La crise écologique signe un changement d’englobant (Debray, 2020) mettant en exergue qu’avant d’être des sujets pensants et parlants, nous sommes des êtres vivants. À ce titre, nous évoluons dans de multiples écosystèmes (Tansley, 1935), anthropogènes ou non, que nous influençons et qui nous influencent. Ces différents écosystèmes en interaction forment une entité plus globale : l’écocomplexe (Blandin, 1992). Cette simple recontextualisation nous rappelle que parler de « crise écologique » dépasse ainsi très largement le niveau de « mère nature », niveau auquel la problématique est trop souvent réifiée, et va au-delà des discours « éco-anxieux » qui trustent la sphère médiatique et aussi, en partie, le champ de la clinique. Parler de « crise écologique » nous mène à nous intéresser aux interactions, aux homologies et aux résonances (Elkaim, 1989) entre les multiples niveaux, à la fois autonomes et interdépendants qui composent cet écocomplexe. Cet article propose comme postulat que ce que l’on nomme « crise écologique » est un mouvement de dérèglement systémique secondaire à de multiples dérégulations en chaîne, à la base économique puis sociale et libidinale. Nous montrerons que ce qui détruit la Nature relève du même mouvement, opérant à des niveaux différents, que ce qui détruit nos institutions, a réorienté le lien social et est venu favoriser une nouvelle manière d’être au monde. C’est en ce sens que cette crise est avant tout objectivable en termes de pathologie du lien entre l’Homme et « ses » environnements et résulte d’une mutation anthropologique majeure (Mulhmann, 2021) propre à ce que l’on nomme « l’hypermodernité »…