Si les femmes surveillantes sont encore peu nombreuses dans les prisons pour hommes, la féminisation de la profession engagée dans cet univers historiquement très viril soulève un certain nombre de questions dont s’est emparée Anne-Christine Le Gendre dans son dernier ouvrage, Femmes surveillantes – Hommes détenus. Au-delà du thème central de la mixité et des résistances qui peuvent s’exprimer, nous la questionnons ici sur ce qui se joue au sein de cette « famille pénitentiaire », mais aussi sur les conséquences de l’incarcération sur les corps, les liens entre les frustrations affectives et sexuelles et l’usage de la force, la pratique sportive ou encore les rapports homosexuels.Claude Tapia : Votre récent ouvrage, Femmes surveillantes-Hommes détenus (Le Gendre, 2017), repose sur une masse importante de données, d’observations et d’informations, qui donnent à vos hypothèses et interprétations des bases incontestables. Parmi les principaux thèmes explorés, je retiens celui de la mixité et de ses effets au sein de la population des surveillants de prison, celui de la féminisation, accélérée semble-t-il, du métier (malgré des problèmes psychologiques que pose la fouille régulière des prisonniers), celui, enfin, des motivations à l’arrière-plan de l’engagement des femmes dans les prisons pour hommes. Vos objectifs sont sûrement plus larges, aussi pourriez-vous peut-être commencer par préciser vos propres motivations et le périmètre général de votre enquête.Anne-Christine Le Gendre …