Dans l’absolu, on s’attend à ce que les psychologues aient une place de choix et contribuent activement à l’accompagnement d’une nation dont les mutations vertigineuses sociales et politiques affectent la santé psychologique des personnes ayant à composer avec un inédit parfois traumatique. Le contexte tunisien postrévolutionnaire correspond bel et bien à cette description. Pourtant, les psychologues peinent à y trouver leur place et à faire valoir la spécificité et la plus-value potentielle de leur intervention. La vulnérabilité de leur identité professionnelle est, sans nul doute, multifactorielle : l’insensibilité à leur situation des gouvernements qui se succèdent à un rythme saccadé, une grande « inégalité des chances » dans les rôle et place où les situent les institutions qui les recrutent, l’absence d’« espaces transitionnels » entre les mondes parallèles que sont l’université qui les forme et les lieux de leurs pratiques. Ce ne sont là que quelques-uns des symptômes d’un mal-être dans la profession bien plus étendu et polymorphe.
Notre article s’attellera à en expliciter quelques facettes, afin de tenter de rendre plus intelligibles les enjeux et défis sous-jacents, mais aussi de dégager quelques perspectives et lignes directrices susceptibles de faire évoluer le statu quo. Selon nous, nous gagnerions à établir une connexion plus assumée et activement recherchée du psychologue avec son terrain, même si celui-ci peut rebuter par son « effervescence ». D’autre part, intégrer le prérequis nouveau que les atypismes et émergents de ce terrain en pleine mutation seraient…