Henri-Pierre Bass : Les thérapies en ligne sont en pleine expansion, car elles sont devenues la seule façon de poursuivre une thérapie lorsque surgit une pandémie exigeant un confinement de longue durée. Aussi, considérez-vous le virtuel comme une extension des rapports de la représentation et de l’imaginaire ?Alberto Eiguer : Le virtuel est, pour certains, une modalité de fonctionnement différente de l’imaginaire. Personnellement, j’ai tendance à penser qu’il vaut mieux l’inclure parmi les activités de l’imaginaire. Le virtuel, quand cela se réfère aux jeux vidéo, a pour caractéristique le fait que le logiciel prévoie un certain nombre de réponses proposées par son créateur. Bien qu’inspiré par le logiciel, le sujet qui joue sollicite son imagination. Comme d’habitude, l’imagination est une production de l’inconscient remodelée par le préconscient. Du point de vue de l’usager, le virtuel est, en conséquence, une expression imaginaire.H.-P. B. : La correspondance de Sigmund Freud avec Sandor Ferenczi atteste que ce dernier lui demandait de poursuivre sa cure par un échange épistolaire pendant la Première Guerre mondiale, et on sait que Freud y a répondu par un arrêt de la thérapie. La question est-elle donc la notion de traitement à distance ?A. E. : La notion de traitement à distance existe depuis plus d’un siècle, pratiqué par Sigmund Freud dans sa correspondance par lettres et télégrammes. Au fur et à mesure qu’Internet s’est développé, il y a eu le traitement par tchat et les différentes formes de traitement virtuel, commençant notamment par le courriel qui offre ainsi la possibilité d’une réponse immédiate…