De nos jours, il est de plus en plus fréquent qu’on nous conseille de « prendre le temps », de « ralentir le rythme » de nos vies survoltées. Mais, dans le travail psychanalytique, est-ce souhaitable ? On plaide ici, au contraire, pour le choix d’une certaine hâte, non dans le sens de la précipitation, mais comme un rythme permettant d’aller à l’essentiel, et aussi de reconnaître notre finitude.
Se hâter ! Étrange invitation, dans notre monde où tout va déjà si vite.
Pourquoi se hâter quand tout au contraire inclinerait à prendre le temps de réfléchir, de différer ou de donner du temps au temps pour que les choses et les gens, les décisions et les actes soient mûris, assumés et riches de la responsabilité de l’acteur ?
Parce que la hâte n’est pas exclusive de tout cela ; qu’elle endosse les réalités dans leurs temporalités propres ; qu’elle n’évite à aucun moment la responsabilité de l’acteur ; qu’elle s’inscrit en fait dans la reconnaissance de la réalité de la vie et de la mort.
La hâte est articulée au sentiment d’urgence qui caractérise en filigrane, de façon latente mais effective, l’être au monde de tout un chacun.
La hâte : une temporalité de l’urgence liée à la mort.
La hâte non comme une fuite en avant, mais comme la reconnaissance de la finitude dans un temps donné, et l’émergence dans le temps qui reste, du « précipité de l’essentiel ».
Qu’en est-il de la hâte en psychanalyse ? Elle traverse tout autant le contenu de ce qui est dit que la réalité de son dispositif…