Des politiques, des journalistes, des influenceurs qui se veulent « au top » n’hésitent pas à utiliser des mots savants de la psychologie et à s’en emparer pour montrer qu’ils sont à la pointe du progrès. D’un côté, cela indique l’attractivité de la discipline, mais, de l’autre, le risque est grand de valider des approximations ou des contre-sens. L’une des dernières sorties en date concerne « l’empathie », souvent associée à l’incitation à la bienveillance. Face aux violences fréquentes, à l’agressivité dans les rues, aux pressions excessives dans le travail, aux maltraitances diverses sur personnes fragiles, aux lynchages sur les réseaux sociaux, au harcèlement à l’intérieur ou autour de l’école, la réponse magique consiste à inaugurer des cours d’empathie, comme si ce sésame allait résoudre tous les maux actuels, sans se demander d’où vient ce climat délétère considéré a priori comme généralisé.
De quoi parle-t-on donc ? L’empathie est une notion propre à la psychologie, à l’époque issue de la partie morale de la philosophie consistant à savoir comment se comporter en société envers autrui. Elle se situe dans le cadre d’une intersubjectivité et d’une réciprocité développée notamment chez Edmund Husserl. Mais cette approche est sans doute trop large, car elle peut intégrer aussi bien l’émotion ressentie au cinéma devant une fiction que la contagion d’un sentiment par imitation ou encore la compassion devant la grande douleur d’un proche.
Avec l’émergence de la psychologie clinique et de la psychanalyse, l’empathie est devenue une attitude plus définie, et même une méthode d’intervention…