Vivre un handicap depuis sa naissance implique de pouvoir s’affranchir de diverses résistances et obstacles pour plus d’autonomie. La famille joue un rôle important mais complexe dans la conquête de cette indépendance. En ce sens, traversé par des logiques à la fois groupales et individuelles, le système familial cherche à préserver son équilibre et les aspirations de chaque protagoniste. Illustration à travers le cas de Marc.
Évoluer vers plus d’autonomie et d’indépendance ne se fait pas sans heurt, ni résistance, pour une personne vivant une situation de handicap depuis sa naissance. La famille demeure, en effet, un acteur incontournable dans l’élaboration d’un tel projet. En tant que groupe d’appartenance, la famille, dans sa dimension à la fois verticale (l’ordre des générations) et horizontale (l’ordre de la fratrie), est traversée par des logiques aussi bien groupales qu’individuelles, des stratégies conscientes, voire inconscientes, visant la préservation des équilibres familiaux ainsi que l’expression des aspirations individuelles, fussent-elles contradictoires.
Nous nous intéresserons dans cet article à la famille en tant que système, et plus particulièrement à la fratrie et à la « fratitude » selon Philippe Caillé (2004) qui la définit comme un sous-système, reflétant pour une part la dynamique relationnelle familiale.
Nos hypothèses, construites au fil de l’accompagnement de Marc, nous renverront à la croisée des théories girardiennes autour du concept du désir mimétique, de la loyauté selon Catherine Ducommun-Nagy et du mythe familial selon Robert Neuberger…