Depuis une quinzaine d’années, la planète avait perdu la trace du Québec. Pire encore : on ne se demandait même plus ce qui lui arrivait. C’est le drame des petites nations, dirait Milan Kundera : elles n’intéressent qu’elles-mêmes. Et pourtant, à travers le « printemps érable » de 2012, le Québec est revenu sur la scène internationale. On peut penser aux manifestations plus ou moins massives (et, pour certaines d’entre elles, relativement violentes) qui ont paralysé Montréal de mars à juin, ou encore au grand concert des casseroles si caractéristique de la dimension inévitablement « festive » de la contestation contemporaine. On pensera évidemment aussi à l’élection d’un gouvernement souverainiste du Parti québécois (pq) en septembre 2012, accueilli par un tireur fou dont le geste fut relayé par la presse internationale. D’un événement à l’autre, il semblait se passer quelque chose au Québec. Mais quoi ? S’agissait-il d’une reprise de la lutte pour la souveraineté, laissée sur la glace depuis l’échec référendaire de 1995 ? C’est l’héritage du « Vive le Québec libre » de juillet 1967 : on assimile chaque nouvelle poussée collective au Québec à une reprise de l’élan indépendantiste.
La chose serait plutôt normale, l’obtention, la restauration ou la conservation de la souveraineté nationale étant certainement, pour un peuple, la chose la plus importante qui soit. Depuis quarante ans, surtout, c’est à travers sa quête bien singulière de la souveraineté nationale que le Québec s’est montré à la face du monde…