Notes
-
[1]
Histoire des femmes, t. 2, Le Moyen Âge, sous la dir. de M. PERROT et G. DUBY, Paris, 1990.
-
[2]
Donne e lavoro nell’Italia medievale, sous la dir. de M. MUZZARELLI, B. ANDREOLLI, P. GALETTI, Turin, 1991 ; A. GROPPI, Il lavoro delle donne, Rome-Bari, 1996.
-
[3]
F. BERTINI, Fr. CARDINI, La vie quotidienne des femmes au Moyen Âge, Paris, 1991.
-
[4]
Les historiens admettent que les femmes de l’aristocratie jouent un rôle important durant l’époque féodale.
-
[5]
Le thème du travail des femmes a été abordé dans les deux recueils mentionné en n. 2.
-
[6]
M. MUZZARELLI, Des poissons difficiles à pêcher, Clio, t. 8, 1998, p. 106.
-
[7]
Ce thème est précisément développé dans le livre de L.B. ALBERTI, I libri della famiglia, 2 vol., Bari, 1960.
-
[8]
ALBERTI, op. cit., p. 91-117.
-
[9]
ALBERTI, op. cit., p. 221.
-
[10]
ALBERTI, op. cit., p. 106-107
-
[11]
Ibid.
-
[12]
ALBERTI, op. cit., p. 38.
-
[13]
S. VECCHIO, La bonne épouse, Histoire des femmes, p. 136.
-
[14]
ALBERTI, op. cit., p. 32-33.
-
[15]
Ch. BEC, I. CLOULAS, B. JESTAZ, A. TENENTI, L’Italie de la Renaissance : un monde en mutation (1378-1494), Paris, 1990.
-
[16]
G. JEHEL, le rôle des femmes et du milieu familial à Gênes au cours de la première moitié du XIIIe siècle, Revue d’Histoire économique et sociale, t. 53, 1975, p. 193-215.
-
[17]
G. BOCACCE, Décaméron, trad. J. BOURCIEZ, Paris, 1952.
-
[18]
G. BOCACCE, op. cit., lXe nouvelle.
-
[19]
J. ROSSIAUD, La prostitution médiévale, Paris, 1988.
-
[20]
G. BOCACCE, op. cit., VIIe nouvelle.
-
[21]
JEHEL, op. cit., p. 200.
-
[22]
D. HERLIHY, Chr. KLAPISCH-ZUBER, Les Toscans et leurs familles : une étude du catasto florentin de 1427, Paris, 1978.
-
[23]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere di una gentildonna fiorentina del secolo XV ai figliuli esuli, Florence, 1877.
-
[24]
NICOLAS MACHIAVEL, Lettres officielles et familières (celles de ses seigneurs, de ses amis et des siens), 2 vol., Paris, 1955.
-
[25]
ALBERTI, I libri della famiglia.
-
[26]
Les Strozzi appartiennent à ces familles qui ont constitué leur fortune sur l’industrie du textile notamment en produisant de la soie, au même titre que les Pazzi, Rucellai et Médicis. Cette famille est à la tête d’une puissante compagnie à filiales, dont les activités fort diversifiées rayonnent sur l’ensemble de l’Occident. Qui dit compagnie, dit activités commerciales combinées aux activités bancaires et naturellement des intérêts importants dans l’industrie.
-
[27]
SAINT BERNARDIN DE SIENNE, Le prediche volgari, éd. C. CANNAROZZI, t. 4, Quaresimale del 1425, vol. 2, Predica XXVIII, p. 136.
-
[28]
Chr. KLAPISCH-ZUBER La mère cruelle : maternité, veuvage et dot dans la Florence des XIVe-XVe siècles, Annales É.S.C., 1983, p. 1097-1110.
-
[29]
Il libro dégli affari proprii di casa de Lapo di Giovanni Niccolini de’ Sirigatti, éd. Chr. BEC, Paris, 1967.
-
[30]
I. CHABOT, La sposa in nero. La ritualizzazione del lutto delle vedove florentine (secoli XIV-XV), Quaderni storici, t. 86, 1994, p. 421-462. Du MÊME AUTEUR (nous n’avons pas pu la consulter) : La dette des familles. Femmes, lignages et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Thèse de doctorat, Institut universitaire européen de Florence, 1995.
-
[31]
KLAPISCH-ZUBER, La mère cruelle, p. 1107 n. 21.
-
[32]
D. HERLIHY, Mapping households in Medieval Italy, Catholic historical Review, t. 158, 1972, p. 14.
-
[33]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettres 1, 2, 4, 11, 13, 14, 15, 16, 19, 21, 22, 28, 31, 44, 46, 61, 64.
-
[34]
Y. RENOUARD, Les hommes d’affaires italiens du Moyen Âge, Paris, 1949.
-
[35]
Ibid.
-
[36]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. II-XLIV (introduction de l’ouvrage).
-
[37]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 31, 21 avril 1464, p. 293.
-
[38]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 31, même passage, lettre 14, du 20 juillet 1459, p. 152, lettre 21, 28 février 1460, p. 224.
-
[39]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. 224.
-
[40]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 27, 17 décembre 1461, p. 266.
-
[41]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 35, 19 juin 1464, p. 315.
-
[42]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 14, 20 juillet 1459, p. 152.
-
[43]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 4, 26 décembre 1449, p. 58.
-
[44]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 5, 8 février, p. 70-71.
-
[45]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 5, p. 71.
-
[46]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. 99.
-
[47]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 30, 9 avril 1464, p. 289.
-
[48]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 8, 11 décembre 1452, p. 111.
-
[49]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 10.
-
[50]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 29, 7 avril 1464, p. 282.
-
[51]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 29, p. 116.
-
[52]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 28, 22 mars 1463, p. 277.
-
[53]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 16, 27 juillet, p 166.
-
[54]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 16, p. 167.
-
[55]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettres 19 et 20, 1459.
-
[56]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 36, 15 septembre, p. 326.
-
[57]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 10, 10 avril 1451, p. 116.
-
[58]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 16, 21 avril 1464, p. 176.
-
[59]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 29, 7 avril 1464, p. 293.
-
[60]
L. MARTINES, A way of looking at women in Renaissance Florence, The Journal of medieval and renaissance Studies, t. 4, 1964, p. 15-28.
-
[61]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 62, p. 447-451.
-
[62]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. 211. En 1465, Pierre de Médicis (successeur de Côme, mort en 1464) commet une grave faute économique : il demande aux créanciers de son père de rendre l’argent que celui-ci leur a prêté. Cette requête entraîne la faillite des anciens clients des Médicis, notamment des Strozzi d’où la banqueroute qui est évoquée par Alessandra dans sa correspondance.
-
[63]
DONATO VELLUTI, La cronica domestica di messer D.V., scritta fra tl 1367 e il 1370, éd. I. DEL LUNGO et G. VOLPI, Florence, 1914.
-
[64]
MARTINES, A way, p. 28.
-
[65]
M.E. WIESNER, Working women in Renaissance Germany, New-Brunswick, 1986.
-
[66]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 68, 7 février 1465, p. 573-574. La traduction est tirée du livre de Ch. BEC, Les marchands écrivains. Affaires et humanisme à Florence, 1375-1434, Paris-La Haye, 1967.
-
[67]
J. LE GOFF, La bourse ou la vie : économie et religion, Paris, 1986.
-
[68]
MARTINES, A way, p. 26.
-
[69]
MACHIAVEL, Lettres officielles et familières. Cette précision est évoquée dans l’introduction de l’ouvrage, p. 8.
-
[70]
F. LOT, Art militaire et années au Moyen Âge, t. 1, Paris, 1946 ; Ph. CONTAMINE, La guerre au Moyen Âge, Paris, 1980.
-
[71]
P.D. PASOLINI, Une héroïne de la Renaissance italienne, Paris, 1912.
-
[72]
Du point de vue stratégique, il place ainsi une personne de sa famille à proximité de la Toscane.
-
[73]
Pour plus de détails se reporter à BEC, et al., L’Italie de la Renaissance, p. 171-175.
-
[74]
MACHIAVEL, op. cit., lettre du 17 juillet 1499, p. 21.
-
[75]
MACHIAVEL, op. cit., lettre du 18 juillet 1499, p. 25.
-
[76]
E. GARIN, L’homme de la Renaissance, Paris, 1991.
-
[77]
Ils sont décrits par PASOLINI dans ses chapitres IX et X. Pour le personnage de César Borgia on peut consulter : Dizionario biografico degli Italiani, t. 12, Rome, 1970.
-
[78]
Il s’agit de Rodrigue Borgia élu le 11 août 1492.
-
[79]
BEC, et al., L’Italie de la Renaissance, p. 30 et s.
-
[80]
PASOLINI, Une héroïne, chap. IX.
-
[81]
PASOLINI, op. cit., p 70.
-
[82]
G. ROSSI, Statut juridique de la femme dans l’histoire du droit italien, Recueils de la Société Jean Bodin, t. 12, 1962, p. 115-134 ; M. BELLOMO, La condizione giuriduca della donna in Italia. Vicende antiche e moderne, Turin, 1970. Du MÊME AUTEUR, Ricerche sui rapporti patrimoniali tra cniugi. Contributo alla storia della famiglia medievale, Milan, 1961.
-
[83]
La revue Bien dire et bien aprandre a consacré son n°16, 1998, à l’image de la mère dans la littérature médiévale. Ces différentes études corroborent l’idée que je viens d’évoquer.
-
[84]
Ch. FRUGONI nuance cette idée dans son ouvrage : La femme imaginée, Histoire des femmes, t. 2, p. 357-439.
-
[85]
JEHEL, le rôle des femmes, p. 193-215.
-
[86]
WIESNER, Working women.
-
[87]
On peut également discerner leur rôle à travers quelques monographies comme celles de Ch.M. DE LA RONCIÈRE ou d’E. DE ROOVER.
1 Comme le souligne Cl. Opitz dans l’histoire des femmes [1]: « On a beaucoup parlé d’elles, de l’autre sexe, en tant que filles, mères, épouses, saintes ou femmes moins exemplaires et presque autant écrit à leur sujet ». C’est seulement depuis les années 1990 que l’action des femmes hors de la cellule domestique suscite l’intérêt des historiens. Certaines entreprises récentes [2] montrent le renouvellement de l’historiographie. D’autres en revanche, notamment celle de Fr. Cardini au titre attractif : La vie quotidienne des femmes au Moyen Âge [3], n’aborde qu’une partie du thème annoncé, car il s’agit d’un ensemble de biographies sur des religieuses et intellectuelles renommées. Notre propos n’est pas de retracer l’évolution historiographique de l’histoire des femmes mais de nuancer l’impression souvent réductrice, que les femmes de l’aristocratie durant le bas Moyen Âge n’exerçaient guère de fonction dans le domaine économique [4]. En effet, pour le XVe siècle, les historiens ne se sont guère penchés sur ce thème. Ce désintérêt doit être imputé au fait qu’il est toujours difficile d’évoquer l’action des femmes issues de l’aristocratie hors de la cellule domestique [5], et plus particulièrement dans le monde des affaires, secteur que l’on réserve généralement à l’homme, faute d’une documentation significative. « Si les sources nous donnent parfois l’impression d’une marginalité féminine, c’est que leurs auteurs étaient des hommes, qui en théorisant l’infériorité des femmes, exorcisaient la peur qu’elles leur inspiraient » [6]. Ainsi, la femme selon une conception traditionnelle de sa fonction au sein du couple en serait totalement exclue ou tiendrait un rôle mineur, quasiment insignifiant. Les moralistes comme Léon-Battista Alberti traduisent et diffusent dans leurs écrits l’idéologie dominante [7]: « la femme à l’intérieur de la maison exerce un pouvoir authentique, l’économie domestique repose sur elle. Lorsqu’elle sort de la cellule domestique c’est pour entrer dans le circuit des échanges matrimoniaux ou pour servir de mannequin exhibant la richesse et le pouvoir de son mari » [8]. Alberti affirme que l’épouse occupe la deuxième place après le paterfamilias. Elle a été choisie en fonction des intérêts et des alliances des clans familiaux. Robuste plus que belle, bien élevée, elle doit appartenir à une famille riche et posséder une bonne éducation. Elle doit être totalement soumise à son mari comme elle l’était à ses parents [9]. Son domaine est celui de la maison, les tâches non domestiques lui échappent. Elle surveille les serviteurs, la conservation des denrées et des biens meubles, bref « que rien ne se gâte » [10]. L’homme a besoin d’une aide pour les choses domestiques et l’épouse est là pour le suppléer [11]. Son seul privilège est celui de « l’élevage » de tous les jeunes enfants, « la femme est bonne à nourrir l’enfant en bas âge mais elle n’est pas apte vu son tempérament à l’éduquer » [12]. Ainsi « l’opposition entre un espace intérieur, clos, gardé, dans lequel se tient la femme et l’espace extérieur et ouvert où l’homme vaque librement, prend tout son sens dans l’opposition entre les deux activités économiques fondamentales » [13]. Le domaine de compétence de la femme au sein de l’aristocratie est donc restreint et les hommes tentent de le justifier en évoquant les « qualités » féminines qui fragilisent leur caractère et leur corps : tristesse, mélancolie, versatilité et la grande jeunesse de leurs épouses qui les rendent tributaires de leurs connaissances [14]. Ce dernier point correspond effectivement à une réalité si l’on en juge par l’âge moyen des filles à leur premier mariage : de 17,6 à 20,8 ans entre 1427 et 1480 (il est pour les hommes de 30 à 31,4 ans ; soit un écart de 10, 6 à 12,7 ans). Cependant les « codificateurs des mentalités bourgeoises » pour reprendre une expression de Ch. Bec [15], n’expriment qu’une idéologie et pas forcément la réalité. Les femmes ont aménagé ces contraintes, ce carcan masculin, souvent avec bonheur. D’ailleurs les témoignages des chroniqueurs du temps et quelques études d’historiens, notamment celle de G. Jehel [16] confirment l’intervention des femmes dans le monde des affaires. Giovanni Boccacio dans le Décaméron [17] évoque la présence des femmes dans des affaires licites ou illicites. Au cours de la huitième journée, il décrit une meretrix : la comtesse de Civillari (nom d’un quartier malfamé de Florence). Elle contrôle l’ensemble des maisons du quartier : « […] il y a dans le monde peu de maisons qui échappent à sa juridiction. Tous lui payent tribut. » [18]. Cette affaire illicite est tolérée, le monde de la prostitution étant considéré comme un moindre mal dans les cités [19]. Boccacio décrit également des femmes qui remettent de l’ordre dans leurs affaires foncières (donc licites), s’occupent de la comptabilité. Certaines dirigent des ateliers de tissage, d’autres administrent la fortune de leur époux défunt dont des comptoirs à Paris et à Florence [20]. Les études d’historiens confirment ces fonctions féminines attestées par les sources littéraires et plus particulièrement celle de G. Jehel. En effet, celui-ci met en évidence l’action des femmes dans le monde des affaires au cours de la première moitié du XIIIe siècle. L’historien dans un premier temps précise ce qu’il faut entendre par femmes d’affaires. Il faut, écrit-il, faire une distinction entre « l’activité de la marchande » au sens de tenancière de boutique et « pratique des affaires » au sens où l’entendent Sapori et Renouard quand ils décrivent les hommes d’affaires. Il s’agit donc de distinguer l’individu comme force de production et l’individu détenant les moyens de productions, accumulant des richesses, investissant, dirigeant, gérant. Ensuite, il constate d’après les minutes notariales, qu’au total 20 % des femmes participent à des opérations d’achat et de vente de marchandises, aux affaires du mari avec son accord. Elles peuvent investir pour les enfants, prendre des initiatives pour elles ou pour les sœurs. Elles participent de façon active dans des sociétés et des contrats de commerce. G. Jehel cite également le cas de véritables femmes d’affaires : « il existe des foyers d’activités dans lesquels les femmes agissent en toute autonomie, à l’égal de leurs parents et confrères » [21]. Par exemple, des épouses stipulent qu’elles participent à une commande avec leur mari mais séparément. Elles prennent soin de préciser ce qu’elles investissent. L’auteur attire notre attention sur le fait que 14,1 % d’entre elles sont veuves. Cet état semble effectivement leur donner la possibilité d’intervenir de façon décisive dans ce secteur. Elles gèrent le patrimoine familial après la mort de leur époux, tandis que les autres (les 5,9 % restant) placent leurs fonds propres comme leur dot. L’étude qui suit, présente deux figures hors du commun du Quattrocento italien, ayant menées une activité dans une sphère réservée aux hommes de cette époque, dans des circonstances particulières.
2 La première, Alessandra Macinghi Strozzi, appartient à une des familles les plus riches de Florence, son mariage avec Matteo Strozzi en 1423 l’introduit dans un clan familial faisant partie des six groupes de parenté les plus fortunés de la cité en 1427 [22]: les Strozzi, Bardi, Médicis, Alberti, Peruzzi et Albizzi détiennent 10 % de la fortune imposable en 1427. Il existe des familles dont le lignage est numériquement moins important mais dont les membres sont riches comme les Macinghi. En 1434, Matteo et ses deux fils, Filippo et Lorenzo sont frappés d’exil par les Médicis à la suite des conflits qui opposent les clans familiaux de Florence. Les Médicis et les Strozzi se déchirent pour imposer leur pouvoir. À la suite de ces luttes, le vainqueur ordonne généralement l’exil des représentants des factions qui lui sont hostiles. Sans doute faut-il y voir le moyen de réduire économiquement ses ennemis, en les éloignant du centre de leur activité. L’exil ne touche que les hommes âgés de plus de douze ans. De ce fait, Alessandra se retrouve seule à Florence et elle est amenée à prendre en main les affaires de son époux et de ses fils. Il faut souligner que le cas d’Alessandra, femme d’exilé, est fréquent dans la paysage italien, la vie politique étant très agitée. Durant cette période, elle entretient une correspondance [23] avec ses deux fils exilés, Filippo et Lorenzo, se trouvant respectivement à Naples et à Bruges. La seconde, Caterina Sforza, comtesse d’Imola et de Forli, est une aristocrate ; en 1477, elle est mariée à Gerolamo Riario. Vers 1481, les Médicis veulent s’emparer de Forli et Imola, que Gerolamo a obtenu contre leur volonté. À la suite de ce conflit politique, il est emprisonné. Il meurt trois ans après, assassiné. Veuve, Caterina protège, administre sa seigneurie. Durant l’année 1499, elle négocie avec Niccolo Machiavelli le renouvellement d’une condotta, c’est-à-dire une charge militaire. Machiavel est alors secrétaire de la République de Florence qui le charge de nombreuses missions diplomatiques. Il retranscrit les négociations avec Caterina dans des lettres diplomatiques qu’il adresse à la seigneurie de Florence, dont il est le représentant officiel [24]. Cette correspondance retrace un instant particulier et donne une vision indirecte de Caterina, mais on peut penser que ces lettres traduisent assez justement la réalité. Elle apparaît comme une femme ayant un pouvoir militaire et politique.
3 Ainsi, ces deux femmes d’affaires exercent une action très différente, agissent dans un contexte exceptionnel qui, peut-être, leur donne l’occasion de sortir de leur « ghetto » traditionnel (le domus). En l’absence de leur époux, elles exercent une partie voire la totalité du pouvoir qui revient habituel~lement au dominus.
4 En 1436, Matteo Strozzi décède de la peste à Pesaro où il a dû s’exiler deux ans auparavant. À partir de cette époque, Alessandra entretient avec ses deux fils, eux-mêmes frappés d’exil, une correspondance régulière. Elle nous est parvenue de façon fragmentaire. Seules soixante douze lettres subsistent, elles s’échelonnent entre 1447 et 1470. Elles ont été rédigées à Florence et permettent d’évaluer l’intervention d’une aristocrate italienne dans le monde des affaires. Cette intervention débute sans doute avant 1447. En effet, comme nous le signalions dans la présentation, son mari Matteo est frappé d’exil par les Médicis depuis douze ans. Même si elle reste une « bonne épouse » par référence au modèle d’Alberti [25], c’est-à-dire par son travail domestique, elle intervient dans les affaires de la famille car les membres mâles sont provisoirement éloignés. Elle dirige, administre les biens de la famille notamment une boutique de arte di lana (activité de la laine) située à San Martino (paroisse de Florence), un atelier de fabrication et l’ensemble des biens de famille situés dans Florence intra-muros et dans le contado [26]. Dans ses échanges épistolaires, elle rend compte à ses fils de la vie quotidienne, des problèmes qui surgissent et des solutions mises en œuvre. L’éloignement de ses enfants lui a permis d’accéder à une forme d’indépendance. Son veuvage la renforce. Est-ce à dire que le veuvage est le seul moyen pour une femme de s’émanciper ? Les écrits des prédicateurs tels que ceux de Bernardino de Sienne reconnaissent que la direction de la famille et l’administration des biens échoient à la mère, en cas de décès du capofamilias. Bernardino est très explicite : la veuve, la bonne veuve assume le rôle qui n’est pas par nature le sien. « Elle devient une femme à moitié masculine (una donna mezza maschia), elle mélange ainsi des caractères masculins et féminins » [27]. La jeune Alessandra s’est mariée à seize ans et Matteo son époux lui propose en 1429 un curieux contrat de mariage. Quelques années plus tard, en 1436, âgée de vingt-neuf ans seulement Alessandra se retrouve veuve et doit se conformer aux clauses de ce contrat inclus dans les dispositions testamentaires du défunt [28]. Après le décès du mari, si Alessandra reste sous son toit et renonce à partir avec sa dot de 1 600 florins, ses fils s’engagent à l’associer à la gestion des biens où sa dot continue d’être fondue. Dans le cas contraire, ils lui accordent des rentes et des avantages. Alessandra opte pour la première solution, ainsi elle ne remet pas en cause l’équilibre économique de la famille, sa dot continue à être une partie constituante des affaires de la famille. En revanche, la restitution peut plonger la famille dans une situation financière très critique. L’attitude d’Alessandra n’est guère atypique : dans les strates moins favorisées de la société, la femme partage l’administration des biens avec ses enfants tant qu’elle reste sous le toit de son défunt époux. D’après les registres des femmes émancipées par leur père, on note que les veuves administrent les biens du défunt. En ayant la charge de cette gestion, elles ne peuvent demeurer plus longtemps sous la tutelle de l’autorité paternelle, d’où le fait qu’elles figurent sur les listes d’émancipation. Cela prouve que l’administration des biens leur revient. En revanche, des femmes préfèrent s’éloigner de la maison de l’époux décédé notamment l’épouse de Giovanni Niccolini (marchand de son état) [29] qui préfère partir plutôt que d’accepter les propositions formulées dans un contrat identique à celui établi par Matteo Strozzi. Cependant, ce choix n’est pas accepté forcément par les héritiers. Les études de Chr. Klapisch-Zuber et plus récemment celles d’I. Chabot [30] décrivent les obstacles divers et parfois inattendus qui entravent cette émancipation : « les héritiers ne l’entendent pas cette oreille, vues les moult procédures engagées… mais les veuves du XVe siècle ont le droit et l’institution pour elles, si elles ne se découragent pas d’emblée, elles finissent par reprendre ce qu’elles ont apporté à leur mariage » [31]. La législation leur fournit des armes pour leur défense. Ainsi le veuvage apporte bien aux femmes une indépendance qu’elles recherchent d’ailleurs au décès de l’époux. Les travaux de D. Herlihy insistent bien sur cette volonté et sur le rôle que leur autonomie retrouvée par le veuvage, leur permet d’assurer dans la société urbaine [32].
5 En ce qui concerne Alessandra Strozzi, son isolement combiné certainement à un sens profond de la famille, qui apparaît tout au long de sa correspondance, la poussent non seulement à rester, mais aussi à sauvegarder le patrimoine intact pour ses fils et leurs descendances. Ce comportement est, comme nous l’avons remarqué, recommandé dans les discours des prédicateurs. Toute sa vie, elle lutte pour payer ses impôts, les dettes de Matteo et défendre ses propriétés [33], qui du reste ne sont pas considérables à la mort de son époux. La grandeur d’antan des Strozzi n’est plus ce qu’elle était au moment où Alessandra administre les biens. En effet, les registres du catasto de 1427 estime la fortune des Strozzi à 200 000 florins [34] (en 1429 celle des Médicis n’atteint que 180 000 florins). Dans l’intervalle, Côme de Médicis, en 1429, succède à son père Giovanni d’Averardo à la tête de la compagnie. Dès les années 1430, il « utilise son exceptionnelle réussite professionnelle pour appuyer son exceptionnelle réussite politique » [35]. Après avoir été frappé d’exil par les Albizzi, il devient le chef de toute l’opposition au régime oligarchique. Cette opposition s’accroît constamment, en septembre 1434, les élections à la Seigneurie portent ses partisans au pouvoir. Côme entre à Florence en 1434 (le 5 octobre), tandis que les oligarques sont bannis et parmi eux les Strozzi. Ainsi, Côme élimine à la fois un adversaire politique et un concurrent en affaires. L’accession au pouvoir des Médicis marque la fin de la splendeur des Strozzi. À la fin des armées 1430, la fortune de la famille est constituée de peu de terres agricoles et de maisons dans le contado à Quarracchi, Campi, San Cresci, Maciuoli et à Pozzolatico [36], une maison dans le quartier San Lorenzo (rue San Gallo), une compagnie et une boutique de Arte di lana à San Martino, le tout représentant 4 000 florins. En juin 1437, la veuve vend les propriétés de San Cresci et en avril 1446, la maison de la rue San Gallo à Florence et plusieurs pièces de terre pour payer le catasto [37]. Mais Alessandra ne brade pas ses propriétés pour autant, elle ne s’en sépare qu’à condition d’avoir obtenu le prix escompté [38]. Il faut dire que la situation financière d’Alessandra n’est guère brillante. Elle semble liquider une partie du patrimoine familial pour faire face aux obligations fiscales et éviter vraisemblablement la liquidation totale et donc la dispersion de son patrimoine. Mais parallèlement, en bonne gestionnaire, Alessandra investit son argent, après avoir payé ses impôts, dans les propriétés qui lui restent. Dans la lettre du 4 janvier 1466 [39], elle achète une bête pour la propriété de Pazzalotico, « des engrais » pour revitaliser un peu la terre comme elle le dit, des piquets pour les vignes. Ces dépenses sont inscrites dans ses comptes : seize florins, quatre lires, huit sous et quatre deniers et elle en informe son fils. Son véritable rôle apparaît dans la vie de l’entreprise et en particulier dans la gestion de la boutique de San Martino, qu’elle tient elle-même : « Ici à la boutique… » [40] et l’atelier de fabrication qu’elle dirige (on suppose au même endroit). On ne connaît pas la taille de son entreprise, ni le nombre de salariés dans l’atelier, ni le volume des transactions, ni la production totale de tissu et de produits finis etc. Sur les soixante-douze lettres écrites, seize contiennent des renseignements sur les importations de lin, sur les toiles pour les chemises qui ne sont pas encore blanchies pour cause de mauvais temps [41], sur une robe vendue à tel prix [42]. Bref, elle fait fonctionner l’entreprise familiale en appliquant les grands principes capitalistes : importer, produire et vendre. En 1449, Alessandra vend un surplus de toile de chemise [43], elle dit en avoir vendu de façon conséquente, mais vu les prix du marché, elle ne s’attend pas à un bénéfice important. De la même façon, et toujours en 1449 [44], elle a demandé du lin, qu’elle pense revendre en en « tirant un bon prix » puisqu’elle compte doubler sa mise [45].
6 Elle se préoccupe également du transport de la matière première. Dans la lettre 8 du 6 décembre 1450, on s’aperçoit qu’un voiturier, Mario di Bino, véhicule la marchandise [46] moyennant un paiement en nature, c’est-à-dire en chemises, mouchoirs etc. ; et parfois en numéraire [47]. Il s’agit apparemment d’un arrangement entre lui et Alessandra, car elle ne peut pas le rémunérer plus [48].
7 Visiblement, ses commandes de lin laissent supposer qu’elle a une certaine « stratégie commerciale » et une gestion prévisionnelle, en ce qui concerne la matière première. Elle n’importe pas son lin sans se renseigner préalablement sur les prix. D’ailleurs, elle en fait la remarque à son fils Filippo, qui se trouve à Naples en 1451 (10 avril). Elle souligne le fait que le prix du lin est ici moins onéreux que là-bas [49]. Le lin paraît importé de Pise, Naples ou des Flandres [50]. Elle en achète de grosses quantités, à en juger ses lettres, soit par l’intermédiaire de Marco (Strozzi ?) ou de Favilla. En 1451, elle demande trente-six livres de lin à l’un et cent dix livres à l’autre [51]. À plusieurs reprises elle importe des pieds de lin, ce qui laisse supposer que la famille possède des terrains où elle produit elle-même la matière première [52]. Au fil des missives, les commandes de lin effectuées par Alessandra prennent une part plus conséquente et se substituent progressivement au coton car son prix de revient est inférieur (le coton donne également un tissu plus rude et moins agréable au contact de la peau). Parfois, elle limite les importations. En 1459, elle écrit à son fils de ne plus envoyer de lin [53], jugeant que l’envoi de Filippo n’est pas de meilleure qualité qu’à Florence [54]. On remarque ici que, malgré l’éloignement, Filippo continue à jouer un rôle économique, en approvisionnant en matière première la boutique de la famille. De plus, par l’intermédiaire des lettres d’affaires, qui tiennent une place importante dans la littérature marchande, il intervient d’une certaine façon dans le fonctionnement de la boutique.
8 La guerre et son cortège de calamités inquiètent Alessandra. Elle retarde les galères et bloque l’approvisionnement en lin, mais aussi en denrées comme les amandes, le fenouil, etc. [55]. En effet, Alessandra outre sa fonction de « femme d’affaires » continue, parallèlement, à tenir sa maison, en se chargeant de l’économie domestique (achat des denrées alimentaires pour la maison). Les mentions du vin, des câpres, des amandes sans doute pour l’huile, sont fréquentes au cours de ses lettres. En 1464, elle commande des pousses de fenouil [56]. Quant aux amandes et aux câpres, elle en achète respectivement cinquante et une livres et vingt-quatre livres (soit au total 37,5 kg) [57]. De même, elle évoque à plusieurs reprises ses vignes et ce pour des raisons différentes. Tout d’abord, les vendanges dans les lettres 16 et 58, où elle avise Filippo, qu’elle a récolté des grains pour faire du vin « entre blanc et rouge » (rosé ?). En tout, avec les autres récoltes, elle pense atteindre les 18 barils. Ce vin n’est pas destiné seulement à une consommation familiale, car elle espère le vendre un bon prix, ainsi elle pourra subvenir au paiement des impôts [58]. C’est d’ailleurs cette dernière raison qui l’amène à parler des vignes à son fils. La correspondance d’Alessandra donne une image qui ne correspond en rien à l’inconstance, l’irresponsabilité décrite par les moralistes comme Alberti. Au contraire, cette femme est ingénieuse, intelligente, réfléchie et pratique. Elle assume à la fois son rôle de mère et d’épouse, ainsi que le rôle qui incombe en général à l’époux. Son attitude a parfois l’apparente fermeté de celle d’un père, mais elle est compréhensible, vu la situation financière de la famille. En 1464, Filippo, le fils aîné, fait parvenir gratuitement de Naples un ballot de lin à sa sœur Catenina et à son mari Marco Parenti, par l’intermédiaire de sa mère. Celle-ci proteste et essaye de le persuader de changer de décision, en argumentant que les Parenti ont les moyens de payer le lin. À ses yeux, Filippo doit développer et préserver le patrimoine familial [59]. De même, comme un homme, elle privilégie ses fils plus que ces filles car elle fonde tous ses espoirs dans la descendance masculine qui représente l’avenir de la famille. « Son courage et la plupart de ses décisions témoignent de cela » [60]. Si elle marie ses filles en dessous de leur condition, Alessandra fait preuve de plus d’exigence en ce qui concerne ses fils. Non seulement ils doivent épouser un « bon parti », une femme bien dotée, mais la future doit posséder certaines qualités : bien constituée pour donner une descendance masculine, et posséder quelques connaissances rudimentaires (ce qui n’était pas forcément le lot de toutes les filles des milieux aisés). En fait, elle tient un discours identique à celui de Léon-Battista Alberti. Les efforts d’Alessandra sont couronnés de succès puisqu’en 1465, Filippo épouse Fiammetta di Donato Adimari [61], jeune fille issue d’une des familles les plus fortunées de Florence qui apporte une dot de deux mille florins permettant de compenser les banqueroutes de Filippo et Lorenzo à Naples [62].
9 Ainsi, Alessandra Macinghi Strozzi possède des qualités que Donato Velluti [63] dans sa chronique domestique (Cronica domestica) qualifie de viriles, mais d’après L. Martines [64], elle reste une femme dans sa façon d’administrer les biens de sa famille. L’auteur développe dans son article, un passage tout à fait intéressant sur la perception différente de la réalité entre les hommes et les femmes. Elles connaissent des choses plus concrètes, plus pragmatiques, en fonction du rôle qui leur est assigné, dans certaines circonstances. Leur manière de gérer découle également de leur sensibilité purement féminine. Pourtant, il est difficile de penser qu’Alessandra a eu un comportement radicalement différent de celui des hommes, dans le monde des affaires. Pour pouvoir mesurer les écarts, s’ils existent, il faudrait comparer la gestion d’Alessandra et celle de son époux au même moment et dans un contexte identique ; ce qui est impossible à réaliser. De plus, il faut prendre en compte le fait que toute une partie des négociations se déroulait oralement, et on peut imaginer que les différences les plus flagrantes se percevaient pendant ces moments. L’apport des études concernant le monde germanique, semble démontrer que les femmes agissent comme leurs confrères masculins. À Cologne, Druitgen Kollen fonde une société avec un associé. Pour lui, elle expédie dans le sud de l’Allemagne des étoffes de Cologne. Les Allemandes œuvrent beaucoup par contrats d’association comme les hommes [65]. En fait, les femmes de marchand, issues elles-mêmes de ce monde, ont sans doute baigné dans une culture marchande, et sans doute reproduisent-elles un savoir-faire découlant de ces schémas culturels pleinement assimilés.
10 Les lettres d’Alessandra nous font également découvrir une femme agissant dans le monde des affaires avec certains principes moraux. En effet, elle condamne la spéculation sur les bons financiers de l’emprunt public (le Monte) et émet un doute à propos de la valeur morale du jeu en bourse sur les rentes d’État. Après un long débat, elle affirme qu’un trafic licite peut rapporter autant qu’une spéculation douteuse. Elle écrit à son fils : « Comme le Monte a en ce moment une cote élevée, il (Giovanni Bonsi, gendre d’Alessandra) pense à vendre ses titres, qui se montent à quatre cents florins car il les acheta avec un escompte de 30 %. De sorte qu’il dit : si je les vends, j’en tirerai bien six cents florins et je dois donc en gagner deux cents. Je pense qu’il va le faire et remettre l’argent entre vos mains afin que vous le gardiez jusqu’à ce qu’il achète une propriété. Il est vrai que vendre ainsi des titres pour les racheter plus tard, n’est pas estimé licite. D’ailleurs en d’autres occasions, il a voulu en vendre et placer l’argent en dépôt jusqu’à ce que le Monte diminue, puis en racheter et il en a parlé à Marco Parenti qui l’en a dissuadé en disant que c’était illicite […]/ Dis-moi ce que tu en penses. Je n’y entends rien. Je voudrais qu’il y gagne mais je ne crois pas que ce soit le moment d’acheter des terres, car on n’en trouve qu’à un prix exorbitant. Quant à trafiquer sur la baisse du Monte, c’est illicite. Car, à les donner en dépôt, il touchera un revenu égal à celui qu’il perçoit au Monte et ne commettra pas ce péché » [66].
11 Alessandra porte un jugement moral sur l’usure. Dans cette lettre, affaires et foi sont étroitement liées. Elle n’est pas la seule à partager cette idée largement développée par les théologiens. L’usure est liée à l’enfer, « le profit usuraire de l’argent, c’est la mort de l’âme », formule de Léon Ier le Grand qui date du Ve siècle et qui résonne tout au long du Moyen Âge… L’usure c’est la mort [67]. Cette femme d’affaires possède une certaine vision de la politique. » Elle comprenait la politique en terme de personnalités et de réseau d’influence. Elle se rendait vivement compte que la politique était égale au pouvoir et avait la forte conviction que les chefs politiques de Florence servaient leurs propres intérêts et ceux de leurs cliques » [68]. C’est dans cet d’esprit là qu’elle pousse Filippo et Lorenzo à influencer les ambassadeurs florentins à Naples, en leur faisant des dons pour qu’ils interviennent en leur faveur auprès des autorités, afin de lever l’exil qui pèse sur eux (lettre 42, février 1465). Alessandra, comme beaucoup d’autres femmes, a dû souffrir du pouvoir de l’oligarchie, des frustrations de leur inaccessibilité. Néanmoins, des femmes y ont eu accès, en particulier Caterina Sforza, comtesse d’Imola et de Forli.
12 Femme de tête, Caterina a eu un pouvoir politique et militaire. Comme Alessandra, mais à une échelle différente, une pensée domine toujours son existence : conserver le patrimoine de ses enfants et leur assurer toute la grandeur possible. Dans cet état d’esprit, en 1499, elle négocie avec Machiavel le renouvellement d’une condotta. Niccolo Machiavel débute alors dans sa fonction de secrétaire auprès de la Seigneurie florentine [69]. À cette occasion, il rencontre Caterina. Elle possède une condotta au service de la République de Florence. En effet, en Italie, dès le début du XlVe siècle, l’état chaotique de la péninsule entraîne l’utilisation de compagnies de mercenaires. Cette institution – la condotta – s’épanouit pour plusieurs raisons. D’une part, les citoyens italiens répugnent à faire la guerre ; d’ailleurs l’institution des milices civiques, germe des années nationales, est préconisée par Machiavel afin de rendre la cité indépendante des caprices et des exigences des mercenaires. D’autre part, l’aspect matériel, l’entretien d’une armée mercenaire à demeure impose aux finances publiques une charge insupportable. La condotta a l’avantage de ne pas priver la population de son activité habituelle, nécessaire à la prospérité de la collectivité et de ne payer les soldats que pendant la période où l’on a besoin d’eux. En contrepartie, les condottieri offrent leurs services au gré de leurs intérêts politiques et financiers. La « compagnie » italienne, à la différence des compagnies d’autres pays européens, s’implantent dans une région déterminée. Elle se forme sous l’influence d’un capitaine. Celui-ci est en général un noble, un petit prince désireux de se tailler une plus large seigneurie. Ses compagnons sont en grande partie les membres de sa famille, ses vassaux et ses sujets. Leur fidélité lui est donc acquise par la force des choses. Le gain de l’entreprise au capitaine qui ne doit à ses auxiliaires que la solde et des récompenses occasionnelles, consiste souvent en concessions de terres, châteaux, villes, de la part de la puissance qui loue les services d’un capitaine renommé, par un contrat en bonne et due forme devant un notaire : la condotta. Ce contrat détermine par écrit la durée de l’engagement, la solde, le nombre des hommes de la compagnie. Après quoi, le titulaire prête serment de fidélité à la commune ou au prince. À l’expiration du terme fixé, chacun reprend se liberté. Cependant en règle générale, le contrat stipule que la compagnie ne se mettra pas au service d’un autre prince avant un délai de six mois. On peut douter dans certains cas de l’application de cette condition. Les condottieri sont donc des entrepreneurs de guerres. Leur nombre est difficile à définir, mais en tout cas, d’après F. Lot [70], les condottieri italiens sont très renommés en Europe au XVe siècle. Les princes étrangers font souvent appel à leur service, car les compagnies italiennes ont une excellente organisation et une discipline rigoureuse. Certains d’entre eux ont d’ailleurs perfectionné de leur temps l’art militaire, en particulier un Sforza aïeul de notre comtesse. Les aptitudes de Caterina, sa ténacité ont suscité l’intérêt de P.D. Pasolini [71], écrivain du début du siècle, qui a réalisé une biographie de Caterina Sforza. Force est de reconnaître qu’il a tendance à idéaliser cette femme hors du commun, ses écrits sont ponctués d’erreurs chronologiques mais ils ont le mérite de relater la vie, l’action de cette « héroïne de la Renaissance ».
13 Descendante de condottieri (Attendolo Sforza), Caterina est la fille naturelle de Galeazzo Maria Sforza, le duc de Milan. Elle a une quinzaine d’années quand elle épouse en 1477 le condottiere Gerolaino Riario. Le destin de ce dernier est étroitement lié aux ambitions politiques de son oncle Francesco della Rovere : le pape Sixte IV. Celui-ci, cherche à accroître son autorité morale et à mieux tenir en main le domaine temporel de l’Église. Pour ce faire, il accorde à ses parents des dignités cardinalices, châteaux, duchés etc. Ainsi, il achète pour Riario, dont il veut faire un prince à part entière, le comté d’Imola situé en Romagne [72], avant son mariage avec Caterina. Ainsi, par son action, le pape accroît son emprise sur des territoires très proches de la Toscane, une zone dirigée par Laurent le Magnifique qui, à la même époque, mène également une politique centralisatrice. Pour contrer les desseins du pape, Laurent de Médicis lui refuse l’argent pour acheter Imola. Sixte riposte en retirant de la banque des Médicis les dépôts des fonds de la chambre apostolique. Un conflit éclate. Gerolamo Riario est étroitement impliqué puisqu’il est l’investigateur de la conspiration des Pazzi pour laquelle il obtient les titres de capitaine général des armées pontificales et gouverneur du château Saint-Ange [73]. Cependant, la tentative d’assassinat de Laurent de Médicis est un échec. Puis, les excès de la politique de conquête et de népotisme menée par le pontife provoquent une révolte à Rome, au cours de 1484, à la mort de Sixte IV. Sous l’influence des Colonna, le peuple saccage les palais, les entrepôts, marche sur le château Saint-Ange que Caterina met en défense. Elle est alors âgée d’une vingtaine d’années. La résistance semble inutile et Gerolamo décide de se retirer sur ses terres avec son épouse où il espère se créer un État. Cependant, les Médicis nourrissent toujours le projet de s’emparer de Forli et d’Imola abandonnés contre leur volonté. En 1488 Gerolamo est assassiné à Forli. Veuve, Caterina est en butte aux attaques de tous les ennemis que s’est fait sa vie durant Riario. Les principaux, les Médicis menacent alors les seigneuries de Forli et d’Imola. Une alliance matrimoniale conclue entre Caterina et Giovanni di Piero Francesco de Médicis met fin rapidement aux querelles. De surcroît, la veuve apporte en dot ses territoires. Ainsi cette partie de la Romagne (Forli et Imola) passe sous l’influence des Médicis. Jusqu’à la majorité de son fils Ottaviano, Caterina est nommée tutrice et curatrice de Forli et d’Imola. De ce fait, elle gère la condotta de quinze mille ducats au service de l’Église (octroyée par Sixte IV). D’après Machiavel, son fils n’intervient à aucun moment puisqu’il n’en est pas question dans ces lettres. Caterina négocie avec fermeté (il faut tout de même du caractère pour tenir tête à Machiavel) et intelligence car les enjeux de cette affaire sont multiples : financiers et politiques.
14 Machiavel vient avec l’intention de ne pas augmenter le loyer de la condotta, tandis que les autres capitaines ont vu le leur augmenter. Caterina naturellement manifeste son mécontentement et exige les mêmes dispositions. L’ambassadeur ne se méfiant pas de son interlocutrice, commence par lui signaler que cette charge ne lui est en rien acquise : « […] et que Vos Seigneuries n’avaient pas d’autre raison de lui préciser que vous n’étiez tenus en rien d’autre que de lui prouver que nul engagement ne vous forçait à lui accorder ce gracieux “placet […]”, que vous le faisiez uniquement en vertu du bon vouloir que vous lui portiez pour ses mérites » [74]. Caterina rétorque alors : « […] Vos très Hautes Seigneuries l’avaient toujours satisfaite en paroles, mais qu’elle était bien loin d’avoir également à se louer des actions, que jusqu’à ce moment elle n’avait eu en retour rien qui fût une compensation de ses services […] ». Bref, elle se plaint que les paiements ne sont pas toujours acquittés à leur échéance, ainsi elle retourne la situation à son avantage en disant : « Elle demandait du temps pour répondre aux offres qui lui étaient faites, parce qu’il était imprudent de se décider trop vite à l’égard d’une proposition, dans votre sagesse, vous aviez longtemps délibéré et pesé […] ». Parallèlement, le duc de Milan lui avait fait une proposition et comme elle n’avait pas reçu de réponse des Florentins au sujet de la condotta, « il lui convenait de consentir à entrer à son service aux mêmes conditions et à la même solde qu’elle avait eues l’an dernier de Votre Très Hautes Seigneuries ». Les négociations sont donc tendues. Elle exerce un chantage en menaçant d’entrer au service du duc de Milan, le plus féroce adversaire de Florence. Grâce à cette indécision, elle finit par obtenir le renouvellement de la condotta et son augmentation ; reçoit en prime les excuses présentées par Machiavel au nom de la Seigneurie Florentine. Profitant de la situation, elle formule une dernière exigence, être pour une part payée d’avance : « Le secrétaire de Madonna est venu me trouver et m’a dit de la part de son Excellence, qu’on peut engager deux sortes de fantassins : les uns, au nombre de mille cinq cents qu’elle avait armés pour ses besoins, mais qu’elle ne vous céderait que contre un mois de solde d’avance […] elle demande dix-huit livres par homme » [75]. Par conséquent, Caterina apparaît bien comme la détentrice d’un pouvoir militaire, puisque c’est elle qui négocie. À la différence de ce que pense M.L. King [76], et même si cela est provisoire, Caterina ne possède pas uniquement un rôle militaire mais bien un pouvoir, étant curatrice des seigneuries de Forli et d’Imola. Pour preuve supplémentaire, la suite des événements l’opposant à César Borgia [77].
15 Le contexte historique de 1492 à 1494 profite au fils du pontife Alexandre VI [78]. En effet, le pape poursuit la même politique que Sixte IV : fondations de nouveaux États territoriaux et pratique du népotisme [79] qui le mène à concéder à César, son fils, le duché de Romagne à partir duquel il tente de dominer l’Italie centrale. Quelques années plus tard, en 1494, le roi de France Louis XII fortement animé par le désir de dominer l’Italie, du moins dans sa partie septentrionale, voisine immédiate du royaume, prend le titre de duc de Milan. Désormais la politique italienne du roi de France a un objectif double : s’assurer la neutralité des princes et un échange de mutuels services. Celui-ci se traduit notamment par la donation du duché de Valentinois à César Borgia en contrepartie de son aide militaire et de la complaisance d’Alexandre VI. Ainsi en novembre 1499, en tant que lieutenant des armées de Louis XII, César s’attaque à Forli et Imola. Caterina en prépare la défense. Elle amasse des munitions de guerre dans ses deux forteresses. « Madonna avait fait de son État une fabrique et un marché d’armes et de soldats » [80]. « À cheval on la vit diriger les exercices des fantassins, des hommes d’armes et des chevaux légers » [81]. Elle promulgue des ordonnances, l’une commande aux habitants de s’approvisionner en vivres pendant quatre mois, l’autre oblige les paysans à se réfugier en ville après les trois coups de canons, avec le bétail et leurs instruments. César Borgia pénètre facilement dans les deux cités qui n’offrent guère de résistance. Par contre, les châteaux de Forli et d’Imola avec leurs forteresses résistent quelque temps mais ne peuvent faire face très longtemps à l’armée de César et aux troupes de Louis XII. Imola tombe en décembre 1499, un mois après la prise de la cité. Au moment de l’attaque de Forli, le 1er janvier 1500, Caterina participe activement à la bataille. Sa ténacité suscite d’ailleurs l’admiration de Borgia. Comment une femme peut-elle faire preuve d’autant de qualités « viriles » ? Néanmoins, tous ces efforts n’empêchent pas la forteresse de tomber le 12 janvier 1500. Caterina est capturée par son agresseur et emmenée à Rome. Après quatorze mois de prison, elle est libérée et se rend à Florence, où elle cherche à reprendre ses seigneuries, mais elle meurt en 1509. Cet épisode belliqueux révèle une femme au combat, une femme ayant un pouvoir politique et militaire. Son cas est sans doute exceptionnel, n’oublions pas que d’après le statut juridique de la femme dans le droit italien [82], on ne reconnaît pas aux femmes le droit de participer à la vie publique.
16 Ces deux exemples de femmes nanties, Alessandra dirigeante d’une entreprise commerciale et Caterina entrepreneur de guerre, laissent entrevoir une situation féminine somme toute positive dans le monde des affaires. À la suite de cette analyse, différents constats et questions s’imposent. Face à des contextes particuliers, ces deux femmes affrontent les problèmes, se débattent pour sauver le patrimoine de leurs enfants, peut-être par défi à l’égard des autres qui les ont condamnées. En tout cas, leur intervention reste logique si l’on se réfère aux sermons des prédicateurs, aux traités moraux traitant du rôle des veuves dans la gestion du patrimoine. En effet, en tant que mères, elles manifestent leur attachement aux valeurs familiales : enfants et conservation du patrimoine. Vertu, sens de l’honneur, du devoir ne leur sont-ils pas inculqués dès leur plus jeune âge aussi bien par leur mère que leur père [83]? Caterina et Alessandra possèdent-elles des qualités professionnelles ? Caterina semble maîtriser les techniques guerrières, notamment au moment des sièges, tandis qu’Alessandra demande souvent conseils à ses fils exilés et son entourage pour prendre certaines décisions. Est-ce la preuve de son incapacité à gérer elle-même les affaires de la famille Strozzi ou son manque de confiance dans un domaine généralement masculin ? D’ailleurs les attitudes de Machiavel ou de César Borgia face à Caterina ne sont-elles pas significatives en la matière ? Avant les négociations, Caterina représente pour Machiavel une proie facile à déstabiliser et à manipuler. De même avant l’attaque des forteresses César Borgia pense infliger à Caterina une défaite immédiate, sans résistance. Aucun des deux n’envisagent de se retrouver face à une « pétroleuse ». Cependant, ces deux femmes du Quattrocento constituent-elles des exceptions dans une société, où d’après certains historiens, la situation féminine se dégrade [84]. La fonction de femme d’affaires reste-t-elle l’apanage des femmes de la noblesse ? Les études de G. Jehel [85] pour Gênes, de M. Wiesner [86] pour l’Allemagne permettent d’affirmer que les femmes appartenant à des milieux moins aisés de la société agissent dans le monde des affaires sous diverses formes [87]. Les mères, les grands-mères et les tantes trouvent par ce biais un moyen de constituer une dot pour leurs filles, petites-filles ou nièces.
Localisation de quelques propriétés de la famille Strozzi Propriété de la famille Strozzi d'après les sources étudiées 1. Immeubles dans la rue San Gallo 2. Boutique d'Arte di lana dans le quartier de San Martino
Localisation de quelques propriétés de la famille Strozzi Propriété de la famille Strozzi d'après les sources étudiées 1. Immeubles dans la rue San Gallo 2. Boutique d'Arte di lana dans le quartier de San Martino
Mots-clés éditeurs : Quattrocento, affaires, veuves, Femmes, aristocrates
Notes
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[1]
Histoire des femmes, t. 2, Le Moyen Âge, sous la dir. de M. PERROT et G. DUBY, Paris, 1990.
-
[2]
Donne e lavoro nell’Italia medievale, sous la dir. de M. MUZZARELLI, B. ANDREOLLI, P. GALETTI, Turin, 1991 ; A. GROPPI, Il lavoro delle donne, Rome-Bari, 1996.
-
[3]
F. BERTINI, Fr. CARDINI, La vie quotidienne des femmes au Moyen Âge, Paris, 1991.
-
[4]
Les historiens admettent que les femmes de l’aristocratie jouent un rôle important durant l’époque féodale.
-
[5]
Le thème du travail des femmes a été abordé dans les deux recueils mentionné en n. 2.
-
[6]
M. MUZZARELLI, Des poissons difficiles à pêcher, Clio, t. 8, 1998, p. 106.
-
[7]
Ce thème est précisément développé dans le livre de L.B. ALBERTI, I libri della famiglia, 2 vol., Bari, 1960.
-
[8]
ALBERTI, op. cit., p. 91-117.
-
[9]
ALBERTI, op. cit., p. 221.
-
[10]
ALBERTI, op. cit., p. 106-107
-
[11]
Ibid.
-
[12]
ALBERTI, op. cit., p. 38.
-
[13]
S. VECCHIO, La bonne épouse, Histoire des femmes, p. 136.
-
[14]
ALBERTI, op. cit., p. 32-33.
-
[15]
Ch. BEC, I. CLOULAS, B. JESTAZ, A. TENENTI, L’Italie de la Renaissance : un monde en mutation (1378-1494), Paris, 1990.
-
[16]
G. JEHEL, le rôle des femmes et du milieu familial à Gênes au cours de la première moitié du XIIIe siècle, Revue d’Histoire économique et sociale, t. 53, 1975, p. 193-215.
-
[17]
G. BOCACCE, Décaméron, trad. J. BOURCIEZ, Paris, 1952.
-
[18]
G. BOCACCE, op. cit., lXe nouvelle.
-
[19]
J. ROSSIAUD, La prostitution médiévale, Paris, 1988.
-
[20]
G. BOCACCE, op. cit., VIIe nouvelle.
-
[21]
JEHEL, op. cit., p. 200.
-
[22]
D. HERLIHY, Chr. KLAPISCH-ZUBER, Les Toscans et leurs familles : une étude du catasto florentin de 1427, Paris, 1978.
-
[23]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere di una gentildonna fiorentina del secolo XV ai figliuli esuli, Florence, 1877.
-
[24]
NICOLAS MACHIAVEL, Lettres officielles et familières (celles de ses seigneurs, de ses amis et des siens), 2 vol., Paris, 1955.
-
[25]
ALBERTI, I libri della famiglia.
-
[26]
Les Strozzi appartiennent à ces familles qui ont constitué leur fortune sur l’industrie du textile notamment en produisant de la soie, au même titre que les Pazzi, Rucellai et Médicis. Cette famille est à la tête d’une puissante compagnie à filiales, dont les activités fort diversifiées rayonnent sur l’ensemble de l’Occident. Qui dit compagnie, dit activités commerciales combinées aux activités bancaires et naturellement des intérêts importants dans l’industrie.
-
[27]
SAINT BERNARDIN DE SIENNE, Le prediche volgari, éd. C. CANNAROZZI, t. 4, Quaresimale del 1425, vol. 2, Predica XXVIII, p. 136.
-
[28]
Chr. KLAPISCH-ZUBER La mère cruelle : maternité, veuvage et dot dans la Florence des XIVe-XVe siècles, Annales É.S.C., 1983, p. 1097-1110.
-
[29]
Il libro dégli affari proprii di casa de Lapo di Giovanni Niccolini de’ Sirigatti, éd. Chr. BEC, Paris, 1967.
-
[30]
I. CHABOT, La sposa in nero. La ritualizzazione del lutto delle vedove florentine (secoli XIV-XV), Quaderni storici, t. 86, 1994, p. 421-462. Du MÊME AUTEUR (nous n’avons pas pu la consulter) : La dette des familles. Femmes, lignages et patrimoine à Florence aux XIVe et XVe siècles, Thèse de doctorat, Institut universitaire européen de Florence, 1995.
-
[31]
KLAPISCH-ZUBER, La mère cruelle, p. 1107 n. 21.
-
[32]
D. HERLIHY, Mapping households in Medieval Italy, Catholic historical Review, t. 158, 1972, p. 14.
-
[33]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettres 1, 2, 4, 11, 13, 14, 15, 16, 19, 21, 22, 28, 31, 44, 46, 61, 64.
-
[34]
Y. RENOUARD, Les hommes d’affaires italiens du Moyen Âge, Paris, 1949.
-
[35]
Ibid.
-
[36]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. II-XLIV (introduction de l’ouvrage).
-
[37]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 31, 21 avril 1464, p. 293.
-
[38]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 31, même passage, lettre 14, du 20 juillet 1459, p. 152, lettre 21, 28 février 1460, p. 224.
-
[39]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. 224.
-
[40]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 27, 17 décembre 1461, p. 266.
-
[41]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 35, 19 juin 1464, p. 315.
-
[42]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 14, 20 juillet 1459, p. 152.
-
[43]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 4, 26 décembre 1449, p. 58.
-
[44]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 5, 8 février, p. 70-71.
-
[45]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 5, p. 71.
-
[46]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. 99.
-
[47]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 30, 9 avril 1464, p. 289.
-
[48]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 8, 11 décembre 1452, p. 111.
-
[49]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 10.
-
[50]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 29, 7 avril 1464, p. 282.
-
[51]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 29, p. 116.
-
[52]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 28, 22 mars 1463, p. 277.
-
[53]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 16, 27 juillet, p 166.
-
[54]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 16, p. 167.
-
[55]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettres 19 et 20, 1459.
-
[56]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 36, 15 septembre, p. 326.
-
[57]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 10, 10 avril 1451, p. 116.
-
[58]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 16, 21 avril 1464, p. 176.
-
[59]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 29, 7 avril 1464, p. 293.
-
[60]
L. MARTINES, A way of looking at women in Renaissance Florence, The Journal of medieval and renaissance Studies, t. 4, 1964, p. 15-28.
-
[61]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 62, p. 447-451.
-
[62]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, p. 211. En 1465, Pierre de Médicis (successeur de Côme, mort en 1464) commet une grave faute économique : il demande aux créanciers de son père de rendre l’argent que celui-ci leur a prêté. Cette requête entraîne la faillite des anciens clients des Médicis, notamment des Strozzi d’où la banqueroute qui est évoquée par Alessandra dans sa correspondance.
-
[63]
DONATO VELLUTI, La cronica domestica di messer D.V., scritta fra tl 1367 e il 1370, éd. I. DEL LUNGO et G. VOLPI, Florence, 1914.
-
[64]
MARTINES, A way, p. 28.
-
[65]
M.E. WIESNER, Working women in Renaissance Germany, New-Brunswick, 1986.
-
[66]
ALESSANDRA MACINGHI DEGLI STROZZI, Lettere, lettre 68, 7 février 1465, p. 573-574. La traduction est tirée du livre de Ch. BEC, Les marchands écrivains. Affaires et humanisme à Florence, 1375-1434, Paris-La Haye, 1967.
-
[67]
J. LE GOFF, La bourse ou la vie : économie et religion, Paris, 1986.
-
[68]
MARTINES, A way, p. 26.
-
[69]
MACHIAVEL, Lettres officielles et familières. Cette précision est évoquée dans l’introduction de l’ouvrage, p. 8.
-
[70]
F. LOT, Art militaire et années au Moyen Âge, t. 1, Paris, 1946 ; Ph. CONTAMINE, La guerre au Moyen Âge, Paris, 1980.
-
[71]
P.D. PASOLINI, Une héroïne de la Renaissance italienne, Paris, 1912.
-
[72]
Du point de vue stratégique, il place ainsi une personne de sa famille à proximité de la Toscane.
-
[73]
Pour plus de détails se reporter à BEC, et al., L’Italie de la Renaissance, p. 171-175.
-
[74]
MACHIAVEL, op. cit., lettre du 17 juillet 1499, p. 21.
-
[75]
MACHIAVEL, op. cit., lettre du 18 juillet 1499, p. 25.
-
[76]
E. GARIN, L’homme de la Renaissance, Paris, 1991.
-
[77]
Ils sont décrits par PASOLINI dans ses chapitres IX et X. Pour le personnage de César Borgia on peut consulter : Dizionario biografico degli Italiani, t. 12, Rome, 1970.
-
[78]
Il s’agit de Rodrigue Borgia élu le 11 août 1492.
-
[79]
BEC, et al., L’Italie de la Renaissance, p. 30 et s.
-
[80]
PASOLINI, Une héroïne, chap. IX.
-
[81]
PASOLINI, op. cit., p 70.
-
[82]
G. ROSSI, Statut juridique de la femme dans l’histoire du droit italien, Recueils de la Société Jean Bodin, t. 12, 1962, p. 115-134 ; M. BELLOMO, La condizione giuriduca della donna in Italia. Vicende antiche e moderne, Turin, 1970. Du MÊME AUTEUR, Ricerche sui rapporti patrimoniali tra cniugi. Contributo alla storia della famiglia medievale, Milan, 1961.
-
[83]
La revue Bien dire et bien aprandre a consacré son n°16, 1998, à l’image de la mère dans la littérature médiévale. Ces différentes études corroborent l’idée que je viens d’évoquer.
-
[84]
Ch. FRUGONI nuance cette idée dans son ouvrage : La femme imaginée, Histoire des femmes, t. 2, p. 357-439.
-
[85]
JEHEL, le rôle des femmes, p. 193-215.
-
[86]
WIESNER, Working women.
-
[87]
On peut également discerner leur rôle à travers quelques monographies comme celles de Ch.M. DE LA RONCIÈRE ou d’E. DE ROOVER.