Si Psychologie s’écrit au singulier, cette discipline se déploie en spécialités des sciences psychologiques. Sur le chemin de son émergence en tant que discipline autonome, elle s’est constituée d’approches hétéronomes de la psyché (Perron, 2010 ; Green, 1995 ; Carroy, Ohayon, Plas, 2016 ; Ohayon, 2006 ; Parot, 2017).
Depuis ses débuts, et de nos jours encore, des chercheurs déclarent que seuls leurs travaux méritent le label de science. Or, ceux-ci se montrent intéressés par une physio-psychologie sans psyché ; s’employant à déloger de leur territoire ceux qui s’y vouent, en leur prescrivant d’abandonner leur langue, ils se conduisent en colonisateurs des territoires psychiques. Accordant à l’imagerie cérébrale bien plus qu’elle ne montre, ils confondent l’objet partiel de leur intérêt avec la complexité du fonctionnement psychique, psychosocial et psychosomatique d’un être humain. Leur mode de raisonnement porte un nom : « la synecdoque », qui est figure de rhétorique assimilant la partie et le tout.
Aussi, convient-il de revisiter méthode expérimentale et méthode expérientielle.
Une science humaine et sociale expérientielle n’existe pas indépendamment des personnes qui la développent, c’est-à-dire de leur mode d’être au monde et en relation, c’est-à-dire de ce à quoi ce mode d’être les rend plus particulièrement sensibles.
Pour caractériser la démarche expérientielle (Lalande, 1926 [1968]), nous prendrons appui, en toile de fond, sur l’un de ses développements actuels : la recherche participante et active avec des groupes, selon un paradigme propre à la psychanalyse groupale…