Couverture de RMA_163

Article de revue

Charles V et Charles VI en miroir(s)

Pages 679 à 695

Notes

  • [*]
    AUTEUR : Brigitte ROUX, Université de Genève, Brigitte.Roux@unige.ch.
  • [1]
    P. LORENTZ, Des rois qui se suivent mais ne se ressemblent pas : à propos des portraits de Charles V et de Charles VI, Paris 1400. Les arts sous Charles VI. Catalogue de l’exposition présentée au Musée du Louvre (22 mars–12 juillet 2004), dir. É. TABURET-DELAHAYE, Paris, 2004, p. 28–29.
  • [2]
    PARIS, Louvre, RF 2490.
  • [3]
    C. R. SHERMAN, The Portraits of Charles V of France (1338–1380), New York, 1969.
  • [4]
    CHRISTINE DE PIZAN, Le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, éd. S. SOLENTE, t. 1, Paris, 1936, p. 48–49.
  • [5]
    MICHEL PINTOIN (RELIGIEUX DE SAINT-DENIS), Chronique contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, éd. et trad. L. F. BELLAGUET, 3 vol., Paris, 1994, 1re éd., Paris, 1839–1842.
  • [6]
    S. PERKINSON, Rethinking the Origins of Portraiture, Gesta, t. 46, 2008, p. 135– 157, en particulier p. 137 ; ID., The Likeness of the King. A Prehistory of Portraiture in Late Medieval France, Chicago, 2009.
  • [7]
    MICHEL PINTOIN, Chronique, t. 1, p. 562–566.
  • [8]
    B. GUENÉE, Le portrait de Charles VI dans la Chronique du Religieux de Saint-Denis, Journal des Savants, 1997, p. 125–165 (réimpr. dans ID., Un roi et son historien. Vingt études sur le règne de Charles VI et la Chronique du Religieux de Saint-Denis, Paris, 1999, p. 185–218).
  • [9]
    C. BEAUNE, Naissance de la nation France, Paris, 1985 ; J. KRYNEN, L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France. XIIIe–XVe siècle, Paris, 1993.
  • [10]
    Pour une édition du prologue, cf. A. DE LABORDE, Les manuscrits à peinture de la Cité de Dieu de Saint Augustin, Paris, 1909, p. 63–67.
  • [11]
    Ibid., p. 66.
  • [12]
    PARIS, Bibliothèque nationale de France (= BnF), ms. fr. 22912, ff. 2v–3r. Cf. fig. 1a et 1b. Sur ce manuscrit, cf. SHERMAN, The Portraits of Charles V, p. 23 ; C. BEAUNE, Le Miroir du Pouvoir. Les manuscrits des rois de France au Moyen Âge, Paris, 1997, p. 20.
  • [13]
    PARIS, BnF, ms. fr. 24287, fol. 1r. Cf. fig. 2. Pour un exemple ne ressortissant pas à la politique, cf. D. BYRNE, Rex imago Dei : Charles V of France and the Livre des propriétés des choses, Journal of Medieval History, t. 7, 1981, p. 97–113.
  • [14]
    Sur ce maître, cf. F. AVRIL, Le parcours exemplaire d’un enlumineur parisien à la fin du XIVe siècle. La carrière et l’œuvre du maître du Policratique de Charles V, De la sainteté à l’hagiographie. Genèse et usage de la Légende Dorée, dir. B. FLEITH et F. MORENZONI, Genève, 2001, p. 265–282.
  • [15]
    OXFORD, Saint John’s College, ms. 164, fol. 1r. Reproduction dans Fastes du gothique, p. 335, n289.
  • [16]
    PARIS, BnF, ms. lat. 1052, fol. 261r. Cf. C. STERLING, La peinture médiévale à Paris, t. 1, Paris, 1987, p. 119–121, n15 et fig. 62.
  • [17]
    Si 14, 22.
  • [18]
    DENIS FOULECHAT, Le Policratique de Jean de Salisbury (1372). Livres I–III, éd. C. BRUCKER, Genève, 1994, p. 85.
  • [19]
    PARIS, BnF, ms. fr. 24287, fol. 296r. Cf. DENIS FOULECHAT, Le Policratique. Livres I– III, p. 22.
  • [20]
    Le Livre des propriétés des choses. Une encyclopédie au XIVe siècle, trad. B. RIBÉMONT, Paris, 1999, p. 53. Cf. ID., Encyclopédie et traduction : le double prologue du Livre des Propriétés des choses, Seuils de l’œuvre dans le texte médiéval, dir. E. BAUMGARTNER et L. HARF-LANCNER, t. 2, Paris, 2002, p. 59–88.
  • [21]
    LA HAYE, Museum Meermanno-Westreenianum (= MMW), ms. 10 B 23, fol. 2r. Cf. DENIS FOULECHAT, Le Policratique. Livres I–III, p. 84
  • [22]
    M. PASTOUREAU, La symbolique médiévale du livre, Revue française d’Histoire du Livre, t. 86–87, 1995, p. 17–36.
  • [23]
    Pour une reproduction de cette miniature, cf. STERLING, op. cit., t. 1, p. 187–192, n31.
  • [24]
    A vous, Charles, roy plain d’onnour, / Qui de sapience la flour / Estes sur tous les roys du monde, / Pour le grant bien qu’en vous habonde, / Presente et donne cestui livre, / Et à genolz cy le vous livre, / Jehan Vaudetar, votre servant, / Qui est cy figuré devant. / C’onques je ne vi en ma vie / Bible d’ystoires si garnie, / D’une main pourtraites et faites, / Pour lesquelles il en a faites / Pluseurs alées et venues, / Soir et matin, par my les rues, / Et mainte pluye sus son chief, / Ains qu’il en soit venu à chief. / Si fu au prince sus nommé / Ce livre baillé et donné / Par ledit Jehan, que je ne mente, / L’an mil CCC XII et soixante / De bon cuer, et vausist mil mars, / XXVIII jours ou mois de mars. L. DELISLE, Recherches sur la librairie de Charles V, roi de France, 1337–1380, t. 1, Paris, 1907, p. 75–76.
  • [25]
    LONDRES, British Library (= BL), ms. Royal 19 C IV, fol. 2r. Cf. fig. 3.
  • [26]
    Ce motif, qui a souvent été décrit dans la littérature comme une nouveauté apparaissant sous le règne de Charles V, se rencontre déjà sous Philippe le Bel, comme le montre une initiale historiée de son bréviaire, où le béguin est associé à la couronne (PARIS, BnF, ms. lat. 1023, fol. 8r).
  • [27]
    JEAN GOLEIN, Traité du sacre, éd. R. JACKSON, Proceedings of the American Philosophical Society, t. 113, 1969, p. 305–324, en particulier p. 309.
  • [28]
    LONDRES, BL, ms. Royal 19 C IV, fol. 1r.
  • [29]
    Cf. dans ce numéro la contribution de B. SCHNERB.
  • [30]
    PARIS, BnF, ms. fr. 437, fol. 1r. Reproduction dans SHERMAN, The Portraits of Charles V. Cf. fig. 3.
  • [31]
    BRUXELLES, Bibliothèque royale de Belgique (= KBR), ms. 9505–9506, fol. 2v.
  • [32]
    C. R. SHERMAN, Imaging Aristotle. Verbal and Visual Representation in Fourteenth-Century France, Berkeley–Los Angeles, 1995.
  • [33]
    BRUXELLES, KBR, ms. 9505–9506, ff. 1r et 2v. Cf. fig. 4.
  • [34]
    Le duc de Berry est représenté dans une chapelle de ce genre dans les Belles Heures des frères Limbourg (NEW YORK, The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection, 1954, 54.1.1, fol. 91r). Reproduction dans T. B. HUSBAND, The Art of Illumination. The Limbourg Brothers and the Belles Heures of Jean de France, Duc de Berry, New York–New Haven–Londres, 2008, p. 149.
  • [35]
    S. LUSIGNAN, Parler vulgairement. Les intellectuels et la langue française aux XIIIe et XIVe siècles, Montréal–Paris, 1986.
  • [36]
    PIERRE LE FRUITIER, dit SALMON, Les demandes faites par le roi Charles VI touchant son état et le gouvernement de sa personne, avec les réponses de Pierre Salmon, son secrétaire et son familier, éd. G. A. CRAPELET, Paris, 1833, p. 29.
  • [37]
    KRYNEN, L’empire du roi, p. 191.
  • [38]
    PARIS, BnF, Arsenal, ms. 2682, fol. 34r.
  • [39]
    PARIS, BnF, ms. fr. 1188, fol. 1r ; ms. fr. 836, fol. 1r ; BRUXELLES, KBR, ms. 10982, fol. 1r ; LONDRES, BL, ms. Harley 4431, fol. 178r. Le premier de ces manuscrits est la copie datée de 1403 du duc Jean de Berry, le second prévu pour Louis d’Orléans est acquis par le duc de Berry en 1408–1409, le troisième est présenté au duc de Bourgogne Philippe le Hardi en 1403, et le quatrième, réalisé autour de 1410–1411, appartint à la reine Isabeau de Bavière. Cf. J. C. LAIDLAW, How long is the Livre du chemin de long estude ?, The Editor and the Text, dir. P. BENETT et G. RUNNALLS, Édimbourg, 1990, p. 83–95.
  • [40]
    GUENÉE, Portrait de Charles VI, p. 128, qui traduit ce passage comme suit : « Il [Charles VI, n.d.a.] ne suivait pas non plus la coutume des anciens en ne revêtant que rarement, et de mauvais gré, l’habit royal, c’est-à-dire le manteau et la robe longue. Ses vêtements de soie ne le distinguaient en rien des gens de sa cour » (Ibid., p. 130).
  • [41]
    L. HABLOT, La devise, un nouvel emblème pour les princes du XVe siècle, La création artistique en France autour de 1400. Actes du colloque international tenu à l’École du Louvre (7–8 juillet 2004), au Musée des Beaux-Arts de Dijon et à l’Université de Bourgogne (9–10 juillet 2004), dir. É. TABURET-DELAHAYE, Paris, 2006, p. 177–192.
  • [42]
    B. ROUX, Les Dialogues de Salmon et Charles VI. Images du pouvoir et enjeux politiques, Genève, 1998 ; A. HEDEMAN, Of Counselors of Kings : the Three Versions of Pierre Salmon’s Dialogue, Urbana, 2001.
  • [43]
    KRYNEN, L’empire du roi, p. 204 ; J. BLANCHARD et J. C. MÜHLETHALER, Écriture et pouvoir à l’aube des temps modernes, Paris, 2002, p. 140–141. Cf. de même l’article de P. MAUPEU dans ce numéro.
  • [44]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279.
  • [45]
    GENÈVE, Bibliothèque de Genève (= BGE), ms. fr. 165.
  • [46]
    PARIS, BnF, ms. fr. 165.
  • [47]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279.
  • [48]
    F. AVRIL, Jean le Tavernier : un nouveau livre d’heures, Revue de l’Art, t. 126, 1999, p. 22 n. 34.
  • [49]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279, ff. 1r et 53r. La scène de dédicace du manuscrit de Genève a disparu ; toutefois, une copie fidèle de la fin du XVe siècle (PARIS, BnF, ms. fr. 9610, fol. 1r) permet sa reconstitution (ROUX, Les Dialogues de Salmon et Charles VI, p. 135–150).
  • [50]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279, fol. 1v. Cf. la reproduction figurant ici même, à la suite de la contribution de P. MAUPEU (fig. 1).
  • [51]
    Ez 3, 3.
  • [52]
    Au frontispice d’une copie de l’Éthique destinée à Charles V, le roi et Nicole Oresme dialoguent tous deux en latin (LA HAYE, MMW, ms. 10 D I, fol. 5r).
  • [53]
    Sur les vingt-sept miniatures du ms. fr. 23279, seules trois ne comprennent pas la figure de Salmon et, sur les vingt-neuf miniatures du ms. fr. 165, seules huit s’en trouvent dépourvues.
  • [54]
    Sur la répartition des mains, cf. les notices 51 et 52 d’I. VILLELA-PETIT dans Paris 1400, p. 120 et 122–123.
  • [55]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279, ff. 5r et 19r ; GENÈVE, BGE, ms. fr. 165, ff. 4r et 7r. Cf. fig. 5.
  • [56]
    On retrouve une composition identique pour illustrer la complainte de l’amant dans le Duc des vrais amans de Christine de Pizan (LONDRES, BL, ms. Harley 4431, fol. 154v).
  • [57]
    B. GUENÉE, La folie de Charles VI, Roi Bien-Aimé, Paris, 2004.
  • [58]
    PARIS, BnF, ms. fr. 9610, fol. 71v.

1 Dans le catalogue d’une exposition récente consacrée à l’art à Paris autour de 1400, P. Lorentz évoque dans un court essai le thème des portraits des souverains Charles V et Charles VI, en rappelant la distinction médiévale opérée entre le pourtrait qui désigne toute espèce de dessin, quel que soit l’objet représenté, et la semblance qui en constitue la transposition fidèle [1]. L’acte de naissance du portrait « ressemblant », traditionnellement fixé à celui de Jean II le Bon [2], ouvre la voie à sa multiplication sous le règne de son fils, ainsi que la monographie pionnière de C. Sherman l’a largement montré [3]. À l’inverse, le règne de Charles VI n’a suscité, à notre connaissance, aucune étude qui soit exclusivement consacrée aux portraits du souverain, ressemblants ou non, une lacune qu’il faudrait, sinon combler, au moins expliquer. Alors que Charles V, surnommé le Sage de son vivant, incarne l’idéal du bon souverain, son fils se situe à son extrême opposé, le plus souvent empêché de gouverner en raison de la maladie qui l’accable. Dans le cadre de ce recueil consacré aux miroirs du prince, nous aimerions examiner quelques exemples issus de manuscrits rattachés à ce genre littéraire, qui mettent en scène les deux souverains. Cependant, ce sera moins la question du rapport mimétique à leur modèle qui nous intéressera que l’étude des diverses interprétations qu’en ont données les enlumineurs, en ces lieux fortement informés par l’idéologie politique contemporaine.

2 À chaque roi son portraitiste, pourrait-on dire. Dans le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, Christine de Pizan, familière de la cour, a brossé une vivante description de son sujet [4], tout comme Michel Pintoin l’a fait pour Charles VI, dans la Chronique du Religieux de Saint-Denis[5]. Toutefois, ce qui pourrait passer pour des portraits « au vif » se révèle à l’analyse des constructions littéraires s’appuyant sur les poncifs du genre. Ainsi Christine attribue-t-elle au roi les caractéristiques physionomiques propres au seigneur idéal telles qu’on les trouve énumérées dans des traités antérieurs, notamment dans le Secret des secrets. Tout au plus ajoute-t-elle des éléments comme « par accident » – ainsi la maigreur du roi due à sa maladie – qui créent un équilibre entre idéalisme et naturalisme [6]. La personne physique du roi, décrite selon une mesure tout aristotélicienne, se doit avant tout d’être exemplaire, conformément à l’objectif global de sa biographe de revivifier l’idéal du roi sage. L’entreprise biographique se révèle plus délicate pour Michel Pintoin, qui, s’il prétend donner un instantané « des mœurs du roi Charles » (De moribus Karoli regis[7]) au moment de son accession au trône, révisera à plusieurs reprises son portrait en raison des circonstances. En outre, comme B. Guenée l’a montré, il insère dans ce chapitre des citations extraites des Chroniques de Guillaume de Tyr, rendant le portrait de Charles VI moins individualisé qu’on ne pourrait le supposer [8]. Soumises à des retouches plus ou moins importantes, les semblances des souverains se conforment donc avant tout chez ces deux auteurs à des modèles littéraires conventionnels.

Charles V – Roy non en lectres enseignié est un droit asne coroné

3 La réflexion sur la légitimité du pouvoir, qui inaugure la dynastie des Valois, gagne en intensité sous le règne de Charles V [9]. En témoigne le prologue de la Cité de Dieu qui réunit toute une série de symboles royaux longtemps considérés isolément dans l’iconographie et dans les textes, et qui vont dès lors se généraliser. Avocat du roi, Raoul de Presles reçoit, en 1371, la commande royale de traduire l’ouvrage de saint Augustin, au moment où des ouvrages semblables, tels que le Policratique ou l’Éthique et la Politique, sont également traduits vers le français à l’initiative du roi. Parmi les récits mythiques visant à glorifier son souverain, à en faire un prince très chrétien, Raoul de Presles rappelle ainsi l’épisode de l’onction avec la sainte ampoule, le pouvoir de guérir des écrouelles, les circonstances ayant conduit à l’adoption des fleurs de lis comme armes royales, et l’évocation de l’oriflamme [10]. Rapproché de Charlemagne, notamment en raison de son goût pour l’ouvrage de saint Augustin – et tieng que en ceste partie vous avez voulu ensuivre monseigneur saint Charles, qui entre tous les livres qu’il estudioit et voioit volontiers, il lisoit volontiers les livres de monseigneur saint Augustin, et sur tous les autres le livre de la Cité de Dieu, si comme il se treuve en sa vie et ses croniques[11] –, Charles V est loué en outre pour son goût des livres et plus largement de la science.

4 L’exemplaire de dédicace de Charles V s’ouvre par une double miniature, rarement considérée conjointement par les historiens de l’art, et qui est pourtant pensée en diptyque [12]. Au verso du deuxième folio, l’enlumineur synthétise sur une pleine page le contenu de l’ouvrage de saint Augustin : dans le registre supérieur, s’ouvre la cité céleste habitée par Jésus-Christ trônant, exhibant les signes de la Passion, entouré et adoré par des anges, des âmes et des saints, dont la Vierge et saint Jean ; le registre central est lui-même divisé en trois compartiments figurant la fausse et la vraie religion, soit, à gauche et à droite, le paganisme et le judaïsme, tandis qu’au centre se déroule la messe ; enfin au registre inférieur se développe une représentation de l’enfer. Sur le folio opposé, une scène de dédicace originale et unique dans la tradition manuscrite de ce texte, inaugure le prologue. Le souverain trônant de profil reçoit la traduction de Raoul de Presles, agenouillé à ses pieds, et présenté par saint Augustin en personne. Pareille iconographie trouve son origine dans les images de dévotion où le donateur est présenté, le plus souvent à Dieu, par son saint patron. Alors que, dans la peinture adjacente, la Vierge et saint Jean intercèdent auprès de Jésus-Christ, saint Augustin, comme échappé de la communion des saints, intercède ici en faveur du traducteur de son œuvre, mais auprès du souverain terrestre. Une architecture en grisaille encadre la cérémonie qui se déroule dans un lieu indéterminé où coexistent des personnages de cour – un huissier et un courtisan penchés sur l’épaule de Charles V – et des anges tendant un drap d’honneur sur un fond fleurdelisé. Vision idéale, comme celle de la communion des saints à laquelle elle fait écho, la scène de dédicace, par son mélange de composants terrestres et célestes, participe du fort mouvement de sacralisation de la fonction royale que l’on note à l’époque, en conférant une stature quasi divine au monarque.

5 L’idée d’un roi fait à l’image de Dieu, rex imago Dei, si elle n’est pas propre au règne de Charles V, semble pourtant avoir particulièrement inspiré ses portraitistes, ainsi que l’illustre le frontispice enluminé du Policratique[13]. Réalisée en 1372, par un maître auquel elle a donné le nom de convention [14], cette enluminure se révèle originale à plus d’un titre. Installé dans une large cathèdre, le roi, coiffé de la couronne et paré d’un manteau bleu à fleurs de lis, est occupé à lire l’un des ouvrages ouverts devant lui. Or, figurer Charles V, seul, abîmé dans l’étude est extrêmement inhabituel dans l’ensemble de ses portraits. Seule une autre enluminure, légèrement postérieure, le dépeint ainsi, dans le Traité sur la sphère de Nicole Oresme [15]. De fait, cette dernière constitue vraisemblablement une citation de l’enluminure du Policratique, dont elle reproduit l’environnement d’étude, à l’exception notable de la main de Dieu bénissant le monarque. Ce dernier motif, courant dans les représentations des rois de l’Ancien Testament, notamment pour le roi David, se rencontre également, au cours de l’époque carolingienne, dans celles du roi en majesté. En réactivant cette iconographie, le Maître du Policratique inscrit Charles V dans une double lignée, celle des rois vétéro-testamentaires et celle des souverains carolingiens, deux modèles particulièrement prisés dans les écrits politiques contemporains. En outre, l’absence d’intermédiaire entre Dieu et le roi souligne leur rapport privilégié, leur connexion surnaturelle. Cette proximité n’est cependant pas entièrement inédite au temps de Charles V, puisque dans son bréviaire, illustré par Jean le Noir vers 1364–1370, le souverain est directement invité par le Christ à prendre place auprès de lui au royaume des cieux, après le Jugement dernier [16].

6 Au frontispice du Policratique, l’artiste met ainsi en valeur la qualité de roi très chrétien, tout comme il salue le goût pour l’étude et la sagesse de Charles V. En cela, il conforte le contenu du prologue de Denis Foulechat, où les citations bibliques louent unanimement la sapience, la prudence et la science comme les vertus principales du bon gouvernement. Le livre ouvert, que le souverain désigne à l’attention du lecteur, reprend d’ailleurs l’une des citations qu’il glose : Beatus vir qui in sapiencia morabitur et in justicia [meditabitur et in sensu cogitabit circumspectionem Dei] [17]. Le fait d’avoir inscrit au frontispice un verset biblique, en latin de surcroît, contribue à la construction de l’image d’un souverain savant, dont les actions politiques se fondent sur les enseignements de la Bible. La traduction en français, visiblement non nécessaire pour Charles V, est avant tout motivée par son désir, d’ordre politique, que toutes gens si puissent grandement proffiter[18].

7 Comme nous l’avons évoqué plus haut, il est inhabituel à cette époque de ne pas représenter l’auteur – ici le traducteur – aux côtés du roi. L’une des raisons se trouve peut-être dans la biographie de Denis Foulechat. Le frère mineur a en effet été accusé de soutenir des points de vue non orthodoxes dans son commentaire des Sentences et il évoque ses démêlés en intercalant un poème entre le livre VIII et la dédicace au roi où il refuse de donner son nom : Le translateur pas ne se nomme / Car n’est pas amé de tout homme[19]. En omettant de peindre son portrait au frontispice, l’enlumineur respecte ainsi son anonymat déclaré. Toutefois, il est à noter que ce mode de faire, une attitude d’humilité couramment rencontrée au siècle précédent, subsiste chez l’un de ses contemporains, Jean Corbechon, dans le prologue du Livre des proprietes des Choses[20], ce qui n’empêche pas les enlumineurs de le faire figurer systématiquement en compagnie du roi dans les scènes de dédicace. Dans le Policratique, l’omission du nom du traducteur ainsi que son absence au frontispice visent donc un objectif commun, celui d’exalter la figure royale en attirant toute l’attention sur elle, et plus particulièrement sur sa qualité de savant en écho au célèbre adage de Jean de Salisbury, dans la traduction de Denis Foulechat : Roy non en lectres enseignié est un droit asne coroné[21].

8 L’accent mis sur la sapience du souverain s’exprime également à travers l’importance qui est accordée à la représentation des manuscrits, ici amoncelés sur une roue à livres. Attribut polyvalent, aussi bien des saints et des personnes divines, que des clercs et des auteurs, le livre devient vers la fin du Moyen Âge un signe de distinction de l’aristocratie [22]. Dans ce dernier cas, son lieu privilégié est la scène de dédicace, qui rappelle le rituel de l’hommage. La gestuelle est identique, la posture pareille, et surtout la fin semblable : il s’agit de formaliser les liens existants entre les deux parties, ce qu’illustrent à merveille la peinture ouvrant la bible offerte à Charles V par Jean de Vaudetar [23] et le poème décrivant la cérémonie [24].

9 Plusieurs scènes de dédicace découlent directement de cet exemple, comme la miniature de présentation du Songe du Vergier, réalisée en 1378 par le Maître de la bible de Jean de Sy [25]. Comme au frontispice de la bible, le dais conique, surmontant habituellement l’autel, ou la statue d’un saint, est placé au-dessus du roi, dans un transfert éloquent de sacralité. Le souverain est également représenté sans couronne, mais avec le béguin, qui servait à préserver l’onction du sacre [26]. Si le port du béguin au lieu de la couronne donne une image plus familière et intime du roi, il signale également son élection singulière. En effet, comme le précise le Traité du sacre du carme Jean Golein, rédigé pour Charles V en 1373, cestui charles le . VI.e [sic] a la manière de ses predecesseurs fu coronne et sacre a Reins non mie de huile ou balme confit de main devesque ou dapotiquere. Mais de la sainte liqueur celestiele qui est en la sainte ampole […] et pource est il appele le plus noble le treschrestien deffendeur de la foy et de leglise[27]. Enfin, le souverain n’est pas revêtu des vêtements royaux fleurdelisés, mais d’une robe à chaperon, à l’encolure au double rabat blanc, qui est celle portée traditionnellement par les clercs.

10 La combinaison de ces divers éléments donne une image privée du prince, contrastant avec celle, officielle, de la pleine page enluminée en vis-à-vis, où le roi trône, de face, avec des attributs conventionnels de sa fonction, comme la couronne, le manteau fleurdelisé et le sceptre [28]. Comme dans le cas de la Cité de Dieu de Raoul de Presles, ces deux peintures sont rarement considérées ensemble, alors même qu’elles sont liées thématiquement et physiquement dans leur face à face. La pleine page illustre la situation de départ du texte, où l’auteur, s’étant endormi dans un verger, a une apparition du souverain, accompagné des personnifications de Puissance spirituelle et Puissance temporelle [29]. Celles-ci débattent pour savoir laquelle des deux a la prééminence sur l’autre et s’en remettent à leurs avocats respectifs, un clerc et un chevalier. Les différents protagonistes de ce débat se retrouvent sur le folio adjacent : le roi, qui a revêtu le costume de maître de l’université, reçoit de l’auteur agenouillé devant lui le Songe du Vergier, en présence du chevalier et du clerc, dont les vêtements sont identiques à ceux portés au frontispice, à l’exception de la couleur du pourpoint du chevalier. Dans la mesure où celui-ci se trouve relégué derrière un rideau baissé, l’issue de la dispute se pressent, d’autant que le clerc, lui, est admis auprès du roi. À l’autre bout de la pièce, placé sous un rideau relevé, un jeune homme, probablement le dauphin, assiste de son côté au don du livre. L’intégration du dauphin dans cette scène constitue une manière indirecte de rappeler le souci de Charles V de transmettre à ses enfants ses connaissances, notamment en matière de politique. L’éducation de la jeune génération passe donc par le livre, non seulement dans le Songe du Vergier, mais aussi au frontispice du Rational des divins offices de Guillaume Durand traduit par Jean Golein [30], et dans une des copies de l’Éthique d’Aristote [31], où l’ensemble de la famille royale est représentée aux côtés du souverain.

11 Le panorama de la littérature politique sous Charles V ne serait pas complet sans l’évocation des deux textes aristotéliciens, l’Éthique et la Politique, traduits entre 1370 et 1372 par Nicole Oresme. Leur exemple, étudié dans la monographie de C.R. Sherman [32], s’inscrit dans la ligne de ce qui précède. Le goût pour les livres, et partant la sagesse du prince, sont fortement mis en valeur dans les deux scènes de dédicace de l’Éthique de Bruxelles [33]. Couronné ou non, en habit de clerc, le souverain est, dans les deux cas, surmonté d’un dais et ceint d’un rideau d’or, derrière lequel se tient un homme qui épie la scène de don. Cette façon d’isoler le souverain rappelle l’usage contemporain où des tentes éphémères, placées à l’intérieur des églises, servent à le soustraire aux regards des autres participants [34]. Toutefois, dans ces miniatures, l’effet inverse se produit, Charles V étant au contraire mis en pleine lumière, sur le fond or. De fait, ce qui est surtout mis en valeur ici, c’est l’échange du livre, son passage des mains du traducteur à celles du prince, dans une incarnation éloquente de l’une des idées majeures de son règne, la translatio studii[35]. Il nous paraît inutile de multiplier les exemples qui parlent clairement un langage commun, visant à construire l’image d’un roi sage, épris des livres et du savoir, en même temps que celle d’un roi très chrétien, notamment par l’appropriation de motifs iconographiques issus du répertoire religieux.

Charles VI – Et le regardent non pas comme homme[36]

12 Sous le règne de Charles VI, la parution d’écrits politiques ne faiblit pas, bien au contraire. J. Krynen rappelle que les premiers Valois, Charles V en tête, se sont contentés de faire traduire des miroirs du prince en français, tandis que, pendant le règne de son successeur, ceux-ci sont rédigés, à un rythme soutenu, ex novo[37]. On assiste dès lors à un renversement de perspective, qui aura des conséquences sur les enluminures, puisque la plupart de ces textes ne sont plus des commandes suscitées par le souverain lui-même, mais des œuvres qui lui sont dédiées et présentées. Pour ce qui est des ouvrages traduits pour Charles V et copiés sous le règne de son fils, les peintres ne marquent pas systématiquement le changement de destinataire et conservent le plus souvent l’image du premier souverain au frontispice.

13 En ce qui concerne les miroirs du prince spécifiquement adressés à Charles VI, la récolte d’images s’avère plutôt maigre. À titre d’exemple, le seul manuscrit du Songe du vieil pelerin de Philippe de Mézières qui ait été réalisé pour lui ne comporte pas de représentation du souverain, sauf sous la forme allégorique du cerf ailé et couronné [38]. De fait, ces textes, bien que dédiés au roi, sont le plus souvent présentés aux autres membres de la cour, à son frère ou à ses oncles. Prenons le cas du Livre du Chemin de lonc estude de Christine de Pizan qui, s’il n’entre pas strictement dans la catégorie des miroirs, dessine toutefois le portrait d’un prince idéal. Dans quatre copies enluminées de ce texte, l’auteur à genoux tend son ouvrage au souverain couronné, trônant sous un baldaquin à fleurs de lis [39]. Au lieu de l’habit de clerc évoquant la sagesse royale, Charles VI porte, dans ces exemples, un vêtement à la mode, ce qui correspond au témoignage de la Chronique du Religieux de Saint-Denis : Priscorum morem eciam non observans, raro et cum displicencia habitu regali, epitogio scilicet et talari tunica, utebatur, sed indifferenter ut decuriones ceteri olosericis indutus […] [40]. De plus, l’héraldique et les attributs royaux conventionnels sont associés aux devises personnelles du souverain suivant les usages curiaux en vogue vers 1400 [41], au détriment de son portrait ressemblant. Enfin, contrairement aux exemples rencontrés sous Charles V, la scène de dédicace se déroule à chaque fois en présence d’un groupe de courtisans.

14 L’une des causes de l’irruption de la cour au moment de la présentation du livre réside sans doute dans le fait que la plupart de ces textes sont, comme nous l’avons dit, dédiés au roi de France, mais destinés à des personnages de son entourage, en tête desquels ses oncles, Jean de Berry ou Philippe le Hardi. Sans doute faudrait-il opérer une distinction entre les exemples où les assistants à la cérémonie se reconnaissent, par leurs emblèmes ou leur portrait, et ceux où ils valent surtout comme des éléments de décor, visant à exalter la munificence royale, conformément aux modes du gothique international. Néanmoins, il est un cas où la présence des princes est si entêtante qu’elle demande à être étudiée, notamment dans son rapport à la figure royale. Il s’agit des Dialogues de Pierre Salmon et Charles VI, dont il existe trois exemplaires enluminés, deux étant réalisés du vivant de Charles VI [42]. À côté des ouvrages d’un Philippe de Mézières ou d’un Gerson, celui de Salmon occupe une place mineure dans la littérature des miroirs, probablement en raison de sa diffusion réduite, ainsi que de son caractère composite, mêlant miroir, dialogue philosophique et autobiographie [43]. En ce qui concerne les représentations du souverain, ces deux manuscrits, exécutés à quelques années d’intervalle – en 1409 pour l’exemplaire conservé à Paris [44] et vers 1411–1413 pour celui de Genève [45] –, se révèlent particulièrement riches. Ils sont d’autant plus intéressants à étudier en parallèle qu’il s’agit d’un cas où l’une des copies est adressée à Charles VI [46], tandis que l’autre est, selon toute vraisemblance, destinée à l’un des grands de la cour, le duc de Bourgogne Jean sans Peur [47]. Ce dernier point, suggéré par l’orientation pro-bourguignonne du texte et la présence prééminente des ducs bourguignons dans les images, se trouve confirmé par le fait que, comme F. Avril l’a déjà signalé, ce manuscrit apparaît dans les inventaires de la librairie de Bourgogne [48].

15 Comme il est d’usage au cours du règne de Charles VI, les scènes de dédicace des Dialogues incluent donc aux côtés des deux principaux protagonistes une assistance d’hommes de cour, dont certains sont aisément identifiables, d’autres moins [49]. Si l’on peut lire dans de telles cérémonies un reflet de la réalité, elles sont avant tout une construction qui anticipe le moment réel de la remise du livre et où les intentions du donateur se dévoilent. N’étant assurément pas l’un des hommes les plus puissants de la cour, Salmon cherche en effet, en ces temps troublés (maladie du roi, querelle des Armagnacs et des Bourguignons, Guerre de Cent ans), à plaire aussi bien au monarque qu’aux ducs, les vrais détenteurs du pouvoir et, accessoirement, des protecteurs potentiels. Dans les scènes de dédicace, Charles VI trônant est représenté avec les attributs officiels de sa fonction, recevant le livre des mains de son secrétaire. Dans l’une de ces enluminures [50], Salmon tient de plus un phylactère portant une inscription latine : Viscera tua replebuntur volumine isto[51]. Il est significatif que la citation biblique latine soit réservée au clerc, contrairement à ce que l’on a pu noter au frontispice du Policratique de Charles V [52]. Salmon, probable concepteur du programme de ces deux manuscrits, met donc l’accent sur ses propres connaissances, sur son autorité et sur son action, au détriment du souverain. Sa prééminence se vérifie dans les deux manuscrits où il est représenté sur presque toutes les miniatures [53].

16 Parallèlement aux représentations du souverain trônant, le Maître de la Cité des Dames réalise des compositions originales, qui seront reprises dans la copie de Genève par le Maître de la Mazarine [54]. Dans ces miniatures, le monarque couché sur son lit d’apparat, la main posée sur sa joue, dialogue avec Salmon, tandis que trois princes, indifférents à ce qui se passe entre le roi et son clerc, conversent à l’écart [55]. Servant à introduire les demandes relatives au bon gouvernement, ces images dessinent un portrait plus intime du souverain. D’une part, celui-ci a troqué les attributs de la dignité royale pour de somptueux vêtements à la mode et ses emblèmes personnels, d’autre part, sa position, inspirée de l’iconographie de la Consolation de la Philosophie, suggère son état d’esprit mélancolique [56]. L’évocation de la maladie de Charles VI se produit donc, bien que de façon détournée comme chez Froissart ou chez Michel Pintoin, sachant que dire la folie du souverain est un crime punissable [57]. Une allusion du même ordre devait se lire dans une miniature du manuscrit de Genève aujourd’hui disparue, mais que l’on peut reconstituer grâce à la copie conforme qui appartint à François de Rochechouart [58]. En la présence de trois nobles placés au fond de la chambre royale, le roi s’adresse une nouvelle fois à son clerc, tandis que des musiciens jouent de la harpe, détournant l’iconographie biblique traditionnelle où le jeune David calme les accès de folie du roi Saül par sa musique.

17 Les portraits de Charles VI apparaissant dans les Dialogues de Pierre Salmon constituent un cas exceptionnel en proposant des images privées du roi faisant allusion à sa maladie. On est bien loin des exemples rencontrés au règne précédent où les représentations plus intimes du roi, en lettré, glorifient à la fois le prince et la dignité royale. À travers le surgissement de la personne physique du roi, et de ses faiblesses, c’est son humanité qui se perçoit. Toutefois, dans l’économie globale de ces deux copies, tout comme sur l’ensemble des occurrences, l’image dominante est celle d’un Charles VI dépeint en roi exemplaire et paré des attributs officiels de la majesté. Contrairement au règne de Charles V où s’est construite une image inédite du prince, les artistes s’en tiennent donc le plus souvent, au cours du règne de son fils, à des formulations conventionnelles, conformes aux préoccupations d’une période difficile où les concepts de royauté sacrée et de continuité dynastique, à défaut de la personne royale, se trouvent énergiquement défendus et exaltés.

Fig. 1a

SAINT AUGUSTIN, La Cité de Dieu, trad. RAOUL DE PRESLES, PARIS, BnF, ms. fr. 22912, fol. 2v (© BnF)

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SAINT AUGUSTIN, La Cité de Dieu, trad. RAOUL DE PRESLES, PARIS, BnF, ms. fr. 22912, fol. 2v (© BnF)

Fig. 1b

SAINT AUGUSTIN, La Cité de Dieu, trad. RAOUL DE PRESLES, PARIS, BnF, ms. fr. 22912, fol. 3r (© BnF)

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SAINT AUGUSTIN, La Cité de Dieu, trad. RAOUL DE PRESLES, PARIS, BnF, ms. fr. 22912, fol. 3r (© BnF)

Fig. 2

JEAN DE SALISBURY, Policratique, trad. DENIS FOULECHAT, PARIS, BnF, ms. fr. 24287, fol. 2r (©BnF)

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JEAN DE SALISBURY, Policratique, trad. DENIS FOULECHAT, PARIS, BnF, ms. fr. 24287, fol. 2r (©BnF)

Fig. 3

Le Songe du Vergier, LONDRES, BL, ms. Royal. 19. C. IV, fol. 2r (© BL, By permission of the British Library)

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Le Songe du Vergier, LONDRES, BL, ms. Royal. 19. C. IV, fol. 2r (© BL, By permission of the British Library)

Fig. 4

ARISTOTE, Éthiques, trad. NICOLE ORESME, Bruxelles, KBR, ms. 9505–9506, fol. 1r (© KBR)

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ARISTOTE, Éthiques, trad. NICOLE ORESME, Bruxelles, KBR, ms. 9505–9506, fol. 1r (© KBR)

Fig. 5

PIERRE SALMON, Dialogues de Pierre Salmon et Charles VI, GENÈVE, BGE, ms. fr. 165, fol. 7r (© GENÈVE, BGE)

tableau im6

PIERRE SALMON, Dialogues de Pierre Salmon et Charles VI, GENÈVE, BGE, ms. fr. 165, fol. 7r (© GENÈVE, BGE)

Notes

  • [*]
    AUTEUR : Brigitte ROUX, Université de Genève, Brigitte.Roux@unige.ch.
  • [1]
    P. LORENTZ, Des rois qui se suivent mais ne se ressemblent pas : à propos des portraits de Charles V et de Charles VI, Paris 1400. Les arts sous Charles VI. Catalogue de l’exposition présentée au Musée du Louvre (22 mars–12 juillet 2004), dir. É. TABURET-DELAHAYE, Paris, 2004, p. 28–29.
  • [2]
    PARIS, Louvre, RF 2490.
  • [3]
    C. R. SHERMAN, The Portraits of Charles V of France (1338–1380), New York, 1969.
  • [4]
    CHRISTINE DE PIZAN, Le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V, éd. S. SOLENTE, t. 1, Paris, 1936, p. 48–49.
  • [5]
    MICHEL PINTOIN (RELIGIEUX DE SAINT-DENIS), Chronique contenant le règne de Charles VI, de 1380 à 1422, éd. et trad. L. F. BELLAGUET, 3 vol., Paris, 1994, 1re éd., Paris, 1839–1842.
  • [6]
    S. PERKINSON, Rethinking the Origins of Portraiture, Gesta, t. 46, 2008, p. 135– 157, en particulier p. 137 ; ID., The Likeness of the King. A Prehistory of Portraiture in Late Medieval France, Chicago, 2009.
  • [7]
    MICHEL PINTOIN, Chronique, t. 1, p. 562–566.
  • [8]
    B. GUENÉE, Le portrait de Charles VI dans la Chronique du Religieux de Saint-Denis, Journal des Savants, 1997, p. 125–165 (réimpr. dans ID., Un roi et son historien. Vingt études sur le règne de Charles VI et la Chronique du Religieux de Saint-Denis, Paris, 1999, p. 185–218).
  • [9]
    C. BEAUNE, Naissance de la nation France, Paris, 1985 ; J. KRYNEN, L’empire du roi. Idées et croyances politiques en France. XIIIe–XVe siècle, Paris, 1993.
  • [10]
    Pour une édition du prologue, cf. A. DE LABORDE, Les manuscrits à peinture de la Cité de Dieu de Saint Augustin, Paris, 1909, p. 63–67.
  • [11]
    Ibid., p. 66.
  • [12]
    PARIS, Bibliothèque nationale de France (= BnF), ms. fr. 22912, ff. 2v–3r. Cf. fig. 1a et 1b. Sur ce manuscrit, cf. SHERMAN, The Portraits of Charles V, p. 23 ; C. BEAUNE, Le Miroir du Pouvoir. Les manuscrits des rois de France au Moyen Âge, Paris, 1997, p. 20.
  • [13]
    PARIS, BnF, ms. fr. 24287, fol. 1r. Cf. fig. 2. Pour un exemple ne ressortissant pas à la politique, cf. D. BYRNE, Rex imago Dei : Charles V of France and the Livre des propriétés des choses, Journal of Medieval History, t. 7, 1981, p. 97–113.
  • [14]
    Sur ce maître, cf. F. AVRIL, Le parcours exemplaire d’un enlumineur parisien à la fin du XIVe siècle. La carrière et l’œuvre du maître du Policratique de Charles V, De la sainteté à l’hagiographie. Genèse et usage de la Légende Dorée, dir. B. FLEITH et F. MORENZONI, Genève, 2001, p. 265–282.
  • [15]
    OXFORD, Saint John’s College, ms. 164, fol. 1r. Reproduction dans Fastes du gothique, p. 335, n289.
  • [16]
    PARIS, BnF, ms. lat. 1052, fol. 261r. Cf. C. STERLING, La peinture médiévale à Paris, t. 1, Paris, 1987, p. 119–121, n15 et fig. 62.
  • [17]
    Si 14, 22.
  • [18]
    DENIS FOULECHAT, Le Policratique de Jean de Salisbury (1372). Livres I–III, éd. C. BRUCKER, Genève, 1994, p. 85.
  • [19]
    PARIS, BnF, ms. fr. 24287, fol. 296r. Cf. DENIS FOULECHAT, Le Policratique. Livres I– III, p. 22.
  • [20]
    Le Livre des propriétés des choses. Une encyclopédie au XIVe siècle, trad. B. RIBÉMONT, Paris, 1999, p. 53. Cf. ID., Encyclopédie et traduction : le double prologue du Livre des Propriétés des choses, Seuils de l’œuvre dans le texte médiéval, dir. E. BAUMGARTNER et L. HARF-LANCNER, t. 2, Paris, 2002, p. 59–88.
  • [21]
    LA HAYE, Museum Meermanno-Westreenianum (= MMW), ms. 10 B 23, fol. 2r. Cf. DENIS FOULECHAT, Le Policratique. Livres I–III, p. 84
  • [22]
    M. PASTOUREAU, La symbolique médiévale du livre, Revue française d’Histoire du Livre, t. 86–87, 1995, p. 17–36.
  • [23]
    Pour une reproduction de cette miniature, cf. STERLING, op. cit., t. 1, p. 187–192, n31.
  • [24]
    A vous, Charles, roy plain d’onnour, / Qui de sapience la flour / Estes sur tous les roys du monde, / Pour le grant bien qu’en vous habonde, / Presente et donne cestui livre, / Et à genolz cy le vous livre, / Jehan Vaudetar, votre servant, / Qui est cy figuré devant. / C’onques je ne vi en ma vie / Bible d’ystoires si garnie, / D’une main pourtraites et faites, / Pour lesquelles il en a faites / Pluseurs alées et venues, / Soir et matin, par my les rues, / Et mainte pluye sus son chief, / Ains qu’il en soit venu à chief. / Si fu au prince sus nommé / Ce livre baillé et donné / Par ledit Jehan, que je ne mente, / L’an mil CCC XII et soixante / De bon cuer, et vausist mil mars, / XXVIII jours ou mois de mars. L. DELISLE, Recherches sur la librairie de Charles V, roi de France, 1337–1380, t. 1, Paris, 1907, p. 75–76.
  • [25]
    LONDRES, British Library (= BL), ms. Royal 19 C IV, fol. 2r. Cf. fig. 3.
  • [26]
    Ce motif, qui a souvent été décrit dans la littérature comme une nouveauté apparaissant sous le règne de Charles V, se rencontre déjà sous Philippe le Bel, comme le montre une initiale historiée de son bréviaire, où le béguin est associé à la couronne (PARIS, BnF, ms. lat. 1023, fol. 8r).
  • [27]
    JEAN GOLEIN, Traité du sacre, éd. R. JACKSON, Proceedings of the American Philosophical Society, t. 113, 1969, p. 305–324, en particulier p. 309.
  • [28]
    LONDRES, BL, ms. Royal 19 C IV, fol. 1r.
  • [29]
    Cf. dans ce numéro la contribution de B. SCHNERB.
  • [30]
    PARIS, BnF, ms. fr. 437, fol. 1r. Reproduction dans SHERMAN, The Portraits of Charles V. Cf. fig. 3.
  • [31]
    BRUXELLES, Bibliothèque royale de Belgique (= KBR), ms. 9505–9506, fol. 2v.
  • [32]
    C. R. SHERMAN, Imaging Aristotle. Verbal and Visual Representation in Fourteenth-Century France, Berkeley–Los Angeles, 1995.
  • [33]
    BRUXELLES, KBR, ms. 9505–9506, ff. 1r et 2v. Cf. fig. 4.
  • [34]
    Le duc de Berry est représenté dans une chapelle de ce genre dans les Belles Heures des frères Limbourg (NEW YORK, The Metropolitan Museum of Art, The Cloisters Collection, 1954, 54.1.1, fol. 91r). Reproduction dans T. B. HUSBAND, The Art of Illumination. The Limbourg Brothers and the Belles Heures of Jean de France, Duc de Berry, New York–New Haven–Londres, 2008, p. 149.
  • [35]
    S. LUSIGNAN, Parler vulgairement. Les intellectuels et la langue française aux XIIIe et XIVe siècles, Montréal–Paris, 1986.
  • [36]
    PIERRE LE FRUITIER, dit SALMON, Les demandes faites par le roi Charles VI touchant son état et le gouvernement de sa personne, avec les réponses de Pierre Salmon, son secrétaire et son familier, éd. G. A. CRAPELET, Paris, 1833, p. 29.
  • [37]
    KRYNEN, L’empire du roi, p. 191.
  • [38]
    PARIS, BnF, Arsenal, ms. 2682, fol. 34r.
  • [39]
    PARIS, BnF, ms. fr. 1188, fol. 1r ; ms. fr. 836, fol. 1r ; BRUXELLES, KBR, ms. 10982, fol. 1r ; LONDRES, BL, ms. Harley 4431, fol. 178r. Le premier de ces manuscrits est la copie datée de 1403 du duc Jean de Berry, le second prévu pour Louis d’Orléans est acquis par le duc de Berry en 1408–1409, le troisième est présenté au duc de Bourgogne Philippe le Hardi en 1403, et le quatrième, réalisé autour de 1410–1411, appartint à la reine Isabeau de Bavière. Cf. J. C. LAIDLAW, How long is the Livre du chemin de long estude ?, The Editor and the Text, dir. P. BENETT et G. RUNNALLS, Édimbourg, 1990, p. 83–95.
  • [40]
    GUENÉE, Portrait de Charles VI, p. 128, qui traduit ce passage comme suit : « Il [Charles VI, n.d.a.] ne suivait pas non plus la coutume des anciens en ne revêtant que rarement, et de mauvais gré, l’habit royal, c’est-à-dire le manteau et la robe longue. Ses vêtements de soie ne le distinguaient en rien des gens de sa cour » (Ibid., p. 130).
  • [41]
    L. HABLOT, La devise, un nouvel emblème pour les princes du XVe siècle, La création artistique en France autour de 1400. Actes du colloque international tenu à l’École du Louvre (7–8 juillet 2004), au Musée des Beaux-Arts de Dijon et à l’Université de Bourgogne (9–10 juillet 2004), dir. É. TABURET-DELAHAYE, Paris, 2006, p. 177–192.
  • [42]
    B. ROUX, Les Dialogues de Salmon et Charles VI. Images du pouvoir et enjeux politiques, Genève, 1998 ; A. HEDEMAN, Of Counselors of Kings : the Three Versions of Pierre Salmon’s Dialogue, Urbana, 2001.
  • [43]
    KRYNEN, L’empire du roi, p. 204 ; J. BLANCHARD et J. C. MÜHLETHALER, Écriture et pouvoir à l’aube des temps modernes, Paris, 2002, p. 140–141. Cf. de même l’article de P. MAUPEU dans ce numéro.
  • [44]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279.
  • [45]
    GENÈVE, Bibliothèque de Genève (= BGE), ms. fr. 165.
  • [46]
    PARIS, BnF, ms. fr. 165.
  • [47]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279.
  • [48]
    F. AVRIL, Jean le Tavernier : un nouveau livre d’heures, Revue de l’Art, t. 126, 1999, p. 22 n. 34.
  • [49]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279, ff. 1r et 53r. La scène de dédicace du manuscrit de Genève a disparu ; toutefois, une copie fidèle de la fin du XVe siècle (PARIS, BnF, ms. fr. 9610, fol. 1r) permet sa reconstitution (ROUX, Les Dialogues de Salmon et Charles VI, p. 135–150).
  • [50]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279, fol. 1v. Cf. la reproduction figurant ici même, à la suite de la contribution de P. MAUPEU (fig. 1).
  • [51]
    Ez 3, 3.
  • [52]
    Au frontispice d’une copie de l’Éthique destinée à Charles V, le roi et Nicole Oresme dialoguent tous deux en latin (LA HAYE, MMW, ms. 10 D I, fol. 5r).
  • [53]
    Sur les vingt-sept miniatures du ms. fr. 23279, seules trois ne comprennent pas la figure de Salmon et, sur les vingt-neuf miniatures du ms. fr. 165, seules huit s’en trouvent dépourvues.
  • [54]
    Sur la répartition des mains, cf. les notices 51 et 52 d’I. VILLELA-PETIT dans Paris 1400, p. 120 et 122–123.
  • [55]
    PARIS, BnF, ms. fr. 23279, ff. 5r et 19r ; GENÈVE, BGE, ms. fr. 165, ff. 4r et 7r. Cf. fig. 5.
  • [56]
    On retrouve une composition identique pour illustrer la complainte de l’amant dans le Duc des vrais amans de Christine de Pizan (LONDRES, BL, ms. Harley 4431, fol. 154v).
  • [57]
    B. GUENÉE, La folie de Charles VI, Roi Bien-Aimé, Paris, 2004.
  • [58]
    PARIS, BnF, ms. fr. 9610, fol. 71v.
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