Dans cet entretien, Alberto Eiguer revient sur son dernier ouvrage, L’Analyste sous Influence, dans lequel il livre ses réflexions sur le contre-transfert et les relations qui se nouent entre le psychanalyste et son patient. Des liens complexes, parfois teintés d’ambivalence, où le soignant peut se retrouver en empathie avec le soigné, et où il devra, ce faisant, faire parfois preuve d’endurance. Enfin, l’auteur revient sur les origines de son livre, tout en donnant des clés à ses pairs, autant d’outils de recherches pour esquisser une analyse rendue toujours plus sensible à l’endurance du thérapeute.Henri-Pierre Bass : Je souhaitais vous interroger d’abord sur la dimension éthique que vous choisissez avec votre titre, en mettant l’accent sur l’intersubjectivité qui signifie d’accepter d’être pris par la subjectivité du patient et d’en faire une cosubjectivité. Elle touche à la dimension éthique de l’analyste, car celui-ci n’est plus qu’un sujet supposé savoir, et cette dimension d’autorité psychique est moins prégnante. C’est ce travail sur l’inter-liaison qui me semble ici central.Alberto Eiguer : Vous posez une question extrêmement importante. Je l’élargis en demandant : est- ce qu’on a le droit de se laisser influencer par le patient ? Est-ce qu’on a le droit d’en faire un outil de travail ? Est-ce correct de nous approprier l’espace psychique de son intimité ? Ce sont des questions délicates, mais je dirai qu’il serait beaucoup moins éthique de ne pas se les poser dans la mesure où cela tendrait à faire croire qu’on est totalement en dehors de l’intersubjectivité…