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Article de revue

Actes, psychoses, perversions : où est le sujet ?

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1La psychopathologie n’occupe le devant de la scène que lors de faits d’actes criminels commis par des personnes étiquetées « malades mentales ». Hors cela, peu de mots sur la situation de la psychiatrie actuelle, sur la réalité du vécu, les errances, les difficultés familiales, etc. Et lorsque le projecteur est mis sur une pathologie, seuls les angles sécuritaires sont évoqués, rien sur la compréhension de l’intérieur de ce qui a pu conduire la personne à un acte hors norme et portant atteinte à autrui, sur ce qu’elle a pu en vivre ou en ressentir. Rien, non plus, sur le repérage du risque ou l’accompagnement qui peut lui être proposé, que ce soit avant comme après l’instant de bascule.

2Or, derrière les questions de comportement, d’acte, de dangerosité, il est question d’individualités et de modalités de fonctionnement ; il est question d’aller à la rencontre de ces personnes, en se dégageant des dogmes et des tableaux psychiatriques paradigmatiques, au risque de s’y perdre. Dans ce champ particulier, en effet, dans lequel les psychologues sont amenés à intervenir aussi bien pour un accompagnement psychothérapeutique que dans des situations d’expertise, deviennent prépondérantes les questions de posture professionnelle et la manière d’accueillir ces patients qui confrontent le praticien au transfert psychotique, à des éprouvés différents qui pourront heurter sa perception de la réalité, déstabiliser ses repères, contaminer son espace psychique.

3Deux univers se rencontrent, déterminés par des rapports à la réalité et à l’altérité différents, et le psychologue aura à réadapter chaque fois ce que Patrick Chemla appelle « sa boîte à outils ».

4La littérature regorge de ce genre de situations de passage à l’acte ou de franchissement des limites, qu’elles interviennent comme élément central de l’écrit, comme dans les romans policiers, ou qu’elles se révèlent au fil des pages, description d’un personnage principal dont on ne sait plus que penser et qui suscite le malaise. Il en est ainsi, dans ce dossier, des romans choisis par Anne Legraverand pour illustrer les différences entre perversion, narcissisme et sadisme. Romans dont la popularité témoigne bien du fait que certaines problématiques qui peuvent relever de la psychopathologie exercent une certaine fascination, quand elles ne sont pas support d’identification.

5Offrant un regard sur différents aspects de la question, ce dossier est une porte d’entrée dans ce qui relèverait d’une « psychopathologie légale », à savoir cette zone limite de la psychopathologie dont l’objet est d’étudier les sujets présentant des traits psychopathologiques et pour qui l’inquiétude d’un passage à l’acte premier ou réitéré devient première sur l’accompagnement psychologique. Ici, quelques cas abordés relevant de pathologies emblématiques : les questions de sadisme et de perversion réinterrogées, la schizophrénie paranoïde, la pédophilie et le champ de la psychose avec l’hypothèse de définition du moment psychotique.

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