Couverture de JDP_321

Article de revue

Fétichisme et pédophilie

Pages 34 à 38

1La découverte et la confiscation de « sa poupée », fabriquée clandestinement dans sa cellule, ouvrent, pour ce pédophile pris en charge en milieu carcéral, la possibilité de mettre des mots sur ses angoisses archaïques et de travailler sur la signification de ce fétiche, devenu une nécessité vitale pour son économie psychique... Une présentation de cas qui éclaire et personnifie une pathologie lourde, et qui témoigne de l’importance de la possibilité d’un travail thérapeutique en prison.

2De nombreux auteurs (Balier, 1996) s’accordent à penser la pédophilie comme une fétichisation de l’autre, de l’enfant-victime.

3L’enfant est traité en ustensile, en condition, en moyen d’accès à la jouissance, bref en objet et non pas en tant que sujet, même si, parfois, le pédophile prétend et revendique le contraire.

4La pédophilie conçue comme la perversion d’objet type serait une forme d’autoérotisme, fondée sur « une activité visant à obtenir du plaisir soit avec l’aide exclusive de son propre corps […], soit avec l’aide d’une matière extérieure, cette matière pouvant être une chose ou un corps vivant, mais celui-ci ravalé au niveau d’ustensile, de machine actionnée par le sujet, donc de quasi-chose » (Pasche, 1983).

5Nous sommes là dans le champ de la désubjectivation (Balier, 1993 ; 1996), de la déshumanisation de l’autre (Stoller, 1989), dans celui du déni d’altérité (Coutanceau, 1996).

La poupée

6À travers la clinique d’un pédophile pris en charge en milieu carcéral a été mise en évidence la nécessité absolue, pour ce patient, d’avoir recours à un objet par la fabrication, dans sa cellule, d’une « poupée » d’apparence humaine, d’un mètre de long, composée d’un corps complet, d’un visage avec des cheveux longs, des yeux et une bouche, et d’un orifice sexuel.

7C’est à l’occasion d’une fouille de cellule que cette poupée, sale et malodorante, de fabrication artisanale à partir de vêtements découpés, décousus et recousus, est découverte par les surveillants à qui cela évoque immédiatement un objet d’usage sexuel. Ce que confirmera le patient.

8La confiscation immédiate de cette poupée, supposée alimenter ses fantasmes déviants et donc le risque de récidive, plonge le patient dans une profonde angoisse, mais ouvre aussi l’accès à son économie psychique ainsi mise à mal par ce retrait.

9Car, si cette poupée est bien destinée au support des fantasmes pédophiles récurrents sur les fillettes, elle vient prolonger le recours, avant l’incarcération, à d’autres poupées achetées dans le commerce, poupées clairement à usage sexuel pour certaines (poupées gonflables de type sex-shop), poupées standard de supermarché pour d’autres (certains modèles avec corps préformé, ayant de « la poitrine », proches de la taille réelle d’un enfant, étant choisis et préférés aux modèles bébé).

10Chacune de ces poupées est le support d’une identité propre : chacune a un prénom en lien avec les références culturelles du patient, et elles deviennent, à l’occasion, des camarades imaginaires avec lesquelles le patient dialogue, tout comme il le faisait enfant avec sa première poupée lors des jeux au sein de la fratrie.

11Cette première poupée était elle-même affublée d’une identité féminine en rapport avec un personnage de dessin animé et servait manifestement à compenser un sentiment de solitude et de rejet au sein de la fratrie et à l’école.

12La poupée combine ainsi les qualités du fétiche : elle est prise dans le réel externe, c’est une chose concrète matériellement parlant, constamment disponible, manipulable, objet de collection éventuellement (le patient en possédera jusqu’à six en même temps).

13Mais elle est aussi animée, presque vivante en tant qu’objet de projection du monde interne du patient (personnages imaginaires à identités multiples), même si ce dernier considère, à propos de celle confectionnée en prison, que « ce n’est qu’un morceau de chiffon ».

14Il est donc difficile, à ce stade de la réflexion, de choisir entre l’illusion que propose Donald W. Winnicott (1989) à propos de l’objet transitionnel et la construction projective proche du délire, plutôt caractéristique de l’objet fétiche.

15Quant aux fonctions des poupées, voici ce que peut en dire le patient. Elles constituent pour lui un moyen de rompre avec un isolement social et affectif : « pour parler de tout et de rien » comme « avec une simple copine », « pour offrir des sentiments », « pour remplir le vide ».

16Il insiste sur la possibilité de pouvoir les « caresser », les câliner, de ressentir leur contact contre lui, les aimant « collantes ». Les poupées lui donnent même l’occasion de (les) « protéger », d’offrir de la sécurité et de la protection à un autre.

17Elles servent parfois aussi à le calmer dans des situations de colère ou de frustration, en en prenant une sur ses genoux par exemple.

18Parfois, elles prodiguent des « conseils » au patient sur différents thèmes.

19Dans ces moments, il les imagine incarner tantôt « sa mère, son père, ses sœurs, son frère » ou encore ses psychothérapeutes.

20Ces conseils peuvent prendre la forme d’« interdits » quand le patient est en proie à des envies pédophiles.

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21Certaines d’entre elles, toujours les mêmes, sont utilisées sur le plan sexuel, « quand l’envie est trop forte », « pour assouvir mes pulsions », « pour pouvoir passer mes envies », permettant alors une mise en acte des fantasmes sans limite ni interdit.

22Les poupées sont présentées par le patient comme une tentative de dérivation des pulsions sexuelles à destination des fillettes, mais aussi comme un moyen lui permettant progressivement d’aller des fillettes vers les femmes adultes, c’est-à-dire de l’objet interdit à l’objet autorisé et normalisé socialement et légalement. C’est en tout cas ce que vise le patient, moyen incontournable pour lui d’éviter la récidive.

23Elles constituent donc, pour lui, une sorte de « bouclier », de « protection » contre le passage à l’acte pédophile, une « sécurité à 50 % ». « Dès que je sors, je reprends une poupée », nous dit-il dès les premières rencontres, comme pour s’assurer de cette protection face à un risque de répétition des actes.

24Il est d’ailleurs parfaitement lucide quant à ce risque, et nous demande de l’aide afin d’éviter cette répétition.

25On retiendra donc, parmi les poupées, le clivage entre poupées étayantes, rassurantes, apaisantes (fonction calmante), et poupées excitantes, supports de fantasmes et de décharge sexuelle (fonction excitante).

L’enfant

26Ce patient est un homme jeune, célibataire sans enfant, d’orientation hétérosexuelle, mais terrorisé à l’idée d’approcher une femme pour la séduire. La « peur du refus » constitue pour lui « le sommet de [s]a peur », il ne peut envisager « de faire le premier pas ».

27L’enfant constitue donc pour lui un moyen plus simple et plus rapide d’entrer en relation avec l’autre, de le séduire par diverses manœuvres psychologiques, empêchant ainsi toute confrontation au refus. Le patient parvenant même à penser, par autoconviction, que l’enfant pouvait être demandeur ou, en tout cas, qu’il appréciait ce qu’il lui proposait.

28Il insiste sur sa préférence qui est de donner à l’autre (câlins, caresses, affection et plaisir sexuel) plutôt que de les recevoir, même si on imagine derrière ce besoin premier de donner le besoin en miroir de recevoir à l’identique après identification simultanément à celui qui donne et à celui qui reçoit, occupant alors toutes les places de la relation.

29Pour Évelyne Kestemberg (1978), l’objet investi dans un mouvement fétichique « n’est pas le miroir du sujet en ce sens qu’il ne s’y regarde pas, mais il est plutôt une duplication externe du sujet au travers de laquelle il vérifie son existence et son idéalité (par là même, il est porteur de la mégalomanie du sujet et acquiert un caractère impérissable) ».

30Le patient dit se montrer sensible au bien-être de l’enfant, ne rien vouloir lui imposer qui pourrait le blesser physiquement, toujours chercher son accord pour les contacts sexuels.

31La blessure psychologique de l’enfant, en revanche, semble difficile, voire impossible, à concevoir.

32On repère là les manœuvres d’emprise caractéristiques dans la mesure où « toute la stratégie du pervers consiste à arborer tel type de désir érotique qui le caractérise et à tenter de révéler chez l’autre un désir équivalent ou d’obtenir de lui la réponse la plus adéquate à son exigence, traduisant donc l’émergence d’un désir complémentaire au sien » (Dorey, 1981).

33On reconnaîtra également la recherche d’horizontalité dans les rapports, propre aux pédophiles, c’est-à-dire l’annulation de la différence des générations et la relation en miroir si caractéristique. « L’enfant “aimé” est soi-même, on le sait », nous rappelle Claude Balier (1996).

34Concernant son historique des relations affectives, on note un amour idéalisé d’adolescence qui s’est soldé tragiquement par le décès accidentel de la jeune fille aimée. Il semble ne s’être jamais remis de cette perte brutale et en parle encore avec émotion, évoquant un arrachement qui a laissé un trou, un vide.

35Depuis, et malgré quelques tentatives, plus aucune relation hétérosexuelle avec une femme adulte n’a été possible, en tout cas sur la durée, ce qui n’a pas empêché, néanmoins, quelques contacts sexuels sans suite.

L’idéal à tout prix, sinon rien

36L’idéalisation semble bien au cœur des préoccupations du patient.

37La sphère narcissique est au premier plan, organisant les rapports du sujet avec lui-même (corps propre, monde interne) et avec l’autre (la femme idéale, les fillettes objets de fantasme, les poupées).

38La poupée, tout comme la fillette et la femme font, en effet, l’objet d’une idéalisation particulièrement forte.

39Le patient imagine la femme idéale de façon très précise : elle doit être de petite taille, avec un corps pubère mais à peine développé, dont le haut de la tête lui arriverait sous le menton afin qu’il puisse le poser dessus, dans un geste affectif de type maternel, englobant et protecteur.

40Elle doit être moins corpulente que lui, pour ne pas qu’il se sente dominé comme « un petit garçon » face à un adulte imposant et menaçant.

41Il imagine une relation fondée sur le partage idéal des centres d’intérêt, où chacun pourrait « modeler » l’autre en conformité avec ses attentes propres.

42Le fantasme de Pygmalion proposé par Sophie de Mijola-Mellor (2008) est ici éclairant, le sujet étant dans l’« impossibilité de tomber amoureux d’autre chose que d’un objet partiel préformé qui va éviter toute rencontre avec l’altérité de l’autre et avec ce qu’elle comporte de trouble possiblement désorganisateur pour le sujet ».

43À propos des fillettes, le patient évoque le fantasme de « préparer » l’enfant victime aux contacts sexuels futurs en débutant dès l’enfance, période à laquelle l’enfant est influençable, malléable, afin qu’adolescente elle soit en mesure d’accepter des relations sexuelles complètes, c’est-à-dire qu’elle ne soit pas en position de les refuser, ayant été en quelque sorte programmée pour les accepter.

44Le patient est donc capable de se projeter sur plusieurs années avec l’objet à ses côtés, anticipant l’avenir par une programmation assez construite de l’objet, afin que celui-ci réponde de façon le plus idéale possible à ses fantasmes, fantasmes dont l’aboutissement, en termes de jouissance supposée, serait la relation sexuelle complète avec une adolescente au corps à peine pubère, comme décrit plus haut.

45Cette relation fantasmée avec la victime en tant que future adolescente est présentée comme l’idéal de jouissance du patient, idéal mis en attente, mais auquel il n’est pas question de renoncer.

46Il s’agit donc d’une jouissance idéale (sans limite ?) avec l’objet idéal, dont l’accès serait soit dépourvu d’interdit, soit porteur de l’interdit, son franchissement conditionnant l’accès à la jouissance suprême (hypothèse que l’on ne retrouve toutefois pas dans le matériel clinique).

Quelles angoisses archaïques ?

47On peut faire l’hypothèse de capacités défaillantes de séparation-individuation d’avec l’objet maternel ayant propulsé le patient dans de grandes angoisses, en particulier des angoisses de vide, une incapacité fondamentale de vivre seul et de s’autonomiser psychiquement, le tout prenant la forme d’angoisse de séparation et de risque d’effondrement dépressif, de peur des adultes et, en particulier, du rejet et du refus, mais aussi de l’humiliation dont il fut victime enfant (moqueries des camardes de classe).

48Le patient évoque des situations de perte manifestement peu intégrées, comme lors de sa séparation par décision médicale – nous n’en saurons pas plus – d’avec sa sœur jumelle pendant l’enfance ou encore la mort tragique de son amour d’adolescence, dont il dit ne s’être toujours pas remis.

49Il se rappelle avec nostalgie qu’il était « bien dans les jupes de [sa] mère » et se souvient de moments privilégiés où, blotti contre elle, elle lui « caressait les cheveux ». Il précisera, par ailleurs, que ses cheveux étaient coupés et peignés avec amour par sa mère, et elle seule.

50Lui-même accorde une grande importance aux cheveux, n’imaginant pas une compagne qui n’aurait pas les cheveux longs. Il peigne d’ailleurs sa poupée « pendant une heure » parfois, se dit sensible à la sensation procurée par le contact des cheveux des fillettes sur son visage.

51On voit ici encore combien les caractéristiques de l’objet idéal ou de la relation idéale sur le modèle d’une unité mère-enfant, d’une complétude idéale, sont convoquées, et ce, sur un plan sensoriel érotisé.

52Pour Denise Bouchet-Kervella (2001), le sujet pédophile est dans une « quête d’excitation sensorielle érotisée appuyée sur les traces des échanges érotiques et narcissiques trop tôt perdus avec la mère. […] Tout se passe comme si les relations avec l’enfant devaient démontrer, par identification alternative, une pseudo-réciprocité d’échanges idéalement satisfaisants sur tous les plans avec la mère primaire, pour mieux dénier l’inquiétante imago maternelle persécutrice ou rejetante, qui se profile à l’arrière-plan. Celle-ci est massivement projetée sur le monde des adultes, globalement ressenti comme porteur de danger, de blessures narcissiques. »

Objet fétiche ou objet transitionnel ?

53L’objet, qu’il soit enfant ou poupée, semble pouvoir rassembler les fonctions du fétiche, mais également celles d’objet transitionnel, tel que le conçoit Donald W. Winnicott (1989). Dans cet article désormais célèbre, Donald W. Winnicott envisage lui-même une sorte de continuité possible et de persistance entre l’objet transitionnel infantile et l’objet fétiche adulte.

54Phyllis Greenacre (1978), de son côté, propose dans certains cas « l’emploi, alterné ou simultané, de l’un ou de l’autre ».

55Ainsi, on peut faire l’hypothèse d’une difficulté pour le sujet à avoir pu passer de la perception (de l’objet externe) à la représentation (de l’objet interne).

56L’objet transitionnel, en tant qu’objet intermédiaire et transitoire devant permettre ce passage, reste donc activé chez le patient n’ayant pas réussi à opérer cette transition, du fait des angoisses majeures et d’un sentiment d’insécurité trop profond.

57La confusion entre fétiche et objet transitionnel tiendrait au fait que « perception et représentation se décollent mal » (Roussillon, 2009).

58Pour René Roussillon, le fétiche, en tant qu’objet externe perceptible (l’enfant, la poupée), tient lieu de « représentant de la représentation », sa présence matérielle concrète devient vitale pour le sujet qui doit, pour cela, s’assurer de sa disponibilité et de sa pérennité. L’objet transitionnel en serait la toute première forme.

59Le sujet doit, en outre, pouvoir opérer un contrôle omnipotent sur l’objet, la fétichisation ayant « pour fonction de figer la relation d’objet » (Balier, 1996), évitant ainsi toute confrontation au désir de l’autre, et donc au pouvoir de l’autre sur soi. Le sujet restant ainsi dans un rapport de domination absolu, d’emprise sur l’autre, quelle qu’en soit sa forme (Dorey, 1981).

60Cet objet semble donc plus proche d’une conception de substitut de la mère totale, un « concentré d’amour perdu » (Bonnet, 2008), que de celle d’un substitut du pénis manquant de la mère, selon l’acception freudienne classique du fétiche ou alors, comme le propose Phyllis Greenacre (1978), un « substitut d’une combinaison entre le sein et le pénis ».

61Le fétiche permet aussi au sujet, nous dit Claude Balier (1996), de s’assurer de sa capacité de jouissance, qui, pour notre patient, est entravée dès qu’il est en contact avec des femmes.

62En effet, si le patient nous dit craindre le refus possible des femmes à ses avances, il craint également de ne pouvoir assurer sa puissance virile lors des rapports sexuels avec elles. Il fait état d’érections et d’orgasmes difficiles, voire impossibles, avec les quelques femmes qu’il a pu fréquenter. Il s’imagine alors devenir la risée des femmes qui seraient témoins de son impuissance ; il serait alors renvoyé à la honte, à l’humiliation du « petit garçon » dépourvu de la puissance virile et de la capacité de jouissance (la sienne et celle de l’autre).

63C’est donc le narcissisme phallique qui est ici en cause, ainsi que l’angoisse de castration contre laquelle le fétiche permettrait de lutter, ce qui nous ramène finalement à l’acception freudienne classique du fétiche.

64On peut aussi penser que les objets concrets utilisés par le patient permettent un rassemblement des sensorialités (qualités de contact avec les parties du corps de l’autre), une tentative d’unification des objets partiels et donc des plaisirs partiels et occupent principalement une fonction calmante, comme le propose Myriam Boubli (2012) à propos de l’objet transitionnel.

65C’est en tout cas comme cela que le patient nous présente l’usage qu’il fait parfois de sa poupée, recherchant en cellule et à son contact des moments d’apaisement, convoquant une sensualité qui évoque le lien tissé entre la mère et l’enfant (le patient nous évoquera, non sans une certaine gêne, toujours sucer son pouce le soir pour se calmer et s’endormir…).

66Pourtant, ces mêmes objets, dont on a bien vu les possibles déplacements entre eux, ont indiscutablement un rôle excitant, support des fantasmes, de l’excitation sexuelle et de sa décharge, rejoignant en cela les fonctions du fétiche : ils sont la condition nécessaire à la jouissance du sujet.

67Les poupées, si on les considère comme des fétiches, ont ceci de particulier qu’elles sont clairement figuratives, recherchées comme pouvant s’approcher au plus près, dans leur forme et dans leur qualité de contact, de l’objet idéalisé, à savoir l’enfant.

68En cela, elles ne correspondent pas non plus aux objets dits « autistiques » concernés par la sensorialité pure, dépourvue de toute construction fantasmatique et imaginaire consciente. Notre patient, on l’a vu, projette au contraire tout un imaginaire sur ces objets.

En conclusion

69Il semble donc difficile de trancher définitivement quant à la définition et aux fonctions de ces objets, sauf à imaginer ces objets comme condensant plusieurs fonctions, celles de l’objet fétiche comme celles de l’objet transitionnel.

70Cette pratique des objets fétichisés fonctionne comme une sorte de minidélire localisé, ciblé, restreint, pouvant protéger le patient d’un effondrement de type dépressif, voire de type psychotique comme le proposent certains auteurs à propos de la perversion (Balier, 1996 ; Kestemberg, 1978), dans la mesure où le rapport à la réalité, même profondément perturbé, serait conservé grâce à la présence du fétiche.

71On retiendra, au final, leur complexité et, surtout, leur nécessité vitale dans l’économie psychique du patient. ?

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