Couverture de DIFA_032

Article de revue

Croyance et construction subjective

Pages 79 à 88

Notes

  • [1]
    Argument de présentation de ce numéro de la revue Le Divan familial.

1Il était venu avec sa nouvelle femme et son fils de douze ans me rencontrer dans une structure de soins pour enfants et adolescents, pour me dire qu’il n’en pouvait plus de devoir en permanence justifier à son enfant les paroles qu’il lui adressait et les décisions qu’il prenait. Ce fils, que je nommerai Louis, tentait lui, par tous les moyens dont il pouvait disposer – demande de justification, mise en doute, interrogations –, de mettre en question son père. Au cœur de la dynamique intersubjective qui venait se raconter et se présentifier, une difficulté tout à fait spécifique à mutuellement s’entendre était repérable. Si l’écoute était là, la croyance en la parole de l’autre était fortement mise à mal et se signifiait par une souffrance visible dans les attitudes corporelles, les intonations de voix, et les adresses à mon égard. L’un et l’autre étaient dans l’impasse.

2« Croire, c’est accorder foi, adhérer à ce que l’on tient pour véritable, fonder et engager son identité », nous dit A. Loncan [1]. Cet énoncé qui conjoint engagement, vérité et identité laisse transparaître dans cet acte de crédit donné à l’autre un préalable nécessaire à l’acte de croire qui est la reconnaissance de la vérité de l’autre. Que viendrait ainsi révéler ce rapport particulier à la parole et à l’écoute quand la croyance en l’autre est interrogée ? C’est cet aspect de la croyance que je souhaiterais ici mettre au travail à partir de la reprise d’éléments constitutifs de la première consultation avec Louis.

Une parole qui n’est plus efficiente

3C’est sur le motif de problème de bégaiement que je rencontre Louis, un trouble qui l’affecte depuis quelques années et pour lequel il a déjà consulté, en vain, différents spécialistes. Ce préambule inaugurant les raisons de la venue sera cependant rapidement relayé par un flot de paroles du père et de la belle-mère concernant l’attitude de Louis à leur égard. Le père évoque, sous de multiples formes, l’épuisement qu’il a à prêter attention à son fils tout en obtenant en retour des signes de mécontentement, d’insatisfaction ou des colères. La belle-mère, qui prend soin de Louis et de sa petite sœur Alice âgée de sept ans, dit n’en faire jamais assez pour le satisfaire. La répétition des faits quotidiens sources de lassitude est frappante, les exemples sont nombreux, l’exaspération s’exprime.

4Dans ces premiers moments, ce qui est repérable, ce n’est pas tant l’impuissance mise en avant dans la résolution du trouble du langage de Louis que l’importance des griefs à l’encontre de cet enfant qui tour à tour demande et n’est jamais satisfait de ce qu’on lui donne. Louis, au cœur de ce discours le concernant, cherche à se situer et tente de parler. Il précise les situations vécues alors que les adultes l’écoutent avec attention. Mais leur concentration sur ses dires est orientée car c’est avant tout l’exactitude dans les faits rapportés par le jeune adolescent qui est recherchée, et ensuite l’obtention de son assentiment aux points de vue des adultes qui réajustent les mots à la réalité vécue. Cette manière d’être en relation sera particulièrement mise en exergue quand le père se rendra compte de certains mensonges de Louis concernant son travail d’école. Progressivement se dessine devant moi la quête de preuves pouvant justifier les attitudes de l’un et de l’autre, comme s’il s’agissait de réduire la parole de chacun et de tous, à La vérité, une et unique. Louis veut s’exprimer mais le bégaiement apparaît rapidement, faisant signe de la difficulté pour lui à trouver existence dans ce contexte où la suspicion vient faire symptôme de difficultés existentielles. Ainsi tous se parlent mais personne n’entend la vérité qui cherche à se dire.

5La parole désormais ne suffit plus, elle a perdu sa fonction première d’expression subjective et de mise en lien avec l’autre. Elle ne sert plus, au sein des relations intrafamiliales, qu’à communiquer le factuel, à faire préciser le goûter qui avait été donné, à reprendre ce qui avait été écrit sur le cahier, à rappeler ce qui avait été dit précisément lors d’un échange à propos d’une sortie envisagée. Les protagonistes s’épuisent à sonder le mystère qui rend si difficile le lien à l’autre. Cependant ils en sont arrivés à se rendre compte que parler et écouter n’est pas un simple exercice de communication, et qu’au-delà des conflits engendrés par les situations vécues, il y avait un ailleurs jusqu’à présent indéchiffrable. Le maintien du symptôme langagier de Louis ne vient-il pas renforcer ce mystère inscrit au sein des paroles échangées ?

6L’entrave aujourd’hui, ce n’est pas une question d’obéissance du fils à son père, mais une difficulté mutuelle à se faire entendre. Pour le père, ceci est d’autant plus déroutant quand Louis paraît ne plus l’écouter alors qu’il est précisément en train de répondre à une question qu’il lui avait adressée. La demande est prise au mot, elle ne renvoie plus au jeu des différents signifiants. Cette situation langagière met en déroute le lien à l’autre. Vient à vaciller, semble-t-il, le fait de pouvoir compter sur l’autre, d’arriver à se satisfaire des réponses qu’il donne, comme si venait à se perdre un commun dénominateur. La parole de chacun ne trouve plus l’autre en tant qu’adresse d’un message le concernant, comme si les places se voyaient troublées. Père et fils ils sont toujours, mais de quel père est-il question ? Qu’est devenu également, dans la réalité psychique paternelle et les remaniements en cours, ce fils dont il nous a dit qu’il l’avait tant désiré autrefois dans un projet commun avec sa conjointe – c’était leur premier enfant ? Louis entre dans l’adolescence mais cet aspect n’est pas du tout évoqué.

Une rupture d’alliance brutale

7Il y a trois ans, la situation familiale avait été bouleversée par la séparation brutale des parents, voulue par la mère. Elle avait quitté le foyer précipitamment saisissant l’occasion qui se présentait à elle de partir seule à l’étranger pour commencer une nouvelle vie. Louis était âgé alors de neuf ans et sa petite sœur Alice de quatre ans. Le père se présente comme ayant été mis devant ce fait accompli. Récemment il se remarie. Sa première femme a également refait sa vie et a renoué depuis un an des liens plus réguliers avec ses enfants.

8Le renoncement brutal de la mère de Louis à la vie commune résonne pour le père, durant ce premier entretien, de beaucoup de rancœurs. Le départ de sa femme a été rapide et sans concession. Rien ne sera évoqué de ce qui avait été à l’origine de leur union, ni des relations qu’ils avaient entretenues, si ce n’est le projet qu’ils avaient eu d’avoir ensemble des enfants, situant Louis à une place spécifique dans leur histoire d’amour. L’arrivée de Louis avait été un grand événement. À quelles représentations Louis était-il associé désormais pour chacun de ses parents ? La perte de l’alliance n’était-elle pas venue faire vaciller pour le père, comme pour son fils, ce qu’« être père » pouvait signifier ?

9Ce qui semble mis en difficulté aujourd’hui avec Louis, c’est, pour le père, une parole d’autorité énoncée d’une place qui puisse la garantir. Un rapport duel s’est installé avec son fils, difficilement supportable pour chacun alors que tous deux cherchent à dire et à se faire entendre. Dans l’ici et maintenant de notre rencontre, c’est un rapport de force qu’ils vivent mais où tous deux sont en souffrance, en quête d’une référence tierce pacifiante. Quel a pu être l’effet de la rupture du lien conjugal et des pactes et des contrats d’alliance (P. Aulagnier, 1975) qui unissaient le couple, sur la manière dont le père pense désormais sa fonction ? Dès lors que le rapport au passé, dans le discours actuel, est douloureux et habité d’agressivité et de ressentiment, quelle parole est-il désormais possible pour le père de soutenir dans le registre du désir et de l’interdit ? L’union récente avec sa nouvelle femme ne vient pas jusqu’à présent structurer les liens avec Louis. La belle-mère est elle-même dépassée par cet enfant dont elle ne comprend pas les revendications à son égard, ceci venant mettre à mal la fonction qu’elle souhaite occuper auprès de lui.

10Pour P. Julien (2000), la conjugalité fonde la parentalité car elle institue la parole de chacun au regard de la place qu’il occupe dans les rapports du désir à la Loi. Le père fonde son autorité en s’appropriant la fonction d’être celui qui, en ouvrant un espace entre la mère et le fils, transmet qu’il est possible de croire, comme on le lui a transmis et dont il est le garant, en un devenir s’enracinant dans un désir propre. La parole d’autorité d’un père et le modèle identificatoire qu’il bâtit et qu’il propose à son fils tient à cette inscription symbolique reconnue dans l’histoire individuelle articulée au désir de l’Être aimé et soutenue dans le champ social par la Loi organisatrice des humains. Le travail d’Hannah Arendt (1954) sur l’autorité rend bien compte de la valeur structurante du positionnement de celui qui la transmet, différenciant l’autorité de la domination qui impose. Pour l’enfant, la vie s’engage sur cette parole et cette promesse à laquelle on lui demande de croire comme d’autres avant lui l’ont fait. Ce fondement structurel place le désir de l’Autre comme fondamental pour la construction subjective. J. Kristeva (2013) parle d’un « besoin de croire » (p. 398) propre à l’être humain. « Un père imaginaire se profile ainsi qui, en me reconnaissant et en m’aimant à travers la mère, me signifie que je ne suis pas elle mais un autre, qui me fait croire que je peux […] croire en la représentation qu’il a de moi et en ses mots – en la représentation que je me fais de lui et en mes mots » (p. 398). Cette croyance de l’enfant, fondée sur le fait d’être aimé et reconnu par l’autre, institue la confiance en sa parole. Dès lors, pour chacun il est possible d’orienter son désir, de savoir à qui il s’adresse quand il parle et de saisir les enjeux de son lien articulé au désir de l’autre. « Parce que je crois, je parle […] et persister à dire découle de la capacité de croire en l’Autre » (p. 395). Il s’agit ici, ajoute J. Kristiva, d’un « acte de confiance » (p. 396) direct, immédiat à ce que S. Freud (1923) a nommé le « père de la préhistoire individuelle » (p. 200). Être reconnu à sa place d’enfant dans le rapport au conjugal et au parental permet à l’enfant d’investir qui il est en tant qu’être de besoin et de désir. Ainsi, son besoin de croire s’accompagne, nous dit J. Kristiva, du « désir de savoir » (p. 398) tant pour lui-même que pour les êtres et les choses qui l’entourent. Dès lors l’enfant s’adresse à l’autre et il attend de lui qu’il le soutienne dans son questionnement et sa quête identitaire.

11Dans la situation vécue par Louis et son père, la parole est mise en doute dans sa valeur de transmission de la vérité de l’autre et avec elle, au cœur du lien, s’est installée l’idée du leurre et de l’illusion. L’interrogation que pose le jeune adolescent n’est-elle pas précisément celle concernant la manière dont s’ordonne aujourd’hui pour lui le désir paternel à son égard ? La reconnaissance sociale de l’identité paternelle, mais aussi le parcours identificatoire du père, peuvent-ils suffire à faire autorité auprès de son fils ? Louis peut-il encore croire en la parole paternelle si le désir du père peut se montrer à ce point inconsistant dans le lien à la mère, faisant voler en éclat l’ordre structurant établi ? Où est désormais la vérité ?

Quelle vérité s’agit-il de croire ?

12Le premier entretien a soulevé par ailleurs l’importance des moments où Louis montre son extrême sensibilité à la manière dont il est écouté comparativement à sa sœur plus jeune. Les gestes et les attentions du père et de la belle-mère sont ainsi guettés par Louis dont la réaction est toujours vive quand se note une inégalité de réception, par l’adulte, des demandes des enfants. Explications des raisons de la différence entre lui et sa sœur, ou satisfaction immédiate de ses demandes : rien ne peut durablement apaiser Louis qui commence à créer à la maison un climat de conflit quasi permanent. Entendu seulement du côté du besoin, Louis ne peut que renouveler sa demande faisant de lui un « demandeur », comme le dit S. Leclaire (1959), qui, chaque fois, dans cet appel, « invoque […] d’être reconnu, confirmé dans sa valeur de sujet » (p. 386).

13Pris au piège d’une réponse dans le champ de la réalité, les adultes desquels il dépend aujourd’hui ne savent plus se situer par rapport à lui. Louis les met en difficulté dans leur savoir-faire, introduisant l’ouverture d’une faille narcissique dans leurs capacités parentales. Le comportement principalement de sa belle-mère envers sa sœur est l’objet d’une vigilance particulière de Louis. Cette tentative de maîtrise semble lui garantir une existence minimale à son égard en déclenchant à tout moment son attention par ses demandes de confirmation quant au désir qui l’anime dans les soins donnés à sa rivale. Ce qui apparaît en questionnement pour Louis, ce sont les places et les fonctions de son père et de sa belle-mère. Ceci s’accompagne de l’émergence d’une angoisse quant à la possibilité de voir, tout comme l’a lui-même vécu son père, sa place, un jour, usurpée par un autre. Quel désir en effet anime chacun des parents vis-à-vis de la petite sœur ? En effet, Louis est particulièrement sensible à la dimension maternante de sa belle-mère à l’égard d’Alice, affecté par un manque imaginaire d’amour dont l’origine doit sans doute être mise en lien avec l’histoire de la relation à sa mère. Ainsi, le récit livré rend compte de toute une série d’interrogations de Louis sur la vérité subjective de l’autre. Il s’agit pour Louis de savoir pourquoi l’adulte a agi ainsi avec l’un et pas avec l’autre, pourquoi il n’a pas, lui, ce qui est donné à l’autre. Mais il est notable que, dans ce décompte, ce n’est pas la satisfaction en soi qui est recherchée, car elle échoue toujours à le contenter. Ce qu’il désire c’est convoquer l’autre ailleurs dans son lien avec lui. « Le désir est désir de quelque chose et, en même temps, d’autre chose », comme nous le rappelle D. Vasse (1995, p. 40). Ce qu’il cherche à savoir n’est pas ce que sa belle-mère donne à sa sœur, mais pourquoi elle le lui donne et pas à lui. Cette différence le heurte, il la vit comme une mise à l’écart dans le rapport d’amour qui unit l’adulte à l’enfant, renvoyant sans doute à quelque chose de l’originaire. C’est le désir de l’autre qu’il cherche à sonder et qui dans un même mouvement semble l’affoler. Quand rien ne vient apaiser ce rapport au réel, à l’innommable qui l’anime, c’est l’agressivité et l’irrespect qui jaillit venant détruire à petit feu le désir de l’autre pour lui. Ceci pourrait s’entendre également comme une tentative de mise à distance par l’agir du réveil de la dépendance à l’autre. Mais il serait possible de penser que ce rapprochement avec l’originaire viendrait aussi, par là même, particulièrement mettre à mal ce à quoi il avait pu croire autrefois, cet amour pacifiant du père qui soutenait sa construction subjective. Venir questionner la véracité et la sincérité des actes de l’adulte, n’est-ce pas, dans ce contexte, une tentative de préservation de cette croyance primordiale ? L’agressivité rendrait compte dans ce cas de la fragilité de ce fondement rendant le père responsable d’une place qu’il n’a su assumer. La répétition des troubles ne pourrait-elle pas apparaître dès lors comme un appel inconditionnel à son amour pour vérifier qu’il existe bien quelqu’un qui puisse encore lui faire croire en cette place d’enfant, être de désir et de parole, référée à un ordre symbolique organisateur de ses liens ? Ainsi, ce que présente Louis vient faire signe tout à la fois d’un appel à l’Autre et d’une tentative de construction de son identité. J. Ahmad (2006) souligne combien la question du mensonge, qui est une des modalités d’être de Louis dans le rapport à l’autre, participe de ce travail de la subjectivité, engageant une interrogation sur la distance psychique à l’autre par une remise en cause de la place imaginaire accordée jusqu’à présent au père. Ce symptôme pourrait s’entendre aussi comme la recherche d’une nouvelle modalité d’entrée en relation avec lui dans une tentative de refoulement des mouvements pulsionnels qui l’animent à son égard.

14Le bégaiement dont souffre Louis et qui est à l’origine de la demande apparaît dans ce contexte avoir deux versants, l’un mettant en valeur la fragilité subjective de cet enfant, l’autre protecteur de son identité. Le premier peut s’appréhender dans sa difficulté à parler quand émerge un mouvement pulsionnel débordant sa capacité à le contenir par le langage qui désormais a perdu une partie de sa fonction pacifiante dans le rapport à la réalité. Le rapport duel qu’il entretient avec son père questionne les places de chacun et ranime plus particulièrement cette blessure liée à la dérive de la fonction symbolique. L’épuisement paternel rend bien compte de l’intensité des enjeux subjectifs engagés pour lui dans ce lien à son fils. Le second versant pourrait signifier, quant à lui, une difficulté à appréhender désormais pour Louis ce que parler veut dire. Parler pourrait impliquer en effet pour lui le risque de ne pas être entendu dans la vérité de son être, mais aussi de laisser échapper des paroles hors contrôle mettant à nu les désirs inconscients qui l’animent. Qui est en effet, pour Louis, cet autre à qui il pourrait s’identifier si celui-ci n’est pas fiable dans sa parole ? Problématique de castration, fragilisation du rapport au symbolique, sont autant de points de tension entre lui et son père qui obligent chacun à ajuster son désir au regard de l’autre. La tourmente de Louis ne viendrait-elle pas faire signe de sa difficile confrontation à l’altérité et au manque dans cette période d’entrée dans l’adolescence, et d’une tentative de maintien de son besoin de croire en la possibilité de construire un avenir propre prenant appui sur l’identification à une figure idéale aimante pouvant l’investir comme un être de désir et de parole ayant toujours sa place dans le désir de l’autre ?

15Ces seuls éléments cliniques rapportés d’un premier entretien et les quelques hypothèses concernant leur analyse ne peuvent rendre compte de la complexité des enjeux intersubjectifs engagés dans les liens unissant Louis à sa famille et principalement à son père. Dans ce nouage des liens aux uns et aux autres, c’est la dimension de l’adresse de la parole qui est infiltrée d’éléments transférentiels. Enjeux narcissiques et problématique œdipienne sont ici convoqués par chacun dans le rapport à la différence des sexes et des générations au regard de la Loi et des repères symboliques fournis dans le champ social. Ces quelques réflexions nous ont engagée à nous attarder sur les modalités tout à fait particulières que peut prendre la vérité subjective pour tenter de se faire entendre. Les difficultés mutuelles à s’ouvrir à la subjectivité de l’autre et à l’énigme qu’elle pose mettent en avant la place essentielle qu’occupent la reconnaissance et la croyance mutuelle dans le travail de subjectivation et d’acceptation de l’altérité. Patrice Cuynet (2008) nous le rappelle en énonçant que « tout individu qui tient à être considéré comme sujet demande, même implicitement, la reconnaissance de l’autre » (p. 47). Mais cela n’est rendu possible, il me semble, que par la croyance en l’autre, c’est-à-dire en la vérité de sa parole qu’il tient de l’appropriation d’une position identificatoire. Croire en l’autre dans la dynamique des liens intersubjectifs, n’est-ce pas pour l’un transmettre une promesse à laquelle il a lui-même cru et pour l’autre accepter de faire confiance en cette parole qui lui est adressée ?

Bibliographie

  • Ahmad J. (2006), « L’expérience du mensonge au cours de la période de latence comme opération structurante », Cliniques méditerranéennes, 74, 257-269.
  • Arendt H. (1954), « Qu’est-ce que l’autorité ? », in La crise de la culture, trad. fr., Paris, Gallimard, 1972, 121-185.
  • Aulagnier P. (1975), La violence de l’interprétation. Du pictogramme à l’énoncé, Paris, PUF.
  • Cuynet P. (2008), « La reconnaissance dans l’héritage », Le Divan familial, 20, 47-59.
  • Freud S. (1981 [1923]), Le Moi et le Ça, in Essais de psychanalyse, Paris, Petite bibliothèque Payot.
  • Julien P. (2000), Tu quitteras ton père et ta mère, Paris, Aubier.
  • Kristeva J. (2013), Pulsions du temps, Paris, Fayard.
  • Leclaire S. (1959), « L’obsessionnel et son désir », Évolution psychiatrique, 3, 383-411.
  • Vasse D. (1995), Le temps du désir – Essai sur le corps et la parole, Paris, Seuil.

Mots-clés éditeurs : subjectivité, fonction paternelle, croyance, parole

Date de mise en ligne : 03/06/2014

https://doi.org/10.3917/difa.032.0079

Notes

  • [1]
    Argument de présentation de ce numéro de la revue Le Divan familial.

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