Cette qualification de « femmes puissantes » apparaît, par exemple, dans le roman de Marie Ndiaye, Trois Femmes puissantes (Ndiaye, 2009) ou dans la série de Léa Salamé, Femmes puissantes, dont la quatrième de couverture annonce : « On dit des femmes qu’elles sont belles, charmantes, piquantes, délicieuses, intelligentes, vives, parfois dures, manipulatrices ou méchantes. Hystériques lorsqu’elles sont en colère. Arrivistes lorsqu’elles réussissent. Mais on dit rarement d’elles qu’elles sont puissantes. Chez un homme, la puissance est légitime. Chez une femme, elle paraît suspecte, contre-nature. » (Salamé, 2020.) Est-ce à dire qu’il n’y aurait pas de possibilités d’affirmation ou de réalisation autres que sur le mode phallique ? Question que je me propose de traiter en m’appuyant sur les développements de Gisèle Chaboudez dans Féminité singulière (Chaboudez, 2020) et Féminismes et féminités (Chaboudez, 2022), deux livres qui m’ont amenée à m’intéresser au personnage de Lady Chatterley et à son auteur, David Herbert Lawrence, très largement cités dans ces ouvrages.
Les premiers romans de David Herbert Lawrence font scandale et celui-là, L’Amant de Lady Chatterley, censuré, objet de polémiques et de procès, a été incompris par les féministes. Gisèle Chaboudez remarque, s’étonne même, que dans ce texte elles n’y aient vu que « le phallus mis en avant dans le discours de l’homme, alors que le désir d’une femme est à l’origine de la rencontre et la soutient de bout en bout »(Chaboudez, 2020)…