Note
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[*]
L’auteur de cet article n’avait pas connaissance que l’œuvre datée de 1960 était une réplique d’artiste de l’œuvre originale datée de 1912, considérée alors comme perdue.
1Comment entrer en relation de manière authentique avec des adolescents en crise, hospitalisés dans l’unité de pédospychiatrie de liaison d’un chu, au décours d’une tentative de suicide ? C’est pour tenter de répondre à cette question qu’est née l’idée de l’atelier autoportrait, où proposition est faite à ces jeunes de venir travailler à une représentation d’eux-mêmes, en utilisant le dessin et la peinture, le collage ou encore l’écriture. Né en janvier 2011, cet atelier hebdomadaire s’est imposé peu à peu comme le moyen précieux d’accéder à une part, jusque-là invisible, de leur intimité psychique. Présentation de ce travail de médiation mené en binôme par une psychologue clinicienne et un infirmier psychiatrique.
Les adolescents face aux autoportraits d’artistes
2« C’est un homme ou une femme ? » ; « Moi j’dis ça parce qu’on dirait une femme, mais il a un mono sourcil et une moustache, ça se peut pas » ; « C’est quoi le truc bizarre autour de son cou » ; « L’oiseau mort, il représente quoi ? ça veut dire qu’elle a perdu sa liberté ? » ; « Elle a pas l’air très bien » ; « Il doit aimer les animaux, puisqu’il y a un singe et une panthère sur son épaule. »
3L’Autoportrait au collier d’épines et colibri de Frida Kahlo (1940) est, parmi les autoportraits que nous présentons aux adolescents en guise d’introduction à l’atelier, celui qui provoque le plus de réactions : tantôt de la fascination, de la stupéfaction, tantôt de la gêne et des éclats de rire plus ou moins spontanés. Certains adorent, d’autres détestent, mais rares sont les indifférents. Entre le regard perçant de la peintre, intense et énigmatique à la fois, souligné par son sourcil imposant, le duvet noir sur sa lèvre supérieure, le sang qui perle sur son cou sous la pression des épines et ce décor mi-fantastique mi-tropical, où singe, chat-panthère et papillons-libellules évoluent en liberté sur fond de végétation florissante, le contraste est éclatant. S’ils ignorent l’histoire de l’artiste – qui se mit à peindre des autoportraits « par commodité » (elle était son propre modèle) du fait de son immobilisation dans un lit d’hôpital pendant de longues années après un très grave accident de tramway (elle avait fait installer un miroir au-dessus de son lit) –, ces adolescents sont sensibles au côtoiement de la pulsion de vie et de la pulsion de mort qui envahit son œuvre. Mais ils sont également interpellés par l’identité indéterminée de l’artiste (homme ou femme ?), par son indicible émotion (que ressentait-il / elle au moment où il / elle a exécuté sa toile ?) et par sa capacité de sublimer sa souffrance pour la transformer en œuvre d’art nourrie de symboles (quelle signification attribuer à ce collier d’épines, à cet oiseau mort, à ces créatures animales fantastiques ?).
Autoportrait au collier d’épines et colibri,
Autoportrait au collier d’épines et colibri,
4Devant ce tableau, les hypothèses se multiplient, la capacité de rêverie de chacun se révèle, sans danger, puisqu’il s’agit d’un autre que soi. Les projections sont à l’œuvre et ouvrent peu à peu la voie à un discours sur soi, inhibé jusque-là.
5La famille du peintre, de Gino Severini, exécuté en 1936, soulève quant à lui d’autres questions : « Qui est la mère, qui est la fille ? » ; « Pourquoi le peintre tient un pigeon dans ses mains ? » ; « Ils ont l’air de pas trop se parler dans cette famille, j’aime pas l’ambiance ! »
6La toile renvoie chacun à ses propres pénates, à sa place au sein de sa famille, aux relations entre les uns et les autres, aux alliances conscientes et inconscientes, aux ressemblances et aux différences individuelles. Et puis, plus rien à voir, justement, côté ambiance, lorsque l’on regarde l’autoportrait réalisé par le même artiste vingt-quatre ans plus tard [*], un autoportrait surréaliste, éclaté, « comme un miroir brisé avec sur chaque bout une partie du visage », comme le soulignera l’un d’entre eux (voir tableau pp. 22-23).
7Que s’est-il passé pour le peintre entre ces deux toiles, la première incarnant une posture figurative ultraconventionnelle, la seconde une créativité débridée et débarrassée du souci réaliste ? Les adolescents ont leur petite idée : « Un accident de voiture a tué sa femme et sa fille, et il se retrouve tout seul, alors il est devenu fou. » Autre hypothèse : « Il en avait marre d’être classique, il s’ennuyait, alors il a décidé de mettre un peu de fantaisie dans sa vie. » Ou encore : « Il voulait passer incognito ou changer d’identité.
La famille du peintre
La famille du peintre
8D’ailleurs, il n’a plus rien d’un peintre ; on dirait un homme d’affaires avec son cigare, son costume-cravate et son chapeau. » Enfin, peut-être plus réaliste : « Entre ces deux peintures, il y a eu la guerre, et l’art a changé : on est passé du figuratif à l’abstrait ! »
9Quelle que soit la vérité du peintre, le contraste est frappant entre ses deux autoportraits. On peut donc changer dans la vie ! Aimer d’autres choses, faire de nouvelles expériences et, surtout, se représenter et, donc, se percevoir autrement ! Une idée inédite pour beaucoup d’adolescents hospitalisés ici, immobilisés dans un présent qui les englue et dont ils sont persuadés qu’ils ne sortiront jamais.
10Que dire de L’Autoportrait de Joan Miro (1937-1960) qui trompe son monde en offrant, à première vue, un grossier dessin du bonhomme, mais cache en réalité un autoportrait subtil et nuancé (voir tableau p. 25) ?
11« Moi je pourrais faire ça en deux secondes. » ; « Pourquoi il a gâché son dessin avec ce bonhomme bizarre ? »
12Une fois les premières critiques dépassées et le tableau observé davantage dans ses détails surgissent des interrogations plus profondes : « Peut-être qu’il veut nous dire qu’il faut se méfier des apparences ? » ; « Ou bien c’est une caricature ? » ; « Ou, alors, il est parfois d’humeur sombre et discrète, et, parfois, il a envie de tout envoyer péter ! »
13Ainsi, devant les autoportraits présentés, les langues se délient, la pensée se remet en mouvement : il apparaît clairement que les questions soulevées par les artistes dans leurs œuvres font écho, par le miracle de la projection, à celles des adolescents.
14Des adolescents hospitalisés qui se sentent perdus, qui ne savent plus qui ils sont, ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vont devenir et encore moins ce dont ils sont capables.
15Ces adolescents en panne dans leur vie quotidienne, dans leur créativité, dans leur capacité de penser, qui n’ont plus à leur disposition que leurs passages à l’acte et leurs symptômes pour s’exprimer : tentatives de suicide, anorexie mentale, scarifications, dépression, angoisses de séparation rendant impossible le fait d’aller au collège ou au lycée, (sur)consommation de cannabis, entrées en psychose, troubles obsessionnels compulsifs… Bien que tous uniques, pour la plupart, ces adolescents ont en commun de ne pas savoir dire « je ». Ils ne se sont pas vus grandir, et vivent la puberté et son cortège de métamorphoses comme une soudaine pluie de grêle s’abattant sur eux. Quand ne s’ajoutent pas à ce processus abandons, violences, maladie somatique, séparations, précarité matérielle, migration forcée, deuils et tout autre événement traumatique…
16Pour beaucoup, ces adolescents ne se connaissent pas, parce qu’ils ne se reconnaissent plus. L’image que le miroir leur renvoie d’eux-mêmes n’est plus en phase avec ce qu’ils y avaient vu jusque-là : désormais, elle les terrifie, les dégoûte ou les remplit d’un inquiétant sentiment d’étrangeté. Le regard que portent sur eux les adultes a lui aussi changé : sexué, parfois lourd de sous-entendus, voire concupiscent. Dès lors, la proximité des parents devient insupportable, car dangereuse et donc menaçante. La sensation d’être soudain devenu étranger à ce qui était jusqu’alors si familier est douloureusement aiguë. Et d’autant plus qu’alors l’adolescent se sent aussi étranger à lui-même. Qui est-il (devenu) ?
Autoportrait
Autoportrait
17Face à ce questionnement existentiel, l’idée de l’autoportrait s’est imposée comme l’outil privilégié d’une médiation permettant d’expérimenter dans un cadre sécurisant le dedans – sa propre image interne, ce que l’on (re)connaît de soi-même – et le dehors – ce que l’on montre de soi aux autres. Au cours de l’atelier, les adolescents sont donc invités à produire leur autoportrait, c’est-à-dire à passer de la représentation psychique qu’ils ont d’eux-mêmes à sa figuration concrète, processus permettant de donner corps aux fantasmes individuels, et de les confronter, dans un espace protégé, au regard du groupe de pairs. Lorsque la médiation est opérante, l’impression diffuse de mal-être, de perte d’identité, de morcellement, laisse peu à peu place à une mise en forme qui, en elle-même, est contenante du fait des contours et des formes qu’elle pose à une silhouette jusque-là restée dans le flou.
Le principe du miroir au cœur de la médiation
18« Les médiations thérapeutiques ou, autrement dit, les psychothérapies à médiation peuvent permettre à des adolescents en panne dans leur processus d’adolescence de les amener à engager un travail de deuil et de troc de leurs anciennes représentations, menaçantes et persécutrices contre de nouvelles », écrivaient Émilie et Yves Morhain en 2010, dans leur article « La médiation, thérapeutique comme mode de prise en charge des adolescents suicidants ». On ne pourrait mieux dire pour résumer ce qui est à l’œuvre dans la confrontation que propose « l’atelier autoportrait » de l’adolescent à sa propre image.
19Le miroir peut en être l’instrument, pour ceux qui ne peuvent se figurer sans se voir. « Comment voulez-vous que je me dessine sans miroir ? », nous avait interpellés l’un des premiers adolescents à avoir participé à l’atelier. Peut-être perçue comme frontale au premier abord, et comme telle dangereuse, cette proposition est en fait celle d’une reprise de contact avec sa propre intimité : il s’agit de permettre aux jeunes concernés, des adolescents souvent abîmés autant physiquement que psychiquement, de se réapproprier leurs sensations et émotions, de réapprivoiser leur corps et leur apparence étranges parce que devenus étrangers du fait de la mutation pubertaire. Mais, à travers cette image, c’est en fait leur identité qu’il s’agit de reconquérir.
Le déroulement de l’atelier
20Dans un premier temps, l’on montre aux adolescents des autoportraits réalisés par des artistes, en les invitant à dire ce qu’ils en pensent : l’impression brute d’abord, puis tenter de dépasser le « j’aime » ou « j’aime pas » en leur proposant de formuler des hypothèses sur l’humeur, l’émotion de l’auteur, son état d’esprit ou encore ce qu’il aurait peut-être voulu exprimer par telle couleur, tel choix technique ou encore telle mise en scène de son œuvre.
21Une fois la parole libérée, les adolescents sont invités à produire leur propre autoportrait avec la technique qui leur convient le mieux, l’essentiel étant de ne pas se laisser intimider et inhiber par une quête de performance. On n’est pas là pour faire une œuvre d’art, mais pour exprimer quelque chose de soi-même, à travers, au choix : le dessin, l’écriture ou encore le collage, une technique qui ne nécessite aucun savoir-faire particulier.
22Enfin, une fois achevé, chacun est invité à présenter au groupe son autoportrait, en le commentant, lorsque cela lui est possible et-ou en acceptant les commentaires qu’il suscite de la part des autres membres du groupe.
Les autoportraits des adolescents
23À ce jour, plus d’une centaine d’adolescents ont participé à l’atelier, au minimum pendant trois séances afin de leur permettre de mesurer le chemin parcouru dans la durée, de les aider à remettre en perspective les difficultés de leur existence, en leur rendant l’espoir d’un possible changement. L’idée étant de les réanimer psychiquement, de les sortir de cet immobilisme stérile qui les fait parfois ressembler à des morts vivants, en les aidant à restaurer leur propre créativité.
24La première séance est souvent difficile, mais l’angoisse de la page blanche est un préalable nécessaire, s’il n’est pas trop inhibant, à la liberté d’expression. Tandis que certains nous sollicitent pour calmer l’angoisse – et, dans ce cas, tout est bon : « Vous avez une règle ? » ; « Je peux utiliser un crayon à papier ou forcément des feutres ? » ; « Je fais le portrait de qui ? » – d’autres acceptent plus facilement de se laisser envahir par l’émotion et de laisser leur trace sur le papier.
25Lucie, quatorze ans, avait ainsi tracé quasi immédiatement un tourbillon multicolore avec, au centre, une créature mi-ange, mi-luciole, comme aspirée par l’œil du cyclone : la métaphore de son sentiment d’impuissance et de l’idée que personne ne pourrait lui venir en aide.
26Lison, treize ans, s’était servie de fusains pour figurer une bête fantomatique et menaçante dont les griffes menaçaient de s’abattre sur une minuscule silhouette sans défense. Elle avait pu expliquer au groupe, saisi par l’effroi devant son dessin, qu’elle était terrorisée, de jour comme de nuit, par le souvenir tenace d’un événement qu’elle avait subi. Et dont elle put enfin parler.
27Vincent, quinze ans, eut besoin d’une séance immobile et pensif pour s’autoriser, la semaine suivante, à représenter au crayon à papier une tête de face, investie par un labyrinthe, avec, au niveau des yeux, une paire de lunettes bleues figurant des larmes qui ne pouvaient pas couler. Il avait choisi pour légende : « Triste perdu. » Depuis le suicide de sa mère lorsqu’il avait six ans, il n’avait pu exprimer son chagrin, trop occupé à s’en défendre sur un versant maniaque, en déplaçant inconsciemment sa propre culpabilité et la transformant en agressivité à l’encontre de la nouvelle compagne de son père.
28Il y eut aussi Victor, douze ans, souffrant d’un surpoids rendant insupportable l’idée même d’aller au collège du fait du regard des autres, dont les visages flottants au centre de la feuille s’arrondissaient au fil des semaines, jusqu’à perdre toute trace de masculinité, et soulevant crûment la question de son identité sexuelle.
29Julie, qui passa de longs mois à l’hôpital pour anorexie mentale, se représenta sévèrement « Gavée par elle-même » (titre qu’elle donna à son autoportrait) : le corps tacheté de noir « comme une vache », les pieds en forme de pattes d’oie « pour le côté gavé », les deux mains tendues et menottées dans le dos, tenant l’unique clé capable de la délivrer : « Mais je ne peux pas moi-même me délivrer puisque je suis menottée. » Au-dessus de ce corps malmené, une tête de profil laissant échapper de grosses larmes et, reliée par un œsophage vert à son estomac, une bouche vomissant tout son soûl.
30La semaine suivante, à la veille de son dix-huitième anniversaire, elle se représenta avec un corps de jeune fille bien proportionné, avec, sur la tête, une enclume portant l’inscription « Autonomie ». Elle tenait dans sa main droite une horloge, et sa main gauche soulevait une valise baptisée « Responsabilités ». La légende du dessin, « Dix-huit ans et encore enfant », trouvait un écho bouleversant dans la silhouette d’une petite fille en larmes assise, de profil, tapie au creux des hanches de l’autre.
31Sa dernière séance fut l’occasion de représenter son « cercle vicieux », à savoir le cycle des humeurs qui la traversaient lorsqu’elle passait de l’excitation à l’idée d’une prochaine sortie d’hospitalisation, à l’angoisse de ne pas être à la hauteur, en ayant transité par la montre qui, toujours impitoyablement, égrenait le temps, toujours déjà perdu.
32Comment oublier Juliette, quatorze ans, arrivée à l’hôpital avec un ventre rond de femme enceinte proche de l’accouchement, malgré des prises de sang têtues qui indiquaient qu’il n’y avait pas de grossesse en cours. L’atelier autoportrait lui donna l’occasion de représenter le bas de son visage avec des larmes et un énorme ventre jaune de profil, barré d’une grande croix rouge avec la légende : « S’attacher à rien pendant sept mois. » La semaine suivante, Juliette se représenta de face, toute menue avec un haut jaune et une jupe noire, le visage triste et les mains derrière le dos, le tout sur fond gris. Avec ce dessin, ce fut le surgissement d’un quotidien vide et sans espoir, reconnu soudain comme tel, qui ouvrit la voie à l’expression d’un chagrin jusque-là enfoui. Avec le recul d’une semaine, Juliette raconta l’espoir qu’avait donné ce fantasme de grossesse, encouragé par sa propre mère lui achetant de la layette malgré les résultats d’analyse, révélant l’ampleur de cette folie à deux, la création d’un délire pour tenter de supporter une réalité insoutenable.
33Ce faisant, Juliette illustrait sans le savoir ce qu’écrit René Kaës au sujet de l’effet de langage des médiations : « Les médiations doivent produire un effet de langage et, plus précisément, de parole, là où elle fait défaut, là où elle est en souffrance. Elles prennent leur valeur d’être proposées comme embrayeur de processus associatifs, de mise en marche de l’activité de liaison et de symbolisation. » (René Kaës, 2002.)
34L’expérience montre ainsi que la réponse à la consigne « autoportrait », en permettant un travail psychique de liaison entre affects et représentations, peut prendre des formes extrêmement variées. Un adolescent peut ainsi s’incarner et se reconnaître dans une caravane occupant tout l’espace d’une grande feuille à dessin : la caravane où il est né et a vécu ses premières années d’enfance, cette caravane sous-titrée « gitan4ever » qui lui a donné son identité.
35Une autre peut s’identifier aux objets contondants qu’elle utilise pour se scarifier – cutter, aiguille, compas, rasoir : en deçà de l’autoportrait, certes, mais dans la tentative de reprendre le pouvoir sur ce moi encore informe et irreprésentable, qu’il faut contenir à tout prix.
36Une autre encore peut se projeter dans un salon de coiffure à la devanture colorée, cadre idéal d’une vie future rêvée, déjà en gestation. On ne l’y voit pas encore couper des cheveux ou faire un brushing, mais l’autoportrait est là, bien vivant, dans l’énergie du devenir et la force du projet.
37On n’oubliera pas non plus l’autoportrait de cette autre, enfin, qui se représenta de dos, avec sa longue chevelure et ses épaules bien raides, et qui n’eut pas besoin de dire à voix haute qu’elle ne nous dirait rien d’elle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque mon collègue infirmier et moi la félicitâmes pour tant d’originalité !
38On voit bien ici combien le champ des possibles est vaste en termes d’autoportrait. L’essentiel étant, au fond, de retenir que cet espace est surtout une invitation à dire « je », à parler de soi au sens large – de sa souffrance, de ses souvenirs, de son quotidien, de ses rêves ou, au contraire, de son désespoir… – et à y trouver de l’intérêt. L’atelier autoportrait, comme entreprise fonctionnant sur des ressorts narcissiques, offre à chacun l’espace et l’occasion de déployer son Moi. Souvent, pour la première fois.
Autoportrait, Joan Miro 1937-1938 (complété en 1960)
Autoportrait, Joan Miro 1937-1938 (complété en 1960)
39Et, dans l’ébauche d’un intérêt nouveau pris à se raconter soi-même, l’atelier autoportrait peut, en révélant à l’adolescent la richesse de ce qu’il porte en lui, lui donner l’envie de poursuivre un travail d’introspection dans le cadre, pourquoi pas, d’une psychothérapie individuelle.
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L’auteur de cet article n’avait pas connaissance que l’œuvre datée de 1960 était une réplique d’artiste de l’œuvre originale datée de 1912, considérée alors comme perdue.