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Article de revue

Pas par hasard

Pages XLII à L

1S’il est une formule revenant à tout bout de champ à propos des métiers du social — comme d’ailleurs pour toutes les professions qui ont à voir avec le soin ou ce que l’on rassemble sous le terme générique d’éducation —, c’est que ce sont là des voies professionnelles sur lesquelles on ne s’engage jamais par hasard. Et puisqu’il s’agit là de quelque chose que nous, travailleurs sociaux, répétons manifestement à l’envi, nous devons bien nous attendre à y déceler quelques ressorts qui auraient, suivant ce terme d’usage courant chez les psychanalystes, cette spécificité de nous faire jouir pour peu que nous nous décidions à passer cette affirmation à la question.

Pas par hasard

« On ne devient pas travailleur social par hasard » ?

2Répétition à l’envi exprime d’emblée quelque chose d’une résistance, d’une défiance à l’égard de ceux qui pourraient — plus ou moins naïfs (l’est-on jamais vraiment ?) — nous demander compte des « désirs obscurs » qui nous auraient irrésistiblement entrainés : « on ne devient pas travailleur social par hasard », d’accord, mais pourquoi ?

3Répéter à l’envi ; et non répéter à l’envie. Répéter à qui mieux mieux, et comme malgré soi, dans une visée de surcroît provocatrice (Littré, 2019). Apparue au XIIe siècle, cette expression traduit littéralement l’idée de défier autrui à un jeu. Si nous prenons cette formule au pied de la lettre, il est intéressant de nous demander à quelle partie nous sommes supposés jouer et qui nous invitons malgré nous ?

4« On ne devient pas éducateur par hasard ». La formule est forte, percussive, d’autant que la décision de s’investir dans la formation aux métiers du travail social ne découle pas toujours des expériences personnelles ou professionnelles antérieures. Si cela est peut-être moins évident aujourd’hui, avec le « profilage » des admissions par le dispositif « parcoursup », il n’en demeure pas moins que de nombreux professionnels en formation s’inscrivent dans le cadre d’une reconversion. Ce pas par hasard traduirait ainsi quelque chose qui devrait nécessairement advenir, quels que soient les chemins et les rencontres. Quelque chose dont l’origine et la finalité nous échapperaient.

5Au cours de notre formation et sur le terrain du travail social, chacun d’entre nous s’est probablement entendu dire que la réponse serait inscrite en nous, intimement liée à notre histoire personnelle — de l’ordre de ce que les psychanalystes appellent un roman familial. Ce désir — cette vocation, diraient certains — serait donc la traduction d’une vérité qui nous appartiendrait en propre, mais dont les manifestations constitueraient pour nous une énigme. Ainsi, nos pas auraient donc emprunté, à l’insu de notre réflexion consciente, des chemins qui devaient finalement nous conduire à y venir — parfois après maints détours —, en des espaces où nul n’arriverait jamais par hasard.

6Face à « cette force de détermination », qui agirait par-delà notre volonté, les oppositions sont peu nombreuses ni même les questions quant à sa nature. Si c’était écrit, sans doute aimerions-nous quand même savoir par qui et in fine pour quoi ? Et que se joue-t-il donc de si particulier en ce lieu, en ce où nous devions nécessairement arriver ?

All the world’s a stage

7Le pas par hasard convoque cette notion de fatum, de destin, si importante dans la pensée des anciens. « All the world’s a stage, And all the men and women merely players; They have their exits and their entrances, And one man in his time plays many parts… », écrivait Shakespeare, « Le monde entier est un théâtre, Et tous les hommes et les femmes seulement des acteurs ; Ils y font leurs entrées et leurs sorties, Et un homme dans le cours de sa vie joue différents rôles… » Cette métaphore du théâtre est fort courante dans les considérations sur l’existence humaine et les relations intersubjectives, bien au-delà du champ de la littérature. On la trouve par exemple chez Goffman dans sa Mise en scène de la vie quotidienne (1959) : « On a envisagé ici le moi représenté comme une sorte d’image, habituellement honorable et digne, que l’individu se trouvant en scène, dans la peau du personnage, essaie d’amener les autres à se faire de lui » (Goffman, 1959, p. 238). Ou encore chez le philosophe Clément Rosset : « Il est impossible, en toute rigueur, de marcher au hasard, comme il est, de manière générale, impossible de faire quelque chose qui ne possède pas, précisément, la détermination de ce quelque chose ; on peut certes faire tout ce qu’on veut, on ne pourra jamais pour autant faire n’importe quoi » (Rosset, 1997, p. 12) ; et aux fondements de l’exposé passionnant de Joyce Mc Dougall, dans Théâtres du Je : « Avec toutes ses luttes, comme avec une palette de couleurs, [l’homme] a dessiné le portrait de cette personne qu’il croit être quand il dit “je”. En fait, ce “je” est un personnage, un “acteur” sur la scène du monde qui, en privé, dans sa réalité interne, assiste à un théâtre plus intime dont le répertoire est secret. A son insu, des scénarios s’organisent, scènes bouffonnes et scènes tragiques en quête d’un lieu de représentation et d’action. Le metteur en scène, c’est, bien sûr, le je lui-même, mais le visage des personnages, l’intrigue comme son dénouement lui sont voilées […] et pourtant, c’est là, dans cet univers intérieur, que se décidera la plus grande partie de ce qu’il deviendra dans la vie » (Mc Dougall, 1982, p. 10).

8Mais comment s’écrivent et se distribuent ces rôles ? Ces questions nous conduisent, sinon aux frontières du rationnel et de l’irrationnel, du moins à cette branche particulière de la philosophie que l’on appelle la métaphysique. Nous tentons alors de résoudre l’énigme de ces situations, qui semblent « écrites » et se répètent sous de multiples formes au cours de notre existence, en nous risquant à des raisonnements spéculatifs. Ces causes auxquelles nous faisons référence lorsque nous convoquons la notion de « pas par hasard » échappent, et échapperont toujours à une analyse purement objective des faits. Ce que nous appelons le sens, la détermination, le destin relèvent de causalités qui transcendent le monde physique (le réel) et constituent les objets d’études du métaphysicien : μετά (meta : après, au-delà de) - φυσικά (la physique : l’étude de la nature).

Le fatum, les destinées catastrophiques

9« Rien n’arrive sans raison », écrivait le philosophe Gottfried Wilhelm Leibniz en 1714. « Rien n’est par hasard ». Sans doute nous arrangeons-nous davantage de l’idée d’une détermination métaphysique ou d’un destin lorsque ce qui nous revient continuellement et « comme par hasard » nous sied. Mais il est, comme le font remarquer les travailleurs sociaux, des destins plus retors ; des logiques de répétition qui confèrent à certains parcours de vie une coloration burlesque voire des accents dramatiques.

10Ce constat a d’ailleurs particulièrement préoccupé Freud. Par son activité de psychanalyste, il s’est trouvé confronté à bien des « problématiques » que les travailleurs sociaux connaissent (en particulier les professionnels de « l’urgence sociale ») pour les rencontrer au quotidien. Certaines personnes, remarquait Freud, « donnent l’impression d’un destin qui les poursuit, d’une orientation démoniaque de leur existence. […] C’est ainsi qu’on connaît des personnes dont toutes les relations humaines vont vers la même issue : bienfaiteurs que leurs protégés, si différents soient-ils, abandonnent après quelque temps avec rancune, comme s’il leur était dévolu de boire l’ingratitude jusqu’à la lie ; hommes dont toutes les amitiés s’achèvent par la trahison de l’amie ; […] amoureux dont chaque affaire de cœur avec les femmes traverse les mêmes phases et conduit à la même fin, etc. » (Freud, 1920, pp. 61-62)

11La question du fatum — cette sorte de prophétie implacable contre laquelle l’individu s’épuiserait vainement à lutter — a continuellement été remise par Freud sur le métier (jusqu’à le conduire à réviser complètement les fondements de sa Métapsychologie en 1920). Non par une curiosité malsaine, mais parce qu’il reconnut là le plus grand danger pour la vie humaine et le plus puissant obstacle au « succès » de sa « méthode » psychothérapeutique. « Chez ces personnes », écrit-il, « quelque chose s’oppose à leur rétablissement, dont l’approche est redoutée comme un danger. On dit que, chez elles, prédomine, non la volonté de guérir, mais le besoin d’être malade ». « Ce sentiment se manifeste […] sous la forme d’une résistance, difficile à vaincre, au rétablissement ». Et face à cette « stagnation » manifeste de la cure, le « malade » « s’en tiendra plutôt à l’explication qui se présente plus naturellement à son esprit, à savoir que le traitement analytique n’est pas celui dont il puisse attendre la guérison » (Freud, 1921, p. 40). Pas ou peu d’évolution significative, des mouvements inquiétants de « régression » et départ précipité du « patient ». Logique implacable du fatum qui posa tant de difficultés au « père » de la psychanalyse.

12Comment ne pas reconnaitre ici l’une de ces problématiques d’apparence insoluble, auxquelles nous sommes si souvent confrontées sur le terrain de l’urgence sociale ? Comment ne pas penser à ces scénarii récurrents de mise en échec que l’intervention des travailleurs sociaux se révèle bien souvent impuissante à empêcher ? Chaque tentative de « s’en sortir » semble devoir toujours ramener la personne à un « point de départ désastreux » ? Devant la force de répétition de certains schémas, nous serions parfois tentés d’accuser un acharnement du sort, épuisant et désespérant pour celui qui le vit.

13La répétition de ces situations d’impasse a fait apparaître dans le lexique des travailleurs sociaux cet abominable terme, devenu aujourd’hui d’usage courant : l’incasabilité. Alea jacta est, pour ceux-là le sort en est jeté. Comment pourrions-nous accepter que pour cette souffrance advienne que pourra ?

« On ne se retrouve pas à la rue par hasard » ?

14Il est fréquent d’entendre que l’« on ne se retrouve pas du jour au lendemain à la rue, par un mauvais hasard ». L’ATD quart monde soutient d’une certaine façon ce point de vue dans son manifeste En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté : « N’importe qui peut se retrouver un jour à la rue : vrai ou faux ? Faux. C’est un fantasme entretenu par les médias et par notre crainte face à l’avenir. […] La grande majorité des personnes sans abri a connu un cumul de précarités dans la durée et un isolement social important. Si la peur de se retrouver seul et sans domicile est si répandue, c’est aussi parce qu’elle renvoie à une angoisse ancrée profondément en chacun de nous, que la crise a tendance à renforcer » (ATD Quart Monde, 2016).

15À l’appui une analyse statistique de données « de terrain » : selon une étude de l’Insee, 39 % des personnes vivant à la rue n’auraient jamais eu leur propre logement — ni en tant que propriétaire, ni en tant que locataire (Insee Première, 2013) ; ou encore : selon les recherches conduites par Jean-Marie Firdion et Isabelle Parizot, « parmi les personnes sans domicile nées en Europe ou arrivées en France avant 16 ans, 28 % des hommes et 32 % des femmes déclarent avoir été placés durant leur enfance ou leur jeunesse » (Firdion et Parizot, 2010, cité par ATD Quart Monde, 2016). D’accord, mais qu’entend-on signifier en brandissant ces données-là ? Ce sont des « faits », sans doute, mais encore faudrait-il nous entendre sur la manière de les « faire parler ».

16Il est question d’une logique de répétition et d’un phénomène de « cristallisation » des situations « problématiques » ou « douloureuses » au cours du temps. Ce que l’ATD Quart Monde appelle un « cumul de précarités », Jacques Lacan le désignerait probablement comme une succession de « mauvaises rencontres avec le réel ». C’est bien tout le ressort de cette formule selon laquelle se retrouver à la rue ne serait pas le fruit du hasard, mais celui d’une certaine « application ».

17Il ne suffit pas de mettre en évidence une succession d’événements « en cascade » (un « effet papillon ») survenus dans la continuité d’une existence, encore faut-il se poser la question de leur sens. Comme l’affirmait en effet une personne accompagnée dans un Centre d’Hébergement et de Réinsertion sociale depuis de nombreuses années, « pour ceux qui sont quand même tombés très très bas, qui ont vécu à la rue et qui ne parviennent pas à se sortir de là », soutenir que l’on n’en arrive pas là par hasard a « quand même quelque chose de révoltant ». « Dans mon cas », ajoutait-il, « ça fait comme une boule de nerfs à l’intérieur et je prends des médicaments pour gérer ça ». « Ça peut être de ma faute, c’est peut-être de ma faute, on pourra toujours me dire ça » (1).

Pas, par hasard

Marge

18Voici donc le chemin sur lequel je suis engagé. Les pas, par hasard, me mènent où je ne sais pas encore et où pourtant je suis déjà allé. Les pierres me reconnaissent qui jalonnent les bas-côtés, entravent la voie, bloquent le passage. Elles servent un édifice qui se construit, pas à pas, qui s’effondre dans les mouvements incontrôlés de tremblements intérieurs et qui ne résiste pas à la poigne de ce que la rue sème au vent gourmand.

19Les fantômes rugissent que je n’entends pas. Que je ne veux pas entendre. Que je ne peux pas entendre dans le tumulte de ce qui se cache à moi et me révèle, dans le fracas d’un Réel qui m’attend au tournant.

20Quelles rivalités se joueraient donc de moi, là où je reviens sans en avoir l’air, fredonnant la chanson d’un désastre qui s’agrippe parfois ?

21Le refrain est planche de salut, désordre connu, à l’insu. Le laisser pour compte serait s’abandonner soi-même. Pour compte d’une solde à demi. Pour conte, histoire de soldat en guerre infinie, contre moi-même, insolvable à jamais de ce qui m’astreint, en dette perpétuelle d’une chimère combattive.

22Qu’est-ce qui se tisse sur le métier de la rue ? Entre ceux qui seraient du dehors et ceux qui seraient du dedans ? À la frontière aimantée de gestes répétés, jusqu’à l’étourdissement. Les tours dits, que reste-t-il ? Quelle prestidigitation ? Des tours de passe-passe aux trous de sape que rien ne borde ? Quelle foi d’une profession qui bat le pavé, maille ce qu’elle peut avec ceux qui peuvent, avec ceux qui le peuvent encore ? Quelle foi en une profession qui vient à la rencontre de ceux qui marchent au hasard, perdus parfois depuis si longtemps ? Double mouvement d’écoute et de surprise, pris sur le fait d’une histoire.

23Dedans dehors ? Moi je suis dehors, hors des murs, des murs de ceux qui s’imaginent que je fais exprès d’être là, qui pensent qu’il y aurait une sorte de fatalité à rester en marge. Je suis responsable de ce qui m’arrive, disent-ils. Sans savoir. Parce qu’il ne faut pas savoir pour dire une chose pareille.

24Les marges seraient le lieu du paria. Or c’est bien là plutôt, au hasard de la lecture, que l’on jette ce qui vient, ce qui arrive à l’esprit au fur et mesure de la marche. La marge offre donc non ce qui est mis de côté, mais ce qui se met et met au travail, dans cette douleur ré-jouie du chemin connu déjà. Agrémenté chaque fois de quelque ancienne nouveauté, il se trace un bel à venir.

Répétition

25« Que dirais-tu si un jour, si une nuit, un démon se glissait jusque dans ta solitude la plus reculée et te dise : “Cette vie telle que tu la vis maintenant et que tu l’as vécue, tu devras la vivre encore une fois et d’innombrables fois ; et il n’y aura rien de nouveau en elle, si ce n’est que chaque douleur et chaque plaisir, chaque pensée et chaque gémissement et tout ce qu’il y a d’indiciblement petit et grand dans ta vie devront revenir pour toi, et le tout dans le même ordre et la même succession — cette araignée-là également, et ce clair de lune entre les arbres, et cet instant-ci et moi-même. L’éternel sablier de l’existence ne cesse d’être renversé à nouveau — et toi avec lui, ô grain de poussière de la poussière !” » (Nietzsche, 1989, aphorisme 341).

26Répétition sans fin de la jouissance du même, voilà ce que serait le pire. Épouvante sans cesse réitérée du revivre, revivre la douleur d’exister. « Le pire n’est jamais la mort. Le pire est l’impossibilité de mourir », écrivait Kierkegaard dans son Journal, un an avant sa mort. Les répétitions infinies annihilent l’instant, l’immotive (Bataille, 1973 : p.23). La ruine alors s’annoncerait dans une promesse de vie sans fin. Éternel retour.

27Or, « la répétition demande du nouveau », dit Lacan dans le Séminaire XI. Chercher, encore, ce quelque chose d’unique, rencontre sans pareil d’une expérience primaire de jouissance. Reprendre, encore, dans cette quête d’un en venir à bout, reprise de Kierkegaard pour mieux renaître. « La répétition est unique à être nécessaire, et celle qui vient à notre charge, n’en viendrions-nous pas à bout, qu’il resterait de notre index le commandement de sa boucle » (Lacan, 1966 : p.367).

28Mander, co-mander, demander, dans le dire et dans l’écoute, de part et d’autre de la parole. Rejouer la scène, reprendre les répliques, sur les planches, sur les pavés, réinventer à chaque fois ce qui s’est dit. Parce que répéter, c’est répéter la parole. Demande qui ne se sait pas. Re-quête sans objet. Haut lieu même de la rencontre.

29Logos et Anankê. Inflexible raison et destin nécessaire, freudiens. Tuchê et automaton. Balai incessant entre ce qui ne cesse de ne pas s’écrire et ce qui ne cesse pas de s’écrire. « Quelque chose échappe au sujet et continue, revient et trouve son chemin pour revenir, insiste, revient, se déclare toujours prêt à rentrer dans la danse du discours intérieur ».

Non-histoire

30Ce qui résiste fait obstacle, insiste en se répétant, manifeste la résistance du sujet. « Rencontre du réel », dit Lacan, rencontre accidentelle qui se produit comme au hasard, mauvaise rencontre (Lacan, 1973 : p.62), tuchê. Pas de préparation possible à l’événement d’où surgit l’effroi. Double effacement du trauma, dans l’effacement de ce qui est arrivé, et dans l’effacement de l’effacement lui-même. Cette effraction, événement sans raison identifiable, impossible à placer dans un système de cause à effet, est refoulée.

31Je ne perçois pas que ce qui fait retour se fixe, revient à la même place, me ramène toujours au même point. Mon histoire personnelle devient non-histoire, close, arrêtée en cette répétition que je ne vois pas, qui me ferme et m’enferme, me livre à un impossible devenir. Ce qui est arrivé ne peut prendre lieu en moi-même et l’espoir inconscient de faire réussir ce qui a échoué me fige en un hors-sens. Je ne peux réparer ce qui a eu lieu en le répétant. Je ne peux faire deux fois la même chose. Si c’est cela qui se répète, l’impossibilité de retrouver à l’identique, l’impossibilité de la répétition de Kierkegaard, alors s’ouvre une nouvelle voie : consacrer la perte plutôt que la refuser. Le décalage, l’écart, le pas de côté pour accepter et laisser place à l’à venir. Me « ressouvenir en avant » me permet de passer par un chemin déjà emprunté, non pour retourner en arrière, mais pour attraper le ratage où pulse la nouveauté à cueillir. Autre chose maintenant peut arriver, ce qui s’annonce n’est pas retour de ce qui a été. Je vais commencer le chemin.

  • ATD Quart monde, « N’importe qui peut se retrouver un jour à la rue », article publié en ligne le 29 septembre 2016, consulté sur https://www.atd-quartmonde.fr/nimporte-qui-peut-se-retrouver-un-jour-a-la-rue/ le 18 décembre 2019.
  • Bataille G., La somme athéologique, in Œuvres complètes, tome VI, Gallimard, Paris, 1973.
  • Firdion Jean-Marie et Parizot Isabelle, « Le placement durant l’enfance et le risque d’exposition aux violences à l’âge adulte » dans Violences et santé en France. État des lieux, La Documentation française, Paris, 2010.
  • Freud Sigmund, Au-delà du principe de plaisir (1920), dans Essais de psychanalyse, Petite bibliothèque Payot, Saint Amand,1990.
  • Freud Sigmund, Le Moi et le ça (1923), trad. S. Jankélévitch (1933), édition électronique disponible sur http://bibliotheque.uqac.uquebec.ca/index.htm.
  • Insee première (dir.), Yaouancq Françoise, Lebrère Alexandre, Marpsat Maryse, Régnier Virginie (Insee), Legleye, Stéphane et Quaglia, Martine (Ined), « L’hébergement des sans-domicile en 2012 », Insee première, n° 1455, juillet 2013.
  • Goffman Ervin, La mise en scène de la vie quotidienne, 1. la présentation de soi (1959), Les éditions de minuit, Paris, 2006.
  • Kierkegaard Sören, La répétition (1849), Rivages poche, Paris 2003.
  • Lacan Jacques, « D’un dessein », dans Écrits, Seuil, Paris, 1966.
  • Lacan Jacques, Le séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Seuil, Paris, 1973.
  • McDougall Joyce, Théâtres du Je (1982), Folio essais, Saint Amand, 2012.
  • Nietzsche, Friedrich, Le Gai savoir, Paris, Folio, 1989.
  • Rosset Clément, Le réel, Traité de l’idiotie (1997), Les éditions de minuit, Paris, 2004.

Mots-clés éditeurs : hasard, vocation, jouissance, histoire, destin, répétition, psychanalyse, travail social

Date de mise en ligne : 04/02/2021

https://doi.org/10.3917/graph.072.0114

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