Pour quelles raisons des centaines de jeunes Français ont-ils été attirés par le djihad ces dernières années ? Sur quel terrain sociopsychologique cette idéologie mortifère a-t-elle pu prospérer ? Le psychanalyste Olivier Douville a reçu dans son cabinet plusieurs jeunes, garçons et filles, tentés par un départ en Syrie pour y rejoindre une organisation djihadiste. Il évoque ici leurs échanges, et les réfléxions qu’ils lui ont inspirées.
Ce texte prend son point de départ de l’accueil que je fais, depuis plus de trois ans, dans mon cabinet de psychanalyste à la parole d’adolescents chez qui les processus adolescents du rapport au surmoi et à l’idéal sont à l’œuvre, comme nous le verrons plus loin et qui sont venus et viennent encore me parler de cet état d’instabilité référentielle qui les pousse à vouloir partir rejoindre des organisations djihadistes en Syrie, soit pour se plier à un idéal guerrier, soit encore pour des motifs plus sentimentaux, soit enfin pour rejoindre un idéal humanitaire aussi impérieux que vague. Ils me sont adressés le plus souvent par certains de mes étudiants de premier cycle de l’université Paris x-Nanterre, où j’enseigne en psychologie clinique, qui s’inquiètent du devenir de leurs camarades. Les jeunes qui m’adressent leurs camarades sont tous des étudiants qui ont assisté à mon cours de première année à l’université de Nanterre, inscrits en psychologie clinique et à mes enseignements d’anthropologie psychanalytique en L2. Dans ces cours, je réserve un temps à la médecine arabo-musulmane, ce qui me fait apparaître comme un enseignant qui a une sympathie et une reconnaissance pour d’autres cultures…