Henri-Pierre Bass : Professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l’université Paris-viii, vous êtes depuis plusieurs années une figure reconnue dans le domaine de l’hypnothérapie. Comment pourriez-vous définir l’hypnose et les spécificités de votre approche tant parmi l’éventail des psychothérapies actuelles qu’au regard de son enseignement ?Antoine Bioy : L’hypnose est à la fois un état, une relation et une phénoménologie. L’état hypnotique est une forme de transe, un état de conscience modifié, induit par un contexte qui est celui de la thérapie pour la forme d’hypnose qui m’intéresse. L’hypnose est aussi une relation intersubjective, un espace de travail coconstruit par la transe du patient et celui d’un thérapeute. Et, enfin, l’hypnose est une phénoménologie, autrement dit une expérience impliquant la sensorialité, un « Être au monde » aménagé par les suggestions et métaphores proposées par le thérapeute. L’hypnose est la somme de ces trois dimensions !
L’approche que je développe depuis des années s’inscrit dans la perspective de l’approche humaniste, existentielle et phénoménologique qui, selon moi, était déjà en prémices chez mes deux figures majeures de référence dans cette pratique : Milton Erickson et François Roustang.H.-P. B. : En 2020, votre ouvrage L’Hypnose, paru dans la collection « Que sais-je ? », n’est pas sans rappeler celui de Léon Chertok, paru dans cette même collection trente ans plus tôt, sous le titre Hypnose et suggestion. Comment avez-vous abordé cette publication dans les pas de celui qui fut considéré comme l’une des grandes figures contemporaines de l’hypnose …