Couverture de JDP_328

Article de revue

Introduction

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1Fut un temps où on gardait un bébé ; aujourd’hui, on accueille un jeune enfant. Bien plus qu’un jeu de langage, cette locution révèle à elle seule la complexité et l’importance de ce qui se joue dans ces temps de vie que l’enfant entre 0 et 3 ans partage avec des professionnels, le plus souvent hors de la présence des parents. Et dans un lieu pensé et agencé pour qu’à travers le jeu il se structure et se développe au sein d’espaces repérables qui permettent la rencontre possible avec l’enfant.

2Les lieux d’accueil collectifs du jeune enfant sont avant tout considérés par les parents comme des lieux de socialisation. Mais c’est aussi un lieu dans lequel le parent lui-même rencontrera l’autre, se confrontera à des regards, à la différence ou aux semblables ; il y sera accueilli dans sa spécificité de père ou de mère, l’interprétation qu’il en a, entre discours et modes à être.

3La socialisation dépendra pour l’enfant de ce qu’il pourra construire dans les interactions avec ses pairs, dans ce que, finalement, les parents lui permettront d’investir pour lui-même dans un lieu qui pourra être vécu comme le symbole de la séparation, voire de l’abandon ou, à l’opposé, une caverne magique, support d’une intériorité investie, expérimentée et nourrie. Une extension d’un soi en construction dans laquelle l’enfant sera, éprouvera, observera, expérimentera.

4Charge aux professionnels qui l’accueilleront de lui garantir la place et le temps de construire son identité propre au-delà de sa seule identité familiale. Est-ce de la socialisation ? ou les fondations d’un processus d’individuation ? Peu importe, les objectifs sont les mêmes : soutenir ce qui aidera le sujet à advenir.

5Mais c’est un objectif qui est tout sauf simple et qui pose déjà en lui-même ses propres limites : de quel droit intervenir auprès d’un enfant qui n’est pas le sien ? Quel mandat est donné par les parents lorsqu’ils le confient d’aller dans ce sens ? Quelle place occupe le professionnel de l’accueil du jeune enfant dans cette histoire familiale et quelle responsabilité peut-il y investir ?

6Il est, en effet, très difficile de résister au désir de mettre une empreinte sur le devenir de l’enfant qui nous semble adaptée et bonne pour lui. Comment alors être un professionnel dûment formé, avec des connaissances et une expérience, une sensibilité qui a déterminé son engagement, ses choix, et, de manière concomitante, accepter de se mettre en retrait, de considérer que l’enfant tire son identité de cette filiation et que les parents seuls sont en responsabilité quant à son devenir ?

7La qualité de l’accueil réservé à l’enfant est bien de la responsabilité de tous les adultes dans leur présence, la rêverie et l’accompagnement qu’ils peuvent offrir. Dans leurs compétences réaffirmées, leurs pratiques renouvelées, et l’espace qui sera mis à leur disposition pour les interroger.

8Cette dimension créatrice est soutenue par les psychologues qui interviennent dans ces établissements ou espaces de rencontre avec les enfants et leurs parents. Pour que ces lieux puissent étayer aussi, au-delà de cette individualité naissante, les parents dans leur relation à l’enfant.

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