd. 2003, pp. 80-100.
-
[28]
Assertion non vérifiée, que l’on trouve seulement mentionnée par Jacob Kaplan dans le livre de Pierre Pierrard, Le Grand Rabbin Kaplan, justice pour la foi juive, Paris, Le Centurion, 1977, p. 78.
-
[29]
Elle est envoyée aux préfets et aux organisations s’occupant de victimes de guerre : « Les enfants doivent être soustraits à toute pression morale tendant à porter atteinte à leurs croyances ou à mettre obstacle à la pratique de leur culte. Pour s’assurer de cette situation, un inspecteur qualifié des diverses confessions peut être autorisé à visiter tel ou tel établissement hébergeant des enfants. »
-
[30]
AIU, Arch. OSE, boîte XXIV, compte-rendu succinct et circonstancié de Ralph Feigelson, le dépisteur responsable de la région de Marseille du 16 au 24 août 1948.
-
[31]
Voici la position officielle de la congrégation, dans une note datée de janvier 1946 : « Nous avons accueilli pendant la guerre 450 enfants juifs, œuvre d’occasion remplie de tout cœur. La plupart a été rendue aux familles. Il en reste 30, spécialement confiés par les familles et pour lesquels nous cherchons les ressources nécessaires dans tous les milieux. » Arch. AJDC, New York, Children 314, note officielle de Notre Dame de Sion. Ces chiffres concordent avec ceux du registre du père Devaux : sur les 460 enfants du registre, 28 sont répertoriés jusqu’en 1946 voire 1947.
-
[32]
Arch. Yivo, New York, Colonie Scolaire, 636 RG 343, enquête de Mme Averbouh sur les religieuses de Petit-Bourg, à Evry dans l’Essonne, du 6/11/1945.
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[33]
Archives OSE, 1950.
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[34]
Réponse en date du 5 avril 1946 de l’Office de Montpellier à l’OSE au sujet du placement de la jeune Hélène M. Ni la circulaire sur la liberté de conscience, ni le regroupement des trois frères et sœurs ne sont des arguments recevables.
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[35]
Procès-verbal de la réunion du conseil de direction du 26 novembre 1947.
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[36]
Témoignage de Daniel Bessmann, janvier 1999 : « L’inten-tion était bonne, pas le résultat. »
-
[37]
Citée par Annette Wieviorka, Déportation et génocide. Entre la mémoire et l’oubli, Paris, Plon, 1992, p. 383.
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[38]
Arch. du Vaad-Hatzala, Yeshiva University, New York, VD collection, Box 23, Folder 18/24.
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[39]
Commission centrale de l’enfance auprès de l’UJRE, organe des Juifs communistes.