Historien des idées économiques et politiques et spécialiste du socialisme de la première moitié du xixe siècle, Ludovic Frobert aime donner à ses travaux des formes hybrides. Son dernier ouvrage, portant sur la famille du socialiste François-Vincent Raspail, est une fiction, plus exactement un « roman vrai ». Cette fois, son enquête historique sert d’appui à un essai, sur la notion d’égalité dans le socialisme.
L’auteur explore l’évolution de ce courant politique depuis ses débuts à l’aune de son aspiration à l’égalité. Selon lui, deux socialismes se sont développés autour de cette notion qui représente pour eux une « valeur rectrice ». Le premier, qu’il nomme le « socialisme de l’au-delà », met la notion de besoin au centre de sa pensée sociale et s’applique à inventer un monde d’égalité radicale. Le second, baptisé « socialisme de l’en deçà », qui met en avant la notion de mérite, prône l’égalité des chances et prépare un monde d’équité. Celui-ci a progressivement éclipsé celui-là. Pour l’auteur, le socialisme de ces vingt dernières années relève surtout de ce dernier en privilégiant la recherche de l’équité et a inexorablement intensifié l’importance du mérite au point de le substituer à la notion fondamentale d’égalité. Il se demande si, ce faisant, le socialisme (en s’éloignant aussi radicalement de l’idée d’égalité) ne s’est pas « amoindri jusqu’à l’évanouissement ». Mais son propos reste optimiste : car si l’égalité, comme il le suggère, fait partie du code génétique du socialisme français, il est alors possible de la réactiver, en commençant par l’évoquer pour puiser en elle les ressources et moyens de cette régénération…
Date de mise en ligne : 22/02/2024
Cet article est en accès conditionnel
Acheter cet article
2,00 €
Acheter ce numéro
14,00 €
S'abonner à cette revue
À partir de 56,00 €
Accès immédiat à la version électronique pendant un an
4 numéros papier envoyés par la poste