À la consultation transculturelle de Bordeaux, nous accueillons des personnes migrantes et exilées, dans un cadre qui permet d’articuler l’histoire intime des patients, des histoires traversées par des données collectives culturelles, sociales, politiques… Le racisme fait partie de ces données collectives. En effet, nous considérons le racisme comme un facteur, fruit d’une histoire collective, qui repose sur des données imaginaires aux effets très percutants, voire annihilants pour les sujets victimes, ceux que l’on nomme désormais « sujets racisés ». Le racisme n’est pas qu’une expression de rejet produite par un individu selon une idéologie bien située sur notre curseur politique. C’est une donnée qui doit être entendue dans la clinique, en creux, comme un non-dit, voire un tabou, que peu de personnes parviennent à exprimer et avec laquelle peu de thérapeutes sont à l’aise. Il y a peu d’écrits psychologiques et-ou psychanalytiques sur le sujet, même s’il tend à revenir dans l’analyse de nombre de thérapeutes. C’est pourquoi les écrits de Frantz Fanon sont si précieux.
Dans cet article, à partir de deux situations cliniques, nous nous attacherons à rechercher quelle résonance peuvent avoir, chez les psychothérapeutes, les énoncés, les mots et les silences de certains de nos patients autour du racisme. Nous étudierons ces enjeux en termes d’impensé, d’implicite et d’indicible, d’où surgissent l’empreinte et l’insu de fantasmes inconscients collectifs refoulés.
Comment ces résonances chez les thérapeutes peuvent-elles participer à l’élaboration de la pensée des vécus de discrimination et de racisme, nommés ainsi ou tus …