La lutte contre le terrorisme est-elle une guerre, ainsi que le répète George Bush Jr ? Cette conception a le mérite de faciliter une mobilisation rapide, totale et inconditionnelle de la population. La guerre est en noir et blanc ; il n’y a pas d’autre alternative que de lutter jusqu’au bout pour vaincre l’ennemi. En même temps, la fusion ou la confusion des notions n’est jamais sans risque. À l’horizon de toute guerre se profile en principe une victoire, moment d’exaltation durant lequel le vainqueur peut se croire le maître de l’ordre à venir. Le terrorisme, lutte meurtrière en métamorphose constante, peut-il se clore par un événement aussi net qu’une victoire (ou qu’une défaite) ? Le terrorisme est-il un ennemi ? Un ennemi est une personne précise, avec une intention menaçante et des moyens de la réaliser. Le terrorisme, phénomène en décomposition-recomposition permanente, entre-t-il dans cette définition ? George Bush ne se retrouve-t-il pas aujourd’hui prisonnier de sa rhétorique, courant en vain après une victoire toujours fuyante ?
Terrorisme et guerre, auxquels, pour que l’analyse soit complète, s’ajoute un troisième terme, celui de terreur, ont quelque chose de commun. Quoi exactement ? Au-delà de ces composants communs, terreur et terrorisme, d’un côté, guerre, de l’autre, s’inscrivent dans des mondes radicalement différents. La terreur et le terrorisme se déploient dans des univers incertains, mouvants de crise ou de révolution, là où rationnel et irrationnel s’emmêlent…